Interview de M. Jean-François Copé, président du groupe parlementaire UMP à l'Assemblée nationale, dans "Le Monde" du 21 octobre 2008, sur la loi de programmation des finances publiques.

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Média : Emission la politique de la France dans le monde - Le Monde

Texte intégral

Peut-on discuter d'une loi de programmation pluriannuelle des finances publiques quand on ne sait pas de quoi 2009 sera fait ?
Mais oui, mille fois oui ! Nous n'avons pas d'autre choix. La loi de programmation fixe un cap que nous devons tenir. C'est un engagement politique majeur. Y renoncer serait donner un contre-signal terrible et accréditer l'idée que la France serait décidée à reprendre le chemin infernal des déficits éternels. Il faut continuer d'assumer, à l'horizon de la fin du quinquennat, un objectif de réduction du déficit public. Ce qui implique de se pencher sur tous les déficits - Etat, Sécurité sociale, collectivités locales - et de faire vraiment de la diminution de la dépense publique une priorité.
Doit-on revoir le projet de loi de finances (PLF) pour 2009 élaboré avant la crise et les menaces de récession ?
Nous allons voter ce texte qui est un budget de crise en période de crise. L'heure n'est pas à se demander s'il faut en bâtir un nouveau. Un budget n'est pas un outil ultra-conjoncturel. C'est un paquebot qui doit garder un cap clair. Il n'est pas sain de tout bouleverser à chaque fois que les économistes révisent leurs prévisions. Le PLF comporte de bonnes choses sur la suppression progressive de l'imposition forfaitaire annuelle (IFA), sur le plafonnement des niches fiscales ou encore sur les budgets des missions logement et emploi. Votons-le, et attaquons-nous, dès le 1er janvier 2009, au seul vrai chantier, celui de la dépense publique utile. Je propose au gouvernement d'aller encore plus loin sur la révision générale des politiques publiques (RGPP) !
Faut-il vraiment freiner la dépense en période de récession ?
Il n'est pas question de préconiser des coupes brutales et aveugles. Mais il existe des gisements de productivité. Sur la réforme des collectivités locales, par exemple. Imaginez qu'au lieu d'avoir un service pour la construction et l'entretien des collèges au niveau des départements et un autre pour les lycées au niveau des régions, on ait un pôle de compétences commun. On peut faire des économies d'échelle gigantesques en améliorant la qualité de service. Il faut traquer partout la dépense publique inutile. Le gouvernement doit faire ce travail en coproduction avec les députés, conformément à la mission de contrôle et d'évaluation qui est la leur. Je propose d'ailleurs que les députés UMP lancent, dès janvier 2009, des " Etats généraux de la dépense publique ". Ce qui s'est passé sur le revenu de solidarité active (RSA) doit servir de leçon : à l'avenir, mieux vaut chercher une économie supplémentaire que créer une surtaxe !
Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 24 octobre 2008