Interview de Mme Marie-Luce Penchard, ministre de l'outre-mer, dans "Le Parisien" du 7 novembre 2009, sur les mesures prises lors du premier conseil interministériel de l'outre-mer.

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Média : Le Parisien

Texte intégral

- Etes-vous satisfaite de ce premier conseil interministériel de l'outre-mer ?
Marie-Luce Penchard. Les Ultramarins ont été entendus. Ce n'est pas seulement la ministre qui parle mais aussi l'Ultramarine que je suis. Certes, on ne pouvait pas répondre d'un seul coup à toutes les demandes exprimées dans les états généraux. C'est le premier conseil interministériel de l'outre-mer, il y en aura d'autres. Près de 100 mesures transversales pour tous les territoires ont été retenues. C'est considérable car ce ne sont pas de vagues objectifs généraux. Au contraire, on descend dans les mesures à un niveau de détail important, ainsi qu'on peut le constater sur notre site (NDLR : www.outre-mer.gouv.fr).
- Le contrôle du prix des produits sera-t-il efficace ?
Tous les services de l'Etat qui ont vocation à contrôler les prix vont être regroupés. Le président de la République a annoncé la création d'un groupe d'intervention régional (NDLR : GIR) de la concurrence, sur le modèle de ceux qui existent déjà en matière de sécurité. En raison du petit nombre d'acteurs économiques et des positions dominantes dans les DOM, il était essentiel que l'Etat joue son rôle de régulateur et de contrôleur des prix. Regroupés au sein d'une cellule, les services de la concurrence et de la répression des fraudes, fiscaux, de la douane et du travail vont pouvoir mener des investigations. Les observatoires des prix seront désormais présidés par une personnalité indépendante, et non plus par le préfet, et vont être renforcés : ils auront la possibilité de saisir directement l'Autorité de la concurrence. Nous allons continuer à soutenir l'activité économique, notamment grâce à des outils de défiscalisation et à des exonérations de charges, mais les acteurs économiques doivent en retour se montrer vertueux.
- Quel est l'échéancier ?
L'année 2010 sera celle de la traduction en acte de toutes ces mesures. En particulier, nous nommerons dans chaque territoire un commissaire au développement endogène, qui ne sera pas forcément un fonctionnaire mais peut-être un responsable du monde économique, ainsi que des sous-préfets à la cohésion sociale et à la jeunesse qui devront s'assurer que toutes les mesures en faveur de l'égalité des chances et en direction de la jeunesse deviendront effectives.
- Les états généraux ont souligné que les responsables de l'administration étaient souvent des métropolitains...
La procédure va être assouplie pour les agents de catégories B et C afin de rendre possibles des promotions sans obligation de mobilité. Pour les catégories A, les affectations pour des postes de chef de service seront soumises à un contreseing du ministère de l'Outre-mer afin de s'assurer que, à compétence égale, ces postes iront en priorité à des Ultramarins.
- Le président, qui ne s'est pour l'instant déplacé depuis son élection qu'aux Antilles et en Guyane, n'a-t-il pas semblé marquer parfois une certaine distance par rapport à l'outre-mer ?
Je n'ai pas envie qu'on mesure l'intérêt porté à l'outre-mer au nombre de déplacements sur le terrain. Ce schéma d'une autorité qui arrive sous les cocotiers avec les petits drapeaux pour recevoir l'accueil des doudous, c'est fini ! Je n'ai plus envie de voir cela. Ce qui m'intéresse, ce sont les réponses concrètes qui sont apportées, par exemple, en matière d'éducation pour faire face à la poussée démographique de la Guyane.
- Vous semblez vous être aujourd'hui totalement émancipée de votre mère, l'ancienne ministre et ancienne présidente de la région Guadeloupe, Lucette Michaux-Chevry...
Ma mère m'a beaucoup apporté, mais mon père également, bien que je l'aie perdu très jeune. Ceux qui l'ont connu disent qu'ils retrouvent en moi beaucoup de ses traits de caractère. L'ensemble fait peut-être quelque chose de détonnant...
- Nicolas Sarkozy vous cite parmi les membres du gouvernement qu'il préfère. C'est une surprise ?
Tant mieux s'il apprécie mon action. Ici, je ne compte pas mes heures, car je ne veux surtout pas décevoir les Ultramarins, qui ont pour la première fois un des leurs à la tête de ce ministère.
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 18 novembre 2009