Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, sur les contours du futur plan en faveur de l'artisanat, le régime de l'autoentrepreneur et la promotion des savoir-faire régionaux, à Paris le 25 octobre 2012.

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Circonstance : Congrès de l'Union professionnelle artisanale (UPA), à Paris le 25 octobre 2012

Texte intégral

Merci d'abord de m'accueillir. Merci pour votre intervention qui est utile, et surtout caractérisée par la franchise qui est un des traits de votre personnalité, et je vous en remercie. Mesdames et messieurs les ministres, madame la ministre de l'artisanat, du commerce et du tourisme, monsieur le ministre de la formation professionnelle, et de l'apprentissage, mesdames, messieurs les parlementaires, mesdames et messieurs, les participants à ce congrès, d'abord c'est un honneur pour moi d'être là, mais je dirais que c'est une évidence.
Parmi les organisations que j'ai reçues en premier dès ma prise de fonction à Matignon, c'est l'UPA que j'ai reçu et nous nous sommes parlés franchement mais directement, sans langue de bois et en même temps avec beaucoup de simplicité et de choses concrètes. Et cette manière de faire est tout à fait à l'image de l'artisanat, profession que je connais bien dans ces diversités. Et donc les sujets que vous avez abordé aujourd'hui, une partie d'entre eux en tous cas l'avaient été dès cet instant. Et donc je veux poursuivre ce dialogue en venant vous voir. Et parmi les contraintes d'un emploi du temps très chargé de Premier ministre, vous le savez très bien, il me paraissait évident de venir aujourd'hui devant vous.
D'abord je pense que notre pays qui doit se réformer, qui est face à de grands défis, vous avez parlé d'urgence et je partage ce constat, ça ne pourra pas se faire uniquement en décidant tout seul, un homme qui décide tout seul, ou un gouvernement qui décide tout seul. Sur certains sujets de fond, ça doit se faire aussi par la concertation et la négociation. Vous l'avez d'ailleurs rappelé et vous avez demandé qu'elle s'améliore sur certains plans et notamment au moment de la préparation de la loi de finance et de financement de la Sécurité Sociale. J'y veillerai.
En tous cas, conformément aux engagements pris par le président de la République, tous les grands chantiers sociaux, ont fait l'objet de la feuille de route sociale qui est issue de la grande conférence organisée, les 9 et 10 juillet derniers et qui est en train de se dérouler. Mais vous, Vous portez une voix originale, qui est celle des artisans. Les artisans, c'est un million deux cent mille entreprises. Ce n'est pas à vous que je l'apprendrai, et vous le savez aussi bien que moi, et même mieux que moi. Je le disais en arrivant, aux journalistes qui me posaient des questions sur d'autres choses, plus anecdotiques, vous vous imaginez. J'ai dit je suis venu ici parler devant des chefs d'entreprises qui représentent 1.200.000 entreprises, et qui représentent aussi plus de trois millions de salariés dans notre pays. Vous avez raison de les défendre monsieur le président Lardin, parce qu'avec vous l'artisanat a une voix qui porte, et vous avez raison de continuer ainsi. Et vous vous êtes mobilisé pour que le vote de la représentativité à venir, vous permettent d'avoir avec vos salariés une voix qui compte aussi, tout autant que celle des autres salariés des grandes entreprises.
