Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Accueillir les 10e Victoires des autodidactes à Bercy est un plaisir. Pour le ministère du développement économique, c'est l'occasion de rendre hommage à des entrepreneurs qui contribuent pour une part importante à la croissance et à la compétitivité du pays. C'est l'occasion de constater, quoiqu'on dise, que la France change, que cette terre d'égalité certes mais qui a si longtemps vénéré les seuls diplômes, reconnaît désormais davantage à leur juste valeur tous les itinéraires. Votre venue aurait réjoui Pierre Bérégovoy, autodidacte qui a beaucoup fait ici pour la modernisation de notre économie. " Quand on veut, on peut " aimait-il répéter. Cette phrase, comme vous, je la partage.
Il n'y a pas de profil type de l'autodidacte. Les métiers que vous représentez le montrent : de l'aquaculture à la téléphonie, des diamants et laques à l'informatique, de l'événementiel à l'hôtellerie, chez vous la diversité est la loi. Puissance de travail, intuition, goût de l'action en équipe : chacun de vous possède ces qualités et a, pour cela, été salué par son jury régional. Quoiqu'en laisse suggérer la liste des huit finalistes, le mot " autodidacte " n'est pas du seul genre masculin. La parité aura, je l'espère, droit de cité dans votre prix l'an prochain.
Le diplôme de l'autodidacte, c'est sa volonté. Son C.V., c'est l'expérience. Votre école, c'est l'école de la vie, la plus exigeante, celle où se forge une personnalité, où se puise l'envie d'entreprendre, où s'acquiert peu à peu la confiance en soi. Dans un pays où le diplôme obtenu - ou pas - à 18 ou 25 ans détermine souvent ce que sera une vie, où les notes sanctionnant un examen ou un concours comptent parfois plus que les actes accomplis au long d'un trajet professionnel, les autodidactes sont doublement méritants. Dans une chanson intitulée " C'est ta chance ", Jean-Jacques Goldman dit : " Rien ne sera jamais facile, il y aura des moments maudits / Mais chaque victoire ne sera que la tienne et toi seul en sauras le prix ". Ces paroles vont bien à notre cérémonie. 2 chefs d'entreprises sur 3 sont des autodidactes et il y a plus d'autodidactes parmi les dirigeants des 200 plus grandes entreprises françaises que d'élèves d'HEC. Vous apportez beaucoup à notre croissance et à l'image de la France dans le monde. Ce ministère est donc le vôtre.
Je souhaiterais profiter de notre rencontre pour mettre un coup de projecteur rapide sur 3 enjeux qui me semblent décisifs pour la compétitivité de notre pays et qui sont des priorités pour le MINEFI et le Gouvernement.
D'abord, nous devons lutter contre un handicap culturel : la réticence et même parfois le refus d'accorder en France une seconde chance à celui qui, ayant pris des risques, a pris aussi celui d'échouer et de se tromper. Notre pays est souvent sévère avec la réussite et aussi avec l'échec. Notre système éducatif a de grandes qualités mais, excellent pour faire surgir les " élites ", il est moins performant pour valoriser tous les parcours. Il faut développer la culture de l'expérience acquise, la possible " nouvelle chance ". C'est le sens des baccalauréats professionnels que j'avais mis en place lorsque j'étais Premier Ministre, dont chacun connaît aujourd'hui le succès. Je n'ai pas changé d'avis. Les pouvoirs publics peuvent contribuer à faire évoluer cet état d'esprit.
Un mot précisément sur ce qui constitue peut-être le principal défi posé à notre nation : la formation. Les inégalités de formation continue sont bien connues : plus on est qualifié et jeune, plus on a de chance de bénéficier de formation professionnelle. Cette situation doit changer si nous voulons favoriser la mobilité sociale, permettre à chacun de poursuivre une activité professionnelle jusqu'à la retraite, entrer en position de force dans la société de la connaissance. Comment ? En menant une politique ambitieuse de développement tout au long de la vie au profit de tous, en instaurant des dispositifs de validation des acquis professionnels, en instituant un véritable droit à la formation. Les autodidactes, qui n'ont pas usé longuement les bancs des écoles, sont souvent les entrepreneurs les plus engagés pour la formation, notamment à travers l'action des Chambres de commerce ou de métiers et les initiatives des organisations professionnelles. Ce paradoxe est révélateur : dans le combat pour la formation, les autodidactes s'imposent parmi les meilleurs partenaires.
