Texte intégral
F. Laborde.- Avec J.-F. Copé ce matin, nous allons parler évidemment de l'activité parlementaire, nous allons évidemment aussi et hélas, si je puis dire, parler de la crise et de l'audiovisuel public. Commençons par la crise et par ce plan de soutien aux banques, qui a été annoncé, de 10,5 milliards, pour six banques qui pourront être distribués sous forme d'émission de titres de dette subordonnée. Cela veut dire qu'en fait, c'est l'État qui, indirectement, on ne va pas aller chercher dans l'épargne, dans le bas de laine du Français. C'est une mesure qui va permettre aux banques de recommencer à faire circuler de l'argent et les sauver définitivement ?
Exactement. C'est la mise en oeuvre opérationnelle du plan que N. Sarkozy a mis en oeuvre pour enrayer la crise financière. La première étape, c'est la crise financière, c'est une crise de confiance. Les banques ne prêtaient plus et donc, petit à petit, grâce aux mesures qui ont été prises de manière très massive au niveau européen, en même temps, on voit se desserrer les choses. Et là, ça arrive au bon moment cette opération pour permettre aux banques avec ces 10 milliards et demi d'euros de vraiment redonner de la liquidité dans l'économie. C'est absolument indispensable.
"Le sang va circuler", si je puis dire, de nouveau ?
C'est exactement cela. Il y avait un blocage complet et petit à petit, on le voit bien, les choses se desserrent et on reprend petit à petit confiance et c'est indispensable. Je dois dire que de ce point de vue, c'est une belle illustration de l'efficacité politique. On dit toujours du mal des hommes politiques, eh bien je suis quand même obligé de dire que dans ces moments de crise, c'est là où le métier politique, au sens noble du terme, trouve son sens. Et les chefs d'État et de Gouvernement, N. Sarkozy en tête, en même temps, en Europe, on a volé au secours de l'économie.
Là encore, la réflexion politique : au niveau des élus de la nation et des députés, vous allez inciter l'ensemble des députés à réfléchir, à regarder de près, à la fois où sont les facteurs d'économies et où sont les problèmes de dépenses ?
Malheureusement, les choses ne s'arrêtent pas là. Le premier objectif, c'est d'enrayer la crise financière ; on est, je crois, en train de le faire. En tout cas, cela se passe plutôt pas trop, trop mal. Ensuite...
Les marchés réagissent plutôt bien...
Absolument. Par contre, on a un deuxième souci derrière, c'est la crise économique. Le blocage de ces dernières semaines, de ces derniers mois - cela fait quand même près de douze mois, quinze mois même en réalité - a pour effet un ralentissement très fort de l'économie, et donc, il faut s'occuper des entreprises et des particuliers. Donc c'est la raison pour laquelle "Génération France", le club que j'ai créé, je l'ai fait travailler, ce club, sur des pistes anticrise et avec mes amis députés de la majorité, on va essayer d'imaginer maintenant d'être très opérationnels. Concrètement, je prends l'exemple des entreprises, il y a des risques d'entreprise, de PME...
Qui n'ont pas de trésorerie...
...Ou qui même, peut-être, risquent d'être en faillite. Aujourd'hui, quand il y a une faillite d'entreprise, l'État se sert en premier sur les dettes fiscales. Et moi je pense que dans un premier temps, l'État, provisoirement, pourrait renoncer à être créancier prioritaire, parce que sinon, il prend tout, et du coup, les autres entreprises à qui l'entreprise en faillite devait de l'argent, elles sont en faillite aussi. Cela fait des faillites en chaîne. Donc je pense que pour un temps donné, l'État pourrait renoncer à être prioritaire.
Ce serait quoi ? Une sorte de moratoire, qui ferait qu'on suspendrait en effet toutes les cotisations obligatoires ? ?
