Déclaration de Mme Valérie Pécresse, ministre du budget, des comptes publics et de la réforme de l'Etat, porte-parole du gouvernement, sur les grandes lignes du projet de loi de finances pour 2012, à l'Assemblée nationale le 18 octobre 2011.

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Circonstance : Présentation du projet de loi de finances pour 2012, à l'Assemblée nationale le 18 octobre 2011

Texte intégral

Monsieur le Président,
Monsieur le Président de la commission des finances,
Monsieur le Rapporteur général,
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les députés,
Un budget, c’est tout à la fois le reflet d’une réalité et l’expression d’une volonté.
La réalité, nous la connaissons. C’est une croissance mondiale qui ralentit. Ce sont des turbulences financières et des incertitudes économiques qui amènent la France, qui préside le G20, à prendre une fois encore la tête de la lutte contre la crise. Et je sais que François BAROIN y reviendra dans un instant.
Mais la réalité, Mesdames et Messieurs les députés, ce sont aussi trente années de laxisme budgétaire. En 1980, les dépenses publiques représentaient 46 % du PIB. Cela fait désormais plus de vingt ans que nous avons franchi une barre symbolique : car depuis 1990, nos administrations consomment chaque année plus de la moitié de la richesse nationale et cela ne nous surprend même plus.
Alors, la réalité, Mesdames et Messieurs les députés, la voici, aussi abrupte soit-elle : nous dépensons trop et nous ne pourrons jamais porter nos recettes au niveau de nos dépenses. Nous devons tout simplement faire des économies. Oui, des économies, un mot que tous les foyers connaissent, mais que l’Etat a eu tendance à oublier.
Ce n’est pas une question d’idéologie. Ce n’est pas un débat théorique. C’est un fait, un fait brut, un fait indiscutable : la seule manière de désendetter le pays, c’est de réduire nos dépenses publiques.
Depuis 3 ans, c’est le socle de notre stratégie, sa composante de base. Nous avons défini un cap en matière de réduction des déficits : nous sommes à 5,7 % de déficit public en 2011, nous serons à 4,5 % en 2012, puis à 3 % en 2013. Ce budget, quelles que soient les évolutions de la situation économique, ce sera celui des engagements tenus : ce cap, ces objectifs, nous les respecterons en effet à la lettre. Ils sont notre engagement intangible.
Car ce budget 2012, Mesdames et Messieurs les députés, il marque d’abord un tournant historique, avec des dépenses de l’Etat qui, hors dette et pensions, baisseront pour la première fois depuis 1945.
Ce budget, c’est aussi un budget d’équilibre et d’équité : d’équilibre, car nous avons dosé nos efforts pour ne peser ni sur la croissance ni sur l’emploi. Et d’équité, car ce sont les plus favorisés qui, pour l’essentiel, contribueront au redressement de nos finances publiques.
I. Notre stratégie, Mesdames et Messieurs les députés, c’est d’abord un effort inégalé de maîtrise des dépenses publiques, par des réformes profondes.
Notre méthode pour maîtriser les dépenses, elle porte un nom : les réformes. Elles sont au coeur de notre stratégie de désendettement. Elles sont au coeur de ce budget, avec la réforme de l’Etat, bien sûr, au travers de la révision générale des politiques publiques, mais aussi la réforme des retraites, celle de l’hôpital ou bien encore celle du médicament.
C’est grâce à ces réformes qu’en 2011, nous sommes parvenus à geler en valeur les dépenses de l’Etat, hors dette et pensions. C’était déjà sans précédent. En 2012, nous irons plus loin encore : dans ce même périmètre, les dépenses de l’Etat vont baisser avec le milliard d’euros d’économies supplémentaires annoncé le 24 août. Ce n’était jamais arrivé depuis 1945 et c’est donc cette majorité, Mesdames et Messieurs les députés, qui aura mis fin à la hausse continue des dépenses de l’Etat.
