Texte intégral
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Cest avec un immense plaisir que je madresse à vous pour cette 5ème édition des Assises du numérique qui sont devenues, en cinq ans, un rendez-vous incontournable pour tous les acteurs publics et privés de la société numérique.
Le thème que vous avez retenu cette année ne pouvait que me séduire. Lenjeu du numérique est bien celui que vous avez identifié : mettre la technologie au service du développement durable, au service de la transition écologique et énergétique, au service de lactivité, au service de linclusion de tous et de tous les territoires.
Le numérique est aujourdhui partout, il le sera demain plus encore. Son enjeu nest donc pas un simple enjeu industriel, un simple enjeu de filière, même si cet aspect ne peut être évacué. Par la richesse des usages qui sinventent chaque jour, le numérique bouleverse nos vies, révolutionne nos façons de produire, de consommer, de faire société.
Les technologies Internet rendent possibles de nouvelles formes de citoyenneté. Quel contraste entre le sentiment diffus dune apathie des citoyens et la vitalité des formes de participation, parfois de contestation, présentes sur le net !
Les réseaux intelligents rendent désormais possibles la maîtrise de notre consommation de ressources naturelles, dénergie, deau. Ils contribueront, je lespère de façon décisive, tant à la transition écologique quà la réponse aux situations de pauvreté et de précarité énergétique.
Il est difficile de prévoir aujourdhui tous les usages qui naîtront demain des plateformes de données. Mon sentiment est quil en naîtra dautant plus que se développeront lopen data, les formats ouverts et les logiciels libres. LEtat se doit dêtre exemplaire sur ce sujet et de faciliter le développement, le foisonnement des initiatives, en mettant lui-même en libre accès ses données.
Mais ce qui me semble dores et déjà certain, cest que notre société sera numérique et que cette transformation révolutionnera de façon profonde et durable nos façons de vivre.
La ministre de légalité des territoires que je suis a conscience de cette transformation, qui bouleverse notre rapport à lespace. Il y aura un avant et un après numérique dans laménagement du territoire. Parce que cette technologie rompt avec le modèle de développement antérieur, axé sur un centre et une périphérie, sur la localisation des activités au plus près des noeuds de transport. Le numérique met les femmes, les hommes et les territoires en réseau. Il abolit la nécessité de la proximité physique.
Mais pour que cette évolution majeure aie lieu, il faut une connexion, il faut du débit. Le droit à la connexion est ainsi devenu un problème politique de premier ordre.
Quand les élus rencontrent un agriculteur, il névoque pas immédiatement la politique agricole commune mais laccès aux réseaux numériques ! Nul ne peut être surpris. Le risque de fracture numérique est celui dune France à deux vitesses. Les territoires ruraux lont bien compris. Leur exclusion a toujours été choquante.
Elle est devenue inadmissible.
Inadmissible parce que le numérique rend possible laccès au savoir et à la culture. Inadmissible parce que les territoires ruraux grâce à ces technologies ont lopportunité de contribuer au développement du pays, autant que les centres urbains. Inadmissible parce quun développement durable et équilibré de nos territoires, parce que la transition écologique et énergétique sont au prix de la connexion de tous.
Pour que chacun mesure limportance des usages du numérique pour laménagement du territoire, jai décidé de confier à Claudy Lebreton, le président de lAssociation des départements de France, qui est très investi sur ce sujet, une mission de réflexion et de prospective sur ces impacts, avec lappui du Centre danalyse stratégique.
Ce choix dun représentant des collectivités territoriales ne doit étonner personne. Depuis dix ans, les collectivités locales ont affronté, seules ou presque, le problème des zones blanches téléphoniques. Les collectivités participent chaque jour à linvention de nouveaux usages du numérique pour le maintien à domicile de personnes âgées, ou pour les établissements scolaires par exemple. Le programme très haut débit leur a confié un rôle majeur pour léquipement des territoires peu denses. Cest dans les territoires que sinvente la France de demain, tant à la ville grâce à lébullition créatrice des startups, quà la campagne qui est, je laffirme, un laboratoire des territoires numériques de demain.