Dans le cas du dialogue social qui nous réunit, nous avons une priorité commune. C'est celle de l'emploi. Et vendredi vous avez avec vos partenaires aboutis à un accord que je considère comme remarquable. Le dialogue social, c'est fait aussi pour négocier et conclure des accords si possible, et je le souhaite sur ce sujet comme sur bien d'autres, même si les autres sont plus difficiles. Mais en tous cas, vous avez compris que le contrat de génération pouvait être une perspective à la fois pour les jeunes, mais aussi pour les chefs d'entreprises. Et dans cette négociation vous l'aviez demandé, a été pris en compte une spécificité, c'est-à-dire l'artisanat. Et là, le contrat de génération c'est entre un jeune et le chef d'entreprise senior, car on est sur des effectifs souvent modestes. Et que la question de la transmission de l'entreprise pour un chef d'entreprise artisanale est une question qui souvent le taraude. Il se demande 'il aura un successeur, s'il trouvera quelqu'un. Et donc ça passe par la transmission du savoir, par la transmission de l'amour du métier. Et donc ce contrat de génération, c'est plus qu'un symbole. C'est le résultat d'une prise de conscience et vous y avez fortement contribué, et je tenais à le saluer, parce que votre proximité des gens, de vos clients, de votre environnement social, là où vous habitez, là où vous travaillez, vous connaissez les difficultés des gens, vous connaissez les difficultés des jeunes. Et vous souffrez de cette situation. Vous me dites souvent c'est incroyable, j'ai des emplois à offrir et pourtant je ne trouve personne. Je pense que c'est une contribution pour y parvenir, même si elle n'est pas suffisante.
Vous participez également à l'autre négociation sur la sécurisation de l'emploi. Les enjeux sont essentiels, je sais qu'elle sera plus longue, plus difficile, mais je souhaite qu'elle aboutisse. Et puis je connais aussi votre exigence pour lutter contre le travail illégal. Je partage cette exigence, et j'espère que nous trouverons les bonnes réponses ensemble. Les salariés en effet, ont tout intérêt à ce que toute personne qui travaille dans des conditions de dignité, en étant justement rémunéré, régulièrement déclaré, les employeurs ont intérêt aussi à ce qu'aucune activité économique ne s'exerce dans l'ombre et l'irrespect des règles communes. J'allais dire au détriment de ceux, c'est-à-dire l'immense majorité dans notre pays qui joue le jeu. La concurrence déloyale est donc inacceptable. Je réunirai le comité interministériel de lutte contre le travail illégal à Matignon le 13 novembre prochain. Et je sais que je peux compter sur votre contribution en la matière.
Monsieur le président, mesdames, messieurs, vous avez parfois le sentiment que votre point de vue, que le poids réel de votre secteur d'activité ne sont pas suffisamment pris en compte. Et pourtant vos entreprises, à taille humaine, offrent des services de proximité qui sont au cœur de notre tissu économique. Vous êtes ancrés dans nos territoires urbains, périurbains, ruraux. Vous garantissez le maintien du dynamisme de ces territoires. Vous apportez des services, vous apportez ces contributions aussi à l'industrie. Le maire que j'ai été, pendant 35 ans¸ aussi bien dans une commune moyenne que dans une grande ville à Nantes, connait parfaitement cette question et cette réalité.
L'artisanat français participe à ce que j'appelle la qualité France. C'est à la fois une qualité professionnelle, une qualité d'attention, de service, une qualité de relation humaine, d'un partage d'un certain nombre de valeurs, un art de vivre ensemble. Et donc j'y suis particulièrement attaché. Et il y a quelques jours, j'étais à Singapour, avec lequel nous avons des relations commerciales très importantes, et méconnues, et bénéficiaires à notre pays. Je suis allé aussi aux Philippines, pays de cent millions d'habitants, qui est en pleine croissance. Et je suis allé dans ces pays accompagnés de chefs d'entreprises, pas seulement des grandes, mais aussi des moyennes et des petites, et des petites en création, et qui m'ont parlé exactement des problèmes que vous avez évoqués dans votre discours. Mais ce qui m'a frappé là-bas, c'est l'image de la France. On sous-estime à quel point nous avons une image positive, que j'appelle la qualité France. Et je rencontrai parmi les délégués à ce voyage des entreprises, un chef d'entreprise qui organise des salons sur l'art de vivre français. L'art de vivre français, c'est à la fois la mode, c'est à la fois la qualité gastronomique, mais c'est aussi le design, c'est tout ce que vous faites aussi, dans vos métiers qui ne sont pas que des métiers d'art, mais qui contribuent à la qualité française. Et ce monsieur me dit "J'organise des salons, des salons sur l'art de vivre français, sur l'image de la France, et avec ça je vous permets de vendre des Airbus". Donc tout se tient.
