Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi avant toute chose de saluer les membres de la commission des finances, devant laquelle il ne mavait pas encore été donné de mexprimer depuis ma prise de fonctions. Cest désormais chose faite, avec la présentation de cette lettre rectificative au projet de loi de finances rectificative.
Je veux également joindre mes remerciements à ceux de François BAROIN et vous dire que le Gouvernement est conscient des contraintes que ces délais dexamen particulièrement resserrés font peser sur votre commission. En vous mobilisant ainsi, vous adressez un signe très fort de la détermination de la France à répondre rapidement et efficacement à la crise.
Cest pour cette même raison que le Gouvernement a fait le choix de traduire immédiatement dans ce texte les conséquences budgétaires quemporte la révision des hypothèses économiques, et notamment de lhypothèse de croissance pour 2011.
Ce faisant, nous faisons preuve de lucidité et de responsabilité : de lucidité, parce quil aurait été facile, à quelques mois dune échéance cruciale pour notre pays, de se voiler la face et de ne pas prendre en compte le ralentissement de la croissance mondiale ; et de responsabilité, puisque nous vous proposons aujourdhui de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir que nous tiendrons nos objectifs de réduction du déficit en 2011.
Vous le savez, cette première série de mesures sera complétée à loccasion du projet de loi de finances pour 2012 et du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Au total, leffort supplémentaire annoncé par le Premier Ministre représentera 1 milliard deuros en 2011 et 11 milliards deuros en 2012.
* 1 milliard deuros deffort pour sécuriser lobjectif de réduction à 5,7 % du déficit *
Je veux le souligner, ces efforts sont bien dosés. Car si la conjoncture a évolué, nos objectifs, eux, restent intangibles. Premier objectif : le respect de notre trajectoire de finances publiques, qui est très claire. Nos déficits seront ramenés à 5,7 % en 2011, à 4,5 % en 2012, à 3 % en 2013 et à 2 % en 2014. Deuxième objectif : une réduction des déficits qui ne casse pas la croissance.
Les efforts supplémentaires annoncés par le Premier Ministre ont été calibrés pour assurer le respect de ces engagements qui, vous le savez bien évidemment, portent sur le déficit public, lequel couvre le champ de lensemble des administrations publiques : de lEtat, bien sûr, mais aussi des collectivités locales, des administrations de sécurité sociale et des organismes divers dadministration centrale.
Pour déterminer lampleur de cet effort, nous avons donc pris en compte leffet de la révision des hypothèses économiques sur lensemble des administrations publiques. Il sagit dune démarche logique, qui garantit la sincérité de la prévision de déficit public retenue par le Gouvernement et nous permet aujourdhui de prendre des décisions proportionnées.
Or la révision de nos prévisions économiques a des effets contrastés sur les finances publiques. Dun côté, elle pèse sur lEtat, dont les recettes et les dépenses sont plus sensibles aux variations de la conjoncture. Ainsi, linflation étant supérieure aux prévisions, la charge de la dette liée aux obligations indexées est accrue de 1,4 milliard deuros.
De même, le ralentissement de lactivité et les premiers encaissements de limpôt des sociétés nous amènent à réviser son produit à la baisse de 3 milliards deuros. Cest pourquoi nous proposons dès ce collectif une mesure qui réduit cette dégradation de 0,5 milliard. Jy reviendrai dans un instant.
Si ces deux facteurs liés à la conjoncture pèsent sur le solde budgétaire de lEtat à hauteur de 4,4 milliards deuros, nous anticipons dans le même temps des effets positifs qui améliorent la situation des autres administrations publiques.
Bien entendu, nous aurons loccasion de détailler lensemble de ces prévisions lors de la présentation du projet de loi de finances pour 2012 et du projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Dores et déjà, nous estimons que les recettes des administrations de sécurité sociale seront supérieures de 2 à 2,5 milliards à ce que nous attendions. De même, nous anticipons désormais une amélioration de la situation des collectivités locales et des organismes divers dadministration centrale, qui devrait être, au minimum, de lordre 1,5 milliard deuros.
Avec 1 milliard de mesures de redressement qui auront un impact sur les comptes publics dès 2011, nous sommes donc en mesure de sécuriser notre objectif de réduction du déficit de lensemble des administrations publiques à 5,7 %. Notre prévision de déficit reste donc inchangée.