Quand une entreprise est en faillite, au lieu que l'État se serve en premier sur une dette de l'entreprise en faillite, eh bien il le partage avec d'autres entreprises à qui cette entreprise en faillite devait de l'argent. Deuxième exemple : il faut qu'on soit beaucoup plus offensifs pour que les PME puissent bénéficier des commandes publiques. Les Américains l'ont fait, près de 40 %, chez nous c'est beaucoup moins, et je pense que ce serait une bonne idée. Un autre exemple, pour les particuliers cette fois : la répercussion à la baisse des prix de l'énergie et des matières premières. Quand ça monte - et Dieu sait si s'est monté ! - derrière, on paye. Là, depuis maintenant trois mois, le prix du baril est divisé par 2, c'est vrai que je crois que c'est important - et nous les députés, on va y travailler - à ce que la répercussion soit intégrale. Cela concerne bien sûr le prix à la pompe, mais cela concerne aussi le fioul, cela concerne les produits alimentaires. Bref autant de sujets sur lesquels il faut être très opérationnel.
Et le logement ?
Idem sur le logement. Vous savez qu'aujourd'hui, celui qui perd son emploi, s'il a un problème pour payer son loyer, il perd l'APL tout de suite - l'aide au logement. Je propose que l'aide au logement soit versée directement au propriétaire, à ce moment-là, durant le temps donné, pour permettre à celui qui est au chômage de se récupérer, parce que sinon, cela veut dire qu'il accumule des dettes et c'est au détriment aussi bien du propriétaire que du locataire. C'est des choses très concrètes.
Justement, toutes ces mesures, comment vont-elles se traduire dans les faits ? Parce qu'il ne suffit pas que les députés disent "on a une idée formidable, allons-y, appliquons là..."
Cela ne marche pas comme ça. Vous savez que maintenant, on coproduit les réformes. Quelle est l'idée ? Vous savez qu'on réfléchit aux pistes anticrise. Cela ne peut pas être un plan de rigueur. Si on coupe tout, on va asphyxier l'économie. Cela ne peut pas être un plan de relance massif, parce qu'on n'a pas les moyens de faire un plan de relance, ni au niveau français, ni au niveau européen. Par contre, il faut des mesures opérationnelles pour veiller à ce que la crise économique qui suivra la crise financière ne soit pas trop longue.
Il faudrait qu'elle soit inscrite dans un texte.
C'est exactement cela.
Et qu'on puisse les déclencher au...
Et donc ce que nous allons faire, c'est que nous allons créer dès aujourd'hui des micro groupes de travail sur ces différentes mesures avec mes amis députés et voir ce qui peut relever traduction législative dans le cadre budgétaire ou bien au-delà, de sorte qu'on soit très opérationnel et qu'ainsi, nous députés on soit le plus utiles possible dans cette période de crise en étant opérationnels vis-à-vis des Français, puisque nous notre avantage, c'est qu'on est en circonscription toutes les semaines et qu'ainsi on a le retour des attentes des Français. Moi je le vois à Meaux. Beaucoup de gens m'ont parlé ce week-end de ces types de difficultés et d'inquiétude. Ce qui m'amène à dire que la troisième étape, une fois qu'on enraye la crise financière et qu'on trouve des mesures anti-crise économique, c'est qu'il faut parler à la nation. C'est une période où il faut beaucoup parler aux Français. Expliquer, dire la vérité sur la réalité de cette crise et quelles mesures on met en place pour en sortir.
Vous dites "dire la vérité, parler à la nation". Précisément, il y a une question qui pourrait chiffonner quelqu'un à propos du budget. On établit un budget sur la base d'une croissance de 1 %. On sait pertinemment que c'est pratiquement inatteignable, on sait que le Fonds Monétaire International a dit que si on avait les 02, c'était le bout du monde. Les Britanniques pendant ce temps-là, eux, annoncent qu'ils auront -1 %, cela veut dire qu'ils seront en récession. Est-ce que c'est normal d'avancer un budget alors qu'on sait que franchement les paramètres ne sont pas les bons ?
Il faut lever un malentendu sur cette histoire de budget. Un budget c'est un paquebot. On le vote tous les ans et on en a besoin, parce qu'avec cela, on paye les fonctionnaires, on finance les programmes, et on autorise l'État à lever des impôts et à payer les fonctionnaires, à faire tourner l'État. Bon. Donc, imaginer, comme certains le disent, qu'il faut arrêter le budget, qu'il faut le faire autrement, c'est juste irresponsable. Le budget, il faut naturellement le voter, on va le faire, mais c'est là où je vous rejoins, et cela ne suffit pas, c'est qu'il faut premièrement être très au fait de l'évolution des prévisions de conjoncture, encore que cela change beaucoup d'une prévision à l'autre, j'ai connu cela, j'étais ministre du Budget, mais surtout il faut d'urgence, et c'est de cela dont on va s'occuper avec mes amis députés, s'occuper des dépenses publiques inutiles. Et donc, dès le 1er janvier prochain...
