Texte intégral
L. Bazin.- Bonjour, E. Woerth !
Bonjour !
Merci d'être notre invité, ministre des Comptes publics et de la Fonction publique. Les députés ont adopté cette nuit le plafonnement des niches fiscales ; vous en êtes heureux ?
Oui, c'est une bonne chose. Vous savez qu'il y avait un certain nombre... Qu'est-ce que c'est des niches d'ailleurs, parce que ce n'est pas très extraordinaire comme vocabulaire, c'est en fait la possibilité de réduire ses impôts en fonction d'un investissement ou d'une embauche de personne à la maison.
On estime que ça permettait à 7 000 foyers d'échapper totalement à l'impôt.
Oui, alors toutes ces niches fiscales, tous ces avantages fiscaux sont en général plafonnés, sauf quelques-uns qui ne l'étaient pas, et donc cette nuit les parlementaires ont plafonné des niches qui ne l'étaient pas ; je pense, par exemple, aux DOM-TOM, aux investissements dans les DOM-TOM, je pense aux loueurs de meublés professionnels, je pense à la loi Malraux...
Donc on prend aux plus riches, clairement.
...Un certain nombre de nos compatriotes donc s'exonéraient de l'impôt notamment sur le revenu en saturant ces niches qui n'étaient pas
plafonnées, c'est-à-dire en investissant beaucoup et cet investissement a été réduit de son impôt. Donc on a plafonné l'ensemble des niches, sur le plan niche par niche, si je puis dire, avantage fiscal par avantage fiscal, et puis on a également fait un plafonnement global pour l'ensemble des niches...
25 000 euros + 10 % du revenu imposable pour ceux, veinards, que ça intéresse.
10 % du revenu imposable, exactement. Donc c'est une mesure de justice fiscale...
Ça fait 200 millions d'euros... De justice fiscale...
C'est une mesure de justice fiscale puisque personne ne peut plus s'exonérer complètement de l'impôt par l'usage intensif des niches fiscales et puis c'est aussi une mesure efficace sur le plan budgétaire, puisque ça rapporte à peu près 200 millions d'euros...
200 millions d'euros pour 70 milliards, à peu près, de manque à gagner, les niches fiscales, pour l'Etat.
On verra. On verra. Oui, c'est 66-67 milliards...
On pourrait dire que c'est une goutte d'eau.
Oui, mais, vous savez, c'est très difficile de calculer comme ça parce que dire 66-67 milliards, en fait c'est l'ensemble des avantages fiscaux, là-dedans vous avez la prime pour l'emploi, vous avez tous les avantages liés aux emplois à domicile, vous avez la TVA à taux réduit pour les travaux, donc, vous voyez, il y a des poires, des pommes, des bananes, il y a beaucoup de choses qui intéressent directement.
Une bonne vraie réforme globale qui serait menée par le gouvernement et non pas par des amendements de la majorité
UMP dans les coins ?
Ça, c'est des amendements qui ont été... Non, non, ce n'est justement pas des amendements dans les coins, c'est une longue discussion avec les parlementaires. Nous avions dit, et je l'avais dit très rapidement, qu'on était favorables au plafonnement des niches fiscales, qu'on le souhaitait, qu'on souhaitait un plafonnement global également des niches fiscales et il y a eu un travail conjoint avec la commission des Finances de l'Assemblée, avec Gilles Carrez, c'était très bien.
Vous allez en faire quoi des 200 millions que vous récupérez ?
Alors vous savez que dans le débat sur le revenu de solidarité active il y a eu une taxe supplémentaire sur les revenus du capital, ça a fait l'objet à un moment donné d'une discussion et nous avons indiqué que le retour financier du plafonnement des niches fiscales viendrait financer également le RSA à partir de l'année prochaine, donc nous verrons...
Ce n'est pas pour réduire la dette, c'est pour financer le RSA.
C'est en partie pour financer le RSA.
En partie ?
On verra en fonction de ce que rapporte la taxe sur le capital, de ce que coûte exactement le RSA lorsqu'il fonctionnera et du rapport exact aussi. Pour l'instant, c'est une prévision, donc il faut faire attention aux prévisions, donc on verra ce que rapporte exactement ce plafonnement...
Vous l'avez appris récemment, mais vous le saviez avant déjà.