J’entends déjà l’opposition nous dire que c’est une attaque contre l’Etat, une menace pour le service public. Je veux le dire clairement : aujourd’hui, les vrais défenseurs du service public, les seuls défenseurs de l’Etat et de la protection sociale, ce sont ceux qui agissent pour garantir leur stabilité et leur pérennité financières. Ceux qui promettent toujours plus de dépenses, toujours plus d’emplois publics, toujours plus de crédits, ils ne sont pas les défenseurs du service public. Non, ils en sont les fossoyeurs.
Cette baisse historique des dépenses, Mesdames et Messieurs les Députés, c’est le résultat de notre action de réforme de l’Etat depuis 5 ans.
5 ans de non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux d’abord, soit 150 000 postes de fonctionnaires d’Etat en moins. Cet effort sans précédent, nous l’avons mené à bien en réorganisant et modernisant nos administrations. Il aboutira, en 2012, à une autre première historique : la masse salariale de l’Etat baissera de près de 200 millions d’euros. Cela n’était jamais arrivé.
Depuis 5 ans, nous agissons également pour réduire les dépenses fonctionnement. En fixant un objectif de baisse des dépenses de fonctionnement de 10 % entre 2011 et 2013, nous nous sommes imposé de réduire le train de vie de l’Etat. Et nous progressons : 300 000 m2 en moins en matière immobilière, 10 000 voitures de fonction en moins, 1/3 de logements de fonction supprimés, 500 millions d’euros déjà économisés sur les achats. Ce sont autant de signes tangibles d’une meilleure gestion de l’Etat.
Cet effort d’économie, il s’impose aux ministères, mais il doit s’imposer également aux opérateurs, avec 3 700 emplois supprimés en 2011 et 2012. Le mouvement a donc été enclenché, même s’il faut aller encore plus loin, j’y reviendrai.
En réalité, en matière de maîtrise des dépenses publiques, le principe est simple : à effort d’intérêt national, engagement général. C’est la raison pour laquelle les collectivités territoriales, elles aussi, doivent y participer. Cette année encore, le projet de loi de finances prévoit le gel des dotations que leur verse l’Etat, ce qui représente 1 milliard d’euros d’économie. Cette répartition équitable de l’effort, il me paraît naturel qu’elle vaille aussi pour l’effort d’économies supplémentaire annoncé le 24 août. J’y reviendrai.
Les réformes, Mesdames et Messieurs les députés, nous ont également permis de maîtriser les dépenses sociales comme elles ne l’avaient sans doute jamais été. La réforme des retraites, ce sont 5,5 milliards d’euros de dépenses en moins dès 2012. La maîtrise de l’ONDAM – autre rupture majeure – ce sont 11 milliards d’euros d’économisés depuis 2008.
Au total, toutes ces réformes nous permettent de réduire la part des dépenses publiques dans le PIB de 0,3 point en 2011, puis de 0,5 point supplémentaire en 2012.
Ce budget, Mesdames et Messieurs les députés, il est donc d’abord placé sous le signe des réformes et des économies. C’est grâce à cette action que la France reste crédible en matière budgétaire et que notre notation est préservée.
Alors, Mesdames et Messieurs de l’opposition, aujourd’hui, vous nous expliquez que vous voulez faire demi-tour dans les réformes. Je vous le dis, vous êtes bien seuls en Europe. Aucun Gouvernement, de droite comme de gauche, ne le propose. Vous pouvez chercher en Espagne, en Suède ou en Allemagne : les seuls socialistes en Europe qui veulent créer des emplois publics, doubler des budgets ou baisser l’âge de la retraite, ils sont dans cet hémicycle !
Vous allez à contre-sens et vous le faites à contretemps : car à l’heure où la convergence est au coeur de l’avenir de la zone Euro, votre programme se résume en un mot : la divergence. Et c’est une erreur profonde. Parce que la divergence, c’est l’isolement. Et l’isolement, c’est l’échec.