Quelques mots enfin sur une autre priorité, liée à la précédente : encourager la création d'entreprise et l'innovation. Que demandent ceux qui créent et innovent ? Un environnement juridique stable et un cadre administratif simple. Rendre compréhensibles les procédures, simplifier les règles, c'est un chantier important du MINEFI, prioritaire pour les acteurs économiques que vous êtes. C'est pourquoi j'ai souhaité la création, à la fin de ce mois, d'une agence des PME regroupant sous la forme d'un GIE l'actuelle BDPME, la direction PME de la Caisse des Dépôts et Consignations et d'autres institutions. Elle sera un pôle de soutien aux entreprises, elle veillera à la lisibilité des réglementations en cours et en préparation, elle encouragera l'offre de services financiers ou non financiers du secteur privé en cas de défaillance du marché, elle évaluera ou gérera certaines aides de l'État. De même, afin de soutenir l'innovation et les jeunes pousses - dont les créateurs sont souvent des autodidactes -, j'ai souhaité que la réduction d'impôt en faveur de la souscription aux Fonds communs de placement pour l'innovation soit prolongée de 5 ans. Nous travaillons aussi à un projet concret qui pourrait être en France une révolution pacifique et utile : créer son entreprise avec une seule formalité, je dis bien une seule formalité, à charge pour les différentes administrations de jouer le rôle de " back office ", c'est-à-dire de s'organiser entre elles sans mobiliser le temps de l'entrepreneur.
Mesdames et Messieurs, les Victoires des autodidactes sont celles de la détermination et de la capacité d'adaptation. La passion est la vraie raison sociale de vos entreprises, le fil rouge de vos itinéraires. Merci pour ce que vous êtes et pour ce que vous faites.
(Source http://www.finances.gouv.fr, le 21 juin 2001)
Chers amis,
Accueillir les 10e Victoires des autodidactes à Bercy est un plaisir. Pour le ministère du développement économique, c'est l'occasion de rendre hommage à des entrepreneurs qui contribuent pour une part importante à la croissance et à la compétitivité du pays. C'est l'occasion de constater, quoiqu'on dise, que la France change, que cette terre d'égalité certes mais qui a si longtemps vénéré les seuls diplômes, reconnaît désormais davantage à leur juste valeur tous les itinéraires. Votre venue aurait réjoui Pierre Bérégovoy, autodidacte qui a beaucoup fait ici pour la modernisation de notre économie. " Quand on veut, on peut " aimait-il répéter. Cette phrase, comme vous, je la partage.
Il n'y a pas de profil type de l'autodidacte. Les métiers que vous représentez le montrent : de l'aquaculture à la téléphonie, des diamants et laques à l'informatique, de l'événementiel à l'hôtellerie, chez vous la diversité est la loi. Puissance de travail, intuition, goût de l'action en équipe : chacun de vous possède ces qualités et a, pour cela, été salué par son jury régional. Quoiqu'en laisse suggérer la liste des huit finalistes, le mot " autodidacte " n'est pas du seul genre masculin. La parité aura, je l'espère, droit de cité dans votre prix l'an prochain.
Le diplôme de l'autodidacte, c'est sa volonté. Son C.V., c'est l'expérience. Votre école, c'est l'école de la vie, la plus exigeante, celle où se forge une personnalité, où se puise l'envie d'entreprendre, où s'acquiert peu à peu la confiance en soi. Dans un pays où le diplôme obtenu - ou pas - à 18 ou 25 ans détermine souvent ce que sera une vie, où les notes sanctionnant un examen ou un concours comptent parfois plus que les actes accomplis au long d'un trajet professionnel, les autodidactes sont doublement méritants. Dans une chanson intitulée " C'est ta chance ", Jean-Jacques Goldman dit : " Rien ne sera jamais facile, il y aura des moments maudits / Mais chaque victoire ne sera que la tienne et toi seul en sauras le prix ". Ces paroles vont bien à notre cérémonie. 2 chefs d'entreprises sur 3 sont des autodidactes et il y a plus d'autodidactes parmi les dirigeants des 200 plus grandes entreprises françaises que d'élèves d'HEC. Vous apportez beaucoup à notre croissance et à l'image de la France dans le monde. Ce ministère est donc le vôtre.
