Texte intégral
Juste quelques mots pour vous dire combien je suis heureux que nous regardions ensemble le film de Guy Deslauriers que je remercie d'être aujourd'hui avec nous. Heureux aussi de vous accueillir ici avec Christiane Taubira-Delannon, initiatrice obstinée du projet de loi reconnaissant la traite et l'esclavage pour ce qu'ils furent : un crime contre l'humanité. Cette loi a été finalement votée, je m'en réjouis, à l'unanimité des représentants de la Nation.
Je suis heureux d'accueillir tous ceux qui ont voulu ensemble cet acte politique et symbolique fort.
Merci à Lionel Jospin, à la veille de son départ pour l'Afrique du sud, de témoigner par sa présence de l'importance personnelle et politique qu'il attache à cette dimension de notre histoire et aux suites que le gouvernement entend donner au vote de cette loi.
La date de ce vote, le 10 mai dernier, est pour moi riche de signification car un autre 10 mai, en 1802, Delgrès, commandant de la Basse Terre en Guadeloupe, adressait " à l'univers entier " la célèbre proclamation dans laquelle il affirmait : " notre cause est celle de la justice et de l'humanité ".
C'est également en mai, le 22 en Martinique et le 28 en Guadeloupe, qu'en 1848 la révolte populaire accéléra l'histoire, forçant à proclamer l'abolition sans attendre l'arrivée du décret Schoelcher qui cheminait par bateau. L'abolition ne fut pas octroyée mais conquise, fruit d'un combat commun, mené ici et là-bas.
Ce vote du 10 mai 2001, nous l'avons ardemment voulu et les réticences de quelques uns ont dû céder. C'est une étape importante pour tous les Français, ceux des outre-mers comme ceux de l'hexagone. Il fallait qualifier avec force de loi ce que l'uvre de Guy Deslauriers s'efforce de rendre sensible et imaginable : l'effroi de cette déportation massive. A nous de lui restituer pleinement la place qui lui revient dans notre histoire commune, dans les manuels des écoliers, dans les travaux des historiens, dans les rues de nos villes
Garder vive la mémoire du crime de l'esclavage, l'uvre de Guy Deslauriers y contribue puissamment. Cela signifie aussi, pour moi, prendre lucidement la mesure de sa monstrueuse singularité et, dans le même temps, de sa portée universelle. Je remercie celles et ceux, élus et militants associatifs, qui sont pour cette raison engagés aujourd'hui dans le combat contre les esclavages modernes et dont la présence dans cette salle fait, d'hier à aujourd'hui, le lien.
La fidélité de la mémoire tout autant que la vérité de l'histoire obligent également à rappeler haut et fort que les victimes - déportés de la traite, esclaves des habitations - s'honorent d'avoir obstinément résisté. A ceux dont le nom est resté dans l'histoire et à tous les sans-noms qui ne furent pas moins vaillants, la moindre des justices est de rendre leur dignité de rebelles et de combattants. Leur leçon de courage n'a rien perdu de son actualité.
Les sociétés nées de l'esclavage se sont forgées et inventées contre lui. Elles ont, aujourd'hui, beaucoup à nous dire au-delà de l'esclavage : la créolisation du monde, chère à Patrick Chamoiseau, auteur du scénario du Passage du Milieu, cette recomposition des identités qui ajoute sans rien retrancher et exprime la réciprocité des influences, pourrait bien fournir à la mondialisation impériale une alternative autrement intéressante
Je passe maintenant le micro à Sotigui Kouyaté, admirable homme de théâtre qui est chez lui dans les répertoires de tous les continents. Il nous fait l'amitié de prêter sa voix et son talent à deux textes que j'ai choisis car ils éclairent, je crois, notre sujet. Merci à lui d'être des nôtres ce soir. Merci à chacun d'entre vous. Et place maintenant aux uvres qui valent mieux que tous les discours Je vous invite à nous retrouver ensuite au Secrétariat d'Etat à l'Outre-Mer : c'est tout près et nous irons à pied.
(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 31 mai 2001)
Je suis heureux d'accueillir tous ceux qui ont voulu ensemble cet acte politique et symbolique fort.
Merci à Lionel Jospin, à la veille de son départ pour l'Afrique du sud, de témoigner par sa présence de l'importance personnelle et politique qu'il attache à cette dimension de notre histoire et aux suites que le gouvernement entend donner au vote de cette loi.
La date de ce vote, le 10 mai dernier, est pour moi riche de signification car un autre 10 mai, en 1802, Delgrès, commandant de la Basse Terre en Guadeloupe, adressait " à l'univers entier " la célèbre proclamation dans laquelle il affirmait : " notre cause est celle de la justice et de l'humanité ".
C'est également en mai, le 22 en Martinique et le 28 en Guadeloupe, qu'en 1848 la révolte populaire accéléra l'histoire, forçant à proclamer l'abolition sans attendre l'arrivée du décret Schoelcher qui cheminait par bateau. L'abolition ne fut pas octroyée mais conquise, fruit d'un combat commun, mené ici et là-bas.
Ce vote du 10 mai 2001, nous l'avons ardemment voulu et les réticences de quelques uns ont dû céder. C'est une étape importante pour tous les Français, ceux des outre-mers comme ceux de l'hexagone. Il fallait qualifier avec force de loi ce que l'uvre de Guy Deslauriers s'efforce de rendre sensible et imaginable : l'effroi de cette déportation massive. A nous de lui restituer pleinement la place qui lui revient dans notre histoire commune, dans les manuels des écoliers, dans les travaux des historiens, dans les rues de nos villes
Garder vive la mémoire du crime de l'esclavage, l'uvre de Guy Deslauriers y contribue puissamment. Cela signifie aussi, pour moi, prendre lucidement la mesure de sa monstrueuse singularité et, dans le même temps, de sa portée universelle. Je remercie celles et ceux, élus et militants associatifs, qui sont pour cette raison engagés aujourd'hui dans le combat contre les esclavages modernes et dont la présence dans cette salle fait, d'hier à aujourd'hui, le lien.
La fidélité de la mémoire tout autant que la vérité de l'histoire obligent également à rappeler haut et fort que les victimes - déportés de la traite, esclaves des habitations - s'honorent d'avoir obstinément résisté. A ceux dont le nom est resté dans l'histoire et à tous les sans-noms qui ne furent pas moins vaillants, la moindre des justices est de rendre leur dignité de rebelles et de combattants. Leur leçon de courage n'a rien perdu de son actualité.
Les sociétés nées de l'esclavage se sont forgées et inventées contre lui. Elles ont, aujourd'hui, beaucoup à nous dire au-delà de l'esclavage : la créolisation du monde, chère à Patrick Chamoiseau, auteur du scénario du Passage du Milieu, cette recomposition des identités qui ajoute sans rien retrancher et exprime la réciprocité des influences, pourrait bien fournir à la mondialisation impériale une alternative autrement intéressante
Je passe maintenant le micro à Sotigui Kouyaté, admirable homme de théâtre qui est chez lui dans les répertoires de tous les continents. Il nous fait l'amitié de prêter sa voix et son talent à deux textes que j'ai choisis car ils éclairent, je crois, notre sujet. Merci à lui d'être des nôtres ce soir. Merci à chacun d'entre vous. Et place maintenant aux uvres qui valent mieux que tous les discours Je vous invite à nous retrouver ensuite au Secrétariat d'Etat à l'Outre-Mer : c'est tout près et nous irons à pied.
(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 31 mai 2001)