Texte intégral
Madame la Maire-adjointe, représentant M. Jean-Claude ANTONINI, Maire dAngers (Mme Silvia Camara-Tombini, Adjointe à la jeunesse et à la citoyenneté, Adjointe du quartier des Hauts de Saint-Aubin),
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Préfet, Cher Richard SAMUEL,
Mmes et MM. les autorités académiques, et professeurs et élèves du collège Félix-Landreau,
Mesdames et Messieurs les présidents dassociations et représentants du Monde combattant,
Mesdames, Messieurs,
Jai beaucoup de plaisir à être des vôtres aujourdhui, et je me faisais la réflexion suivante à linstant. Mon déplacement à Angers, en ma qualité de Ministre chargée de lOutre-mer, et la chaleur de votre accueil me plongent dans une réalité trop souvent méconnue. Notre pays est immense et, il faut bien me dire, la France est un pays sur lequel le soleil ne se couche jamais totalement.
En ce moment même, nest-il pas 3h du matin, et donc presque laube à Tahiti ? Nes-t-il pas 9h du matin en Martinique, 17h à la Réunion, et déjà minuit en Nouvelle-Calédonie ? Et lorsque ce soir, il sera 23h pour nous tous, bien des habitants de Nouméa auront entamé leur journée de mardi, car il sera alors 8h, et le matin, en Nouvelle-Calédonie.
Cette France du monde, cette France qui étend les frontières de notre pays bien au-delà du seul continent européen doit être mieux connue.
Le Président de la République, M. Nicolas SARKOZY, en a fait lun des grands chantiers de son quinquennat. En novembre 2009, à lissue dun Conseil interministériel tenu au Palais de lElysée, il a en effet souhaité que 2011 soit lAnnée des Outre-mer. Une année dédiée à une meilleure connaissance des richesses humaines et naturelles de nos onze départements et territoires de la Caraïbe, dAmérique du sud, de lOcéan Indien, du Pacifique et des Terres antarctiques et australes françaises.
Les six mois qui viennent de sécouler incitent à loptimisme et à la détermination. Cette volonté politique est en passe dêtre atteinte et 2011 doit être lannée du changement du regard de lHexagone sur lOutre-mer et lannée du changement du regard de nos compatriotes dOutremer sur lHexagone.
Cest la raison de notre rencontre daujourdhui, ici, à Angers.
Après mes déplacements de ces dernières semaines à Bordeaux, pour célébrer les liens nouveaux de cette ville avec lOutre-mer, et à Lyon, pour rappeler que la traite, lesclavage et leurs abolitions sont notre histoire et un passé que nous devons connaître, parfois approfondir. Mais quils ne sont pas un temps dhistoire que nous devons nous condamner à porter comme une charge ou comme une douleur.
Aujourdhui, nous célébrons la part valeureuse de lOutre-mer dans les combats de la Seconde guerre mondiale. Daniel MAXIMIN, Commissaire chargé de lAnnée des Outre-mer, est à mes côtés et je len remercie vivement.
Je salue tout autant votre présence, Mme Marie-Claire NOSSOVITCH, en votre qualité de Directrice générale adjointe de lOffice national des Anciens combattants et victimes de guerre, et de représentante dune institution, gardienne de la Mémoire combattante de notre pays, et gardienne des hommages dus à ces femmes et à ces hommes qui ont été les fers de lance et les âmes despoir de notre pays quand tout paraissait le condamner.
La poignante exposition, "La Dissidence en Guadeloupe et en Martinique durant la Seconde guerre mondiale", qui vient de nous être présentée, met en lumière le discernement et lesprit précoce de dissidence qui vit le jour aux Antilles françaises dès lété 1940. Elle éclaire une page dhistoire largement méconnue et je remercie avec force mes collègues Claude GUEANT, Ministre de lIntérieur, et Gérard LONGUET, Ministre de la Défense et des Anciens Combattants, qui ont souhaité la résurgence de cette page dhistoire à travers une exposition et la présentation de celle-ci dans toutes les préfectures, et donc en tous points de notre territoire.
Lhistoire de ces Dissidents a le sens de lhistoire de ces jeunes gens, et de ces femmes et de ces hommes plus âgés de lHexagone, qui par courage, par clairvoyance et inspirés par une même lucidité extraordinaire refusèrent lOccupation, refusèrent lIgnoble et choisirent le parti de la Liberté et la cause de la Libération.
