Texte intégral
* IMPÔT SUR LE REVENU
LAgefi Actifs. - Envisagez-vous des évolutions pour limpôt sur le revenu, par exemple de modifier le barème à la hausse ou à la baisse, ou dy intégrer les contributions sociales ?
Nicolas Sarkozy. - Les évolutions de notre système fiscal doivent servir un double objectif de compétitivité et de justice. Cest dans cet esprit quont été menées les réformes de notre fiscalité depuis 2007, notamment pour limpôt sur le revenu, qui revêt un caractère symbolique particulier. Ainsi, pour lutter contre la crise, je nai pas hésité à supprimer, en 2009, la première tranche dimpôt sur le revenu, redonnant ainsi du pouvoir dachat à 6 millions de contribuables.
En parallèle, lélévation à 41 % du taux marginal de limpôt sur le revenu, le gel du barème par rapport à linflation et lintroduction dune contribution exceptionnelle sur les hauts revenus qui doit être maintenue jusquau retour à léquilibre budgétaire, sont autant de mesures de solidarité concentrées sur les plus hauts revenus.
En ce domaine, nous avons atteint un bon équilibre. Alourdir massivement la taxation des hauts revenus serait irresponsable et démagogique : notre économie risquerait dy perdre beaucoup. A lheure actuelle, la priorité va au renforcement de notre compétitivité, à la lutte contre la crise et à la restauration de nos finances publiques.
François Hollande. - La situation dramatique de nos finances publiques impose des efforts importants ; ceux-ci ne seront acceptés que sils sont justes et efficaces. Cest pourquoi jai proposé une grande réforme fiscale qui devra, à terme, permettre le fusionnement de limpôt sur le revenu et de la CSG. Lassiette de limpôt sera également modifiée puisque je souhaite soumettre les revenus du capital au même barème progressif que les revenus du travail. Comment, à plus forte raison en période de crise, justifier que la rente soit moins taxée que leffort ?
Sagissant du barème de limpôt sur le revenu, nous créerons une nouvelle tranche à 45 % pour les revenus supérieurs à 150.000 euros par part. En outre, je veux redonner son sens au barème progressif de limpôt sur le revenu. Cela implique dagir sur les niches, et notamment de réduire le niveau de leur plafonnement global à 10.000 euros. Enfin, jai annoncé la création dune imposition spécifique à 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million deuros par an.
Etes-vous favorable à la retenue à la source et, si oui, quelle faisabilité dans létat actuel de complexité de la législation fiscale ?
N.S. - La retenue à la source présente des avantages non négligeables : la simplification des procédures, lallègement des charges, une transparence qui favorise la lutte contre la fraude. Elle entraîne également des coûts et des incertitudes. Ce système suppose, en effet, des changements profonds de nos structures administratives.
Comme la récemment rappelé le Conseil des prélèvements obligatoires, 73 % des contribuables ont dores et déjà opté pour la mensualisation de leur impôt et 90 % des versements fiscaux se font par voie électronique. Dans ce contexte, la retenue à la source se traduirait dabord par des coûts supplémentaires pour les entreprises, sans apporter davantages réels aux contribuables.
F.H. - Je suis favorable à la fusion à terme de limpôt sur le revenu et de la CSG dans le cadre dun prélèvement simplifié sur le revenu. Celui-ci a vocation à être prélevé à la source. Les difficultés techniques en la matière ne doivent pas être ignorées et cest pourquoi une telle réforme requerra du temps.
Souhaitez-vous simplifier la fiscalité de lépargne et quelle est votre politique concernant les niches fiscales ? Lassurance vie en particulier sera-t-elle touchée ?
N.S. - La fiscalité de lépargne a été ajustée depuis 2007 pour répondre à des impératifs nouveaux, liés à la crise, à la relance de notre économie et au rétablissement de léquilibre budgétaire. Ainsi, les réformes que jai souhaitées, telles que laugmentation de la fiscalité sur les revenus du capital pour le financement du RSA ou la taxation des stock-options, sont autant de mesures de solidarité destinées à compenser les effets budgétaires de la crise. Le plafonnement des niches fiscales participe de la même démarche : rendre notre système fiscal à la fois plus performant et plus juste.
Dans le contexte difficile que nous connaissons, le candidat socialiste voudrait dégager facilement des ressources budgétaires nouvelles en taxant lassurance vie. Cest une solution de facilité et qui se révélera nuisible à notre économie. Lassurance vie offre, en effet, des possibilités dépargne simples et avantageuses pour 17 millions de Français et contribue, pour une part, au financement des PME et de linnovation dans notre pays.
Jajoute que, conjuguée à la remise en cause de la réforme des retraites, la réforme de la fiscalité de lassurance vie préparerait des lendemains qui déchantent à tous ceux qui sont préoccupés par leur retraite. Je pense donc que lassurance vie doit être préservée.
F.H. - Concernant les niches fiscales, comme je vous lai dit, nous introduirons un plafonnement à 10.000 euros - un plafond spécifique sera maintenu pour les outre-mers. Quant à lassurance vie, elle sera concernée par lalignement de la fiscalité du capital et du travail que jai déjà exposé, mais les modalités dapplication de ce principe devront prendre en compte lencouragement à lépargne longue, la capacité de lassurance vie à financer effectivement léconomie et surtout la protection des petits épargnants.
* AUTRES IMPÔTS
Comptez-vous faire évoluer limpôt de solidarité sur la fortune ?
N.S. - En 2011, nous avons engagé une réforme globale de lISF afin de mettre un terme à des situations à la fois injustes et contre-productives. Léquilibre que nous avons trouvé me semble à la fois bénéfique pour notre économie et conforme à léquité. En exonérant dISF les ménages dont le patrimoine est compris entre 800.000 et 1,3 million deuros, la réforme a mis un terme à des situations injustifiables, qui voyaient des ménages fortement taxés du seul fait de la hausse du marché immobilier. Dans le même temps, en adoptant un nouveau barème, nous avons rendu le système plus favorable à la création de richesses, sans renoncer au principe de limpôt.
Depuis 2007, jai par ailleurs encouragé la mise en place de mesures destinées à limiter les effets économiques négatifs de cet impôt sans équivalent chez nos partenaires. Le mécanisme de lISF PME a ainsi joué un rôle très positif dans le développement des entreprises, en particulier pour les plus innovantes. Comme pour lépargne, la France a tout intérêt à développer un système équilibré, en faisant de lISF à la fois un impôt juste et un stimulant pour linvestissement productif.
F.H. - Oui, car lallègement massif de lISF en période de crise a été une erreur. Je rétablirai le barème qui prévalait avant la réforme de 2011 ; les personnes disposant dun patrimoine inférieur à 1,3 million deuros ny seront pas assujetties.
Quelles sont vos propositions en matière de droits de succession et de donation ?
N.S. - La suppression des droits de succession pour 95 % des patrimoines est une des mesures importantes de mon quinquennat. Il est juste que nos concitoyens puissent transmettre à leurs enfants le patrimoine quils ont constitué par leur travail. Labattement de 150.000 euros par enfant est fixé à un niveau à la fois juste et raisonnable. Je ne reviendrai pas sur cette décision, qui traduit limportance que notre société doit reconnaître au travail et à leffort.