Oui, je le sais depuis longtemps en fait.
Tout à l'heure, F. Fillon réunit les ministres en charge de la riposte face à la crise, on va dire ça comme ça, à Matignon, vous en serez bien évidemment ; que dites-vous de l'appel des quarante-sept ; quarante-sept grands patrons qui disent : il faut un plan de relance. Est-ce que la France est prête à y aller toute seule si l'Europe ne le fait pas ?
Écoutez, il faut évidemment bouger. Dans une période de crise, ce qui compte c'est bouger. Donc il faut à la fois remettre de l'ordre dans le système financier, parce que c'est lui qui finance les entreprises, c'est ça l'essentiel, ce n'est pas à l'Etat de financer les entreprises, c'est le système financier. Les banques doivent refonctionner normalement et reprêter au système financier. Ça, on s'en occupe extraordinairement activement. Et puis en même temps, peut-être qu'il faut regarder secteur par secteur ce qu'il faut faire pour débloquer des situations...
25 millions de dollars pour les Etats-Unis environ...
Milliards.
Milliards, pardon, vous avez raison, milliards de dollars pour les Etats-Unis, c'est ce qu'envisage le Congrès ; qu'envisage la France ? L'Allemagne a déjà mis en oeuvre des...
D'abord la France est un pays dans lequel il y a déjà beaucoup de transferts, 50 % de la richesse nationale est déjà redistribuée, donc c'est déjà tout à fait considérable, il y a beaucoup d'aides dans beaucoup de secteurs. Il faut regarder. Moi je pense que le secteur automobile, c'est vrai, est un secteur particulièrement sensible, avec beaucoup, beaucoup d'emplois. Il y a dans l'Europe entière 2-3 millions de salariés, 10-12 millions sûrement de gens qui vivent par l'industrie automobile, on voit bien qu'elle est en train de fléchir et on voit aussi que toute aide sectorielle, donc il faut faire très attention aux aides sectorielles, il faut qu'elles soient justes, il faut qu'elles soient proportionnées, il faut qu'elles soient utiles, efficaces, si on met de l'argent dans l'économie, il faut qu'il soit très très utile tout de suite et que ce soit prouvé. Mais on voit bien que l'efficacité elle est européenne, l'efficacité n'est pas seulement française, c'est un secteur dans lequel vous achetez une voiture allemande, le lendemain vous achetez une italienne, l'Italien va acheter une voiture française, l'usine va être en Irlande...
Donc c'est à l'Europe de le faire, voilà ce qu'on entend, d'un mot.
C'est à l'Europe de bien coordonner, c'est la volonté de coordonner nos politiques économiques en temps de crise, c'est ce que souhaite le président de la République, le président de l'Europe, il l'a dit à plusieurs reprises, même si parfois un certain nombre de nos partenaires européens ne sont pas d'accord, et sur des aides, sur des initiatives sectorielles, il faut bien évidemment qu'elles soient prises en pleine coordination européenne, sinon ça ne marche pas, sinon c'est de l'argent public jeté par les fenêtres et nous ne pouvons pas nous le permettre.
On va continuer à en parler avec vous...
Cela dit, il faut aider la recherche...
Attendez, je vous donne la parole après. Et la recherche et le développement, vous l'avez dit et le Président l'avait dit lors du Mondial...
Et notamment la recherche dans le secteur automobile pour les véhicules propres et ça nous mettons 400 millions d'euros là-dedans, on redéploie des crédits recherche.
Annoncés lors du Mondial Auto.
C'est essentiel.
On va continuer à en parler après le rappel des titres.
(...)
On est toujours en compagnie d'E. Woerth, on marque une nouvelle pause. Vous entendrez F. Chérèque, vous entendrez S. Royal, vous entendrez également, et ça vous intéressera peut-être, E. Woerth, le coup de gueule de J. Lang, qui estime, après les propos de S. Royal, qu'elle n'est pas la bonne personne pour diriger le Parti socialiste et qu'il faut arrêter les attaques ad hominem.
(...)
On est toujours avec E. Woerth, le ministre des Comptes publics. On va évidemment envisager la situation au PS, vous entendrez les critiques de F. Chérèque sur le travail du dimanche et le travail jusqu'à soixante-dix ans. Un mot de votre budget, c'est quand même important, c'est votre évènement du jour, si j'ose dire ; est-ce que vous diriez ce matin la main sur le coeur que ce budget tiendra le choc de la crise ?