Leur histoire que nous découvrons aujourdhui est celle de femmes et dhommes qui en dépit des milliers de kilomètres, des océans et dangers qui les séparaient de la métropole, et en dépit de nouvelles qui arrivaient lentement, par bateau, ou, péniblement, sur des postes de radio crachotant, choisirent de se rallier à la voix dun homme, celle du Général de Gaulle.
Nous le savons de mieux en mieux aujourdhui. Les outre-mer réagirent très tôt et de manière tout à fait exceptionnelle.
Dès le 1er juillet 1940, lavocat guadeloupéen Paul VALENTINO montrait la voie en déclarant lors dune session extraordinaire du conseil général de la Guadeloupe "Français nous sommes, Français nous voulons rester, et si lAllemagne règne sur la métropole française, elle ne régnera pas en Guadeloupe, où nous saurons revendiquer les prérogatives que nous accorde la législation française".
Cette éloquence de combat ouvrira les voies de lengagement. Entre juin 1940 et 1943, des milliers de jeunes Antillais partiront rejoindre les troupes combattantes engagées en métropole.
Ils avaient pour nom Henri Hénélon, Guy Cornély, Passionise Tomé. Je ne citerai que ceux-là, car ils furent des milliers.
On les appela les "dissidents". Par groupe de 5 ou de 6, ils embarquèrent sur des embarcations de fortune, les "gommiers" et voguèrent sur le canal de La Dominique ou de Sainte-Lucie, la nuit, pour déjouer les patrouilles. Par cette traversée éprouvante et incertaine, ils voulaient échapper au déshonneur. Une fois arrivés dans les iles anglaises, ils firent état de leur volonté de sengager dans les forces françaises combattantes, puis partirent pour New-York et Fort-Dix, le plus vaste camp dentrainement des Etats-Unis.
Arrivés sur le sol de France, ils connaîtront certains des combats les plus durs dans des unités de renom. Ainsi, le 12 octobre 1943, le bataillon des Antilles n°1 au sein duquel beaucoup auront été enrôlés, débarquera à Casablanca pour être intégré dans la prestigieuse 1ère Division française Libre. Division qui fera toute la campagne de France, jusquaux frontières du Rhin. Et jusquà la victoire finale.
Au Tchad, au cours de cette même année, lancien gouverneur de la Guadeloupe, Félix Eboué, répondra lui aussi, à lappel de lhomme du 18 juin, et donnera une armée de plus à la France libre.
Le 29 janvier 1941, le Gouverneur Félix EBOUE recevra des mains du Général de Gaulle la croix de lOrdre de la Libération et il sera présenté comme le Premier résistant de la France doutre-mer.
Gaston Monnerville, membre du mouvement de Résistance Combat, sous le pseudonyme de "Saint-Just" en hommage à son oncle, et plus tard, Président du Conseil de la République puis du Sénat de 1947 à 1968, dira de lui, lors de son inhumation au Panthéon, en 1949 : " Cest un message dhumanité qui a guidé Félix Eboué, et nous tous, résistants doutre-mer, à lheure où le fanatisme bestial menaçait déteindre les lumières de lesprit et où, avec la France, risquait de sombrer la Liberté ".
En septembre 1940, la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie se rangeront du côté des forces françaises libres pour constituer le célèbre bataillon du Pacifique qui affrontera dans la gloire lAfrikakorps et les troupes italiennes en Afrique du Nord. Ce bataillon prendra part à tous les combats de la 1re Division française Libre (DFL) et notamment en Tunisie, en Italie, en Provence, dans la vallée du Rhône, dans les Vosges et en Alsace.
Le 28 mai 1945, le général de Gaulle lui décernera la croix de la Libération, avec cette citation : "Gardera dans lhistoire la gloire davoir représenté linfanterie coloniale sur les champs de bataille où les Forces françaises libres ont été les premières à reconquérir lHonneur."
Fin septembre 1940, les iles Wallis-et-Futuna rallieront à la France libre après une déclaration solennelle du roi de ces terres lointaines qui dira : " les soldats de la France libre peuvent compter sur mon loyalisme".
En 1942, ce sera, lépopée du ralliement de Saint-Pierre et Miquelon. LAmiral Muselier, commandant des forces navales françaises libres, sans prévenir et contre lavis des alliés, débarquera à Saint-Pierre, semparera des lieux stratégiques sans tirer un coup de feu et prendra possession de lArchipel au nom du général de Gaulle.
