Texte intégral
Mesdames et messieurs les Ministres,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le Président du conseil régional, Jacques Auxiette,
Mesdames et messieurs les élus, président de la communauté urbaine de Nantes, de lagglomération de Saint-Nazaire et
Mesdames et messieurs les maires et madame le maire de Bouguenais,
Puisque nous sommes sur sa commune, Monsieur le Maire de Nantes nest pas loin, je suis heureux d??tre là aujourd'hui dans un lieu que je connais bien mais qui a déjà beaucoup changé depuis les premières inaugurations.
Je voudrais saluer tout particulièrement le président de lIRT, Monsieur Lignon, et Monsieur Cassereau, directeur, qui sont tous les deux représentatifs de ce que vous faites ici et de ce que nous voulons faire aussi non seulement ici mais pour la France : des hommes qui aiment lindustrie et qui croient à lavenir de lindustrie comme beaucoup mais pas assez connus, pas assez mis en valeur. Je pense à ces jeunes que je viens de rencontrer, aussi bien un jeune en apprentissage à Airbus que des jeunes ingénieurs, que des doctorants.
Il y a des jeunes qui ont choisi lindustrie, qui savent quil y a un avenir et qui veulent donner le meilleur deux-mêmes pour ce magnifique métier de créateur. Je suis heureux et fier parce que je suis au milieu de bâtisseurs. La France a besoin de vos talents pour répondre par la créativité, par linnovation. Cest ce qui vient de nous être dit tout au long de cette visite, au défi de la croissance, de notre temps et de lemploi.
Je suis venu vous dire mon refus du déclin de lindustrie française. Je ne suis pas venu par hasard, parce quici cest le succès dune démarche que lon peut constater. Nous sommes ici à Nantes, comme à Saint-Nazaire, dans ce quon a appelé longtemps la Basse Loire, dans une terre de tradition industrielle, une terre dingénieurs, une terre de techniciens, une terre douvriers, dhommes et de femmes, de plus en plus nombreuses à travailler dans lindustrie, qui aiment leur métier, et qui souffrent de la voir en difficulté.
Déjà à la fin des années 80, cette région avait connu un traumatisme industriel. Je ne pense pas seulement à la fermeture des chantiers navals de Nantes. Je pense aussi à dautres industries traditionnelles de la métallurgie qui fermaient les unes après les autres, créant une sorte de désespoir. Pourtant, déjà à cette époque, les hommes et les femmes de Nantes, de Saint-Nazaire comme de louest, ne renonçaient jamais. Ils recommencent sans cesse et relèvent le défi de leur propre redressement. Ce matin, une nouvelle étape de ce redressement nous est montrée. Je rappelle que nous sommes là au cur dune démarche qui est dabord une démarche locale, une démarche ambitieuse, qui est née il y a plus de dix ans autour de chercheurs et dentreprises issues de différentes filières académiques ou industrielles.
Mesdames, Messieurs, vous avez su mettre en commun avec lappui sans faille et sans hésitation, dès les premières heures des collectivités locales, vos savoirs, vos compétences, et votre envie surtout de faire ensemble. Vous avez créé un écosystème technologique dexcellence.
Donc merci pour votre accueil et votre disponibilité, et pour mavoir expliqué, ainsi quaux ministres qui maccompagnent, vos réalisations et projets qui témoignent des immenses atouts dont dispose notre pays. Cest donc un message despoir que je suis venu adresser à lensemble de notre pays. Ce message est celui de la reconquête industrielle, car ce qui est en jeu cest notre capacité à créer de lactivité et des emplois sur notre territoire, dans une économie ouverte au sein même de lUnion européenne et sur le monde. De plus en plus de Français vivent le recul de notre industrie avec son cortège de suppressions demplois, de fermetures dusines. Encore un exemple à Angers. Ces Français finissent par douter de lavenir économique de notre pays. Ils en doutent car ils ont le sentiment dêtre les premiers perdants de cette nouvelle histoire de léconomie, celle de louverture au monde et de la mondialisation. Ils pensent que la concurrence de pays émergents est trop forte et craignent quelle ne puisse être relevée. Ils observent dailleurs à juste titre la dégradation de notre commerce extérieur : soixante-dix milliards deuros de déficit, quarante-cinq millions pour lénergie, vingt-cinq milliards pour les échanges commerciaux. Cest une réalité.
Si je suis venu ici à Nantes, cest pour dire que la France peut être gagnante dans la mondialisation, à une condition : cest de définir enfin un nouveau modèle industriel, une stratégie de politique industrielle nationale. Léconomie française, les entreprises françaises ne retrouveront pas des marchés en se repliant sur elles-mêmes et cette visite nous le démontre. Elles ne réussiront pas à sen sortir en fermant les frontières, puisque tout ce quon fabrique ici nest pas simplement pour une région, nest pas simplement pour la France, et ce nest même pas que pour lEurope. Si on faisait autrement, comme certains le préconisent, alors oui le déclin serait assuré ; je le refuse et je crois que ceux qui le refusent le refusent avec moi.
Certes pour y parvenir, il faut nous battre et il faut nous battre à tous les niveaux. Le niveau de lEurope, dans sa manière de traiter les échanges à léchelle mondiale. Il faut que les échanges commerciaux soient basés sur la réciprocité. Il faut éviter toutes les concurrences déloyales. Il en existe et pas seulement de la part des pays émergents. Je le disais lautre jour au Parlement, à lAssemblée nationale comme au Sénat : lEurope a trop souvent fait preuve dans ses échanges dune certaine forme de naïveté. Il faut que cette page se tourne. La réorientation européenne que les Français ont souhaitée se fait aussi à ce prix. Il sagit dune stratégie défensive. Même si elle est nécessaire, elle est insuffisante. Dans le marché unique européen comme à léchelle mondiale, la France doit être engagée en première ligne et de façon offensive. Cest un combat que nous avons à mener. Cest notre responsabilité historique. Cest celle de mon gouvernement, que de définir cette stratégie économique et industrielle qui soit claire pour notre pays, à condition bien sûr de lavoir définie, de la mettre en uvre et den faire la clé de notre redressement.
Lévolution du territoire est porteuse de beaucoup denseignements. Bien quayant traversé par le passé des périodes difficiles, le tissu industriel français na pas disparu, de par la culture industrielle, de la volonté des hommes qui travaillent ici, qui dirigent ici, qui décident ici, qui forment ici, qui cherchent et qui recherchent, et qui savent travailler ensemble. Notre tissu industriel a trouvé une nouvelle dynamique, parce quil est entreprenant, parce quil est en développement. Si je suis venu ici, ce nest pas par nostalgie nantaise : cest pour mettre en lumière cet exemple.
LInstitut de recherche technologique Jules Verne est lui-même le fruit dune certaine révolte, mais aussi dun défi. La révolte, le président Gallois ne men voudra pas : il comprendra bien ce que je veux dire, ce fut la mobilisation générale des acteurs locaux. Lorsqua été annoncé le plan Power Eight dAirbus en 2005, il y avait à ce moment-là le risque de vente des usines Airbus de Nantes et de Saint-Nazaire. En quelques mois, les industriels, dabord ceux dAirbus, les chercheurs du pôle de compétitivité qui sont présents aujourd'hui et que je salue, EMC2, ont su renverser la vapeur, développer les recherches communes pour faire de Nantes-Saint-Nazaire un centre de référence pour les matériaux composites. Lengagement des collectivités locales, là encore et en particulier la région, avec les deux grandes agglomérations de Nantes et de Saint-Nazaire, a été déterminant pour que ce pôle de compétitivité voie le jour. Mais après la révolte, réaction en quelque sorte à la fatalité, est venu le temps du défi : celui de la création de lInstitut de Recherche Technologique. Le projet nantais fut longtemps regardé de haut parce que lindustrie et les matériaux ne faisaient pas partie des priorités qui étaient mises en valeur à lépoque. Jules Verne est pourtant le premier IRT à avoir été labellisé. Il a même devancé des projets présentés comme plus prestigieux, parfois même dans les médias, comme plus parlant parce que lindustrie ça salit. Parce que lindustrie, cest dur. Parce que lindustrie, on en a parfois une image dEpinal. Alors vous voyez bien ici que lindustrie a changé et quelle changera encore.