Moi je n'oppose pas un grand groupe à une petite et moyenne entreprise, ni à une entreprise d'artisanat. C'est ensemble, en mobilisant les uns et les autres, sur les objectifs notamment de politique économique, ou de filière industrielle, dans les différentes branches qui se développent que nous réussirons, et en tout cas, la France est attendue. Nous avons des possibilités et j'ai fixé un objectif, en effet, qui est ambitieux, c'est qu'à la fin du quinquennat, le déficit du commerce extérieur hors énergie, soit réduit à zéro, c'est-à-dire que nous retrouvions l'équilibre, et les chiffres que vous m'avez donnés montrent que les entreprises artisanales peuvent parfaitement participer à ce redressement. Donc vous voyez que tout se tient. Certains me disaient mais il ne faut pas parler d'export aux artisans, ils ne sont pas concernés. Mais si, et vous l'avez rappelé à juste titre. Donc le redressement de la France, le redressement économique, le redressement de la puissance de la France, c'est notre travail collectif, avec vous bien sûr.
Parmi les mesures qui ont été prises qui vont se mettre en œuvre, il y a en particulier la Banque Publique d'Investissement. Ca répond parfaitement à votre préoccupation. Combien d'entreprises, d'entreprises moyennes, de très petites entreprises, me disent et me disent encore "nous avons des difficultés d'accès au crédit, les lignes de trésorerie, les crédits pour nos investissements, les crédits pour l'innovation, les crédits pour engager les actions y compris à l'export., Oui, vous avez raison, et cette Banque Publique d'Investissement et madame Sylvia Pinel y a particulièrement veillé, elle était également autour de la table de la préparation de ce projet. Les entreprises artisanales et les TPE sont concernées. Et l'organisation de cette banque, que nous avons décidée, avec un volet territorial auquel les régions vont être étroitement associées, devrait pouvoir répondre à cette attente. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas régler tout e reste. Le médiateur du crédit qu'il faut nommer puisqu'il n'est plus en poste, et puis il y a aussi tous les autres sujets que vous avez évoqués. Vous avez évoqué aussi les problèmes juridiques, les problèmes de normes, les problèmes de procédure. Tout ça fait partie du chantier de la compétitivité sur lequel nous sommes en train de préparer d'importantes mesures. Donc on est dans le concret monsieur le président. Et j'espère que nous pourrons répondre vite à vos attentes.
Concernant les heures supplémentaires, ça a donné lieu à beaucoup de controverses, c'est comme ça, et elles sont parfaitement respectables, mais en tous cas, s'agissant des entreprises, des petites entreprises, nous savons maintenu les exonérations de cotisations sur les heures supplémentaires. Et concernant le régime de l'auto-entrepreneur, il faut apporter en effet des améliorations. Le rapport que vous avez évoqué, il est commandé, ça y est. Il est en train d'être réalisé. Madame Pinel me le présentera dans quelques jours. Il faut mettre un terme en effet à des dérives, des situations de concurrence, j'allais dire illégitimes. Avec les artisans. Nous allons donc élaborer avec vous en étroite concertation un plan pour l'artisanat, qui sera présenté en conseil des ministres en fin d'année et qui répondra à un triple objectif, soutenir directement les entreprises artisanales à chaque stade de leur cycle de vie, renforcer l'attractivité de vos métiers, car le capital humain est l'une des clefs du succès pour l'artisanat et enfin renforcer la compétitivité des entreprises, notamment, je l'ai évoqué, sur le plan de l'export.
