Texte intégral
Mesdames, Messieurs les préfets,
Cest un plaisir pour moi dêtre avec vous et davoir, ainsi, cette première occasion dun dialogue large. Dès ma prise de fonction, jai souhaité vous adresser un message écrit afin de vous faire part de ma confiance et de la haute conception que je me fais de vos fonctions, au service de la République.
Notre pays, vous le savez comme moi, fait face à des difficultés majeures, notamment dordre économique. Cest donc, tout naturellement, que nos concitoyens, souvent déboussolés, se tournent vers lEtat et expriment alors des attentes. Vos missions vous placent en premières lignes pour y répondre.
Le Premier ministre vient de définir avec précision, devant la représentation nationale, la feuille de route du Gouvernement. Il ma chargé de vous délivrer un message de confiance. De confiance et également de mobilisation. Je lui ai, en retour, proposé de sexprimer devant vous. Il le fera, dès le 31 juillet prochain.
Vous avez, ces dernières semaines comme cétait votre rôle assuré la permanence de lEtat et de laction publique. Je tiens à vous en remercier. Je veux également vous dire que le temps de laction gouvernementale est pleinement venu.
Aussi, dans le respect du cadre fixé par le Premier ministre, je souhaite, à loccasion de cette première rencontre, vous dire ce que jattends de vous.
Tout dabord, en termes de méthode. Le président de la République lavait annoncé, le Premier ministre la redit avec force : la politique du Gouvernement ne sera pas celle du coup de menton, de lannonce médiatique sans lendemain et du mépris des interlocuteurs.
Le temps de lécoute, le temps de la concertation, le temps de léchange sont des temps nécessaires de la réforme et de laction. Vous aurez à les prendre en compte dans le cadre de lapplication des orientations déterminées par le Gouvernement mais aussi dans la conduite, au plan local, des politiques publiques dont vous avez la responsabilité.
Le Ministère de lIntérieur est le ministère en charge de la sécurité des Français. Dans ce domaine lattente est forte ; il faut y répondre. Jy reviendrai.
Le Ministère de lIntérieur est également le ministère de lEtat, dans toutes ses prérogatives. Un Etat dont les Préfectures et le corps préfectoral constituent la colonne vertébrale en garantissant sa présence et sa continuité sur lensemble du territoire.
Il est le ministère qui met en oeuvre la politique en matière dimmigration et de droit de séjour. Jentends à ce titre et je lassume pleinement ! , être le ministre garant dun Etat généreux qui refuse larbitraire ; qui définit des règles justes et qui reste ferme dans leurs application.
Il est, également, le ministère des grandes libertés publiques et des cultes. Il est donc en pointe pour faire vivre notre idéal de laïcité, et pour assurer la sécurité des Français dans leurs croyances et leurs pratiques religieuses. A ce titre, je veux insister, en particulier à la suite des événements de cette nuit, sur la nécessaire mobilisation qui doit être la nôtre pour lutter contre toute résurgence de lantisémitisme. Un antisémitisme qui est une attaque délibérée contre nos valeurs républicaines.
Il est, enfin, le ministère des territoires qui attendent à la fois un Etat consolidé dans ses missions et des collectivités territoriales responsabilisées.
La France est un pays de diversité. Cette diversité est une richesse. Dans mes fonctions, je serai attaché à bien prendre en compte lensemble des réalités de notre pays. Je serai, à ce titre, attentif aux problématiques des outremer, en lien étroit avec le ministre en charge de cette question, Victorin LUREL
Le Ministère de lIntérieur est un ministère du terrain. Jentends y souscrire pleinement. Je serai présent à vos côtés pour témoigner de lengagement du Gouvernement et de lavancement des réformes et pour être pleinement à lécoute des préoccupations immédiates et quotidiennes de nos concitoyens.
Lundi prochain, 9 juillet, je me rendrai à la Préfecture de Chartres. Celle de Jean MOULIN, un grand préfet, symbole de lintransigeance quant à la défense de nos valeurs républicaines. Jy rencontrerai les membres du corps préfectoral ainsi que des agents. Nous aurons loccasion ainsi de dialoguer et daborder les questions concrètes de la vie dune préfecture.
Le Ministère de lIntérieur doit être le garant dune administration territoriale reconnue, efficace et équilibrée.
Au moment où sengage un nouvel acte de la décentralisation, je souhaite que la stratégie de lEtat dans sa dimension territoriale soit fondée sur deux éléments :
- Dabord, lidentification des missions que lEtat en local doit conserver les compétences de lEtat ne pouvant être définies par défaut, de manière résiduelle, par rapport aux collectivités territoriales,
- Ensuite, des principes dorganisation et de fonctionnement qui soient essentiellement ceux de linterministérialité et de la déconcentration.
