Texte intégral
Ce débat budgétaire a un côté surréaliste car en pleine crise du Capitalisme vous nous présentez un budget comme si rien ne s'était passé, un budget complètement dans la lignée des précédents et qui ont contribué de fait à alimenter la crise, par la réduction de l'investissement public et des services publics, la poursuite des exonérations de toute nature favorisant l'accumulation du Capital sans contreparties exigées en terme de développement économique, d'emplois rémunérés, de progrès social. Bref, vous continuez dans ce qu'il ne fallait pas faire hier et encore moins aujourd'hui !
Vous avez, avec les responsables politiques des grands pays capitalistes, l'entière responsabilité de ce qui se passe.
Il est trop facile de venir dire aux Français, tels des vierges effarouchées, que cette crise est due à quelques banquiers indélicats ou égarés et que « on va voir ce qu'on va voir » ils vont être punis alors même que ce système dans lequel nous sommes, le comportement de ce monde financier prédateur non seulement vous l'avez « couvert » mais pire, vous l'avez encouragé et entretenu.
Comment pouvez-vous avoir le culot de dire comme cela se disait à une certaine époque «Nous ne savions pas». Or vous saviez que des Capitaux exigeaient des rendements de 10 - 15 - 20 % alors même que la croissance était à 2 %.
Vous connaissiez l'existence des Fonds spéculatifs !
Vous connaissiez les mises en garde répétées des économistes les plus éminents indiquant que nous allions dans le mur. C'est en 2003-et certains bien avant- que l'américain Joseph Stiglitz (prix Nobel d'Economie) écrivait son livre : « quand le Capitalisme perd la tête » dans lequel il dénonçait cette idéologie suicidaire de la liberté totale des marchés, notamment financiers se nourrissant de la détérioration de la condition salariale et de l'attaque contre les services publics expliquant même « que la réduction des déficits n'a pas amené et n'amènerait pas la reprise ni aux Etats-Unis, ni en Europe ; les réductions d'impôt pour quelques uns amenant, quant à elles, simplement à créer des déficits à long terme sans stimuler vraiment l'économie à court terme ».
Il ajoutait que cette politique du tout marché, du tout privatisé, du tout subordonné aux supers rendements des dividendes amenait à la fois l'aggravation des inégalités et donc un déséquilibre plus grand du monde et dans chaque pays mais aussi entraînait des gaspillages dont explique t-il : « le chiffre doit se situer -dans les années 90- dans les centaines de milliards de dollars » Alors que dire aujourd'hui !
En 2006, toujours Joseph Stiglitz écrivait un autre livre au titre tout aussi évocateur et sonnant comme un nouveau signal d'alarme : «Un autre Monde. Contre le fanatisme du marché».
Il écrivait -c'était avant la crise dite des «subprimes»-
«Tôt ou tard le monde devra faire certaines réformes ....il s'agit de savoir si ce sera avant ou après une nouvelle vague de désastres mondiaux».
Il nous prévient « qu'autoriser la circulation sans entraver des flux de Capitaux spéculatifs est extrêmement risqué ». Or qui autorise si ce ne sont les responsables politiques englués dans leur idéologie dite libérale.
Tout cela vous le saviez. Et lorsqu'à cette tribune, je citais Stiglitz cela vous faisiez, sourire et hausser les épaules, vous et vos prédécesseurs, ce sourire un peu dédaigneux des gens qui ont toujours raisons face à ceux « qui n'y comprennent rien ».
Le gauchisme soudain et pathétique du Président de la République et du gouvernement ne trompera personne surtout lorsque l'on sait ce que Nicolas Sarkozy a déclaré en Avril 2007, à genoux devant son grand modèle de capitaliste américain :
«Les ménages français étant les moins endettés d'Europe, il fallait développer le crédit hypothécaire pour les ménages ». Son programme précisait : «Si le recours à l'hypothèque était plus facile, les banques se focaliseraient moins sur la capacité personnelle de remboursement de l'emprunteur et plus sur la valeur du bien hypothéqué».
