Texte intégral
J.-M. Aphatie.- Bonjour, C. Jouanno.
Bonjour
Ca va ?
Ca va !
Vous aviez dit votre désespoir, la semaine dernière, après l'annonce du report de la taxe-carbone. "Je n'ai pas apprécié ses propos", vous a vertement répondu le Président de la République, vendredi dernier, à Bruxelles, lors d'une conférence de presse. "Les ministres n'ont pas à être désespérés. Ils ont à faire leur travail". C'est la première fois, C. Jouanno, que vous reprenez la parole depuis ce recadrage présidentiel. Avez-vous eu l'occasion de vous expliquer avec le président de la République ?
Écoutez, j'ai eu l'occasion de m'expliquer avec son plus proche collaborateur que j'ai l'habitude voir d'ailleurs.
C. Guéant.
Mais de toute façon, le désespoir ne peut être qu'un sentiment provisoire ; et ça peut être qu'un sentiment temporaire quand on est ministre parce que notre rôle c'est de se retrousser les manches. Maintenant, la balle est dans mon camp. Donc, maintenant, il faut avancer sur ces sujets.
Le secrétaire général de l'Élysée, C. Guéant, que vous avez vu jeudi - c'était donc avant les propos du président de la République, pour être précis - vous a dit, c'est ce qu'on a lu dans la presse : "Arrêtez ça tout de suite, vous faites beaucoup de mal au Président". Convenez-vous d'avoir fait beaucoup de mal au Président, C. Jouanno ?
Si mes propos ont été mal compris ou ont blessé, vraiment je le regrette parce que ce n'était pas du tout l'objectif ; et d'ailleurs, la seule phrase dans ces propos qui n'a jamais été relevée, c'est quand je répète que je lui fais confiance justement pour relever ce défi parce que s'il y en a bien un qui a porté le Grenelle et qui n'était pas un sujet facile, c'est lui, et qui a pris des décisions qui n'étaient pas faciles sur les OGM, sur l'interdiction d'une exploitation d'or dans la montage de Caux, sur le bonus-malus, ça n'a pas été facile non plus, il faut quand même s'en souvenir, c'était lui. Donc, voilà, ça c'est marrant, c'est la seule phrase que personne n'a relevée.
Non, on peut la relever ; mais votre volonté, ce matin, de nous faire oublier la première phrase, celle qui nous a marqués, celle qui nous a signifié que parfois, des responsables politiques sont sincères, cette phrase-là visiblement, vous ne voulez plus en parler, C. Jouanno ?
Je pense qu'il vaut mieux être un peu plus passionnée, un peu plus convaincue que pas assez. Ça, c'est très clair, surtout quand on porte des sujets qui sont des sujets de société sur lesquels on n'a pas toujours la bonne réponse. Ca, c'est clair que le sujet est tellement compliqué, là je suis en train de vous expliquer, d'essayer de vous dire qu'il n'y a que du pétrole autour de vous, que ce soit comme mode d'énergie, que ce soit comme matière première et que dans trente ans, dans trente ans, ça va être hors de prix qu'il va falloir changer de modèle, évidemment, je n'ai pas toujours la bonne solution. Donc, il vaut mieux être un peu plus passionnée que pas assez.
Vous l'avez été trop ?
Peut-être trop ; mais voilà. Mais en tout cas, de toute façon, il n'y a pas un mot dans tout ce que j'ai dit, il n'y a pas un mot contre le président de la République ou la majorité ; mais je reste passionnée sur des...
Il y a des mots que vous regrettez ?
S'ils ont été mal compris.
Visiblement, ils l'ont été, notamment par celui qui dirige l'État aujourd'hui.
Eh bien, écoutez, de toute façon maintenant, la balle est dans mon camp. Donc, il faut agir, il faut changer de braquet sur la taxe-carbone, il faut la faire au niveau européen. Donc, c'est à moi de faire avancer le sujet.
Vous aurez l'occasion de vous en expliquer, vous croyez, avec le président de la République ?
A un moment ou à un autre, évidemment. Évidemment.
On peut être étonné que ça n'ait pas été fait, mais...
Non, mais C. Guéant c'est un interlocuteur tout à fait approprié pour ce genre de débat.
On parle du fond, C. Jouanno ?
Oui.
Vous avez dit - maintenez-vous votre analyse ? - : "C'est clair, c'est le Medef qui a planté la taxe-carbone".
