Texte intégral
La question des transports, avec ses multiples aspects, nécessite le concours d'un grand nombre de disciplines. C'est pour assurer la convergence de ces travaux que la formule du "réseau" s'impose : elle permet, en particulier dans ce domaine qui concerne la vie quotidienne de la plupart d'entre nous, de concilier différents impératifs.
La recherche doit être capable non seulement de construire de nouveaux savoirs, mais également de répondre aux demandes qui lui sont adressées par la société. Pour les secteurs automobile et ferroviaire, elle joue un rôle prépondérant par sa contribution au maintien et au renforcement de la capacité d'innovation des industriels français, et plus largement européens, dans le cadre d'une compétition internationale accrue ayant donné lieu à des regroupements industriels à l'échelle internationale (tant de la part des constructeurs que des équipementiers) ; mais aussi par ses réponses aux enjeux environnementaux et sécuritaires, pour lesquels la responsabilité de la puissance publique est fortement engagée.
Le programme de recherche PREDIT 2, lancé en 1996 avec la collaboration de quatre ministères auxquels se sont joints l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME) et l'Agence Nationale de Valorisation de la Recherche (ANVAR), constitue le cadre organisationnel de l'effort national de recherche et développement dans le secteur des transports terrestres. Précurseurs des 15 réseaux de recherche et d'innovation technologiques lancés par le ministère de la recherche en collaboration avec d'autres ministères, le PREDIT associe étroitement recherche publique et recherche industrielle dans le cadre de projets coopératifs.
Je remercie tous les acteurs qui ont apporté leurs compétences à la mise en uvre de ce programme - notamment M. Bussereau, président du comité d'orientation -, et qui ont su harmoniser leurs travaux autour des grands axes de recherche qui avaient été définis. Je remercie également Michel Delebarre et son équipe, qui ont engagé l'évaluation de ce programme.
Je ne reviendrai pas sur les nombreux succès obtenus par le PREDIT 2, qui vous ont été exposés pendant ce carrefour - non plus que sur les prix attribués hier soir, dont je félicite les lauréats.
Forts de ces résultats, nous devons maintenant engager un troisième programme, qui s'attachera à améliorer les aspects des transports qui intéressent nos concitoyens. Les transports, en effet, constituent une des préoccupations majeures de notre société, que ce soit en matière de sécurité routière, de pollution, de bruit, de congestion du trafic ou même d'effet de serre. Ces questions concernent chacun d'entre nous et ne peuvent être résolues que par une concertation et des décisions collectives.
Par ailleurs, les transports ne s'arrêtent pas aux frontières d'un pays. C'est souvent à l'échelle européenne qu'il faut aujourd'hui raisonner. Récemment, le livre vert sur l'énergie et le livre blanc sur la mobilité ont mis en relief l'importance d'une intégration européenne des recherches dans ce secteur. Au niveau européen, le PREDIT doit renforcer sa position de plate forme de coordination et d'action, capable d'instaurer un dialogue avec ses partenaires et d'installer un dispositif commun et efficace.
L'apport de la recherche, en matière de transports, consiste à identifier les problèmes, prévenir les risques, anticiper les solutions
La recherche publique sur les transports mobilise aujourd'hui, en France, plus de 1000 chercheurs dans les grands organismes de recherche (LCPC, INRETS, CNRS). Autour de ces grandes unités, une multitude d'acteurs existent dans les écoles d'ingénieurs, les centres d'étude et de recherche implantés pour la plupart en régions ; plusieurs centaines de thèses sont soutenues chaque année dans ce domaine. L'investissement du ministère de la recherche est à la hauteur de cette activité, avec un budget global qui s'élève, si l'on cumule les budgets alloués aux organismes et les interventions spécifiques, à plus d'un milliard de francs annuels. Cet effort se manifeste à plusieurs niveaux, et en relation avec de multiples partenaires :
dans les Contrats de plan Etat-Régions
Je citerai d'abord un exemple que Michel Delebarre connaît bien, celui du Groupement Régional de Recherche dans les Transports (GRRT) du Nord Pas-de-Calais - région qui s'est depuis 1983 illustrée sur ce thème avec l'INRETS et l'Université de Valenciennes. J'ai récemment renforcé cet axe de recherche en fournissant les moyens nécessaires, en investissement et en fonctionnement, pour la création d'un Centre d'expertise dans le domaine de la sécurité routière et ferroviaire.