II. Cet effort d’économie, Mesdames et Messieurs les députés, nous le concilions avec des priorités budgétaires fortes et respectées.
Voilà une autre différence, profonde, entre la majorité et l’opposition. Vous nous promettez une priorité chaque jour, le lundi l’éducation, le mardi la culture, puis la santé et ainsi de suite. A chaque journée sa dépense !
Tout le contraire, une fois de plus, de notre stratégie. Nos priorités sont en petit nombre, mais ce sont de vraies priorités. Et cela change tout.
Avec d’abord une priorité absolue donnée à l’innovation. Et c’est pourquoi l’enseignement supérieur et la recherche sont au coeur de la vision et de l’action du Président de la République.
Souvenez-vous, Mesdames et Messieurs les députés, de l’université française en 2007 : mal-aimée, sous-dotée, elle semblait condamnée au déclin. 5 ans après, avec l’autonomie, elle a changé de visage et elle n’hésite plus à afficher ses ambitions, grâce à 9 milliards d’euros supplémentaires en 5 ans. 9 milliards pour faire réussir nos étudiants et faire renaître la fierté universitaire. Car notre vision pour nos enfants, pour nos jeunes, ce n’est pas une jeunesse qui va d’allocation d’autonomie en emplois-jeunes, c’est une jeunesse qui réussit grâce à une université forte, exigeante et ouverte.
Alors, Mesdames et Messieurs de l’opposition, vous voulez à présent parler à la jeunesse. Vous voulez parler d’innovation. Mais alors, pourquoi donc avez-vous combattu la réforme des universités ? Pourquoi avez-vous soutenu les blocages des facultés? Pourquoi avez-vous refusé le rapprochement de la recherche publique et privée ? Tout cela, vous l’avez peut-être oublié, mais moi, je m’en souviens et les Français aussi.
Depuis 5 ans, avec la réforme de l’université et de la recherche, avec le triplement du crédit impôt recherche, avec les 35 milliards d’investissements d’avenir, nous construisons une France plus forte, une France plus compétitive. Et c’est la deuxième de nos priorités : investir pour créer les emplois de demain.
Aujourd’hui, j’entends le Parti socialiste annoncer qu’il veut alléger l’impôt sur les sociétés pour les entreprises qui investissent. C’est une idée aussi neuve que les emplois jeunes ! Elle existait en France dans les années 90 et Lionel Jospin l’a supprimée parce qu’elle ne marchait pas ! C’est lui qui l’a remplacée par le régime actuel, le taux d’IS réduit pour les PME.
Vous devriez donc écouter Lionel Jospin. Comme vous auriez dû écouter François Mitterrand, qui qualifiait la taxe professionnelle d’ « impôt imbécile ». Vous auriez donc été bien inspirés de nous soutenir lorsque nous avons supprimé cet impôt qui, précisément, pénalisait les entreprises qui investissent, et notamment les PME. Ce sont elles qui sont, avec nos industries, les grandes gagnantes de la suppression de la TP, parce que cela facilite justement leurs investissements !
Notre troisième priorité budgétaire, c’est la protection des plus fragiles. Et sur ce point aussi, je voudrais rappeler quelques données essentielles.
Nous avons augmenté les crédits de l’allocation adulte handicapé de 33 % depuis le début du quinquennat. Nous avons revalorisé le minimum vieillesse de 25 %. Nous avons créé le revenu de solidarité active.
Au total, les dépenses sociales financées par l’Etat ont augmenté de 4,4 milliards d’euros sur le quinquennat, soit 37 % en plus ! Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les filets de protection sociale n’ont jamais été si solides dans notre pays. Cela vous dérange certainement de le reconnaître. Et cette année encore, les crédits de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances » augmentent de 423 millions d’euros.
Enfin notre quatrième priorité, c’est évidement l’exercice des missions régaliennes de l’Etat. Et d’abord la justice, dont nous avons augmenté le budget de 20 % en 5 ans. Année après année, elle a été le seul ministère à bénéficier de créations d’emplois.