Le Gouvernement annoncera en février prochain le schéma daménagement numérique quil retient pour couvrir en dix ans lensemble du territoire. Le président de la République lavait annoncé, le Premier ministre, à loccasion du Pacte pour la croissance, la compétitivité et lemploi, la confirmé. Lobjectif du Gouvernement, cest la couverture de lensemble du territoire en très haut débit.
Toutefois, le rôle de lEtat aujourdhui ne peut être celui dune reprise en main, dune recentralisation. Certes, il est nécessaire de clarifier rapidement le cadre qui sera celui de laménagement numérique du territoire. Le Gouvernement y travaille, les scénarios seront bientôt connus. Je souhaite quune véritable concertation ait lieu sur le schéma avant quil soit retenu, compte tenu des enjeux.
Mais son rôle est aussi daccompagner les collectivités territoriales, délaborer avec elles et les partenaires privés le déploiement des infrastructures et des usages, de sassurer que les collectivités disposeront des ressources pour équiper leur territoire et quil existera bien un modèle économique dans les zones les moins denses pour les infrastructures de très haut débit.
Je conclurai mon propos en disant quelques mots des trois problèmes quil nous faudra traiter.
Le premier problème, cest celui de la péréquation. Les conseils généraux des territoires ruraux devront participer à leffort, alors que leurs ressources sont limitées. Limitées par la faiblesse des ressources fiscales tirées des droits de mutation au regard de celles des conseils généraux urbains qui nauront aucun ou peu déquipement à prévoir. Cest pourquoi, lEtat aura un rôle à jouer en réfléchissant à un mécanisme de solidarité financière. Le Fonds daménagement numérique du territoire ou un système équivalent devra faire lobjet dun abondement.
Le deuxième problème, cest lécart entre le pouvoir de marché des grands opérateurs et la capacité dinfluence des collectivités. Ne nous le cachons pas, cet écart est grand. Et il nest pas nécessairement à lavantage des collectivités. Cest pourquoi, je propose des mécanismes de mutualisation entre collectivités, par exemple pour permettre la commercialisation en commun ou lélaboration partagée des systèmes dinformation. Cest pourquoi, je propose dinciter à la réunion des opérateurs publics pour quils organisent des réseaux pour des plaques territoriales disposant de la taille critique, bénéficiant de financements de tous les échelons publics et pourquoi pas de grands financeurs privés. Cest pourquoi, pour crédibiliser les projets de chacun, publics comme privés, je crois nécessaire de planifier lextinction de la boucle cuivre.
Le troisième problème, cest lasymétrie des informations entre les collectivités territoriales et les opérateurs pour les projets de déploiement de fibre ou de téléphonie en cours. Les collectivités, en dépit de la réglementation en vigueur, ont une connaissance limitée des réseaux déployés sur leur territoire, sans parler même de leur connaissance relative des projets des opérateurs qui doivent être rapidement clarifiés et régulièrement suivis à la fois à léchelle locale et à léchelle nationale. Cest pourquoi, jai demandé au Premier ministre dorganiser immédiatement un observatoire des déploiements pour la fibre comme la 4G. Pour la fibre, je souhaite que les collectivités puissent se substituer aux opérateurs, chaque fois quelles constatent leur carence.
Pour arriver ensemble à de nouvelles infrastructures et de nouveaux usages, nous avons collectivement besoin dune instance de concertation entre lEtat, les collectivités territoriales et les opérateurs. Cette instance, que jai proposée au Premier ministre, doit pouvoir se mettre rapidement au travail. Pourquoi ne comporterait-elle pas une formation dédiée au satellite, qui peut être, si les territoires estiment le service satisfaisant, une solution de complément pour les territoires les moins denses et les plus enclavés ?
Le passage à la société numérique, la transition vers une croissance intelligente, durable et inclusive appelle lénergie de tous. Celle de lEtat, celle des territoires, celle des entreprises et des opérateurs. Vous pouvez compter sur ma détermination. Je sais pouvoir compter sur la vôtre.
Je vous remercie.
