Interview de Mme Chantal Jouanno, ministre des sports à France 2 le 26 septembre 2011, sur son élection en tant que sénateur et le climat politique à l'UMP.

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Média : France 2

Texte intégral


 
 
 
ROLAND SICARD Bonjour Chantal JOUANNO.
 
CHANTAL JOUANNO Bonjour.
 
ROLAND SICARD Vous avez donc été élue sénatrice de Paris hier, mais vous êtes un petit peu l’arbre qui cache la forêt puisqu’on le sait, le Sénat est passé à gauche, on dit que c’est un événement historique. Comment vous expliquez, vous, cette claque de l’UMP ?
 
CHANTAL JOUANNO Cette forte poussée, on va utiliser des termes plus appropriés. ROLAND SICARD Vous ne diriez pas claque vous.
 
CHANTAL JOUANNO Forte poussée, c’est vrai que ça a été une mauvaise soirée électorale, on a connu meilleure, une première historique, ceci dit on peut l’analyser comment ? Au-delà de l’aspect arithmétique effectivement qui est lié au basculement des territoires déjà à gauche et la poussée de la gauche sur les territoires, il y a le fruit des divisions, et Jean-Claude GAUDIN l’a souligné hier, il y a le fruit des divisions dans plusieurs endroits.
 
ROLAND SICARD Division de l’UMP.
 
CHANTAL JOUANNO De l’UMP, de la droite en général et puis ne nous voilons pas la face, ce n’est pas facile pour une majorité sortante dans une situation de crise, ce n’est jamais facile, on porte toujours le poids de cette crise et de ses conséquences, quoi qu’il advienne.
 
ROLAND SICARD Ca veut dire que c’est aussi une sanction de la politique de Nicolas SARKOZY ?
 
CHANTAL JOUANNO Ca, c’est trop facile de faire ce lien, je comprends bien que l’opposition souhaite faire ce lien parce que bien évidement ils font de la politique. C’est facile de faire ce lien, ceci dit les grands électeurs ne sont pas les électeurs, les grands électeurs, ce sont des personnages, des personnes qui peuvent exprimer d’autres aspirations, ce sont des élus locaux, à Paris ce sont des personnes désignées par des conseillers de Paris, mais à Paris, ça n’a rien à voir avec le reste, c’est un monde à part. Donc ils peuvent exprimer d’autres choses, ça n’a en réalité pas de lien avec la future élection présidentielle et je le dis d’autant plus facilement que François HOLLANDE, lui même qui était sur un plateau avec moi hier, disait exactement la même chose.
 
ROLAND SICARD Et vous ne pensez pas quand même que c’est un mauvais début pour la campagne de Nicolas SARKOZY et pour la présidentielle ? Ca part mal ?
 
CHANTAL JOUANNO Il y a des débuts plus faciles pour l’UMP en général et pour la droite en général.
 
ROLAND SICARD Je reviens quand même à cette élection sénatoriale, on a donc une défaite plus importante que prévue de l’UMP, est-ce que aussi le climat politique n’a pas pesé ? Est-ce que ces histoires de mallette, de commission occulte et tout ça, est-ce que ça n’a pas pesé dans la décision des grands électeurs ?
 
CHANTAL JOUANNO C’est difficile à analyser, ça on le verra, je dirais après coup, c’est difficile d’analyser qu’elles peuvent être…
 
ROLAND SICARD Vous ne l’écartez pas ?
 
CHANTAL JOUANNO Je veux dire, il ne faut pas non plus, on ne peut pas savoir exactement… aujourd'hui on ne peut pas vous le dire, je ne peux pas vous dire là à l’instant « t », c’est telles et telles raisons qui font que. On a la raison arithmétique, on la connaît, la division on la connaît, l’impact crise on le connaît, les autres éléments, il faudra l’analyser après coup.
 
ROLAND SICARD Vous parliez de division, il y en a une notamment à Paris, est-ce que ça va avoir des conséquences pour l’organisation de l’UMP à Paris ?
 