Jajoute que ces mesures auront un impact immédiat sur le solde budgétaire de lEtat, en redressant ses recettes et en particulier limpôt sur les sociétés. Quant aux dépenses, elles respecteront strictement la norme du « 0 valeur » grâce à lannulation de 460 millions supplémentaires. Nous limitons ainsi la dégradation du solde budgétaire à 3,4 milliards deuros dans ce collectif.
Je rappelle enfin que les mesures qui seront mises en place dès cette année représentent près de 6,2 milliards deuros en 2012, soit plus de la moitié de leffort supplémentaire total de 11 milliards deuros annoncé par le Premier Ministre.
* Les 5 mesures de redressement applicables dès 2011 *
Jen viens maintenant aux 5 mesures de recettes qui figurent dans ce collectif et qui sorganisent autour de deux grands axes.
Premier axe : léquité. Chacun sera appelé à prendre sa part du redressement des comptes de la nation. Mais par souci de justice, il sera demandé plus à ceux qui ont davantage : cest pourquoi les grandes entreprises et les ménages les plus aisés contribueront à hauteur de 82 % à cet effort supplémentaire, qui pèsera à 45% sur les entreprises et à 37 % sur les détenteurs de patrimoine.
Cet effort, nous lavons réparti équitablement entre les entreprises. La première mesure proposée par le Gouvernement sappliquera essentiellement aux grands groupes. Il sagit de la limitation de la possibilité offerte aux entreprises bénéficiaires de reporter leurs déficits. Cette évolution fiscale constitue la première étape de la convergence fiscale entre la France et lAllemagne, voulue par le Président de la République et la Chancelière Angela Merkel.
Jajoute que cette convergence permettra de renforcer léquité fiscale : une entreprise ne pourra plus imputer de déficits au-delà de 60 % de son bénéfice. Quel que soit le montant de leurs déficits passés, les entreprises bénéficiaires devront donc payer un impôt sur les sociétés calculé sur 40 % au moins de leur résultat.
Cette mesure sassimile donc à la création dune imposition minimale pour les grandes entreprises et constitue à ce titre un changement majeur. Ce sont en effet les grandes entreprises qui sont concernées à titre principal par cette mesure : elle sappliquera en effet à la fraction des bénéfices supérieurs à 1 million deuros, générant ainsi une recette supplémentaire de 0,5 milliard deuros dès 2011 et de 1,5 milliard deuros en 2012.
Nous avons également réparti cet effort équitablement entre les ménages, en demandant plus aux Français les plus aisés.
La deuxième mesure proposée par le Gouvernement porte ainsi sur les revenus du patrimoine : le taux des prélèvements sociaux qui leur est applicable augmentera de 1,2 %.
Cette hausse permettra de rapprocher limposition des revenus du capital de celle des revenus du travail. Elle se traduira dès 2011, par 190 millions de recettes supplémentaires. Nos évaluations montrent que les 5 % des ménages les plus aisés acquitteront à eux seuls 700 millions de prélèvements sociaux supplémentaires, pour une mesure dont le rendement total est de 1,3 milliards en année pleine.
Troisième mesure, qui sinscrit elle aussi dans notre logique de répartition équitable des efforts : la suppression de labattement sur les plus-values immobilières dont bénéficient les propriétaires en raison de la durée de détention.
Pour lheure, vous le savez, ce dispositif extrêmement favorable prévoit quà partir de la 5e année, les détenteurs dun bien immobilier bénéficient chaque année dun abattement de 10 % supplémentaires sur leurs plus-values en cas de cession. Et cela conduit aujourdhui de très nombreux propriétaires à attendre avant de vendre, ce qui entretient la pénurie de logements dont souffre notre pays et donc la hausse des prix.
Ce régime dabattement selon la durée de détention est donc une niche inefficace, puisquelle naugmente pas le nombre de logements disponibles, alors même quelle coûte 2,2 milliards deuros aux finances publiques en année pleine.
Cest pourquoi nous vous proposons de la supprimer, sauf naturellement pour les résidences principales et certaines exonérations spécifiques : cela permettra de disposer de 200 millions deuros de recettes supplémentaires en 2011 et de faire revenir sur le marché des logements que leurs propriétaires nauraient sans cela pas mis en vente avant trois, quatre ou cinq années.