Excusez-moi, J.-F. Copé, c'est une vieille lune : "les dépenses publiques inutiles...".
Vous avez raison. Eh bien, on va essayer d'en faire un jeune soleil, maintenant.
Oui, très bien, on est d'accord.
Donc, on va essayer d'être opérationnel. Donc, l'idée elle est très simple : il y a des dépenses publiques inutiles à tous les étages, aussi bien d'ailleurs pour l'État... On va faire des états généraux de cela, dans ma circonscription, on va solliciter les Français. Et puis, deuxième exemple, quand vous avez départements et régions, agglomérations et communes, est-ce que vous n'êtes pas sûr qu'en regroupant, on ne pourrait pas essayer de faire des gains...
C'est à quoi travaille A. Marleix ?
Beaucoup de gens travaillent là-dessus. C'est très bien. Nous, on a lancé, notre groupe, avec les députés et les sénateurs de la majorité... Écoutez, aujourd'hui, les départements s'occupent des collèges, les régions s'occupent des lycées. Il faut peut-être regrouper, faire des économies, être plus efficaces.
Alléger le millefeuille.
Voilà. Alléger le millefeuille administratif, c'est un élément majeur d'économies. Il y en a mille autres d'ailleurs.
Est-ce que la variable d'ajustement du budget, pour employer un terme un peu... disons pour régler les problèmes budgétaires, est-ce qu'on ne risque pas tout simplement de creuser le déficit et la dette publique ?
Écoutez, il faut l'éviter, donc, c'est l'objectif à travers le fait qu'on veuille traquer les dépenses publiques inutiles en faisant les réformes, c'est pour cela qu'il faut les continuer, ces réformes.
On va terminer par la réforme de l'audiovisuel, quand même. Demain, en Conseil des ministres, plus de pub dans les chaînes de télévision publique après 20 heures. Début des programmes à 20h30, c'est cela l'idée ?
Oui.
Et on va quand même avoir un peu de sous pour financer...
Naturellement. D'abord, je voulais vous dire que c'est une vie changée pour le téléspectateur de la télé publique, parce qu'en réalité vous avez, F. Laborde, et l'ensemble des équipes de France Télévisions, une opportunité fantastique de faire une télévision publique exemplaire, un exemple pour l'Europe. Donc, c'est vrai qu'il n'y aura plus de pub. Pour autant, il faudra qu'il y ait de l'audience, il y aura les moyens qui vont avec, puisque comme vous le savez, on y substitue des nouvelles recettes et même plus. J'ajoute, pour que tout cela soit parfaitement clair dans l'esprit de tout le monde, c'est que tout cela se fait avec une entreprise publique rénovée, des programmes...
Entreprise unique...
Une entreprise unique, qui va beaucoup utiliser Internet et qui, en démarrant les programmes à 20h30, va donner le ton des soirées télé dans les foyers des Français. Et ça c'est quand même une perspective formidable.
Des petits guichets "Départ", éventuellement, si on est un peu trop nombreux dans maison, ou dans les maisons ?
Ce n'est pas ma responsabilité, c'est à l'entreprise France Télé d'en décider. Ce que je peux dire, en revanche, c'est que dans les grands défis que vous aurez, il va falloir effectivement réfléchir à une nouvelle programmation dans laquelle il y aura de la place pour beaucoup de choses qu'on ne trouve pas ailleurs à la télé, je pense à l'histoire, je pense à la science, je pense à l'Europe, je pense à la politique, je pense à la fiction, à la création... Tout autant de choses qui feront une grande télé publique française. Donc, franchement, très bon plan.
Oui, oui, oui. Et puis, de toute façon, tout cela ce sont des vertus que l'on retrouve dans Télématin, qui est l'exemple même de ce que doit être un beau programme de service public.
Vous voyez que la pub continue !