Je souhaite insister sur trois aspects concernant plus spécifiquement le ministère de lintérieur :
- La refonte de la directive nationale dorientations (DNO) des préfectures,
- Lengagement dun exercice largement inédit visant à redéfinir les missions et lorganisation des sous-préfectures,
- La rénovation des rapports entre ladministration centrale et les préfets dans le sens de la confiance et de léchange.
Sagissant de la DNO : la directive actuelle doit être entièrement refondue dici à la fin du premier semestre 2013. Les travaux associeront les administrations centrale et territoriale, ainsi que les organisations syndicales.
La question des sous-préfectures mérite une approche spécifique et ambitieuse. Elles sont aujourdhui lincarnation de lEtat au plus près des territoires et, à ce titre, un élément primordial de notre cohésion sociale et territoriale. Mais nous ne pouvons pas nous contenter de le réaffirmer même avec conviction en comptant sur lattachement évident des élus pour « leurs » sous-préfectures ! Il nous revient collectivement dadapter ce réseau dans ses missions et dans son organisation.
Les missions dabord. Elles ne peuvent pas être les mêmes en fonction des territoires : urbains, suburbains, ruraux, frontaliers, montagnards . Jai donc demandé au secrétaire général délaborer une typologie des arrondissements et des missions assurées par catégorie de sous-préfecture autour dun socle dattributions communes.
Létape suivante sera de donner à chaque sous-préfecture sa place dans cette typologie, afin de déterminer ce que doivent être désormais ses missions. Vous serez évidemment consultés dans ce cadre. Il sera le fondement du projet de service élaboré dans chaque sous-préfecture, en concertation avec les agents. Parallèlement, le « référentiel métiers » sera adapté aux missions des personnels.
Ces différents travaux permettront daboutir à un plan daction dont la mise en oeuvre devra être conduite sur trois ans.
La question de lévolution du réseau pourra et devra être posée dans ce cadre. La réflexion globale sur les missions et lorganisation ainsi que lévolution possible de la carte cantonale ne pourront pas en effet, laisser de côté la question de ladaptation de la carte des sous-préfectures.
Vous le savez : tous ces chantiers demandent à vos collaborateurs comme à vous-même, dans les préfectures, des facultés dadaptation et de créativité inédites, dans un contexte de réduction des emplois publics et particulièrement dans ladministration territoriale.
Les représentants des personnels que jai rencontrés et avec qui je continue déchanger, ont exprimé, le sens aigu du service public qui caractérise les agents de notre ministère, mais aussi leur attente forte, de responsabilisation, de considération, découte, de reconnaissance. A ce titre, jattends de vous une implication renforcée dans la conduite du dialogue social, sous toutes ses formes, formelle ou informelle, au plan local.
Enfin, troisième aspect, les rapports entre ladministration centrale et les préfets doivent évoluer vers plus de confiance.
Dans cette logique, jadresserai, dans les prochains jours, une lettre à lensemble des membres du Gouvernement pour témoigner de lengagement et de la capacité daction de ladministration territoriale mais aussi pour leur demander dêtre attentifs aux conditions qui permettent sa mobilisation de façon efficace.
Linstitution préfectorale à laquelle vous appartenez a été, ces derniers temps, trop peu considérée. Jentends lui redonner toute sa place en nouant avec vous une relation basée sur la responsabilisation, la réactivité, et linter action.
Je veux des préfets qui ne soient pas seulement acteurs de la mise en oeuvre des politiques publiques mais qui soient aussi en première ligne de lélaboration de laction publique.
Conformément aux engagements du président de la République, un nouvel acte de décentralisation va être mis en oeuvre.
Il reposera sur deux piliers comme la indiqué le Premier ministre : la confiance et la responsabilité.
La confiance, cest celle que nous allons établir en rénovant les conditions de dialogue avec les collectivités territoriales. Je souhaite, à cet égard, vous dire un mot dun sujet dont les élus me parlent beaucoup et vous parlent aussi, jen suis sûr.
Le Premier ministre la annoncé : le conseiller territorial sera abrogé. Le calendrier électoral sera redéfini même si les élections municipales étant maintenues en 2014, à linstar évidemment des sénatoriales et des européennes. Nous réfléchissons à une conjonction des élections départementales peut-être en série unique et régionales soit en 2015, soit en 2016. Je ne peux vous en dire davantage sans anticiper sur des décisions qui ne sont pas prises.