Mais d'autres régions sont également concernées par l'effort national de recherche sur les différents aspects des transports : c'est le cas de l'Alsace pour le transport ferroviaire ; de la Haute-Normandie pour la combustion moteur et le transport de marchandises ; de l'Ile-de-France, associée à RENAULT, PSA et au CNAM, avec la soufflerie aéroacoustique de Saint-Cyr l'Ecole, qui mettra à disposition des constructeurs et des équipes de recherche un équipement du meilleur niveau mondial pour diverses expérimentations, et en particulier l'étude des effets de vents traversiers.
avec les établissements sous tutelle
Le 7 décembre 2000, nous avons signé, Jean-Claude Gayssot et moi-même, le premier contrat quadriennal avec l'Institut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité (INRETS), et celui avec le Laboratoire Central des Ponts et Chaussées (LCPC). Ce contrat a permis de réfléchir en commun aux axes stratégiques prioritaires en matière de transports. Des projets transversaux seront mis en uvre, de manière à fédérer les différentes compétences, à améliorer la réactivité des organismes, et à développer des partenariats.
par un soutien aux grands projets
Il ne s'agit pas pour moi de développer ici l'ensemble des réalisations soutenues par le ministère de la recherche dans le cadre du PREDIT, dont plusieurs, et je m'en félicite, figurent au nombre des actions primées hier. Je ne citerai qu'un exemple, presque anecdotique, mais qui est d'actualité puisque il est lié au TGV Méditerranée, inauguré la semaine dernière. D'importants travaux de recherche, soutenus par le ministère de la Recherche dans le cadre du PREDIT, ont en effet été nécessaires à cette réalisation, en particulier des études sur l'aérodynamique instationnaire des véhicules terrestres, qui ont permis la gestion du passage du TGV dans des zones connues pour leur forte exposition aux vents.
par la mise en place de dispositifs complémentaires
Les fonds d'amorçage et les incubateurs, les Centres Nationaux de Recherche Technologique (CNRT), les Actions Concertées Incitatives (ACI), les réseaux constituent autant de "matrices" à partir desquelles l'activité de recherche peut se dynamiser, et bénéficier plus rapidement au secteur industriel.
Trois des CNRT, lancés le 5 juillet 2000 par le ministère de la recherche, concernent les transports : celui de Rouen, pour la combustion dans les moteurs ; celui de Belfort-Montbéliard sur la pile à combustible et les interfaces pour les transports terrestres ; celui de Saint-Cyr l'Ecole qui sera associé à la soufflerie électroacoustique.
Les Actions Concertées Incitatives "Ville" et "Sciences de la planète et de l'environnement" consacrent plusieurs projets aux questions de circulation, d'aménagement et de pollution : la première pour approfondir les sciences et techniques de l'urbain (climatologie, énergie, transports, réseaux de communication) et les disciplines liées à l'aménagement de l'espace (urbanisme, architecture, transports, services) ; la seconde pour l'étude des interfaces entre sciences de l'homme et de la nature, et des interactions entre données biologiques, climatiques, énergétiques.
Enfin, outre le PREDIT qui fait l'objet de notre rencontre, plusieurs autres réseaux de recherche et d'innovation technologiques ont été installés. C'est le cas du réseau Pile à combustibles qui a débuté en 1999, avec une dotation annuelle de 30 MF, et dont l'objectif est le développement des composants et des équipements de production d'énergie. Le réseau de Recherche et d'innovation en technologies logicielles, quant à lui, participe également à l'effort de recherche pour les transports terrestres, notamment par le soutien de projets relatifs à la validation et à la sécurisation des systèmes embarqués.
Le nouveau PREDIT doit maintenant concentrer son action sur les problèmes qui intéressent l'ensemble de nos concitoyens
Vous connaissez tous les chiffres sur lesquels s'appuie notre raisonnement : 33 millions de véhicules en France, 14 millions de Français qui se déplacent quotidiennement pour aller au travail, le bruit des transports comme forte préoccupation, une croissance prévue de 39 % du transport des marchandises entre 2000 et 2010, et surtout : 8000 morts en France, par an, sur les routes.