Avec un objectif de cinq mille emplois sur ce site qui viennent sajouter aux autres emplois existants je pense aux emplois dAirbus, mille chercheurs, ce sera bientôt le cas on est déjà en marche parce que cet IRT a réussi. Sil a réussi, cest parce que les acteurs locaux avaient déjà fait la preuve avant lheure de leur capacité collective à produire de la valeur pour les entreprises au service de lemploi. Cette réussite est remarquable. Elle trace un chemin davenir pour lindustrie française. Quand lenvie daller de lavant est présente, quand lenvironnement est porteur, quand on est prêt à construire ensemble, le succès récompense leffort et le partenariat. Vous y êtes. Si le nez du futur A350 est en matériaux composites, cest grâce au travail collectif réalisé depuis plusieurs années, sur votre site, par des grandes entreprises, des grands groupes industriels mondiaux. Je pense bien sûr à Airbus, mais aussi à des groupes comme Daher, implanté sur plusieurs sites français, mais aussi grâce à des PME locales. Je pense à Coriolis, aux ACB, à Loiretech, et par des chercheurs du pôle universitaire de Nantes, du Mans, de lEcole Centrale des Mines, des universités de ces Instituts de Recherche Technologique. Tout cela se passe à Nantes et à Saint-Nazaire, et je suis bien fier, vous limaginez, davoir pris ma part dans cette aventure. Je le redis : ma visite ici dépasse de très loin les limites de ce territoire, car aujourd'hui il est indispensable de redonner à chacune et à chacun cette envie de se mobiliser. Cest cela qui nous permettra la reconquête de notre excellence industrielle. Lindustrie peut redevenir le symbole davenir de notre pays.
Cette mobilisation collective, le gouvernement entend la stimuler et la diffuser sur lensemble du territoire et vous en apportez la démonstration ici, parce que lun des facteurs majeurs de la compétitivité, cest linnovation. Je dis bien "majeur". Ça ne veut pas dire quil ny en a pas dautres. Mais vous avez tout au long de cette visite démontré que cétait bien au cur de la reconquête, et cest la capacité de nos centres de recherche et de nos entreprises à le diffuser à travers les produits et les services que nous utilisons tous les jours. La France peut senorgueillir dune recherche dune qualité exceptionnelle, comme en témoigne le Prix Nobel de physique qui vient dêtre attribué à Serge Haroche. Ses travaux dans le domaine de loptique quantique laissent espérer de formidables développements, notamment dans le domaine informatique. Mais le grand problème de nombre dentreprises, cest quelles ne disposent pas des outils scientifiques et technologiques leur permettant daccéder à des marchés nouveaux ou de résister à une concurrence externe croissante. Cest ce lien-là, cette stimulation réciproque entre science vive et développement industriel, que nous devons par tous les moyens favoriser.
Les huit Instituts de recherche technologique à léchelle de la France ont été conçus justement pour cela. Ce sont des lieux où se conjuguent les apports de la science, de lingénierie et de lindustrie. Cest là que lon met au point de nouveaux procédés, des équipements plus performants, des prototypes nous en avons vus et qui répondent directement aux besoins des entreprises partenaires. Cest ainsi que lon favorisera le transfert de technologies innovantes dans le tissu industriel. Pour nos entreprises, et nos PME en particulier, cest un facteur de compétitivité décisif. Et comme les chercheurs, le gouvernement est en permanence à laffût de nouvelles initiatives. Et ces initiatives, elles existent partout ! LInstitut français du pétrole, à Lyon, vient de lancer un projet autour des procédés chimiques, tout comme le CNRS et lInria, à Grenoble, autour du logiciel. LInstitut Mines-Télécoms, qui regroupe essentiellement des ingénieurs et les trente-quatre Instituts Carnot, qui regroupent des chercheurs, souhaitent créer des plateformes régionales mutualisant des compétences et des moyens, pour mieux diffuser linnovation vers les entreprises industrielles. De son côté, la direction de la recherche technologique du Commissariat à lEnergie Atomique ma, ces dernières semaines, proposé de sinspirer de lexpérience réussie et menée à Grenoble, autour des nanotechnologies, pour lancer trois nouvelles plateformes régionales autour des savoir-faire propres au CEA, à Toulouse, à Bordeaux et ici, à Nantes.
Lintérêt de ces plateformes, cest de sappuyer sur les résultats de la recherche fondamentale de très grande qualité pour développer des "technologies génériques", qui bénéficieront à de très nombreux champs industriels. La vocation de ces plateformes sera doffrir aux PME régionales et donc ici à Nantes-Saint-Nazaire et dans la région, en allant vers elles, directement dans lentreprise avec des compétences technologiques quelles ne possèdent pas et quelles nont pas les moyens de posséder mais dont je suis sûr que si elles y accèdent, elles pourront les développer.
Jai donc donné mon accord, je vous lannonce ce matin, pour mettre rapidement en uvre ces trois expérimentations à Toulouse, Bordeaux et Nantes, en veillant à deux principes communs à tous ces projets. Le premier principe, cest de fédérer et dassocier lensemble des acteurs intéressés, en tenant compte des spécificités de chacun - je pense bien sûr au CNRS, ici à Nantes. Il ne sagit pas de reconnaître à tel ou tel organisme un monopole de linnovation, mais dencourager tous les opérateurs de la recherche à mettre en commun leurs efforts en faveur de la compétitivité. Nous souffrons trop du cloisonnement.
Le deuxième principe, cest la nécessaire évaluation de chaque expérimentation, avant den engager de nouvelles. Vous voyez à travers ces exemples, nos territoires recèlent dénergies qui ne demandent quà se mettre en mouvement. Il suffit souvent de donner une première impulsion pour que les projets se concrétisent ; et cest précisément le rôle de lÉtat. Le rôle de lÉtat qui doit non pas soccuper de tout, non pas produire quand il na plus de pouvoir ou de moyen de la norme ou de la réglementation, mais jouer son rôle de stratège, dimpulseur, et de sappuyer sur les territoires, et en particulier les régions avec lesquelles le gouvernement vient de renforcer son partenariat. Jai signé le 12 septembre, avec le président Rousset, président de la région Aquitaine et président des régions de France, quinze engagements notamment en matière dinnovation, mais il porte aussi sur toutes les politiques de lemploi, sur la formation professionnelle. Il porte aussi sur tous les soutiens à linnovation et tous les trois mois, jai pris lengagement de réunir tous les présidents de régions pour faire un point détape sur ce qui aura été engagé car cest main dans la main avec les collectivités locales que vous avez construit cet Institut de Recherche Technologique Jules Verne. Cest la volonté des acteurs locaux, ce sont aussi les risques quils ont su prendre, leur capacité à faire des choix rapides, en dehors de toute bureaucratie paralysante qui expliquent votre réussite. Je salue notamment le rôle majeur de la région des Pays de la Loire, présidée par Jacques Auxiette.
Ce sont ces collectivités territoriales qui sont les mieux placées pour détecter et fédérer les futurs partenaires, autour dune thématique et dun objectif communs. Telle est ma conviction profonde, partagée avec le Président de la République. Elle nous a conduits à renforcer le rôle des régions avec à leurs côtés les grandes métropoles là où elles existent, dans les politiques économiques et dinnovation et ce sera un des éléments mais que nous nattendons pas que la loi passe pour le mettre en uvre, qui sera inscrit dans le futur grand acte de la décentralisation. Par lÉtat, lui aussi, entend jouer pleinement son rôle car il est le garant de la cohérence densemble et de la mise en réseau des compétences, et il saura respecter, il saura encourager, il saura accompagner les dynamiques territoriales. Cest pourquoi jai également voulu que les régions jouent un rôle majeur dans la mise en uvre de la Banque publique dinvestissement. Le projet de loi portant la création de la Banque Publique dInvestissement sera présenté mercredi prochain au Conseil des ministres, cette semaine. Cest donc une semaine en faveur de lindustrie et qui ne va pas sarrêter. Ce nest pas lévénement dun jour ni dune semaine : cest lengagement dans la durée parce que ce que nous engageons, cest une réforme majeure, au service du développement des PME et des entreprises de taille intermédiaire, trop petites en France. Quatre mille six cents, treize mille en Allemagne, autant en Grande Bretagne. Il faut les aider, les aider à grossir et à grandir.
La Banque Publique dInvestissement constituera un véritable service public de proximité de financement des entreprises. Elle sera à lécoute des entreprises, partenaire financier responsable, capable de les accompagner durablement. Chaque chef dentreprise sera accueilli par une équipe professionnelle et réactive, qui lui proposera une réponse adaptée à sa situation et à ses besoins. Et pour faire face à ses missions, la Banque Publique dInvestissement verra ses moyens augmenter par rapport aux dispositifs actuels, à la fois en matière de crédit et de garantie, mais aussi en matière dinvestissement en fonds propres. Ainsi, nous avons dores et déjà décidé daccroître le refinancement possible de la BPI auprès du fonds dépargne de la Caisse des dépôts et consignation, alimenté par les ressources du Livret A et du Livret de développement durable, dont nous avons augmenté les plafonds. Mais je vous lai dit, les régions seront étroitement associées. Au niveau national, elles seront présentes au conseil dadministration de la BPI et présideront le comité national dorientation. Au niveau local, elles piloteront le comité régional dorientation et elles pourront présider le comité dinvestissement régional, lorsquelles auront mutualisé leurs moyens dintervention en fonds propres avec la BPI et cest le cas ici dans les Pays de la Loire. Le partenariat entre lEtat et les régions garantira lefficacité de la BPI, qui devra prioritairement financer linnovation, accompagner les entreprises à lexport et cest grâce à ce nouveau dispositif que lEtat accompagnera les initiatives que jévoquais tout à lheure.
