Déclaration de M. Thierry Mariani, secrétaire d'Etat chargé des transports, sur la politique d'accessibilité dans les transports, à Paris le 8 juin 2011.

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Circonstance : Conférence nationale du handicap, à Paris le 8 juin 2011

Texte intégral

1- Propos introductifs à la table ronde « accessibilité des transports et des espaces publics » de M. Thierry Mariani secrétaire d’état chargé des transports.
Je suis particulièrement heureux d’introduire cette table ronde dédiée aux enjeux de l’accessibilité dans le domaine des transports.
La mobilité constitue une des conditions essentielles de l’égalité des chances et de la participation à la vie de la Cité. Je sais aujourd’hui pouvoir compter sur la mobilisation de l’ensemble des opérateurs pour faire de l’accessibilité des transports un objectif partagé.
La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances constitue une avancée cruciale pour toute personne dont le handicap physique, sensoriel, mental, cognitif ou psychique est reconnu.
Un tel objectif requiert une forte mobilisation du ministère chargé des transports au titre de la « chaîne du déplacement », au coeur de la politique d’accessibilité.
Cette chaîne traverse le cadre bâti, la voirie, les espaces publics, les systèmes de transport et leur intermodalité. Mais elle illustre aussi une démarche volontariste qui requiert la mobilisation coordonnée de l’ensemble des acteurs. Elle consacre l’impératif de solidarité nationale qui concerne chaque opérateur, autorité organisatrice de transports, collectivités territoriales, élus !
Pour mettre en oeuvre les principes forts de la loi du 11 février 2005, l’Etat a veillé à construire le cadre réglementaire permettant aux acteurs de rendre accessibles les modes ferroviaire, aérien, maritime et les transports en commun par route, au profit de tous les handicaps : certes les personnes à motricité réduite mais aussi les personnes handicapées visuelles, auditives et mentales.
Nous avons à cet égard une obligation de résultat fixée par la loi, puisque ce dispositif prescrit que les services de transports collectifs devront être accessibles aux personnes handicapées et à mobilité réduite au plus tard le 12 février 2015.
S’ajoute à ces dispositions un objectif de moyens afin de profiter de toutes les opportunités pour améliorer l’accessibilité des infrastructures et du matériel roulant.
Les travaux réalisés sur les arrêts de bus ou dans les gares intègreront les prescriptions techniques d’accessibilité. L’ensemble des matériels roulants achetés, de même que les rénovations du matériel ferroviaire devront être conformes à cet objectif partagé.
La loi de 2005 a fixé aux autorités organisatrices de transports (AOT) un délai de 3 ans pour élaborer un schéma directeur d’accessibilité des transports collectifs. Les politiques volontaristes mises en oeuvre par les autorités organisatrices de transports et par les opérateurs consacrent d’ores et déjà quelques avancées significatives.
Ainsi, pour ce qui concerne la seule RATP, c’est un programme d’investissement de l’ordre de 150 millions qui a été prévu sur 3 ans avec le concours des collectivités et notamment du STIF, qu’il s’agisse du réseau de bus, du RER, du réseau métropolitain et des tramways.
La SNCF, quant à elle, s’est engagée dès 2006 à investir 500 millions d’euros en fonds propres pour la mise en accessibilité des gares et des trains sur une période de 10 ans. Ce travail de programmation s’est prolongé dans le cadre du schéma directeur d’accessibilité voté en 2008.
Ainsi, les 168 gares desservant les lignes nationales seront accessibles en 2015 et des actions sont menées avec les régions pour soutenir la mise en accessibilité avec assistance de 235 autres gares.
S’agissant du réseau transilien, la mise en accessibilité est d'ores et déjà engagée pour 60 gares et se poursuivra en 2012 pour mettre en accessibilité 400 gares supplémentaires.
S’ajoute à ces réalisations concrètes, le déploiement du service Accès Plus afin d’assurer une prestation d’accueil et d’accompagnement sans rupture depuis l’entrée de la gare de départ jusqu’à la sortie de la gare d’arrivée. Ce service est actuellement présent dans 360 gares et trouve son équivalent dans 51 gares du réseau transilien.
Pour ce qui concerne le matériel neuf, l’obligation d’accessibilité est intégrée aux appels d’offres de manière systématique.
Une politique active est également menée par RFF depuis 3 ans dans le cadre du contrat de performance signé avec l’Etat en 2008, prévoyant l’accessibilité de 250 gares sur la période 2008-2012, pour un investissement global de 450 millions d’euros.
De même, un référentiel de qualité de service au client, a été signé en 2007 par les gestionnaires d’aéroports et leurs partenaires : compagnies aériennes, prestataires et sous-traitants.
Air France a développé des formations spécifiques auprès de ses personnels qui concernent environ 15000 hôtesses et stewards afin de fournir une assistance directe aux publics concernés. Cet effort de formation concerne également la SNCF, RFF, la RATP, l’Union des transports publics et ferroviaires et la Fédération nationale des transports de voyageurs.
Il faudra amplifier cet effort afin d’assurer une application optimale des règlements européens qui nous engagent qu’il s’agisse des transports aériens, ferroviaires, fluviaux et maritimes.
Je souhaite évoquer un point essentiel de la politique d'accessibilité des transports : les transports collectifs en site propre (TCSP) qui constituent une mesure phare du Plan ville durable. Ces nouveaux transports urbains (bus à haut niveau de service, tramways) seront dotés de services performants d'information des voyageurs en temps réel, et d'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite.
