Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, sur les politiques sociales prioritaires prévues dans l'Agenda social européen, notamment l'emploi, les retraites, les droits des travailleurs et la mise en place de l'Observatoire européen du changement, Stockholm le 23 mars 2001.

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Circonstance : Conseil européen à Stockholm (Suède) les 23 et 24 mars 2000

Texte intégral


Nous avons fait de grands progrès ces dernières années pour bâtir un meilleur équilibre dans la construction européenne entre la recherche de la performance économique et l'amélioration de la modernisation de notre modèle social. Luxembourg, avec la stratégie coordonnée pour l'emploi, Lisbonne, avec l'objectif de reconquête du plein emploi dans la décennie, ont été des étapes décisives pour conforter le modèle social européen. D'ailleurs les résultats sont là, avec en particulier un fort recul du chômage.
Mais cette dynamique doit être constamment soutenue par une mobilisation de tous les acteurs concernés : notre Conseil, la commission, le parlement européen, les partenaires sociaux. Pour cela, il faut tenir nos engagements communs, évaluer leur mise en uvre, suivre les résultats. Nous avons adopté à Nice un Agenda Social européen qui fixe les priorités de la politique sociale européenne pour les années à venir : chaque Conseil européen de printemps doit maintenant veiller à sa mise en uvre effective, et procéder au fur et à mesure à son actualisation. C'est une question d'efficacité et de crédibilité : nos opinions publiques ne doivent pas avoir le sentiment que les engagements sont oubliés aussitôt pris.
Dans ce cadre, je voudrais insister sur trois priorités sur lesquelles nous devrions faire porter nos efforts :
l La qualité de l'emploi : il y a une forte attente de nos concitoyens et c'est aussi l'intérêt des entreprises de mieux combiner souplesse et sécurité de développer la formation tout au long de la vie et d'élever le niveau des qualifications de combattre les discriminations, les emplois précaires, de garantir le droit des travailleurs. Nos ministres de l'emploi ont défini des critères de la qualité de l'emploi. Il est nécessaire désormais d'intégrer cet objectif de qualité de l'emploi dans les instruments communautaires et notamment dans les lignes directrices pour l'emploi de 2002 que nous devons adopter à Laeken à la fin de l'année. Il nous faudra établir les indicateurs communs permettant d'assurer le suivi de cet objectif.
l L'implication des travailleurs dans la gestion des changements : nous avons su trouver à Nice un accord sur le volet social de la société européenne, notre Conseil doit maintenant donner une impulsion pour que la directive sur l'information et la consultation des travailleurs dans un cadre national puisse être adoptée avant la fin de cette année. De même, " l'observatoire européen du changement " dans le cadre de la Fondation de Dublin, très attendu des partenaires sociaux, doit être mis en place dans les plus brefs délais.
Enfin, nous souhaitons une présentation rapide par la Commission de sa communication sur la responsabilité sociale des entreprises.
l La solidarité : notre Conseil doit mettre à nouveau l'accent sur la lutte contre les exclusions ; l'agenda social prévoit que les Etats membres présenteront d'ici juin prochain leurs plans nationaux d'action, et il importe aujourd'hui de travailler sur les indicateurs communs permettant d'en assurer le suivi qui pourraient être adoptés à la fin de cette année. De même, les initiatives prévues en faveur de l'égalité entre hommes et femmes doivent être prises dans les meilleurs délais. Enfin, nous souhaitons que ce Conseil donne une impulsion aux travaux sur le statut européen des associations, des coopératives et des mutuelles.
Par ailleurs, les conséquences du vieillissement de la population en Europe doivent être examinées comme le propose la Présidence, c'est-à-dire dans une approche globale qui ne se limite pas à la question de la viabilité financière des régimes de retraite, et qui n'aborde pas cette question de la viabilité financière avec une vision trop uniforme et des solutions trop étroites. Il nous faut combiner :
l des mesures permettant d'accroître le taux d'emploi - la France est d'ailleurs plutôt favorable à ce qu'un objectif intermédiaire soit fixé pour 2005 -
l une réforme des systèmes de retraite qui assure leur pérennité tout en préservant les solidarités collectives et en garantissant des revenus sûrs et convenables ;
l également l'examen de questions comme celle des répercutions sur les systèmes de santé, ou celle de l'autonomie des personnes âgées en risque de dépendances.
Ce premier échange, et les travaux tant de nos Ministres des Finances que de nos Ministres de l'emploi et des politiques sociales, devront nous permettre de fixer les étapes ultérieures de travail à Göteborg, en juin.