Interview de M. Laurent Fabius, président de l'Assemblée nationale, dans "France soir" du 19 mars 1999, sur l'évolution d'internet, notamment sur le site de l'Assemblée nationale, la tarification et l'idée d'un forfait France Télécom spécial internet.

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Circonstance : Fête de l'internet du 17 au 19 mars 1999

Média : France soir

Texte intégral

Q : dans quelle catégorie dInternaute vous classez-vous ? Averti ou débutant ?
Un mélange des deux sans doute, dans la mesure où mon emploi du temps ne me laisse pas toujours le temps pour naviguer sur le Toile, mais je dispose dune boîte aux lettres électronique (president@assemblee-nationale.fr) où je réponds à environ 200 mél par mois. Jai lancé en juin 97 le Programme pour lAssemblée des Technologies de lInformation et de la Communication (PRATIC) avec deux objectifs : ouvrir la représentation nationale au plus grand nombre de citoyens, et moderniser les outils de travail de linstitution. De nombreux projets ont été menés à bien, il serait trop long de les énumérer : rénovation du site Web, formation à Internet des députés et des fonctionnaires, micro-ordinateurs portables, serveur Intranet, diffusion sur CD-ROM des rapports dinformation parlementaires Depuis janvier, PRATIC est entré dans une deuxième phase avec 2 projets nouveaux : le développement dune carte multifonctions qui sera à la fois porte-monnaie électronique, badge daccès, carte de bibliothèque ou de téléphone, et la réalisation dun CD-ROM consacré à linstitution.
Q : avez-vous des sites de prédilection ?
Le nôtre, bien sûr ; le site de lAssemblée nationale est devenu un des premiers sites institutionnels : 4 millions de pages consultées, 1 millions de pages imprimés, plus de 10.000 rapports parlementaires téléchargés par 70.000 internautes en février 99. Ces chiffres confirment la forte progression de la consultation du site, qui a été multipliée par 5 en 1 an et qui continue à croître de plus de 10 % par mois. Depuis mai 1998, tous les documents parlementaires sont disponibles en ligne (projets de loi, comptes rendus des commissions ou de la séance publique, rapports dinformation parlementaires, textes de loi adoptés, )
Q : les députés ont-ils définitivement adopté ce nouveau mode de communication ?
Cela progresse. Dans le cadre de PRATIC, chaque député qui le souhaitait a été doté dune boîte aux lettres électronique, et aujourdhui 470 dentre eux en disposent. Depuis le 1er novembre dernier, ils peuvent dailleurs déposer leurs amendements et leurs propositions de loi par courrier électronique. Dans les jours qui viennent, nous ouvriront un serveur Intranet qui permettra aux députés daccéder à des bases de données thématiques. Cest un gain de temps, une économie de moyens, une volonté réelle de modernité.
Q : Où en est lidée dun forfait France Télécom spécial Internet ?
Depuis « la grève des internautes » du 13 décembre, la prise de conscience de la réalité du problème sest affirmée, mais la tarification na pas évolué, et les réunions de concertation organisées par lAutorité de Régulation des Télécommunications nont pas encore permis de dégager une solution satisfaisante. Je considère quil est de la responsabilité des pouvoirs publics de prendre les mesures nécessaires pour quInternet soit accessible à tous. Je souhaite que le Gouvernement rappelle aux différents acteurs sa volonté de voir aboutir ce dossier avant juin. Sinon, il appartiendra au législateur de trouver une solution. 100 francs pour 100 heures reste pour moi le bon objectif.
Q : Quand pourra-t-on assister en ligne aux séances de lassemblée nationale ?
La diffusion de la séance en direct sur notre site Web est actuellement à létude. Nous le faisons pour des événements ponctuels, notamment pour le parlement des enfants, mais les technologies actuelles et le débit offert par la Toile rendent mal aisée la diffusion dune image animée de qualité suffisante pour être réellement exploitable. Mon souhait, cest quavec le Sénat nous puissions créer prochainement une chaîne de télévision parlementaire et civique qui soit ouverte aux problèmes de société, objective et interactive.
(Source http://www.assemblee-nationale.fr, le 22 mars 1999)