Nicolas Sarkozy avait découvert les subprimes à la française et voulait les généraliser au plus vite ! Heureusement l'arrivée de la crise ne lui en a pas laissé le temps.
Enfin pour clore ce chapitre je veux citer, daté de 2005, le livre de Patrick Artus, Professeur d'Economie à la Sorbonne « Le Capitalisme est en train de s'autodétruire » où il tirait lui aussi la sonnette d'alarme indiquant que « L'argent coule à flots mais alimente plutôt la voracité des investisseurs, dans une course aux rendements financiers à court terme » ajoutant «cette logique court termiste à rentabilité élevée porte en elle-même sa propre fin. puisqu'elle suppose de sacrifier l'avenir».
Alors arrêtez de dire que vous ne saviez pas, arrêter de dire que vous ne pouviez rien faire, arrêter de demander la solidarité entre ceux qui ont couvert, encouragé, une politique désastreuse et ceux qui la subissaient et la subissent de plein fouet. Pour une fois assumez votre idéologie, assumez votre responsabilité politique.
Ne demandez pas à ceux qui ont vu arriver l'incendie qui se sont battus contre ce système de venir soutenir ceux qui ont mis le feu et l'ont attisé.
Oui, selon l'expression de Patrick Artus : vous avez « sacrifié l'avenir ». Vous avez impulsé une politique qui accordait une liberté dont les limites étaient chaque jour reculées pour permettre à la finance de dominer le Monde, l'Europe et la France. Et notre chance dans ce malheur c'est qu'en France vous n'aviez pas pu encore faire sauter tous les verrous. Pourtant vous avez tout fait pour inscrire notre pays dans cette politique néolibérale anglo-saxonne :
- La libre circulation des Capitaux c'est vous !
- La politique de dérégulation, de déréglementation, de suppression des services publics, c'est vous !
- L'accumulation du Capital au détriment des salaires, par des exonérations fiscales, des exonérations de Cotisations sociales, le bouclier fiscal etc.....c'est vous !
Selon vous il fallait enrichir les riches pour faire marcher l'économie mais la promesse d'enrichissement perpétuel des détenteurs de patrimoine financier était et est fondée au bout du compte sur la détérioration de la condition salariale : chômage, précarité, laminage de l'assurance-maladie, des retraites, casse du code du travail, exploitation éhontée des salariés avec des petits boulots à peine capable de les nourrir, de les loger, une augmentation de la pauvreté qui dépasse désormais 13 % chez nous.
Votre politique ce sont en 10 ans, les 500 plus grosses fortunes françaises qui sont passées d'un patrimoine représentant 6 % du PIB à 14 % aujourd'hui.
Cela représente un enrichissement de 150 Milliards d'Euros et vous allez chercher misérablement 1 milliard d'Euro pour le RSA dans la poche du Français moyen, c'est indécent ! Peut-on encore oser face à la vie d'une majorité de nos concitoyens, affirmer qu'il est impossible de boucher le trou de la Sécu mais qu'on doit boucher, sans compter les milliards, le trou des banques ! (en 24 h, c'est 15 milliards d'Euros qui viennent d'être débloqués).
Et le problème c'est qu'avec votre projet de budget, vos textes de lois vous persévérez à vouloir faire grossir des fortunes qui ne peuvent ensuite qu'alimenter la spéculation.
Vous ne tirez aucune leçon de ce qui vient de se passer, vous faîtes -comme d'habitude- juste semblant de vouloir « réguler ». Mais « réguler » à la sauce du Milliardaire SOROS : « Un peu mais pas trop ».
Ce qu'un chercheur Français du CNRS vient de qualifier de « Chimère, car la maîtrise du risque financier -dit-il- est « sans solution ».
En fait cet épisode de la crise du Capitalisme marque une cuisante défaite idéologique.
Vous qui chantiez avec quelques médias bien intentionnés, le triomphe idéologique de la droite et du libéralisme. De fait rien ne peut se rétablir sans une intervention lourde de l'Etat, voire des nationalisations comme aux Etats-Unis, ou en Grande-Bretagne.
