Texte intégral
J.-P. Elkabbach.- E. Woerth sur tous fronts. 2 millions de Français auraient voté contre la réforme du statut de La Poste. Le Gouvernement va-t-il stopper, changer son projet, ou même y renoncer ?
Entre nous d'ailleurs, les socialistes sont toujours en avance d'une contradiction puisque ils demandent un référendum, si j'ai bien compris, après ce week-end, alors qu'ils n'ont pas voté la réforme de la Constitution qui permet justement cela. Donc, c'est vraiment assez curieux.
Votre argument est un peu court. Sur le fond ?
Oui, oui, mais enfin c'est enfin c'est un argument important. Sur le fond, la question était tout à fait incroyable parce qu'il n'y a pas de privatisation de La Poste, bien au contraire, la Poste reste publique, on l'a dit, répété, re-redit : 100 % du capital reste public, mais on a besoin d'argent, La Poste a besoin d'argent.
Mais les associations et les partis de gauche ont de la mémoire, d'autres entreprises publiques ont été, malgré les promesses, privatisées, et ils refusent le même sort pour La Poste.
Oui, enfin, ce sont les socialistes qui ont privatisé la plupart des entreprises, il faut quand même revenir à l'histoire, et puis les situations étaient extrêmement différentes et souvent l'Etat gardait le contrôle, comme c'est souvent le cas. Et c'était souvent des cas très, très différents. La Poste va rester totalement publique, elle est à 100 % publique, elle a besoin d'argent, elle a besoin d'affronter la concurrence.
D. Migaud, qui était notre invité hier disait que la Poste pouvait, comme elle est, affronter la concurrence. Point n'est besoin de modifier son statut, etc....
Non, ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai, elle a besoin de s'ouvrir, elle a besoin d'argent supplémentaire pour affronter justement cette concurrence, qui a été ouverte par les socialiste d'ailleurs, et à ce moment-là, elle a besoin d'autres partenaires. La Caisse des Dépôts, qui est une structure publique et totalement publique apportera une partie des 2,5 milliards dont a besoin La Poste, et les postiers ont besoin de ça.
Mais que 2 millions de Français aient voté, ça ne vous impressionne pas ?
Mais ils n'ont pas... !
Mais ils se sont prononcés.
Oui, mais enfin sur une question fausse ; si c'est cette vision-là du vote public c'est assez incroyable, c'est un vote faussé, ce n'est pas une question... C'est une question fausse.
Donc, c'est une tricherie ? Le vote d'hier est une tricherie !
La question est un mensonge. Le Gouvernement souhaite évidemment que La Poste publique, à 100 % publique, continue à exercer ses missions de service public, notamment dans les campagnes et pour l'aménagement du territoire.
Est-ce qu'il y a une chance qu'il y ait un référendum d'initiative populaire sur La Poste ?
Je ne vois pas pourquoi il y aurait un référendum d'initiative populaire sur La Poste. D'abord, dans le droit constitutionnel aujourd'hui, ce n'est pas possible, ce sera possible lorsque la loi organique sera prise, et je rappelle que les socialistes ont voté contre. C'est quand même assez incroyable, donc il faut mener jusqu'au bout le projet de La Poste, il faut surtout l'expliquer et puis éviter les caricatures.
Autre chose, à partir d'aujourd'hui l'Académie de Créteil va expérimenter dans trois lycées professionnels une prime annuelle de 10.000 euros contre l'absentéisme scolaire qui touche en effet 450.000 élèves. On donne des bonus maintenant pour aller à l'école ?
C'est un cadre expérimental, donc c'est une expérimentation, j'imagine que ça ne peut pas se généraliser.
Vous êtes pour ?
M. Hirsch a souhaité expérimenter un certain nombre de dispositifs pour essayer d'éviter le décrochage. Les élèves décrochent, ils ne vont pas à l'école, ils sont absents...
Mais il faut les payer maintenant, il faut les payer ! Vous les récompensez !