Je souhaiterais profiter de notre rencontre pour mettre un coup de projecteur rapide sur 3 enjeux qui me semblent décisifs pour la compétitivité de notre pays et qui sont des priorités pour le MINEFI et le Gouvernement.
D'abord, nous devons lutter contre un handicap culturel : la réticence et même parfois le refus d'accorder en France une seconde chance à celui qui, ayant pris des risques, a pris aussi celui d'échouer et de se tromper. Notre pays est souvent sévère avec la réussite et aussi avec l'échec. Notre système éducatif a de grandes qualités mais, excellent pour faire surgir les " élites ", il est moins performant pour valoriser tous les parcours. Il faut développer la culture de l'expérience acquise, la possible " nouvelle chance ". C'est le sens des baccalauréats professionnels que j'avais mis en place lorsque j'étais Premier Ministre, dont chacun connaît aujourd'hui le succès. Je n'ai pas changé d'avis. Les pouvoirs publics peuvent contribuer à faire évoluer cet état d'esprit.
Un mot précisément sur ce qui constitue peut-être le principal défi posé à notre nation : la formation. Les inégalités de formation continue sont bien connues : plus on est qualifié et jeune, plus on a de chance de bénéficier de formation professionnelle. Cette situation doit changer si nous voulons favoriser la mobilité sociale, permettre à chacun de poursuivre une activité professionnelle jusqu'à la retraite, entrer en position de force dans la société de la connaissance. Comment ? En menant une politique ambitieuse de développement tout au long de la vie au profit de tous, en instaurant des dispositifs de validation des acquis professionnels, en instituant un véritable droit à la formation. Les autodidactes, qui n'ont pas usé longuement les bancs des écoles, sont souvent les entrepreneurs les plus engagés pour la formation, notamment à travers l'action des Chambres de commerce ou de métiers et les initiatives des organisations professionnelles. Ce paradoxe est révélateur : dans le combat pour la formation, les autodidactes s'imposent parmi les meilleurs partenaires.
Quelques mots enfin sur une autre priorité, liée à la précédente : encourager la création d'entreprise et l'innovation. Que demandent ceux qui créent et innovent ? Un environnement juridique stable et un cadre administratif simple. Rendre compréhensibles les procédures, simplifier les règles, c'est un chantier important du MINEFI, prioritaire pour les acteurs économiques que vous êtes. C'est pourquoi j'ai souhaité la création, à la fin de ce mois, d'une agence des PME regroupant sous la forme d'un GIE l'actuelle BDPME, la direction PME de la Caisse des Dépôts et Consignations et d'autres institutions. Elle sera un pôle de soutien aux entreprises, elle veillera à la lisibilité des réglementations en cours et en préparation, elle encouragera l'offre de services financiers ou non financiers du secteur privé en cas de défaillance du marché, elle évaluera ou gérera certaines aides de l'État. De même, afin de soutenir l'innovation et les jeunes pousses - dont les créateurs sont souvent des autodidactes -, j'ai souhaité que la réduction d'impôt en faveur de la souscription aux Fonds communs de placement pour l'innovation soit prolongée de 5 ans. Nous travaillons aussi à un projet concret qui pourrait être en France une révolution pacifique et utile : créer son entreprise avec une seule formalité, je dis bien une seule formalité, à charge pour les différentes administrations de jouer le rôle de " back office ", c'est-à-dire de s'organiser entre elles sans mobiliser le temps de l'entrepreneur.
Mesdames et Messieurs, les Victoires des autodidactes sont celles de la détermination et de la capacité d'adaptation. La passion est la vraie raison sociale de vos entreprises, le fil rouge de vos itinéraires. Merci pour ce que vous êtes et pour ce que vous faites.
(Source http://www.finances.gouv.fr, le 21 juin 2001)