Vous les champions de la privatisation tous azimuts vous voilà acculer à renoncer à privatiser La Poste car elle s'avère aujourd'hui le seul pôle financier français à l'abri de la crise parce qu'elle est un service public.
Certes -selon votre terminologie- ce n'est pas moderne, ce n'est pas comme chez nos partenaires, sans doute mais c'est efficace pour préserver d'un système qui a perdu tout sens de l'humain !
Cet échec idéologique et politique ne fait que renforcer les responsabilités de toute la gauche qui ne saurait emboîter le pas des rafistolages et des bricolages d'un système qui produirait les mêmes catastrophes demain.
Il y a effectivement un autre monde à construire. Il n'est à chercher ni dans un Capitalisme « light » ni dans un social libéralisme de type canada dry ni dans de vieilles recettes étatiste de l'ex URSS mais une chose est sûre il ne se construira qu'en s'attaquant aux racines du mal. C'est tout le sens de notre combat.
Et la racine du mal c'est la dictature des marchés financiers et des taux excessifs de rentabilité.
Il n'y pas de sortie de crise durable sans remettre en cause les niveaux d'exigence de rentabilité des Capitaux.
Voilà ce qui doit être à la base de cet autre monde à construire dont beaucoup parlent aujourd'hui.
L'urgence est de créer dès maintenant une nouvelle dynamique économique qui ne peut être basée que sur un autre partage des richesses et aussi une nouvelle façon de les produire. Seule la Gauche, une gauche ayant trouvée sa place à gauche peut y parvenir ! Cette urgence peut se traduire en un slogan simple que nos concitoyens comprennent tout à fait : Il faut rémunérer davantage le travail que le Capital.
Moins pour les profits, les dividendes, les stocks options, les cadeaux fiscaux pour certains. Plus pour les salaires, l'emploi, la protection sociale, les retraites, la recherche, l'enseignement en fait tout ce qui renforce la seule richesse réelle celle des capacités humaines.
Aujourd'hui nous n'en sommes plus à une régulation impossible car quand quelque chose ne marche plus le problème n'est pas de « réguler » mais de changer !
Nous proposons 3 niveaux de mesures :
Mondiales
Européennes
Françaises
* Au plan mondial
- Il faut supprimer les paradis fiscaux véritable cancer du développement économique
- Taxer les transactions financières (avec une Taxe Tobin améliorée) dont le produit peut à lui seul permettre de donner le minimum vital pour l'alimentation, la santé et l'éducation aux deux milliards d'êtres humains qui manquent de tout.
- Plafonner les dividendes dont le niveau est un véritable fauteur de désordre. Ce ne sont pas les grèves qui mettent le désordre, ce n'est pas l'immigré c'est la rapacité des actionnaires !
- Organiser un nouveau dispositif financier international sous l'égide de l'ONU en créant une monnaie unique d'échange qui ne soit pas le dollar.
* Au plan européen
- Il faut changer les statuts et les missions de la BCE qui doit servir prioritairement l'emploi en qualité et quantité, la recherche et l'investissement public, sources de croissance.
- Se fixer des objectifs et un calendrier précis pour une harmonisation sociale et fiscale par le haut.
- Supprimer l'Art 56 du traité Européen qui autorise la liberté totale de circulation des Capitaux
- Lancer un programme d'investissement : Recherche -Transport (notamment pour le Rail) -Energie.- Santé - Industrie....
* Au plan national
1 - Créer un pôle financier public (avec CDC - La Banque Postale - Caisse d'Epargne - Dexia). Car une des leçons de la situation c'est la nécessité du double contrôle de l'Etat et du citoyen pour permettre notamment un crédit sélectif et incitatif pour les investissements utiles à la production, à l'emploi et dissuasif pour les investissements financiers et je pense en particulier au nécessaire soutien aux PME
2 - Engager une réforme de la fiscalité
- supprimant le bouclier fiscal et les niches fiscales inutiles pour l'emploi et le développement économique.