Je ne peux pas dire que je sois très favorable à ce genre d'idée, mais c'est une expérience, comme toute expérience, il faut oser la tenter. Mais je ne suis pas favorable sur le fond.
S'il fallait généraliser, est-ce que vous avez l'envie, les moyens de financer, vous avez une cagnotte....
En tout cas, je n'aurais pas très envie, je n'aurais évidemment pas envie que ce soit généralisé. Comme toute expérience, il faut en tirer les fruits, et puis ce sera évalué. Il faudra demander à L. Chatel ce qu'il en pense, parce que au fond ça relève de l'Education nationale.
Mais Bercy c'est vous.
Oui, Bercy, mais oui, oui, je sais bien, mais je...Voilà. C'est une expérimentation...
Pourvu qu'elle échoue, pourvu qu'elle échoue !
...Elle ira justement jusqu'au bout, il y aura une évaluation, mais enfin ça me semble être contestable.
Confirmez-vous que depuis trois mois, toutes les dépenses du pays, y compris les salaires des fonctionnaires, sont financées à crédit, que la France vit à crédit ?
La France vit à crédit à partir du moment où elle a beaucoup de déficits publics. Cette année, 140 milliards sur 281 milliards à peu près de recettes en temps normal, elle vit...
C'est-à-dire, 8,2 % ?
8,2%...
Est-ce que vous vous rappelez qu'en janvier vous aviez dit devant la commission des Finances du Sénat : "dans cette année, le déficit sera de 3,9 %", vous vous rendez compte ?!
Oui, je l'espérais, sauf que depuis janvier, on a perdu 25 % de nos recettes fiscales et puis que, par exemple sur l'impôt sur les sociétés on a perdu 30 milliards d'euros par rapport aux dernières prévisions. J'avais d'ailleurs rectifié à plusieurs reprises ces prévisions parce que je pense que dans des temps aussi difficiles, il faut être totalement transparent, donc je l'ai fait régulièrement. La dépense est parfaitement tenue, c'est la chute des recettes qui provoque cela.
Alors il faudra peut-être faire attention que la présidentielle de 2012 se jouera sur les déficits et aussi sur la fiscalité ?
Certainement, ça peut se jouer sur ce type de sujets, c'est un débat qu'on doit avoir avec les Français. Nous, en tout cas, on a fait ce qu'on devait faire, c'est-à-dire, relancer. Parce que si on reste dans la crise, alors on est sûr de perdre.
Et ce matin, le président de la République va annoncer un plan de 2 milliards d'euros pour renforcer les fonds propres des PME. D'où sortent-ils ces 2 milliards ?
D'abord, il faut conforter les PME, les PME françaises sont plus fragiles que d'autres, je ne sais pas... que les PME allemandes, par exemple, c'est pour cela qu'elles n'exportent pas ou pas suffisamment. Et donc cet argent c'est pour consolider le capital des PME, donc ça ira par le biais du Fonds stratégique d'investissement que N. Sarkozy a créé il y a à peu près un an et demi pour doper le capital des entreprises, mais il faut passer aux PME. Et puis aussi par OSEO qui est une sorte de banques des PME.
Mais comment fait l'exécutif : il distribue aux jeunes, aux entreprises avec la taxe professionnelle, à la relance ! Vous, vous comportez, l'Etat, l'Etat, comme s'il avait les poches pleines alors que les caisses et les tiroirs sont vides ! Et vous l'avez dit vous-même.
Si on est immobile, si on ne bouge pas, alors on reste dans la crise. La plus mauvaise solution c'est l'immobilisme. Donc il faut bouger et il faut en même temps investir au fond. Quand on accepte que les entreprises voient leur capital renforcé, alors on renforce les entreprises et donc l'emploi. Donc, ça ce sont des bons placements, il faut évidemment lutter contre les charges de fonctionnement, c'est ce qu'on fait tout les jours. L'Etat a gelé, l'Etat a totalement ses dépenses depuis maintenant deux ans, je vous le rappelle.