Avec le deuxième appel à projets de TCSP lancé en 2010, l’Etat soutient 78 nouveaux projets, portés par 54 autorités organisatrices de transport. L’Etat consacre ainsi, dès 2011, 1,3 milliard d’euros à la mise en service de transports collectifs durables et performants, au plus près des besoins de chaque français. Alors que l’objectif était de créer en 15 ans 1500 km de lignes nouvelles, près de 1000 km de lignes seront construites ou mises en chantier d’ici la fin de l’année 2013 en comptant les 400 km du 1er appel à projets.
Je me réjouis du chemin parcouru depuis l’adoption de la loi de 2005, notamment grâce à la mise en place de l’Observatoire de l’accessibilité et de la conception universelle (OBIAÇU) et aux Journées territoriales de l’accessibilité (JTA) qui ont eu lieu dans chaque département en 2010. Si cette dynamique a permis de réaliser de véritables avancées, une nouvelle mobilisation des acteurs s’avère indispensable. Il convient d’harmoniser les bonnes pratiques et de combler certains retards sectoriels afin de passer à la phase suivante et de réaliser les travaux nécessaires pour respecter l’échéance de 2015.
Le ministère, conscient des enjeux, est fortement mobilisé et je veillerai à l’avancée des travaux.
Ainsi, le réseau scientifique et technique du ministère (CERTU et CETE) a produit plusieurs guides thématiques. Vous trouverez tous ces documents dans la clé USB qui vous sera remise en fin de conférence.
Ce travail au profit des maîtres d'ouvrage sera poursuivi. Les Journées territoriales de l'accessibilité qui ont réuni à l’initiative du ministère plus de 10 000 personnes en 2010 ont largement mis en évidence cette attente. L’Etat saura y répondre.
Avant de laisser la parole aux différents intervenants, je souhaiterais indiquer quelques points qui me tiennent particulièrement à coeur :
- l'importance pour les AOT de finaliser et de faire adopter leur Schéma Directeur d'Accessibilité.
- la nécessité de veiller à chaque étape d'un projet (conception, travaux et entretien/maintenance) à la mise en place d'une réelle concertation avec les associations de personnes handicapées.
- l'attente des usagers handicapés d'une montée en puissance de la formation des conducteurs d’autobus et d’autocars et des personnes en contact avec les usagers, aux besoins des personnes handicapées, tous handicaps confondus.
- l'intérêt pour le GART de créer un groupe de travail avec les AOT et les associations de personnes handicapées pour éclairer la politique ministérielle sur les orientations à retenir sur les services de transports spécialisés.
2- Propos conclusifs à la table ronde « accessibilité des transports et des espaces publics » de M. Thierry Mariani secrétaire d’état chargé des transports
En conclusion de cette table ronde, je souhaiterais vous annoncer des initiatives qui seront mises en oeuvre dès aujourd’hui pour répondre aux attentes des 3 instances de la politique du handicap et de l'accessibilité (le Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées – CNCPH -, l’Observatoire Interministériel de l’Accessibilité et de la Conception Universelle – Obiaçu - et l’Observatoire National sur la formation, la recherche et l’Innovation sur le Handicap -ONFRIH)
1) un chantier sur l'accessibilité et la sécurisation des cheminements des personnes déficientes visuelles, auditives et handicapées mentales sur la voie publique sera ouvert pour compléter les avancées réalisées en faveur des personnes en fauteuil roulant.
2) le réseau scientifique et technique poursuivra ses actions de production d'outils méthodologiques pour accompagner les maîtres d'ouvrage dans leur politique de mise en accessibilité de la Cité.
3) pour répondre à la demande du CNCPH et de l'Obiaçu, j'ai missionné mes services afin qu'ils préparent 2 fiches synthétiques nécessaires à la clarification des concepts que sont :
a. Les transports de substitution
b. La procédure de dépôt de plainte
Ces fiches sont dès aujourd'hui disponibles sur le site d'Internet du ministère.
4) je demande à l'Observatoire interministériel de l'accessibilité et de la conception universelle de suivre les avancées des opérateurs de transport, dans leur prise en charge des usagers handicapés, afin de poursuivre les travaux menés en 2010, à la suite de la table ronde sur les transports.
5) j'invite les opérateurs et les gestionnaires de transport et de voirie à répondre très nombreux à l'appel que nous avons lancé avec Nathalie Kosciusko-Morizet et Benoist Apparu pour recueillir de belles pratiques et bons usages en matière d'accessibilité dans la cité. Nous souhaitons réunir 500 réalisations exemplaires pour les valoriser et enrichir nos référentiels. Je vous donne rendez-vous en décembre pour vous présenter quelques unes de ces belles réalisations.
Enfin, la concertation avec les associations de personnes handicapées constitue une exigence cruciale qu’il convient de satisfaire non seulement dans la phase de diagnostic mais aussi dans l’élaboration des scénarios afin de prendre en compte de manière effective les différents types de handicaps et d’y apporter des réponses opérationnelles.
D’un point de vue méthodologique, il est indispensable de généraliser le retour d’expériences entre AOT et industriels afin d’intégrer des besoins nouveaux et d’utiliser toutes les innovations technologiques susceptibles d’améliorer qualitativement les réponses.
Seule la mutualisation des savoir-faire déployés par les différents acteurs permettra de généraliser de bonnes pratiques et d’optimiser cette politique publique d’accessibilité dans l’ensemble de la filière du transport.Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 10 juin 2011