Écoutez, je l'espère. On a révisé toutes les perspectives, on a diminué la croissance, diminué l'évolution de la masse salariale, on a vraiment essayé de faire quelque chose de très prudent et puis à la fois de très actif. C'est un budget qui tient la route.
Vous avez arrêté de serrer la vis, c'est l'idée ?
Non, moi je...
Laisser filer les déficits, disent les budgétaires de l'UMP.
Pas laisser filer les dépenses, il faut être... enfin moi je suis... vraiment il faut faire très très attention à la dépense publique, elle est déjà très élevée en France, donc il faut être très très rigoureux, très très forts sur la dépense publique et en même temps, s'il y a moins de recettes, il faut l'accepter et combattre la crise, mais pas augmenter les impôts pour essayer de se substituer à un manquement de recettes. Ça veut dire que les déficits ils peuvent augmenter à un moment donné, pas par l'augmentation des dépenses, pas par l'augmentation des dépenses, mais par éventuellement un manque de recettes fiscales dû à la crise. Mais on revient après plus rapidement encore à l'équilibre à partir du moment où la dépense a été bien retravaillée. Il faut un peu de croissance après, donc il faut relancer, il faut se battre pour ça.
Ce qui se passe au Parti socialiste visiblement intéresse beaucoup au Gouvernement. Vous m'avez demandé ce matin en arrivant si on en dirait un mot. Eh bien, oui, on va en dire un mot, mais on va laisser la parole d'abord évidemment aux socialistes. S. Royal pour commencer...
(S. Royal, Doc. France Inter)
Et ne pas oublier le code de l'honneur ; c'est ce qu'elle avait dit sur France 3 hier soir. Réplique de J. Lang ce matin sur RTL...
(J. Lang, Doc. RTL)
La bonne personne à la bonne place, j'ai traduit, mais vous aviez compris.
Ça doit vouloir dire ça, oui ! C'est un débat de personnes en fait, on est très très éloigné du fond. C'est assez surréaliste enfin quand on voit dans quelles conditions aujourd'hui est le monde, avec une crise comme on n'en a pas connue depuis des dizaines et des dizaines d'années. Et puis le Parti socialiste qui oppose à la crise économique la crise de nerfs, c'est vraiment cela et chacun est sur ses nerfs. Et ce n'est plus le problème du code de l'honneur, c'est le code de la route ; le code de la route il est totalement non respecté, il y a du dérapage...
Les socialistes ne savent plus se conduire.
Ils ne savent plus se conduire, ils passent la ligne blanche sans arrêt. Et au fond, ça veut dire que c'est un parti qui ne réfléchit pas, qui ne réfléchit plus, je ne dis pas ça pour les militants parce que moi j'ai du respect pour tous les militants de partis politiques, mais c'est un parti qui ne réfléchit plus. Qu'est-ce qu'il pense du lycée ? Qu'est-ce qu'il pense du Grenelle de l'environnement ? Qu'est-ce qu'il pense du travail du dimanche ? Vraiment, au lieu de s'opposer systématiquement...
Alors j'en ajoute puisque vous êtes sur le travail du dimanche...
C'est vraiment tout à fait incroyable ce qui se passe au Parti socialiste, je ne sais pas s'il implosera ou si à un moment donné, il y aura des scissions, mais il y a de telles haines dans un parti si « fraternel » que c'est... enfin il y a quelque chose qui ne va plus. Il faut vraiment qu'ils changent totalement à la fois de logiciel et puis surtout de gens, je pense.
F. Chérèque ce matin, on n'aura pas le temps de l'entendre malheureusement, mais on peut le voir, il était sur France 2, et puisqu'on parlait de travail du dimanche et aussi de retraite jusqu'à soixante-dix ans, il a dit : c'est simple, le Gouvernement est en train de fabriquer des droits sociaux en kit ; qu'est-ce que vous répondez à ça ?