Je veux saluer ici je disais que la région Pays de la Loire était prête - linitiative que vous avez prise il y a quelques jours, Monsieur le Président, de lancer une action davant-garde, un emprunt obligataire à léchelle de votre région. Celle-ci a collecté cent quinze millions deuros dont quatre-vingt-cinq millions auprès des particuliers, le reste auprès détablissements bancaires, quatre-vingt-cinq millions auprès de particuliers en quelques jours. Cest bien la preuve quici, lorsquon parle dindustries alors que cest fait pour financer les PME, que nos compatriotes savent de quoi on parle et quils y croient. Ils ont confiance. Nayons donc pas peur tout le temps de ce qui ne va pas, des difficultés dun jour. Battons-nous. Vous vous battez, cest une belle référence. Et puis avec ça, grâce à la mobilisation des établissements financiers régionaux, cest près de cinq cents millions que vous allez être capables de mobiliser, ce nest pas rien, en concordance avec le rôle que nous assignons à la BPI qui rejoint donc la volonté du gouvernement qui est clair, mais quon le comprenne bien, quon ne lance pas des polémiques inutiles. François Hollande la dit pendant sa campagne électorale, "nous voulons mettre la finance au service de léconomie et de linvestissement", vous en faites la démonstration.
Oui, lépargne doit aller vers linvestissement productif, cest donc un signal fort qui est adressé aux marchés financiers, il est adressé aussi aux banques, et ici les établissements bancaires régionaux lont compris et je les remercie, mais cest aussi un message aux citoyens. Cest comme ça que nous redynamiserons nos territoires, en accompagnant les besoins des chefs dentreprises, en suscitant les partenariats, en permettant de nouveaux projets de se concrétiser, et des nouveaux projets jen connais beaucoup, y compris ici, vous nous en avez parlé, je pense à ces grandes entreprises comme EDF, comme Alstom, comme Areva, qui se sont regroupées au sein de consortiums pour construire des parcs déoliennes offshores. Dailleurs en fin dannée je viendrai ici lancer la construction de lusine de nacelles éoliennes Alstom à Saint-Nazaire, voilà une bonne nouvelle. Il y a des entreprises qui ouvrent, je compte sur ces entreprises pour prendre appui sur les savoir-faire locaux, la soudure par exemple, notamment je pense aussi que vous preniez appui sur des grandes entreprises comme les chantiers STX qui sont prêts à relever le défi avec vous, qui ont déjà commencé à discuter. Oui, là nous avons lopportunité de développer une filière française de léolien, il ne sagit pas pour le gouvernement de financer un investissement coûteux, seulement pour les énergies renouvelables, il sagit aussi de relever un défi industriel, pas de favoriser les filières industrielles chinoises, ou dailleurs, cest notre responsabilité.
On vous parle et on me parle de compétitivité. De quoi ai-je parlé depuis le début de mon discours, sinon de compétitivité ? La compétitivité cest cela aussi. Cest la recherche, cest linnovation, ce sont les partenariats qui sétablissent au sein des filières, cest un environnement propice, laccompagnement des projets par les collectivités locales et lEtat, par des financements adaptés. La volonté de mon gouvernement cest de sengager pleinement en faveur de la compétitivité, au service de la croissance et de de lemploi. Cest donc ce chantier de la compétitivité que je suis venu lancer aujourdhui avec vous, et cest pourquoi cette journée est si importante à mes yeux.
Le redressement des comptes publics est aussi le premier pilier du redressement de notre économie, nen déplaise à ceux qui doutent, mais je le répète ici devant vous : il nest pas acceptable que le premier budget de la France, cest vrai pour aujourdhui, mais cest vrai pour demain, pour les générations futures, soit le budget du remboursement des intérêts de la dette. Alors le gouvernement a dit "stop, nayons pas toujours des discussions intellectuelles". Je revendique le sérieux budgétaire, parce que pour moi le sérieux budgétaire cest la garantie que demain la dette, qui a augmenté de 600 milliards en 5 ans, reculera, et que nous serons plus crédibles, et que nous pourrons investir dans linnovation, que nous pourrons investir dans la recherche, que nous pourrons investir dans la formation, cest ça qui devrait être le premier budget de la France, et ce nest plus le cas. Et donc ce sérieux budgétaire cest la garantie que la France pourra continuer à bénéficier aussi de taux bas, qui irriguent ensuite toute notre économie, je pense aux emprunts des entreprises, je pense à ceux des particuliers. Oui, le sérieux budgétaire cest la garantie de la compétitivité et cest la garantie du redressement productif.
Lobjectif du gouvernement de 3%, nous ne lavons pas inventé. Nous nous fixons à nous-mêmes, sans que personne nexige de nous de lextérieur, parce que cest la souveraineté de la France qui est en cause, cest son indépendance nationale, cest donc un impératif et il sera tenu. Je sais que pour y parvenir il faut faire des efforts, cet effort, ces efforts, ils sont demandés à tous, ils sont demandés aux grandes entreprises et aux ménages, essentiellement les plus aisés, même sil est demandé à tous, mais dabord à ceux qui peuvent le plus. Je sais que cest un effort important, mais notre devoir cest quil soit équitablement réparti, et lEtat en assume sa part, ainsi chacun contribuera à leffort collectif, à hauteur dun tiers chacun, un tiers pour lEtat, en diminuant la dépense, un tiers pour les grandes entreprises, en protégeant les PME, un tiers pour les ménages, en protégeant les classes moyennes et les classes populaires, cest ce que jai appelé le redressement dans la justice. Mais il y a bien le mot "redressement", qui dit bien ce quil veut dire, car le redressement cest le contraire du déclin, cest donc un défi. Jentends bien sûr les réactions des uns et des autres, notamment celle des entrepreneurs, ceux qui cèdent leur entreprise, ou réinvestissent le produit quils ont obtenu ainsi dans une autre. Le débat va souvrir au Parlement cette semaine, sur la loi de Finances 2013, et ensuite sur la loi de financement de la Sécurité Sociale. Le gouvernement proposera des ajustements pour concilier justement justice fiscale et efficacité économique, et je remercie Fleur Pellerin, ministre déléguée aux PME et à lInnovation, pour le travail de concertation, avec Pierre Moscovici, qui a été mené avec les professionnels concernés au cours des derniers jours, mais je voudrais vous dire quil faut éviter de tomber dans le simplisme, évitons tout dogmatisme. On nest pas dans le tout ou rien. Ce que je veux encourager cest linvestissement productif, cest la prise de risques, la création, la transmission dentreprise, tout ce qui va favoriser la compétitivité, mais par contre, et cest le sens de la réforme, de traiter les revenus du capital comme ceux du travail, et nous ne reviendrons pas sur ce principe, cest de favoriser linvestissement productif, linvestissement davenir et non la rente. Cest le sens de cette réforme. La volonté de mon gouvernement cest dappuyer le développement des PME, pas de pénaliser les entrepreneurs, aucune mesure proposée en matière dimpôt sur les sociétés, dans le projet de loi de Finances, naffecte les PME, elles sont au contraire protégées, le crédit dimpôt recherche est même étendu à une grande partie de leurs dépenses dinnovation. Je souhaite encourager les entrepreneurs qui réussissent, à réinvestir leur talent tout au long de leur vie, sans les priver dune juste rétribution de leurs efforts. Les exonérations spécifiques sont maintenues pour les titres détenus par les dirigeants dentreprises, enfin je souhaite que limplication des entrepreneurs, des dirigeants, des associés, dans le développement de leur société et les risques personnels élevés quils prennent soient reconnus. Cest pourquoi le régime fiscal des plus-values réalisées lorsquils cèdent leurs parts ne sera pas modifié, et je souhaite quil soit stabilisé pendant la législature pour donner de la visibilité aux entrepreneurs. Combien de fois on me parle de lisibilité, lisibilité fiscale, lisibilité réglementaire, ou des normes, parce que quand on investit ce nest pas pour 6 mois, quand on investit ce nest pas pour 1 an, surtout dans lindustrie, ce sont des périodes plus longues, donc plus il y a la stabilité, plus on peut se lancer, et ça je le comprends fort bien, et ce nest pas daujourdhui que je le sais.