Pour redresser l'économie et résorber les d??ficits, quel niveau de croissance il faudrait ?
D'abord la France elle a cru, enfin elle a eu une croissance d'à peu près 2 % par an depuis une dizaine d'années. C'est à peu près la moyenne, en dehors de cette crise. Je pense que, si vous voulez, à partir de 2,5 % - ce n'est pas la lune, 2,5 % - en transformant notre pays, en réglant nos problèmes de déficit structurels...
Mais il faudrait déjà avoir les 2,5. Et même avec ce score...
Oui, mais regardez les Etats-Unis, ils sont en train d'annoncer qu'ils seront probablement à ce taux. Il n'y a pas de raison que la France, à partir de 2011 - je ne dis pas en 2010 mais à partir de 2011 - va renouer avec la croissance.
Et vous direz qu'elle réussirait à dégonfler le déficit de l'Etat de 5 milliards d'euros par an ?
Elle réussirait à réduire les déficits publics, tous les déficits publics - la Sécurité sociale, etc., l'Etat - de un point. 1 % de notre richesse nationale, chaque année, si on arrive à tenir la dépense et si on arrive à avoir une croissance de 2,5 %. La croissance de 2,5 % c'est par la réforme structure.
Faites les réformes ! Faites-les !
...Aux déficits structurels, nous y arriverons par les réformes structurelles. Et on les fait.
Le FMI vous le recommande.
C'est ce qu'on fait. Quand on appelle à un rendez-vous sur les retraites en 2010, le président de la République tiendra ses engagements, évidemment là-dessus. Ce sera un vrai rendez-vous. Quant on réforme les collectivités locales, l'autonomie des universités, ce sont des réformes structurelles.
Si vous rêviez l'équilibre du budget à ce rythme, il est pour quand ?
L'équilibre du budget, il est dans longtemps à ce rythme.
Longtemps ?
...Parce que 1 % par an, cela nous conduit à 6 à peu près de déficit en 2012. Je rappelle simplement que les autres pays sont dans une situation plus compliquée que la nôtre et plus difficile.
Ce n'est pas une consolation...
Non, ce n'est pas une consolation, mais quand même, dans un monde mondialisé, il faut chercher à se comparer. La France est moins endettée, moins endettée que la plupart des autres pays, contrairement à ce que l'on lit ou ce qu'on dit.
Dernière question, très rapide : mercredi, le texte sur les jeux en ligne est en débat à l'Assemblée nationale. Il paraît que c'est un débat qui va être passionné. Vous disiez tout à l'heure qu'il va y avoir 1.000 amendements...
1.000 amendements.
Le PS vous demande le retrait du texte. Vous le retirez ?
Bien sûr qu'on ne le retire pas. Il n'y a aucune raison de le retirer. C'est l'ouverture. Les gens jouent par Internet aux jeux : sur le sport, sur le poker, sur les jeux de chevaux. Donc, on doit pouvoir maîtriser cette ouverture, c'est-à-dire dire ce qu'est aujourd'hui le jeu par Internet en France. Donc, maîtrise de cette ouverture et en même temps ouverture. C'est normal, c'est un monde ouvert, et on doit maîtriser cette ouverture, faire en sorte que les joueurs français puissent jouer. Et je rappelle qu'ils jouent actuellement de façon illégale, totalement illégale. Il y a 20.000 sites en France aujourd'hui. Donc, il faut maîtriser ça, et nous on assume. Il faut maîtriser ça.
Vous êtes omniprésent dans les médias, comme si vous étiez en campagne. On dit que l'automne c'est la saison de Woerth. On vous place dans la liste des "premiers ministrables" éventuels. Est-ce que c'est d'avoir additionné et géré les déficits qui vous fait augmenter vos chances ?
Non, je ne réponds pas à ce type de questions. Je ne suis pas du tout dans cette optique-là. Moi j'essaye de bien faire mon travail. Et d'ailleurs, je suis dans les médias, et je suis notamment sur Europe 1...
Et vous avez bien fait.
