Texte intégral
J.-P. Elkabbach.- Tout l'été, on va vous a vu en effet, on vous voit présent dans toute la France. Vous voulez rassurer, est-ce qu'au contraire, vous n'avez pas souligné la montée des violences, est-ce que vous n'inquiétez pas davantage ?
Non. Moi je veux tout simplement assurer la protection de nos compatriotes, qui aspirent dans leur immense majorité à vivre tranquillement, à vivre paisiblement, à vivre en sécurité. C'est la mission que m'a confiée le président de la République, et je m'y attelle avec à la fois méthode, détermination, et même d'ailleurs obstination.
Le contraire serait surprenant de votre part... Mais est-ce que la politique dite sécuritaire ne génère pas ou ne provoque pas au contraire de l'insécurité aujourd'hui en France ?
Non, la réalité, là aussi, elle est très simple. Il y a une réalité des chiffres, nous avons engagé des actions fortes, spécifiques, à chaque problème, à chaque défi, il y a une réponse ciblée, cela va de la délinquance du quotidien - nous avons inversé la tendance sur les cambriolages par exemple cette année - jusqu'au grand défi que constitue le fléau du trafic des stupéfiants. Dans tous ces domaines, tous sans exception, nous obtenons des résultats, et même dans les atteintes aux intégrités physiques, qui sont le point noir de toutes les démocraties industrielles, nous avons réussi à casser la spirale infernale de cette hausse.
Ce n'est pas ce que pense la gauche....
En l'occurrence, ça m'est égal ce qu'elle pense, puisque c'est la réalité des chiffres. Donc elle peut penser ce qu'elle veut. Elle devrait au contraire s'associer au succès que nous sommes en train de rencontrer, il y a une réalité, ça s'améliore, ça ne veut pas dire que tout est réglé, certainement pas, mais ça veut tout simplement que notre pays est aujourd'hui un des pays les plus sûr du monde.
Vous êtes content de vous alors ?
Non, je dis simplement que je constate un fait, et cela ne fait que renforcer ma détermination à aller plus loin.
Le Parti socialiste fait naturellement son job d'opposant, bientôt vous entendrez M. Aubry à La Rochelle. Vous, vous vous en prenez à la gauche milliardaire et aux biens pensants, l'argument est un peu court. Qui visez-vous B. Hortefeux ?
Je pense certainement au même que vous, mais en réalité c'est très simple... Qui, qui ? La réalité est très simple, c'est que c'est vrai que je suis quand même un peu stupéfait de la distance qui existe entre la générosité des mots et l'égoïsme de l'inaction. Parce que c'est assez facile pour un tout petit milieu, tout petit, petit, milieu médiatico-parisien, qui emploie des mots extrêmement forts, et qui ont été par exemple, s'agissant des Roms - puisque c'est la question que vous évoquiez, qu'était évoquée par eux, s'agissant des Roms - ne s'émeuvent absolument pas qu'il n'y ait aucune aire d'accueil qui soit installée à Paris en bas de chez eux. Qu'ils donnent donc leur adresse, puisque ça ne pose aucun problème, et on pourra demander à ce qu'il ait des aires en bas de chez eux ! La réalité, c'est très simple, c'est qu'il y a un petit milieu qui considère que pour eux, il n'y a absolument pas besoin de changer quoi que ce soit, mais qu'en revanche, les installations des camps et autres, c'est bon pour les autres.
Et le Pape Benoît XVI est ce qu'il fait partie des biens pensants ?
Non. J'ai entendu naturellement avec attention ce qu'a exprimé le Pape, d'ailleurs aussi l'archevêque d'Aix-en-Provence, et un prêtre.
Vous comprenez qu'il soit préoccupé, inquiet ?
Je suis ministre des Cultes, et j'ai un dialogue permanent et d'ailleurs respectueux et fructueux, avec l'ensemble des religions, ce qui doit être le cas dans une République laïque. Je n'oublie pas que la religion catholique est la première religion de France.
Alors ?