Je lai dit, la compétitivité cest le pilier du redressement, mais il est indispensable du retour à léquilibre des finances publiques, et pour mettre un terme à lérosion des marges et à lautofinancement de nos entreprises industrielles, il faut aussi résorber le déficit de notre commerce extérieur. Hors énergie, cest 25 milliards de transactions commerciales. Jai fixé comme objectif quà la fin du quinquennat nous arrivions à léquilibre. Cest un objectif qui paraît simple, mais il est très exigeant. Il demande la mobilisation la mobilisation de tous les acteurs. La grande conférence sociale initiée en juillet dernier a engagé les négociations, et jespère quelles auront un impact positif sur la compétitivité de nos entreprises. La négociation sur la sécurisation de lemploi, je sais quelle nest pas facile, elle a démarré le 4 octobre, mais je souhaite quelle aboutisse. Cest aussi la négociation sur le coût du travail et lévolution nécessaire des modes de financement de la protection sociale, chacun doit comprendre que le dialogue social nest pas ladversaire de la compétitivité, il est à linverse le meilleur moyen de la renforcer durablement. Rien ne se fera sans le concours des organisations syndicales et des chefs dentreprises, je crois au dialogue social, je crois à la négociation, mais le dialogue social ce nest pas linvective, cest le respect du partenaire, cest lécoute des points de vue de lautre, et ça est vrai pour chacun, et cest la recherche du compromis. Parce que je crois que la gravité de la situation de notre pays est tellement importante quelle conduira à mettre chacun face à ses responsabilités, en tout cas le gouvernement prendra les siennes. Mais jai confiance, en ce moment a lieu une négociation, je le disais à plusieurs jeunes que je croissais à linstant, la négociation sur le contrat de génération. plutôt que de faire partir trop tôt un senior, qui na dailleurs pas toujours ses droits à la retraite et qui très vite se retrouve au RSA alors quil a un vrai savoir-faire, eh bien nous voulons mettre en place ce contrat de génération, qui de fait existe, ce jeune apprenti me parlait du savoir-faire de ses tuteurs qui lui transmettaient à Airbus le savoir-faire qui était le leur, nous voulons linstaller dans les entreprises, 500 000 emplois de seniors préservés et 500 000 emplois de jeunes en CDI, avec une négociation pour quil ny ait pas deffet daubaine, pour que les aides accordées soient justes. Mais jai confiance parce que je suis sûr que dans quelques jours, quelques semaines au plus tard, cette négociation aboutira et que nous pourrons au Parlement nous saisir des réformes législatives nécessaires pour que dès le début de lannée prochaine les premiers contrats de génération soient signés.
Cest donc une politique dampleur, agissant sur tous les leviers de la compétitivité, que mon gouvernement a décidé dengager. Cest dans cet esprit que jai confié à Louis Gallois une mission. Je le salue, non seulement parce quil est présent aujourdhui, dans un lieu quil connaît bien, mais je le salue et je le remercie davoir accepté ma proposition de devenir commissaire général à lInvestissement, un commissariat général à lInvestissement qui finance cet IRT. Je lai chargé dune mission complémentaire, et il me remettra son rapport le 5 novembre prochain. Je sais quil parlera sans tabou, parce quil a sa liberté dexpression, et elle est nécessaire. Son rapport servira de base de travail au gouvernement. Je réunirai aussitôt un séminaire gouvernemental consacré à cette question de la compétitivité. Il définira une feuille de route globale et des orientations pour la suite des travaux que mène le Haut conseil du financement de la protection sociale. Mon gouvernement sappuiera bien évidemment sur ce rapport, le rapport de Louis Gallois, avec qui nous échangeons régulièrement, et qui a lui-même beaucoup consulté, beaucoup consulté, et comme je my étais engagé. Il présentera également, Monsieur le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, son rapport à la Conférence nationale de lindustrie. Je sais quil est attendu. Je serai régulièrement en contact avec les entreprises pour préparer ces avancées importantes.
Dans deux jours, je me rendrai avec 25 entreprises françaises à Singapour, qui est le troisième partenaire commercial de la France en Asie, véritable plateforme pour toute cette région du monde, où la France et ensuite aux Philippines où la France a des partenaires en plein développement, où justement le bilan du commerce extérieur nous est favorable, et pour notre industrie, qui correspond à beaucoup dactivités qui sont conduites ici, mais jy vais pour défendre les atouts de la France, être aux côtés des entrepreneurs, de ces grands groupes, mais aussi de ces ETI, de ces PME, qui ne veulent quune chose, cest réussir à la fois pour elles-mêmes, mais aussi pour la France, parce que je suis convaincu, comme les autres, les chefs dentreprises, comme leurs salariés, ont le souci du patriotisme et de la défense des intérêts de la France, et dès mon retour je me rendrai à Toulouse, inaugurer la ligne dassemblage de lA350, dont vous avez conçu ici le nez avant, en matériaux composites. Je me rendrai le lendemain à Saclay, pour évoquer la question cruciale des formations utiles à nos entreprises industrielles. Pour relever ce défi, tous les membres du gouvernement seront mobilisés, avec les deux ministres que jai cités il y aura bientôt louverture, Madame la ministre de lEnseignement supérieur et de la Recherche, les Assisses de la recherche que jouvrirai. Oui, il sagit dune politique globale qui concerne chaque membre du gouvernement, il faut en aucun cas nous laisser détourner de notre route, des préoccupations secondaires, et cest avec le président de la République que nous définirons notre trajectoire de compétitivité pour les années qui viennent. Alors on me dit "la trajectoire cest moins bien que le choc", mais ce que je veux provoquer, Mesdames, Messieurs, cest un choc de confiance, cest un choc de mobilisation. On me dit : "mais en Allemagne, Monsieur Schröder avait provoqué un choc". Faut-il un peu prendre de recul et sinformer ? Cela ne sest pas passé en huit jours, cela a mis plusieurs années avant de se faire, il y a eu un démarrage, il y a eu un début, il y a eu une suite. Cest la voie que nous voulons entreprendre, cest de commencer, comme nous le faisons, comme vous lavez fait avant nous, ici.
Mesdames, Messieurs, encore merci de mavoir accueilli à lInstitut de recherche technologique Jules Verne, merci de mavoir donné loccasion de vous parler de lavenir, de notre industrie et donc de la France. Lindustrie de demain cest celle que vous inventez ici, cest celle qui permettra à notre pays de renouer avec une croissance durable, une industrie innovante, performante, qui forme la jeunesse de notre pays, qui lui donne le goût du risque, mais lamour aussi, des métiers industriels. Mais une industrie qui intègre, et vous lavez démontré tout au long de cette visite, les exigences de la transition écologique, une industrie qui accède à des financements adaptés, qui conquiert des parts de marché en dehors de nos frontières, et qui crée de la croissance, qui crée des emplois, qui crée aussi du progrès, qui crée aussi de la cohésion sociale, qui crée du sentiment dappartenance et de confiance. Oui, cest important de dire tout cela aujourdhui, tant notre pays a tendance à douter, mais regardons autour de nous, sortons du microcosme, dune forme de parisianisme bien-pensant. La France elle est là, elle est partout, cest vous, alors soyons fiers de nous-mêmes. Ce que je retiens de notre parcours, cest le partenariat gagnant/gagnant entre les grands groupes qui ne traitent pas les PME comme des simples sous-traitants mais comme des partenaires irremplaçables dans leur propre développement, qui jouent un rôle irremplaçable de structuration, daccès à la recherche, aux marchés internationaux, pour les PME, les entreprises de taille intermédiaire, pour mettre au point ces nouveaux procédés et faire monter en gamme notre industrie. Cest en progressant dans ce sens, autour de logiques de filières, de clusters, que nous parviendrons à mobiliser autour dune nouvelle ambition industrielle.
Mon gouvernement, en lien avec les collectivités territoriales, et notamment les régions, est déterminé à engager les réformes nécessaires pour que la France redevienne un grand pays industriel, il est décidé à impulser cette dynamique nouvelle, comme la vôtre. Moi je crois au génie français, oui je crois à la capacité de nos ouvriers, de nos techniciens, de nos ingénieurs, de nos chercheurs. Je crois à ces grandes entreprises industrielles mais qui ne peuvent pas exister si elles nont pas aussi autour delles des entreprises de services, nopposons pas lindustrie aux services, services à lindustrie, services aux personnes, il suffit de regarder ce qui se passe dans nos grandes métropoles, dans nos grandes régions dynamiques sur le plan industriel, il y a des emplois pour tous, et de toutes qualifications. Mais si je vous dis cela, Mesdames et Messieurs, chers amis, cest parce que je crois à lavenir de la France. Nous allons gagner cette bataille. Vous en donnez la preuve, redonnez son rang de grande puissance à notre pays. Lindustrie nouvelle que vous forgez sera aussi le lieu dun nouveau compromis social, dun nouveau pacte social, et qui permettra à sortir de plus de décennies, de difficultés, de recul, et aussi de montée des inégalités. Cest un chemin. Il sera sans doute trop long pour ceux qui souffrent aujourdhui du chômage et du découragement. Cest le chemin que nous devons emprunter, cest le chemin du courage, cest le chemin de la volonté, cest le chemin de la détermination. Rien ne me fera me détourner de cette exigence. Parce que cette exigence cest le mandat quavec le président de la République nous avons reçu du peuple français. Je suis venu ici puiser non seulement les forces nécessaires, mais aussi la conviction que la France va y arriver, que la France va gagner.