...où j'ai le plaisir de pouvoir discuter avec vous.
Merci beaucoup.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 octobre 2009
Entre nous d'ailleurs, les socialistes sont toujours en avance d'une contradiction puisque ils demandent un référendum, si j'ai bien compris, après ce week-end, alors qu'ils n'ont pas voté la réforme de la Constitution qui permet justement cela. Donc, c'est vraiment assez curieux.
Votre argument est un peu court. Sur le fond ?
Oui, oui, mais enfin c'est enfin c'est un argument important. Sur le fond, la question était tout à fait incroyable parce qu'il n'y a pas de privatisation de La Poste, bien au contraire, la Poste reste publique, on l'a dit, répété, re-redit : 100 % du capital reste public, mais on a besoin d'argent, La Poste a besoin d'argent.
Mais les associations et les partis de gauche ont de la mémoire, d'autres entreprises publiques ont été, malgré les promesses, privatisées, et ils refusent le même sort pour La Poste.
Oui, enfin, ce sont les socialistes qui ont privatisé la plupart des entreprises, il faut quand même revenir à l'histoire, et puis les situations étaient extrêmement différentes et souvent l'Etat gardait le contrôle, comme c'est souvent le cas. Et c'était souvent des cas très, très différents. La Poste va rester totalement publique, elle est à 100 % publique, elle a besoin d'argent, elle a besoin d'affronter la concurrence.
D. Migaud, qui était notre invité hier disait que la Poste pouvait, comme elle est, affronter la concurrence. Point n'est besoin de modifier son statut, etc....
Non, ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai, elle a besoin de s'ouvrir, elle a besoin d'argent supplémentaire pour affronter justement cette concurrence, qui a été ouverte par les socialiste d'ailleurs, et à ce moment-là, elle a besoin d'autres partenaires. La Caisse des Dépôts, qui est une structure publique et totalement publique apportera une partie des 2,5 milliards dont a besoin La Poste, et les postiers ont besoin de ça.
Mais que 2 millions de Français aient voté, ça ne vous impressionne pas ?
Mais ils n'ont pas... !
Mais ils se sont prononcés.
Oui, mais enfin sur une question fausse ; si c'est cette vision-là du vote public c'est assez incroyable, c'est un vote faussé, ce n'est pas une question... C'est une question fausse.
Donc, c'est une tricherie ? Le vote d'hier est une tricherie !
La question est un mensonge. Le Gouvernement souhaite évidemment que La Poste publique, à 100 % publique, continue à exercer ses missions de service public, notamment dans les campagnes et pour l'aménagement du territoire.
Est-ce qu'il y a une chance qu'il y ait un référendum d'initiative populaire sur La Poste ?
Je ne vois pas pourquoi il y aurait un référendum d'initiative populaire sur La Poste. D'abord, dans le droit constitutionnel aujourd'hui, ce n'est pas possible, ce sera possible lorsque la loi organique sera prise, et je rappelle que les socialistes ont voté contre. C'est quand même assez incroyable, donc il faut mener jusqu'au bout le projet de La Poste, il faut surtout l'expliquer et puis éviter les caricatures.
Autre chose, à partir d'aujourd'hui l'Académie de Créteil va expérimenter dans trois lycées professionnels une prime annuelle de 10.000 euros contre l'absentéisme scolaire qui touche en effet 450.000 élèves. On donne des bonus maintenant pour aller à l'école ?
C'est un cadre expérimental, donc c'est une expérimentation, j'imagine que ça ne peut pas se généraliser.
Vous êtes pour ?
M. Hirsch a souhaité expérimenter un certain nombre de dispositifs pour essayer d'éviter le décrochage. Les élèves décrochent, ils ne vont pas à l'école, ils sont absents...
Mais il faut les payer maintenant, il faut les payer ! Vous les récompensez !
Je ne peux pas dire que je sois très favorable à ce genre d'idée, mais c'est une expérience, comme toute expérience, il faut oser la tenter. Mais je ne suis pas favorable sur le fond.