Sagissant de la fiscalité des successions et donations les plus importantes, le gel, en 2012, du barème des droits correspond à un effort que les détenteurs des principaux patrimoines doivent consentir en temps de crise. Ce nest pas un changement du cadre juridique applicable à ces droits, mais une mesure de solidarité rendue nécessaire par la conjoncture. Je souhaite donc que le barème de ces droits puisse, à terme, être de nouveau ajusté en fonction de linflation.
F.H. - Lallègement des droits de succession par la loi Tepa a été une erreur que je souhaite corriger. Labattement sur les successions sera donc ramené à 100.000 euros par enfant et lexonération en faveur des conjoints survivants sera conservée. Le délai de rapport fiscal sera porté à 15 ans.
Quelle est votre position concernant une TVA sociale ?
N.S. - La mise en oeuvre dune fiscalité anti-délocalisation, dont la TVA est une composante essentielle, est une priorité absolue pour les mois à venir. Cette mesure jouera un rôle très important dans lindispensable restauration de notre compétitivité. La hausse du taux normal de TVA, qui passera de 19,6 % à 21,2 % au 1er octobre, est une mesure bénéfique pour nos entreprises, qui ont besoin de marges de manoeuvre supplémentaires pour investir et se développer.
Cette hausse permettra de baisser les cotisations patronales finançant la politique familiale, cest-à-dire des prestations sociales à caractère universel et qui nont donc pas particulièrement vocation à être financées par un prélèvement sur le travail. Par ce biais, les importations contribueront également au financement de notre protection sociale. Cest grâce à des réformes de ce type que la France sera au rendez-vous de la compétitivité et retrouvera la croissance.
F.H. - Je lai annoncé : je suis opposé à cette mesure, que je considère terriblement injuste et économiquement contre-productive. Je supprimerai donc la TVA sociale qui a été votée en janvier si je suis élu.
* RETRAITE / PRÉVOYANCE
Quelles sont vos propositions pour faire évoluer les régimes de base et complémentaires ?
N.S. - La réforme des retraites que jai voulue et que le gouvernement a menée à terme en 2010 aura un impact structurel majeur sur léquilibre à long terme de notre protection sociale. Elle assure la pérennité de notre système, sans diminution des pensions et sans augmentation des cotisations, dans un contexte marqué à la fois par une crise économique majeure, mais aussi par un phénomène extraordinairement positif : lallongement de la durée de la vie.
Cette remarquable avancée de nos sociétés justifie pleinement la remontée progressive de lâge légal de départ en retraite. Cette nouvelle donne doit guider les évolutions à moyen terme de notre système. Ces évolutions devront également permettre dharmoniser les différents régimes, notamment pour ce qui concerne les mécanismes de majorations des retraites complémentaires. Dans limmédiat, il est essentiel daccompagner au mieux la mise en place du système issu de la réforme.
F.H. - La réforme du gouvernement a été une réforme injuste et, qui plus est, non pérenne. Jai donc annoncé ma volonté de revenir sur cette réforme. Je ferai en sorte que tous ceux qui ont 60 ans et qui auront cotisé la totalité de leurs annuités retrouvent le droit de partir à la retraite à taux plein à cet âge-là. Une négociation globale sengagera par ailleurs dès lété 2012 avec les partenaires sociaux afin de définir, dans un cadre financier durablement équilibré, lâge légal de départ à la retraite, la prise en compte de la pénibilité, le montant des pensions et lévolution des recettes indispensables à la pérennité de notre système de retraite solidaire.
Envisagez-vous de faire évoluer ou de revenir sur les produits de retraite et/ou les principes de déductibilité fiscale et sociale des cotisations de retraite de base, complémentaire, mais aussi supplémentaire (Perp, Perco, articles 83, 39 ) ?
N.S. - La réforme de 2003 a mis en place un dispositif dincitation assurant une large déductibilité fiscale et sociale à ces cotisations, quelles soient à la charge de lemployeur ou du salarié. Ces déductions participent désormais de léquilibre général de notre système de retraite. Elles bénéficient aux différents mécanismes de retraites, allant des retraites complémentaires aux contrats collectifs dassurance vie et de retraite à prestations définies.
Ces déductions contribuent ainsi efficacement à limplication des entreprises en vue daméliorer la retraite de leurs salariés. Elles doivent être conservées. Je supprimerai en revanche les retraites chapeaux extravagantes de certains dirigeants dentreprise.
F.H. - Je nai pas prévu de modifier ces dispositifs.
Le développement de lépargne en entreprise a-t-il votre faveur ?
N.S. - Jai toujours souhaité que les salariés puissent être associés aux performances de lentreprise. Outre lintéressement et la participation, lépargne salariale contribue à cette association, tout en permettant aux salariés de se constituer une épargne dans des conditions avantageuses. Les plans dépargne salariale constituent ainsi un élément important dans laccès du plus grand nombre à lépargne.
Il est donc logique que lépargne salariale bénéficie davantages en termes de fiscalité ou de cotisations sociales, aussi bien pour les salariés que pour lentreprise. Je souhaite que ces dispositifs puissent se développer et que nous puissions en étendre les bénéfices. Cette ambition doit bien évidemment se concilier avec la formulation dimpératifs stricts de bonne gestion.
F.H. - Lépargne en entreprise est un dispositif plébiscité par de nombreux salariés. Elle pèse néanmoins sur nos finances publiques et introduit une différence de traitement entre les salariés des grandes entreprises, dont une partie de la rémunération est ainsi financée sur fonds publics, et les salariés des petites entreprises qui nont souvent pas la capacité de mettre en oeuvre de tels dispositifs. Cest pourquoi je propose de soumettre ces sommes aux cotisations finançant des prestations universelles.
Maintenez-vous les exonérations fiscales et sociales en prévoyance et en santé collective ?
N.S. - Les contrats collectifs de prévoyance et les complémentaires-santé ont une utilité sociale incontestable. Ils contribuent à la solidité de notre système de protection sociale. Dans le même temps, ces dispositifs participent dune vision moderne, apaisée et constructive de la vie de lentreprise. De ce point de vue, les exonérations de cotisations sociales dont bénéficie lemployeur apparaissent comme la contrepartie de son engagement dans la protection sociale des salariés.
Comme pour lépargne dentreprise, il me semble donc positif que ces avantages puissent être maintenus dans leur principe, dès lors que ces contrats, comme cest le cas aujourdhui, contribuent au financement de nos dépenses sociales par le biais de la CSG, de la CRDS et du forfait social qui leur est appliqué.
F.H. - Je nai pas prévu de modifier ces dispositifs.
Etes-vous favorable à un alignement des cotisations sociales des travailleurs non salariés et des salariés ?
