Déclaration de François Fillon, Premier ministre, sur les mesures du plan de relance de l'économie française, à l'Assemblée nationale le 9 décembre 2008.

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Circonstance : Réponse du Premier ministre au député André Gerin (GDR) lors de la séance des questions au Gouvernement, à l'Assemblée nationale le 9 décembre 2008

Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur Gerin,
Vous avez fait remonter les difficultés de l?industrie française à Georges Pompidou, j?en conclus que vous avez fait avec l?ensemble des membres de cette Assemblée une autocritique forte sur ce qui s?est fait durant les années 1980 et durant les années 1990. Et j?en conclus aussi que vous allez soutenir les mesures que nous proposons puisque la plupart de celles que vous venez d?évoquer sont dans le plan de relance qui a été proposé par le président de la République.
Vous nous dites à l?instant "il faut investir dans les industries stratégiques". Nous avons annoncé la création d?un fonds stratégique, qui est déjà doté de 20 milliards d?euros et qui va investir dans les secteurs stratégiques. Nous avons d?ailleurs commencé à le faire en prenant une participation dans les Chantiers de l?Atlantique.
Vous venez de nous dire qu?il fallait réformer l?assurance crédit ; nous sommes en train de réformer l?assurance crédit, et nous avons déjà mis en place une garantie d?Etat pour éviter l?effet de blocage de l?excès de prudence de l?assurance crédit.
Vous nous dites qu?il faut réduire les délais de paiement ; j?imagine que vous avez voté la loi de modernisation de l?économie qui a décidé que les délais de paiement seraient désormais réduits à 60 jours pour l?ensemble du secteur public et du secteur privé.
Vous nous dites qu?il faut réformer les marchés publics, mais nous allons vous proposer, dès le début du mois de janvier, une réforme profonde des marchés publics, en particulier pour aider les PME qui sont bloquées par une complexité qui est à la fois gênante pour les collectivités locales et pour les entreprises.
Enfin, vous nous dites "il faut une fiscalité européenne sur l?entreprise qui soit plus équitable", comme nous avons la fiscalité la plus élevée en Europe sur les entreprises, ça veut donc dire que vous souhaitez avec nous que l?on réduise la fiscalité sur les entreprises. Je suis heureux, monsieur Gerin de voir que nous pouvons progresser ensemble dans cette direction.
Mais vous avez aussi indiqué dans votre question que vous souhaitiez une relance par la consommation. Et permettez-moi de vous dire que, non seulement cette relance par la consommation n?aurait pas beaucoup de sens dans un contexte de baisse rapide des prix et de baisse des taux d?intérêt. Elle n?est d?ailleurs recommandée par pratiquement aucun des grands économistes, et elle n?est pratiquée en Europe que par un seul pays, la Grande-Bretagne, qui a connu une chute drastique de sa consommation comme aucun autre pays en a connu, et qui, par ailleurs, a fait l?abandon il y a longtemps de son industrie nationale.
Mais surtout, monsieur Gerin, j?imagine que vous gardez le souvenir de la glorieuse relance par la consommation de 1981, quand à l?époque, soutenant le Gouvernement, vous aviez décidé de créer massivement des emplois publics, d?augmenter massivement les salaires, de réduire le temps de travail, de réduire l?âge de départ à la retraite. Qu?est-ce que ça a produit ? Cela a produit une augmentation sans précédent du chômage ! Ça a produit une augmentation de l?inflation ; ça a produit une augmentation des déficits extérieurs et des déficits intérieurs. E ça s?est terminé par le fameux plan de rigueur, que vous appelez de vos v?ux depuis 18 mois et qui, comme vous pouvez le constater, n?est pas au rendez-vous, plan de rigueur qui s?est traduit par la dévaluation de la monnaie et par le gel des salaires et des prix !
Alors, M. Gerin, c?est vrai qu?il ne faut pas toujours regarder dans le rétroviseur de l?histoire, mais c?est parfois utile de tenir compte des leçons de l?histoire, surtout quand on en a été un acteur important, comme le groupe communiste.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 10 décembre 2008