- instituant un IR réellement progressif et juste avec une assiette assez large
- un IS avec taux différencié selon l'utilisation des profits (vers des investissements productifs ou vers des actionnaires)
3 - Elaborer un programme d'investissements publics coordonné avec l'Union Européenne et surtout ne pas étrangler les Collectivités locales comme vous le faîtes en baissant les dotations d'Etat, elles qui réalisent 73 % des investissements publics en France.
4 - Remplacer la recherche d'une rentabilité financière immédiate et outrancière par une augmentation des salaires et des retraites car la consommation est et reste le moteur n° 1 de la croissance économique.
5 - Réindexer l'augmentation des salaires sur la productivité est indispensable.
Cette crise offre une chance à saisir car elle fait la démonstration que nous assistons aujourd'hui à l'épuisement d'un modèle de croissance économique à l'anglo-saxonne, un modèle qui a été au bout de sa logique c'est-à-dire créer toujours plus de valeurs pour les actionnaires en comprimant la part des salaires et de l'investissement utile et public dans la valeur ajoutée.
Cette crise efface d'un revers de manche cette affirmation mensongère ou ridicule au choix, comme quoi les caisses sont vides alors que partout y compris chez nous, des milliards se perdaient dans la spéculation comme d'autres aujourd'hui vont se perdre dans le renflouement public de banques privées.
C'est pourquoi face à ceux qui proposent la tenue d'Etats Généraux de la dépense publique, les élus Communistes et Républicains proposent des Etats Généraux des gaspillages privés (ceux des banques, des assurances, des grandes entreprises multinationales etc...).
Oui il faut saisir cette chance de changer la donne, c'est une responsabilité politique qui incombe à toutes les forces de gauche politiques, syndicales, associatives, au-delà à tous nos concitoyens qui ont vu et compris que ce système nous emmenait dans le mur.
Cette responsabilité ne peut s'exprimer efficacement que dans le respect de toutes les composantes de ce rassemblement. Vouloir agir autrement serait pour la gauche s'apprêter à signer à nouveau un échec cuisant.
Monsieur le Ministre, Madame la Ministre
Votre budget et votre programmation sont à revoir pratiquement de A à Z car ils ne tirent aucun enseignement de la crise majeure que nous traversons actuellement, pire vous vous entêtez dans les choix qui l'ont favorisés.Source http://www.groupe-communiste.assemblee-nationale.fr, le 22 octobre 2008
Vous avez, avec les responsables politiques des grands pays capitalistes, l'entière responsabilité de ce qui se passe.
Il est trop facile de venir dire aux Français, tels des vierges effarouchées, que cette crise est due à quelques banquiers indélicats ou égarés et que « on va voir ce qu'on va voir » ils vont être punis alors même que ce système dans lequel nous sommes, le comportement de ce monde financier prédateur non seulement vous l'avez « couvert » mais pire, vous l'avez encouragé et entretenu.
Comment pouvez-vous avoir le culot de dire comme cela se disait à une certaine époque «Nous ne savions pas». Or vous saviez que des Capitaux exigeaient des rendements de 10 - 15 - 20 % alors même que la croissance était à 2 %.
Vous connaissiez l'existence des Fonds spéculatifs !
Vous connaissiez les mises en garde répétées des économistes les plus éminents indiquant que nous allions dans le mur. C'est en 2003-et certains bien avant- que l'américain Joseph Stiglitz (prix Nobel d'Economie) écrivait son livre : « quand le Capitalisme perd la tête » dans lequel il dénonçait cette idéologie suicidaire de la liberté totale des marchés, notamment financiers se nourrissant de la détérioration de la condition salariale et de l'attaque contre les services publics expliquant même « que la réduction des déficits n'a pas amené et n'amènerait pas la reprise ni aux Etats-Unis, ni en Europe ; les réductions d'impôt pour quelques uns amenant, quant à elles, simplement à créer des déficits à long terme sans stimuler vraiment l'économie à court terme ».
Il ajoutait que cette politique du tout marché, du tout privatisé, du tout subordonné aux supers rendements des dividendes amenait à la fois l'aggravation des inégalités et donc un déséquilibre plus grand du monde et dans chaque pays mais aussi entraînait des gaspillages dont explique t-il : « le chiffre doit se situer -dans les années 90- dans les centaines de milliards de dollars » Alors que dire aujourd'hui !