Ça signifie tout simplement que si certains souhaitent me rencontrer, moi je serai tout à fait heureux de le faire, pour écouter ce qu'ils ont à me dire, et aussi de ma part pour rappeler que nous agissons d'abord sur un problème, qui n'est pas un problème uniquement français, qui est un problème européen. Deuxièmement, nous agissons dans le cadre de textes qui sont prévus par la Commission européenne, notamment une directive de 2004. Et troisième élément, que sommes aussi respectueux des droits individuels, puisque s'agissant des Roms, nous les reconduisons dans leur pays sur la base du volontariat et avec un concours financier. Je réponds très précisément à votre question : je suis donc tout à fait disposé à recevoir s'ils le souhaitent le président de la Conférence épiscopale, le cardinal Vingt-Trois, accompagné de ceux qu'il souhaitera.
Combien de Roms vous avez reconduit en Roumanie, en Bulgarie jusqu'ici ?
Aujourd'hui, il y a 88 camps qui ont été démantelés, il y aura 850 Roms environ qui seront reconduits, encore une fois, sur la base du volontariat et avec un concours financier, un concours financier pour une fois, ce n'est pas le jeu de la case départ, c'est-à-dire que l'on reçoit une aide, une aide importante pour une fois, et si jamais il y en a qui reviennent, ils ne la toucheront plus.
Ils reviendront, c'est sans fin...
Non, là aussi, les enquêtes démontrent qu'ils ne reviennent pas pour la plupart. Mais en tout cas, ceux qui avaient l'idée de revenir et de toucher encore fois l'aide au retour, il faut savoir que c'est valable une fois.
Pourquoi cette obsession de détruire des camps illégaux et d'expulser les Roms ? Est-ce qu'ils sont responsables de la délinquance ?
D'abord, moi je ne stigmatise pas une communauté. Il y a une réalité simple dans notre pays, c'est que l'on doit respecter les lois, et la loi prévoit qu'il y est interdit d'occuper de manière illégale des aires...
Mais est-ce qu'il y a une corrélation entre leur présence et l'augmentation de la délinquance et de la violence ?
J'observe par exemple, que, en 2009, par rapport à 2008, la délinquance des membres de nationalité roumaine - je ne stigmatise pas une communauté, j'ai dit membres de la nationalité roumaine - a augmenté à Paris de 138 %. Est-ce que vous vous voudriez que je fasse comme si ce n'était pas le cas, que je ne vois rien, que je n'entende rien, que ne dise rien, et surtout que je ne fasse rien ? Eh bien ce n'est pas du tout mon intention.
Toute l'Europe, malheureusement, chasse les Roms ; vous, vous allez recevoir après-demain les ministres de Roumanie, place Beauvau, chez vous, qu'est-ce que vous allez leur demander ?
Oui, je les recevrai avec le ministre de l'Immigration et le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, E. Besson et P. Lellouche. Je vais leur demander tout simplement d'aider à la réinstallation chez eux, dans leur pays, des membres de cette communauté. La France fait un effort, la Commission européenne doit encourager, accompagner, renforcer cet effort, mais il appartient naturellement aux autorités roumaines d'accompagner cet effort. Et c'est tout le sens du dialogue que je souhaite engager avec eux
Le prêtre qui vous a renvoyé sa médaille de l'Ordre du Mérite, qu'est-ce que vous allez en faire ?
Mais moi j'ai dit que je recevrai avec plaisir le président de la Conférence épiscopale, le cardinal Vingt-Trois, il viendra avec tous ceux qui le souhaitent. J'observe d'ailleurs que ce prêtre, après s'être exprimé sans doute un peu de manière excessive, est revenu sur ses propos, ce en quoi il a bien fait.
Il a reproché à la France, pays des Lumières et des droits de l'Homme, de devenir xénophobe, intolérante, irrespectueuse des droits de l'Homme... Est-ce que vous pouvez rester indifférent ?