Je vous le dis clairement, nous ne pouvons plus accepter que coexiste dans notre pays un taux de chômage élevé, et des entreprises artisanales sen sous-effectif structurel. Vous l'avez dit dans votre intervention, cette situation nous renvoie certes à des causes multiples, dont font partie en particulier les insuffisances de la formation initiale, et monsieur Repentin y travaille et là des propositions sont faites, et notamment en liaison avec les régions et le ministère de l'éducation nationale. Dans toutes les régions où nous nous déplaçons. Et Thierry Repentin pourrait le dire aussi bien que moi, nous voyons cette inadéquation entre les formations qui ont proposé et les offres d'emploi qui sont faites. Et en même temps il faut valoriser les métiers, donner une image des métiers et de l'artisanat qui soit positive, qui soit belle, qui soit valorisante pour la jeunesse. Parce que ça, je l’ai constaté depuis tant d’années comme élu local. Combien de jeunes croyaient que c’était un métier dur, d’être boulanger, d’être boucher, de travailler dans le bâtiment, de travailler dans d’autres métiers, la métallerie, enfin tous les métiers de l’artisanat, et que c’était des conditions épouvantables, qu’on y était mal payé, qu’on y était mal formé, eh bien, ce n’est pas le cas ! Et donc nous faisons un effort déjà, mais il faut renforcer cet effort national, avec les collectivités territoriales, les professionnels, pour qu’à travers des témoignages humains, de jeunes, qui ont choisi les métiers que vous leur proposez, dire que ce sont les métiers de la réussite non seulement professionnelle, mais de la réussite de leur vie, ils pourront gagner leur vie, fonder une famille, se loger, et être heureux. C’est ça qui est important ! Quand je vois ces jeunes qui se désespèrent, qui sont au chômage, qui n’ont pas de qualification, combien de fois j’ai vu des jeunes s’en sortir parce qu’un artisan leur avait tendu la main. Eh bien, mobilisons tous, tous les acteurs, pour réussir. Moi, je ne veux pas revenir devant votre congrès, la prochaine fois, si on n’a pas fait des progrès dans cette direction. Donc il faut se donner ce défi, et le relever ensemble.
Il faut changer les choses ! Notamment la formation, formation professionnelle, pas seulement dans les schémas, en tout cas, le rapport qui a été lancé à partir du processus de concertation, sur la refondation de l’école fait partie, intègre plutôt cette dimension. Quant au secteur des métiers d’art, je voudrais dire que lui, montre particulièrement l’exemple, avec la mise en place de filière longue, qui permette d’acquérir une réelle expertise et qui valorise aussi de jeunes diplômés, c’est ça qui est important de rappeler dans cet esprit. Donc nous allons mieux promouvoir tous ces métiers. Le gouvernement, souhaite aussi promouvoir les savoir-faire régionaux voire locaux qui sont les vôtres, les Français sont très sensibles au caractère local des produits. Ils privilégient souvent ce qui est fabriqué près de chez eux d’ailleurs ! C’est pourquoi j’ai demandé à Sylvia Pinel et à Benoît Hamon, ministre chargé de la Consommation, d’examiner la possibilité d’étendre les indications géographiques protégées, qui existent déjà pour les produits alimentaires, aux produits artisanaux et industriels. Monsieur le président, j’ai noté aussi, au-delà de tous ces points, votre adhésion à l’exigence de maîtrise des comptes publics. Qu’ils soient les comptes de l’Etat, les comptes de la Sécurité sociale ou des collectivités locales. J’ai entendu aussi des inquiétudes dans votre discours, des critiques, sur certains aspects du projet de loi de finance, ou du projet de financement de la Sécurité Sociale. Mais sur l’essentiel, je voudrais rappeler les raisons pour lesquelles nous, nous battons, pour la maîtrise de nos comptes publics. Je lis parfois, des propos ou des déclarations qui disaient : mais non, ce n’est pas aussi important que ça ! L’objectif des 3 % est trop dur ! Il faut attendre, il faut renvoyer. Moi, je n’accepte pas qu’on renvoie, je me tiendrais à cet engagement. Il est difficile à tenir, je ne vous le cache pas ! Il est encore plus difficile à tenir, si la croissance reste faible ou nulle en Europe ! Nous ne sommes pas les seuls concernés malheureusement. C’est aussi un problème européen, mais nous avons une responsabilité qui est propre à la France. Ce n’est pas l’Europe qui nous impose de maîtriser notre dette et notre déficit. C’est nous-mêmes qui nous sommes fixés cet objectif. Parce que le premier budget de la France, c’est le remboursement des intérêts de la dette. C’est énorme ! C'est-à-dire que chaque Français, quand on lui demande de contribuer au budget du pays, la plus grande partie de ce qu’il donne à l’Etat, c’est pour rembourser les intérêts de la dette en premier lieu.