Dans le PREDIT 1996-2000, le ministère de la recherche avait en particulier soutenu trois thématiques : la compétitivité industrielle du secteur ; la sécurité routière et ferroviaire ; l'environnement (émissions de polluants et de gaz à effet de serre, consommations, bruits et vibrations). Je souhaite désormais que son engagement soit total en ce qui concerne des transports aménagés dans l'intérêt général, qui améliorent la sécurité des systèmes et des infrastructures, garantissent une organisation efficace et rapide et n'occasionnent pas de dommage définitif à l'environnement.
Les acquis du PREDIT 2, ainsi que les moyens mis en place pour assurer la mobilisation de diverses disciplines et les partenariats de recherche public/privé, nous placent en situation favorable pour conduire des actions coordonnées et faire jouer l'interdisciplinarité. Cette orientation politique, qui prend en compte la dimension humaine aussi bien que les facteurs économiques et techniques, s'organise autour de trois axes : les systèmes et organisations de transport des personnes et des biens ; la sécurité des systèmes et des infrastructures de transports ; la protection de l'environnement et en particulier la réduction des gaz à effet de serre et du bruit. Une première analyse permet de dégager pour l'avenir six thématiques de recherche :
les relations ville/territoire/infrastructures
Les recherches porteront sur les nouveaux besoins de mobilité (modes de vie, évolution démographique), le développement de petits véhicules et de transports collectifs attrayants, l'intermodalité et les lieux d'échanges, la livraison en ville, la mise en place de services porte à porte. Le principal objectif de ces recherches est de fournir des outils pour la définition et la mise en uvre de politiques publiques - qui devront se mener en concertation avec les représentants des collectivités locales.
le transport de marchandises
C'est dans le secteur routier que le transport de marchandises va croître le plus fortement dans les années à venir. Il conviendra donc d'essayer de contrebalancer cette tendance en perfectionnant la logistique du trafic ferroviaire : amélioration des systèmes d'exploitation des réseaux (performance des plates formes multimodales), accompagnement de nouvelles expérimentations et de projets à risques.
énergie, environnement
La recherche a un rôle essentiel à jouer dans la défense de l'environnement. Trois réseaux de recherche et d'innovation technologiques directement consacrés aux questions environnementales ont donc étés lancés : "Eau et technologies de l'environnement", "Terre et espace", "Pollutions marines accidentelles et conséquences écologiques sur le littoral".
La réduction des émissions de gaz à effet de serre est une de nos priorités : plus nous tarderons à l'engager, plus le changement climatique qui en résultera sera important. J'ai organisé le 21 mai à mon ministère une Rencontre nationale de la recherche scientifique sur l'effet de serre, ouverte aux équipes travaillant dans ce domaine et à celles qui souhaitent s'y investir, ainsi qu'aux scientifiques et technologues des secteurs industriel et socio-économique. La semaine prochaine, se tiendra au Muséum d'Histoire naturelle la conférence annuelle sur le changement climatique : les conclusions de ce carrefour du PREDIT y seront présentées - point qui illustre bien la complémentarité de nos diverses initiatives.
Toutes ces recherches contribuent à l'amélioration des connaissances liées à l'exposition des populations et des écosystèmes aux différentes sources de pollution et de nuisances. Elles doivent porter, en particulier, sur l'évaluation et la réduction des nuisances dues aux transports, et effectuer les modélisations et expérimentations nécessaires dans le cadre de scénarios prospectifs sur le moyen/long terme.
sécurité et sûreté des systèmes
Dans le domaine de la conduite, les déterminants humains et sociaux sont à prendre en compte. Le renforcement de l'observation des conducteurs et des personnes exposées ou vulnérables doit déboucher sur des innovations en matière de sécurité et de prévention. L'INRETS s'est déjà particulièrement illustrée dans les études en biomécanique et sur les conséquences des accidents sur le corps humain, le LCPC dans l'étude des voies de circulation et des revêtements qui permettent de minimiser les risques d'accidents, notamment en cas d'intempéries. Ces recherches s'accompagneront d'actions pilotes incluant les responsables locaux et l'organisation d'une éducation/formation à la conduite.
