Texte intégral
Q - Les prochaines heures, dans laffaire de Toulouse, seront décisives. Claude Guéant vient de dire, «Nous espérons quil est encore vivant». Les autorités françaises le voulaient vivant pour quil soit jugé.
R - Nous le voulons toujours vivant pour quil soit jugé et que les familles puissent ainsi assumer leur deuil. Vous savez, hier, dans le cimetière de Jérusalem, lémotion était bouleversante quand on a vu arriver sur des brancards, enveloppés dans des linceuls, ces corps, dont trois corps denfants. La gorge se nouait.
Q - Ils étaient dans le même avion que vous quand vous êtes allé de Paris à Tel Aviv
R - Jai voyagé à côté de Mme Sandler qui a perdu son mari, deux de ses enfants, et qui avait dans ses bras un petit bébé. Cest lhorreur absolue. Jai voulu me rendre là-bas pour dire à la communauté juive, au peuple dIsraël, que le peuple de France partageait son émotion et sa douleur.
Q - Oui, vous avez trouvé des formules : «Vos douleurs sont les nôtres, cest le sang de nos deux pays qui a coulé»
R - Je leur ai dit aussi que la France entière était bouleversée. Au-delà même de la communauté juive française, toutes les religions et tous ceux qui nont pas de religion aussi se sont retrouvés dans un grand moment dunité nationale pour lutter contre le péril terroriste qui nous menace. La France nest pas à labri même si elle est protégée par lefficacité de ses services de renseignement qui, jusquà cette tragédie, avaient évité que ne se produisent des attentats sur le sol national.
Q - Encore un mot sur Israël : les dirigeants dIsraël vous ont-ils dit que la France est antisémite, xénophobe et raciste ?
R - Non ! Ca, cest une idée quil faut arrêter de véhiculer. Je lai dit de façon publique, nous avons marqué des points au cours des dernières années contre lantisémitisme. Le nombre dactes antisémites sest véritablement effondré au cours des dernières années. Bien sûr, il y a cette tragédie, mais je voudrais rappeler que ce monstre a tué des personnes appartenant à diverses religions : des juifs, mais aussi des musulmans et un chrétien.
Q - Lhomme qui a tué toutes les religions !
R - Le terrorisme sattaque à tout.
Q - En France et en Europe, les «jihadistes» sont une menace qui est déjà prise en compte, mais est-ce quils sont sous-estimés ?
R - Nous prenons cette menace en compte et nous sommes fort exposés. Je voudrais le rappeler, quand je suis arrivé au ministère de la Défense, en janvier de lannée dernière, il y a eu la prise dotages de deux de nos concitoyens au Niger qui ont été tués. Nous avons encore aujourdhui, il faut se le rappeler, six otages au Sahel, détenus par AQMI - Al Qaïda au Maghreb islamique - et un otage dans la Corne de lAfrique. La France est donc évidemment ciblée par le terrorisme, comme beaucoup dautres pays.
Nos services de renseignement - François Heisbourg le disait il y a peu de temps sur votre antenne - sont remarquablement efficaces. Évidemment, ils nont pas pu éviter cette tragédie
Q - Vous parlez de la présence de dAQMI dans le Sahel et au Mali. Il vient dy avoir un coup dÉtat au Mali. Quelle est la position de la France ?
R - Nous avons condamné ce coup dÉtat militaire parce que nous sommes attachés au respect des règles démocratiques et constitutionnelles. Nous demandons le rétablissement de lordre constitutionnel, des élections. Elles étaient programmées pour le mois davril, il faut quelles aient lieu le plus vite possible pour que le peuple malien puisse sexprimer. Et puis, surtout, nous travaillons depuis des mois avec nos partenaires de la région et les organisations régionales pour engager un dialogue entre les rebelles du nord, les Touaregs, et le régime de Bamako.
Q - Oui, mais cest un nid terroriste aussi cette région
R - Le Sahel est un nid terroriste, bien sûr, et nous agissons. Nous essayons de fédérer, là aussi, les pays de la région parce que cest à eux de monter en première ligne. Nous les aidons, lEurope les aide à se battre contre ce fléau.
Q - Une centaine dEuropéens sont parait-il recensés en Afghanistan aujourdhui. Ils combattent avec les Taliban. On parle dune quinzaine, une vingtaine de Français dont la liste est établie. Pourquoi ny a-t-il pas plus de moyens pour mieux les contrôler, contrôler les cellules, les petites cellules qui sont en train de sorganiser et pour les empêcher dagir ?
R - Ils sont contrôlés. Dailleurs, si jai bien entendu les informations que vous avez diffusées, lauteur de ces attentats monstrueux a été interrogé récemment par les services de renseignement. Je comprends que lon puisse se poser la question de savoir si il y a eu une faille ou pas ; il faut faire la clarté là-dessus.
Q - Quel genre de faille ?