N.S. - Il ne faut pas envisager ce problème du seul point de vue technique. Les non-salariés sont des indépendants dans lâme. De par leur culture, leur histoire, leurs choix professionnels, ils constituent une population spécifique qui a longtemps été opposée au principe même dun système obligatoire de protection sociale. Cette époque est révolue. Pour autant, il me paraît nécessaire de ne pas oublier que leur situation personnelle est parfois plus précaire que celle des salariés, qui sont normalement assurés dune plus grande régularité de leurs ressources.
Je suis donc radicalement opposé à une réforme qui aboutirait à une hausse de leurs cotisations sociales. La seule réforme envisageable à mes yeux consisterait à mieux répondre à leur demande de protection contre les risques sociaux majeurs, tout en garantissant la plus grande stabilité des prélèvements obligatoires finançant leur protection sociale.
F.H. - Je propose de rapprocher le taux dassurance maladie des indépendants, dont le régime social ne parvient pas à atteindre léquilibre, de celui du régime général. Il sera en particulier mis fin à la dégressivité du taux de cette cotisation.
Comment envisagez-vous le financement du risque dépendance ?
N.S. - La dépendance est un enjeu majeur pour notre société. Dans les années à venir, elle va se traduire par des charges croissantes pour la collectivité nationale comme pour les familles. Les pouvoirs publics ne peuvent évidemment pas rester inactifs face à ce risque social émergent.
Pour autant, je dois tenir compte en parallèle dun impératif non moins pressant pour la France : celui du rétablissement de nos finances publiques. Je ferai la réforme de la dépendance dans les cinq ans à venir, avec un financement crédible, pérenne et à la hauteur de lenjeu. Il devra permettre, dune part, de financer des améliorations immédiates pour les personnes dépendantes et les aidants, notamment pour réduire le reste à charge en établissement et à domicile, dautre part, dassurer léquilibre à moyen terme du financement de la dépendance.
F.H. - Les travaux menés au printemps dernier dans le cadre du débat sur la dépendance ont montré quil faut sortir dune représentation anxiogène de ce débat: la dépendance représente un enjeu financier proche, par exemple, de celui des retraites. En 2025, à politique inchangée, la dépense publique serait supérieure de 0,11 à 0,15 point de PIB à ce quelle est aujourdhui, soit 2 à 3 milliards à trouver en 15 ans.
Aussi, nous sommes profondément attachés à un financement de la prise en charge de la dépendance avant tout dans un cadre solidaire, et nous chercherons à mieux orienter cette prise en charge par la solidarité. Pour ces raisons, lidée dun dispositif dassurance privée obligatoire ne correspond pas à notre vision des choses. Cela constituerait une fausse solution, dans laquelle on prétendrait ne pas augmenter les prélèvements obligatoires mais en faisant en réalité peser le poids du financement de la dépendance sur les ménages dune façon injuste et obligatoire.
* ENTREPRISES
Comptez-vous faciliter le financement des PME (investissement en direct, assurance vie, livrets ) ?
N.S. - La solidité financière des PME est à mes yeux un enjeu majeur pour notre économie. Cest en effet sur les PME que nous devons principalement compter pour créer de lemploi et gagner des parts de marché à lexport. Cest pourquoi, depuis 2008, jai veillé à ce que laccès au financement leur soit facilité, quil sagisse de fonds propres, de prêts bancaires ou de lignes de crédit.
Ce souci de préserver notre tissu dentreprises a appelé deux types de réponses de la part du gouvernement: dune part, un meilleur accompagnement à titre préventif; dautre part, un renforcement des interventions financières garantissant laccès des entreprises au crédit. La Médiation du crédit, créée dès octobre 2008 et pilotée par René Ricol puis Gérard Rameix, a permis à de nombreuses PME de débloquer des négociations parfois très difficiles avec les banques. Elle sera pérennisée. Parallèlement, lextension des missions assignées à Oséo a permis loctroi de 5,3 milliards deuros de financements au bénéfice de plus de 20.000 entreprises.
Cependant, beaucoup reste à faire : les interventions publiques en capitaux propres ont vocation à être poursuivies, notamment par le biais du FSI et de ses antennes régionales. Notre système fiscal doit continuer à encourager linvestissement dans les PME, en particulier à travers les dispositifs concernant lISF. Je souhaite que soit poursuivi le travail engagé avec les gestionnaires dassurance vie afin dorienter une part croissante de lépargne des Français vers nos PME. Je veux encourager linnovation et lexportation par les PME.
A cette fin, je propose, dune part, que lon fasse lavance aux PME du crédit impôt recherche, car les PME nont pas toujours les moyens dattendre le remboursement de ce crédit fiscal; dautre part, les grands groupes, pour bénéficier des aides à lexportation qui leur sont octroyées, devront prendre des engagements daccompagnement des PME dans leurs démarches à lexport. Je supprimerai par ailleurs le privilège du Trésor qui dissuade un certain nombre de banques à prêter aux PME.
F.H. - Jai fait de la relance de la production le coeur de mon programme pour redresser la France. Jinsiste particulièrement sur le nécessaire développement de nos PME, qui doivent pouvoir se développer pour créer un tissu dentreprises de taille intermédiaire compétitives et exportatrices. Cest pourquoi la première de mes 60 propositions est la création dune Banque publique dinvestissement dont les antennes seront régionalisées et qui fusionnera lensemble des dispositifs existants (Oseo, FSI, CDC ), dont lensemble est aujourdhui difficilement lisible et peu accessible aux PME. Je mobiliserai lépargne des Français en créant un livret dépargne industrie dont le produit sera entièrement dédié au financement des PME et des entreprises innovantes. Pour cela, je doublerai le plafond du Livret développement durable, en le portant de 6.000 à 12.000 euros.
Avez-vous des projets pour faciliter la transmission dentreprise ?
N.S. - Le développement de nos PME nécessite une vision de long terme, qui va de la création à la transmission. Alors que nous assistons au départ progressif des générations nombreuses du baby-boom, la transmission des entreprises est appelée à devenir une question de plus en plus importante. La France possède à lheure actuelle un cadre juridique très favorable : notre régime fiscal pour les pactes dactionnaires favorise les transmissions familiales, en ne taxant quune faible part de la valeur de lentreprise. Les droits de mutation ont également été réduits.
Cependant, le cadre juridique ne peut résoudre toutes les difficultés. Dans une période de crise, les investisseurs se montrent plus réservés. Les investisseurs publics ont alors vocation à apporter des capitaux pour soutenir des entreprises prometteuses, notamment lors de la transmission. Le développement dune PME sappuie sur des politiques conçues pour stimuler la croissance, mais elle dépend surtout des hommes et des femmes qui sengagent pour innover et réussir. Cest en encourageant la création de richesses par une politique fiscale moderne, comme je lai fait depuis 2007, et en préparant les jeunes au monde de lentreprise que nous pourrons faire émerger une nouvelle génération dentrepreneurs.
F.H. - La transmission dentreprise est trop souvent compliquée dans notre pays, alors même que ce sujet est appelé à prendre une importance supérieure au cours des prochaines années. Il sera nécessaire de simplifier cette opération, notamment en proposant des solutions de financement autour du secteur financier public et parapublic.
* IMMOBILIER
Privilégierez-vous laide à la pierre ou à la personne ?