Plus largement, sur le quinquennat, nous aurons augmenté de 2,2 milliards d’euros les moyens dont disposent les ministères de la Défense, de l’Intérieur et de la Justice. Parce que la sécurité, c’est la première des libertés. Et là encore, cet effort s’est accompagné d’une réorganisation en profondeur. Car tous les moyens du monde ne suffiront jamais si nous ne transformons pas les structures : c’est pourquoi, par exemple, nous avons agi pour que les forces de police soient là où les Français en ont besoin quand ils en ont besoin. Entre 2005 et 2009, la Cour des comptes l’a constaté, la part des policiers sur le terrain a augmenté de 10 %.
III. Tenir un discours de vérité, Mesdames et Messieurs les députés, c’est aussi dire aux Français que dans l’un des pays les plus taxés au monde, la hausse générale des impôts n’a aucun avenir.
J’ai bien sûr entendu François Hollande annoncer un « grand soir fiscal », dont les détails restent terriblement flous. Et comme le dirait Martine Aubry, c’est qu’en réalité, il y a un loup. Oui, j’ai fait les comptes, l’addition de toutes les promesses de la primaire : j’ai trouvé des dépenses – et même beaucoup de dépenses. Je n’ai bien sûr trouvé aucune économie – mais rien d’étonnant, puisque le mot « réforme » a disparu du vocabulaire socialiste. Et en contrepartie, je peux d’ores et déjà vous annoncer une augmentation d’impôts, un choc fiscal de plus de 50 milliards d’euros, qui briserait net une croissance encore convalescente.
Là encore, nous divergeons profondément. Car notre stratégie, c’est d’utiliser la fiscalité comme un complément, et non pas comme un point de départ.
En 2012, nos recettes vont augmenter de 19,2 milliards. Pour la majeure partie, cette augmentation est spontanée et résulte du rattrapage de la baisse des recettes enregistrée pendant la crise. Elle traduit également les effets du plan anti-déficit du 24 août, qui prévoyait 3,6 milliards de ressources supplémentaires pour l’Etat en 2012. L’essentiel de ces mesures a été adopté en septembre, mais il vous reste à examiner la contribution exceptionnelle sur les très hauts revenus.
Cette contribution, c’est le prolongement de 5 années d’action pour renforcer l’équité de notre système fiscal. Les leçons de justice fiscale, nous sommes en effet en position de les donner et non de les recevoir.
Car nous avons fait voter près de 25 mesures alourdissant la fiscalité des ménages les plus aisés. Stock-options, retraites-chapeaux et parachutes-dorés : vous les exonériez ; nous les avons taxés !
Les foyers les plus aisés ont plus de revenus, plus d’immobilier et plus de patrimoine. Eh bien, ils seront taxés 3 fois. Et ce sont aussi les plus hauts-patrimoines qui supporteront le coût de la réforme de l’ISF.
En ce qui concerne plus précisément la contribution exceptionnelle sur les très hauts revenus, nous avons beaucoup travaillé avec le rapporteur général ainsi qu’avec l’ensemble de la majorité pour mettre au point le dispositif le plus équitable. Nous avons notamment travaillé sur le seuil d’entrée : il était fixé à 500 000 euros par part dans le projet du Gouvernement, vous avez souhaité le baisser à 250 000 euros, tout en augmentant le taux de 3 % à 4 % au-dessus de 500 000 euros. Je soutiendrai cette proposition, qui me paraît juste et équilibrée.
Au total, entre 2011 et 2012, la charge fiscale des plus aisés, réforme de l’ISF comprise, aura augmenté de près de 2 milliards d’euros. Aujourd’hui, je le dis à la majorité comme à l’opposition, les hauts revenus, surtout ceux du patrimoine, sont nettement plus taxés en France qu’en Allemagne ! Mais pour les classes moyennes, c’est l’inverse. Et c’est juste.