Dans cet échange, il y a quand même deux choses. Et je voudrais qu'on arrête un peu d'inverser les rôles. Dans ce que je disais quand on a échangé avec cet écrivain d'ailleurs.
C'est un écrivain qui vous a interrogée pour Libération.
C'était un écrivain. Absolument.
Vos propos ont été publiés jeudi : "C'est clair, c'est le Medef qui a planté la taxe-carbone".
Il y avait deux éléments. Ce qui nous oblige à changer de braquet sur la taxe-carbone et donc à la porter au niveau européen, il faut être très clair, c'est qu'elle ne passait plus, elle ne passe pas dans l'opinion publique où on a un développement assez fort, quand même malgré tout de l'écolo-scepticisme. Et pourquoi ? On a cessé de nous taper dessus, et notamment l'opposition, en nous disant : "Votre système est injuste". "Il ne faut pas la faire". "Ça sert à rien". Ça, c'était pour l'opposition.
L'opposition fait son travail : elle s'oppose.
Oui, l'opposition fait son travail...
...Sinon, elle sert à rien !
... Mais enfin après, il ne faut pas inverser les rôles et nous dire que vraiment, elle en voulait vraiment de cette taxe-carbone, et ne comprend pas qu'on change d'avis. Et deuxièmement, il y avait aussi une partie du Medef qui n'a cessé de dire : vous allez tuer nos entreprises, oubliant par là de rappeler qu'on était sur une bascule de fiscalité entre la taxe professionnelle d'une part, et d'autre part, cette taxe-carbone, mal nommée d'ailleurs, qu'on aurait dû appeler contribution-carbone. On a un trou de deux milliards qu'il va falloir combler.
Mais donc, vous en voulez un petit peu au Medef ?
Une partie du Medef qui a, effectivement, porté ce discours, objectivement, oui.
Bon, c'est devenu une « partie du Medef » !
Écoutez, après il y a d'autres membres du Medef avec qui j'ai eu l'occasion d'échanger depuis, qui me disent grosso modo : "Nous, on pense que c'est quand même une évolution nécessaire d'intégrer dans notre modèle de prix le coût de la pollution et le coût des épuisements des matières premières". Et ça, c'est sûr qu'aujourd'hui, on a un modèle économique qui est très, très peu déterminé par ces coûts.
Du coup, N. Hulot et sa fondation ont décidé de ne plus participer au groupe de travail mis en place après le Grenelle de l'Environnement. C'est "un net recul de la classe politique", dit la Fondation Hulot "qui, à droite comme à gauche, n'a pas pris la mesure des enjeux écologiques". C'est un nouveau coup dur pour vous, C. Jouanno, vous êtes abandonnée par N. Hulot !
Ah ! N. Hulot a dit très précisément qu'il prenait... pendant deux mois, il allait faire le bilan et l'évaluation du Grenelle.
"Net recul de la classe politique".
On s'est eu depuis avec lui...
Depuis ? C'est-à-dire ? Vous l'avez eu quand ?
Depuis cette déclaration, il me dit très justement : nous on a des membres qui sont dans toutes les commissions, on n'a plus le temps de réfléchir, on n'a plus le temps de prendre du recul, donc on veut prendre un recul de deux mois. Dans le même temps, les autres associations, je pense à FNE, à WWF, elles, ont dit, au contraire, "on veut revenir, il faut, au contraire, resserrer les liens et revenir plus souvent autour de la ...
" N. Hulot claque la porte. Il ne faut pas...
Non, mais il va revenir N. Hulot.
Qu'est-ce que vous en savez ?
Il l'a dit lui-même. Il l'a dit lui-même...
Ah non, il ne l'a pas dit.
... qu'il reviendrait dans deux mois...
Il vous l'a dit peut-être ?
Il fera un bilan. Il fait un bilan. C'est son choix.
Il vous a dit qu'il reviendrait dans deux mois ?
Il y a toujours ces relations compliquées avec les ONG, ça n'a rien de nouveau.
Non, je vous parle de N. Hulot. Il vous a dit qu'il revenait dans deux mois ?
Ah il m'a dit qu'il faisait son bilan et qu'il revenait, ou il ferait... Il verra s'il revient dans deux mois ; mais il fait son bilan. Mais dans tous les cas...
