Interview de M. Thierry Mariani, secrétaire d'Etat chargé des transports, à France Info le 9 janvier 2012, sur l'avenir de la compagnie SeaFrance et le projet de taxation des transactions financières.

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Média : France Info

Texte intégral

RAPHAËLLE DUCHEMIN Avec nous ce matin pour évoquer bien sûr l’avenir de SEAFRANCE. Comment est-ce que vous interprétez l’intérêt soudain d’EUROTUNNEL pour ce dossier ? C’est une bonne nouvelle ce matin ?
 
THIERRY MARIANI Ecoutez toute marque d’intérêt d’une entreprise pour ce dossier est une bonne nouvelle. Ca prouve quoi ? Ca prouve que finalement la ligne à un avenir entre Calais et Douvres. Et quel que soit l’avenir de SEAFRANCE tout à l’heure au tribunal il y aura quoi qu’il arrive quelqu’un qui exploitera cette ligne, mais c’est un peu tôt pour analyser cette offre. Simplement une entreprise comme EUROTUNNEL qui s’intéresse à SEAFRANCE est une bonne nouvelle.
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Mais vous aviez dit regarder avec beaucoup d’intérêt l’offre de DFDS. Est-ce que vous regardez avec le même intérêt celle d’EUROTUNNEL aujourd’hui ?
 
THIERRY MARIANI Ecoutez dès qu’elle nous sera transmise je la regarderai avec le même intérêt. Pour le moment j’ai simplement vu un article dans LIBERATION…
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Oui, une interview du PDG Jacques GOUNON.
 
THIERRY MARIANI Voilà et si j’ai bien compris ce qu’il propose d’acheter les bateaux pour le mettre à la disposition de la Scop. Je crois que c’est ce que le gouvernement avait obtenu la semaine dernière avec la SNCF.
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Donc reste à trancher après si ce sera avec EUROTUNNEL ou pas.
 
THIERRY MARIANI L’essentiel ce sont les emplois. Le problème il n’est pas de savoir si c’est avec EUROTUNNEL, avec Dupont, Pierre ou Jacques. L’essentiel c’est qu’il y a plus de 800 emplois qui sont menacés dans cette région qui est l’une des plus touchées. Ensuite tous les repreneurs seront j’allais dire examinés avec la plus grande attention.
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Même si ça se fait avec la CFDT ?
 
THIERRY MARIANI Même si ça se fait avec la CFDT. Attendez, je pense …
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Après tout le mal que vous en avez dit ?
 
THIERRY MARIANI Je n’ai pas dit beaucoup de mal sur la CFDT. J’ai simplement dit qu’il y avait un certain fanatisme à avoir refusé un projet et je le maintiens. Je vous ferai remarquer que je les ai vus six fois, que je les ai rencontrés je crois deux fois la semaine dernière. Comme Nathalie KOSCIUSKOMORIZET ont travaille avec tous ceux qui sont porteurs d’un projet. Simplement on aurait aimé qu’ils n’écartent pas un projet qui aurait permis de sauver 600 emplois, mais ça c’est déjà j’allais dire hélas de l’histoire ancienne.
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Alors l’avenir c’est donc peut-être EUROTUNNEL, elle dit vouloir éviter le drame social à Calais, et fait valoir que c’est une entreprise française elle. Quand le gouvernement fait la promotion du made in France vous allez je pense avoir du mal à dire non à cette éventuel repreneur.
 
THIERRY MARIANI Ecoutez Louis DREYFUS était aussi une entreprise française, c’est vrai qu’il était associé avec une entreprise étrangère…
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Danoise.
 
THIERRY MARIANI Voilà, la première des choses quand même c’est l’emploi, 860 emplois et puis ensuite si on peut avoir emploi plus pavillon français c’est sûr que c’est aussi un critère.
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Vous pensez que c’est une vraie offre de sauvetage pour les 860 salariés ou est-ce qu’EUROTUNNEL n’y voit pas aussi son intérêt à savoir éviter une certaine forme de concurrence à Calais.
 