R - Comme je ne sais pas sil y a eu une faille, je ne peux pas vous dire quel genre de faille, mais il faut faire la clarté là-dessus.
Et en tout cas, il faut que nous continuions à nous mobiliser contre le risque terroriste. Je voudrais aussi quand même saluer la façon dont le président de la République et le ministre de lIntérieur se sont engagés nuit et jour pour mobiliser nos forces de police et linstitution judiciaire. Le résultat est là : très rapidement, nous avons pu identifier et cerner lauteur de cet attentat monstrueux.
Q - Mohamed Merah reconnaît quil avait combattu dans les rangs des Taliban, en Afghanistan. La France est une coalition engagée en Afghanistan. Est-ce que le président et son gouvernement vont réviser la politique française en Afghanistan ? Est-ce que vous allez rentrer plus vite, comme on vous le demande, dans la campagne ?
R - Cette question me paraît, pardon de vous le dire, tout à fait étrange. Pourquoi sommes-nous en Afghanistan ? Pour lutter contre le terrorisme, très précisément. Donc, ça veut dire quil faut plier bagage comme ça, dans la panique, pour céder au terrorisme ? Certainement pas !
Si nous sommes là-bas, je le répète, cest notamment pour lutter contre le terrorisme. Par ailleurs, nous avons engagé un plan de retrait de nos soldats. Le retrait a commencé en coordination avec nos alliés.
( )
Q - Un mot sur le procès de Florence Cassez. Les juges de Mexico ont décidé quelle resterait en prison. Est-ce quil reste un espoir et est-ce que cétait un vrai procès ?
R - Il y a un espoir puisque précisément les juges ont reconnu quil ny avait pas eu un vrai procès, et ça cest un progrès, entre guillemets, très important. Alors, jespère maintenant quune nouvelle décision, soit de la Cour suprême, soit dun tribunal
Q - mais cela doit venir du Mexique.
R - Bien sûr !
Q - Que faisons-nous en France ?
R - Nous disons que nous constatons que la Justice mexicaine reconnaît que Florence Cassez na pas eu un procès équitable ; ce que nous pensions depuis longtemps. Il faut absolument aujourdhui quelle puisse avoir un traitement équitable et, je le pense, recouvrer sa liberté parce quil y a beaucoup de raisons de penser quelle est innocente.
Q - Sur la Syrie, les Russes ont bougé
R - Les Russes ont un peu bougé puisque nous avons enfin adopté, à lunanimité, un texte aux Conseil de sécurité des Nations unies qui va permettre, je lespère, à Kofi Annan dobtenir un cessez le feu. Vous savez combien la France est en première ligne dans ce combat.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 mars 2012
R - Nous le voulons toujours vivant pour quil soit jugé et que les familles puissent ainsi assumer leur deuil. Vous savez, hier, dans le cimetière de Jérusalem, lémotion était bouleversante quand on a vu arriver sur des brancards, enveloppés dans des linceuls, ces corps, dont trois corps denfants. La gorge se nouait.
Q - Ils étaient dans le même avion que vous quand vous êtes allé de Paris à Tel Aviv
R - Jai voyagé à côté de Mme Sandler qui a perdu son mari, deux de ses enfants, et qui avait dans ses bras un petit bébé. Cest lhorreur absolue. Jai voulu me rendre là-bas pour dire à la communauté juive, au peuple dIsraël, que le peuple de France partageait son émotion et sa douleur.
Q - Oui, vous avez trouvé des formules : «Vos douleurs sont les nôtres, cest le sang de nos deux pays qui a coulé»
R - Je leur ai dit aussi que la France entière était bouleversée. Au-delà même de la communauté juive française, toutes les religions et tous ceux qui nont pas de religion aussi se sont retrouvés dans un grand moment dunité nationale pour lutter contre le péril terroriste qui nous menace. La France nest pas à labri même si elle est protégée par lefficacité de ses services de renseignement qui, jusquà cette tragédie, avaient évité que ne se produisent des attentats sur le sol national.
Q - Encore un mot sur Israël : les dirigeants dIsraël vous ont-ils dit que la France est antisémite, xénophobe et raciste ?
R - Non ! Ca, cest une idée quil faut arrêter de véhiculer. Je lai dit de façon publique, nous avons marqué des points au cours des dernières années contre lantisémitisme. Le nombre dactes antisémites sest véritablement effondré au cours des dernières années. Bien sûr, il y a cette tragédie, mais je voudrais rappeler que ce monstre a tué des personnes appartenant à diverses religions : des juifs, mais aussi des musulmans et un chrétien.
Q - Lhomme qui a tué toutes les religions !
R - Le terrorisme sattaque à tout.
Q - En France et en Europe, les «jihadistes» sont une menace qui est déjà prise en compte, mais est-ce quils sont sous-estimés ?