Mais bien sûr qu'on n'est pas indifférents à de telles formulations. D'abord, j'observe que ce que vous évoquez n'a pas été prononcé du tout officiellement, parce que c'est parti d'une déclaration de collaborateurs d'une commission des Nations unies, il n'y a pas eu du tout de formule de jugement, de condamnation, naturellement, ce ne sont que des commentaires. La réalité est très simple : nous agissons dans le cadre des lois, nous agissons dans le cadre des textes, nous agissons dans le cadre des règlements. Encore une fois, dans notre pays, il y a des règles...
Eh bien, nous allons prendre un autre exemple...
Et ces règles, nous faisons en sorte qu'elles soient respectées.
Vous avez promis pour la fin août, dans quelques jours, des textes précis sur la déchéance de la nationalité française. Qu'est-ce que vous allez proposer ? Parce que ce qui a été dit à Grenoble a choqué, est-ce que les annonces seront nuancées ou renforcées ?
D'abord, première erreur : ce qui a été dit par le président de la République a Grenoble n'a absolument pas choqué, c'est au contraire des propos qui ont rassemblé, et je me suis effectivement déplacé depuis le mois d'août à peu près partout, j'ai vu les enquêtes d'opinion, ce sont des propositions qui rassemblent les Français et qui rassemblent à juste titre.
Donc vous allez continuer ?
Nous allons nous appuyer sur un texte qui existe déjà, puisque la déchéance de nationalité existe déjà, c'est l'article 25 du code civil, et nous allons prolonger, améliorer, renforcer ce dispositif à l'égard de différentes catégories, ceux qui pratiquent l'excision, ceux qui pratiquent la traite des êtres humains, ceux qui pratiquent la polygamie de fait, et ceux qui portent atteinte physiquement aux détenteurs de l'autorité publique, c'est-à-dire des policiers et gendarmes, mais aussi par exemple les magistrats. Voilà l'objectif.
Vous allez créer des apatrides...
Précisément non, puisque le dispositif, qui existe d'ailleurs déjà dans la loi et que nous ne remettons bien évidemment pas en cause, prévoit que ce dispositif ne s'applique pas à ceux qui seraient apatrides.
Mais vous savez que parler de Français d'origine étrangère a des relents nauséabonds d'autrefois. On ne sait plus aujourd'hui ce qu'est un Français.
Être Français, c'est à la fois des droits mais aussi des devoirs, il faut bien comprendre que ce sont les deux.
Eh bien justement, l'article 25 du code civil que j'ai sous les yeux dit que si un individu est condamné pour un acte qualifié de crime ou de délit constituant une atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation, il peut avoir la déchéance de la nationalité. Est- ce que les expatriés fiscaux sont concernés ? Est-ce qu'ils sont de bons français ?
D'abord, c'est un dispositif, la déchéance, qui existait, qui n'a pas d'ailleurs été remis en cause par François Mitterrand pendant quatorze années de sa présidence, c'est sans doute dire que ce n'est pas aussi liberticide. Nous agissons, encore une fois, dans le respect des droits individuels. Vous me parlez des exilés fiscaux, bien évidemment, nous souhaitons qu'ils reviennent sur le territoire national, c'est tout le sens de la politique fiscale incitative du Gouvernement. Mais on ne peut pas à la fois dénoncer les expatriés fiscaux, et finalement les décourager de revenir. Il faut là aussi une certaine cohérence.
Pendant l'été, on a noté qu'Al-Qaïda Maghreb s'en est pris à la France et à son Président. Est-ce que la menace a augmenté, est-ce que vous prenez au sérieux cette menace ?
La menace est réelle et confirmée, et notre vigilance est constante. Je suis avec attention tout ce qui a été dit, déclaré, écrit sur certains forums, deux messages notamment, à la mi-août, m'ont préoccupé. Donc je confirme que cette menace est réelle, à la fois sur les intérêts français extérieurs mais aussi, naturellement, sur le territoire national. Vigilance totale.
Tout à l'heure, on parlait de remaniement. Est-ce que vous resterez à l'Intérieur, est-ce que vous partirez ou est-ce que vous irez à Matignon ?