THIERRY MARIANI Je pense que la vérité est certainement dans vos deux propositions.
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN La CFDT locale n’a pas un comportement honorable, c’est ce que vient de dire François CHEREQUE, c’est-à-dire le leader de la CFDT nationale. Est-ce que c’est un avis que vous partagez aussi dans ce dossier SEAFRANCE, vous avez eu des propos assez durs à plusieurs reprises contre les leaders locaux de la CFDT.
 
THIERRY MARIANI Non d’abord je voudrais saluer le courage de François CHEREQUE parce que quand il y a une section qui pose des problèmes eh bien visiblement la CFDT a le courage de le dire. Il devrait inspirer le parti socialiste au sujet du fonctionnement des fédérations socialistes de Marseille ou du Pas-de-Calais mais je referme la parenthèse.
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Ce n’est pas tout à fait la même chose.
 
THIERRY MARIANI Non, mais si ça prouve quand même que par moments les responsables syndicaux ou politiques quand il y a des dérives ils doivent le signaler. Ce que je regrette dans les épisodes passés, mais je répète c’est l’avenir qui nous intéressent, c’est le fait qu’on ait écarté tout simplement une option qui pouvait sauver 600 emplois, voilà c’est tout. Maintenant je ne suis pas là pour faire le procès de telles ou telles sections syndicales.
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Donc qu’est-ce qui va se passer après la décision du tribunal administratif ? Vous avez eu une réunion hier soir à l’Elysée, on vous a entendu vous et Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET dire hier soir il y a des options. Quelles sont-elles ces options aujourd’hui pour vous Thierry MARIANI ?
 
THIERRY MARIANI Ecoutez après la réunion du tribunal du commerce qui peut trancher aujourd’hui ou qui peut mettre sa décision en délibérée, on a plusieurs propositions qui sont à l’étude. La SNCF a fait des propositions. Il y a effectivement d’un armateur que vous avez cité qui était sur les rangs il y a quelques semaines. Depuis ce matin eh bien il y a un nouveau projet, voilà la première des choses qu’on fera une fois que la décision sera rendue, c’est d’abord de voir avec les administrateurs judiciaires et de voir avec tous ceux qui se sont manifestés jusqu’à présent.
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Ca veut dire que la SNCF reste dans le jeu pour l’instant en tout cas son projet de reclassement qui n’emballait pas vraiment une partie des salariés.
 
THIERRY MARIANI Mais attendez, il n’y aura jamais un projet où on reprendra plus de 800 emplois. Si on veut sauver ces 800 emplois, si on veut faire en sorte que ces plus de 800 salariés travaillent dans quelques mois il y aura certainement un repreneur, un peu de la SNCF, un peut d’autres choses. Il y a aussi des gens qui souhaitent par exemple avec leur prime de départ monter une entreprise. On l’a vu avec une partie de ceux qui forment le nouveau collectif qui s’est réunit à Calais.
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Le gouvernement est en pointe sur ce dossier, ça on l’a bien compris comme sur d’autres d’ailleurs on pense à PETROPLUS, on a pense à PHOTOWATT. L’objectif c’est quoi ? C’est éviter la casse sociale avant la présidentielle, on prête à Nicolas SARKOZY des intentions électoralistes.
 
HIERRY MARIANI Non, je crois que vous devriez lui prêter des intentions responsables, le chômage c’est quelque chose j’allais dire qui hélas frappe notre pays. Et si je parle du cas de SEAFRANCE une entreprise avec plus de 800 salariés ça ne peut pas laisser indifférent.
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Mais ça veut dire qu’on va intervenir à chaque fois qu’une entreprise va être en passe de mettre la clé sous la porte aujourd’hui.
 
THIERRY MARIANI Ca veut dire que chaque fois qu’il y a une entreprise qui sera menacée, chaque fois plusieurs centaines d’emplois sont menacés, c’est le devoir du gouvernement de se battre pour essayer de trouver toutes les solutions. En deux semaines au plus haut niveau de l’Etat, le président de la République a convoqué une réunion sur SEAFRANCE. Ca veut dire quoi ? Eh bien ça veut dire que même si le dossier est difficile on a une obligation de résultat ; une obligation de résultat de faire en sorte que si la société n’est pas reprise eh bien on arrive pour si possible la totalité des salariés à retrouver quelque chose.
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Donc c’est un engagement ferme que vous prenez aujourd’hui.
 