véhicule propre, économe et sûr
L'accent de ces recherches sera mis sur la maîtrise globale de l'efficacité énergétique (motorisations classiques) et sur le développement de systèmes de propulsion alternatifs (hybrides, batteries, piles à combustibles). Le but est d'obtenir une réduction simultanée des émissions des gaz à effet de serre, des oxydes d'azote et des particules, ainsi que celles des nuisances sonores. Les technologies de l'information et de la communication permettront, ici, d'appuyer les travaux sur les interfaces homme/machine/infrastructures afin de dégager de nouveaux gisements de sécurité.
· véhicule intelligent et communicant Cette dernière thématique nécessitera également l'utilisation et l'intégration des TIC dans la conception de véhicules et de services liés aux transports terrestres. L'analyse des besoins et des potentiels entraînera l'élaboration d'outils d'intelligence des systèmes : capteurs, simulations, automatisations La validation des technologies, produits et systèmes développés sera systématiquement visée, dans le respect des règles de propriété industrielle.
Telles sont les thématiques définies pour ce nouveau PREDIT, grâce à votre réflexion collective et en conformité avec les objectifs du Gouvernement. Elles devront naturellement être approfondies en concertation avec les principaux acteurs, décideurs, industriels, chercheurs et experts. Mais elles constituent la base du premier appel d'offre qui sera lancé au début de l'année 2002.
Toutes ces actions devront s'articuler avec celles de nos partenaires européens
Pour que le dispositif national mis en place atteigne une véritable efficacité, il faut que ses orientations soient intégrées dans le contexte européen, dont les différents Etats connaissent des situations comparables : croissance de la mobilité, attentes des citoyens en matière de sécurité et d'environnement.
Le secteur des transports représente 5 % du PNB européen, et 10 % de l'emploi. Son impact économique est donc fort, et la concurrence avec les Etats-Unis et l'Asie nécessite une mutualisation des recherches permettant d'atteindre la taille critique devenue nécessaire.
Le 5ème PCRD, dont la France avait soutenu la composition, comprenait un programme spécifique, "Croissance compétitive et durable", avec trois actions clés dédiées aux transports : "Mobilité durable et intermodalité", "Technologies pour les transports terrestres et maritimes", Nouvelles perspectives pour l'aéronautique".
Le ministère de la recherche, en accord avec les autres ministères concernés, a publié le 14 décembre 2000, à la fin de la Présidence française, un mémorandum sur la préparation du 6ème PCRD. Il y confirme son intérêt pour une véritable politique de recherche européenne tournée vers la construction d'un Espace européen de la recherche et fondée sur la coordination des politiques nationales : les systèmes de transport et les technologies associées aux moyens de transport terrestres, maritimes ou aériens y ont été présentés comme l'un des axes stratégiques de recherche que la France souhaitait y voir inclus.
Parallèlement, dans le cadre d'une enquête de la Commission sur les programmes nationaux relatifs aux transports, la France a fait apparaître le programme PREDIT. C'est un des moyens mis en uvre pour préparer l'ouverture du PREDIT à d'éventuels partenaires européens. Nous sommes en effet suffisamment armés maintenant pour offrir à l'Europe un niveau de recherche et d'organisation capable de générer des actions communes et exploitables pour que l'Union soit en position de leader dans la recherche sur les transports. Les contacts déjà pris entre le PREDIT et son homologue allemand, MOBILITAT, sont une première étape pour le développement, que nous souhaitons voir s'accélérer, des partenariats entre les différents programmes nationaux de recherche, dans tous les domaines.
***
Le passage du PREDIT 2 au prochain PREDIT s'effectue donc sans rupture. Le programme à venir, conforté par les résultats déjà obtenus, se concentrera plus précisément sur nos objectifs prioritaires : une organisation et une gestion des transports qui relèvent les défis posés par la société d'aujourd'hui, dans un contexte européen.