N.S. - Nous devons évidemment maintenir les aides à la personne sans lesquelles de nombreuses familles narriveraient pas à se loger. Je pense en revanche quil faut sinterroger sur lefficacité des aides à la pierre. Nous y consacrons beaucoup dargent. Pourtant, les prix de limmobilier ne baissent pas, même en période de crise, et le déficit doffre reste important. Lurgence est donc dencourager la construction de logements et cela ne passe pas forcément par laide publique. Cest pourquoi jai proposé, à titre prioritaire, daugmenter de 30 % pendant trois ans les droits à construire.
F.H. - Ces dernières années, lEtat sest massivement désengagé du soutien au logement abordable : les aides à la pierre ont fondu comme neige au soleil et les organismes HLM ont été ponctionnés de près de 300 millions deuros cette année, compromettant leur capacité à investir pour la construction de logements neufs et lentretien du parc existant. Quant aux aides à la personne, elles ont certes augmenté mais ce nest pas un bon signe : elles sont un indicateur de progression de la précarité et de la pauvreté. En outre, seul un tiers de leur montant est assumé financièrement par lEtat, le reste provient de cotisations sociales sur les salaires.
LEtat doit reprendre toute sa place dans les politiques du logement : les aides à la pierre seront doublées dès 2013. Les aides à la personne seront actualisées chaque année en tenant compte des hausses des loyers. Je naccepte pas que cette année, la revalorisation des aides ait été plafonnée à 1 % par le plan de rigueur. La sobriété budgétaire ne peut se faire sur le dos des familles modestes. Les charges seront également mieux prises en compte car la facture de chauffage, cest aussi une dépense incompressible.
Les aides fiscales sans contrepartie sociale (plafond de ressources et de loyers) seront arrêtées et toute nouvelle aide sera soumise à contrepartie de sorte que chaque euro dargent public ait une efficacité concrète pour le logement abordable.
Quelle est votre position sur une intervention de lEtat dans la réglementation des loyers ?
N.S. - Je suis totalement opposé à un encadrement des loyers. En encadrant le prix des loyers, on décourage les propriétaires dinvestir dans des biens locatifs et de faire des travaux damélioration des logements. Cette mesure tarira loffre au lieu de la renforcer. On a vu ce que cela avait donné en 1954. Pour faire baisser le prix des loyers, il faut que loffre puisse répondre à la demande et cest donc en créant un véritable choc de loffre que nous arriverons à résoudre ce problème.
F.H. - Je souhaite mettre un terme à laugmentation exponentielle des loyers qui pèse sur le pouvoir dachat de nos concitoyens. A linstar du système qui existe en Allemagne, je ferai en sorte que la loi encadre les loyers à la première location et à la relocation dans les zones où les prix sont excessifs.
* DIVERS
Précisez votre position sur la taxe sur les transactions financières
N.S. - Le G20 sous présidence française a permis des avancées importantes, alors que nombre de nos partenaires demeuraient hésitants. LUnion européenne sest aujourdhui emparée de la question et a validé le principe de la taxe. Mais jai souhaité que la France joue à nouveau un rôle exemplaire, en taxant les transactions financières à partir du 1er août de cette année. Nous avons délibérément fixé un périmètre susceptible dêtre étendu afin de favoriser une transition progressive vers le mécanisme européen.
Le produit attendu de cette taxe est de près de un milliard deuros. Cette somme sera affectée à la lutte contre les déficits. Elle pourra être consacrée plus tard, une fois les équilibres budgétaires retrouvés, à laide au développement.
F.H. - Le projet proposé par le gouvernement souffre dun grave manque dambition: il ne fait que rétablir, sous une forme à peine renouvelée, un impôt de Bourse sur les actions qui avait été créé en 1893 et aura survécu 115 ans pour être finalement supprimé en 2008 par lactuelle majorité. Sa recréation constitue un nouveau revirement et symbolise linconstance de laction de la majorité dirigée par Nicolas Sarkozy.
Par souci de cohérence, je ne proposerai pas sa suppression, mais il me semble que la meilleure solution reste la mise en place dune taxation des transactions financières au niveau européen. Cest une proposition que je soutiens conjointement avec les autres leaders sociaux-démocrates des pays de lUnion.
Comment comptez-vous lutter contre la fraude et lévasion fiscale ?
N.S. - Lévasion fiscale est dautant plus scandaleuse que la France connaît à lheure actuelle une crise de grande ampleur. Cest pourquoi, je propose que soit instauré un impôt destiné aux exilés fiscaux.
Il va sans dire que je distingue très nettement les exilés fiscaux des expatriés, qui travaillent à létranger, développent des projets, contribuent au rayonnement de notre pays. Les exilés fiscaux devront compenser la différence qui pourrait être constatée entre le montant des impôts sur le patrimoine dont ils sacquittent dans leur pays de résidence et ce quils auraient dû payer en France. En revanche, je tiens à ce que soit maintenu et renforcé le statut fiscal des expatriés, qui sont parfaitement en droit dattendre une réelle sécurité juridique.
F.H. - Léchange dinformations avec les autres pays est essentiel à la lutte contre lévasion fiscale. En ce domaine, une action résolue devra être menée pour obtenir de meilleurs résultats. La lutte contre la fraude fiscale dépend substantiellement des moyens qui lui sont affectés, cest pourquoi je les renforcerai. Jai par ailleurs annoncé ma volonté de revoir nos conventions fiscales avec les trois pays où se concentre lessentiel de lexil fiscal : la Belgique, la Suisse et le Luxembourg.
Quelle est votre perception des métiers du conseil patrimonial et financier ?
N.S. - Les métiers du conseil patrimonial et financier touchent un public très divers dinvestisseurs individuels. La bonne information des épargnants est indispensable au bon fonctionnement du marché financier et, plus largement, des entreprises dans leur ensemble. A lheure actuelle, lapparition de produits financiers toujours plus complexes augmente les risques auxquels les particuliers peuvent être confrontés.
Cest pourquoi, je suis favorable à une meilleure organisation du conseil patrimonial. Les évolutions en cours, tant au niveau européen que français, doivent offrir de nouvelles garanties aux investisseurs. Je souhaite également une coopération étroite entre les autorités de contrôle et les représentants des différentes professions du patrimoine, ainsi que de nouveaux progrès dans la formation et la certification des conseillers chargés de guider les épargnants dans leurs choix.
F.H. - Ces métiers requièrent des compétences financières et économiques considérables. Je considère quelles doivent être valorisées. Ce nest pas le cas aujourdhui, où le poids de la connaissance de la fiscalité est prépondérant. La simplification de cette dernière doit contribuer au rééquilibrage. Lempilement de niches fiscales poursuivant des objectifs concurrents voire contradictoires a par ailleurs abouti à une complexité qui nuit à la lisibilité pour linvestisseur, à lefficacité de ces dispositifs et ouvre des possibilités doptimisation fiscale qui vide légalité devant limpôt de son sens.
Avez-vous dautres projets dans la sphère patrimoniale ?
F.H. - Non, mais je suppose que dautres me seront proposés par vos lecteurs !
