Déclaration de M. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication, sur la stratégie de développement durable du ministère de la culture et l'utilisation de bois certifié dans les projets architecturaux, Paris le 28 septembre 2010.

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Circonstance : Lancement du 1er cycle de sensibilisation à l'utilisation du bois légal et certifié dans les écoles nationales supérieures d'architecture à Paris le 28 septembre 2010

Texte intégral

Monsieur le Président,
Cher Jean Nouvel,
Monsieur le Président de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, cher François de Mazières,
Monsieur le Directeur général des Patrimoines, cher Philippe Bélaval,
Monsieur le directeur chargé de l’Architecture, cher Jean Gautier,
Monsieur le Délégué général pour la lutte contre la déforestation et la désertification, cher Bastien Sachet,
Mesdames et Messieurs les Directeurs des écoles nationales supérieures d’architecture,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
En me sollicitant pour ce partenariat avec les écoles nationales supérieures d'architecture, vous m'offrez, Monsieur le Président, une très belle occasion de mieux inscrire les enjeux d'équilibres économiques et sociaux au coeur des préoccupations du Ministère de la Culture. C’est en effet sur ces enjeux que se joue, pour une grande part, la responsabilité de nos architectes d'aujourd'hui et de demain.
La Fondation Chirac engage des actions qui constituent désormais une référence pour la conduite des politiques publiques en faveur d'un développement maîtrisé de nos ressources communes. Elle apporte, aux côtés des nombreuses règlementations nécessaires, issues des Grenelle de l'environnement, un souci de l'homme dans son milieu culturel que je ne peux que partager.
Il est à coup sûr indispensable de fixer de nouvelles règles d'usage de nos énergies, de nos modes de transport, de notre consommation, de nos manières souvent dispendieuses d'utiliser nos ressources. Mon Ministère, comme les autres, s’y attelle – en commençant par une sensibilisation quotidienne en son sein pour favoriser les économies d'énergie, le tri sélectif et l'utilisation des consommables, le papier en premier lieu.
Le développement durable constitue en effet un fil rouge majeur des missions de mon Ministère. Le patrimoine, l’architecture, la diversité culturelle, l’accès aux savoirs et à l’information, ont été identifiés comme des domaines déterminants de la stratégie nationale de développement durable 2010-2013. Ils nécessitent une évolution de notre modèle de société vers une économie verte et équitable, à la fois sobre en ressources naturelles et décarbonée, mais capable aussi d’intégrer les dimensions humaines et sociales.
À ce titre, j'ai souhaité que mon Ministère se dote d'une véritable stratégie de développement durable. Depuis plusieurs mois, mon administration, les DRAC et les établissements publics sont mobilisés pour en dessiner les grandes orientations. Je souhaite les mettre en débat avec toutes nos parties prenantes : collectivités territoriales, associations, institutions et industries culturelles, organisations professionnelles, acteurs privés actifs en faveur du développement durable. À cette fin, je les accueillerai le 30 septembre prochain, aux côtés de Chantal Jouanno, à l'Ecole d'architecture de Paris-Belleville, pour un grand forum "Culture et développement durable", auquel vous êtes chaleureusement conviés.
Plus encore, je souhaite surtout inscrire mon action dans une démarche citoyenne qui ne dénie à l'homme ni son confort, ni ses espoirs d'amélioration de son habitat et de ses modes de vie.
Ce qui à mes yeux se joue au coeur des débats complexes sur la maîtrise de notre développement, c'est avant tout la qualité de vie de chacun, tant dans son espace privé que dans ses échanges culturels et sociaux et ses conditions de travail.
Au fond, et je le dis sans angélisme, tout ce que recouvre le développement durable - dont on dit parfois qu'il est une incantation facile - tient dans une exigence de responsabilité : celle de l'attention à l'autre. L’autre, c’est celui qui travaille, celui qui construit, celui qui habite, celui qui contribue à ces échanges.
En affirmant la nécessité de cette préoccupation pour l'autre, le partenariat engagé entre la Fondation Chirac et le Ministère de la Culture et de la Communication touche à l'un des fondements de l'enseignement de l'architecture et de l'activité des architectes. Ce partenariat judicieux répond à une conjoncture d'autant plus pertinente que l'on constate aisément le développement récent de l'utilisation du bois dans la production des architectes.
L'emploi de ce matériau, que l'on recherche volontiers exotique, implique une prise de conscience citoyenne de ses conditions d'exploitation.
Il ne s'agit certes pas d'instaurer une prescription dirigiste du bois comme unique ressource pour les architectes de notre XXIème siècle. Notre modernité dépend au contraire de l'anticipation des possibles dans la combinaison des matériaux, de l’audace dans leur utilisation plurielle.
Il est en revanche question de permettre aux architectes prescripteurs de cette matière noble d'en mesurer les conditions de production, et d’encourager le recours au bois certifié, exploité selon des règles respectueuses des enjeux de renouvellement durable des forêts et du respect des femmes et des hommes qui y travaillent.
Engager les 20 écoles nationales supérieures d'architecture placées sous la tutelle de mon ministère, est, dans ce contexte, une évidence.
Vos écoles se situent en effet au coeur des évolutions de nos modes de vivre ensemble.
Les écoles nationales supérieures d’architecture sont le lieu de l'acquisition de savoirs techniques. Elles vous donnent également les moyens d’acquérir ce savoir essentiel qui adapte les programmes aux usages des individus.
Leur qualité et leur capacité d'évolution s'appuient sur de vastes compétences pluridisciplinaires qui exigent une finalité humaine.
Vos enseignants, dont les architectes forment une part majoritaire, se sont ainsi mobilisés pour intégrer sous l’impulsion de la direction générale des patrimoines, de nouvelles exigences propres à notre siècle et aux conditions d'existence de nos concitoyens. L’objectif est de vous transmettre les savoirs de l'usage, du handicap, de la mise en oeuvre des matériaux suivant leur spécificité, des différentes échelles de construction qui font la ville.
Vos écoles sauront, j'en suis certain, être attentives aux exigences que la Fondation Chirac leur propose, et en appeler à une meilleure prise de conscience des étudiants architectes sur cet enjeu du bois certifié.
Mobilisés par mes soins avant l'été, les 20 écoles nationales supérieures d'architecture ne se contenteront pas d'accueillir les supports de sensibilisation que vous nous proposez. Elles s'attacheront à les inscrire dans leur pédagogie et leur recherche, en s'appuyant sur les enseignements spécialisés qui y sont donnés et dont certains se consacrent justement au bois.
Il ne s’agit pas ici d'un nouveau savoir, qui viendrait s’ajouter à tous ceux qui font la culture propre de l'architecte. C’est plutôt d’une finalité dont il est question : replacer le développement durable, non pas dans la seule logique du respect des normes et réglementations, mais dans une approche plus vaste qui fonde les choix de notre vie et de nos villes - à l'échelle solidaire non seulement de notre continent, mais de notre planète.
Je vous remercie.Source http://www.culture.gouv.fr, le 29 septembre 2010