Source http://www.gouvernement.fr, le 16 octobre 2012
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le Président du conseil régional, Jacques Auxiette,
Mesdames et messieurs les élus, président de la communauté urbaine de Nantes, de lagglomération de Saint-Nazaire et
Mesdames et messieurs les maires et madame le maire de Bouguenais,
Puisque nous sommes sur sa commune, Monsieur le Maire de Nantes nest pas loin, je suis heureux d??tre là aujourd'hui dans un lieu que je connais bien mais qui a déjà beaucoup changé depuis les premières inaugurations.
Je voudrais saluer tout particulièrement le président de lIRT, Monsieur Lignon, et Monsieur Cassereau, directeur, qui sont tous les deux représentatifs de ce que vous faites ici et de ce que nous voulons faire aussi non seulement ici mais pour la France : des hommes qui aiment lindustrie et qui croient à lavenir de lindustrie comme beaucoup mais pas assez connus, pas assez mis en valeur. Je pense à ces jeunes que je viens de rencontrer, aussi bien un jeune en apprentissage à Airbus que des jeunes ingénieurs, que des doctorants.
Il y a des jeunes qui ont choisi lindustrie, qui savent quil y a un avenir et qui veulent donner le meilleur deux-mêmes pour ce magnifique métier de créateur. Je suis heureux et fier parce que je suis au milieu de bâtisseurs. La France a besoin de vos talents pour répondre par la créativité, par linnovation. Cest ce qui vient de nous être dit tout au long de cette visite, au défi de la croissance, de notre temps et de lemploi.
Je suis venu vous dire mon refus du déclin de lindustrie française. Je ne suis pas venu par hasard, parce quici cest le succès dune démarche que lon peut constater. Nous sommes ici à Nantes, comme à Saint-Nazaire, dans ce quon a appelé longtemps la Basse Loire, dans une terre de tradition industrielle, une terre dingénieurs, une terre de techniciens, une terre douvriers, dhommes et de femmes, de plus en plus nombreuses à travailler dans lindustrie, qui aiment leur métier, et qui souffrent de la voir en difficulté.
Déjà à la fin des années 80, cette région avait connu un traumatisme industriel. Je ne pense pas seulement à la fermeture des chantiers navals de Nantes. Je pense aussi à dautres industries traditionnelles de la métallurgie qui fermaient les unes après les autres, créant une sorte de désespoir. Pourtant, déjà à cette époque, les hommes et les femmes de Nantes, de Saint-Nazaire comme de louest, ne renonçaient jamais. Ils recommencent sans cesse et relèvent le défi de leur propre redressement. Ce matin, une nouvelle étape de ce redressement nous est montrée. Je rappelle que nous sommes là au cur dune démarche qui est dabord une démarche locale, une démarche ambitieuse, qui est née il y a plus de dix ans autour de chercheurs et dentreprises issues de différentes filières académiques ou industrielles.
Mesdames, Messieurs, vous avez su mettre en commun avec lappui sans faille et sans hésitation, dès les premières heures des collectivités locales, vos savoirs, vos compétences, et votre envie surtout de faire ensemble. Vous avez créé un écosystème technologique dexcellence.
Donc merci pour votre accueil et votre disponibilité, et pour mavoir expliqué, ainsi quaux ministres qui maccompagnent, vos réalisations et projets qui témoignent des immenses atouts dont dispose notre pays. Cest donc un message despoir que je suis venu adresser à lensemble de notre pays. Ce message est celui de la reconquête industrielle, car ce qui est en jeu cest notre capacité à créer de lactivité et des emplois sur notre territoire, dans une économie ouverte au sein même de lUnion européenne et sur le monde. De plus en plus de Français vivent le recul de notre industrie avec son cortège de suppressions demplois, de fermetures dusines. Encore un exemple à Angers. Ces Français finissent par douter de lavenir économique de notre pays. Ils en doutent car ils ont le sentiment dêtre les premiers perdants de cette nouvelle histoire de léconomie, celle de louverture au monde et de la mondialisation. Ils pensent que la concurrence de pays émergents est trop forte et craignent quelle ne puisse être relevée. Ils observent dailleurs à juste titre la dégradation de notre commerce extérieur : soixante-dix milliards deuros de déficit, quarante-cinq millions pour lénergie, vingt-cinq milliards pour les échanges commerciaux. Cest une réalité.
Si je suis venu ici à Nantes, cest pour dire que la France peut être gagnante dans la mondialisation, à une condition : cest de définir enfin un nouveau modèle industriel, une stratégie de politique industrielle nationale. Léconomie française, les entreprises françaises ne retrouveront pas des marchés en se repliant sur elles-mêmes et cette visite nous le démontre. Elles ne réussiront pas à sen sortir en fermant les frontières, puisque tout ce quon fabrique ici nest pas simplement pour une région, nest pas simplement pour la France, et ce nest même pas que pour lEurope. Si on faisait autrement, comme certains le préconisent, alors oui le déclin serait assuré ; je le refuse et je crois que ceux qui le refusent le refusent avec moi.
Certes pour y parvenir, il faut nous battre et il faut nous battre à tous les niveaux. Le niveau de lEurope, dans sa manière de traiter les échanges à léchelle mondiale. Il faut que les échanges commerciaux soient basés sur la réciprocité. Il faut éviter toutes les concurrences déloyales. Il en existe et pas seulement de la part des pays émergents. Je le disais lautre jour au Parlement, à lAssemblée nationale comme au Sénat : lEurope a trop souvent fait preuve dans ses échanges dune certaine forme de naïveté. Il faut que cette page se tourne. La réorientation européenne que les Français ont souhaitée se fait aussi à ce prix. Il sagit dune stratégie défensive. Même si elle est nécessaire, elle est insuffisante. Dans le marché unique européen comme à léchelle mondiale, la France doit être engagée en première ligne et de façon offensive. Cest un combat que nous avons à mener. Cest notre responsabilité historique. Cest celle de mon gouvernement, que de définir cette stratégie économique et industrielle qui soit claire pour notre pays, à condition bien sûr de lavoir définie, de la mettre en uvre et den faire la clé de notre redressement.
Lévolution du territoire est porteuse de beaucoup denseignements. Bien quayant traversé par le passé des périodes difficiles, le tissu industriel français na pas disparu, de par la culture industrielle, de la volonté des hommes qui travaillent ici, qui dirigent ici, qui décident ici, qui forment ici, qui cherchent et qui recherchent, et qui savent travailler ensemble. Notre tissu industriel a trouvé une nouvelle dynamique, parce quil est entreprenant, parce quil est en développement. Si je suis venu ici, ce nest pas par nostalgie nantaise : cest pour mettre en lumière cet exemple.
LInstitut de recherche technologique Jules Verne est lui-même le fruit dune certaine révolte, mais aussi dun défi. La révolte, le président Gallois ne men voudra pas : il comprendra bien ce que je veux dire, ce fut la mobilisation générale des acteurs locaux. Lorsqua été annoncé le plan Power Eight dAirbus en 2005, il y avait à ce moment-là le risque de vente des usines Airbus de Nantes et de Saint-Nazaire. En quelques mois, les industriels, dabord ceux dAirbus, les chercheurs du pôle de compétitivité qui sont présents aujourd'hui et que je salue, EMC2, ont su renverser la vapeur, développer les recherches communes pour faire de Nantes-Saint-Nazaire un centre de référence pour les matériaux composites. Lengagement des collectivités locales, là encore et en particulier la région, avec les deux grandes agglomérations de Nantes et de Saint-Nazaire, a été déterminant pour que ce pôle de compétitivité voie le jour. Mais après la révolte, réaction en quelque sorte à la fatalité, est venu le temps du défi : celui de la création de lInstitut de Recherche Technologique. Le projet nantais fut longtemps regardé de haut parce que lindustrie et les matériaux ne faisaient pas partie des priorités qui étaient mises en valeur à lépoque. Jules Verne est pourtant le premier IRT à avoir été labellisé. Il a même devancé des projets présentés comme plus prestigieux, parfois même dans les médias, comme plus parlant parce que lindustrie ça salit. Parce que lindustrie, cest dur. Parce que lindustrie, on en a parfois une image dEpinal. Alors vous voyez bien ici que lindustrie a changé et quelle changera encore.