Source http://www.lafranceforte.fr, le 12 avril 2012
LAgefi Actifs. - Envisagez-vous des évolutions pour limpôt sur le revenu, par exemple de modifier le barème à la hausse ou à la baisse, ou dy intégrer les contributions sociales ?
Nicolas Sarkozy. - Les évolutions de notre système fiscal doivent servir un double objectif de compétitivité et de justice. Cest dans cet esprit quont été menées les réformes de notre fiscalité depuis 2007, notamment pour limpôt sur le revenu, qui revêt un caractère symbolique particulier. Ainsi, pour lutter contre la crise, je nai pas hésité à supprimer, en 2009, la première tranche dimpôt sur le revenu, redonnant ainsi du pouvoir dachat à 6 millions de contribuables.
En parallèle, lélévation à 41 % du taux marginal de limpôt sur le revenu, le gel du barème par rapport à linflation et lintroduction dune contribution exceptionnelle sur les hauts revenus qui doit être maintenue jusquau retour à léquilibre budgétaire, sont autant de mesures de solidarité concentrées sur les plus hauts revenus.
En ce domaine, nous avons atteint un bon équilibre. Alourdir massivement la taxation des hauts revenus serait irresponsable et démagogique : notre économie risquerait dy perdre beaucoup. A lheure actuelle, la priorité va au renforcement de notre compétitivité, à la lutte contre la crise et à la restauration de nos finances publiques.
François Hollande. - La situation dramatique de nos finances publiques impose des efforts importants ; ceux-ci ne seront acceptés que sils sont justes et efficaces. Cest pourquoi jai proposé une grande réforme fiscale qui devra, à terme, permettre le fusionnement de limpôt sur le revenu et de la CSG. Lassiette de limpôt sera également modifiée puisque je souhaite soumettre les revenus du capital au même barème progressif que les revenus du travail. Comment, à plus forte raison en période de crise, justifier que la rente soit moins taxée que leffort ?
Sagissant du barème de limpôt sur le revenu, nous créerons une nouvelle tranche à 45 % pour les revenus supérieurs à 150.000 euros par part. En outre, je veux redonner son sens au barème progressif de limpôt sur le revenu. Cela implique dagir sur les niches, et notamment de réduire le niveau de leur plafonnement global à 10.000 euros. Enfin, jai annoncé la création dune imposition spécifique à 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million deuros par an.
Etes-vous favorable à la retenue à la source et, si oui, quelle faisabilité dans létat actuel de complexité de la législation fiscale ?
N.S. - La retenue à la source présente des avantages non négligeables : la simplification des procédures, lallègement des charges, une transparence qui favorise la lutte contre la fraude. Elle entraîne également des coûts et des incertitudes. Ce système suppose, en effet, des changements profonds de nos structures administratives.
Comme la récemment rappelé le Conseil des prélèvements obligatoires, 73 % des contribuables ont dores et déjà opté pour la mensualisation de leur impôt et 90 % des versements fiscaux se font par voie électronique. Dans ce contexte, la retenue à la source se traduirait dabord par des coûts supplémentaires pour les entreprises, sans apporter davantages réels aux contribuables.
F.H. - Je suis favorable à la fusion à terme de limpôt sur le revenu et de la CSG dans le cadre dun prélèvement simplifié sur le revenu. Celui-ci a vocation à être prélevé à la source. Les difficultés techniques en la matière ne doivent pas être ignorées et cest pourquoi une telle réforme requerra du temps.
Souhaitez-vous simplifier la fiscalité de lépargne et quelle est votre politique concernant les niches fiscales ? Lassurance vie en particulier sera-t-elle touchée ?
N.S. - La fiscalité de lépargne a été ajustée depuis 2007 pour répondre à des impératifs nouveaux, liés à la crise, à la relance de notre économie et au rétablissement de léquilibre budgétaire. Ainsi, les réformes que jai souhaitées, telles que laugmentation de la fiscalité sur les revenus du capital pour le financement du RSA ou la taxation des stock-options, sont autant de mesures de solidarité destinées à compenser les effets budgétaires de la crise. Le plafonnement des niches fiscales participe de la même démarche : rendre notre système fiscal à la fois plus performant et plus juste.
Dans le contexte difficile que nous connaissons, le candidat socialiste voudrait dégager facilement des ressources budgétaires nouvelles en taxant lassurance vie. Cest une solution de facilité et qui se révélera nuisible à notre économie. Lassurance vie offre, en effet, des possibilités dépargne simples et avantageuses pour 17 millions de Français et contribue, pour une part, au financement des PME et de linnovation dans notre pays.
Jajoute que, conjuguée à la remise en cause de la réforme des retraites, la réforme de la fiscalité de lassurance vie préparerait des lendemains qui déchantent à tous ceux qui sont préoccupés par leur retraite. Je pense donc que lassurance vie doit être préservée.
F.H. - Concernant les niches fiscales, comme je vous lai dit, nous introduirons un plafonnement à 10.000 euros - un plafond spécifique sera maintenu pour les outre-mers. Quant à lassurance vie, elle sera concernée par lalignement de la fiscalité du capital et du travail que jai déjà exposé, mais les modalités dapplication de ce principe devront prendre en compte lencouragement à lépargne longue, la capacité de lassurance vie à financer effectivement léconomie et surtout la protection des petits épargnants.
* AUTRES IMPÔTS
Comptez-vous faire évoluer limpôt de solidarité sur la fortune ?
N.S. - En 2011, nous avons engagé une réforme globale de lISF afin de mettre un terme à des situations à la fois injustes et contre-productives. Léquilibre que nous avons trouvé me semble à la fois bénéfique pour notre économie et conforme à léquité. En exonérant dISF les ménages dont le patrimoine est compris entre 800.000 et 1,3 million deuros, la réforme a mis un terme à des situations injustifiables, qui voyaient des ménages fortement taxés du seul fait de la hausse du marché immobilier. Dans le même temps, en adoptant un nouveau barème, nous avons rendu le système plus favorable à la création de richesses, sans renoncer au principe de limpôt.
Depuis 2007, jai par ailleurs encouragé la mise en place de mesures destinées à limiter les effets économiques négatifs de cet impôt sans équivalent chez nos partenaires. Le mécanisme de lISF PME a ainsi joué un rôle très positif dans le développement des entreprises, en particulier pour les plus innovantes. Comme pour lépargne, la France a tout intérêt à développer un système équilibré, en faisant de lISF à la fois un impôt juste et un stimulant pour linvestissement productif.
F.H. - Oui, car lallègement massif de lISF en période de crise a été une erreur. Je rétablirai le barème qui prévalait avant la réforme de 2011 ; les personnes disposant dun patrimoine inférieur à 1,3 million deuros ny seront pas assujetties.
Quelles sont vos propositions en matière de droits de succession et de donation ?
N.S. - La suppression des droits de succession pour 95 % des patrimoines est une des mesures importantes de mon quinquennat. Il est juste que nos concitoyens puissent transmettre à leurs enfants le patrimoine quils ont constitué par leur travail. Labattement de 150.000 euros par enfant est fixé à un niveau à la fois juste et raisonnable. Je ne reviendrai pas sur cette décision, qui traduit limportance que notre société doit reconnaître au travail et à leffort.