CHANTAL JOUANNO A Paris, on a fait quatre postes, on devait faire quatre sièges de droite, donc on a fait quatre sièges, ce n’est pas ceux qui étaient prévus, mais on les a fait.
 
ROLAND SICARD Ca a été la foire d’empoignes.
 
CHANTAL JOUANNO C’est le premier point. Le deuxième point, deuxième aspect positif, c’est que les personnes qui ont été élues, toutes se réclament du soutien auprès de Gérard LARCHER, donc c’est une bonne chose aussi. Simplement effectivement, il y a eu des divisions, ce qui est dommage, c’est que la troisième de liste, de ma liste qui est Catherine DUMAS, qui est une femme bien a été victime de sujets qui ne sont pas liés aux sénatoriales. C’est des règlements de compte de divisions internes à la droite parisienne qui n’ont rien à voir avec les sénatoriales, sur lesquelles nous, j’allais dire, on n’a pas de partie pris et c’est dommage qu’on ait utilisé ces élections pour d’autres sujets, pour d’autres divisions qui n’ont rien à voir avec ces élections.
 
ROLAND SICARD Est-ce qu’il faut l’arrivée de François FILLON à Paris pour mettre un peu d’ordre dans tout ça ?
 
CHANTAL JOUANNO Moi, j’ai toujours dit que je trouvais que c’était un candidat idéal parce que justement…
 
ROLAND SICARD A la Mairie de Paris ?
 
CHANTAL JOUANNO … il dépasse très largement ces questions de personnes, il ne rentre jamais dans ces questions de personnes, dans ces débats qui n’en valent pas la peine. Et donc j’ai toujours trouvé que c’était le bon candidat, maintenant la décision n’appartient qu’à lui. L’envie de Paris n’appartient qu’à lui.
 
ROLAND SICARD Alors le Sénat est donc passé à gauche, mais Gérard LARCHER, l’actuel président dit qu’il peut être quand même réélu, ça veut dire quoi, qu’il y aura des tractations ?
 
CHANTAL JOUANNO Non, mais Gérard LARCHER se présente samedi prochain, la réalité du Sénat, de cette assemblée, c’est qu’elle n’a jusqu’ici jamais été l’otage des partis et Gérard LARCHER a toujours veillé justement à rassembler au-delà des partis, autour d’idées. On l’a vu sur plusieurs textes d’ailleurs, qui parfois défraient la chronique, mais on l’a vu sur plusieurs textes. Donc Gérard LARCHER, lui a fait ses preuves et je pense que la plupart des sénateurs n’ont pas envie que le Sénat soit l’otage de la rue de Solferino. Donc on verra effectivement ce qui s’exprimera samedi.
 
ROLAND SICARD Mais vous pensez que Gérard LARCHER sera élu ou pas ?
 
CHANTAL JOUANNO On verra samedi, c’est difficile aujourd'hui de le dire.
 
ROLAND SICARD Si un président…
 
CHANTAL JOUANNO Il faut aller, il faut qu’il se présente jusqu’au bout et qu’il voit effectivement s’il rassemble les voix.
 
ROLAND SICARD Mais si un président de droite était élu par une majorité de gauche au Sénat, ça ne ferait pas un peu magouille ?
 
CHANTAL JOUANNO Si l’homme rassemble au-delà des partis, c’est un homme qui rassemble au-delà des partis, c’est ce que je vous ai dit tout à l’heure, c’est … Vraiment Gérard LARCHER, on ne peut pas dire que ce soit, qu’il soit clivant et qu’à chaque fois que l’UMP dit blanc, lui dit blanc, ça a d’ailleurs parfois créé des difficultés, donc on verra samedi. Il se présente, c’est légitime qu’il se présente, et le verdict est dans les mains des sénateurs et des sénatrices.
 