Cette configuration évolutive, nous avons tenu, mon collègue Jean-Claude Gayssot et moi-même, à la présenter ensemble. J'en ai tracé la direction " recherche ". Je laisse à Jean-Claude Gayssot le soin de la développer par une approche que je sais complémentaire à la mienne.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 18 jun 2001)
La recherche doit être capable non seulement de construire de nouveaux savoirs, mais également de répondre aux demandes qui lui sont adressées par la société. Pour les secteurs automobile et ferroviaire, elle joue un rôle prépondérant par sa contribution au maintien et au renforcement de la capacité d'innovation des industriels français, et plus largement européens, dans le cadre d'une compétition internationale accrue ayant donné lieu à des regroupements industriels à l'échelle internationale (tant de la part des constructeurs que des équipementiers) ; mais aussi par ses réponses aux enjeux environnementaux et sécuritaires, pour lesquels la responsabilité de la puissance publique est fortement engagée.
Le programme de recherche PREDIT 2, lancé en 1996 avec la collaboration de quatre ministères auxquels se sont joints l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME) et l'Agence Nationale de Valorisation de la Recherche (ANVAR), constitue le cadre organisationnel de l'effort national de recherche et développement dans le secteur des transports terrestres. Précurseurs des 15 réseaux de recherche et d'innovation technologiques lancés par le ministère de la recherche en collaboration avec d'autres ministères, le PREDIT associe étroitement recherche publique et recherche industrielle dans le cadre de projets coopératifs.
Je remercie tous les acteurs qui ont apporté leurs compétences à la mise en uvre de ce programme - notamment M. Bussereau, président du comité d'orientation -, et qui ont su harmoniser leurs travaux autour des grands axes de recherche qui avaient été définis. Je remercie également Michel Delebarre et son équipe, qui ont engagé l'évaluation de ce programme.
Je ne reviendrai pas sur les nombreux succès obtenus par le PREDIT 2, qui vous ont été exposés pendant ce carrefour - non plus que sur les prix attribués hier soir, dont je félicite les lauréats.
Forts de ces résultats, nous devons maintenant engager un troisième programme, qui s'attachera à améliorer les aspects des transports qui intéressent nos concitoyens. Les transports, en effet, constituent une des préoccupations majeures de notre société, que ce soit en matière de sécurité routière, de pollution, de bruit, de congestion du trafic ou même d'effet de serre. Ces questions concernent chacun d'entre nous et ne peuvent être résolues que par une concertation et des décisions collectives.
Par ailleurs, les transports ne s'arrêtent pas aux frontières d'un pays. C'est souvent à l'échelle européenne qu'il faut aujourd'hui raisonner. Récemment, le livre vert sur l'énergie et le livre blanc sur la mobilité ont mis en relief l'importance d'une intégration européenne des recherches dans ce secteur. Au niveau européen, le PREDIT doit renforcer sa position de plate forme de coordination et d'action, capable d'instaurer un dialogue avec ses partenaires et d'installer un dispositif commun et efficace.
L'apport de la recherche, en matière de transports, consiste à identifier les problèmes, prévenir les risques, anticiper les solutions
La recherche publique sur les transports mobilise aujourd'hui, en France, plus de 1000 chercheurs dans les grands organismes de recherche (LCPC, INRETS, CNRS). Autour de ces grandes unités, une multitude d'acteurs existent dans les écoles d'ingénieurs, les centres d'étude et de recherche implantés pour la plupart en régions ; plusieurs centaines de thèses sont soutenues chaque année dans ce domaine. L'investissement du ministère de la recherche est à la hauteur de cette activité, avec un budget global qui s'élève, si l'on cumule les budgets alloués aux organismes et les interventions spécifiques, à plus d'un milliard de francs annuels. Cet effort se manifeste à plusieurs niveaux, et en relation avec de multiples partenaires :
dans les Contrats de plan Etat-Régions
Je citerai d'abord un exemple que Michel Delebarre connaît bien, celui du Groupement Régional de Recherche dans les Transports (GRRT) du Nord Pas-de-Calais - région qui s'est depuis 1983 illustrée sur ce thème avec l'INRETS et l'Université de Valenciennes. J'ai récemment renforcé cet axe de recherche en fournissant les moyens nécessaires, en investissement et en fonctionnement, pour la création d'un Centre d'expertise dans le domaine de la sécurité routière et ferroviaire.