Écoutez G. Longuet, sénateur UMP - il dirige le groupe UMP au Sénat. Il était, hier, à votre place. Et puis sur N. Hulot, lui il ne prend pas beaucoup de gants, il n'est pas comme vous ! : "Il a bien tort. Il faut qu'il accepte que les Français ont aussi le souci de l'emploi et de la croissance". Réponse ? "Il a bien tort, N. Hulot, de claquer la porte".
Mais on ne peut pas dire aux ONG, dicter leur comportement aux ONG. Ce sont des associations. Elles ont une liberté de parole, voilà. Il reviendra. Maintenant, la montée de l'écolo-scepticisme - je n'aime pas ce mot d'ailleurs, ce n'est pas très joli - c'est quand même lié à un problème de pédagogie globale, que ce soit de notre part et de la part des associations. Il faut qu'on fasse un peu plus notre travail. Moi ce qui m'a sauté aux yeux pendant cette campagne, c'est que finalement, la plupart des gens n'ont pas saisi l'ampleur du travail qui est devant nous et l'ampleur des modifications parce que les choses bougent en France, les choses bougent, vraiment. Et on a du mal à faire passer ce message.
Les auditeurs de RTL auront compris : cet épisode vous aura appris à maîtriser votre langage.
J'ai toujours été très maîtrisée, vous le savez.
Et une fois, ça vous a un peu échappé. Est-ce que je peux vous mettre en danger avec une dernière question ?
On va voir.
Le bouclier fiscal, il faut le suspendre, C. Jouanno ?
Écoutez, on ne va pas changer de ligne à longueur de temps et dire : on fait un jour et on défait le lendemain. Objectivement, je ne pense pas que la politique économique se résume au bouclier fiscal et que c'est ça qui va changer grosso modo les choses. Donc, il faut continuer à mener une politique, en tirer le bilan, en faire l'évaluation. Le vrai problème, en France, c'est qu'on fait les politiques, on se base sur des lois, on n'en fait jamais l'évaluation. Eh bien, faisons l'évaluation.
Je vais essayer de ne pas être désagréable ; mais je dirais que ce matin, C. Jouanno sur RTL est rentrée dans le rang !
Vous avez réussi à être désagréable. Merci !
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 avril 2010
Bonjour
Ca va ?
Ca va !
Vous aviez dit votre désespoir, la semaine dernière, après l'annonce du report de la taxe-carbone. "Je n'ai pas apprécié ses propos", vous a vertement répondu le Président de la République, vendredi dernier, à Bruxelles, lors d'une conférence de presse. "Les ministres n'ont pas à être désespérés. Ils ont à faire leur travail". C'est la première fois, C. Jouanno, que vous reprenez la parole depuis ce recadrage présidentiel. Avez-vous eu l'occasion de vous expliquer avec le président de la République ?
Écoutez, j'ai eu l'occasion de m'expliquer avec son plus proche collaborateur que j'ai l'habitude voir d'ailleurs.
C. Guéant.
Mais de toute façon, le désespoir ne peut être qu'un sentiment provisoire ; et ça peut être qu'un sentiment temporaire quand on est ministre parce que notre rôle c'est de se retrousser les manches. Maintenant, la balle est dans mon camp. Donc, maintenant, il faut avancer sur ces sujets.
Le secrétaire général de l'Élysée, C. Guéant, que vous avez vu jeudi - c'était donc avant les propos du président de la République, pour être précis - vous a dit, c'est ce qu'on a lu dans la presse : "Arrêtez ça tout de suite, vous faites beaucoup de mal au Président". Convenez-vous d'avoir fait beaucoup de mal au Président, C. Jouanno ?
Si mes propos ont été mal compris ou ont blessé, vraiment je le regrette parce que ce n'était pas du tout l'objectif ; et d'ailleurs, la seule phrase dans ces propos qui n'a jamais été relevée, c'est quand je répète que je lui fais confiance justement pour relever ce défi parce que s'il y en a bien un qui a porté le Grenelle et qui n'était pas un sujet facile, c'est lui, et qui a pris des décisions qui n'étaient pas faciles sur les OGM, sur l'interdiction d'une exploitation d'or dans la montage de Caux, sur le bonus-malus, ça n'a pas été facile non plus, il faut quand même s'en souvenir, c'était lui. Donc, voilà, ça c'est marrant, c'est la seule phrase que personne n'a relevée.