S'il fallait généraliser, est-ce que vous avez l'envie, les moyens de financer, vous avez une cagnotte....
En tout cas, je n'aurais pas très envie, je n'aurais évidemment pas envie que ce soit généralisé. Comme toute expérience, il faut en tirer les fruits, et puis ce sera évalué. Il faudra demander à L. Chatel ce qu'il en pense, parce que au fond ça relève de l'Education nationale.
Mais Bercy c'est vous.
Oui, Bercy, mais oui, oui, je sais bien, mais je...Voilà. C'est une expérimentation...
Pourvu qu'elle échoue, pourvu qu'elle échoue !
...Elle ira justement jusqu'au bout, il y aura une évaluation, mais enfin ça me semble être contestable.
Confirmez-vous que depuis trois mois, toutes les dépenses du pays, y compris les salaires des fonctionnaires, sont financées à crédit, que la France vit à crédit ?
La France vit à crédit à partir du moment où elle a beaucoup de déficits publics. Cette année, 140 milliards sur 281 milliards à peu près de recettes en temps normal, elle vit...
C'est-à-dire, 8,2 % ?
8,2%...
Est-ce que vous vous rappelez qu'en janvier vous aviez dit devant la commission des Finances du Sénat : "dans cette année, le déficit sera de 3,9 %", vous vous rendez compte ?!
Oui, je l'espérais, sauf que depuis janvier, on a perdu 25 % de nos recettes fiscales et puis que, par exemple sur l'impôt sur les sociétés on a perdu 30 milliards d'euros par rapport aux dernières prévisions. J'avais d'ailleurs rectifié à plusieurs reprises ces prévisions parce que je pense que dans des temps aussi difficiles, il faut être totalement transparent, donc je l'ai fait régulièrement. La dépense est parfaitement tenue, c'est la chute des recettes qui provoque cela.
Alors il faudra peut-être faire attention que la présidentielle de 2012 se jouera sur les déficits et aussi sur la fiscalité ?
Certainement, ça peut se jouer sur ce type de sujets, c'est un débat qu'on doit avoir avec les Français. Nous, en tout cas, on a fait ce qu'on devait faire, c'est-à-dire, relancer. Parce que si on reste dans la crise, alors on est sûr de perdre.
Et ce matin, le président de la République va annoncer un plan de 2 milliards d'euros pour renforcer les fonds propres des PME. D'où sortent-ils ces 2 milliards ?
D'abord, il faut conforter les PME, les PME françaises sont plus fragiles que d'autres, je ne sais pas... que les PME allemandes, par exemple, c'est pour cela qu'elles n'exportent pas ou pas suffisamment. Et donc cet argent c'est pour consolider le capital des PME, donc ça ira par le biais du Fonds stratégique d'investissement que N. Sarkozy a créé il y a à peu près un an et demi pour doper le capital des entreprises, mais il faut passer aux PME. Et puis aussi par OSEO qui est une sorte de banques des PME.
Mais comment fait l'exécutif : il distribue aux jeunes, aux entreprises avec la taxe professionnelle, à la relance ! Vous, vous comportez, l'Etat, l'Etat, comme s'il avait les poches pleines alors que les caisses et les tiroirs sont vides ! Et vous l'avez dit vous-même.
Si on est immobile, si on ne bouge pas, alors on reste dans la crise. La plus mauvaise solution c'est l'immobilisme. Donc il faut bouger et il faut en même temps investir au fond. Quand on accepte que les entreprises voient leur capital renforcé, alors on renforce les entreprises et donc l'emploi. Donc, ça ce sont des bons placements, il faut évidemment lutter contre les charges de fonctionnement, c'est ce qu'on fait tout les jours. L'Etat a gelé, l'Etat a totalement ses dépenses depuis maintenant deux ans, je vous le rappelle.
Pour redresser l'économie et résorber les d??ficits, quel niveau de croissance il faudrait ?