Généralement, vous êtes un homme informé, donc je vais vous poser la question hors studio.
Merci B. Hortefeux.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 24 août 2010
Non. Moi je veux tout simplement assurer la protection de nos compatriotes, qui aspirent dans leur immense majorité à vivre tranquillement, à vivre paisiblement, à vivre en sécurité. C'est la mission que m'a confiée le président de la République, et je m'y attelle avec à la fois méthode, détermination, et même d'ailleurs obstination.
Le contraire serait surprenant de votre part... Mais est-ce que la politique dite sécuritaire ne génère pas ou ne provoque pas au contraire de l'insécurité aujourd'hui en France ?
Non, la réalité, là aussi, elle est très simple. Il y a une réalité des chiffres, nous avons engagé des actions fortes, spécifiques, à chaque problème, à chaque défi, il y a une réponse ciblée, cela va de la délinquance du quotidien - nous avons inversé la tendance sur les cambriolages par exemple cette année - jusqu'au grand défi que constitue le fléau du trafic des stupéfiants. Dans tous ces domaines, tous sans exception, nous obtenons des résultats, et même dans les atteintes aux intégrités physiques, qui sont le point noir de toutes les démocraties industrielles, nous avons réussi à casser la spirale infernale de cette hausse.
Ce n'est pas ce que pense la gauche....
En l'occurrence, ça m'est égal ce qu'elle pense, puisque c'est la réalité des chiffres. Donc elle peut penser ce qu'elle veut. Elle devrait au contraire s'associer au succès que nous sommes en train de rencontrer, il y a une réalité, ça s'améliore, ça ne veut pas dire que tout est réglé, certainement pas, mais ça veut tout simplement que notre pays est aujourd'hui un des pays les plus sûr du monde.
Vous êtes content de vous alors ?
Non, je dis simplement que je constate un fait, et cela ne fait que renforcer ma détermination à aller plus loin.
Le Parti socialiste fait naturellement son job d'opposant, bientôt vous entendrez M. Aubry à La Rochelle. Vous, vous vous en prenez à la gauche milliardaire et aux biens pensants, l'argument est un peu court. Qui visez-vous B. Hortefeux ?
Je pense certainement au même que vous, mais en réalité c'est très simple... Qui, qui ? La réalité est très simple, c'est que c'est vrai que je suis quand même un peu stupéfait de la distance qui existe entre la générosité des mots et l'égoïsme de l'inaction. Parce que c'est assez facile pour un tout petit milieu, tout petit, petit, milieu médiatico-parisien, qui emploie des mots extrêmement forts, et qui ont été par exemple, s'agissant des Roms - puisque c'est la question que vous évoquiez, qu'était évoquée par eux, s'agissant des Roms - ne s'émeuvent absolument pas qu'il n'y ait aucune aire d'accueil qui soit installée à Paris en bas de chez eux. Qu'ils donnent donc leur adresse, puisque ça ne pose aucun problème, et on pourra demander à ce qu'il ait des aires en bas de chez eux ! La réalité, c'est très simple, c'est qu'il y a un petit milieu qui considère que pour eux, il n'y a absolument pas besoin de changer quoi que ce soit, mais qu'en revanche, les installations des camps et autres, c'est bon pour les autres.
Et le Pape Benoît XVI est ce qu'il fait partie des biens pensants ?
Non. J'ai entendu naturellement avec attention ce qu'a exprimé le Pape, d'ailleurs aussi l'archevêque d'Aix-en-Provence, et un prêtre.
Vous comprenez qu'il soit préoccupé, inquiet ?
Je suis ministre des Cultes, et j'ai un dialogue permanent et d'ailleurs respectueux et fructueux, avec l'ensemble des religions, ce qui doit être le cas dans une République laïque. Je n'oublie pas que la religion catholique est la première religion de France.
Alors ?