Non, on peut la relever ; mais votre volonté, ce matin, de nous faire oublier la première phrase, celle qui nous a marqués, celle qui nous a signifié que parfois, des responsables politiques sont sincères, cette phrase-là visiblement, vous ne voulez plus en parler, C. Jouanno ?
Je pense qu'il vaut mieux être un peu plus passionnée, un peu plus convaincue que pas assez. Ça, c'est très clair, surtout quand on porte des sujets qui sont des sujets de société sur lesquels on n'a pas toujours la bonne réponse. Ca, c'est clair que le sujet est tellement compliqué, là je suis en train de vous expliquer, d'essayer de vous dire qu'il n'y a que du pétrole autour de vous, que ce soit comme mode d'énergie, que ce soit comme matière première et que dans trente ans, dans trente ans, ça va être hors de prix qu'il va falloir changer de modèle, évidemment, je n'ai pas toujours la bonne solution. Donc, il vaut mieux être un peu plus passionnée que pas assez.
Vous l'avez été trop ?
Peut-être trop ; mais voilà. Mais en tout cas, de toute façon, il n'y a pas un mot dans tout ce que j'ai dit, il n'y a pas un mot contre le président de la République ou la majorité ; mais je reste passionnée sur des...
Il y a des mots que vous regrettez ?
S'ils ont été mal compris.
Visiblement, ils l'ont été, notamment par celui qui dirige l'État aujourd'hui.
Eh bien, écoutez, de toute façon maintenant, la balle est dans mon camp. Donc, il faut agir, il faut changer de braquet sur la taxe-carbone, il faut la faire au niveau européen. Donc, c'est à moi de faire avancer le sujet.
Vous aurez l'occasion de vous en expliquer, vous croyez, avec le président de la République ?
A un moment ou à un autre, évidemment. Évidemment.
On peut être étonné que ça n'ait pas été fait, mais...
Non, mais C. Guéant c'est un interlocuteur tout à fait approprié pour ce genre de débat.
On parle du fond, C. Jouanno ?
Oui.
Vous avez dit - maintenez-vous votre analyse ? - : "C'est clair, c'est le Medef qui a planté la taxe-carbone".
Dans cet échange, il y a quand même deux choses. Et je voudrais qu'on arrête un peu d'inverser les rôles. Dans ce que je disais quand on a échangé avec cet écrivain d'ailleurs.
C'est un écrivain qui vous a interrogée pour Libération.
C'était un écrivain. Absolument.
Vos propos ont été publiés jeudi : "C'est clair, c'est le Medef qui a planté la taxe-carbone".
Il y avait deux éléments. Ce qui nous oblige à changer de braquet sur la taxe-carbone et donc à la porter au niveau européen, il faut être très clair, c'est qu'elle ne passait plus, elle ne passe pas dans l'opinion publique où on a un développement assez fort, quand même malgré tout de l'écolo-scepticisme. Et pourquoi ? On a cessé de nous taper dessus, et notamment l'opposition, en nous disant : "Votre système est injuste". "Il ne faut pas la faire". "Ça sert à rien". Ça, c'était pour l'opposition.
L'opposition fait son travail : elle s'oppose.
Oui, l'opposition fait son travail...
...Sinon, elle sert à rien !
... Mais enfin après, il ne faut pas inverser les rôles et nous dire que vraiment, elle en voulait vraiment de cette taxe-carbone, et ne comprend pas qu'on change d'avis. Et deuxièmement, il y avait aussi une partie du Medef qui n'a cessé de dire : vous allez tuer nos entreprises, oubliant par là de rappeler qu'on était sur une bascule de fiscalité entre la taxe professionnelle d'une part, et d'autre part, cette taxe-carbone, mal nommée d'ailleurs, qu'on aurait dû appeler contribution-carbone. On a un trou de deux milliards qu'il va falloir combler.
Mais donc, vous en voulez un petit peu au Medef ?
Une partie du Medef qui a, effectivement, porté ce discours, objectivement, oui.
Bon, c'est devenu une « partie du Medef » !
Écoutez, après il y a d'autres membres du Medef avec qui j'ai eu l'occasion d'échanger depuis, qui me disent grosso modo : "Nous, on pense que c'est quand même une évolution nécessaire d'intégrer dans notre modèle de prix le coût de la pollution et le coût des épuisements des matières premières". Et ça, c'est sûr qu'aujourd'hui, on a un modèle économique qui est très, très peu déterminé par ces coûts.