Et donc si nous n’arrêtons pas cette spirale, si nous ne disons pas "stop !" les prochaines et les années suivantes ce sera encore plus dur. Et alors à ce moment-là, nous ne serons plus en situation d’endettement, mais en situation de surendettement. Et chacun sait très bien, que sait ce que c’est qu’une situation de surendettement, puisqu???après on n’est plus libre de nos décisions. On nous impose ce qu’on doit faire. Eh bien, nous, nous voulons garder notre liberté de décision. Réduire la dette, donc réduire les déficits, c’est réduire effectivement, ce budget de remboursement des emprunts. C'est-à-dire avoir des marges de manœuvre supplémentaires pour investir, pour former, pour une politique plus efficace de l’emploi. Pour évidemment tous les services prioritaires, je pense à la justice et à la sécurité des Français. Eh bien, c’est ce choix, que nous avons fait.
Ce choix, il n’est pas sans demander d’effort. Je ne le cache pas. Ça serait hypocrite de dire le contraire. C’est un budget de combat que nous avons présenté, qui a été voté en première partie à l’Assemblée nationale. De combats pour le redressement de nos comptes publics, de combats pour les priorités du redressement national et du redressement productif. Et puis, c’est aussi, un budget qui doit être basé sur l’exemplarité.
Alors on pourra toujours le critiqué, et en démocratie, la critique, elle est un droit. Mais il y a un effort, sans précédent qui est fait, sur la réduction des dépenses. 10 milliards de moins dans les dépenses publiques, ce n’était pas facile à obtenir, je peux vous dire ! Il a fallu en faire des réunions, et des décisions d’arbitrages, je les ai prises ! Et c’est sans précédent ! Après, en ce qui concerne les efforts de prélèvements, nous avons veillé à ce qu’ils soient justes. Alors on trouvera toujours, ici ou là, une petite injustice contestable, mais s’agissant des ménages, c’est vers les ménages les plus aisés que l’effort a été demandé. Je ne veux pas dire qu’il n’y a aucun effort de personne, mais 90 % de l’effort, 90 % de l’effort, et ces chiffres sont parfaitement vérifiables et demandés aux 10 % des ménages les plus aisés. Et puis quant aux entreprises, effectivement, il y a aussi un effort, qui est demandé. Mais c’est pour l’essentiel, aux grandes entreprises. Voilà ! La philosophie ! Et en même temps vous avez émis, un certain nombre de critiques et je vais donc y revenir.
S’agissant des entrepreneurs, dans le budget, dans la loi de finances 2013, nous avons veillé, à ce que les PME et les TPE ne soient pas pénalisées. Je pense notamment, en matière d’impôts sur les sociétés. Le Crédit d’impôt Recherche a même été étendu à une grande partie des dépenses d’innovation de ces PME et TPE. Et je sais que c’est un levier très important pour ceux qui l’utilisent. Je souhaite encourager les entrepreneurs qui réussissent, aussi. Et puis ceux qui réinvestissent, leurs talents tout au long de leur vie, sans les priver d’une juste rétribution de leurs efforts. Je sais que ça a été une préoccupation un moment ! Qu’il y a eu des inquiétudes, voire des désinformations. Et s’il y avait des mesures qui étaient inefficaces, nous les avons corrigées. En tout cas, les exonérations spécifiques sont maintenues pour les titres détenus par les dirigeants d’entreprise, notamment lorsqu’ils partent à la retraite.