Le 2ème axe de notre politique fiscale, Mesdames et Messieurs les députés, c’est la poursuite de notre effort sans précédent de réduction des avantages fiscaux et sociaux. Et sur ce point aussi, nous tenons un discours de vérité : contrairement au Parti socialiste, nous ne prétendons pas supprimer 50 milliards de niches. Parce que pour atteindre ce chiffre, il faudrait remettre en cause des dispositifs qui sont socialement ou économiquement justifiés : allez-vous imposer les prestations familiales ou le salaire des apprentis ? Allez-vous supprimer l’abattement de 10 % sur les retraites ? Allez-vous supprimer la prime pour l’emploi, le crédit d’impôt sur les emplois à domicile ou la TVA réduite pour les équipements des personnes handicapées ? Si c’est le cas, dites-le aux Français, ils ont le droit de le savoir.
Notre effort de réduction des niches, lui, est ambitieux, réaliste et juste. Comme l’année dernière, nous appliquerons donc un rabot de 10 % sur les réductions et crédits d’impôts à l’impôt sur le revenu. Mais nous préserverons les dispositifs qui soutiennent la croissance et renforcent la cohésion sociale, comme les avantages fiscaux liés aux services à la personne et à l’investissement dans le logement social ultramarin.
Par souci d’efficacité, nous vous proposons aussi de proroger jusqu’en 2015 deux crédits fiscaux existants, dont nous réduisons toutefois le coût, le crédit d’impôt développement durable ainsi que les régimes d’investissements locatifs, dits « Scellier » et « Censi-Bouvard ».
Enfin, ce projet de budget nous permet d’avancer sur le terrain de la fiscalité comportementale, avec en particulier la création d’une taxe sur les boissons à sucres ajoutés. J’ai entendu les propositions des uns et des autres et nous aurons naturellement un débat à ce sujet. Mais dans l’esprit du Gouvernement, les choses sont claires : cette taxe est une taxe de santé publique, pour modifier les comportements et prévenir l’obésité, notamment chez les enfants. Comme vous, je constate qu’il y a un consensus scientifique sur le lien entre boissons sucrées et surpoids. L’essentiel, aujourd’hui, c’est donc d’envoyer un message très clair aux entreprises comme aux familles – et ce message, nous risquons de le brouiller en élargissant l’assiette de cette taxe.
Je sais que vous proposez d’accroître le produit de cette taxe pour pouvoir, en contrepartie, baisser le coût du travail agricole, une mesure souhaitée par le Président de la République pour des raisons de compétitivité de notre agriculture et de convergence franco-allemande.
Mais en accord avec le Ministre de la Santé, je souhaite que cette taxe ne soit pas détournée de son objet et qu’elle ne porte que sur les boissons à sucres ajoutés.
IV. Notre stratégie, Mesdames et Messieurs les députés, porte ses fruits, car le déficit de l’Etat baissera de 15 % en 2012.
Nous réduirons en effet de 14,8 milliards d’euros le déficit budgétaire de l’Etat, avec un solde ramené à 80,8 milliards d’euros, effet de l’économie supplémentaire de 1 milliard d’euros inclus. Et entre 2010 et 2012, nous aurons aussi divisé par deux le déficit de l’assurance-maladie et pris plus de 2 ans d’avance sur nos objectifs de réduction du déficit de la Sécurité sociale. En conséquence, le déficit public baissera de 1,2 point de PIB, passant ainsi de 5,7 % à 4,5 % du PIB.
La France respectera donc ses engagements grâce à des efforts structurels qui représentent 90 % de cette baisse. En 2011 et en 2012, ce sont 45 milliards d’euros d’efforts que nous faisons et pour plus de la moitié, ce sont des économies réalisées sur les dépenses.