Sagissant de la fiscalité des successions et donations les plus importantes, le gel, en 2012, du barème des droits correspond à un effort que les détenteurs des principaux patrimoines doivent consentir en temps de crise. Ce nest pas un changement du cadre juridique applicable à ces droits, mais une mesure de solidarité rendue nécessaire par la conjoncture. Je souhaite donc que le barème de ces droits puisse, à terme, être de nouveau ajusté en fonction de linflation.
F.H. - Lallègement des droits de succession par la loi Tepa a été une erreur que je souhaite corriger. Labattement sur les successions sera donc ramené à 100.000 euros par enfant et lexonération en faveur des conjoints survivants sera conservée. Le délai de rapport fiscal sera porté à 15 ans.
Quelle est votre position concernant une TVA sociale ?
N.S. - La mise en oeuvre dune fiscalité anti-délocalisation, dont la TVA est une composante essentielle, est une priorité absolue pour les mois à venir. Cette mesure jouera un rôle très important dans lindispensable restauration de notre compétitivité. La hausse du taux normal de TVA, qui passera de 19,6 % à 21,2 % au 1er octobre, est une mesure bénéfique pour nos entreprises, qui ont besoin de marges de manoeuvre supplémentaires pour investir et se développer.
Cette hausse permettra de baisser les cotisations patronales finançant la politique familiale, cest-à-dire des prestations sociales à caractère universel et qui nont donc pas particulièrement vocation à être financées par un prélèvement sur le travail. Par ce biais, les importations contribueront également au financement de notre protection sociale. Cest grâce à des réformes de ce type que la France sera au rendez-vous de la compétitivité et retrouvera la croissance.
F.H. - Je lai annoncé : je suis opposé à cette mesure, que je considère terriblement injuste et économiquement contre-productive. Je supprimerai donc la TVA sociale qui a été votée en janvier si je suis élu.
* RETRAITE / PRÉVOYANCE
Quelles sont vos propositions pour faire évoluer les régimes de base et complémentaires ?
N.S. - La réforme des retraites que jai voulue et que le gouvernement a menée à terme en 2010 aura un impact structurel majeur sur léquilibre à long terme de notre protection sociale. Elle assure la pérennité de notre système, sans diminution des pensions et sans augmentation des cotisations, dans un contexte marqué à la fois par une crise économique majeure, mais aussi par un phénomène extraordinairement positif : lallongement de la durée de la vie.
Cette remarquable avancée de nos sociétés justifie pleinement la remontée progressive de lâge légal de départ en retraite. Cette nouvelle donne doit guider les évolutions à moyen terme de notre système. Ces évolutions devront également permettre dharmoniser les différents régimes, notamment pour ce qui concerne les mécanismes de majorations des retraites complémentaires. Dans limmédiat, il est essentiel daccompagner au mieux la mise en place du système issu de la réforme.
F.H. - La réforme du gouvernement a été une réforme injuste et, qui plus est, non pérenne. Jai donc annoncé ma volonté de revenir sur cette réforme. Je ferai en sorte que tous ceux qui ont 60 ans et qui auront cotisé la totalité de leurs annuités retrouvent le droit de partir à la retraite à taux plein à cet âge-là. Une négociation globale sengagera par ailleurs dès lété 2012 avec les partenaires sociaux afin de définir, dans un cadre financier durablement équilibré, lâge légal de départ à la retraite, la prise en compte de la pénibilité, le montant des pensions et lévolution des recettes indispensables à la pérennité de notre système de retraite solidaire.
Envisagez-vous de faire évoluer ou de revenir sur les produits de retraite et/ou les principes de déductibilité fiscale et sociale des cotisations de retraite de base, complémentaire, mais aussi supplémentaire (Perp, Perco, articles 83, 39 ) ?
N.S. - La réforme de 2003 a mis en place un dispositif dincitation assurant une large déductibilité fiscale et sociale à ces cotisations, quelles soient à la charge de lemployeur ou du salarié. Ces déductions participent désormais de léquilibre général de notre système de retraite. Elles bénéficient aux différents mécanismes de retraites, allant des retraites complémentaires aux contrats collectifs dassurance vie et de retraite à prestations définies.
Ces déductions contribuent ainsi efficacement à limplication des entreprises en vue daméliorer la retraite de leurs salariés. Elles doivent être conservées. Je supprimerai en revanche les retraites chapeaux extravagantes de certains dirigeants dentreprise.
F.H. - Je nai pas prévu de modifier ces dispositifs.
Le développement de lépargne en entreprise a-t-il votre faveur ?
N.S. - Jai toujours souhaité que les salariés puissent être associés aux performances de lentreprise. Outre lintéressement et la participation, lépargne salariale contribue à cette association, tout en permettant aux salariés de se constituer une épargne dans des conditions avantageuses. Les plans dépargne salariale constituent ainsi un élément important dans laccès du plus grand nombre à lépargne.
Il est donc logique que lépargne salariale bénéficie davantages en termes de fiscalité ou de cotisations sociales, aussi bien pour les salariés que pour lentreprise. Je souhaite que ces dispositifs puissent se développer et que nous puissions en étendre les bénéfices. Cette ambition doit bien évidemment se concilier avec la formulation dimpératifs stricts de bonne gestion.
F.H. - Lépargne en entreprise est un dispositif plébiscité par de nombreux salariés. Elle pèse néanmoins sur nos finances publiques et introduit une différence de traitement entre les salariés des grandes entreprises, dont une partie de la rémunération est ainsi financée sur fonds publics, et les salariés des petites entreprises qui nont souvent pas la capacité de mettre en oeuvre de tels dispositifs. Cest pourquoi je propose de soumettre ces sommes aux cotisations finançant des prestations universelles.
Maintenez-vous les exonérations fiscales et sociales en prévoyance et en santé collective ?
N.S. - Les contrats collectifs de prévoyance et les complémentaires-santé ont une utilité sociale incontestable. Ils contribuent à la solidité de notre système de protection sociale. Dans le même temps, ces dispositifs participent dune vision moderne, apaisée et constructive de la vie de lentreprise. De ce point de vue, les exonérations de cotisations sociales dont bénéficie lemployeur apparaissent comme la contrepartie de son engagement dans la protection sociale des salariés.
Comme pour lépargne dentreprise, il me semble donc positif que ces avantages puissent être maintenus dans leur principe, dès lors que ces contrats, comme cest le cas aujourdhui, contribuent au financement de nos dépenses sociales par le biais de la CSG, de la CRDS et du forfait social qui leur est appliqué.
F.H. - Je nai pas prévu de modifier ces dispositifs.
Etes-vous favorable à un alignement des cotisations sociales des travailleurs non salariés et des salariés ?
N.S. - Il ne faut pas envisager ce problème du seul point de vue technique. Les non-salariés sont des indépendants dans lâme. De par leur culture, leur histoire, leurs choix professionnels, ils constituent une population spécifique qui a longtemps été opposée au principe même dun système obligatoire de protection sociale. Cette époque est révolue. Pour autant, il me paraît nécessaire de ne pas oublier que leur situation personnelle est parfois plus précaire que celle des salariés, qui sont normalement assurés dune plus grande régularité de leurs ressources.
