Déclaration de M. Roger-Gérard Schwartzenberg, ministre de la recherche, sur la protection de la mer et du littoral contre les pollutions marines, Paris le 23 avril 2001.

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Circonstance : Mise en place du réseau de recherche et d'innovations technologiques "Pollutions marines accidentelles et conséquences écologiques sur le littoral", à Paris le 19 avril 2001

Texte intégral

Nous sommes réunis aujourd'hui pour l'installation officielle du Comité d'orientation du Réseau de recherche et d'innovation technologiques "Pollutions marines accidentelles et conséquences écologiques sur le littoral".
Je vous remercie d'avoir accepté de participer au comité d'orientation de ce réseau. Mes remerciements s'adressent bien sûr tout particulièrement à Michel HUTHER, de la Division Marine du Bureau VERITAS, qui a bien voulu accepter de présider ce Comité. Michel HUTHER est également vice-président du réseau thématique européen TRESHIP, dont l'objet est de piloter et promouvoir des actions coordonnées de recherche et développement visant à réduire l'impact environnemental du transport maritime. La dimension internationale de la question des pollutions marines est évidente, et je sais qu'il saura donner à vos actions les prolongements internationaux nécessaires.
Ce réseau, comme d'ailleurs de nombreux autres réseaux de recherche et d'innovation technologiques, est mis en place avec le soutien des ministères en charge de l'environnement, de l'équipement et des transports, et de l'industrie, ainsi qu'avec l'appui des Conseils Régionaux de Bretagne et des Pays de la Loire. Tous attachent comme moi une grande importance aux thèmes sur lesquels vous aller travailler. Je les en remercie également ainsi que leurs représentants à cette réunion qui montrent bien l'intérêt porté à ce domaine par tous les acteurs concernés.
Dès mon arrivée au ministère de la Recherche, il y a désormais un peu plus d'un an, j'ai souhaité agir pour réconcilier Science et environnement. J'ai donc fait des recherches en faveur de l'environnement et de l'énergie une des trois priorités de l'action du ministère au côté des sciences de la vie et des sciences et techniques de l'information et de la communication. En effet, la recherche peut et doit contribuer à une meilleure protection de l'environnement et au développement durable : elle sera déterminante pour l'héritage que nous laisserons aux générations futures.
Dans ce but, j'ai tenu à ce que le BCRD 2001 augmente de 23 % les crédits de recherche du ministère de l'environnement, dont les services coopèrent très étroitement avec ceux du ministère de la recherche. Par ailleurs, j'ai déjà créé deux autres réseaux de recherche et d'innovation technologiques associant la recherche publique et l'industrie, au service de la protection de l'environnement :
- le réseau "Eau et technologies de l'environnement", créé en septembre 2000, pour mieux protéger et gérer cette ressource naturelle trop rare, qui devient essentielle face aux situations de " stress hydrique " ;
- le réseau "Terre et Espace" créé en octobre 2000, qui est consacré à l'observation de la Terre et aux applications des technologies spatiales à la protection de l'environnement : prédiction et prévision des risques naturels et industriels, gestion des ressources naturelles (eau et forêts), agriculture de précision... J'aurai d'ailleurs l'occasion prochainement d'installer le Comité scientifique de l'Action concertée incitative (ACI) " Observation de la Terre " qui agira en concertation étroite avec ce réseau, et qui sera présidé par Anny CAZENAVE du CNES et animé par Patrick PINET directeur de recherche du CNRS, de l'Observatoire Midi-Pyrénées.
Le réseau "Pollutions marines accidentelles et conséquences écologiques pour le littoral" est donc le troisième réseau de recherche et d'innovation technologique qui sera consacré à l'environnement. Il s'agira du sixième réseau mis en place par mon ministère depuis avril 2000.
La production d'énergie est au cur du débat sur le développement durable, notamment dans le domaine des transports qui constituent un des principaux émetteurs de gaz à effets de serre. Nous devons réduire nos consommations énergétiques et leurs conséquences sur l'environnement tout en maintenant notre qualité de vie. Il s'agit de produire mieux en consommant moins d'énergie, de réfléchir aux modes de transport de personnes et de marchandises, de modifier nos comportements quotidiens. Les choix à faire dépendent de l'acceptation de l'opinion publique, qu'il faut pleinement informer, et des décisions politiques qu'il faut avoir le courage de prendre.
En dépit de tous les efforts qui pourront être effectués en ce sens, les hydrocarbures, en particulier pour les transports, resteront pendant encore longtemps une source importante de production d'énergie. Ces hydrocarbures, comme d'ailleurs d'autres produits chimiques et marchandises, continueront de faire appel au transport par voie maritime.
Le trafic maritime est aujourd'hui mondialisé, et le transport par la mer présente de ce fait une grande complexité. Il est bien évident que la lutte contre les pollutions marines passe d'abord par la prévention des accidents ou des actes de pollution délibérés : il faut renforcer les règlements nationaux et internationaux, pour améliorer la fiabilité et la propreté des navires, sécuriser le transport maritime, améliorer la surveillance du trafic, réprimer les infractions. Je sais que les ministères des transports et de l'environnement ne ménagent pas leurs efforts sur ces différentes questions.
