Déclaration de M. Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, sur l'impact du réchauffement climatique sur les vestiges archéologiques, à Strasbourg le 21 octobre 2008.

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Circonstance : Inauguration de l'exposition "Archéologie et changement climatique : un patrimoine menacé", à Strasbourg le 21 octobre 2008

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Mesdames et Messieurs,
Qu'il me soit permis en premier lieu de remercier Monsieur le Président du Parlement européen pour avoir autorisé l'installation de cette exposition au siège du Parlement européen.
Je tiens également à exprimer ma reconnaissance toute particulière à Madame Marie-Hélène Descamps ; nous devons à son engagement et à son soutien actif le plaisir d'inaugurer aujourd'hui cette exposition.
Je ne vous décrirai pas l'impact du réchauffement climatique sur l'environnement, les écosystèmes, l'économie, le développement des sociétés. Vous les connaissez déjà. Il faut malheureusement ajouter à cette liste les risques que font peser ces changements climatiques sur le patrimoine archéologique. C'est en fait la mémoire universelle, dont nous ne sommes que les dépositaires, qui est aujourd'hui menacée.
Ensablement, montée des eaux, érosion trop rapide des sols, les vestiges archéologiques déjà fragiles par essence, sont en péril. Il faut agir; il faut agir vite. Et il faut agir ensemble car les réponses nationales sont aujourd'hui insuffisantes. D'où l'intérêt de sensibiliser le Parlement européen, particulièrement déterminé à lutter contre le réchauffement climatique. C'est bien l'objet de cette exposition.
Certes, cet aspect méconnu des effets du réchauffement sur notre patrimoine culturel faisait déjà timidement son chemin. En 2006, le Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO a pris la mesure du danger et demandé des mesures d'entretien des sites culturels menacés, placés sous surveillance.
Mais ce mandat donné par l'UNESCO ne porte que sur les sites et les monuments inscrits sur la liste du patrimoine mondial. Or, il ne s'agit que qu'une infime partie de la richesse archéologique de notre planète. L'effort doit être élargi à l'ensemble des biens. Car ils sont la mémoire des peuples et les creusets de leurs identités.
Que pouvons-nous faire à l'échelle européenne ? Quels sont nos moyens d'action ? Le diptyque est connu mais il faut le marteler : préserver et valoriser.
Préserver, d'abord.
Pour faire face aux conséquences de ces risques ou les anticiper et les prévenir, les archéologues et spécialistes de l'environnement peuvent recourir à toute une gamme de techniques et technologies de pointe, imagerie spatiale, télédétection, prospection géophysique. Ils assurent, ce faisant, la promotion de technologies innovantes dont les applications peuvent aller au-delà de ce à quoi elles sont initialement destinées. L'Europe, forte de sa tradition patrimoniale, de ses budgets de recherche et de ses savoir-faire séculaires, peut jouer un rôle pionnier dans ce domaine et servir de modèle.
Sans oublier que préserver, c'est aussi éduquer. Apprendre la valeur de cet héritage. Sensibiliser les publics, notamment les plus jeunes, à l'importance de ce legs. Leur apprendre à en comprendre la signification pour leur histoire et leur identité afin de mieux protéger ce patrimoine.
Préserver donc, mais aussi valoriser ce patrimoine en encourageant ses dépositaires à engager des actions de sauvegarde. Parce que les sites archéologiques ne sont pas riches de leur seule histoire, ils le sont aussi de toutes les promesses de revenus associés à une exploitation touristique intelligente.
C'est tout l'intérêt de la réflexion en cours sur les liens entre culture et développement dans le cadre de la politique extérieure de l'Union européenne.
Je conclurai sur un simple rappel qui sonne comme une évidence. Quoi que nous fassions, quel que soit le talent, l'acharnement, la passion des archéologues, ils ne pourront rien, à la fin des fins, contre le péril du réchauffement climatique si nous ne traitons pas le problème à la source. C'est l'ambition de la Présidence française qui a fait de l'adoption du paquet énergie/climat une de ses grandes priorités. Au-delà des aléas de cette présidence, qui est devenue une présidence de gestion de crises, sachez que nous continuons, opiniâtrement, inlassablement, méthodiquement, à pousser ce dossier. Et nous aurons besoin du Parlement européen, sans l'aide duquel rien ne sera possible.
Permettez-moi enfin d'exprimer mes plus vifs remerciements à l'équipe scientifique de l'exposition menée par Monsieur Henri-Paul Francfort et à la direction générale de la Coopération internationale et du Développement qui a pris cette initiative dans le cadre de notre Présidence du Conseil de l'Union européenne. Ils m'auront ainsi offert l'occasion de souligner, une nouvelle fois, devant les élus européens notre détermination à avancer sur ce dossier qui nous tient tant à coeur.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 octobre 2008