Je suis donc radicalement opposé à une réforme qui aboutirait à une hausse de leurs cotisations sociales. La seule réforme envisageable à mes yeux consisterait à mieux répondre à leur demande de protection contre les risques sociaux majeurs, tout en garantissant la plus grande stabilité des prélèvements obligatoires finançant leur protection sociale.
F.H. - Je propose de rapprocher le taux dassurance maladie des indépendants, dont le régime social ne parvient pas à atteindre léquilibre, de celui du régime général. Il sera en particulier mis fin à la dégressivité du taux de cette cotisation.
Comment envisagez-vous le financement du risque dépendance ?
N.S. - La dépendance est un enjeu majeur pour notre société. Dans les années à venir, elle va se traduire par des charges croissantes pour la collectivité nationale comme pour les familles. Les pouvoirs publics ne peuvent évidemment pas rester inactifs face à ce risque social émergent.
Pour autant, je dois tenir compte en parallèle dun impératif non moins pressant pour la France : celui du rétablissement de nos finances publiques. Je ferai la réforme de la dépendance dans les cinq ans à venir, avec un financement crédible, pérenne et à la hauteur de lenjeu. Il devra permettre, dune part, de financer des améliorations immédiates pour les personnes dépendantes et les aidants, notamment pour réduire le reste à charge en établissement et à domicile, dautre part, dassurer léquilibre à moyen terme du financement de la dépendance.
F.H. - Les travaux menés au printemps dernier dans le cadre du débat sur la dépendance ont montré quil faut sortir dune représentation anxiogène de ce débat: la dépendance représente un enjeu financier proche, par exemple, de celui des retraites. En 2025, à politique inchangée, la dépense publique serait supérieure de 0,11 à 0,15 point de PIB à ce quelle est aujourdhui, soit 2 à 3 milliards à trouver en 15 ans.
Aussi, nous sommes profondément attachés à un financement de la prise en charge de la dépendance avant tout dans un cadre solidaire, et nous chercherons à mieux orienter cette prise en charge par la solidarité. Pour ces raisons, lidée dun dispositif dassurance privée obligatoire ne correspond pas à notre vision des choses. Cela constituerait une fausse solution, dans laquelle on prétendrait ne pas augmenter les prélèvements obligatoires mais en faisant en réalité peser le poids du financement de la dépendance sur les ménages dune façon injuste et obligatoire.
* ENTREPRISES
Comptez-vous faciliter le financement des PME (investissement en direct, assurance vie, livrets ) ?
N.S. - La solidité financière des PME est à mes yeux un enjeu majeur pour notre économie. Cest en effet sur les PME que nous devons principalement compter pour créer de lemploi et gagner des parts de marché à lexport. Cest pourquoi, depuis 2008, jai veillé à ce que laccès au financement leur soit facilité, quil sagisse de fonds propres, de prêts bancaires ou de lignes de crédit.
Ce souci de préserver notre tissu dentreprises a appelé deux types de réponses de la part du gouvernement: dune part, un meilleur accompagnement à titre préventif; dautre part, un renforcement des interventions financières garantissant laccès des entreprises au crédit. La Médiation du crédit, créée dès octobre 2008 et pilotée par René Ricol puis Gérard Rameix, a permis à de nombreuses PME de débloquer des négociations parfois très difficiles avec les banques. Elle sera pérennisée. Parallèlement, lextension des missions assignées à Oséo a permis loctroi de 5,3 milliards deuros de financements au bénéfice de plus de 20.000 entreprises.
Cependant, beaucoup reste à faire : les interventions publiques en capitaux propres ont vocation à être poursuivies, notamment par le biais du FSI et de ses antennes régionales. Notre système fiscal doit continuer à encourager linvestissement dans les PME, en particulier à travers les dispositifs concernant lISF. Je souhaite que soit poursuivi le travail engagé avec les gestionnaires dassurance vie afin dorienter une part croissante de lépargne des Français vers nos PME. Je veux encourager linnovation et lexportation par les PME.
A cette fin, je propose, dune part, que lon fasse lavance aux PME du crédit impôt recherche, car les PME nont pas toujours les moyens dattendre le remboursement de ce crédit fiscal; dautre part, les grands groupes, pour bénéficier des aides à lexportation qui leur sont octroyées, devront prendre des engagements daccompagnement des PME dans leurs démarches à lexport. Je supprimerai par ailleurs le privilège du Trésor qui dissuade un certain nombre de banques à prêter aux PME.
F.H. - Jai fait de la relance de la production le coeur de mon programme pour redresser la France. Jinsiste particulièrement sur le nécessaire développement de nos PME, qui doivent pouvoir se développer pour créer un tissu dentreprises de taille intermédiaire compétitives et exportatrices. Cest pourquoi la première de mes 60 propositions est la création dune Banque publique dinvestissement dont les antennes seront régionalisées et qui fusionnera lensemble des dispositifs existants (Oseo, FSI, CDC ), dont lensemble est aujourdhui difficilement lisible et peu accessible aux PME. Je mobiliserai lépargne des Français en créant un livret dépargne industrie dont le produit sera entièrement dédié au financement des PME et des entreprises innovantes. Pour cela, je doublerai le plafond du Livret développement durable, en le portant de 6.000 à 12.000 euros.
Avez-vous des projets pour faciliter la transmission dentreprise ?
N.S. - Le développement de nos PME nécessite une vision de long terme, qui va de la création à la transmission. Alors que nous assistons au départ progressif des générations nombreuses du baby-boom, la transmission des entreprises est appelée à devenir une question de plus en plus importante. La France possède à lheure actuelle un cadre juridique très favorable : notre régime fiscal pour les pactes dactionnaires favorise les transmissions familiales, en ne taxant quune faible part de la valeur de lentreprise. Les droits de mutation ont également été réduits.
Cependant, le cadre juridique ne peut résoudre toutes les difficultés. Dans une période de crise, les investisseurs se montrent plus réservés. Les investisseurs publics ont alors vocation à apporter des capitaux pour soutenir des entreprises prometteuses, notamment lors de la transmission. Le développement dune PME sappuie sur des politiques conçues pour stimuler la croissance, mais elle dépend surtout des hommes et des femmes qui sengagent pour innover et réussir. Cest en encourageant la création de richesses par une politique fiscale moderne, comme je lai fait depuis 2007, et en préparant les jeunes au monde de lentreprise que nous pourrons faire émerger une nouvelle génération dentrepreneurs.
F.H. - La transmission dentreprise est trop souvent compliquée dans notre pays, alors même que ce sujet est appelé à prendre une importance supérieure au cours des prochaines années. Il sera nécessaire de simplifier cette opération, notamment en proposant des solutions de financement autour du secteur financier public et parapublic.
* IMMOBILIER
Privilégierez-vous laide à la pierre ou à la personne ?