Ces économies, Mesdames et Messieurs les députés, nous les décidons ensemble. Ce ne sont pas toujours des choix faciles. Mais ce sont des choix responsables, que nous assumons collectivement. C’est pourquoi – et c’est une démarche inédite – j’ai souhaité que nous travaillions ensemble sur la répartition de l’économie supplémentaire d’un milliard d’euros sur les dépenses. Et nous avons avancé autour d’un principe simple : nul ne doit être exempté de cet effort d’intérêt public.
Nous avons donc mûrement pesé les exceptions à cette règle. Je vous proposerai donc de ne sanctuariser que trois priorités absolues : l’enseignement supérieur et la recherche, l’aide publique au développement et les prestations sociales.
A ces exceptions près, tous les acteurs publics sont appelés à prendre leur part de cet effort, y compris les collectivités locales. J’ai proposé que ces dernières participent à hauteur de 200 millions d’euros. Pourquoi ? Tout simplement parce que les concours que leur verse l’Etat représentent 20 % de ses dépenses, et 20 % d’un milliard, cela fait 200 millions.
200 millions d’efforts sur un budget consolidé de 200 milliards d’euros – soit 1 pour mille – cela me semble un effort mesuré et atteignable.
Toutefois, pour garantir la stabilité et la prévisibilité des ressources principales des collectivités, je suggère de sanctuariser la dotation globale de fonctionnement accordée par l’Etat aux communes, aux intercommunalités, aux départements et aux régions. Elle sera maintenue au niveau exact de l’an dernier.
L’Etat supportera pour sa part un effort de 800 millions d’euros, qui portera sur les ministères, pour 480 millions d’euros, et sur les opérateurs, pour 320 millions d’euros. Le Gouvernement vous propose notamment de remettre de l’ordre dans les taxes affectées, qui constituent aujourd’hui un point de fuite inacceptable de la dépense publique, dénoncé par nombre d’entre vous.
Ces principes font aujourd’hui largement consensus et je remercie tout spécialement le rapporteur général, Gilles CARREZ, qui a joué un rôle essentiel, en lien étroit avec les rapporteurs spéciaux et avec l’ensemble de la majorité. Et ce dans le cadre, j’y insiste, d’une coresponsabilité assumée pour la réduction des déficits.
Mesdames et Messieurs les députés, dans les circonstances exceptionnelles que nous traversons, nous avons plus que jamais, collectivement, un devoir de vérité.
Le temps où l’Etat dépensait sans compter, le temps où les campagnes électorales se gagnaient à coup de milliards d’euros, eh bien, ce temps-là est révolu. Et aujourd’hui, plus que jamais, Mesdames et Messieurs les députés, notre responsabilité, ce n’est pas de fermer les yeux, c’est de regarder la réalité en face ; ce n’est pas de rêver, c’est d’agir, comme le fait le Président de la République.
Alors, je le répète, il n’y a pas d’alternative à la réduction des déficits, pas d’alternative aux économies, pas d’alternative aux réformes. Dans un pays qui fait déjà partie des plus imposés au monde, il n’y a pas d’autre chemin pour nous désendetter.
A tous ceux qui prétendent démondialiser, à tous ceux qui expliquent que l’on peut revenir à la retraite à 60 ans, à tous ceux qui promettent aux Français de ne jamais faire un euro d’économie, je le dis clairement : ne vivez pas dans le déni, parce que votre choix, ce sera de vous renier ou de nous ruiner.
Nous sommes les gardiens de la crédibilité du pays, pour les Français. Cette crédibilité, c’est un bien précieux, qui fait de nous une nation respectée et écoutée. Cette crédibilité, elle fait de nous une économie solide, créatrice d’emplois et protectrice des plus fragiles. Cette crédibilité, notre devoir à tous, dans cet hémicycle, c’est de la préserver.
La réduction des déficits, c’est une priorité nationale et quelles que soient les évolutions de la conjoncture, notre engagement, nous le tiendrons.
Je vous remercie.
Source http://www.budget.gouv.fr, le 19 octobre 2011