Interview de M. François Sauvadet, ministre de la fonction publique, à "Itélé le 24 novembre 2011, sur le droit de vote des étrangers, la probable candidature d'Hervé Morin à l'élection présidentielle 2012.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Itélé

Texte intégral


CHRISTOPHE BARBIER Nicolas SARKOZY n'est pas, Nicolas SARKOZY n'est plus pour le droit de vote de étrangers aux élections locales. Et vous ?

FRANÇOIS SAUVADET Eh bien écoutez, je me suis reconnu dans les propos du chef de l’Etat, hier. D’abord parce qu’il a rappelé qu’il fallait être extrêmement prudent sur tous les sujets qui peuvent diviser les Français au moment où nous sommes face à une crise très profonde, il faut éviter d’engager ce thème-là. Moi je suis d’accord aussi sur l’idée que, solidifier la nationalité avec le droit de vote, c'est plutôt une idée, voilà, à laquelle je suis attaché personnellement.

CHRISTOPHE BARBIER Pourtant, c'est des gens qui paient des impôts, localement, en Côte d’Or, ils ne peuvent pas choisir leur...

FRANÇOIS SAUVADET Oui, mais vous le savez, d’abord, tous les ressortissants de l’Union européenne peuvent participer, évidemment, parce que nous sommes dans une communauté de destin, mais l’idée d’ouvrir le droit de vote à des étrangers résidant ici, ce n'est pas une idée spontanée pour moi non plus.

CHRISTOPHE BARBIER Est-ce que vous, vous ouvrirez un peu plus la Fonction publique aux étrangers ?

FRANÇOIS SAUVADET Eh bien écoutez, la Fonction publique, d’abord, elle doit être à l’image de la société qu’elle sert, ce n'est pas simplement l’ouverture à des étrangers, c'est surtout permettre d’abord l’ouverture, l’égal accès des hommes et des femme aux fonctions aux responsabilités, permettre de retrouver la diversité, on a mis des clases préparatoires intégrées pour accompagner les jeunes qui sont en situation de difficultés, à accéder aux emplois, à des emplois de la Fonction publique, c'est là que sont les défis.

CHRISTOPHE BARBIER Alors, on va reparler des fonctionnaires, mais un mot de la candidature d’Hervé MORIN, elle sera normalement annoncée officiellement depuis le Pont de Normandie ce week-end. Est-ce qu’il représente le Nouveau centre, est-ce qu’il est le candidat officiel du Nouveau centre ou est-ce qu’il ne représente que lui-même ?

FRANÇOIS SAUVADET C'est d’abord une candidature, une démarche individuelle. Etre candidat à la présidentielle, c'est un choix personnel. Bon, c'est un choix que je ne partage pas, je le lui ai dit, je suis allé le dire au Conseil national. La question qui se pose à nous est très simple : comment est-ce que l’on doit peser dans la vie politique française ? Est-ce que l’on va peser avec une candidature de témoignage qui ne décolle pas dans les sondages, et qui reste à 1 ou 2 % ? Ou est-ce que l’on va peser en ayant un accord de gouvernement pour les cinq prochaines années, dans lequel je souhaite que nous ayons une marque Nouveau centre, notamment en matière européenne, notamment en matière de dialogue social, notamment en matière de temps de travail et de solidarité active. Voilà le sujet. Donc, moi je souhaite que vraiment, on se mette sans tarder autour de la table, pour parvenir à un accord du gouvernement et peser dans le débat politique. L’UMP ne pourra pas gouverner seul, demain.

CHRISTOPHE BARBIER L’UMP fait un peu la sourde oreille, par rapport à ce contrat de gouvernement.

FRANÇOIS SAUVADET Oui, mais l’UMP ne pourra pas gouverner seul, chacun le sait bien, on est dans un temps qui impose du rassemblement et singulièrement ceux qui ont fait le choix de participer à l’action du gouvernement de la France, donc c'est une posture dans laquelle ils ne pourront pas rester durablement.

CHRISTOPHE BARBIER Jean-François COPE menace carrément de présenter des candidats UMP, face aux députés Nouveau centre, sortant, si MORIN va à la présidentielle.

FRANÇOIS SAUVADET Oui, enfin, est-ce que...

CHRISTOPHE BARBIER Vous comprenez ce rapport de force ?

FRANÇOIS SAUVADET Est-ce que c'est une bonne pratique ? Enfin, franchement, je crois qu’il faut plutôt chercher ensemble les moyens de gagner ces élections, pour éviter une aventure socialiste qui serait préjudiciable au pays, je le crois profondément.

CHRISTOPHE BARBIER Est-ce que vous demandez encore ce matin à Hervé MORIN de renoncer à son annonce prochaine ?