La durée de détention ne sera donc plus prise en compte pour la taxation des plus-values immobilières. Celles-ci seront toutefois imposées sur leur valeur réelle, car linflation sera prise en compte.
Jen viens maintenant aux mesures qui répondent à la deuxième priorité du Gouvernement : la suppression des niches fiscales et sociales dont lefficacité est aujourdhui moins justifiée. Nous poursuivrons donc notre effort pour réduire le nombre de dispositifs dérogatoires qui minent les bases de nos prélèvements obligatoires et affaiblissent légalité devant limpôt.
Mais à un moment où la croissance est encore convalescente, nous avons fait le choix de ne remettre en cause ni les niches qui soutiennent lemploi et à la croissance ni les niches qui ont une légitimité sociale.
Cest pourquoi nous avons concentré nos efforts sur les niches qui ne font plus la preuve de leur efficacité.
La quatrième mesure proposée par le Gouvernement, cest ainsi la suppression de lexonération partielle de taxe spéciale sur les conventions dassurance dont bénéficiaient les contrats dits « solidaires et responsables ».
Lobjectif de cette exonération partielle, cétait, je le rappelle, de favoriser lémergence de contrats de complémentaires santé qui contribuent à la maîtrise des dépenses dassurance-maladie. Force est de constater que cet objectif est atteint, puisque les contrats « solidaires et responsables » représentent 90 % des complémentaires « santé ». On est donc passé dune situation où ces contrats étaient lexception à une situation où ils sont devenus la règle.
Le Gouvernement vous propose den tirer toutes les conséquences : en supprimant lexonération partielle de TSCA dont ils bénéficiaient et en la remplaçant par un malus sur les autres contrats, qui prend la forme dun taux majoré de 9 %, nous transformons dun dispositif où nous favorisions les contrats « responsables et solidaires » à un dispositif où nous pénalisons les contrats qui ne répondent pas à ces critères.
Il sagit là dune démarche parfaitement cohérente, avec à la clef une recette estimée de 100 millions deuros en 2011 et de 1,1 milliard deuros en année pleine.
Enfin, et cest la cinquième mesure qui figure dans ce texte, le Gouvernement vous propose de rétablir le taux normal de TVA sur les entrées des parcs à thème. Comme vous le savez, la décision de leur appliquer le taux réduit remonte à 1986, à un moment où ce secteur était embryonnaire et où son modèle économique était encore incertain. Il en va différemment aujourdhui. Les parcs à thème ont trouvé leur place dans le paysage et ont su développer dautres recettes que les droits dentrée : je pense à lhôtellerie, à la restauration ou bien encore aux produits dérivés.
Il ny a donc plus de réelle justification à ce que les parcs à thème bénéficient dune TVA à 5,5 % alors que lentrée dans un parc aquatique est taxée à 19,6 %. La suppression de cette niche permettra de retrouver 12 millions deuros de recettes en 2011 et 90 millions en 2012.
Mesdames et Messieurs les députés,
Ce collectif marque, vous laurez compris, une nouvelle étape dans le chemin qui conduit notre pays vers le désendettement. Il sappuie pour lessentiel sur des efforts en recettes, qui viennent sajouter aux effets de notre politique déterminée de maîtrise des dépenses.
Grâce à lapplication des normes de dépense, grâce au non-remplacement dun départ à la retraite sur deux dans la fonction publique dEtat ou bien encore grâce au respect de lONDAM, nous sommes parvenus, en lespace de 4 années à peine, à mettre un coup darrêt à la progression continue des dépenses publiques depuis 30 ans. En 2010 et en 2011, ce sont 16 milliards que nous aurons économisé chaque année par rapport au rythme qui était le nôtre auparavant.
Comme la annoncé le Premier Ministre, nous renforcerons encore nos efforts en 2012, avec 1 milliard de dépenses en moins dont nous aurons à déterminer ensemble la répartition. Car je veux le souligner : la maîtrise de la dépense publique est la condition sine qua non de la réduction des déficits. La seule hausse des recettes ne saurait en aucun cas suffire.
Vous le savez mieux que quiconque et je sais que je peux compter sur la commission des finances pour accompagner le Gouvernement dans cette voie.
