Entretien de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, avec le quotidien "Aujourd'hui en France" le 18 septembre 2010, sur la perception à l'étranger de la politique française à l'égard des Roms.

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Média : Aujourd'hui en France

Texte intégral

Q - Notre sondage montre que les Français sont très sensibles aux critiques. Comment justifier à l'extérieur la politique de la France ?
R - Gouverner, c'est aussi expliquer ses choix. Encore et toujours. Il faut donc continuer à le faire auprès de nos partenaires européens. L'immense majorité comprend et partage la nécessité de voir l'Europe contribuer à l'insertion des Roms, en priorité dans leur pays d'origine. Il existe déjà des fonds européens : ils doivent être mieux utilisés. Nous demandons la mobilisation accrue de l'Union européenne.
Q - Le gouvernement ne doit-il pas modifier sa politique ?
R - La politique française est conforme à notre législation nationale et européenne. Lorsqu'il y a des campements illégaux, il est normal de procéder à leur évacuation. Lorsque des étrangers ne respectent pas le droit de séjour, il est également de notre devoir d'appliquer les lois françaises et européennes. Toutes ces décisions sont prises sous le contrôle du juge. Régler ce problème prendra du temps. Je connais bien le dossier : déjà en tant qu'humanitaire, je me suis préoccupé de la situation des Roms. Dès 2008, lors de notre Présidence de l'Union européenne, nous avons mis ce sujet sur la table et organisé le premier sommet sur les Roms à Paris.
Q - Mais la France n'est-elle pas en train de s'isoler ?
R - Je voyage beaucoup et je vous assure que parler d'isolement de la France ne correspond en rien à la réalité. Avec nos partenaires et nos alliés, nous avons été à l'initiative face aux grandes crises : pour déployer une solidarité exemplaire envers Haïti ; pour venir en appui aux pays menacés par le terrorisme au Sahel avec l'aide de nos partenaires européens ; pour lutter contre la piraterie au large des côtes somaliennes ; pour favoriser une reprise d'un dialogue direct entre Israéliens et Palestiniens... Avec le président de la République, nous menons une diplomatie résolue et juste.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 septembre 2010