FRANÇOIS SAUVADET Oui, je crois que cette candidature de témoignage ne décolle pas, il y a un principe de réalité, je crois que ce n'est pas la peine d’aller annoncer une vraie/fausse candidature, que l’on sera amenés peut-être à retirer dans les mois prochains.

CHRISTOPHE BARBIER Contrat de gouvernement avec l'UMP, ça veut dire que le Centre, le vrai Centre, eh bien ça sera François BAYROU.

FRANÇOIS SAUVADET Pourquoi François BAYROU ? François BAYROU a choisi de se mettre dans une postule où il commente le match. Il n’a pas fait, je crois, jusqu’à présent, disant : « Je veux rejoindre un pacte majoritaire avec l’UMP ».

CHRISTOPHE BARBIER Il veut l’Union nationale.

FRANÇOIS SAUVADET Eh bien très bien ! L’Union nationale, on voit où ça l’a conduit. L’Union nationale ça l’a conduit à se retrouver sur le banc de touche, sans allié. Je pense que l’on ne gagne pas demain, un parti politique ne gagne pas sans rechercher des stratégies d’alliance. Moi, je suis clairement sur une stratégie d’alliance avec l'UMP, notre partenaire, tout en gardant notre identité, en apportant ce que nous sommes dans la vie politique française.

CHRISTOPHE BARBIER Comment vous jugez les mésaventures d’Eva JOLY, ne ce moment ? Vous êtes attristé, amusé ?

FRANÇOIS SAUVADET Moi je crois qu’ils se sont pris les pieds dans le tapis. D’abord c'est un accord dont je voudrais dénoncer, sur le nucléaire, les conséquences qu’elles auront pour les Français. On est dans un temps extrêmement difficile, il faut avancer, avec des projets dans lesquels on dit la vérité aux Français. Il y a eu beaucoup de confusions, il y a même de la confusion au Parti socialiste, vous l’observez, création de 60 000 postes de fonctionnaires et puis on dit que l’on va en supprimer autant. Donc je crois que là on est au coeur d’un problème qui montre bien qu’il y a une stratégie dans laquelle ils se sont pris les pieds dans le tapis. On ne peut pas, dans le même temps, vouloir un candidat à la présidentielle, et dans le même temps faire un accord de gouvernement, sans créer du trouble dans tout cela, évidemment.

CHRISTOPHE BARBIER Le nucléaire, c'est des emplois et de l’électricité par chère, mais c'est du danger, aussi...

FRANÇOIS SAUVADET Non, écoutez...

CHRISTOPHE BARBIER ... si on en installe une à Vitteaux, chez vous, là, de centrale, ça va raller !

FRANÇOIS SAUVADET Ecoutez, j’ai le Centre d’énergie atomique, c'est une filière qui est très présente en Côte d’Or et en Bourgogne, et moi je soutiens l’idée que face à la demande énergétique croissance dont nous nous dotions, on ne pourra pas se passer du nucléaire. Il faut que l’on ait un vrai débat avec les Français sur cette question-là, mais l’opposer, en disant sur un coin de table, on échange des circonscriptions contre des fermetures de centrales, c'est juste pas digne pour l’avenir d’un pays.

CHRISTOPHE BARBIER Un référendum, comme on en a vu un en Italie, par exemple, sur le choix nucléaire, c'est possible ?

FRANÇOIS SAUVADET Faut-il prendre le risque d’un référendum, dans lequel, effectivement, on jouerait sur les peurs ou sur les troubles que ça peut occasionner ? Je crois que le vrai débat aujourd'hui, c'est la responsabilité que l’on à, à avoir par rapport à la demande énergétique internationale, qui serait extrêmement présente, je ne pense pas un seul instant que l’on puisse se passer du nucléaire.

CHRISTOPHE BARBIER En matière d’arrêts maladie, faut-il, comme le propose Laurent WAUQUIEZ, l’égalité entre salariés du privé et salariés de la Fonction publique ? Même nombre de jours de carences, pour les deux ?

FRANÇOIS SAUVADET Oh, écoutez, je n’ai pas écouté ce qu’a dit monsieur WAUQUIEZ, je crois qu’il est ministre de la Recherche et de l’Université...

CHRISTOPHE BARBIER C’était le patron de la droite sociale.

FRANÇOIS SAUVADET Oui, mais enfin, je l’ai entendu du dire sur le RSA, aussi, certains propos, remettant en cause cette mesure, que j’ai expérimentée dans mon département, je ne suis pas sûr que vraiment il ait bien maîtrisé ce qui se passe autour du RSA.

CHRISTOPHE BARBIER Il n’est pas très social, quoi.