Enfin je ne sais pas ce que ça veut dire. Moi je pense que ce qu'on souhaite c'est qu'il y ait une liberté, enfin on est dans un monde de liberté, il faut à la fois qu'il y ait des règles et puis il faut qu'il y ait beaucoup de liberté. La possibilité de travailler le dimanche, elle doit être permise. Aujourd'hui d'ailleurs, elle est permise pour beaucoup, beaucoup de professions. Je ne sais pas, vous travaillez le dimanche, les télévisions travaillent le dimanche, les commerçants travaillent le dimanche, beaucoup de gens travaillent le dimanche, les pompistes travaillent le dimanche...
Les ministres.
Les ministres travaillent le dimanche, enfin beaucoup de gens travaillent le dimanche. Et donc il faut que quelqu'un qui souhaite travailler le dimanche, et s'il en a la possibilité, qu'il le fasse. Evidemment, il doit être mieux payé quand il travaille le dimanche, payé double, c'est ce qu'on propose. Donc ça me semble être une société à la fois qui doit allier des règles précises, une protection du droit du travail et puis en même temps la liberté de travailler. C'est la même chose quand on permet à celles et ceux qui ne souhaitent pas avoir de retraite couperet de pouvoir travailler, s'ils le souhaitent et si l'employeur en a évidemment besoin - s'ils le souhaitent - de travailler jusqu'à soixante-dix ans et pour les pilotes jusqu'à soixante-cinq ans, ce n'est pas choquant.
La liberté sur le travail et sur la retraite et, on l'a entendu tout à l'heure, la justice fiscale sur les niches fiscales qui ont été adoptées cette nuit.
Oui, il faut de la justice, il faut de la liberté, il faut des règles. Pourquoi tout d'un coup dire à quelqu'un en pleine forme, qui a envie de continuer son travail que parce qu'il a soixante-cinq ans, il est mis à la retraite d'office ? C'est une atteinte à sa propre liberté. Donc on doit pouvoir laisser les personnes, d'autant plus qu'on vit de plus en plus longtemps, travailler s'ils le souhaitent jusqu'à soixante-dix ans. Ce n'est pas changer l'âge de la retraite, c'est au contraire permettre à chacun de pouvoir travailler plus longtemps s'il le souhaite.
Merci, E. Woerth, d'avoir été notre invité, bonne journée à vous !
Merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 18 novembre 2008
Bonjour !
Merci d'être notre invité, ministre des Comptes publics et de la Fonction publique. Les députés ont adopté cette nuit le plafonnement des niches fiscales ; vous en êtes heureux ?
Oui, c'est une bonne chose. Vous savez qu'il y avait un certain nombre... Qu'est-ce que c'est des niches d'ailleurs, parce que ce n'est pas très extraordinaire comme vocabulaire, c'est en fait la possibilité de réduire ses impôts en fonction d'un investissement ou d'une embauche de personne à la maison.
On estime que ça permettait à 7 000 foyers d'échapper totalement à l'impôt.
Oui, alors toutes ces niches fiscales, tous ces avantages fiscaux sont en général plafonnés, sauf quelques-uns qui ne l'étaient pas, et donc cette nuit les parlementaires ont plafonné des niches qui ne l'étaient pas ; je pense, par exemple, aux DOM-TOM, aux investissements dans les DOM-TOM, je pense aux loueurs de meublés professionnels, je pense à la loi Malraux...
Donc on prend aux plus riches, clairement.
...Un certain nombre de nos compatriotes donc s'exonéraient de l'impôt notamment sur le revenu en saturant ces niches qui n'étaient pas
plafonnées, c'est-à-dire en investissant beaucoup et cet investissement a été réduit de son impôt. Donc on a plafonné l'ensemble des niches, sur le plan niche par niche, si je puis dire, avantage fiscal par avantage fiscal, et puis on a également fait un plafonnement global pour l'ensemble des niches...
25 000 euros + 10 % du revenu imposable pour ceux, veinards, que ça intéresse.
10 % du revenu imposable, exactement. Donc c'est une mesure de justice fiscale...
Ça fait 200 millions d'euros... De justice fiscale...
C'est une mesure de justice fiscale puisque personne ne peut plus s'exonérer complètement de l'impôt par l'usage intensif des niches fiscales et puis c'est aussi une mesure efficace sur le plan budgétaire, puisque ça rapporte à peu près 200 millions d'euros...
200 millions d'euros pour 70 milliards, à peu près, de manque à gagner, les niches fiscales, pour l'Etat.