Mais d'autres régions sont également concernées par l'effort national de recherche sur les différents aspects des transports : c'est le cas de l'Alsace pour le transport ferroviaire ; de la Haute-Normandie pour la combustion moteur et le transport de marchandises ; de l'Ile-de-France, associée à RENAULT, PSA et au CNAM, avec la soufflerie aéroacoustique de Saint-Cyr l'Ecole, qui mettra à disposition des constructeurs et des équipes de recherche un équipement du meilleur niveau mondial pour diverses expérimentations, et en particulier l'étude des effets de vents traversiers.
avec les établissements sous tutelle
Le 7 décembre 2000, nous avons signé, Jean-Claude Gayssot et moi-même, le premier contrat quadriennal avec l'Institut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité (INRETS), et celui avec le Laboratoire Central des Ponts et Chaussées (LCPC). Ce contrat a permis de réfléchir en commun aux axes stratégiques prioritaires en matière de transports. Des projets transversaux seront mis en uvre, de manière à fédérer les différentes compétences, à améliorer la réactivité des organismes, et à développer des partenariats.
par un soutien aux grands projets
Il ne s'agit pas pour moi de développer ici l'ensemble des réalisations soutenues par le ministère de la recherche dans le cadre du PREDIT, dont plusieurs, et je m'en félicite, figurent au nombre des actions primées hier. Je ne citerai qu'un exemple, presque anecdotique, mais qui est d'actualité puisque il est lié au TGV Méditerranée, inauguré la semaine dernière. D'importants travaux de recherche, soutenus par le ministère de la Recherche dans le cadre du PREDIT, ont en effet été nécessaires à cette réalisation, en particulier des études sur l'aérodynamique instationnaire des véhicules terrestres, qui ont permis la gestion du passage du TGV dans des zones connues pour leur forte exposition aux vents.
par la mise en place de dispositifs complémentaires
Les fonds d'amorçage et les incubateurs, les Centres Nationaux de Recherche Technologique (CNRT), les Actions Concertées Incitatives (ACI), les réseaux constituent autant de "matrices" à partir desquelles l'activité de recherche peut se dynamiser, et bénéficier plus rapidement au secteur industriel.
Trois des CNRT, lancés le 5 juillet 2000 par le ministère de la recherche, concernent les transports : celui de Rouen, pour la combustion dans les moteurs ; celui de Belfort-Montbéliard sur la pile à combustible et les interfaces pour les transports terrestres ; celui de Saint-Cyr l'Ecole qui sera associé à la soufflerie électroacoustique.
Les Actions Concertées Incitatives "Ville" et "Sciences de la planète et de l'environnement" consacrent plusieurs projets aux questions de circulation, d'aménagement et de pollution : la première pour approfondir les sciences et techniques de l'urbain (climatologie, énergie, transports, réseaux de communication) et les disciplines liées à l'aménagement de l'espace (urbanisme, architecture, transports, services) ; la seconde pour l'étude des interfaces entre sciences de l'homme et de la nature, et des interactions entre données biologiques, climatiques, énergétiques.
Enfin, outre le PREDIT qui fait l'objet de notre rencontre, plusieurs autres réseaux de recherche et d'innovation technologiques ont été installés. C'est le cas du réseau Pile à combustibles qui a débuté en 1999, avec une dotation annuelle de 30 MF, et dont l'objectif est le développement des composants et des équipements de production d'énergie. Le réseau de Recherche et d'innovation en technologies logicielles, quant à lui, participe également à l'effort de recherche pour les transports terrestres, notamment par le soutien de projets relatifs à la validation et à la sécurisation des systèmes embarqués.
Le nouveau PREDIT doit maintenant concentrer son action sur les problèmes qui intéressent l'ensemble de nos concitoyens
Vous connaissez tous les chiffres sur lesquels s'appuie notre raisonnement : 33 millions de véhicules en France, 14 millions de Français qui se déplacent quotidiennement pour aller au travail, le bruit des transports comme forte préoccupation, une croissance prévue de 39 % du transport des marchandises entre 2000 et 2010, et surtout : 8000 morts en France, par an, sur les routes.