Avec un objectif de cinq mille emplois sur ce site qui viennent sajouter aux autres emplois existants je pense aux emplois dAirbus, mille chercheurs, ce sera bientôt le cas on est déjà en marche parce que cet IRT a réussi. Sil a réussi, cest parce que les acteurs locaux avaient déjà fait la preuve avant lheure de leur capacité collective à produire de la valeur pour les entreprises au service de lemploi. Cette réussite est remarquable. Elle trace un chemin davenir pour lindustrie française. Quand lenvie daller de lavant est présente, quand lenvironnement est porteur, quand on est prêt à construire ensemble, le succès récompense leffort et le partenariat. Vous y êtes. Si le nez du futur A350 est en matériaux composites, cest grâce au travail collectif réalisé depuis plusieurs années, sur votre site, par des grandes entreprises, des grands groupes industriels mondiaux. Je pense bien sûr à Airbus, mais aussi à des groupes comme Daher, implanté sur plusieurs sites français, mais aussi grâce à des PME locales. Je pense à Coriolis, aux ACB, à Loiretech, et par des chercheurs du pôle universitaire de Nantes, du Mans, de lEcole Centrale des Mines, des universités de ces Instituts de Recherche Technologique. Tout cela se passe à Nantes et à Saint-Nazaire, et je suis bien fier, vous limaginez, davoir pris ma part dans cette aventure. Je le redis : ma visite ici dépasse de très loin les limites de ce territoire, car aujourd'hui il est indispensable de redonner à chacune et à chacun cette envie de se mobiliser. Cest cela qui nous permettra la reconquête de notre excellence industrielle. Lindustrie peut redevenir le symbole davenir de notre pays.
Cette mobilisation collective, le gouvernement entend la stimuler et la diffuser sur lensemble du territoire et vous en apportez la démonstration ici, parce que lun des facteurs majeurs de la compétitivité, cest linnovation. Je dis bien "majeur". Ça ne veut pas dire quil ny en a pas dautres. Mais vous avez tout au long de cette visite démontré que cétait bien au cur de la reconquête, et cest la capacité de nos centres de recherche et de nos entreprises à le diffuser à travers les produits et les services que nous utilisons tous les jours. La France peut senorgueillir dune recherche dune qualité exceptionnelle, comme en témoigne le Prix Nobel de physique qui vient dêtre attribué à Serge Haroche. Ses travaux dans le domaine de loptique quantique laissent espérer de formidables développements, notamment dans le domaine informatique. Mais le grand problème de nombre dentreprises, cest quelles ne disposent pas des outils scientifiques et technologiques leur permettant daccéder à des marchés nouveaux ou de résister à une concurrence externe croissante. Cest ce lien-là, cette stimulation réciproque entre science vive et développement industriel, que nous devons par tous les moyens favoriser.
Les huit Instituts de recherche technologique à léchelle de la France ont été conçus justement pour cela. Ce sont des lieux où se conjuguent les apports de la science, de lingénierie et de lindustrie. Cest là que lon met au point de nouveaux procédés, des équipements plus performants, des prototypes nous en avons vus et qui répondent directement aux besoins des entreprises partenaires. Cest ainsi que lon favorisera le transfert de technologies innovantes dans le tissu industriel. Pour nos entreprises, et nos PME en particulier, cest un facteur de compétitivité décisif. Et comme les chercheurs, le gouvernement est en permanence à laffût de nouvelles initiatives. Et ces initiatives, elles existent partout ! LInstitut français du pétrole, à Lyon, vient de lancer un projet autour des procédés chimiques, tout comme le CNRS et lInria, à Grenoble, autour du logiciel. LInstitut Mines-Télécoms, qui regroupe essentiellement des ingénieurs et les trente-quatre Instituts Carnot, qui regroupent des chercheurs, souhaitent créer des plateformes régionales mutualisant des compétences et des moyens, pour mieux diffuser linnovation vers les entreprises industrielles. De son côté, la direction de la recherche technologique du Commissariat à lEnergie Atomique ma, ces dernières semaines, proposé de sinspirer de lexpérience réussie et menée à Grenoble, autour des nanotechnologies, pour lancer trois nouvelles plateformes régionales autour des savoir-faire propres au CEA, à Toulouse, à Bordeaux et ici, à Nantes.
Lintérêt de ces plateformes, cest de sappuyer sur les résultats de la recherche fondamentale de très grande qualité pour développer des "technologies génériques", qui bénéficieront à de très nombreux champs industriels. La vocation de ces plateformes sera doffrir aux PME régionales et donc ici à Nantes-Saint-Nazaire et dans la région, en allant vers elles, directement dans lentreprise avec des compétences technologiques quelles ne possèdent pas et quelles nont pas les moyens de posséder mais dont je suis sûr que si elles y accèdent, elles pourront les développer.
Jai donc donné mon accord, je vous lannonce ce matin, pour mettre rapidement en uvre ces trois expérimentations à Toulouse, Bordeaux et Nantes, en veillant à deux principes communs à tous ces projets. Le premier principe, cest de fédérer et dassocier lensemble des acteurs intéressés, en tenant compte des spécificités de chacun - je pense bien sûr au CNRS, ici à Nantes. Il ne sagit pas de reconnaître à tel ou tel organisme un monopole de linnovation, mais dencourager tous les opérateurs de la recherche à mettre en commun leurs efforts en faveur de la compétitivité. Nous souffrons trop du cloisonnement.
Le deuxième principe, cest la nécessaire évaluation de chaque expérimentation, avant den engager de nouvelles. Vous voyez à travers ces exemples, nos territoires recèlent dénergies qui ne demandent quà se mettre en mouvement. Il suffit souvent de donner une première impulsion pour que les projets se concrétisent ; et cest précisément le rôle de lÉtat. Le rôle de lÉtat qui doit non pas soccuper de tout, non pas produire quand il na plus de pouvoir ou de moyen de la norme ou de la réglementation, mais jouer son rôle de stratège, dimpulseur, et de sappuyer sur les territoires, et en particulier les régions avec lesquelles le gouvernement vient de renforcer son partenariat. Jai signé le 12 septembre, avec le président Rousset, président de la région Aquitaine et président des régions de France, quinze engagements notamment en matière dinnovation, mais il porte aussi sur toutes les politiques de lemploi, sur la formation professionnelle. Il porte aussi sur tous les soutiens à linnovation et tous les trois mois, jai pris lengagement de réunir tous les présidents de régions pour faire un point détape sur ce qui aura été engagé car cest main dans la main avec les collectivités locales que vous avez construit cet Institut de Recherche Technologique Jules Verne. Cest la volonté des acteurs locaux, ce sont aussi les risques quils ont su prendre, leur capacité à faire des choix rapides, en dehors de toute bureaucratie paralysante qui expliquent votre réussite. Je salue notamment le rôle majeur de la région des Pays de la Loire, présidée par Jacques Auxiette.
Ce sont ces collectivités territoriales qui sont les mieux placées pour détecter et fédérer les futurs partenaires, autour dune thématique et dun objectif communs. Telle est ma conviction profonde, partagée avec le Président de la République. Elle nous a conduits à renforcer le rôle des régions avec à leurs côtés les grandes métropoles là où elles existent, dans les politiques économiques et dinnovation et ce sera un des éléments mais que nous nattendons pas que la loi passe pour le mettre en uvre, qui sera inscrit dans le futur grand acte de la décentralisation. Par lÉtat, lui aussi, entend jouer pleinement son rôle car il est le garant de la cohérence densemble et de la mise en réseau des compétences, et il saura respecter, il saura encourager, il saura accompagner les dynamiques territoriales. Cest pourquoi jai également voulu que les régions jouent un rôle majeur dans la mise en uvre de la Banque publique dinvestissement. Le projet de loi portant la création de la Banque Publique dInvestissement sera présenté mercredi prochain au Conseil des ministres, cette semaine. Cest donc une semaine en faveur de lindustrie et qui ne va pas sarrêter. Ce nest pas lévénement dun jour ni dune semaine : cest lengagement dans la durée parce que ce que nous engageons, cest une réforme majeure, au service du développement des PME et des entreprises de taille intermédiaire, trop petites en France. Quatre mille six cents, treize mille en Allemagne, autant en Grande Bretagne. Il faut les aider, les aider à grossir et à grandir.
La Banque Publique dInvestissement constituera un véritable service public de proximité de financement des entreprises. Elle sera à lécoute des entreprises, partenaire financier responsable, capable de les accompagner durablement. Chaque chef dentreprise sera accueilli par une équipe professionnelle et réactive, qui lui proposera une réponse adaptée à sa situation et à ses besoins. Et pour faire face à ses missions, la Banque Publique dInvestissement verra ses moyens augmenter par rapport aux dispositifs actuels, à la fois en matière de crédit et de garantie, mais aussi en matière dinvestissement en fonds propres. Ainsi, nous avons dores et déjà décidé daccroître le refinancement possible de la BPI auprès du fonds dépargne de la Caisse des dépôts et consignation, alimenté par les ressources du Livret A et du Livret de développement durable, dont nous avons augmenté les plafonds. Mais je vous lai dit, les régions seront étroitement associées. Au niveau national, elles seront présentes au conseil dadministration de la BPI et présideront le comité national dorientation. Au niveau local, elles piloteront le comité régional dorientation et elles pourront présider le comité dinvestissement régional, lorsquelles auront mutualisé leurs moyens dintervention en fonds propres avec la BPI et cest le cas ici dans les Pays de la Loire. Le partenariat entre lEtat et les régions garantira lefficacité de la BPI, qui devra prioritairement financer linnovation, accompagner les entreprises à lexport et cest grâce à ce nouveau dispositif que lEtat accompagnera les initiatives que jévoquais tout à lheure.
