Déclaration de Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'État chargée de la prospective et du développement de l'économie numérique, sur le développement des services numériques à destination des seniors dans le cadre du plan France numérique 2012, à Paris le 27 mars 2010

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Circonstance : Lancement du projet "Proxima Mobile" au salon des seniors, organisé par le magazine "Notre Temps", à la porte de Versailles, à Paris du 26 au 28 mars 2010

Texte intégral

Madame la Commissaire (Christine Colin, commissaire général du salon),
Cher Bernard Benhamou,
Chers partenaires,
Mesdames et Messieurs,
Je me réjouis de l'organisation de ce Salon, parce qu'il est au coeur de mes responsabilités gouvernementales. Et parce qu'il me donne l'occasion d'annoncer aujourd'hui des mesures importantes, en faveur de l'équipement numérique de l'ensemble de nos concitoyens, et tout particulièrement des seniors.
Je commencerai d'abord par quelques rappels. Tous les Français n'ont pas encore accès aux équipements et aux services liés aux technologies numériques. Cette « fracture numérique » comme on la nomme encore, prive une partie de notre population d'un accès à l'Internet. Or, celui-ci est devenu une « commodité essentielle » pour l'ensemble des citoyens.
La fracture numérique affecte d'abord, bien sûr, nos concitoyens les plus démunis ; aussi est-ce vers eux que nous faisons porter les efforts du Plan Numérique, pour que chacun puisse accéder, où qu'il se trouve, à une offre Internet à haut-débit à un prix abordable.
La fracture numérique n'est toutefois pas uniquement sociale, elle est aussi générationnelle et culturelle, puisque ceux d'entre nous qui n'ont pas grandi au contact de ces nouveaux outils envisagent encore leur utilisation avec réticence. Or ils devraient être des usagers privilégiés du numérique, et c'est exactement ce dont ce Salon fait la démonstration, en montrant comment les personnes âgées peuvent trouver des réponses technologiques adaptées à leurs besoins spécifiques.
J'aimerais souligner ici quelques éléments chiffrés. Aujourd'hui, 69% des Français sont équipés d'un ordinateur à domicile. 67% des adultes, et déjà 92% des 12-17 ans.
Dès que l'on avance dans les tranches d'âge, en revanche, ces chiffres diminuent. Ainsi, le nombre de seniors âgés de 60 à 69 ans et connectés à Internet est de 40 %. Puis ce chiffre chute à 11 % pour les plus de 70 ans.
Ces données sont claires et la direction dans laquelle nous devons nous diriger l'est tout autant : il nous faut combler ce retard, qui concerne directement plus de 5 millions et demi de seniors, qui sont encore "e-exclus" aujourd'hui.
Ce retard a aussi plusieurs causes. Des réticences qui tiennent à la perception des outils, que les seniors jugent trop complexes, dont ils perçoivent mal l'utilité ou dont ils redoutent le coût. Ou tout simplement, parce qu'ils craignent de se retrouver sans accompagnement devant une machine difficile voire impossible à utiliser pour eux.
Mais nous ne pouvons nous contenter d'accuser ces réticences et nous réfugier derrière elles. Tout n'est pas affaire de représentations.
Si les usagers seniors ne sont pas en nombre suffisant, si la France a en la matière du retard par rapport aux autres pays européens, c'est aussi et surtout parce que les équipements et les services proposés ne conviennent pas toujours aux usages qu'en attendent les seniors.
Ces usages nouveaux, nous devons les identifier. Il convient d'être attentif aux modes de vie et aux besoins spécifiques de la population âgée. L'une des réponses consiste à proposer des terminaux simples, dotés de fonctions ergonomiques adaptées par exemple à une vue plus fragile, et à offrir des services à la personne qui permettront aux utilisateurs de mener à domicile les démarches et les recherches qu'ils souhaitent. Les seniors y gagneront en autonomie. En outre, ces dispositifs d'information et de communication leur permettra de préserver voire de créer de nouveaux liens sociaux. Dans le même temps, ces outils leurs permettront de garder contact avec leur famille.
Ils leurs permettront aussi d'accéder aisément à des services spécialisés : des services à la personne pour la vie quotidienne, et un suivi médicalisé dont ils bénéficieront à domicile.
Dans ce domaine, le Plan France Numérique 2012 a prévu deux mesures sur lesquelles je souhaite revenir :