Source http://www.budget.gouv.fr, le 1er septembre 2011
Permettez-moi avant toute chose de saluer les membres de la commission des finances, devant laquelle il ne mavait pas encore été donné de mexprimer depuis ma prise de fonctions. Cest désormais chose faite, avec la présentation de cette lettre rectificative au projet de loi de finances rectificative.
Je veux également joindre mes remerciements à ceux de François BAROIN et vous dire que le Gouvernement est conscient des contraintes que ces délais dexamen particulièrement resserrés font peser sur votre commission. En vous mobilisant ainsi, vous adressez un signe très fort de la détermination de la France à répondre rapidement et efficacement à la crise.
Cest pour cette même raison que le Gouvernement a fait le choix de traduire immédiatement dans ce texte les conséquences budgétaires quemporte la révision des hypothèses économiques, et notamment de lhypothèse de croissance pour 2011.
Ce faisant, nous faisons preuve de lucidité et de responsabilité : de lucidité, parce quil aurait été facile, à quelques mois dune échéance cruciale pour notre pays, de se voiler la face et de ne pas prendre en compte le ralentissement de la croissance mondiale ; et de responsabilité, puisque nous vous proposons aujourdhui de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir que nous tiendrons nos objectifs de réduction du déficit en 2011.
Vous le savez, cette première série de mesures sera complétée à loccasion du projet de loi de finances pour 2012 et du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Au total, leffort supplémentaire annoncé par le Premier Ministre représentera 1 milliard deuros en 2011 et 11 milliards deuros en 2012.
* 1 milliard deuros deffort pour sécuriser lobjectif de réduction à 5,7 % du déficit *
Je veux le souligner, ces efforts sont bien dosés. Car si la conjoncture a évolué, nos objectifs, eux, restent intangibles. Premier objectif : le respect de notre trajectoire de finances publiques, qui est très claire. Nos déficits seront ramenés à 5,7 % en 2011, à 4,5 % en 2012, à 3 % en 2013 et à 2 % en 2014. Deuxième objectif : une réduction des déficits qui ne casse pas la croissance.
Les efforts supplémentaires annoncés par le Premier Ministre ont été calibrés pour assurer le respect de ces engagements qui, vous le savez bien évidemment, portent sur le déficit public, lequel couvre le champ de lensemble des administrations publiques : de lEtat, bien sûr, mais aussi des collectivités locales, des administrations de sécurité sociale et des organismes divers dadministration centrale.
Pour déterminer lampleur de cet effort, nous avons donc pris en compte leffet de la révision des hypothèses économiques sur lensemble des administrations publiques. Il sagit dune démarche logique, qui garantit la sincérité de la prévision de déficit public retenue par le Gouvernement et nous permet aujourdhui de prendre des décisions proportionnées.
Or la révision de nos prévisions économiques a des effets contrastés sur les finances publiques. Dun côté, elle pèse sur lEtat, dont les recettes et les dépenses sont plus sensibles aux variations de la conjoncture. Ainsi, linflation étant supérieure aux prévisions, la charge de la dette liée aux obligations indexées est accrue de 1,4 milliard deuros.
De même, le ralentissement de lactivité et les premiers encaissements de limpôt des sociétés nous amènent à réviser son produit à la baisse de 3 milliards deuros. Cest pourquoi nous proposons dès ce collectif une mesure qui réduit cette dégradation de 0,5 milliard. Jy reviendrai dans un instant.
Si ces deux facteurs liés à la conjoncture pèsent sur le solde budgétaire de lEtat à hauteur de 4,4 milliards deuros, nous anticipons dans le même temps des effets positifs qui améliorent la situation des autres administrations publiques.
Bien entendu, nous aurons loccasion de détailler lensemble de ces prévisions lors de la présentation du projet de loi de finances pour 2012 et du projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Dores et déjà, nous estimons que les recettes des administrations de sécurité sociale seront supérieures de 2 à 2,5 milliards à ce que nous attendions. De même, nous anticipons désormais une amélioration de la situation des collectivités locales et des organismes divers dadministration centrale, qui devrait être, au minimum, de lordre 1,5 milliard deuros.
Avec 1 milliard de mesures de redressement qui auront un impact sur les comptes publics dès 2011, nous sommes donc en mesure de sécuriser notre objectif de réduction du déficit de lensemble des administrations publiques à 5,7 %. Notre prévision de déficit reste donc inchangée.