En 2006, toujours Joseph Stiglitz écrivait un autre livre au titre tout aussi évocateur et sonnant comme un nouveau signal d'alarme : «Un autre Monde. Contre le fanatisme du marché».
Il écrivait -c'était avant la crise dite des «subprimes»-
«Tôt ou tard le monde devra faire certaines réformes ....il s'agit de savoir si ce sera avant ou après une nouvelle vague de désastres mondiaux».
Il nous prévient « qu'autoriser la circulation sans entraver des flux de Capitaux spéculatifs est extrêmement risqué ». Or qui autorise si ce ne sont les responsables politiques englués dans leur idéologie dite libérale.
Tout cela vous le saviez. Et lorsqu'à cette tribune, je citais Stiglitz cela vous faisiez, sourire et hausser les épaules, vous et vos prédécesseurs, ce sourire un peu dédaigneux des gens qui ont toujours raisons face à ceux « qui n'y comprennent rien ».
Le gauchisme soudain et pathétique du Président de la République et du gouvernement ne trompera personne surtout lorsque l'on sait ce que Nicolas Sarkozy a déclaré en Avril 2007, à genoux devant son grand modèle de capitaliste américain :
«Les ménages français étant les moins endettés d'Europe, il fallait développer le crédit hypothécaire pour les ménages ». Son programme précisait : «Si le recours à l'hypothèque était plus facile, les banques se focaliseraient moins sur la capacité personnelle de remboursement de l'emprunteur et plus sur la valeur du bien hypothéqué».
Nicolas Sarkozy avait découvert les subprimes à la française et voulait les généraliser au plus vite ! Heureusement l'arrivée de la crise ne lui en a pas laissé le temps.
Enfin pour clore ce chapitre je veux citer, daté de 2005, le livre de Patrick Artus, Professeur d'Economie à la Sorbonne « Le Capitalisme est en train de s'autodétruire » où il tirait lui aussi la sonnette d'alarme indiquant que « L'argent coule à flots mais alimente plutôt la voracité des investisseurs, dans une course aux rendements financiers à court terme » ajoutant «cette logique court termiste à rentabilité élevée porte en elle-même sa propre fin. puisqu'elle suppose de sacrifier l'avenir».
Alors arrêtez de dire que vous ne saviez pas, arrêter de dire que vous ne pouviez rien faire, arrêter de demander la solidarité entre ceux qui ont couvert, encouragé, une politique désastreuse et ceux qui la subissaient et la subissent de plein fouet. Pour une fois assumez votre idéologie, assumez votre responsabilité politique.
Ne demandez pas à ceux qui ont vu arriver l'incendie qui se sont battus contre ce système de venir soutenir ceux qui ont mis le feu et l'ont attisé.
Oui, selon l'expression de Patrick Artus : vous avez « sacrifié l'avenir ». Vous avez impulsé une politique qui accordait une liberté dont les limites étaient chaque jour reculées pour permettre à la finance de dominer le Monde, l'Europe et la France. Et notre chance dans ce malheur c'est qu'en France vous n'aviez pas pu encore faire sauter tous les verrous. Pourtant vous avez tout fait pour inscrire notre pays dans cette politique néolibérale anglo-saxonne :
- La libre circulation des Capitaux c'est vous !
- La politique de dérégulation, de déréglementation, de suppression des services publics, c'est vous !
- L'accumulation du Capital au détriment des salaires, par des exonérations fiscales, des exonérations de Cotisations sociales, le bouclier fiscal etc.....c'est vous !
Selon vous il fallait enrichir les riches pour faire marcher l'économie mais la promesse d'enrichissement perpétuel des détenteurs de patrimoine financier était et est fondée au bout du compte sur la détérioration de la condition salariale : chômage, précarité, laminage de l'assurance-maladie, des retraites, casse du code du travail, exploitation éhontée des salariés avec des petits boulots à peine capable de les nourrir, de les loger, une augmentation de la pauvreté qui dépasse désormais 13 % chez nous.