D'abord, nous lançons cette année une série d'expérimentations consacrées aux services à la personne. Ces expérimentations seront coordonnées par l'Agence nationale des services à la personne (ANSP) en lien avec la Délégation aux usages de l'Internet, et elles doivent permettre la création à grande échelle d'une offre globale "matériel, connexion, formation" à destination des seniors. Des offres de ce type existent depuis peu, qui proposent à la fois un ordinateur adapté aux « primo-usagers », une connexion Internet et (l'indispensable) assistance à domicile. Nous nous emploierons à susciter d'autres offres de ce type chez les opérateurs et à mieux les faire connaître.
Nous travaillons ensuite sur le développement de l'opération « Vivre @ domicile / Maintien @ Domicile ». Il s'agit d'un projet qui a été mené par le Conseil Général des Alpes Maritimes, avec 150 seniors qui ont pu bénéficier d'un PC et d'un abonnement Internet, avec un accès dédié à un centre de services ouvert 24h/24, qui répondait à la fois pour résoudre des problèmes de santé ou pour répondre aux demandes de services (livraison de repas, jardinage ou encore aide ménagère). Cette opération a été un succès : les bénéficiaires en ont été très satisfaits, et le suivi à domicile a engendré une diminution importante des dépenses médicales (consultations, hospitalisations).
Nous avons donc décidé de généraliser cette opération, en la développant nationalement, en confiant cette réalisation à la Délégation aux usages de l'Internet (DUI), à l'Agence nationale des services à la personne (ANSP), à la direction générale de l'action sociale, à l'assemblée des départements de France et à la caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA). »
Outre ces deux grandes mesures, d'autres pistes méritent d'être explorées.
C'est le cas notamment des services développés sur les téléphones portables, dont les seniors font de plus en plus usage.
J'ai donc le plaisir de vous annoncer que nous mettons en place cette année le premier portail de services publics sur téléphones mobiles (et je précise, le premier en son genre en Europe !) : il s'agit du projet intitulé « Proxima Mobile », qui sera coordonnée par la Délégation aux Usages de l'Internet, et qui fournira aux citoyens des informations et des services de proximité directement sur leurs téléphones mobiles. J'y insiste aujourd'hui, parce que « Proxima Mobile » intégrera des services spécifiques à destination des seniors, notamment des services d'alertes personnalisés qui utiliseront des fonctions de géolocalisation.
Les seniors pourront également grâce à ces services mobiles accéder aux services publics de proximité, obtenir les horaires des transports, des informations sur les médicaments ou sur le fonctionnement d'appareils médicaux, et plus généralement accéder à toutes sortes d'informations d'intérêt général lors de leurs déplacements.
Nous créerons dans le même temps un label, qui fixera les lignes directrices des services que seront mis à disposition des citoyens :
- Le principe d'ergonomie, afin que ces projets soient accessibles à un large public et en particulier aux primo utilisateurs,
- Le principe d'interopérabilité et le respect des standards d'accessibilité des services mobiles en particulier pour les personnes handicapées,
- La fiabilité et la pérennité des informations et des services devront faire l'objet d'un soin particulier. Une réflexion sur l'archivage des informations sera aussi menée.
Une charte fixera les règles à respecter pour obtenir ce label.
Ce label constituera enfin pour les opérateurs, les constructeurs de terminaux mobiles et les concepteurs de services un outil de communication en direction de publics spécifiques, en particulier pour les seniors.
Je voudrais conclure en soulignant combien les innovations qu'expose ce Salon sont d'intérêt général, bien au-delà du seul public des seniors. Elles font la preuve de la très grande souplesse des technologies numériques, dont l'une des caractéristiques essentielles est de pouvoir s'adapter aux usages. Nous devons en tirer profit, tant sur le plan économique, en stimulant l'écosystème des services en ligne (en particulier sur les mobiles), que sur le plan social en veillant à ce que ces services soient plus proches des besoins de leurs usagers. En effet, ces innovations technologiques doivent être guidées par les usages, c'est-à-dire par le bien être de leurs utilisateurs. Dans ce domaine, ce qui est vrai pour les seniors l'est aussi pour l'ensemble de la population.
Je vous dis mon soutien et vous remercie.
Source http://www.prospective-numerique.gouv.fr, le 22 avril 2010