Je veux saluer ici je disais que la région Pays de la Loire était prête - linitiative que vous avez prise il y a quelques jours, Monsieur le Président, de lancer une action davant-garde, un emprunt obligataire à léchelle de votre région. Celle-ci a collecté cent quinze millions deuros dont quatre-vingt-cinq millions auprès des particuliers, le reste auprès détablissements bancaires, quatre-vingt-cinq millions auprès de particuliers en quelques jours. Cest bien la preuve quici, lorsquon parle dindustries alors que cest fait pour financer les PME, que nos compatriotes savent de quoi on parle et quils y croient. Ils ont confiance. Nayons donc pas peur tout le temps de ce qui ne va pas, des difficultés dun jour. Battons-nous. Vous vous battez, cest une belle référence. Et puis avec ça, grâce à la mobilisation des établissements financiers régionaux, cest près de cinq cents millions que vous allez être capables de mobiliser, ce nest pas rien, en concordance avec le rôle que nous assignons à la BPI qui rejoint donc la volonté du gouvernement qui est clair, mais quon le comprenne bien, quon ne lance pas des polémiques inutiles. François Hollande la dit pendant sa campagne électorale, "nous voulons mettre la finance au service de léconomie et de linvestissement", vous en faites la démonstration.
Oui, lépargne doit aller vers linvestissement productif, cest donc un signal fort qui est adressé aux marchés financiers, il est adressé aussi aux banques, et ici les établissements bancaires régionaux lont compris et je les remercie, mais cest aussi un message aux citoyens. Cest comme ça que nous redynamiserons nos territoires, en accompagnant les besoins des chefs dentreprises, en suscitant les partenariats, en permettant de nouveaux projets de se concrétiser, et des nouveaux projets jen connais beaucoup, y compris ici, vous nous en avez parlé, je pense à ces grandes entreprises comme EDF, comme Alstom, comme Areva, qui se sont regroupées au sein de consortiums pour construire des parcs déoliennes offshores. Dailleurs en fin dannée je viendrai ici lancer la construction de lusine de nacelles éoliennes Alstom à Saint-Nazaire, voilà une bonne nouvelle. Il y a des entreprises qui ouvrent, je compte sur ces entreprises pour prendre appui sur les savoir-faire locaux, la soudure par exemple, notamment je pense aussi que vous preniez appui sur des grandes entreprises comme les chantiers STX qui sont prêts à relever le défi avec vous, qui ont déjà commencé à discuter. Oui, là nous avons lopportunité de développer une filière française de léolien, il ne sagit pas pour le gouvernement de financer un investissement coûteux, seulement pour les énergies renouvelables, il sagit aussi de relever un défi industriel, pas de favoriser les filières industrielles chinoises, ou dailleurs, cest notre responsabilité.
On vous parle et on me parle de compétitivité. De quoi ai-je parlé depuis le début de mon discours, sinon de compétitivité ? La compétitivité cest cela aussi. Cest la recherche, cest linnovation, ce sont les partenariats qui sétablissent au sein des filières, cest un environnement propice, laccompagnement des projets par les collectivités locales et lEtat, par des financements adaptés. La volonté de mon gouvernement cest de sengager pleinement en faveur de la compétitivité, au service de la croissance et de de lemploi. Cest donc ce chantier de la compétitivité que je suis venu lancer aujourdhui avec vous, et cest pourquoi cette journée est si importante à mes yeux.
Le redressement des comptes publics est aussi le premier pilier du redressement de notre économie, nen déplaise à ceux qui doutent, mais je le répète ici devant vous : il nest pas acceptable que le premier budget de la France, cest vrai pour aujourdhui, mais cest vrai pour demain, pour les générations futures, soit le budget du remboursement des intérêts de la dette. Alors le gouvernement a dit "stop, nayons pas toujours des discussions intellectuelles". Je revendique le sérieux budgétaire, parce que pour moi le sérieux budgétaire cest la garantie que demain la dette, qui a augmenté de 600 milliards en 5 ans, reculera, et que nous serons plus crédibles, et que nous pourrons investir dans linnovation, que nous pourrons investir dans la recherche, que nous pourrons investir dans la formation, cest ça qui devrait être le premier budget de la France, et ce nest plus le cas. Et donc ce sérieux budgétaire cest la garantie que la France pourra continuer à bénéficier aussi de taux bas, qui irriguent ensuite toute notre économie, je pense aux emprunts des entreprises, je pense à ceux des particuliers. Oui, le sérieux budgétaire cest la garantie de la compétitivité et cest la garantie du redressement productif.
Lobjectif du gouvernement de 3%, nous ne lavons pas inventé. Nous nous fixons à nous-mêmes, sans que personne nexige de nous de lextérieur, parce que cest la souveraineté de la France qui est en cause, cest son indépendance nationale, cest donc un impératif et il sera tenu. Je sais que pour y parvenir il faut faire des efforts, cet effort, ces efforts, ils sont demandés à tous, ils sont demandés aux grandes entreprises et aux ménages, essentiellement les plus aisés, même sil est demandé à tous, mais dabord à ceux qui peuvent le plus. Je sais que cest un effort important, mais notre devoir cest quil soit équitablement réparti, et lEtat en assume sa part, ainsi chacun contribuera à leffort collectif, à hauteur dun tiers chacun, un tiers pour lEtat, en diminuant la dépense, un tiers pour les grandes entreprises, en protégeant les PME, un tiers pour les ménages, en protégeant les classes moyennes et les classes populaires, cest ce que jai appelé le redressement dans la justice. Mais il y a bien le mot "redressement", qui dit bien ce quil veut dire, car le redressement cest le contraire du déclin, cest donc un défi. Jentends bien sûr les réactions des uns et des autres, notamment celle des entrepreneurs, ceux qui cèdent leur entreprise, ou réinvestissent le produit quils ont obtenu ainsi dans une autre. Le débat va souvrir au Parlement cette semaine, sur la loi de Finances 2013, et ensuite sur la loi de financement de la Sécurité Sociale. Le gouvernement proposera des ajustements pour concilier justement justice fiscale et efficacité économique, et je remercie Fleur Pellerin, ministre déléguée aux PME et à lInnovation, pour le travail de concertation, avec Pierre Moscovici, qui a été mené avec les professionnels concernés au cours des derniers jours, mais je voudrais vous dire quil faut éviter de tomber dans le simplisme, évitons tout dogmatisme. On nest pas dans le tout ou rien. Ce que je veux encourager cest linvestissement productif, cest la prise de risques, la création, la transmission dentreprise, tout ce qui va favoriser la compétitivité, mais par contre, et cest le sens de la réforme, de traiter les revenus du capital comme ceux du travail, et nous ne reviendrons pas sur ce principe, cest de favoriser linvestissement productif, linvestissement davenir et non la rente. Cest le sens de cette réforme. La volonté de mon gouvernement cest dappuyer le développement des PME, pas de pénaliser les entrepreneurs, aucune mesure proposée en matière dimpôt sur les sociétés, dans le projet de loi de Finances, naffecte les PME, elles sont au contraire protégées, le crédit dimpôt recherche est même étendu à une grande partie de leurs dépenses dinnovation. Je souhaite encourager les entrepreneurs qui réussissent, à réinvestir leur talent tout au long de leur vie, sans les priver dune juste rétribution de leurs efforts. Les exonérations spécifiques sont maintenues pour les titres détenus par les dirigeants dentreprises, enfin je souhaite que limplication des entrepreneurs, des dirigeants, des associés, dans le développement de leur société et les risques personnels élevés quils prennent soient reconnus. Cest pourquoi le régime fiscal des plus-values réalisées lorsquils cèdent leurs parts ne sera pas modifié, et je souhaite quil soit stabilisé pendant la législature pour donner de la visibilité aux entrepreneurs. Combien de fois on me parle de lisibilité, lisibilité fiscale, lisibilité réglementaire, ou des normes, parce que quand on investit ce nest pas pour 6 mois, quand on investit ce nest pas pour 1 an, surtout dans lindustrie, ce sont des périodes plus longues, donc plus il y a la stabilité, plus on peut se lancer, et ça je le comprends fort bien, et ce nest pas daujourdhui que je le sais.