Ça signifie tout simplement que si certains souhaitent me rencontrer, moi je serai tout à fait heureux de le faire, pour écouter ce qu'ils ont à me dire, et aussi de ma part pour rappeler que nous agissons d'abord sur un problème, qui n'est pas un problème uniquement français, qui est un problème européen. Deuxièmement, nous agissons dans le cadre de textes qui sont prévus par la Commission européenne, notamment une directive de 2004. Et troisième élément, que sommes aussi respectueux des droits individuels, puisque s'agissant des Roms, nous les reconduisons dans leur pays sur la base du volontariat et avec un concours financier. Je réponds très précisément à votre question : je suis donc tout à fait disposé à recevoir s'ils le souhaitent le président de la Conférence épiscopale, le cardinal Vingt-Trois, accompagné de ceux qu'il souhaitera.
Combien de Roms vous avez reconduit en Roumanie, en Bulgarie jusqu'ici ?
Aujourd'hui, il y a 88 camps qui ont été démantelés, il y aura 850 Roms environ qui seront reconduits, encore une fois, sur la base du volontariat et avec un concours financier, un concours financier pour une fois, ce n'est pas le jeu de la case départ, c'est-à-dire que l'on reçoit une aide, une aide importante pour une fois, et si jamais il y en a qui reviennent, ils ne la toucheront plus.
Ils reviendront, c'est sans fin...
Non, là aussi, les enquêtes démontrent qu'ils ne reviennent pas pour la plupart. Mais en tout cas, ceux qui avaient l'idée de revenir et de toucher encore fois l'aide au retour, il faut savoir que c'est valable une fois.
Pourquoi cette obsession de détruire des camps illégaux et d'expulser les Roms ? Est-ce qu'ils sont responsables de la délinquance ?
D'abord, moi je ne stigmatise pas une communauté. Il y a une réalité simple dans notre pays, c'est que l'on doit respecter les lois, et la loi prévoit qu'il y est interdit d'occuper de manière illégale des aires...
Mais est-ce qu'il y a une corrélation entre leur présence et l'augmentation de la délinquance et de la violence ?
J'observe par exemple, que, en 2009, par rapport à 2008, la délinquance des membres de nationalité roumaine - je ne stigmatise pas une communauté, j'ai dit membres de la nationalité roumaine - a augmenté à Paris de 138 %. Est-ce que vous vous voudriez que je fasse comme si ce n'était pas le cas, que je ne vois rien, que je n'entende rien, que ne dise rien, et surtout que je ne fasse rien ? Eh bien ce n'est pas du tout mon intention.
Toute l'Europe, malheureusement, chasse les Roms ; vous, vous allez recevoir après-demain les ministres de Roumanie, place Beauvau, chez vous, qu'est-ce que vous allez leur demander ?
Oui, je les recevrai avec le ministre de l'Immigration et le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, E. Besson et P. Lellouche. Je vais leur demander tout simplement d'aider à la réinstallation chez eux, dans leur pays, des membres de cette communauté. La France fait un effort, la Commission européenne doit encourager, accompagner, renforcer cet effort, mais il appartient naturellement aux autorités roumaines d'accompagner cet effort. Et c'est tout le sens du dialogue que je souhaite engager avec eux
Le prêtre qui vous a renvoyé sa médaille de l'Ordre du Mérite, qu'est-ce que vous allez en faire ?
Mais moi j'ai dit que je recevrai avec plaisir le président de la Conférence épiscopale, le cardinal Vingt-Trois, il viendra avec tous ceux qui le souhaitent. J'observe d'ailleurs que ce prêtre, après s'être exprimé sans doute un peu de manière excessive, est revenu sur ses propos, ce en quoi il a bien fait.
Il a reproché à la France, pays des Lumières et des droits de l'Homme, de devenir xénophobe, intolérante, irrespectueuse des droits de l'Homme... Est-ce que vous pouvez rester indifférent ?