R - Nous prenons cette menace en compte et nous sommes fort exposés. Je voudrais le rappeler, quand je suis arrivé au ministère de la Défense, en janvier de lannée dernière, il y a eu la prise dotages de deux de nos concitoyens au Niger qui ont été tués. Nous avons encore aujourdhui, il faut se le rappeler, six otages au Sahel, détenus par AQMI - Al Qaïda au Maghreb islamique - et un otage dans la Corne de lAfrique. La France est donc évidemment ciblée par le terrorisme, comme beaucoup dautres pays.
Nos services de renseignement - François Heisbourg le disait il y a peu de temps sur votre antenne - sont remarquablement efficaces. Évidemment, ils nont pas pu éviter cette tragédie
Q - Vous parlez de la présence de dAQMI dans le Sahel et au Mali. Il vient dy avoir un coup dÉtat au Mali. Quelle est la position de la France ?
R - Nous avons condamné ce coup dÉtat militaire parce que nous sommes attachés au respect des règles démocratiques et constitutionnelles. Nous demandons le rétablissement de lordre constitutionnel, des élections. Elles étaient programmées pour le mois davril, il faut quelles aient lieu le plus vite possible pour que le peuple malien puisse sexprimer. Et puis, surtout, nous travaillons depuis des mois avec nos partenaires de la région et les organisations régionales pour engager un dialogue entre les rebelles du nord, les Touaregs, et le régime de Bamako.
Q - Oui, mais cest un nid terroriste aussi cette région
R - Le Sahel est un nid terroriste, bien sûr, et nous agissons. Nous essayons de fédérer, là aussi, les pays de la région parce que cest à eux de monter en première ligne. Nous les aidons, lEurope les aide à se battre contre ce fléau.
Q - Une centaine dEuropéens sont parait-il recensés en Afghanistan aujourdhui. Ils combattent avec les Taliban. On parle dune quinzaine, une vingtaine de Français dont la liste est établie. Pourquoi ny a-t-il pas plus de moyens pour mieux les contrôler, contrôler les cellules, les petites cellules qui sont en train de sorganiser et pour les empêcher dagir ?
R - Ils sont contrôlés. Dailleurs, si jai bien entendu les informations que vous avez diffusées, lauteur de ces attentats monstrueux a été interrogé récemment par les services de renseignement. Je comprends que lon puisse se poser la question de savoir si il y a eu une faille ou pas ; il faut faire la clarté là-dessus.
Q - Quel genre de faille ?
R - Comme je ne sais pas sil y a eu une faille, je ne peux pas vous dire quel genre de faille, mais il faut faire la clarté là-dessus.
Et en tout cas, il faut que nous continuions à nous mobiliser contre le risque terroriste. Je voudrais aussi quand même saluer la façon dont le président de la République et le ministre de lIntérieur se sont engagés nuit et jour pour mobiliser nos forces de police et linstitution judiciaire. Le résultat est là : très rapidement, nous avons pu identifier et cerner lauteur de cet attentat monstrueux.
Q - Mohamed Merah reconnaît quil avait combattu dans les rangs des Taliban, en Afghanistan. La France est une coalition engagée en Afghanistan. Est-ce que le président et son gouvernement vont réviser la politique française en Afghanistan ? Est-ce que vous allez rentrer plus vite, comme on vous le demande, dans la campagne ?
R - Cette question me paraît, pardon de vous le dire, tout à fait étrange. Pourquoi sommes-nous en Afghanistan ? Pour lutter contre le terrorisme, très précisément. Donc, ça veut dire quil faut plier bagage comme ça, dans la panique, pour céder au terrorisme ? Certainement pas !
Si nous sommes là-bas, je le répète, cest notamment pour lutter contre le terrorisme. Par ailleurs, nous avons engagé un plan de retrait de nos soldats. Le retrait a commencé en coordination avec nos alliés.
( )
Q - Un mot sur le procès de Florence Cassez. Les juges de Mexico ont décidé quelle resterait en prison. Est-ce quil reste un espoir et est-ce que cétait un vrai procès ?
R - Il y a un espoir puisque précisément les juges ont reconnu quil ny avait pas eu un vrai procès, et ça cest un progrès, entre guillemets, très important. Alors, jespère maintenant quune nouvelle décision, soit de la Cour suprême, soit dun tribunal
Q - mais cela doit venir du Mexique.
R - Bien sûr !
Q - Que faisons-nous en France ?
R - Nous disons que nous constatons que la Justice mexicaine reconnaît que Florence Cassez na pas eu un procès équitable ; ce que nous pensions depuis longtemps. Il faut absolument aujourdhui quelle puisse avoir un traitement équitable et, je le pense, recouvrer sa liberté parce quil y a beaucoup de raisons de penser quelle est innocente.
Q - Sur la Syrie, les Russes ont bougé
R - Les Russes ont un peu bougé puisque nous avons enfin adopté, à lunanimité, un texte aux Conseil de sécurité des Nations unies qui va permettre, je lespère, à Kofi Annan dobtenir un cessez le feu. Vous savez combien la France est en première ligne dans ce combat.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 mars 2012