Du coup, N. Hulot et sa fondation ont décidé de ne plus participer au groupe de travail mis en place après le Grenelle de l'Environnement. C'est "un net recul de la classe politique", dit la Fondation Hulot "qui, à droite comme à gauche, n'a pas pris la mesure des enjeux écologiques". C'est un nouveau coup dur pour vous, C. Jouanno, vous êtes abandonnée par N. Hulot !
Ah ! N. Hulot a dit très précisément qu'il prenait... pendant deux mois, il allait faire le bilan et l'évaluation du Grenelle.
"Net recul de la classe politique".
On s'est eu depuis avec lui...
Depuis ? C'est-à-dire ? Vous l'avez eu quand ?
Depuis cette déclaration, il me dit très justement : nous on a des membres qui sont dans toutes les commissions, on n'a plus le temps de réfléchir, on n'a plus le temps de prendre du recul, donc on veut prendre un recul de deux mois. Dans le même temps, les autres associations, je pense à FNE, à WWF, elles, ont dit, au contraire, "on veut revenir, il faut, au contraire, resserrer les liens et revenir plus souvent autour de la ...
" N. Hulot claque la porte. Il ne faut pas...
Non, mais il va revenir N. Hulot.
Qu'est-ce que vous en savez ?
Il l'a dit lui-même. Il l'a dit lui-même...
Ah non, il ne l'a pas dit.
... qu'il reviendrait dans deux mois...
Il vous l'a dit peut-être ?
Il fera un bilan. Il fait un bilan. C'est son choix.
Il vous a dit qu'il reviendrait dans deux mois ?
Il y a toujours ces relations compliquées avec les ONG, ça n'a rien de nouveau.
Non, je vous parle de N. Hulot. Il vous a dit qu'il revenait dans deux mois ?
Ah il m'a dit qu'il faisait son bilan et qu'il revenait, ou il ferait... Il verra s'il revient dans deux mois ; mais il fait son bilan. Mais dans tous les cas...
Écoutez G. Longuet, sénateur UMP - il dirige le groupe UMP au Sénat. Il était, hier, à votre place. Et puis sur N. Hulot, lui il ne prend pas beaucoup de gants, il n'est pas comme vous ! : "Il a bien tort. Il faut qu'il accepte que les Français ont aussi le souci de l'emploi et de la croissance". Réponse ? "Il a bien tort, N. Hulot, de claquer la porte".
Mais on ne peut pas dire aux ONG, dicter leur comportement aux ONG. Ce sont des associations. Elles ont une liberté de parole, voilà. Il reviendra. Maintenant, la montée de l'écolo-scepticisme - je n'aime pas ce mot d'ailleurs, ce n'est pas très joli - c'est quand même lié à un problème de pédagogie globale, que ce soit de notre part et de la part des associations. Il faut qu'on fasse un peu plus notre travail. Moi ce qui m'a sauté aux yeux pendant cette campagne, c'est que finalement, la plupart des gens n'ont pas saisi l'ampleur du travail qui est devant nous et l'ampleur des modifications parce que les choses bougent en France, les choses bougent, vraiment. Et on a du mal à faire passer ce message.
Les auditeurs de RTL auront compris : cet épisode vous aura appris à maîtriser votre langage.
J'ai toujours été très maîtrisée, vous le savez.
Et une fois, ça vous a un peu échappé. Est-ce que je peux vous mettre en danger avec une dernière question ?
On va voir.
Le bouclier fiscal, il faut le suspendre, C. Jouanno ?
Écoutez, on ne va pas changer de ligne à longueur de temps et dire : on fait un jour et on défait le lendemain. Objectivement, je ne pense pas que la politique économique se résume au bouclier fiscal et que c'est ça qui va changer grosso modo les choses. Donc, il faut continuer à mener une politique, en tirer le bilan, en faire l'évaluation. Le vrai problème, en France, c'est qu'on fait les politiques, on se base sur des lois, on n'en fait jamais l'évaluation. Eh bien, faisons l'évaluation.
Je vais essayer de ne pas être désagréable ; mais je dirais que ce matin, C. Jouanno sur RTL est rentrée dans le rang !
Vous avez réussi à être désagréable. Merci !
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 avril 2010