D'abord la France elle a cru, enfin elle a eu une croissance d'à peu près 2 % par an depuis une dizaine d'années. C'est à peu près la moyenne, en dehors de cette crise. Je pense que, si vous voulez, à partir de 2,5 % - ce n'est pas la lune, 2,5 % - en transformant notre pays, en réglant nos problèmes de déficit structurels...
Mais il faudrait déjà avoir les 2,5. Et même avec ce score...
Oui, mais regardez les Etats-Unis, ils sont en train d'annoncer qu'ils seront probablement à ce taux. Il n'y a pas de raison que la France, à partir de 2011 - je ne dis pas en 2010 mais à partir de 2011 - va renouer avec la croissance.
Et vous direz qu'elle réussirait à dégonfler le déficit de l'Etat de 5 milliards d'euros par an ?
Elle réussirait à réduire les déficits publics, tous les déficits publics - la Sécurité sociale, etc., l'Etat - de un point. 1 % de notre richesse nationale, chaque année, si on arrive à tenir la dépense et si on arrive à avoir une croissance de 2,5 %. La croissance de 2,5 % c'est par la réforme structure.
Faites les réformes ! Faites-les !
...Aux déficits structurels, nous y arriverons par les réformes structurelles. Et on les fait.
Le FMI vous le recommande.
C'est ce qu'on fait. Quand on appelle à un rendez-vous sur les retraites en 2010, le président de la République tiendra ses engagements, évidemment là-dessus. Ce sera un vrai rendez-vous. Quant on réforme les collectivités locales, l'autonomie des universités, ce sont des réformes structurelles.
Si vous rêviez l'équilibre du budget à ce rythme, il est pour quand ?
L'équilibre du budget, il est dans longtemps à ce rythme.
Longtemps ?
...Parce que 1 % par an, cela nous conduit à 6 à peu près de déficit en 2012. Je rappelle simplement que les autres pays sont dans une situation plus compliquée que la nôtre et plus difficile.
Ce n'est pas une consolation...
Non, ce n'est pas une consolation, mais quand même, dans un monde mondialisé, il faut chercher à se comparer. La France est moins endettée, moins endettée que la plupart des autres pays, contrairement à ce que l'on lit ou ce qu'on dit.
Dernière question, très rapide : mercredi, le texte sur les jeux en ligne est en débat à l'Assemblée nationale. Il paraît que c'est un débat qui va être passionné. Vous disiez tout à l'heure qu'il va y avoir 1.000 amendements...
1.000 amendements.
Le PS vous demande le retrait du texte. Vous le retirez ?
Bien sûr qu'on ne le retire pas. Il n'y a aucune raison de le retirer. C'est l'ouverture. Les gens jouent par Internet aux jeux : sur le sport, sur le poker, sur les jeux de chevaux. Donc, on doit pouvoir maîtriser cette ouverture, c'est-à-dire dire ce qu'est aujourd'hui le jeu par Internet en France. Donc, maîtrise de cette ouverture et en même temps ouverture. C'est normal, c'est un monde ouvert, et on doit maîtriser cette ouverture, faire en sorte que les joueurs français puissent jouer. Et je rappelle qu'ils jouent actuellement de façon illégale, totalement illégale. Il y a 20.000 sites en France aujourd'hui. Donc, il faut maîtriser ça, et nous on assume. Il faut maîtriser ça.
Vous êtes omniprésent dans les médias, comme si vous étiez en campagne. On dit que l'automne c'est la saison de Woerth. On vous place dans la liste des "premiers ministrables" éventuels. Est-ce que c'est d'avoir additionné et géré les déficits qui vous fait augmenter vos chances ?
Non, je ne réponds pas à ce type de questions. Je ne suis pas du tout dans cette optique-là. Moi j'essaye de bien faire mon travail. Et d'ailleurs, je suis dans les médias, et je suis notamment sur Europe 1...
Et vous avez bien fait.
...où j'ai le plaisir de pouvoir discuter avec vous.
Merci beaucoup.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 octobre 2009