Votre politique ce sont en 10 ans, les 500 plus grosses fortunes françaises qui sont passées d'un patrimoine représentant 6 % du PIB à 14 % aujourd'hui.
Cela représente un enrichissement de 150 Milliards d'Euros et vous allez chercher misérablement 1 milliard d'Euro pour le RSA dans la poche du Français moyen, c'est indécent ! Peut-on encore oser face à la vie d'une majorité de nos concitoyens, affirmer qu'il est impossible de boucher le trou de la Sécu mais qu'on doit boucher, sans compter les milliards, le trou des banques ! (en 24 h, c'est 15 milliards d'Euros qui viennent d'être débloqués).
Et le problème c'est qu'avec votre projet de budget, vos textes de lois vous persévérez à vouloir faire grossir des fortunes qui ne peuvent ensuite qu'alimenter la spéculation.
Vous ne tirez aucune leçon de ce qui vient de se passer, vous faîtes -comme d'habitude- juste semblant de vouloir « réguler ». Mais « réguler » à la sauce du Milliardaire SOROS : « Un peu mais pas trop ».
Ce qu'un chercheur Français du CNRS vient de qualifier de « Chimère, car la maîtrise du risque financier -dit-il- est « sans solution ».
En fait cet épisode de la crise du Capitalisme marque une cuisante défaite idéologique.
Vous qui chantiez avec quelques médias bien intentionnés, le triomphe idéologique de la droite et du libéralisme. De fait rien ne peut se rétablir sans une intervention lourde de l'Etat, voire des nationalisations comme aux Etats-Unis, ou en Grande-Bretagne.
Vous les champions de la privatisation tous azimuts vous voilà acculer à renoncer à privatiser La Poste car elle s'avère aujourd'hui le seul pôle financier français à l'abri de la crise parce qu'elle est un service public.
Certes -selon votre terminologie- ce n'est pas moderne, ce n'est pas comme chez nos partenaires, sans doute mais c'est efficace pour préserver d'un système qui a perdu tout sens de l'humain !
Cet échec idéologique et politique ne fait que renforcer les responsabilités de toute la gauche qui ne saurait emboîter le pas des rafistolages et des bricolages d'un système qui produirait les mêmes catastrophes demain.
Il y a effectivement un autre monde à construire. Il n'est à chercher ni dans un Capitalisme « light » ni dans un social libéralisme de type canada dry ni dans de vieilles recettes étatiste de l'ex URSS mais une chose est sûre il ne se construira qu'en s'attaquant aux racines du mal. C'est tout le sens de notre combat.
Et la racine du mal c'est la dictature des marchés financiers et des taux excessifs de rentabilité.
Il n'y pas de sortie de crise durable sans remettre en cause les niveaux d'exigence de rentabilité des Capitaux.
Voilà ce qui doit être à la base de cet autre monde à construire dont beaucoup parlent aujourd'hui.
L'urgence est de créer dès maintenant une nouvelle dynamique économique qui ne peut être basée que sur un autre partage des richesses et aussi une nouvelle façon de les produire. Seule la Gauche, une gauche ayant trouvée sa place à gauche peut y parvenir ! Cette urgence peut se traduire en un slogan simple que nos concitoyens comprennent tout à fait : Il faut rémunérer davantage le travail que le Capital.
Moins pour les profits, les dividendes, les stocks options, les cadeaux fiscaux pour certains. Plus pour les salaires, l'emploi, la protection sociale, les retraites, la recherche, l'enseignement en fait tout ce qui renforce la seule richesse réelle celle des capacités humaines.
Aujourd'hui nous n'en sommes plus à une régulation impossible car quand quelque chose ne marche plus le problème n'est pas de « réguler » mais de changer !
Nous proposons 3 niveaux de mesures :
Mondiales
Européennes
Françaises
* Au plan mondial
- Il faut supprimer les paradis fiscaux véritable cancer du développement économique
- Taxer les transactions financières (avec une Taxe Tobin améliorée) dont le produit peut à lui seul permettre de donner le minimum vital pour l'alimentation, la santé et l'éducation aux deux milliards d'êtres humains qui manquent de tout.