Je souhaite insister, par ailleurs car je sais que cest une actualité qui vous préoccupe sur la poursuite des travaux qui ont été engagés en vue de rationaliser et dachever la couverture intercommunale du territoire.
Je vous invite à faire aboutir, avant la fin de lannée 2012, les projets vous paraissant réunir les conditions dacceptabilité requises, en prenant dès que possible les arrêtés de périmètre correspondants.
Il vous appartient en tout état de cause, de relancer les concertations pour que ceux-ci soient pris avant le 31 décembre de cette année, ce qui suppose, dans les cas où celle-ci est requise, une consultation de la CDCI au plus tard en septembre.
Je souhaite que vous réussissiez : cet objectif de rationalisation des périmètres pour davantage de cohérence, defficacité, de solidarité, est le mien. Il appellera pour être atteint, la souplesse et la prise en compte des réalités du terrain. Je vous invite naturellement à ne pas hésiter à saisir mon cabinet des cas présentant une sensibilité particulière au regard du contexte local.
Sans ordre, sans ordre républicain, il ny a ni progrès, ni lien social possibles : lespace public est abandonné à la violence, les groupes sociaux se replient sur eux-mêmes, les habitants se barricadent et ne se rencontrent plus. Jamais la loi du plus fort celle des caïds, des trafiquants, des agresseurs ne doit avoir sa place. Partout, elle doit se heurter aux lois de la République.
Vous le savez autant que moi : les enjeux de sécurité resteront durablement élevés. La demande sociale est forte. Il doit sagir dune priorité de lEtat.
Je nignore pas que vous avez été fortement mobilisés sur ces questions au cours des dernières années, et je sais que vous vous êtes personnellement et sincèrement investis. Mais ce qui vous a été demandé ne la pas toujours été avec la méthode, le respect et la confiance requis.
Avec vous, je veux ancrer une culture de laction et de lefficacité. Celle-ci impliquera bien sûr des outils de pilotage opérationnel, de la cartographie criminelle, des indicateurs statistiques. Mais ceux-ci doivent être des moyens pour orienter laction, pas une fin en soi.
La politique de sécurité que jentends conduire doit être résolument tournée vers les territoires et leurs habitants.
Je lai annoncé : les premières zones de sécurité prioritaires (ZSP) seront créées à la rentrée. Engagement du Président de la République, ces zones consisteront à mettre en place une action de sécurité renforcée sur des territoires bien ciblés, caractérisés par une délinquance enracinée et de fortes attentes de la population. Elles sappuieront sur un dispositif souple et adaptable et une coordination renforcée de lensemble des forces de sécurité compétentes sur le territoire concerné.
Pour les ZSP, je nentends pas définir un cadre national monolithique. Je suis convaincu que leur succès dépendra beaucoup des capacités dadaptation de ceux qui auront en charge de les mettre en oeuvre.
Vous serez consultés dans les prochaines semaines sur la définition de ces zones et sur les priorités daction à leur fixer.
Depuis 2007, police et gendarmerie ont perdu 10 700 emplois. 3500 emplois supplémentaires devaient être supprimés lan prochain. Ces chiffres, dont je ne suis pas certain quils vous aient jamais été communiqués officiellement disent une seule chose : lérosion des effectifs de police et de gendarmerie doit cesser au plus vite.
Le Gouvernement sest engagé à remobiliser des moyens supplémentaires à hauteur de 1000 emplois par an pendant cinq ans. La répartition entre police, gendarmerie et justice est à larbitrage du Premier ministre.
Mais les années à venir seront aussi celles de lengagement de réformes de structures. Je souhaite inscrire résolument mon action dans la perspective de la mutualisation et de la complémentarité des forces de police et de gendarmerie. Non seulement sagissant de nouveaux progrès dans lintégration des fonctions supports, mais aussi à travers des partenariats opérationnels innovants ou la programmation de nouvelles opérations de redéploiement. Ils se feront progressivement, sans grande annonce ni plan national, mais avec détermination.
Au-delà des effectifs, je lai dit, lefficacité de la politique de sécurité repose sur une cohérence dinspiration et daction qui implique un dialogue permanent et constant avec les autorités judiciaires, à tous les niveaux.
Pour renouer le fil dun dialogue trop souvent interrompu, jai donc proposé que des conférences intérieur/justice déconcentrées se tiennent, à partir de la rentrée de septembre, à un niveau régional adapté pour tenir compte de la carte judiciaire. Des instructions conjointes vous seront adressées pour la fin de lété dans cette perspective.