On verra. On verra. Oui, c'est 66-67 milliards...
On pourrait dire que c'est une goutte d'eau.
Oui, mais, vous savez, c'est très difficile de calculer comme ça parce que dire 66-67 milliards, en fait c'est l'ensemble des avantages fiscaux, là-dedans vous avez la prime pour l'emploi, vous avez tous les avantages liés aux emplois à domicile, vous avez la TVA à taux réduit pour les travaux, donc, vous voyez, il y a des poires, des pommes, des bananes, il y a beaucoup de choses qui intéressent directement.
Une bonne vraie réforme globale qui serait menée par le gouvernement et non pas par des amendements de la majorité
UMP dans les coins ?
Ça, c'est des amendements qui ont été... Non, non, ce n'est justement pas des amendements dans les coins, c'est une longue discussion avec les parlementaires. Nous avions dit, et je l'avais dit très rapidement, qu'on était favorables au plafonnement des niches fiscales, qu'on le souhaitait, qu'on souhaitait un plafonnement global également des niches fiscales et il y a eu un travail conjoint avec la commission des Finances de l'Assemblée, avec Gilles Carrez, c'était très bien.
Vous allez en faire quoi des 200 millions que vous récupérez ?
Alors vous savez que dans le débat sur le revenu de solidarité active il y a eu une taxe supplémentaire sur les revenus du capital, ça a fait l'objet à un moment donné d'une discussion et nous avons indiqué que le retour financier du plafonnement des niches fiscales viendrait financer également le RSA à partir de l'année prochaine, donc nous verrons...
Ce n'est pas pour réduire la dette, c'est pour financer le RSA.
C'est en partie pour financer le RSA.
En partie ?
On verra en fonction de ce que rapporte la taxe sur le capital, de ce que coûte exactement le RSA lorsqu'il fonctionnera et du rapport exact aussi. Pour l'instant, c'est une prévision, donc il faut faire attention aux prévisions, donc on verra ce que rapporte exactement ce plafonnement...
Vous l'avez appris récemment, mais vous le saviez avant déjà.
Oui, je le sais depuis longtemps en fait.
Tout à l'heure, F. Fillon réunit les ministres en charge de la riposte face à la crise, on va dire ça comme ça, à Matignon, vous en serez bien évidemment ; que dites-vous de l'appel des quarante-sept ; quarante-sept grands patrons qui disent : il faut un plan de relance. Est-ce que la France est prête à y aller toute seule si l'Europe ne le fait pas ?
Écoutez, il faut évidemment bouger. Dans une période de crise, ce qui compte c'est bouger. Donc il faut à la fois remettre de l'ordre dans le système financier, parce que c'est lui qui finance les entreprises, c'est ça l'essentiel, ce n'est pas à l'Etat de financer les entreprises, c'est le système financier. Les banques doivent refonctionner normalement et reprêter au système financier. Ça, on s'en occupe extraordinairement activement. Et puis en même temps, peut-être qu'il faut regarder secteur par secteur ce qu'il faut faire pour débloquer des situations...
25 millions de dollars pour les Etats-Unis environ...
Milliards.
Milliards, pardon, vous avez raison, milliards de dollars pour les Etats-Unis, c'est ce qu'envisage le Congrès ; qu'envisage la France ? L'Allemagne a déjà mis en oeuvre des...
D'abord la France est un pays dans lequel il y a déjà beaucoup de transferts, 50 % de la richesse nationale est déjà redistribuée, donc c'est déjà tout à fait considérable, il y a beaucoup d'aides dans beaucoup de secteurs. Il faut regarder. Moi je pense que le secteur automobile, c'est vrai, est un secteur particulièrement sensible, avec beaucoup, beaucoup d'emplois. Il y a dans l'Europe entière 2-3 millions de salariés, 10-12 millions sûrement de gens qui vivent par l'industrie automobile, on voit bien qu'elle est en train de fléchir et on voit aussi que toute aide sectorielle, donc il faut faire très attention aux aides sectorielles, il faut qu'elles soient justes, il faut qu'elles soient proportionnées, il faut qu'elles soient utiles, efficaces, si on met de l'argent dans l'économie, il faut qu'il soit très très utile tout de suite et que ce soit prouvé. Mais on voit bien que l'efficacité elle est européenne, l'efficacité n'est pas seulement française, c'est un secteur dans lequel vous achetez une voiture allemande, le lendemain vous achetez une italienne, l'Italien va acheter une voiture française, l'usine va être en Irlande...