Ce jour là, 450 Saint-Pierrais et Miquelonnais dont une cinquantaine de jeunes femmes signeront un engagement pour la durée de la guerre. Ce sera le "service féminin de la Flotte". Le général de Gaulle dira lors dun voyage en 1967 : " Voici Saint-Pierre et Miquelon, qui fut soudain le symbole même et lenjeu de lindépendance de la France. Quelle émotion je ressens à vous voir ! Rendez les honneurs !".
Il faut aussi citer lile de la Réunion. Le 30 novembre 1942, à la suite du débarquement décidé par le contre-amiral Auboyneau, lile se ralliera officiellement et avec panache à la France libre.
Quelle succession dactes de courages et de bravoure !
Rappelons à cet égard, la brutalité sans nom de SORIN, Gouverneur vichyste de Guadeloupe, et de lAmiral ROBERT, en Martinique. Et rappelons aussi, la détermination inébranlable des forces vives de ces territoires, et de lOutre-Mer.
Le 24 juin 1943, débutait par exemple à Fort de France, une insurrection qui allait rétablir la République aux Antilles. Ce jour là, la population de Martinique refusa définitivement la défaite et larmistice de 1940 quil navait jamais acceptés. Cest cette insurrection qui fera définitivement basculer les Antilles dans le camp de la France libre.
M. le Préfet, Mme NOSSOVITCH, cest tout le propos de la magnifique exposition "La Dissidence en Guadeloupe et en Martinique ", qui vient de nous être présentée et qui a été réalisée par le Département de la Mémoire combattante de lOffice national des Anciens combattants et victimes de guerre.
Je salue dailleurs, Cher Daniel, le concours que tu as apporté au Comité scientifique en ta qualité dhommes de lettres et dhistoire et de Commissaire de lAnnée des Outre-mer.
Mesdames, messieurs, par leur participation exemplaire aux combats de la libération de la France, les ultramarins sont entrés dans la légende sacrée de la seconde guerre mondiale. Ils ont vécu et nous font vivre un destin commun. La Nation toute entière honore leurs choix et leurs sacrifices.
Cest dans de tels engagements au service de la France que les mots "Liberté, Fraternité et Egalité" prennent tout leur sens et toute leur dimension.
Ils étaient des combattants de la paix, des combattants animés par cet idéal de liberté qui est indissociable de lamour de la patrie. Ils ont fait honneur à la France.
Le Chef de lEtat que jai accompagné samedi 18 juin au Mont-Valérien, a rappelé en juin 2009, lors dune cérémonie devant le monument aux morts de la ville de Fort-de-France quen rendant hommage aux derniers représentants dune génération de femmes et dhommes exceptionnels « nous honorons une page injustement oubliée de notre histoire nationale, nous honorons une aventure extraordinaire qui était tombée dans loubli. Aujourdhui, nous réparons une injustice" disait-il.
Le témoignage ardent de ces Dissidents est désormais admirablement consigné dans le documentaire "Parcours de Dissidents" de la réalisatrice martiniquaise Euzhan PALCY. Je vous invite à le visionner si loccasion vous en est donnée comme jai eu le privilège de le faire moi-même samedi à lEcole militaire, à Paris, après avoir ravivé la flamme sur la tombe du Soldat Inconnu à lArc de Triomphe.
Mesdames et Messieurs, je sais votre attachement à lhistoire de notre pays et votre respect pour ceux qui lont servi avec une foi totale dans cette belle République française une et indivisible de par le Monde.
Votre accueil ma touchée et je sais que vous portez désormais en vous quelques-unes des pages dhistoire vaillamment écrites par les Combattants de la France dOutre-Mer.
Leur belle histoire sajoute aux autres parcours de courage et dengagement qui ont permis à notre pays de se défaire avec honneur du joug de lennemi. Ici à Angers, je pense en particulier aux faits darmes des réseaux Honneur et Patrie de Victor CHATENAY, à lorganisation secrète de jeunes dirigée par Ancelin non loin dici, à Saumur, à Bernard Anquetil, radio du réseau du Colonel Rémy ou encore à Etienne FERRARI qui mourut martyrisé par les nazis.