Je noublie pas, bien entendu, les enjeux de la sécurité routière. Les orientations prises ces dernières années ont produit leurs fruits. Les résultats enregistrés au premier semestre sont encourageants.
Jattends de vous et je sais que cest déjà le cas ! une attention permanente et personnelle. Elle est tout particulièrement indispensable au moment des départs en vacances.
Jai dit aux sapeurs-pompiers que la sécurité des Français était ma priorité, donc également la sécurité civile.
La culture de gestion de crise fait chaque année des progrès, mais cest à vous de maintenir leffort, pour que le renouvellement des équipes nentraîne pas de perte defficacité et que cette culture soit quelque chose de permanent. Le r??le des préfets de zone est à ce titre tout à fait déterminant.
Ministère de lEtat, des territoires, de la sécurité, le ministère de lIntérieur a également la charge de mettre en oeuvre la politique dimmigration et dintégration. Ces sont ces deux questions que je veux, pour finir, aborder avec vous.
Comme vous le savez, conformément aux engagements du président de la République, labrogation de la circulaire du 31 mai 2011 a assoupli les conditions daccès au marché du travail des étudiants.
Une instruction va vous être prochainement adressée, vous demandant de mettre immédiatement un terme à la rétention des familles et précisant les règles de lassignation à résidence.
Une instruction est également en préparation visant à redéfinir des critères précis, objectifs, uniformément appliqués sur le territoire pour justifier un droit à demeurer sur le territoire. Je nentends pas engager une opération ponctuelle visant à susciter une vague de régularisations. Jentends vous donner un cadre daction clarifié, assoupli, prenant davantage en compte les réalités des liens tissés par des individus avec notre Nation.
Je souhaite également proposer, dans les prochains mois, au Parlement la création dun titre de séjour pluriannuel.
Jai conscience du rôle de vos collaborateurs dans la conduite de ces politiques. A la préfecture de Nanterre le 27 juin dernier, jai pu mesurer, à cette occasion, leur engagement, la difficulté de leur tâche, au-delà de toutes les caricatures faciles, et leur capacité à rechercher les moyens pour accueillir de façon plus efficace, plus humaine, plus professionnelle lensemble des usagers.
Je souhaite que vous engagiez avec lappui des administrations centrales, un effort damélioration des conditions daccueil des étrangers dans les préfectures.
Je demande enfin quen matière daccès à la nationalité, votre cadre daction soit réexaminé. Je suis particulièrement préoccupé par la chute très forte du nombre de naturalisations. Je vous le dis clairement : je ne considère pas que laccès à la nationalité comme une variable de la politique dimmigration !
Les dernières années ont vu, souvent de façon cachée, se durcir les exigences, par exemple en matière dinsertion professionnelle. Jai demandé à ce quune instruction soit préparée dans les prochaines semaines pour remettre à plat, de manière transparente, les critères applicables. Je vous demande dy être particulièrement attentif.
Tout cela implique également une politique en faveur de lintégration qui soit ambitieuse, qui soit ouverte, qui soit forte.
Deux sujets méritent enfin de par leur actualité immédiate et leur acuité des réponses rapides.
Le premier est la réduction des délais de traitement des demandes dasile. Cest une priorité. La situation actuelle nest pas acceptable.
Le second sujet est celui de la lutte contre limmigration irrégulière. Je souhaite que la lutte contre les filières qui exploitent la misère humaine soit ferme et continue.
La décision rendue le 3 juillet par la Cour de Cassation interdit désormais de placer en garde à vue des personnes au seul motif quils sont en situation irrégulière. Le Premier ministre ma demandé de lui proposer rapidement un texte législatif pour redonner un fondement légal à notre action. Léloignement des étrangers en situation irrégulière doit rester la règle. Il vous appartient dy veiller. Les indicateurs chiffrés seront suivis. Mais je ne jugerai pas votre action sur le nombre déloignements réalisés.
Mesdames, Messieurs les préfets,
En abordant avec vous lensemble des missions du Ministère de lIntérieur, jai voulu poser le cadre de notre action collective. Les tâches qui nous attendent sont nombreuses. Elles couvrent un ensemble large de domaine. Vos fonctions vous ont habitué à cela. Je connais dautre part votre capacité dentrainement.
Jai donc une entière confiance dans laction que vous allez mener, que nous allons mener, au service de la France et des Français.
Je vous invite maintenant à un moment déchanges.