L’implication des entrepreneurs, des dirigeants, des associés, je souhaite en effet, qu’elle soit effectivement dans le développement de leur société. Et les risques personnels élevés, qu’ils prennent, soient reconnus. C’est pourquoi, le régime fiscal des plus-values réalisées, lorsqu’ils cèdent leurs parts, ne sera pas modifié et l’engagement que je prends, c’est que cette situation soit stabilisée, pour toute la législature. Beaucoup de chefs d’entreprises, me disent : nous sommes prêts à faire des efforts, nous demandons simplement que les règles ne changent pas tous les ans. Nous demandons aussi, que s’agissant de normes et de la réglementation, elles ne changent pas tous les ans. Nous voulons de la stabilité, nous voulons de la lisibilité. Je suis entièrement d’accord !
Le projet de financement de la Sécurité sociale, qui participe aussi aux comptes publics, s’attaque au déficit récurrent de la Sécurité sociale, qui ne cesse de se creuser. Nous y avons mis un terme, en tout cas, nous avons réduit cette année, ce déficit. Parce que de toute façon, si on ne le fait pas, c’est le système lui-même, qui risque d’être remis en cause. Et je ne pense pas que les Français dans leur immense majorité le souhaitent. Au contraire ! Donc redresser les comptes, là aussi, est nécessaire. Les Français le comprennent. Mais parfois, il y a des mécontentements, parce que telle ou telle mesure a été prise. Et là encore, nous avons veillé à ce que l’effort sur tous les assurés, sur tous les ménages soient le plus juste possible. Mais il est vrai que pour les travailleurs indépendants, ils sont mis à contribution. Mais nous avons fait attention, là aussi ! Les travailleurs indépendants aux revenus les plus élevés, bénéficient avec le plafonnement de leurs cotisations maladie, un avantage, qui pouvait être maintenu dans le contexte actuel d’effort de tous. De même les gérants majoritaires, vous y avez fait allusion, bénéficient d’une double déduction de leurs frais professionnels, que le principe d’équité nous a conduit également, à revoir.
En revanche, dans le même esprit, nous allons diminuer la cotisation maladie minimale, qu’acquittent les plus modestes des travailleurs indépendants, dont beaucoup d’artisans. Et parallèlement, nous augmenterons les cotisations dues par les auto-entrepreneurs, pour réduire les distorsions de concurrence avec les autres travailleurs indépendants et bien sûr, les artisans. Ces mesures ne vous étaient pas complètement inconnues, vous avez eu l’occasion d’en discuter avec les différents ministères. Et j’ai la conviction qu’elles sont malgré les critiques, équilibrées. Au total, je le répète, ce sont les plus hauts revenus sont mis à contribution et en tout cas pas les plus petites entreprises. C’est une démarche de solidarité, et je voudrais à cet égard salué votre esprit de responsabilité. Car malgré l’effort demandé, aux indépendants, le conseil d’administration du régime social des indépendants, RSI, a approuvé à une forte majorité, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. C’est pour dire l’esprit de responsabilité qui les anime. Enfin je veux dire devant vous, que dans la compétitivité de notre économie, et l’amélioration de sa performance, l’artisanat a toute sa place. Le 6 novembre prochain, je réunirais un séminaire gouvernemental, sur cette importante question, précédée de nombreuses réunions de travail du gouvernement. Parce que nous avons des mesures à prendre, et nous n’attendrons pas de le faire l’année prochaine ou l’année d’après. On a employé deux fois, le mot urgence, vous comme moi, ce matin. Oui, il y a urgence à donner un signe fort. Parce que le mot compétitivité, peut-être pour beaucoup de concitoyens ne dit pas grand-chose. Mais quand on dit : performance de notre économie. Quand on dit : perte d’emploi dans l’industrie, 750 000 en 10 ans, là, c’est plus facile à comprendre. Et c’est de ça, qu???il s’agit. C’est de refuser le déclin, et donc pour la compétitivité, la performance, il y a à la fois des mesures à prendre, donc qu’on appelle la compétitivité, hors coût et la compétitivité coût, c'est-à-dire le financement de la protection sociale. Vous l’avez évoqué, vous avez souhaité le dialogue, vous avez souhaité aussi la mesure, la sagesse d’une certaine façon ! L’équilibre entre ce qui doit être fait, en veillant à ne pas provoquer en retour, des chocs négatifs. Mais en même temps des décisions seront prises.