Dans le PREDIT 1996-2000, le ministère de la recherche avait en particulier soutenu trois thématiques : la compétitivité industrielle du secteur ; la sécurité routière et ferroviaire ; l'environnement (émissions de polluants et de gaz à effet de serre, consommations, bruits et vibrations). Je souhaite désormais que son engagement soit total en ce qui concerne des transports aménagés dans l'intérêt général, qui améliorent la sécurité des systèmes et des infrastructures, garantissent une organisation efficace et rapide et n'occasionnent pas de dommage définitif à l'environnement.
Les acquis du PREDIT 2, ainsi que les moyens mis en place pour assurer la mobilisation de diverses disciplines et les partenariats de recherche public/privé, nous placent en situation favorable pour conduire des actions coordonnées et faire jouer l'interdisciplinarité. Cette orientation politique, qui prend en compte la dimension humaine aussi bien que les facteurs économiques et techniques, s'organise autour de trois axes : les systèmes et organisations de transport des personnes et des biens ; la sécurité des systèmes et des infrastructures de transports ; la protection de l'environnement et en particulier la réduction des gaz à effet de serre et du bruit. Une première analyse permet de dégager pour l'avenir six thématiques de recherche :
les relations ville/territoire/infrastructures
Les recherches porteront sur les nouveaux besoins de mobilité (modes de vie, évolution démographique), le développement de petits véhicules et de transports collectifs attrayants, l'intermodalité et les lieux d'échanges, la livraison en ville, la mise en place de services porte à porte. Le principal objectif de ces recherches est de fournir des outils pour la définition et la mise en uvre de politiques publiques - qui devront se mener en concertation avec les représentants des collectivités locales.
le transport de marchandises
C'est dans le secteur routier que le transport de marchandises va croître le plus fortement dans les années à venir. Il conviendra donc d'essayer de contrebalancer cette tendance en perfectionnant la logistique du trafic ferroviaire : amélioration des systèmes d'exploitation des réseaux (performance des plates formes multimodales), accompagnement de nouvelles expérimentations et de projets à risques.
énergie, environnement
La recherche a un rôle essentiel à jouer dans la défense de l'environnement. Trois réseaux de recherche et d'innovation technologiques directement consacrés aux questions environnementales ont donc étés lancés : "Eau et technologies de l'environnement", "Terre et espace", "Pollutions marines accidentelles et conséquences écologiques sur le littoral".
La réduction des émissions de gaz à effet de serre est une de nos priorités : plus nous tarderons à l'engager, plus le changement climatique qui en résultera sera important. J'ai organisé le 21 mai à mon ministère une Rencontre nationale de la recherche scientifique sur l'effet de serre, ouverte aux équipes travaillant dans ce domaine et à celles qui souhaitent s'y investir, ainsi qu'aux scientifiques et technologues des secteurs industriel et socio-économique. La semaine prochaine, se tiendra au Muséum d'Histoire naturelle la conférence annuelle sur le changement climatique : les conclusions de ce carrefour du PREDIT y seront présentées - point qui illustre bien la complémentarité de nos diverses initiatives.
Toutes ces recherches contribuent à l'amélioration des connaissances liées à l'exposition des populations et des écosystèmes aux différentes sources de pollution et de nuisances. Elles doivent porter, en particulier, sur l'évaluation et la réduction des nuisances dues aux transports, et effectuer les modélisations et expérimentations nécessaires dans le cadre de scénarios prospectifs sur le moyen/long terme.
sécurité et sûreté des systèmes
Dans le domaine de la conduite, les déterminants humains et sociaux sont à prendre en compte. Le renforcement de l'observation des conducteurs et des personnes exposées ou vulnérables doit déboucher sur des innovations en matière de sécurité et de prévention. L'INRETS s'est déjà particulièrement illustrée dans les études en biomécanique et sur les conséquences des accidents sur le corps humain, le LCPC dans l'étude des voies de circulation et des revêtements qui permettent de minimiser les risques d'accidents, notamment en cas d'intempéries. Ces recherches s'accompagneront d'actions pilotes incluant les responsables locaux et l'organisation d'une éducation/formation à la conduite.
véhicule propre, économe et sûr
L'accent de ces recherches sera mis sur la maîtrise globale de l'efficacité énergétique (motorisations classiques) et sur le développement de systèmes de propulsion alternatifs (hybrides, batteries, piles à combustibles). Le but est d'obtenir une réduction simultanée des émissions des gaz à effet de serre, des oxydes d'azote et des particules, ainsi que celles des nuisances sonores. Les technologies de l'information et de la communication permettront, ici, d'appuyer les travaux sur les interfaces homme/machine/infrastructures afin de dégager de nouveaux gisements de sécurité.