Source http://www.territoires.gouv.fr, le 4 décembre 2012
Mesdames et Messieurs,
Cest avec un immense plaisir que je madresse à vous pour cette 5ème édition des Assises du numérique qui sont devenues, en cinq ans, un rendez-vous incontournable pour tous les acteurs publics et privés de la société numérique.
Le thème que vous avez retenu cette année ne pouvait que me séduire. Lenjeu du numérique est bien celui que vous avez identifié : mettre la technologie au service du développement durable, au service de la transition écologique et énergétique, au service de lactivité, au service de linclusion de tous et de tous les territoires.
Le numérique est aujourdhui partout, il le sera demain plus encore. Son enjeu nest donc pas un simple enjeu industriel, un simple enjeu de filière, même si cet aspect ne peut être évacué. Par la richesse des usages qui sinventent chaque jour, le numérique bouleverse nos vies, révolutionne nos façons de produire, de consommer, de faire société.
Les technologies Internet rendent possibles de nouvelles formes de citoyenneté. Quel contraste entre le sentiment diffus dune apathie des citoyens et la vitalité des formes de participation, parfois de contestation, présentes sur le net !
Les réseaux intelligents rendent désormais possibles la maîtrise de notre consommation de ressources naturelles, dénergie, deau. Ils contribueront, je lespère de façon décisive, tant à la transition écologique quà la réponse aux situations de pauvreté et de précarité énergétique.
Il est difficile de prévoir aujourdhui tous les usages qui naîtront demain des plateformes de données. Mon sentiment est quil en naîtra dautant plus que se développeront lopen data, les formats ouverts et les logiciels libres. LEtat se doit dêtre exemplaire sur ce sujet et de faciliter le développement, le foisonnement des initiatives, en mettant lui-même en libre accès ses données.
Mais ce qui me semble dores et déjà certain, cest que notre société sera numérique et que cette transformation révolutionnera de façon profonde et durable nos façons de vivre.
La ministre de légalité des territoires que je suis a conscience de cette transformation, qui bouleverse notre rapport à lespace. Il y aura un avant et un après numérique dans laménagement du territoire. Parce que cette technologie rompt avec le modèle de développement antérieur, axé sur un centre et une périphérie, sur la localisation des activités au plus près des noeuds de transport. Le numérique met les femmes, les hommes et les territoires en réseau. Il abolit la nécessité de la proximité physique.
Mais pour que cette évolution majeure aie lieu, il faut une connexion, il faut du débit. Le droit à la connexion est ainsi devenu un problème politique de premier ordre.
Quand les élus rencontrent un agriculteur, il névoque pas immédiatement la politique agricole commune mais laccès aux réseaux numériques ! Nul ne peut être surpris. Le risque de fracture numérique est celui dune France à deux vitesses. Les territoires ruraux lont bien compris. Leur exclusion a toujours été choquante.
Elle est devenue inadmissible.
Inadmissible parce que le numérique rend possible laccès au savoir et à la culture. Inadmissible parce que les territoires ruraux grâce à ces technologies ont lopportunité de contribuer au développement du pays, autant que les centres urbains. Inadmissible parce quun développement durable et équilibré de nos territoires, parce que la transition écologique et énergétique sont au prix de la connexion de tous.
Pour que chacun mesure limportance des usages du numérique pour laménagement du territoire, jai décidé de confier à Claudy Lebreton, le président de lAssociation des départements de France, qui est très investi sur ce sujet, une mission de réflexion et de prospective sur ces impacts, avec lappui du Centre danalyse stratégique.
Ce choix dun représentant des collectivités territoriales ne doit étonner personne. Depuis dix ans, les collectivités locales ont affronté, seules ou presque, le problème des zones blanches téléphoniques. Les collectivités participent chaque jour à linvention de nouveaux usages du numérique pour le maintien à domicile de personnes âgées, ou pour les établissements scolaires par exemple. Le programme très haut débit leur a confié un rôle majeur pour léquipement des territoires peu denses. Cest dans les territoires que sinvente la France de demain, tant à la ville grâce à lébullition créatrice des startups, quà la campagne qui est, je laffirme, un laboratoire des territoires numériques de demain.
