Texte intégral
Mesdames et Messieurs, c'est pour moi un très grand plaisir de recevoir aujourd'hui à Paris mon collègue roumain Teodor Baconschi avec qui nous avons eu des entretiens très constructifs et un déjeuner fort agréable.
J'ai eu l'occasion de rappeler à Teodor Baconschi l'importance que j'attachais, personnellement, à la relation entre la France et la Roumanie et la priorité que lui donnait également le gouvernement français. Nous avons de nombreuses raisons de nous sentir très proches les uns des autres : des raisons historiques, des raisons très contemporaines, des raisons culturelles et linguistiques que vous connaissez tous. Nous avons aussi des raisons économiques puisque la France est très présente sur ce plan en Roumanie, qu'il s'agisse d'investissements ou de commerce. Nous avons fait un tour très complet de nos relations bilatérales qui sont tout à fait bonnes et des questions européennes également.
Nous avons bien entendu abordé la question très sensible de l'adhésion de la Roumanie à l'espace Schengen mais nous l'avons fait de façon amicale et sereine. J'ai rappelé deux ou trois points de la position française. Tout d'abord, qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, pour nous, la Roumanie a vocation à rejoindre l'Espace Schengen dès lors que toutes les conditions de cette adhésion seront remplies et nous la soutenons en ce sens. Nous constatons que des efforts considérables ont été réalisés par la Roumanie mais que nous ne sommes pas encore tout à fait, du point de vue français et du point de vue européen, au bout du chemin. Nous avons donc encore du travail pour que l'ensemble des conditions qui me paraissent indispensables soient réunies et nous allons le faire ensemble, dans le cadre européen, de façon à avancer le plus rapidement possible.
Je voudrais aussi insister sur le fait que cette relation franco-roumaine ne se réduit pas à la question de Schengen ; j'ai évoqué tout à l'heure nos relations économiques ou culturelles.
Nous avons aussi parlé des grands dossiers d'actualité sur lesquels nous nous retrouvons, notamment la Libye - et je remercie la Roumanie du soutien qu'elle a apporté à nos initiatives au Conseil européen ou dans les réunions internationales. Nous avons aussi parlé de l'Afghanistan où la Roumanie est fortement engagée sur le terrain.
Nous avons également abordé le voisinage proche de la Roumanie. J'ai assuré mon collègue que la France participerait pleinement à la prochaine rencontre du Groupe des amis de la Moldavie.
Enfin, nous avons évoqué un certain nombre de sujets proprement européens et constaté que, notamment sur les perspectives financières des prochaines années, nous sommes très proches en particulier dans notre volonté de préserver une politique agricole commune forte. Nous sommes dans un monde où l'agriculture est une richesse essentielle pour l'Europe mais également pour le monde ; ce serait donc une grave erreur que de diminuer les moyens que nous consacrons à cette Politique agricole commune.
Nous nous étions déjà rencontrés à Bruxelles et ailleurs. Mais cette fois, avec un peu plus de temps, nous avons pu, je crois, créer ou renforcer une relation très amicale et très dense entre deux grands pays européens très proches l'un de l'autre.
Q - Quels sont concrètement les critères que la Roumanie doit remplir, du point de vue de la France, pour accéder à l'Espace Schengen ?
R - Ce n'est pas le lieu pour énoncer l'ensemble de ces critères. Il y a un certain nombre de conditions qui doivent être remplies. J'ai salué les efforts qui ont été faits. Des mesures ont été prises : dans le domaine du fonctionnement de la Justice, des douanes... . Nous considérons qu'il y a encore des progrès à accomplir. Nous allons donc y travailler, à la fois en améliorant l'information bilatérale, comme le ministre vient de le dire, et puis, dans un cadre européen. Vous comprenez que ce n'est pas ici que nous allons mener cette négociation dans le détail.
Q - Avez-vous des informations sur la Côte d'Ivoire et la présence de proches de Laurent Gbagbo à l'ambassade de France ?
R - Vous imaginez bien que deux ministres des Affaires étrangères qui se rencontrent aujourd'hui ne peuvent pas ne pas parler de la Côte d'Ivoire, qui est un des sujets de préoccupation majeur. Je voudrais simplement rappeler à ce propos dans quel cadre exact la force française Licorne est intervenue.
Il y a eu une succession de résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies ; la dernière d'entre elles adoptée la semaine dernière à l'unanimité. Cette résolution demandait notamment à l'ONUCI de s'emparer des armes lourdes que le camp de Gbagbo utilisait contre les populations civiles. L'ONUCI s'est attaqué à cette tâche et a constaté que pour y parvenir elle avait besoin du soutien de la force française Licorne. Le Secrétaire général des Nations unies a donc demandé à la France le soutien de Licorne à l'accomplissement de la mission de l'ONUCI. Le président de la République a accepté d'apporter ce soutien. Un certain nombre d'interventions ont été réalisées dans la nuit pour neutraliser ces armes lourdes, comme les blindés ou d'autres armes de ce type.
Nous souhaitons aujourd'hui que Gbagbo ne s'entête pas. S'il y a des possibilités, encore aujourd'hui, de le voir quitter le pouvoir, nous y sommes prêts. Pour le reste, sur les rumeurs de la présence de tel ou tel à tel ou tel endroit, je n'en dirai pas plus à ce stade. Ce que nous souhaitons, c'est que les combats cessent le plus vite possible, que, bien sûr, Licorne revienne à sa position d'avant l'intervention de la nuit dernière et qu'un processus de réconciliation et de reconstruction de la Côte d'Ivoire, sous l'impulsion du président Alassane Ouattara, puisse être déclenché le plus vite possible.
Q - Etes-vous au courant de la négociation pour que Gbagbo parte ?
R - Je suis au courant.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 avril 2011