Combattantes et combattants des heures sombres, toutes et tous appartiennent à lhistoire valeureuse de notre pays.
Je vous remercie.
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 22 juin 2011
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Préfet, Cher Richard SAMUEL,
Mmes et MM. les autorités académiques, et professeurs et élèves du collège Félix-Landreau,
Mesdames et Messieurs les présidents dassociations et représentants du Monde combattant,
Mesdames, Messieurs,
Jai beaucoup de plaisir à être des vôtres aujourdhui, et je me faisais la réflexion suivante à linstant. Mon déplacement à Angers, en ma qualité de Ministre chargée de lOutre-mer, et la chaleur de votre accueil me plongent dans une réalité trop souvent méconnue. Notre pays est immense et, il faut bien me dire, la France est un pays sur lequel le soleil ne se couche jamais totalement.
En ce moment même, nest-il pas 3h du matin, et donc presque laube à Tahiti ? Nes-t-il pas 9h du matin en Martinique, 17h à la Réunion, et déjà minuit en Nouvelle-Calédonie ? Et lorsque ce soir, il sera 23h pour nous tous, bien des habitants de Nouméa auront entamé leur journée de mardi, car il sera alors 8h, et le matin, en Nouvelle-Calédonie.
Cette France du monde, cette France qui étend les frontières de notre pays bien au-delà du seul continent européen doit être mieux connue.
Le Président de la République, M. Nicolas SARKOZY, en a fait lun des grands chantiers de son quinquennat. En novembre 2009, à lissue dun Conseil interministériel tenu au Palais de lElysée, il a en effet souhaité que 2011 soit lAnnée des Outre-mer. Une année dédiée à une meilleure connaissance des richesses humaines et naturelles de nos onze départements et territoires de la Caraïbe, dAmérique du sud, de lOcéan Indien, du Pacifique et des Terres antarctiques et australes françaises.
Les six mois qui viennent de sécouler incitent à loptimisme et à la détermination. Cette volonté politique est en passe dêtre atteinte et 2011 doit être lannée du changement du regard de lHexagone sur lOutre-mer et lannée du changement du regard de nos compatriotes dOutremer sur lHexagone.
Cest la raison de notre rencontre daujourdhui, ici, à Angers.
Après mes déplacements de ces dernières semaines à Bordeaux, pour célébrer les liens nouveaux de cette ville avec lOutre-mer, et à Lyon, pour rappeler que la traite, lesclavage et leurs abolitions sont notre histoire et un passé que nous devons connaître, parfois approfondir. Mais quils ne sont pas un temps dhistoire que nous devons nous condamner à porter comme une charge ou comme une douleur.
Aujourdhui, nous célébrons la part valeureuse de lOutre-mer dans les combats de la Seconde guerre mondiale. Daniel MAXIMIN, Commissaire chargé de lAnnée des Outre-mer, est à mes côtés et je len remercie vivement.
Je salue tout autant votre présence, Mme Marie-Claire NOSSOVITCH, en votre qualité de Directrice générale adjointe de lOffice national des Anciens combattants et victimes de guerre, et de représentante dune institution, gardienne de la Mémoire combattante de notre pays, et gardienne des hommages dus à ces femmes et à ces hommes qui ont été les fers de lance et les âmes despoir de notre pays quand tout paraissait le condamner.
La poignante exposition, "La Dissidence en Guadeloupe et en Martinique durant la Seconde guerre mondiale", qui vient de nous être présentée, met en lumière le discernement et lesprit précoce de dissidence qui vit le jour aux Antilles françaises dès lété 1940. Elle éclaire une page dhistoire largement méconnue et je remercie avec force mes collègues Claude GUEANT, Ministre de lIntérieur, et Gérard LONGUET, Ministre de la Défense et des Anciens Combattants, qui ont souhaité la résurgence de cette page dhistoire à travers une exposition et la présentation de celle-ci dans toutes les préfectures, et donc en tous points de notre territoire.
Lhistoire de ces Dissidents a le sens de lhistoire de ces jeunes gens, et de ces femmes et de ces hommes plus âgés de lHexagone, qui par courage, par clairvoyance et inspirés par une même lucidité extraordinaire refusèrent lOccupation, refusèrent lIgnoble et choisirent le parti de la Liberté et la cause de la Libération.