Et certains feront l’objet d’un dialogue approfondi, vous avez évoqué le rôle du Haut Conseil pour le Financement de la Protection Sociale, c’est même nécessaire. Mais les décisions seront prises. Et quant au rapport que j’ai confié à Louis Gallois, un grand industriel, et qui maintenant exerce auprès de moi, des fonctions très importantes, parce qu’il ne se limite pas à écrire un rapport, il est Commissaire général à l’Investissement. Et je l’ai choisi volontairement, le connaissant pour son intégrité, son sens de l’intérêt général et aussi son expérience de grand patron, mais qui toute sa vie aussi, dans ses grands groupes a travaillé avec des petites et moyennes entreprises, des TPE. Et donc tout ça, sera intégré dans son rapport. Mais contrairement à ce que je lis ou écrit, d’abord son rapport ne sera pas enterré. Et son rapport, il n’embarrasse pas le gouvernement. Au contraire, puisque je l’ai commandé ! Mais on ne peut pas dire, ce qu’il y a dans son rapport, avant qu’il me l’ait remis, puisqu’il ne me le remettra que le 5 novembre. Alors laissons un peu les gens travailler, et ils travaillent sérieusement, et lorsqu’il sera rendu public, le gouvernement bien sûr, s’en saisira. Ça sera une très importante contribution aux décisions que nous allons apprendre. En tout cas, je vous garantis, que le gouvernement, décidera et nous sommes là pour ça !
Moi, je suis venu vous délivrer un message de respect, et de confiance. Respect pour le travail que vous faites ! Vous, d’abord monsieur le président et toutes vos équipes, le conseil d’administration représentant les différentes filières professionnelles, qui sont dans les métiers de l’artisanat, parce que vous consacrez beaucoup de votre temps au-delà de votre entreprise à la collectivité de l’artisanat. Et aux dialogues avec les pouvoirs publics, donc je vous remercie pour cet engagement. Respect aussi, pour le beau travail que vous faites, tous les jours, dans vos entreprises, sans ménager votre peine, sans compter votre temps et pour le service que vous accordez à l’économie, à nos concitoyens, à nos territoires, et puis en même temps à la jeunesse, que vous savez accueillir et former. Le message de confiance ne s’adresse pas qu’aux artisans. C’est un message de confiance dans les capacités de la France à réussir, à redevenir une grande puissance, une puissance économique forte, car elle a montré dans l’histoire qu’elle avait su se relever et à avancer. Nous avons dans notre peuple des capacités d’innovation, d’invention, d’adaptation, qui sont formidables. Simplement, il y a un moment où il faut donner le coup de pouce, il faut donner l’élan, il faut, j’allais dire encourager, bousculer même parfois, pour que le pays se remette en marche. Mais vous savez ce que c’est que l’effort, ce n’est pas à vous, que je l’apprendrais, vous le faites tous les jours. Donc je suis venu dire merci, aux artisans, pour ce qu’ils font, pour leur entreprise, pour la France, et je suis venu leur dire aussi, que nous réussirons à remettre la France, vraiment sur les rails, uniquement tous ensemble. Je sais que les artisans et l’UPA en particulier y est prêt. Et je les remercie d’avance. Merci, encore.
Source http://www.gouvernement.fr, le 26 octobre 2012