Source http://www.localtis.info, le 16 juillet 2012
Cest un plaisir pour moi dêtre avec vous et davoir, ainsi, cette première occasion dun dialogue large. Dès ma prise de fonction, jai souhaité vous adresser un message écrit afin de vous faire part de ma confiance et de la haute conception que je me fais de vos fonctions, au service de la République.
Notre pays, vous le savez comme moi, fait face à des difficultés majeures, notamment dordre économique. Cest donc, tout naturellement, que nos concitoyens, souvent déboussolés, se tournent vers lEtat et expriment alors des attentes. Vos missions vous placent en premières lignes pour y répondre.
Le Premier ministre vient de définir avec précision, devant la représentation nationale, la feuille de route du Gouvernement. Il ma chargé de vous délivrer un message de confiance. De confiance et également de mobilisation. Je lui ai, en retour, proposé de sexprimer devant vous. Il le fera, dès le 31 juillet prochain.
Vous avez, ces dernières semaines comme cétait votre rôle assuré la permanence de lEtat et de laction publique. Je tiens à vous en remercier. Je veux également vous dire que le temps de laction gouvernementale est pleinement venu.
Aussi, dans le respect du cadre fixé par le Premier ministre, je souhaite, à loccasion de cette première rencontre, vous dire ce que jattends de vous.
Tout dabord, en termes de méthode. Le président de la République lavait annoncé, le Premier ministre la redit avec force : la politique du Gouvernement ne sera pas celle du coup de menton, de lannonce médiatique sans lendemain et du mépris des interlocuteurs.
Le temps de lécoute, le temps de la concertation, le temps de léchange sont des temps nécessaires de la réforme et de laction. Vous aurez à les prendre en compte dans le cadre de lapplication des orientations déterminées par le Gouvernement mais aussi dans la conduite, au plan local, des politiques publiques dont vous avez la responsabilité.
Le Ministère de lIntérieur est le ministère en charge de la sécurité des Français. Dans ce domaine lattente est forte ; il faut y répondre. Jy reviendrai.
Le Ministère de lIntérieur est également le ministère de lEtat, dans toutes ses prérogatives. Un Etat dont les Préfectures et le corps préfectoral constituent la colonne vertébrale en garantissant sa présence et sa continuité sur lensemble du territoire.
Il est le ministère qui met en oeuvre la politique en matière dimmigration et de droit de séjour. Jentends à ce titre et je lassume pleinement ! , être le ministre garant dun Etat généreux qui refuse larbitraire ; qui définit des règles justes et qui reste ferme dans leurs application.
Il est, également, le ministère des grandes libertés publiques et des cultes. Il est donc en pointe pour faire vivre notre idéal de laïcité, et pour assurer la sécurité des Français dans leurs croyances et leurs pratiques religieuses. A ce titre, je veux insister, en particulier à la suite des événements de cette nuit, sur la nécessaire mobilisation qui doit être la nôtre pour lutter contre toute résurgence de lantisémitisme. Un antisémitisme qui est une attaque délibérée contre nos valeurs républicaines.
Il est, enfin, le ministère des territoires qui attendent à la fois un Etat consolidé dans ses missions et des collectivités territoriales responsabilisées.
La France est un pays de diversité. Cette diversité est une richesse. Dans mes fonctions, je serai attaché à bien prendre en compte lensemble des réalités de notre pays. Je serai, à ce titre, attentif aux problématiques des outremer, en lien étroit avec le ministre en charge de cette question, Victorin LUREL
Le Ministère de lIntérieur est un ministère du terrain. Jentends y souscrire pleinement. Je serai présent à vos côtés pour témoigner de lengagement du Gouvernement et de lavancement des réformes et pour être pleinement à lécoute des préoccupations immédiates et quotidiennes de nos concitoyens.
Lundi prochain, 9 juillet, je me rendrai à la Préfecture de Chartres. Celle de Jean MOULIN, un grand préfet, symbole de lintransigeance quant à la défense de nos valeurs républicaines. Jy rencontrerai les membres du corps préfectoral ainsi que des agents. Nous aurons loccasion ainsi de dialoguer et daborder les questions concrètes de la vie dune préfecture.
Le Ministère de lIntérieur doit être le garant dune administration territoriale reconnue, efficace et équilibrée.
Au moment où sengage un nouvel acte de la décentralisation, je souhaite que la stratégie de lEtat dans sa dimension territoriale soit fondée sur deux éléments :
- Dabord, lidentification des missions que lEtat en local doit conserver les compétences de lEtat ne pouvant être définies par défaut, de manière résiduelle, par rapport aux collectivités territoriales,
- Ensuite, des principes dorganisation et de fonctionnement qui soient essentiellement ceux de linterministérialité et de la déconcentration.