Leur histoire que nous découvrons aujourdhui est celle de femmes et dhommes qui en dépit des milliers de kilomètres, des océans et dangers qui les séparaient de la métropole, et en dépit de nouvelles qui arrivaient lentement, par bateau, ou, péniblement, sur des postes de radio crachotant, choisirent de se rallier à la voix dun homme, celle du Général de Gaulle.
Nous le savons de mieux en mieux aujourdhui. Les outre-mer réagirent très tôt et de manière tout à fait exceptionnelle.
Dès le 1er juillet 1940, lavocat guadeloupéen Paul VALENTINO montrait la voie en déclarant lors dune session extraordinaire du conseil général de la Guadeloupe "Français nous sommes, Français nous voulons rester, et si lAllemagne règne sur la métropole française, elle ne régnera pas en Guadeloupe, où nous saurons revendiquer les prérogatives que nous accorde la législation française".
Cette éloquence de combat ouvrira les voies de lengagement. Entre juin 1940 et 1943, des milliers de jeunes Antillais partiront rejoindre les troupes combattantes engagées en métropole.
Ils avaient pour nom Henri Hénélon, Guy Cornély, Passionise Tomé. Je ne citerai que ceux-là, car ils furent des milliers.
On les appela les "dissidents". Par groupe de 5 ou de 6, ils embarquèrent sur des embarcations de fortune, les "gommiers" et voguèrent sur le canal de La Dominique ou de Sainte-Lucie, la nuit, pour déjouer les patrouilles. Par cette traversée éprouvante et incertaine, ils voulaient échapper au déshonneur. Une fois arrivés dans les iles anglaises, ils firent état de leur volonté de sengager dans les forces françaises combattantes, puis partirent pour New-York et Fort-Dix, le plus vaste camp dentrainement des Etats-Unis.
Arrivés sur le sol de France, ils connaîtront certains des combats les plus durs dans des unités de renom. Ainsi, le 12 octobre 1943, le bataillon des Antilles n°1 au sein duquel beaucoup auront été enrôlés, débarquera à Casablanca pour être intégré dans la prestigieuse 1ère Division française Libre. Division qui fera toute la campagne de France, jusquaux frontières du Rhin. Et jusquà la victoire finale.
Au Tchad, au cours de cette même année, lancien gouverneur de la Guadeloupe, Félix Eboué, répondra lui aussi, à lappel de lhomme du 18 juin, et donnera une armée de plus à la France libre.
Le 29 janvier 1941, le Gouverneur Félix EBOUE recevra des mains du Général de Gaulle la croix de lOrdre de la Libération et il sera présenté comme le Premier résistant de la France doutre-mer.
Gaston Monnerville, membre du mouvement de Résistance Combat, sous le pseudonyme de "Saint-Just" en hommage à son oncle, et plus tard, Président du Conseil de la République puis du Sénat de 1947 à 1968, dira de lui, lors de son inhumation au Panthéon, en 1949 : " Cest un message dhumanité qui a guidé Félix Eboué, et nous tous, résistants doutre-mer, à lheure où le fanatisme bestial menaçait déteindre les lumières de lesprit et où, avec la France, risquait de sombrer la Liberté ".
En septembre 1940, la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie se rangeront du côté des forces françaises libres pour constituer le célèbre bataillon du Pacifique qui affrontera dans la gloire lAfrikakorps et les troupes italiennes en Afrique du Nord. Ce bataillon prendra part à tous les combats de la 1re Division française Libre (DFL) et notamment en Tunisie, en Italie, en Provence, dans la vallée du Rhône, dans les Vosges et en Alsace.
Le 28 mai 1945, le général de Gaulle lui décernera la croix de la Libération, avec cette citation : "Gardera dans lhistoire la gloire davoir représenté linfanterie coloniale sur les champs de bataille où les Forces françaises libres ont été les premières à reconquérir lHonneur."
Fin septembre 1940, les iles Wallis-et-Futuna rallieront à la France libre après une déclaration solennelle du roi de ces terres lointaines qui dira : " les soldats de la France libre peuvent compter sur mon loyalisme".
En 1942, ce sera, lépopée du ralliement de Saint-Pierre et Miquelon. LAmiral Muselier, commandant des forces navales françaises libres, sans prévenir et contre lavis des alliés, débarquera à Saint-Pierre, semparera des lieux stratégiques sans tirer un coup de feu et prendra possession de lArchipel au nom du général de Gaulle.