Mais bien sûr qu'on n'est pas indifférents à de telles formulations. D'abord, j'observe que ce que vous évoquez n'a pas été prononcé du tout officiellement, parce que c'est parti d'une déclaration de collaborateurs d'une commission des Nations unies, il n'y a pas eu du tout de formule de jugement, de condamnation, naturellement, ce ne sont que des commentaires. La réalité est très simple : nous agissons dans le cadre des lois, nous agissons dans le cadre des textes, nous agissons dans le cadre des règlements. Encore une fois, dans notre pays, il y a des règles...
Eh bien, nous allons prendre un autre exemple...
Et ces règles, nous faisons en sorte qu'elles soient respectées.
Vous avez promis pour la fin août, dans quelques jours, des textes précis sur la déchéance de la nationalité française. Qu'est-ce que vous allez proposer ? Parce que ce qui a été dit à Grenoble a choqué, est-ce que les annonces seront nuancées ou renforcées ?
D'abord, première erreur : ce qui a été dit par le président de la République a Grenoble n'a absolument pas choqué, c'est au contraire des propos qui ont rassemblé, et je me suis effectivement déplacé depuis le mois d'août à peu près partout, j'ai vu les enquêtes d'opinion, ce sont des propositions qui rassemblent les Français et qui rassemblent à juste titre.
Donc vous allez continuer ?
Nous allons nous appuyer sur un texte qui existe déjà, puisque la déchéance de nationalité existe déjà, c'est l'article 25 du code civil, et nous allons prolonger, améliorer, renforcer ce dispositif à l'égard de différentes catégories, ceux qui pratiquent l'excision, ceux qui pratiquent la traite des êtres humains, ceux qui pratiquent la polygamie de fait, et ceux qui portent atteinte physiquement aux détenteurs de l'autorité publique, c'est-à-dire des policiers et gendarmes, mais aussi par exemple les magistrats. Voilà l'objectif.
Vous allez créer des apatrides...
Précisément non, puisque le dispositif, qui existe d'ailleurs déjà dans la loi et que nous ne remettons bien évidemment pas en cause, prévoit que ce dispositif ne s'applique pas à ceux qui seraient apatrides.
Mais vous savez que parler de Français d'origine étrangère a des relents nauséabonds d'autrefois. On ne sait plus aujourd'hui ce qu'est un Français.
Être Français, c'est à la fois des droits mais aussi des devoirs, il faut bien comprendre que ce sont les deux.
Eh bien justement, l'article 25 du code civil que j'ai sous les yeux dit que si un individu est condamné pour un acte qualifié de crime ou de délit constituant une atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation, il peut avoir la déchéance de la nationalité. Est- ce que les expatriés fiscaux sont concernés ? Est-ce qu'ils sont de bons français ?
D'abord, c'est un dispositif, la déchéance, qui existait, qui n'a pas d'ailleurs été remis en cause par François Mitterrand pendant quatorze années de sa présidence, c'est sans doute dire que ce n'est pas aussi liberticide. Nous agissons, encore une fois, dans le respect des droits individuels. Vous me parlez des exilés fiscaux, bien évidemment, nous souhaitons qu'ils reviennent sur le territoire national, c'est tout le sens de la politique fiscale incitative du Gouvernement. Mais on ne peut pas à la fois dénoncer les expatriés fiscaux, et finalement les décourager de revenir. Il faut là aussi une certaine cohérence.
Pendant l'été, on a noté qu'Al-Qaïda Maghreb s'en est pris à la France et à son Président. Est-ce que la menace a augmenté, est-ce que vous prenez au sérieux cette menace ?
La menace est réelle et confirmée, et notre vigilance est constante. Je suis avec attention tout ce qui a été dit, déclaré, écrit sur certains forums, deux messages notamment, à la mi-août, m'ont préoccupé. Donc je confirme que cette menace est réelle, à la fois sur les intérêts français extérieurs mais aussi, naturellement, sur le territoire national. Vigilance totale.
Tout à l'heure, on parlait de remaniement. Est-ce que vous resterez à l'Intérieur, est-ce que vous partirez ou est-ce que vous irez à Matignon ?
Généralement, vous êtes un homme informé, donc je vais vous poser la question hors studio.
Merci B. Hortefeux.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 24 août 2010