Je lai dit, la compétitivité cest le pilier du redressement, mais il est indispensable du retour à léquilibre des finances publiques, et pour mettre un terme à lérosion des marges et à lautofinancement de nos entreprises industrielles, il faut aussi résorber le déficit de notre commerce extérieur. Hors énergie, cest 25 milliards de transactions commerciales. Jai fixé comme objectif quà la fin du quinquennat nous arrivions à léquilibre. Cest un objectif qui paraît simple, mais il est très exigeant. Il demande la mobilisation la mobilisation de tous les acteurs. La grande conférence sociale initiée en juillet dernier a engagé les négociations, et jespère quelles auront un impact positif sur la compétitivité de nos entreprises. La négociation sur la sécurisation de lemploi, je sais quelle nest pas facile, elle a démarré le 4 octobre, mais je souhaite quelle aboutisse. Cest aussi la négociation sur le coût du travail et lévolution nécessaire des modes de financement de la protection sociale, chacun doit comprendre que le dialogue social nest pas ladversaire de la compétitivité, il est à linverse le meilleur moyen de la renforcer durablement. Rien ne se fera sans le concours des organisations syndicales et des chefs dentreprises, je crois au dialogue social, je crois à la négociation, mais le dialogue social ce nest pas linvective, cest le respect du partenaire, cest lécoute des points de vue de lautre, et ça est vrai pour chacun, et cest la recherche du compromis. Parce que je crois que la gravité de la situation de notre pays est tellement importante quelle conduira à mettre chacun face à ses responsabilités, en tout cas le gouvernement prendra les siennes. Mais jai confiance, en ce moment a lieu une négociation, je le disais à plusieurs jeunes que je croissais à linstant, la négociation sur le contrat de génération. plutôt que de faire partir trop tôt un senior, qui na dailleurs pas toujours ses droits à la retraite et qui très vite se retrouve au RSA alors quil a un vrai savoir-faire, eh bien nous voulons mettre en place ce contrat de génération, qui de fait existe, ce jeune apprenti me parlait du savoir-faire de ses tuteurs qui lui transmettaient à Airbus le savoir-faire qui était le leur, nous voulons linstaller dans les entreprises, 500 000 emplois de seniors préservés et 500 000 emplois de jeunes en CDI, avec une négociation pour quil ny ait pas deffet daubaine, pour que les aides accordées soient justes. Mais jai confiance parce que je suis sûr que dans quelques jours, quelques semaines au plus tard, cette négociation aboutira et que nous pourrons au Parlement nous saisir des réformes législatives nécessaires pour que dès le début de lannée prochaine les premiers contrats de génération soient signés.
Cest donc une politique dampleur, agissant sur tous les leviers de la compétitivité, que mon gouvernement a décidé dengager. Cest dans cet esprit que jai confié à Louis Gallois une mission. Je le salue, non seulement parce quil est présent aujourdhui, dans un lieu quil connaît bien, mais je le salue et je le remercie davoir accepté ma proposition de devenir commissaire général à lInvestissement, un commissariat général à lInvestissement qui finance cet IRT. Je lai chargé dune mission complémentaire, et il me remettra son rapport le 5 novembre prochain. Je sais quil parlera sans tabou, parce quil a sa liberté dexpression, et elle est nécessaire. Son rapport servira de base de travail au gouvernement. Je réunirai aussitôt un séminaire gouvernemental consacré à cette question de la compétitivité. Il définira une feuille de route globale et des orientations pour la suite des travaux que mène le Haut conseil du financement de la protection sociale. Mon gouvernement sappuiera bien évidemment sur ce rapport, le rapport de Louis Gallois, avec qui nous échangeons régulièrement, et qui a lui-même beaucoup consulté, beaucoup consulté, et comme je my étais engagé. Il présentera également, Monsieur le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, son rapport à la Conférence nationale de lindustrie. Je sais quil est attendu. Je serai régulièrement en contact avec les entreprises pour préparer ces avancées importantes.
Dans deux jours, je me rendrai avec 25 entreprises françaises à Singapour, qui est le troisième partenaire commercial de la France en Asie, véritable plateforme pour toute cette région du monde, où la France et ensuite aux Philippines où la France a des partenaires en plein développement, où justement le bilan du commerce extérieur nous est favorable, et pour notre industrie, qui correspond à beaucoup dactivités qui sont conduites ici, mais jy vais pour défendre les atouts de la France, être aux côtés des entrepreneurs, de ces grands groupes, mais aussi de ces ETI, de ces PME, qui ne veulent quune chose, cest réussir à la fois pour elles-mêmes, mais aussi pour la France, parce que je suis convaincu, comme les autres, les chefs dentreprises, comme leurs salariés, ont le souci du patriotisme et de la défense des intérêts de la France, et dès mon retour je me rendrai à Toulouse, inaugurer la ligne dassemblage de lA350, dont vous avez conçu ici le nez avant, en matériaux composites. Je me rendrai le lendemain à Saclay, pour évoquer la question cruciale des formations utiles à nos entreprises industrielles. Pour relever ce défi, tous les membres du gouvernement seront mobilisés, avec les deux ministres que jai cités il y aura bientôt louverture, Madame la ministre de lEnseignement supérieur et de la Recherche, les Assisses de la recherche que jouvrirai. Oui, il sagit dune politique globale qui concerne chaque membre du gouvernement, il faut en aucun cas nous laisser détourner de notre route, des préoccupations secondaires, et cest avec le président de la République que nous définirons notre trajectoire de compétitivité pour les années qui viennent. Alors on me dit "la trajectoire cest moins bien que le choc", mais ce que je veux provoquer, Mesdames, Messieurs, cest un choc de confiance, cest un choc de mobilisation. On me dit : "mais en Allemagne, Monsieur Schröder avait provoqué un choc". Faut-il un peu prendre de recul et sinformer ? Cela ne sest pas passé en huit jours, cela a mis plusieurs années avant de se faire, il y a eu un démarrage, il y a eu un début, il y a eu une suite. Cest la voie que nous voulons entreprendre, cest de commencer, comme nous le faisons, comme vous lavez fait avant nous, ici.
Mesdames, Messieurs, encore merci de mavoir accueilli à lInstitut de recherche technologique Jules Verne, merci de mavoir donné loccasion de vous parler de lavenir, de notre industrie et donc de la France. Lindustrie de demain cest celle que vous inventez ici, cest celle qui permettra à notre pays de renouer avec une croissance durable, une industrie innovante, performante, qui forme la jeunesse de notre pays, qui lui donne le goût du risque, mais lamour aussi, des métiers industriels. Mais une industrie qui intègre, et vous lavez démontré tout au long de cette visite, les exigences de la transition écologique, une industrie qui accède à des financements adaptés, qui conquiert des parts de marché en dehors de nos frontières, et qui crée de la croissance, qui crée des emplois, qui crée aussi du progrès, qui crée aussi de la cohésion sociale, qui crée du sentiment dappartenance et de confiance. Oui, cest important de dire tout cela aujourdhui, tant notre pays a tendance à douter, mais regardons autour de nous, sortons du microcosme, dune forme de parisianisme bien-pensant. La France elle est là, elle est partout, cest vous, alors soyons fiers de nous-mêmes. Ce que je retiens de notre parcours, cest le partenariat gagnant/gagnant entre les grands groupes qui ne traitent pas les PME comme des simples sous-traitants mais comme des partenaires irremplaçables dans leur propre développement, qui jouent un rôle irremplaçable de structuration, daccès à la recherche, aux marchés internationaux, pour les PME, les entreprises de taille intermédiaire, pour mettre au point ces nouveaux procédés et faire monter en gamme notre industrie. Cest en progressant dans ce sens, autour de logiques de filières, de clusters, que nous parviendrons à mobiliser autour dune nouvelle ambition industrielle.
Mon gouvernement, en lien avec les collectivités territoriales, et notamment les régions, est déterminé à engager les réformes nécessaires pour que la France redevienne un grand pays industriel, il est décidé à impulser cette dynamique nouvelle, comme la vôtre. Moi je crois au génie français, oui je crois à la capacité de nos ouvriers, de nos techniciens, de nos ingénieurs, de nos chercheurs. Je crois à ces grandes entreprises industrielles mais qui ne peuvent pas exister si elles nont pas aussi autour delles des entreprises de services, nopposons pas lindustrie aux services, services à lindustrie, services aux personnes, il suffit de regarder ce qui se passe dans nos grandes métropoles, dans nos grandes régions dynamiques sur le plan industriel, il y a des emplois pour tous, et de toutes qualifications. Mais si je vous dis cela, Mesdames et Messieurs, chers amis, cest parce que je crois à lavenir de la France. Nous allons gagner cette bataille. Vous en donnez la preuve, redonnez son rang de grande puissance à notre pays. Lindustrie nouvelle que vous forgez sera aussi le lieu dun nouveau compromis social, dun nouveau pacte social, et qui permettra à sortir de plus de décennies, de difficultés, de recul, et aussi de montée des inégalités. Cest un chemin. Il sera sans doute trop long pour ceux qui souffrent aujourdhui du chômage et du découragement. Cest le chemin que nous devons emprunter, cest le chemin du courage, cest le chemin de la volonté, cest le chemin de la détermination. Rien ne me fera me détourner de cette exigence. Parce que cette exigence cest le mandat quavec le président de la République nous avons reçu du peuple français. Je suis venu ici puiser non seulement les forces nécessaires, mais aussi la conviction que la France va y arriver, que la France va gagner.
Source http://www.gouvernement.fr, le 16 octobre 2012