FRANÇOIS SAUVADET Non... eh bien oui, enfin, je m’interroge. Moi, je vais dire des choses très simples. D’abord, il ne faut pas sous-estimer les efforts qui ont été faits dans la Fonction publique au cours des dernières années : des mutations profondes, gel des points d’indice aujourd'hui. Donc, ne sous-estimons pas les efforts qui ont été demandés aux fonctionnaires et n’opposons pas les fonctionnaires au restant de la société française, ce serait une faute. Deuxième chose, je le dis, il y a eu un jour de délai de carence, je l’ai assumé envers les fonctionnaires, le gouvernement, pour dire : effectivement, il faut que les efforts soient partagés par tous. Faut-il aller au-delà vers une parité de la situation entre privé et public ? Oui, mais pas au détour d’un amendement. C'est un sujet beaucoup plus vaste que cela.

CHRISTOPHE BARBIER Ils trichent un peu sur les arrêts maladie, les fonctionnaires, ils en prennent facilement, quand même, non ?

FRANÇOIS SAUVADET Non, je ne peux pas vous laisser dire ça. Je ne peux pas vous laisser dire ça. Ça, c'est une idée selon laquelle il y aurait d’un côté les fonctionnaires qui seraient finalement exonérés de tous les efforts, ce n'est pas vrai. Je suis allé sur le terrain, je les rencontre chaque jour, je vois les mutations profondes, notamment de la Fonction publique d’Etat et je dis aujourd'hui que dans nos collectivités territoriales, on ne pourra pas s’exonérer de l’effort que nous avons fait au niveau de l’Etat.

CHRISTOPHE BARBIER C'est un message à la gauche, à tous les maires de gauche, les présidents de conseils...

FRANÇOIS SAUVADET C'est un message qui s’adresse à toutes les collectivités territoriales. Je ne partage pas l’idée de ceux qui se disent : « Tournons-nous vers l’Etat, demandons plus de moyens ». Nous avons un partage, une situation qui est extrêmement difficile et qui nécessite des efforts et les collectivités devront faire des économies.

CHRISTOPHE BARBIER Alors, faut-il un deuxième jour de solidarité, pour tous les Français, pour financer ce qu’il faut ?

FRANÇOIS SAUVADET Vous le savez, il y a l’urgence. Nous devons être au rendez-vous des économies et des objectifs que nous nous sommes fixés, pour éviter ce qu’ont connu d’autres pays, l’Italie, l’Espagne, la Grèce, donc il faut beaucoup de courage. Il y a un groupe de travail qui s’est mis en place au Parlement, pour discuter avec le gouvernement, sur les mesures d’urgence que nous pourrions compléter, après le retrait du quatrième jour de carence qu’il y avait dans le privé. Eh bien voilà, on va continuer ce travail avec le Parlement, pas sans lui.

CHRISTOPHE BARBIER C'est une bonne piste.

FRANÇOIS SAUVADET C'est une piste qu’il ne faut pas écarter.

CHRISTOPHE BARBIER Que faire des deux millions de journées de RTT à cumuler à l’hôpital ? Est-ce qu’il faut les payer ? On estime ça à 400 millions d’euros.

FRANÇOIS SAUVADET Vous savez qu’il y a un dialogue qui est engagé par le ministre de la Santé, avec l’ensemble des organisations syndicales, en tout cas ça montre bien que les 35 heures ont été un piège pour la société française, et qu’elles ont conduit aux situations que l’on doit gérer aujourd'hui.

CHRISTOPHE BARBIER On paie aujourd'hui 400 millions.

FRANÇOIS SAUVADET Donc je dis simplement qu’il faudra que l’on revoie ça avec l’ensemble des organisations syndicales. Mais ça dépasse le débat, simplement, de l’hôpital. Je crois qu’il faut revenir à un temps de travail, d’abord, qui soit beaucoup plus conforme à ce que l’on a dans l’espace européen, ça fait partie des convergences.

CHRISTOPHE BARBIER Remonter à 37 heures ?

FRANÇOIS SAUVADET Oui, 37 heures, c’est une proposition...

CHRISTOPHE BARBIER D’Hervé MORIN.

FRANÇOIS SAUVADET ... c'est une proposition centriste, c'est entre 35, ceux quoi voudraient qu’on y reste et je pense que ce n'est pas souhaitable, et puis ceux qui disent retour à 39. Je pense que, voilà, c'est une proposition centriste.

CHRISTOPHE BARBIER Il y aura moins de fonctionnaires, dans 5 ans, qu’aujourd'hui ?

FRANÇOIS SAUVADET Il y a moins de fonctionnaires aujourd'hui qu’il y en avait hier...

CHRISTOPHE BARBIER Et on va continuer.

FRANÇOIS SAUVADET On continuera, mais avec une recherche de l’efficience, tout en gardant un système de protection, de cohésion sociale et territoriale dans notre pays, auquel tous les Français sont attachés, moi aussi.

Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 28 novembre 2011