Ce jour là, 450 Saint-Pierrais et Miquelonnais dont une cinquantaine de jeunes femmes signeront un engagement pour la durée de la guerre. Ce sera le "service féminin de la Flotte". Le général de Gaulle dira lors dun voyage en 1967 : " Voici Saint-Pierre et Miquelon, qui fut soudain le symbole même et lenjeu de lindépendance de la France. Quelle émotion je ressens à vous voir ! Rendez les honneurs !".
Il faut aussi citer lile de la Réunion. Le 30 novembre 1942, à la suite du débarquement décidé par le contre-amiral Auboyneau, lile se ralliera officiellement et avec panache à la France libre.
Quelle succession dactes de courages et de bravoure !
Rappelons à cet égard, la brutalité sans nom de SORIN, Gouverneur vichyste de Guadeloupe, et de lAmiral ROBERT, en Martinique. Et rappelons aussi, la détermination inébranlable des forces vives de ces territoires, et de lOutre-Mer.
Le 24 juin 1943, débutait par exemple à Fort de France, une insurrection qui allait rétablir la République aux Antilles. Ce jour là, la population de Martinique refusa définitivement la défaite et larmistice de 1940 quil navait jamais acceptés. Cest cette insurrection qui fera définitivement basculer les Antilles dans le camp de la France libre.
M. le Préfet, Mme NOSSOVITCH, cest tout le propos de la magnifique exposition "La Dissidence en Guadeloupe et en Martinique ", qui vient de nous être présentée et qui a été réalisée par le Département de la Mémoire combattante de lOffice national des Anciens combattants et victimes de guerre.
Je salue dailleurs, Cher Daniel, le concours que tu as apporté au Comité scientifique en ta qualité dhommes de lettres et dhistoire et de Commissaire de lAnnée des Outre-mer.
Mesdames, messieurs, par leur participation exemplaire aux combats de la libération de la France, les ultramarins sont entrés dans la légende sacrée de la seconde guerre mondiale. Ils ont vécu et nous font vivre un destin commun. La Nation toute entière honore leurs choix et leurs sacrifices.
Cest dans de tels engagements au service de la France que les mots "Liberté, Fraternité et Egalité" prennent tout leur sens et toute leur dimension.
Ils étaient des combattants de la paix, des combattants animés par cet idéal de liberté qui est indissociable de lamour de la patrie. Ils ont fait honneur à la France.
Le Chef de lEtat que jai accompagné samedi 18 juin au Mont-Valérien, a rappelé en juin 2009, lors dune cérémonie devant le monument aux morts de la ville de Fort-de-France quen rendant hommage aux derniers représentants dune génération de femmes et dhommes exceptionnels « nous honorons une page injustement oubliée de notre histoire nationale, nous honorons une aventure extraordinaire qui était tombée dans loubli. Aujourdhui, nous réparons une injustice" disait-il.
Le témoignage ardent de ces Dissidents est désormais admirablement consigné dans le documentaire "Parcours de Dissidents" de la réalisatrice martiniquaise Euzhan PALCY. Je vous invite à le visionner si loccasion vous en est donnée comme jai eu le privilège de le faire moi-même samedi à lEcole militaire, à Paris, après avoir ravivé la flamme sur la tombe du Soldat Inconnu à lArc de Triomphe.
Mesdames et Messieurs, je sais votre attachement à lhistoire de notre pays et votre respect pour ceux qui lont servi avec une foi totale dans cette belle République française une et indivisible de par le Monde.
Votre accueil ma touchée et je sais que vous portez désormais en vous quelques-unes des pages dhistoire vaillamment écrites par les Combattants de la France dOutre-Mer.
Leur belle histoire sajoute aux autres parcours de courage et dengagement qui ont permis à notre pays de se défaire avec honneur du joug de lennemi. Ici à Angers, je pense en particulier aux faits darmes des réseaux Honneur et Patrie de Victor CHATENAY, à lorganisation secrète de jeunes dirigée par Ancelin non loin dici, à Saumur, à Bernard Anquetil, radio du réseau du Colonel Rémy ou encore à Etienne FERRARI qui mourut martyrisé par les nazis.
Combattantes et combattants des heures sombres, toutes et tous appartiennent à lhistoire valeureuse de notre pays.
Je vous remercie.
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 22 juin 2011