- Plafonner les dividendes dont le niveau est un véritable fauteur de désordre. Ce ne sont pas les grèves qui mettent le désordre, ce n'est pas l'immigré c'est la rapacité des actionnaires !
- Organiser un nouveau dispositif financier international sous l'égide de l'ONU en créant une monnaie unique d'échange qui ne soit pas le dollar.
* Au plan européen
- Il faut changer les statuts et les missions de la BCE qui doit servir prioritairement l'emploi en qualité et quantité, la recherche et l'investissement public, sources de croissance.
- Se fixer des objectifs et un calendrier précis pour une harmonisation sociale et fiscale par le haut.
- Supprimer l'Art 56 du traité Européen qui autorise la liberté totale de circulation des Capitaux
- Lancer un programme d'investissement : Recherche -Transport (notamment pour le Rail) -Energie.- Santé - Industrie....
* Au plan national
1 - Créer un pôle financier public (avec CDC - La Banque Postale - Caisse d'Epargne - Dexia). Car une des leçons de la situation c'est la nécessité du double contrôle de l'Etat et du citoyen pour permettre notamment un crédit sélectif et incitatif pour les investissements utiles à la production, à l'emploi et dissuasif pour les investissements financiers et je pense en particulier au nécessaire soutien aux PME
2 - Engager une réforme de la fiscalité
- supprimant le bouclier fiscal et les niches fiscales inutiles pour l'emploi et le développement économique.
- instituant un IR réellement progressif et juste avec une assiette assez large
- un IS avec taux différencié selon l'utilisation des profits (vers des investissements productifs ou vers des actionnaires)
3 - Elaborer un programme d'investissements publics coordonné avec l'Union Européenne et surtout ne pas étrangler les Collectivités locales comme vous le faîtes en baissant les dotations d'Etat, elles qui réalisent 73 % des investissements publics en France.
4 - Remplacer la recherche d'une rentabilité financière immédiate et outrancière par une augmentation des salaires et des retraites car la consommation est et reste le moteur n° 1 de la croissance économique.
5 - Réindexer l'augmentation des salaires sur la productivité est indispensable.
Cette crise offre une chance à saisir car elle fait la démonstration que nous assistons aujourd'hui à l'épuisement d'un modèle de croissance économique à l'anglo-saxonne, un modèle qui a été au bout de sa logique c'est-à-dire créer toujours plus de valeurs pour les actionnaires en comprimant la part des salaires et de l'investissement utile et public dans la valeur ajoutée.
Cette crise efface d'un revers de manche cette affirmation mensongère ou ridicule au choix, comme quoi les caisses sont vides alors que partout y compris chez nous, des milliards se perdaient dans la spéculation comme d'autres aujourd'hui vont se perdre dans le renflouement public de banques privées.
C'est pourquoi face à ceux qui proposent la tenue d'Etats Généraux de la dépense publique, les élus Communistes et Républicains proposent des Etats Généraux des gaspillages privés (ceux des banques, des assurances, des grandes entreprises multinationales etc...).
Oui il faut saisir cette chance de changer la donne, c'est une responsabilité politique qui incombe à toutes les forces de gauche politiques, syndicales, associatives, au-delà à tous nos concitoyens qui ont vu et compris que ce système nous emmenait dans le mur.
Cette responsabilité ne peut s'exprimer efficacement que dans le respect de toutes les composantes de ce rassemblement. Vouloir agir autrement serait pour la gauche s'apprêter à signer à nouveau un échec cuisant.
Monsieur le Ministre, Madame la Ministre
Votre budget et votre programmation sont à revoir pratiquement de A à Z car ils ne tirent aucun enseignement de la crise majeure que nous traversons actuellement, pire vous vous entêtez dans les choix qui l'ont favorisés.Source http://www.groupe-communiste.assemblee-nationale.fr, le 22 octobre 2008