N.S. - Nous devons évidemment maintenir les aides à la personne sans lesquelles de nombreuses familles narriveraient pas à se loger. Je pense en revanche quil faut sinterroger sur lefficacité des aides à la pierre. Nous y consacrons beaucoup dargent. Pourtant, les prix de limmobilier ne baissent pas, même en période de crise, et le déficit doffre reste important. Lurgence est donc dencourager la construction de logements et cela ne passe pas forcément par laide publique. Cest pourquoi jai proposé, à titre prioritaire, daugmenter de 30 % pendant trois ans les droits à construire.
F.H. - Ces dernières années, lEtat sest massivement désengagé du soutien au logement abordable : les aides à la pierre ont fondu comme neige au soleil et les organismes HLM ont été ponctionnés de près de 300 millions deuros cette année, compromettant leur capacité à investir pour la construction de logements neufs et lentretien du parc existant. Quant aux aides à la personne, elles ont certes augmenté mais ce nest pas un bon signe : elles sont un indicateur de progression de la précarité et de la pauvreté. En outre, seul un tiers de leur montant est assumé financièrement par lEtat, le reste provient de cotisations sociales sur les salaires.
LEtat doit reprendre toute sa place dans les politiques du logement : les aides à la pierre seront doublées dès 2013. Les aides à la personne seront actualisées chaque année en tenant compte des hausses des loyers. Je naccepte pas que cette année, la revalorisation des aides ait été plafonnée à 1 % par le plan de rigueur. La sobriété budgétaire ne peut se faire sur le dos des familles modestes. Les charges seront également mieux prises en compte car la facture de chauffage, cest aussi une dépense incompressible.
Les aides fiscales sans contrepartie sociale (plafond de ressources et de loyers) seront arrêtées et toute nouvelle aide sera soumise à contrepartie de sorte que chaque euro dargent public ait une efficacité concrète pour le logement abordable.
Quelle est votre position sur une intervention de lEtat dans la réglementation des loyers ?
N.S. - Je suis totalement opposé à un encadrement des loyers. En encadrant le prix des loyers, on décourage les propriétaires dinvestir dans des biens locatifs et de faire des travaux damélioration des logements. Cette mesure tarira loffre au lieu de la renforcer. On a vu ce que cela avait donné en 1954. Pour faire baisser le prix des loyers, il faut que loffre puisse répondre à la demande et cest donc en créant un véritable choc de loffre que nous arriverons à résoudre ce problème.
F.H. - Je souhaite mettre un terme à laugmentation exponentielle des loyers qui pèse sur le pouvoir dachat de nos concitoyens. A linstar du système qui existe en Allemagne, je ferai en sorte que la loi encadre les loyers à la première location et à la relocation dans les zones où les prix sont excessifs.
* DIVERS
Précisez votre position sur la taxe sur les transactions financières
N.S. - Le G20 sous présidence française a permis des avancées importantes, alors que nombre de nos partenaires demeuraient hésitants. LUnion européenne sest aujourdhui emparée de la question et a validé le principe de la taxe. Mais jai souhaité que la France joue à nouveau un rôle exemplaire, en taxant les transactions financières à partir du 1er août de cette année. Nous avons délibérément fixé un périmètre susceptible dêtre étendu afin de favoriser une transition progressive vers le mécanisme européen.
Le produit attendu de cette taxe est de près de un milliard deuros. Cette somme sera affectée à la lutte contre les déficits. Elle pourra être consacrée plus tard, une fois les équilibres budgétaires retrouvés, à laide au développement.
F.H. - Le projet proposé par le gouvernement souffre dun grave manque dambition: il ne fait que rétablir, sous une forme à peine renouvelée, un impôt de Bourse sur les actions qui avait été créé en 1893 et aura survécu 115 ans pour être finalement supprimé en 2008 par lactuelle majorité. Sa recréation constitue un nouveau revirement et symbolise linconstance de laction de la majorité dirigée par Nicolas Sarkozy.
Par souci de cohérence, je ne proposerai pas sa suppression, mais il me semble que la meilleure solution reste la mise en place dune taxation des transactions financières au niveau européen. Cest une proposition que je soutiens conjointement avec les autres leaders sociaux-démocrates des pays de lUnion.
Comment comptez-vous lutter contre la fraude et lévasion fiscale ?
N.S. - Lévasion fiscale est dautant plus scandaleuse que la France connaît à lheure actuelle une crise de grande ampleur. Cest pourquoi, je propose que soit instauré un impôt destiné aux exilés fiscaux.
Il va sans dire que je distingue très nettement les exilés fiscaux des expatriés, qui travaillent à létranger, développent des projets, contribuent au rayonnement de notre pays. Les exilés fiscaux devront compenser la différence qui pourrait être constatée entre le montant des impôts sur le patrimoine dont ils sacquittent dans leur pays de résidence et ce quils auraient dû payer en France. En revanche, je tiens à ce que soit maintenu et renforcé le statut fiscal des expatriés, qui sont parfaitement en droit dattendre une réelle sécurité juridique.
F.H. - Léchange dinformations avec les autres pays est essentiel à la lutte contre lévasion fiscale. En ce domaine, une action résolue devra être menée pour obtenir de meilleurs résultats. La lutte contre la fraude fiscale dépend substantiellement des moyens qui lui sont affectés, cest pourquoi je les renforcerai. Jai par ailleurs annoncé ma volonté de revoir nos conventions fiscales avec les trois pays où se concentre lessentiel de lexil fiscal : la Belgique, la Suisse et le Luxembourg.
Quelle est votre perception des métiers du conseil patrimonial et financier ?
N.S. - Les métiers du conseil patrimonial et financier touchent un public très divers dinvestisseurs individuels. La bonne information des épargnants est indispensable au bon fonctionnement du marché financier et, plus largement, des entreprises dans leur ensemble. A lheure actuelle, lapparition de produits financiers toujours plus complexes augmente les risques auxquels les particuliers peuvent être confrontés.
Cest pourquoi, je suis favorable à une meilleure organisation du conseil patrimonial. Les évolutions en cours, tant au niveau européen que français, doivent offrir de nouvelles garanties aux investisseurs. Je souhaite également une coopération étroite entre les autorités de contrôle et les représentants des différentes professions du patrimoine, ainsi que de nouveaux progrès dans la formation et la certification des conseillers chargés de guider les épargnants dans leurs choix.
F.H. - Ces métiers requièrent des compétences financières et économiques considérables. Je considère quelles doivent être valorisées. Ce nest pas le cas aujourdhui, où le poids de la connaissance de la fiscalité est prépondérant. La simplification de cette dernière doit contribuer au rééquilibrage. Lempilement de niches fiscales poursuivant des objectifs concurrents voire contradictoires a par ailleurs abouti à une complexité qui nuit à la lisibilité pour linvestisseur, à lefficacité de ces dispositifs et ouvre des possibilités doptimisation fiscale qui vide légalité devant limpôt de son sens.
Avez-vous dautres projets dans la sphère patrimoniale ?
F.H. - Non, mais je suppose que dautres me seront proposés par vos lecteurs !
Source http://www.lafranceforte.fr, le 12 avril 2012