Donc c'est à l'Europe de le faire, voilà ce qu'on entend, d'un mot.
C'est à l'Europe de bien coordonner, c'est la volonté de coordonner nos politiques économiques en temps de crise, c'est ce que souhaite le président de la République, le président de l'Europe, il l'a dit à plusieurs reprises, même si parfois un certain nombre de nos partenaires européens ne sont pas d'accord, et sur des aides, sur des initiatives sectorielles, il faut bien évidemment qu'elles soient prises en pleine coordination européenne, sinon ça ne marche pas, sinon c'est de l'argent public jeté par les fenêtres et nous ne pouvons pas nous le permettre.
On va continuer à en parler avec vous...
Cela dit, il faut aider la recherche...
Attendez, je vous donne la parole après. Et la recherche et le développement, vous l'avez dit et le Président l'avait dit lors du Mondial...
Et notamment la recherche dans le secteur automobile pour les véhicules propres et ça nous mettons 400 millions d'euros là-dedans, on redéploie des crédits recherche.
Annoncés lors du Mondial Auto.
C'est essentiel.
On va continuer à en parler après le rappel des titres.
(...)
On est toujours en compagnie d'E. Woerth, on marque une nouvelle pause. Vous entendrez F. Chérèque, vous entendrez S. Royal, vous entendrez également, et ça vous intéressera peut-être, E. Woerth, le coup de gueule de J. Lang, qui estime, après les propos de S. Royal, qu'elle n'est pas la bonne personne pour diriger le Parti socialiste et qu'il faut arrêter les attaques ad hominem.
(...)
On est toujours avec E. Woerth, le ministre des Comptes publics. On va évidemment envisager la situation au PS, vous entendrez les critiques de F. Chérèque sur le travail du dimanche et le travail jusqu'à soixante-dix ans. Un mot de votre budget, c'est quand même important, c'est votre évènement du jour, si j'ose dire ; est-ce que vous diriez ce matin la main sur le coeur que ce budget tiendra le choc de la crise ?
Écoutez, je l'espère. On a révisé toutes les perspectives, on a diminué la croissance, diminué l'évolution de la masse salariale, on a vraiment essayé de faire quelque chose de très prudent et puis à la fois de très actif. C'est un budget qui tient la route.
Vous avez arrêté de serrer la vis, c'est l'idée ?
Non, moi je...
Laisser filer les déficits, disent les budgétaires de l'UMP.
Pas laisser filer les dépenses, il faut être... enfin moi je suis... vraiment il faut faire très très attention à la dépense publique, elle est déjà très élevée en France, donc il faut être très très rigoureux, très très forts sur la dépense publique et en même temps, s'il y a moins de recettes, il faut l'accepter et combattre la crise, mais pas augmenter les impôts pour essayer de se substituer à un manquement de recettes. Ça veut dire que les déficits ils peuvent augmenter à un moment donné, pas par l'augmentation des dépenses, pas par l'augmentation des dépenses, mais par éventuellement un manque de recettes fiscales dû à la crise. Mais on revient après plus rapidement encore à l'équilibre à partir du moment où la dépense a été bien retravaillée. Il faut un peu de croissance après, donc il faut relancer, il faut se battre pour ça.
Ce qui se passe au Parti socialiste visiblement intéresse beaucoup au Gouvernement. Vous m'avez demandé ce matin en arrivant si on en dirait un mot. Eh bien, oui, on va en dire un mot, mais on va laisser la parole d'abord évidemment aux socialistes. S. Royal pour commencer...
(S. Royal, Doc. France Inter)
Et ne pas oublier le code de l'honneur ; c'est ce qu'elle avait dit sur France 3 hier soir. Réplique de J. Lang ce matin sur RTL...
(J. Lang, Doc. RTL)
La bonne personne à la bonne place, j'ai traduit, mais vous aviez compris.