Le Gouvernement annoncera en février prochain le schéma daménagement numérique quil retient pour couvrir en dix ans lensemble du territoire. Le président de la République lavait annoncé, le Premier ministre, à loccasion du Pacte pour la croissance, la compétitivité et lemploi, la confirmé. Lobjectif du Gouvernement, cest la couverture de lensemble du territoire en très haut débit.
Toutefois, le rôle de lEtat aujourdhui ne peut être celui dune reprise en main, dune recentralisation. Certes, il est nécessaire de clarifier rapidement le cadre qui sera celui de laménagement numérique du territoire. Le Gouvernement y travaille, les scénarios seront bientôt connus. Je souhaite quune véritable concertation ait lieu sur le schéma avant quil soit retenu, compte tenu des enjeux.
Mais son rôle est aussi daccompagner les collectivités territoriales, délaborer avec elles et les partenaires privés le déploiement des infrastructures et des usages, de sassurer que les collectivités disposeront des ressources pour équiper leur territoire et quil existera bien un modèle économique dans les zones les moins denses pour les infrastructures de très haut débit.
Je conclurai mon propos en disant quelques mots des trois problèmes quil nous faudra traiter.
Le premier problème, cest celui de la péréquation. Les conseils généraux des territoires ruraux devront participer à leffort, alors que leurs ressources sont limitées. Limitées par la faiblesse des ressources fiscales tirées des droits de mutation au regard de celles des conseils généraux urbains qui nauront aucun ou peu déquipement à prévoir. Cest pourquoi, lEtat aura un rôle à jouer en réfléchissant à un mécanisme de solidarité financière. Le Fonds daménagement numérique du territoire ou un système équivalent devra faire lobjet dun abondement.
Le deuxième problème, cest lécart entre le pouvoir de marché des grands opérateurs et la capacité dinfluence des collectivités. Ne nous le cachons pas, cet écart est grand. Et il nest pas nécessairement à lavantage des collectivités. Cest pourquoi, je propose des mécanismes de mutualisation entre collectivités, par exemple pour permettre la commercialisation en commun ou lélaboration partagée des systèmes dinformation. Cest pourquoi, je propose dinciter à la réunion des opérateurs publics pour quils organisent des réseaux pour des plaques territoriales disposant de la taille critique, bénéficiant de financements de tous les échelons publics et pourquoi pas de grands financeurs privés. Cest pourquoi, pour crédibiliser les projets de chacun, publics comme privés, je crois nécessaire de planifier lextinction de la boucle cuivre.
Le troisième problème, cest lasymétrie des informations entre les collectivités territoriales et les opérateurs pour les projets de déploiement de fibre ou de téléphonie en cours. Les collectivités, en dépit de la réglementation en vigueur, ont une connaissance limitée des réseaux déployés sur leur territoire, sans parler même de leur connaissance relative des projets des opérateurs qui doivent être rapidement clarifiés et régulièrement suivis à la fois à léchelle locale et à léchelle nationale. Cest pourquoi, jai demandé au Premier ministre dorganiser immédiatement un observatoire des déploiements pour la fibre comme la 4G. Pour la fibre, je souhaite que les collectivités puissent se substituer aux opérateurs, chaque fois quelles constatent leur carence.
Pour arriver ensemble à de nouvelles infrastructures et de nouveaux usages, nous avons collectivement besoin dune instance de concertation entre lEtat, les collectivités territoriales et les opérateurs. Cette instance, que jai proposée au Premier ministre, doit pouvoir se mettre rapidement au travail. Pourquoi ne comporterait-elle pas une formation dédiée au satellite, qui peut être, si les territoires estiment le service satisfaisant, une solution de complément pour les territoires les moins denses et les plus enclavés ?
Le passage à la société numérique, la transition vers une croissance intelligente, durable et inclusive appelle lénergie de tous. Celle de lEtat, celle des territoires, celle des entreprises et des opérateurs. Vous pouvez compter sur ma détermination. Je sais pouvoir compter sur la vôtre.
Je vous remercie.
Source http://www.territoires.gouv.fr, le 4 décembre 2012