Je souhaite insister sur trois aspects concernant plus spécifiquement le ministère de lintérieur :
- La refonte de la directive nationale dorientations (DNO) des préfectures,
- Lengagement dun exercice largement inédit visant à redéfinir les missions et lorganisation des sous-préfectures,
- La rénovation des rapports entre ladministration centrale et les préfets dans le sens de la confiance et de léchange.
Sagissant de la DNO : la directive actuelle doit être entièrement refondue dici à la fin du premier semestre 2013. Les travaux associeront les administrations centrale et territoriale, ainsi que les organisations syndicales.
La question des sous-préfectures mérite une approche spécifique et ambitieuse. Elles sont aujourdhui lincarnation de lEtat au plus près des territoires et, à ce titre, un élément primordial de notre cohésion sociale et territoriale. Mais nous ne pouvons pas nous contenter de le réaffirmer même avec conviction en comptant sur lattachement évident des élus pour « leurs » sous-préfectures ! Il nous revient collectivement dadapter ce réseau dans ses missions et dans son organisation.
Les missions dabord. Elles ne peuvent pas être les mêmes en fonction des territoires : urbains, suburbains, ruraux, frontaliers, montagnards . Jai donc demandé au secrétaire général délaborer une typologie des arrondissements et des missions assurées par catégorie de sous-préfecture autour dun socle dattributions communes.
Létape suivante sera de donner à chaque sous-préfecture sa place dans cette typologie, afin de déterminer ce que doivent être désormais ses missions. Vous serez évidemment consultés dans ce cadre. Il sera le fondement du projet de service élaboré dans chaque sous-préfecture, en concertation avec les agents. Parallèlement, le « référentiel métiers » sera adapté aux missions des personnels.
Ces différents travaux permettront daboutir à un plan daction dont la mise en oeuvre devra être conduite sur trois ans.
La question de lévolution du réseau pourra et devra être posée dans ce cadre. La réflexion globale sur les missions et lorganisation ainsi que lévolution possible de la carte cantonale ne pourront pas en effet, laisser de côté la question de ladaptation de la carte des sous-préfectures.
Vous le savez : tous ces chantiers demandent à vos collaborateurs comme à vous-même, dans les préfectures, des facultés dadaptation et de créativité inédites, dans un contexte de réduction des emplois publics et particulièrement dans ladministration territoriale.
Les représentants des personnels que jai rencontrés et avec qui je continue déchanger, ont exprimé, le sens aigu du service public qui caractérise les agents de notre ministère, mais aussi leur attente forte, de responsabilisation, de considération, découte, de reconnaissance. A ce titre, jattends de vous une implication renforcée dans la conduite du dialogue social, sous toutes ses formes, formelle ou informelle, au plan local.
Enfin, troisième aspect, les rapports entre ladministration centrale et les préfets doivent évoluer vers plus de confiance.
Dans cette logique, jadresserai, dans les prochains jours, une lettre à lensemble des membres du Gouvernement pour témoigner de lengagement et de la capacité daction de ladministration territoriale mais aussi pour leur demander dêtre attentifs aux conditions qui permettent sa mobilisation de façon efficace.
Linstitution préfectorale à laquelle vous appartenez a été, ces derniers temps, trop peu considérée. Jentends lui redonner toute sa place en nouant avec vous une relation basée sur la responsabilisation, la réactivité, et linter action.
Je veux des préfets qui ne soient pas seulement acteurs de la mise en oeuvre des politiques publiques mais qui soient aussi en première ligne de lélaboration de laction publique.
Conformément aux engagements du président de la République, un nouvel acte de décentralisation va être mis en oeuvre.
Il reposera sur deux piliers comme la indiqué le Premier ministre : la confiance et la responsabilité.
La confiance, cest celle que nous allons établir en rénovant les conditions de dialogue avec les collectivités territoriales. Je souhaite, à cet égard, vous dire un mot dun sujet dont les élus me parlent beaucoup et vous parlent aussi, jen suis sûr.
Le Premier ministre la annoncé : le conseiller territorial sera abrogé. Le calendrier électoral sera redéfini même si les élections municipales étant maintenues en 2014, à linstar évidemment des sénatoriales et des européennes. Nous réfléchissons à une conjonction des élections départementales peut-être en série unique et régionales soit en 2015, soit en 2016. Je ne peux vous en dire davantage sans anticiper sur des décisions qui ne sont pas prises.