Jajoute que ces mesures auront un impact immédiat sur le solde budgétaire de lEtat, en redressant ses recettes et en particulier limpôt sur les sociétés. Quant aux dépenses, elles respecteront strictement la norme du « 0 valeur » grâce à lannulation de 460 millions supplémentaires. Nous limitons ainsi la dégradation du solde budgétaire à 3,4 milliards deuros dans ce collectif.
Je rappelle enfin que les mesures qui seront mises en place dès cette année représentent près de 6,2 milliards deuros en 2012, soit plus de la moitié de leffort supplémentaire total de 11 milliards deuros annoncé par le Premier Ministre.
* Les 5 mesures de redressement applicables dès 2011 *
Jen viens maintenant aux 5 mesures de recettes qui figurent dans ce collectif et qui sorganisent autour de deux grands axes.
Premier axe : léquité. Chacun sera appelé à prendre sa part du redressement des comptes de la nation. Mais par souci de justice, il sera demandé plus à ceux qui ont davantage : cest pourquoi les grandes entreprises et les ménages les plus aisés contribueront à hauteur de 82 % à cet effort supplémentaire, qui pèsera à 45% sur les entreprises et à 37 % sur les détenteurs de patrimoine.
Cet effort, nous lavons réparti équitablement entre les entreprises. La première mesure proposée par le Gouvernement sappliquera essentiellement aux grands groupes. Il sagit de la limitation de la possibilité offerte aux entreprises bénéficiaires de reporter leurs déficits. Cette évolution fiscale constitue la première étape de la convergence fiscale entre la France et lAllemagne, voulue par le Président de la République et la Chancelière Angela Merkel.
Jajoute que cette convergence permettra de renforcer léquité fiscale : une entreprise ne pourra plus imputer de déficits au-delà de 60 % de son bénéfice. Quel que soit le montant de leurs déficits passés, les entreprises bénéficiaires devront donc payer un impôt sur les sociétés calculé sur 40 % au moins de leur résultat.
Cette mesure sassimile donc à la création dune imposition minimale pour les grandes entreprises et constitue à ce titre un changement majeur. Ce sont en effet les grandes entreprises qui sont concernées à titre principal par cette mesure : elle sappliquera en effet à la fraction des bénéfices supérieurs à 1 million deuros, générant ainsi une recette supplémentaire de 0,5 milliard deuros dès 2011 et de 1,5 milliard deuros en 2012.
Nous avons également réparti cet effort équitablement entre les ménages, en demandant plus aux Français les plus aisés.
La deuxième mesure proposée par le Gouvernement porte ainsi sur les revenus du patrimoine : le taux des prélèvements sociaux qui leur est applicable augmentera de 1,2 %.
Cette hausse permettra de rapprocher limposition des revenus du capital de celle des revenus du travail. Elle se traduira dès 2011, par 190 millions de recettes supplémentaires. Nos évaluations montrent que les 5 % des ménages les plus aisés acquitteront à eux seuls 700 millions de prélèvements sociaux supplémentaires, pour une mesure dont le rendement total est de 1,3 milliards en année pleine.
Troisième mesure, qui sinscrit elle aussi dans notre logique de répartition équitable des efforts : la suppression de labattement sur les plus-values immobilières dont bénéficient les propriétaires en raison de la durée de détention.
Pour lheure, vous le savez, ce dispositif extrêmement favorable prévoit quà partir de la 5e année, les détenteurs dun bien immobilier bénéficient chaque année dun abattement de 10 % supplémentaires sur leurs plus-values en cas de cession. Et cela conduit aujourdhui de très nombreux propriétaires à attendre avant de vendre, ce qui entretient la pénurie de logements dont souffre notre pays et donc la hausse des prix.
Ce régime dabattement selon la durée de détention est donc une niche inefficace, puisquelle naugmente pas le nombre de logements disponibles, alors même quelle coûte 2,2 milliards deuros aux finances publiques en année pleine.
Cest pourquoi nous vous proposons de la supprimer, sauf naturellement pour les résidences principales et certaines exonérations spécifiques : cela permettra de disposer de 200 millions deuros de recettes supplémentaires en 2011 et de faire revenir sur le marché des logements que leurs propriétaires nauraient sans cela pas mis en vente avant trois, quatre ou cinq années.