THIERRY MARIANI Oui c’est l’engagement ferme, c’est une obligation de résultat, je pense qu’on sera jugé là-dessus bien sûr.
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN L’autre temps fort de la journée Thierry MARIANI c’est le tête-à-tête Angela MERKEL – Nicolas SARKOZY. La France doit mettre en place une taxation sur les transactions financières, même seule, ou vous pensez qu’on est obligé de le faire avec l’Allemagne. On a entendu que Nicolas SARKOZY souhaitait le faire y compris s’il fallait y aller seul.
 
THIERRY MARIANI Ecoutez on a la chance d’avoir un président qui par moment à un peu bousculé les procédures, regardez par exemple si je me souviens j’entendais les responsables du MEDEF nous expliquer que la prime exceptionnelle qui était destinée aux salariés on ne pourrait pas la mettre en place. Regardez par exemple la lutte contre les paradis fiscaux qui a considérablement avancé jamais elle avait autant avancée, mais au départ certains de nos partenaires européens ont fait des mous, des bof, etc. je crois que Nicolas SARKOZY est fermement décidé à ce qu’on avance dans ce domaine.
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Mais pour l’instant on n’a pas avancé, et c’était aussi une promesse de Nicolas SARKOZY au début du quinquennat cette taxe.
 
THIERRY MARIANI Ca ne vous a pas échappé qu’il reste encore quelques semaines.
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Il reste quelques semaines ça signifie que ce sera mis en place coûte que coûte avant la présidentielle.
 
THIERRY MARIANI Le président a été très clair, c’est un engagement très clair de sa part. Et c’est aussi avec j’allais dire sa volonté habituelle, un engagement qu’il veut faire partager à nos partenaires européens.
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Cee n’est pas un peu facile de toiletter l’idée et de faire semblant de ressortir une idée nouvelle Thierry MARIANI aujourd’hui puisque ça fait des années qu’il l’a promet cette taxe…
 
THIERRY MARIANI Ca fait des années que tout le monde l’a promet, ça fait des années que la gauche l’a promise, qu’elle ne l’a jamais mise en application non plus, je vous rappelle, voilà. Jusqu’à présent vous avez raison la gauche l’a promise, la droite jusqu’à présent l’avait évoquée, certainement que Nicolas SARKOZY l’a mettra en place. Et j’espère que la France montra l’exemple à nos voisins européens.
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Alors ce week-end Philippe DOUSTE-BLAZY annonçait son ralliement à François BAYROU qui revient lentement mais sûrement quand même dans les sondages. L’ancien ministre n’est pas tendre avec ce qu’est devenu l’UMP. Il dit qu’elle a en quelque sort perdu son âme ; et parle du tournant droitier du mouvement. Est-ce que l’UMP est encore un grand parti de centre droit humaniste et libéral ?
 
THIERRY MARIANI Ce n’est pas parce qu’on a perdu Philippe DOUSTE-BLAZY qu’on n’est pas encore un grand parti de centre droit et humaniste.
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Dérive droitière ça vous parle ?
 
THIERRY MARIANI Ca ne me parle pas du tout, je veux dire que crois qu’au sein de l’UMP il y a des gens qui sont au centre, il y a des gens qui sont à droite, il y a des gens qui se rattachent aux libéraux ou au gaullistes, voilà.
 
RAPHAËLLE DUCHEMIN Et il y en a d’autres qui ne se reconnaissent plus.
 
THIERRY MARIANI Oui mais attendez dans un parti politique ce n’est pas y être quand ça arrange et puis quitter le navire quand on a une opportunité ailleurs. Je crois aussi que par moments certains devraient se souvenir et avoir un peu de reconnaissance du ventre et un peu de fidélité.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 16 janvier 2012