Je souhaite insister, par ailleurs car je sais que cest une actualité qui vous préoccupe sur la poursuite des travaux qui ont été engagés en vue de rationaliser et dachever la couverture intercommunale du territoire.
Je vous invite à faire aboutir, avant la fin de lannée 2012, les projets vous paraissant réunir les conditions dacceptabilité requises, en prenant dès que possible les arrêtés de périmètre correspondants.
Il vous appartient en tout état de cause, de relancer les concertations pour que ceux-ci soient pris avant le 31 décembre de cette année, ce qui suppose, dans les cas où celle-ci est requise, une consultation de la CDCI au plus tard en septembre.
Je souhaite que vous réussissiez : cet objectif de rationalisation des périmètres pour davantage de cohérence, defficacité, de solidarité, est le mien. Il appellera pour être atteint, la souplesse et la prise en compte des réalités du terrain. Je vous invite naturellement à ne pas hésiter à saisir mon cabinet des cas présentant une sensibilité particulière au regard du contexte local.
Sans ordre, sans ordre républicain, il ny a ni progrès, ni lien social possibles : lespace public est abandonné à la violence, les groupes sociaux se replient sur eux-mêmes, les habitants se barricadent et ne se rencontrent plus. Jamais la loi du plus fort celle des caïds, des trafiquants, des agresseurs ne doit avoir sa place. Partout, elle doit se heurter aux lois de la République.
Vous le savez autant que moi : les enjeux de sécurité resteront durablement élevés. La demande sociale est forte. Il doit sagir dune priorité de lEtat.
Je nignore pas que vous avez été fortement mobilisés sur ces questions au cours des dernières années, et je sais que vous vous êtes personnellement et sincèrement investis. Mais ce qui vous a été demandé ne la pas toujours été avec la méthode, le respect et la confiance requis.
Avec vous, je veux ancrer une culture de laction et de lefficacité. Celle-ci impliquera bien sûr des outils de pilotage opérationnel, de la cartographie criminelle, des indicateurs statistiques. Mais ceux-ci doivent être des moyens pour orienter laction, pas une fin en soi.
La politique de sécurité que jentends conduire doit être résolument tournée vers les territoires et leurs habitants.
Je lai annoncé : les premières zones de sécurité prioritaires (ZSP) seront créées à la rentrée. Engagement du Président de la République, ces zones consisteront à mettre en place une action de sécurité renforcée sur des territoires bien ciblés, caractérisés par une délinquance enracinée et de fortes attentes de la population. Elles sappuieront sur un dispositif souple et adaptable et une coordination renforcée de lensemble des forces de sécurité compétentes sur le territoire concerné.
Pour les ZSP, je nentends pas définir un cadre national monolithique. Je suis convaincu que leur succès dépendra beaucoup des capacités dadaptation de ceux qui auront en charge de les mettre en oeuvre.
Vous serez consultés dans les prochaines semaines sur la définition de ces zones et sur les priorités daction à leur fixer.
Depuis 2007, police et gendarmerie ont perdu 10 700 emplois. 3500 emplois supplémentaires devaient être supprimés lan prochain. Ces chiffres, dont je ne suis pas certain quils vous aient jamais été communiqués officiellement disent une seule chose : lérosion des effectifs de police et de gendarmerie doit cesser au plus vite.
Le Gouvernement sest engagé à remobiliser des moyens supplémentaires à hauteur de 1000 emplois par an pendant cinq ans. La répartition entre police, gendarmerie et justice est à larbitrage du Premier ministre.
Mais les années à venir seront aussi celles de lengagement de réformes de structures. Je souhaite inscrire résolument mon action dans la perspective de la mutualisation et de la complémentarité des forces de police et de gendarmerie. Non seulement sagissant de nouveaux progrès dans lintégration des fonctions supports, mais aussi à travers des partenariats opérationnels innovants ou la programmation de nouvelles opérations de redéploiement. Ils se feront progressivement, sans grande annonce ni plan national, mais avec détermination.
Au-delà des effectifs, je lai dit, lefficacité de la politique de sécurité repose sur une cohérence dinspiration et daction qui implique un dialogue permanent et constant avec les autorités judiciaires, à tous les niveaux.
Pour renouer le fil dun dialogue trop souvent interrompu, jai donc proposé que des conférences intérieur/justice déconcentrées se tiennent, à partir de la rentrée de septembre, à un niveau régional adapté pour tenir compte de la carte judiciaire. Des instructions conjointes vous seront adressées pour la fin de lété dans cette perspective.