La durée de détention ne sera donc plus prise en compte pour la taxation des plus-values immobilières. Celles-ci seront toutefois imposées sur leur valeur réelle, car linflation sera prise en compte.
Jen viens maintenant aux mesures qui répondent à la deuxième priorité du Gouvernement : la suppression des niches fiscales et sociales dont lefficacité est aujourdhui moins justifiée. Nous poursuivrons donc notre effort pour réduire le nombre de dispositifs dérogatoires qui minent les bases de nos prélèvements obligatoires et affaiblissent légalité devant limpôt.
Mais à un moment où la croissance est encore convalescente, nous avons fait le choix de ne remettre en cause ni les niches qui soutiennent lemploi et à la croissance ni les niches qui ont une légitimité sociale.
Cest pourquoi nous avons concentré nos efforts sur les niches qui ne font plus la preuve de leur efficacité.
La quatrième mesure proposée par le Gouvernement, cest ainsi la suppression de lexonération partielle de taxe spéciale sur les conventions dassurance dont bénéficiaient les contrats dits « solidaires et responsables ».
Lobjectif de cette exonération partielle, cétait, je le rappelle, de favoriser lémergence de contrats de complémentaires santé qui contribuent à la maîtrise des dépenses dassurance-maladie. Force est de constater que cet objectif est atteint, puisque les contrats « solidaires et responsables » représentent 90 % des complémentaires « santé ». On est donc passé dune situation où ces contrats étaient lexception à une situation où ils sont devenus la règle.
Le Gouvernement vous propose den tirer toutes les conséquences : en supprimant lexonération partielle de TSCA dont ils bénéficiaient et en la remplaçant par un malus sur les autres contrats, qui prend la forme dun taux majoré de 9 %, nous transformons dun dispositif où nous favorisions les contrats « responsables et solidaires » à un dispositif où nous pénalisons les contrats qui ne répondent pas à ces critères.
Il sagit là dune démarche parfaitement cohérente, avec à la clef une recette estimée de 100 millions deuros en 2011 et de 1,1 milliard deuros en année pleine.
Enfin, et cest la cinquième mesure qui figure dans ce texte, le Gouvernement vous propose de rétablir le taux normal de TVA sur les entrées des parcs à thème. Comme vous le savez, la décision de leur appliquer le taux réduit remonte à 1986, à un moment où ce secteur était embryonnaire et où son modèle économique était encore incertain. Il en va différemment aujourdhui. Les parcs à thème ont trouvé leur place dans le paysage et ont su développer dautres recettes que les droits dentrée : je pense à lhôtellerie, à la restauration ou bien encore aux produits dérivés.
Il ny a donc plus de réelle justification à ce que les parcs à thème bénéficient dune TVA à 5,5 % alors que lentrée dans un parc aquatique est taxée à 19,6 %. La suppression de cette niche permettra de retrouver 12 millions deuros de recettes en 2011 et 90 millions en 2012.
Mesdames et Messieurs les députés,
Ce collectif marque, vous laurez compris, une nouvelle étape dans le chemin qui conduit notre pays vers le désendettement. Il sappuie pour lessentiel sur des efforts en recettes, qui viennent sajouter aux effets de notre politique déterminée de maîtrise des dépenses.
Grâce à lapplication des normes de dépense, grâce au non-remplacement dun départ à la retraite sur deux dans la fonction publique dEtat ou bien encore grâce au respect de lONDAM, nous sommes parvenus, en lespace de 4 années à peine, à mettre un coup darrêt à la progression continue des dépenses publiques depuis 30 ans. En 2010 et en 2011, ce sont 16 milliards que nous aurons économisé chaque année par rapport au rythme qui était le nôtre auparavant.
Comme la annoncé le Premier Ministre, nous renforcerons encore nos efforts en 2012, avec 1 milliard de dépenses en moins dont nous aurons à déterminer ensemble la répartition. Car je veux le souligner : la maîtrise de la dépense publique est la condition sine qua non de la réduction des déficits. La seule hausse des recettes ne saurait en aucun cas suffire.
Vous le savez mieux que quiconque et je sais que je peux compter sur la commission des finances pour accompagner le Gouvernement dans cette voie.
Source http://www.budget.gouv.fr, le 1er septembre 2011