· véhicule intelligent et communicant Cette dernière thématique nécessitera également l'utilisation et l'intégration des TIC dans la conception de véhicules et de services liés aux transports terrestres. L'analyse des besoins et des potentiels entraînera l'élaboration d'outils d'intelligence des systèmes : capteurs, simulations, automatisations La validation des technologies, produits et systèmes développés sera systématiquement visée, dans le respect des règles de propriété industrielle.
Telles sont les thématiques définies pour ce nouveau PREDIT, grâce à votre réflexion collective et en conformité avec les objectifs du Gouvernement. Elles devront naturellement être approfondies en concertation avec les principaux acteurs, décideurs, industriels, chercheurs et experts. Mais elles constituent la base du premier appel d'offre qui sera lancé au début de l'année 2002.
Toutes ces actions devront s'articuler avec celles de nos partenaires européens
Pour que le dispositif national mis en place atteigne une véritable efficacité, il faut que ses orientations soient intégrées dans le contexte européen, dont les différents Etats connaissent des situations comparables : croissance de la mobilité, attentes des citoyens en matière de sécurité et d'environnement.
Le secteur des transports représente 5 % du PNB européen, et 10 % de l'emploi. Son impact économique est donc fort, et la concurrence avec les Etats-Unis et l'Asie nécessite une mutualisation des recherches permettant d'atteindre la taille critique devenue nécessaire.
Le 5ème PCRD, dont la France avait soutenu la composition, comprenait un programme spécifique, "Croissance compétitive et durable", avec trois actions clés dédiées aux transports : "Mobilité durable et intermodalité", "Technologies pour les transports terrestres et maritimes", Nouvelles perspectives pour l'aéronautique".
Le ministère de la recherche, en accord avec les autres ministères concernés, a publié le 14 décembre 2000, à la fin de la Présidence française, un mémorandum sur la préparation du 6ème PCRD. Il y confirme son intérêt pour une véritable politique de recherche européenne tournée vers la construction d'un Espace européen de la recherche et fondée sur la coordination des politiques nationales : les systèmes de transport et les technologies associées aux moyens de transport terrestres, maritimes ou aériens y ont été présentés comme l'un des axes stratégiques de recherche que la France souhaitait y voir inclus.
Parallèlement, dans le cadre d'une enquête de la Commission sur les programmes nationaux relatifs aux transports, la France a fait apparaître le programme PREDIT. C'est un des moyens mis en uvre pour préparer l'ouverture du PREDIT à d'éventuels partenaires européens. Nous sommes en effet suffisamment armés maintenant pour offrir à l'Europe un niveau de recherche et d'organisation capable de générer des actions communes et exploitables pour que l'Union soit en position de leader dans la recherche sur les transports. Les contacts déjà pris entre le PREDIT et son homologue allemand, MOBILITAT, sont une première étape pour le développement, que nous souhaitons voir s'accélérer, des partenariats entre les différents programmes nationaux de recherche, dans tous les domaines.
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Le passage du PREDIT 2 au prochain PREDIT s'effectue donc sans rupture. Le programme à venir, conforté par les résultats déjà obtenus, se concentrera plus précisément sur nos objectifs prioritaires : une organisation et une gestion des transports qui relèvent les défis posés par la société d'aujourd'hui, dans un contexte européen.
Cette configuration évolutive, nous avons tenu, mon collègue Jean-Claude Gayssot et moi-même, à la présenter ensemble. J'en ai tracé la direction " recherche ". Je laisse à Jean-Claude Gayssot le soin de la développer par une approche que je sais complémentaire à la mienne.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 18 jun 2001)