ROLAND SICARD Alors justement vous êtes une des deux ministres élus hier au Sénat, si vous restez ministre, vous ne pourrez pas voter. Est-ce que vous êtes prêtes à démissionner pour pouvoir voter pour Gérard LARCHER du gouvernement ?
 
CHANTAL JOUANNO Moi je suis très claire sur ce sujet, vous savez, j’ai voulu me présenter au Sénat, j’ai voulu effectivement faire cette campagne et être candidate, aller au Sénat, parce que c’est une belle assemblée par rapport à ma manière de penser, qui n’est justement pas otage trop de clivage partisan, donc j’ai envie de Sénat, ça c’est clair, j’ai envie de siéger, ça c’est clair aussi. J’ai envie de pouvoir participer au vote le 1er octobre prochain, ça c’est clair aussi, je l’ai souhaité, je l’ai demandé, donc maintenant on verra.
 
ROLAND SICARD Donc dans ces conditions vous pouvez démissionner du gouvernement ?
 
CHANTAL JOUANNO Je n’ai aucun état d’âme.
 
ROLAND SICARD Pas de problème ?
 
CHANTAL JOUANNO Non.
 
ROLAND SICARD Sur une autre affaire qui domine l’actualité, l’affaire de Karachi, il y a deux proches de Nicolas SARKOZY qui sont mis en examen, Brice HORTEFEUX pourrait être entendu parce qu’il aurait eu accès au dossier de l’instruction, est-ce que tout ça ne va pas pénaliser finalement Nicolas SARKOZY ?
 
CHANTAL JOUANNO Sur cette affaire de Karachi, d’abord j’aimerais que chacun s’applique les principes qu’il réclame tout le temps, la gauche n’a pas arrêté de nous dire sur l’affaire DSK, présomption d’innocence, attendez la fin de l’enquête, attendez de savoir la vérité. C’est pareil pour tout le monde, voilà, simplement ils l’ont oublié pour Eric WOERTH et ils l’oublient encore maintenant. Donc ça c’est le premier point.
 
ROLAND SICARD Mais sur le fond de l’affaire ?
 
CHANTAL JOUANNO Déjà il faut que l’enquête aille au bout pour qu’on connaisse la vérité. Ensuite, ensuite franchement ces amalgames qui disent que Nicolas SARKOZY étant l’ami de, est nécessairement impliqué, c’est franchement, franchement c’est tiré par les cheveux parce que vous-même qui êtes journaliste, n’avait jamais dit qu’il était impliqué, jamais. Donc je trouve ça vraiment délétère comme climat et vraiment délétère de faire des raccourcis aussi rapides, ce n’est pas une belle politique tout ça.
 
ROLAND SICARD Sans transition une question là encore au ministre des Sports, il y a des tiraillements dans l’équipe de France de rugby, l’entraîneur s’est énervé hier, certains joueurs n’étaient pas contents de sortir à la mi-temps contre la Nouvelle Zélande, est-ce que ce n’est pas une équipe qui est en train de se déliter ?
 
CHANTAL JOUANNO L’entraîneur, il y a un principe de base dans les équipes, l’entraîneur c’est le patron, lui et le capitaine, c’est le patron et quand il prend une décision, on n’a pas à la contester. Moi, ayant toujours été en équipe, j’ai toujours appliqué ce principe de base. Donc ça c’est le premier point. Le deuxième, c’est que Marc LIEVREMONT, depuis le départ, on n’arrête pas de lui faire des procès, on n’arrête pas. En réalité ils avancent. Contre la Nouvelle Zélande, on savait qu’ils n’étaient là pas nécessairement pour… voilà que c’était, que la victoire serait difficile, l’objectif c’est la finale et l’objectif c’est de se retrouver en finale face à la Nouvelle Zélande et aujourd'hui c’est toujours possible. Aujourd'hui on est sélectionné pour poursuivre, c’est ça qui compte.
 
ROLAND SICARD Merci.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 26 septembre 2011