Voyez, voilà. Non, mais il faut de temps en temps se remonter le moral. On est très bon pour cela. N'est-ce pas William ?
W. Leymergie : Mais ce n'est même pas nécessaire. Le moral il monte tout seul, il monte tout seul. Quand on dit "Télématin", et hop ! Hop ! Hop ! Merci beaucoup madame, monsieur...
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 21 octobre 2008
Exactement. C'est la mise en oeuvre opérationnelle du plan que N. Sarkozy a mis en oeuvre pour enrayer la crise financière. La première étape, c'est la crise financière, c'est une crise de confiance. Les banques ne prêtaient plus et donc, petit à petit, grâce aux mesures qui ont été prises de manière très massive au niveau européen, en même temps, on voit se desserrer les choses. Et là, ça arrive au bon moment cette opération pour permettre aux banques avec ces 10 milliards et demi d'euros de vraiment redonner de la liquidité dans l'économie. C'est absolument indispensable.
"Le sang va circuler", si je puis dire, de nouveau ?
C'est exactement cela. Il y avait un blocage complet et petit à petit, on le voit bien, les choses se desserrent et on reprend petit à petit confiance et c'est indispensable. Je dois dire que de ce point de vue, c'est une belle illustration de l'efficacité politique. On dit toujours du mal des hommes politiques, eh bien je suis quand même obligé de dire que dans ces moments de crise, c'est là où le métier politique, au sens noble du terme, trouve son sens. Et les chefs d'État et de Gouvernement, N. Sarkozy en tête, en même temps, en Europe, on a volé au secours de l'économie.
Là encore, la réflexion politique : au niveau des élus de la nation et des députés, vous allez inciter l'ensemble des députés à réfléchir, à regarder de près, à la fois où sont les facteurs d'économies et où sont les problèmes de dépenses ?
Malheureusement, les choses ne s'arrêtent pas là. Le premier objectif, c'est d'enrayer la crise financière ; on est, je crois, en train de le faire. En tout cas, cela se passe plutôt pas trop, trop mal. Ensuite...
Les marchés réagissent plutôt bien...
Absolument. Par contre, on a un deuxième souci derrière, c'est la crise économique. Le blocage de ces dernières semaines, de ces derniers mois - cela fait quand même près de douze mois, quinze mois même en réalité - a pour effet un ralentissement très fort de l'économie, et donc, il faut s'occuper des entreprises et des particuliers. Donc c'est la raison pour laquelle "Génération France", le club que j'ai créé, je l'ai fait travailler, ce club, sur des pistes anticrise et avec mes amis députés de la majorité, on va essayer d'imaginer maintenant d'être très opérationnels. Concrètement, je prends l'exemple des entreprises, il y a des risques d'entreprise, de PME...
Qui n'ont pas de trésorerie...
...Ou qui même, peut-être, risquent d'être en faillite. Aujourd'hui, quand il y a une faillite d'entreprise, l'État se sert en premier sur les dettes fiscales. Et moi je pense que dans un premier temps, l'État, provisoirement, pourrait renoncer à être créancier prioritaire, parce que sinon, il prend tout, et du coup, les autres entreprises à qui l'entreprise en faillite devait de l'argent, elles sont en faillite aussi. Cela fait des faillites en chaîne. Donc je pense que pour un temps donné, l'État pourrait renoncer à être prioritaire.
Ce serait quoi ? Une sorte de moratoire, qui ferait qu'on suspendrait en effet toutes les cotisations obligatoires ? ?
Quand une entreprise est en faillite, au lieu que l'État se serve en premier sur une dette de l'entreprise en faillite, eh bien il le partage avec d'autres entreprises à qui cette entreprise en faillite devait de l'argent. Deuxième exemple : il faut qu'on soit beaucoup plus offensifs pour que les PME puissent bénéficier des commandes publiques. Les Américains l'ont fait, près de 40 %, chez nous c'est beaucoup moins, et je pense que ce serait une bonne idée. Un autre exemple, pour les particuliers cette fois : la répercussion à la baisse des prix de l'énergie et des matières premières. Quand ça monte - et Dieu sait si s'est monté ! - derrière, on paye. Là, depuis maintenant trois mois, le prix du baril est divisé par 2, c'est vrai que je crois que c'est important - et nous les députés, on va y travailler - à ce que la répercussion soit intégrale. Cela concerne bien sûr le prix à la pompe, mais cela concerne aussi le fioul, cela concerne les produits alimentaires. Bref autant de sujets sur lesquels il faut être très opérationnel.
