Déclaration de M. Michel Barnier, ministre de l'agriculture et de la pêche, sur les mesures gouvernementales pour la distribution de fruits dans les écoles, à Avigon le 16 octobre 2008.

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Circonstance : Table ronde sur l'accessibilité des fruits et légumes, dans le cadre du MIFFEL, à Avignon le 16 octobre 20008

Texte intégral

La récente expertise collective de l'INRA sur « les enjeux et déterminants de la consommation de fruits et légumes » a indiqué que cette consommation était bien inférieure aux recommandations nutritionnelles du PNNS.
En effet, près de 80 % des enfants de 3 à 17 ans consomment moins de 2 portions de légumes par jour, et 44 % moins d'une portion de fruit par jour.
L'étude de l'INRA conclut que l'on ne peut plus se contenter d'agir uniquement sur l'information nutritionnelle. Pour avoir un effet sur les actes d'achats des familles, les actions doivent associer un accompagnement de proximité et des interventions concrètes sur l'offre. Il a été démontré que les opérations locales mettant en oeuvre un ensemble de moyens, dès le plus jeune âge, sont clairement plus efficaces.
Les projets d'accessibilité aux fruits dans les écoles et pendant le temps des loisirs des enfants, intitulés respectivement « un fruit pour la récré » et « un fruit pour les loisirs », sont nés de ces constatations.
Le premier, « un fruit pour la récré », consiste en une distribution gratuite et hebdomadaire d'une portion de fruit (préparé, pressé ou cuit), en supplément des fruits servis dans le cadre de la restauration scolaire, aux enfants des écoles maternelles et élémentaires, tout au long de l'année scolaire, avec un accompagnement pédagogique.
Le second, « un fruit pour les loisirs », consiste en une formation des éducateurs de centres de loisirs afin qu'ils sensibilisent les enfants par le biais de jeux ou par la création d'outils pédagogiques et d'animation visant la reconquête du goût et du plaisir de manger des fruits.
Malgré un contexte rendu plus difficile par le renouvellement des équipes municipales, c'est aujourd'hui un peu plus de 400 écoles, dont près de 250 situées en ZEP, qui ont déjà répondu à l'appel que j'ai lancé dans toute la France. Ainsi, d'ores et déjà près de 50.000 enfants sont concernés par cette opération, dans de grandes agglomérations comme dans de petites communes. Par ailleurs, cet été, ce sont plus de 2 millions d'enfants qui ont été sensibilisés dans les centres de loisirs.
Ces projets ont rassemblé autour du Ministère de l'Agriculture :
le Ministère de l'Education Nationale,
le Ministère de la Santé, de la jeunesse et des sports,
les producteurs et les distributeurs réunis au sein de l'interprofession INTERFEL,
les communes,
les fonctionnaires territoriaux chargés des cantines,
les professeurs des écoles, les élèves, les parents d'élèves,
les syndicats de restauration collective en gestion directe, les sociétés de restauration collective concédées,
les associations de consommateurs,
la confédération de la jeunesse en pleine air...
La compétence de la distribution des aliments dans les écoles primaires appartient aux communes, et c'est donc avant tout sur la base du volontariat des communes que l'opération « un fruit pour la récré » se met en place.
Les communes s'engagent à respecter un cahier des charges qui met en avant la qualité des produits servis et la façon de distribuer les fruits.
En effet, au-delà de l'aspect nutritionnel immédiat, l'objectif est l'éducation du goût et l'apprentissage de l'origine des produits. Il faut travailler sur le plaisir gustatif que peuvent avoir les enfants à manger différents fruits, et les accompagner pédagogiquement à la découverte du produit qu'ils ont entre les mains.
Chaque produit est le résultat d'une histoire, d'un territoire, avec des hommes et des femmes qui l'ont cultivé, cueilli, conditionné, distribué.
Un site internet dédié à l'opération « un fruit pour la récré » a été créé.
Il permet aux communes de prendre connaissance du projet et de faire connaître leurs actions.
Il permet aussi aux enseignants et aux différents acteurs de l'opération de télécharger les outils pédagogiques gratuitement.
Il comporte également un accès intitulé, « Les professionnels s'engagent », qui met à la disposition des usagers l'ensemble des liens Internet des partenaires de la filière professionnelle.
J'en profite ici pour saluer l'effort fait par les professionnels pour organiser et mettre en ligne les coordonnées des entreprises volontaires pour accueillir des groupes de jeunes. Cette démarche va dans le sens du nécessaire rapprochement des producteurs avec les consommateurs, et j'ai pu constater que tous les acteurs professionnels de la filière s'engageaient avec enthousiasme dans cette démarche.
La sous-consommation de fruits et légumes est particulièrement marquée dans les familles de faible niveau socio-économique : d'où ma volonté d'agir en priorité dans les zones défavorisées, qu'elles soient rurales ou urbaines.
Des partenaires financiers ont répondu déjà favorablement à l'appel du ministère (par exemple Groupama et la MSA) pour le cofinancement de l'opération « un fruit pour la récré », et d'autres partenaires sont en discussion avec nous.
L'objectif est, d'une part, d'accorder une aide financière à hauteur de 50 % du coût d'achat des fruits pour les communes ayant des écoles en zone défavorisée (ZEP, REP ou réseau ambition réussite).
Avec cette opération nationale, nous sommes des précurseurs au niveau européen, puisque Mme Fischer Boel, Commissaire européen à l'agriculture, vient de proposer un règlement communautaire permettant dès la rentrée des classes de septembre 2009 le cofinancement, à hauteur de 50 %, des actions de distribution de fruits dans les écoles avec un accompagnement pédagogique.
Ce projet devrait être débattu par le Conseil des Ministres de l'agriculture du 19 novembre prochain.
Notre programme national est reconnu comme un programme expérimental pertinent à la veille de son élargissement au niveau européen.
Un dernier mot : certains membres de la filière « fruits et légumes » regrettent que nous ayons laissé de côté les légumes.
Les fruits ont été privilégiés parce qu'ils se prêtaient mieux aux actions pédagogiques, mais c'est évidemment sans volonté de discrimination vis à vis des légumes.
Nous avons travaillé sur le temps de l'école et des loisirs, et maintenant nous allons aborder celui de la famille et c'est à ce niveau que nous allons travailler sur l'accessibilité aux légumes. Avec l'accord du ministre de l'éducation nationale, nous allons faire passer des messages aux parents par l'intermédiaire du cahier de correspondance.
Evidemment, ce travail sera entrepris avec le même dynamisme et la même volonté de réussir que pour les fruits. D'ailleurs, le programme de la Commission européenne prévoit bien la distribution des fruits et de légumes dans les écoles.
Au-delà de cette initiative que j'ai souhaité pousser, il existe bien évidemment de nombreux autres projets pilotes, qui ont pu voir le jour grâce au travail du « pôle accessibilité » animé par la filière.
Je pense par exemple aux actions de réhabilitation des légumes auprès des populations défavorisées, ou encore à l'expérimentation concernant la vente à l'unité.
Je suis très attentif à ces différentes initiatives, qui, ensemble, doivent nous permettre de redonner le goût des fruits et légumes à l'ensemble des français.
Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 27 octobre 2008