Ça doit vouloir dire ça, oui ! C'est un débat de personnes en fait, on est très très éloigné du fond. C'est assez surréaliste enfin quand on voit dans quelles conditions aujourd'hui est le monde, avec une crise comme on n'en a pas connue depuis des dizaines et des dizaines d'années. Et puis le Parti socialiste qui oppose à la crise économique la crise de nerfs, c'est vraiment cela et chacun est sur ses nerfs. Et ce n'est plus le problème du code de l'honneur, c'est le code de la route ; le code de la route il est totalement non respecté, il y a du dérapage...
Les socialistes ne savent plus se conduire.
Ils ne savent plus se conduire, ils passent la ligne blanche sans arrêt. Et au fond, ça veut dire que c'est un parti qui ne réfléchit pas, qui ne réfléchit plus, je ne dis pas ça pour les militants parce que moi j'ai du respect pour tous les militants de partis politiques, mais c'est un parti qui ne réfléchit plus. Qu'est-ce qu'il pense du lycée ? Qu'est-ce qu'il pense du Grenelle de l'environnement ? Qu'est-ce qu'il pense du travail du dimanche ? Vraiment, au lieu de s'opposer systématiquement...
Alors j'en ajoute puisque vous êtes sur le travail du dimanche...
C'est vraiment tout à fait incroyable ce qui se passe au Parti socialiste, je ne sais pas s'il implosera ou si à un moment donné, il y aura des scissions, mais il y a de telles haines dans un parti si « fraternel » que c'est... enfin il y a quelque chose qui ne va plus. Il faut vraiment qu'ils changent totalement à la fois de logiciel et puis surtout de gens, je pense.
F. Chérèque ce matin, on n'aura pas le temps de l'entendre malheureusement, mais on peut le voir, il était sur France 2, et puisqu'on parlait de travail du dimanche et aussi de retraite jusqu'à soixante-dix ans, il a dit : c'est simple, le Gouvernement est en train de fabriquer des droits sociaux en kit ; qu'est-ce que vous répondez à ça ?
Enfin je ne sais pas ce que ça veut dire. Moi je pense que ce qu'on souhaite c'est qu'il y ait une liberté, enfin on est dans un monde de liberté, il faut à la fois qu'il y ait des règles et puis il faut qu'il y ait beaucoup de liberté. La possibilité de travailler le dimanche, elle doit être permise. Aujourd'hui d'ailleurs, elle est permise pour beaucoup, beaucoup de professions. Je ne sais pas, vous travaillez le dimanche, les télévisions travaillent le dimanche, les commerçants travaillent le dimanche, beaucoup de gens travaillent le dimanche, les pompistes travaillent le dimanche...
Les ministres.
Les ministres travaillent le dimanche, enfin beaucoup de gens travaillent le dimanche. Et donc il faut que quelqu'un qui souhaite travailler le dimanche, et s'il en a la possibilité, qu'il le fasse. Evidemment, il doit être mieux payé quand il travaille le dimanche, payé double, c'est ce qu'on propose. Donc ça me semble être une société à la fois qui doit allier des règles précises, une protection du droit du travail et puis en même temps la liberté de travailler. C'est la même chose quand on permet à celles et ceux qui ne souhaitent pas avoir de retraite couperet de pouvoir travailler, s'ils le souhaitent et si l'employeur en a évidemment besoin - s'ils le souhaitent - de travailler jusqu'à soixante-dix ans et pour les pilotes jusqu'à soixante-cinq ans, ce n'est pas choquant.
La liberté sur le travail et sur la retraite et, on l'a entendu tout à l'heure, la justice fiscale sur les niches fiscales qui ont été adoptées cette nuit.
Oui, il faut de la justice, il faut de la liberté, il faut des règles. Pourquoi tout d'un coup dire à quelqu'un en pleine forme, qui a envie de continuer son travail que parce qu'il a soixante-cinq ans, il est mis à la retraite d'office ? C'est une atteinte à sa propre liberté. Donc on doit pouvoir laisser les personnes, d'autant plus qu'on vit de plus en plus longtemps, travailler s'ils le souhaitent jusqu'à soixante-dix ans. Ce n'est pas changer l'âge de la retraite, c'est au contraire permettre à chacun de pouvoir travailler plus longtemps s'il le souhaite.
Merci, E. Woerth, d'avoir été notre invité, bonne journée à vous !
Merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 18 novembre 2008