Et le logement ?
Idem sur le logement. Vous savez qu'aujourd'hui, celui qui perd son emploi, s'il a un problème pour payer son loyer, il perd l'APL tout de suite - l'aide au logement. Je propose que l'aide au logement soit versée directement au propriétaire, à ce moment-là, durant le temps donné, pour permettre à celui qui est au chômage de se récupérer, parce que sinon, cela veut dire qu'il accumule des dettes et c'est au détriment aussi bien du propriétaire que du locataire. C'est des choses très concrètes.
Justement, toutes ces mesures, comment vont-elles se traduire dans les faits ? Parce qu'il ne suffit pas que les députés disent "on a une idée formidable, allons-y, appliquons là..."
Cela ne marche pas comme ça. Vous savez que maintenant, on coproduit les réformes. Quelle est l'idée ? Vous savez qu'on réfléchit aux pistes anticrise. Cela ne peut pas être un plan de rigueur. Si on coupe tout, on va asphyxier l'économie. Cela ne peut pas être un plan de relance massif, parce qu'on n'a pas les moyens de faire un plan de relance, ni au niveau français, ni au niveau européen. Par contre, il faut des mesures opérationnelles pour veiller à ce que la crise économique qui suivra la crise financière ne soit pas trop longue.
Il faudrait qu'elle soit inscrite dans un texte.
C'est exactement cela.
Et qu'on puisse les déclencher au...
Et donc ce que nous allons faire, c'est que nous allons créer dès aujourd'hui des micro groupes de travail sur ces différentes mesures avec mes amis députés et voir ce qui peut relever traduction législative dans le cadre budgétaire ou bien au-delà, de sorte qu'on soit très opérationnel et qu'ainsi, nous députés on soit le plus utiles possible dans cette période de crise en étant opérationnels vis-à-vis des Français, puisque nous notre avantage, c'est qu'on est en circonscription toutes les semaines et qu'ainsi on a le retour des attentes des Français. Moi je le vois à Meaux. Beaucoup de gens m'ont parlé ce week-end de ces types de difficultés et d'inquiétude. Ce qui m'amène à dire que la troisième étape, une fois qu'on enraye la crise financière et qu'on trouve des mesures anti-crise économique, c'est qu'il faut parler à la nation. C'est une période où il faut beaucoup parler aux Français. Expliquer, dire la vérité sur la réalité de cette crise et quelles mesures on met en place pour en sortir.
Vous dites "dire la vérité, parler à la nation". Précisément, il y a une question qui pourrait chiffonner quelqu'un à propos du budget. On établit un budget sur la base d'une croissance de 1 %. On sait pertinemment que c'est pratiquement inatteignable, on sait que le Fonds Monétaire International a dit que si on avait les 02, c'était le bout du monde. Les Britanniques pendant ce temps-là, eux, annoncent qu'ils auront -1 %, cela veut dire qu'ils seront en récession. Est-ce que c'est normal d'avancer un budget alors qu'on sait que franchement les paramètres ne sont pas les bons ?
Il faut lever un malentendu sur cette histoire de budget. Un budget c'est un paquebot. On le vote tous les ans et on en a besoin, parce qu'avec cela, on paye les fonctionnaires, on finance les programmes, et on autorise l'État à lever des impôts et à payer les fonctionnaires, à faire tourner l'État. Bon. Donc, imaginer, comme certains le disent, qu'il faut arrêter le budget, qu'il faut le faire autrement, c'est juste irresponsable. Le budget, il faut naturellement le voter, on va le faire, mais c'est là où je vous rejoins, et cela ne suffit pas, c'est qu'il faut premièrement être très au fait de l'évolution des prévisions de conjoncture, encore que cela change beaucoup d'une prévision à l'autre, j'ai connu cela, j'étais ministre du Budget, mais surtout il faut d'urgence, et c'est de cela dont on va s'occuper avec mes amis députés, s'occuper des dépenses publiques inutiles. Et donc, dès le 1er janvier prochain...