Néanmoins, et le naufrage de l'ERIKA comme celui du IEVOLI SUN en ont clairement montré la nécessité, il est également indispensable de se préparer à faire face à d'éventuels accidents en examinant dans quelles mesures l'évolution continue de la recherche et des technologies peut contribuer à éviter ou à limiter davantage les dégâts de tels accidents sur les écosystèmes et pour les populations et également à en réparer les conséquences le plus rapidement possible, afin d'en limiter les retombées économiques et les conséquences sur le tourisme, la pêche, l'aquaculture ou l'élevage des coquillages.
Il est plus que jamais indispensable de protéger la richesse et la diversité des écosystèmes maritimes et littoraux français contre des événements majeurs qui frappent l'opinion publique comme les naufrages de l'AMOCCO CADIZ, de l'ERIKA ou encore du IEVOLI SUN mais également contre des pollutions de plus faible volume et d'occurrence qui peuvent être plus fréquentes, je pense ici à des pertes de containers ou de fûts ou encore au dégazage sauvage. C'est dans ce but que ce réseau est aujourd'hui mis en place, afin de contribuer à la mise en place de procédés et matériels nouveaux qui pourront être utilisés dans le futur :
pour le repérage, la caractérisation et le suivi des nappes de polluants,
pour la protection et à la réhabilitation des écosystèmes littoraux et marins, et pour l'élimination des déchets,
pour évaluer rapidement la vulnérabilité des écosystèmes et les risques écologiques et humains, en veillant à l'association du ou des responsables d'un accident dans le traitement des pollutions, suivant le principe pollueur-payeur.
Comme tous les réseaux de recherche et d'innovation technologiques votre réseau aura pour vocation de favoriser la collaboration entre la recherche publique et les entreprises. Il rassemblera des professionnels, des industriels et des équipes de recherche sur des projets à caractère technologique, afin d'innover en matière de produits, de procédés, de services ou de méthodes, en réponse à la demande du monde socio-économique. Comme c'est d'ailleurs le cas désormais pour de nombreuses activités de recherche et de développement, l'interdisciplinarité sera une composante majeure de vos travaux. La diversité, tant en matière de structures que de disciplines, et la qualité du Comité que vous constituez sont des gages de la réussite de ce réseau. Il sera structuré autour :
de votre Comité d'orientation, qui devra de définir les priorités et les actions qu'il entend mener, tant dans leur contenu technique que dans leur mode d'élaboration. Je rappelle toutefois qu'une de vos fonctions essentielles sera la "labellisation" de projets de recherches susceptibles d'être soutenues financièrement par les administrations participant à la mise en uvre du réseau ;
d'une cellule d'animation qui agira en appui de vos travaux et que les directions de l'IFREMER et de l'Université de Bretagne Occidentale ont bien voulu constituer, en désignant des spécialistes parfaitement opérationnels sur le domaine. Je tiens à les en remercier.
Bien évidemment vous disposerez également du soutien des administrations des ministères qui ont bien voulu s'impliquer dans cette action et notamment de la direction de la technologie du ministère de la recherche.
Comme je l'ai indiqué précédemment, les projets que vous sélectionnerez pourront obtenir un soutien financier de l'Etat. Une spécificité de ce réseau est que certaines Régions, particulièrement sensibilisées au problème des pollutions marines, sont prêtes à participer au financement de ces actions.
Ce réseau de recherche vise à mettre en synergie les efforts de toutes les parties concernées. Dans ce but, son comité d'orientation compte une vingtaine de membres élus issus de la recherche publique (IFREMER, INERIS, CNRS, LNE, IFP, Météo-France, Université de Bretagne occidentale et Université de Nantes), du monde professionnel et industriel (CEDRE, Total Fina Elf, Gester, REP, ATE Geoclean, CEP M ) et de donneurs d'ordres dans le domaine de la lutte contre les pollutions marines (CETMEF, Agence de l'eau, CQEL, CEPPOL de la Marine nationale). La présidence de ce comité d'orientation a été confiée à Michel HUTHER de la division marine du Bureau VERITAS.
Je n'insisterai pas davantage sur les enjeux primordiaux que sont la protection de la mer, du littoral et plus généralement de l'environnement. Un réseau doit être un lieu de promotion du progrès technologique : innovations et performances devront être le résultat de vos travaux. Au vu des résultats techniques et scientifiques atteints jusqu'à présent par les organismes et entreprises auxquelles vous appartenez, je suis certain que, sous votre pilotage, le réseau "Pollutions marines" saura atteindre ces objectifs.
Vous allez aujourd'hui avoir la première réunion de travail de votre comité. Un groupe de réflexion constitué de chercheurs en concertation avec les acteurs du domaine a permis de donner un premier cadrage du domaine technique et des thématiques dans lesquels pourront s'inscrire les actions de votre réseau. Il vous appartient au cours de cette première réunion sous la présidence de Michel HUTHER, de préciser ces thématiques et les principes d'action et modes de fonctionnement de votre Comité et du réseau, en vous inspirant de ce qui se passe avec succès dans les autres réseaux suivis par la direction de la technologie.
Je vous souhaite pour terminer toute la réussite que mérite ce réseau, et tiens une fois encore à vous remercier pour votre contribution à cette action qui répond à de nombreuses attentes, exprimées aussi bien régionalement qu'aux plans national et international.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 23 avril 2001)