Je noublie pas, bien entendu, les enjeux de la sécurité routière. Les orientations prises ces dernières années ont produit leurs fruits. Les résultats enregistrés au premier semestre sont encourageants.
Jattends de vous et je sais que cest déjà le cas ! une attention permanente et personnelle. Elle est tout particulièrement indispensable au moment des départs en vacances.
Jai dit aux sapeurs-pompiers que la sécurité des Français était ma priorité, donc également la sécurité civile.
La culture de gestion de crise fait chaque année des progrès, mais cest à vous de maintenir leffort, pour que le renouvellement des équipes nentraîne pas de perte defficacité et que cette culture soit quelque chose de permanent. Le r??le des préfets de zone est à ce titre tout à fait déterminant.
Ministère de lEtat, des territoires, de la sécurité, le ministère de lIntérieur a également la charge de mettre en oeuvre la politique dimmigration et dintégration. Ces sont ces deux questions que je veux, pour finir, aborder avec vous.
Comme vous le savez, conformément aux engagements du président de la République, labrogation de la circulaire du 31 mai 2011 a assoupli les conditions daccès au marché du travail des étudiants.
Une instruction va vous être prochainement adressée, vous demandant de mettre immédiatement un terme à la rétention des familles et précisant les règles de lassignation à résidence.
Une instruction est également en préparation visant à redéfinir des critères précis, objectifs, uniformément appliqués sur le territoire pour justifier un droit à demeurer sur le territoire. Je nentends pas engager une opération ponctuelle visant à susciter une vague de régularisations. Jentends vous donner un cadre daction clarifié, assoupli, prenant davantage en compte les réalités des liens tissés par des individus avec notre Nation.
Je souhaite également proposer, dans les prochains mois, au Parlement la création dun titre de séjour pluriannuel.
Jai conscience du rôle de vos collaborateurs dans la conduite de ces politiques. A la préfecture de Nanterre le 27 juin dernier, jai pu mesurer, à cette occasion, leur engagement, la difficulté de leur tâche, au-delà de toutes les caricatures faciles, et leur capacité à rechercher les moyens pour accueillir de façon plus efficace, plus humaine, plus professionnelle lensemble des usagers.
Je souhaite que vous engagiez avec lappui des administrations centrales, un effort damélioration des conditions daccueil des étrangers dans les préfectures.
Je demande enfin quen matière daccès à la nationalité, votre cadre daction soit réexaminé. Je suis particulièrement préoccupé par la chute très forte du nombre de naturalisations. Je vous le dis clairement : je ne considère pas que laccès à la nationalité comme une variable de la politique dimmigration !
Les dernières années ont vu, souvent de façon cachée, se durcir les exigences, par exemple en matière dinsertion professionnelle. Jai demandé à ce quune instruction soit préparée dans les prochaines semaines pour remettre à plat, de manière transparente, les critères applicables. Je vous demande dy être particulièrement attentif.
Tout cela implique également une politique en faveur de lintégration qui soit ambitieuse, qui soit ouverte, qui soit forte.
Deux sujets méritent enfin de par leur actualité immédiate et leur acuité des réponses rapides.
Le premier est la réduction des délais de traitement des demandes dasile. Cest une priorité. La situation actuelle nest pas acceptable.
Le second sujet est celui de la lutte contre limmigration irrégulière. Je souhaite que la lutte contre les filières qui exploitent la misère humaine soit ferme et continue.
La décision rendue le 3 juillet par la Cour de Cassation interdit désormais de placer en garde à vue des personnes au seul motif quils sont en situation irrégulière. Le Premier ministre ma demandé de lui proposer rapidement un texte législatif pour redonner un fondement légal à notre action. Léloignement des étrangers en situation irrégulière doit rester la règle. Il vous appartient dy veiller. Les indicateurs chiffrés seront suivis. Mais je ne jugerai pas votre action sur le nombre déloignements réalisés.
Mesdames, Messieurs les préfets,
En abordant avec vous lensemble des missions du Ministère de lIntérieur, jai voulu poser le cadre de notre action collective. Les tâches qui nous attendent sont nombreuses. Elles couvrent un ensemble large de domaine. Vos fonctions vous ont habitué à cela. Je connais dautre part votre capacité dentrainement.
Jai donc une entière confiance dans laction que vous allez mener, que nous allons mener, au service de la France et des Français.
Je vous invite maintenant à un moment déchanges.
Source http://www.localtis.info, le 16 juillet 2012