Excusez-moi, J.-F. Copé, c'est une vieille lune : "les dépenses publiques inutiles...".
Vous avez raison. Eh bien, on va essayer d'en faire un jeune soleil, maintenant.
Oui, très bien, on est d'accord.
Donc, on va essayer d'être opérationnel. Donc, l'idée elle est très simple : il y a des dépenses publiques inutiles à tous les étages, aussi bien d'ailleurs pour l'État... On va faire des états généraux de cela, dans ma circonscription, on va solliciter les Français. Et puis, deuxième exemple, quand vous avez départements et régions, agglomérations et communes, est-ce que vous n'êtes pas sûr qu'en regroupant, on ne pourrait pas essayer de faire des gains...
C'est à quoi travaille A. Marleix ?
Beaucoup de gens travaillent là-dessus. C'est très bien. Nous, on a lancé, notre groupe, avec les députés et les sénateurs de la majorité... Écoutez, aujourd'hui, les départements s'occupent des collèges, les régions s'occupent des lycées. Il faut peut-être regrouper, faire des économies, être plus efficaces.
Alléger le millefeuille.
Voilà. Alléger le millefeuille administratif, c'est un élément majeur d'économies. Il y en a mille autres d'ailleurs.
Est-ce que la variable d'ajustement du budget, pour employer un terme un peu... disons pour régler les problèmes budgétaires, est-ce qu'on ne risque pas tout simplement de creuser le déficit et la dette publique ?
Écoutez, il faut l'éviter, donc, c'est l'objectif à travers le fait qu'on veuille traquer les dépenses publiques inutiles en faisant les réformes, c'est pour cela qu'il faut les continuer, ces réformes.
On va terminer par la réforme de l'audiovisuel, quand même. Demain, en Conseil des ministres, plus de pub dans les chaînes de télévision publique après 20 heures. Début des programmes à 20h30, c'est cela l'idée ?
Oui.
Et on va quand même avoir un peu de sous pour financer...
Naturellement. D'abord, je voulais vous dire que c'est une vie changée pour le téléspectateur de la télé publique, parce qu'en réalité vous avez, F. Laborde, et l'ensemble des équipes de France Télévisions, une opportunité fantastique de faire une télévision publique exemplaire, un exemple pour l'Europe. Donc, c'est vrai qu'il n'y aura plus de pub. Pour autant, il faudra qu'il y ait de l'audience, il y aura les moyens qui vont avec, puisque comme vous le savez, on y substitue des nouvelles recettes et même plus. J'ajoute, pour que tout cela soit parfaitement clair dans l'esprit de tout le monde, c'est que tout cela se fait avec une entreprise publique rénovée, des programmes...
Entreprise unique...
Une entreprise unique, qui va beaucoup utiliser Internet et qui, en démarrant les programmes à 20h30, va donner le ton des soirées télé dans les foyers des Français. Et ça c'est quand même une perspective formidable.
Des petits guichets "Départ", éventuellement, si on est un peu trop nombreux dans maison, ou dans les maisons ?
Ce n'est pas ma responsabilité, c'est à l'entreprise France Télé d'en décider. Ce que je peux dire, en revanche, c'est que dans les grands défis que vous aurez, il va falloir effectivement réfléchir à une nouvelle programmation dans laquelle il y aura de la place pour beaucoup de choses qu'on ne trouve pas ailleurs à la télé, je pense à l'histoire, je pense à la science, je pense à l'Europe, je pense à la politique, je pense à la fiction, à la création... Tout autant de choses qui feront une grande télé publique française. Donc, franchement, très bon plan.
Oui, oui, oui. Et puis, de toute façon, tout cela ce sont des vertus que l'on retrouve dans Télématin, qui est l'exemple même de ce que doit être un beau programme de service public.
Vous voyez que la pub continue !
Voyez, voilà. Non, mais il faut de temps en temps se remonter le moral. On est très bon pour cela. N'est-ce pas William ?
W. Leymergie : Mais ce n'est même pas nécessaire. Le moral il monte tout seul, il monte tout seul. Quand on dit "Télématin", et hop ! Hop ! Hop ! Merci beaucoup madame, monsieur...
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 21 octobre 2008