Texte intégral
Je suis particulièrement heureux de me trouver aujourd'hui à Arcachon, à votre invitation, et je vous remercie, monsieur Dufailly, pour votre accueil.
Les organisations de producteurs ont un rôle stratégique essentiel dans la filière des produits de la mer car leur activité se situe au centre de la relation entre le navire et le marché. Vous constituez en outre des partenaires sur lesquels les Pouvoirs publics peuvent compter et vous savez prodiguer à mes services tous les conseils utiles nés de votre expérience. Je me devais donc de marquer mon soutien à votre fédération, qui fête aujourd'hui sondixième anniversaire, ainsi qu'à ceux qui la conduisent , son Président Luc Blin et son Secrétaire général Loïk Jagot. Le nombre d'organisations de producteurs adhérentes à la FEDOPA, leur importance et leur répartition sur tout le littoral français traduit bien la réussite de leur travail.
Votre assemblée générale intervient alors qu'une proposition de règlement réformant en profondeur l'organisation commune du marché vient d'être présentée aux Etats membres. Il est important que nous en discutions. Mais avant cela, je souhaite vous faire part de ma vision de la politique des pêches et du rôle et la place des organisations de producteurs dans cette politique, au sein de la filière.
La politique des pêches recouvre trois aspects :
- la ressource : les quotas de captures sont nécessaires à la gestion durable de la ressource mais leur niveau doivent permettre une activité suffisante et rémunératrice. Leur gestion doit être responsable, équitable et rigoureuse ; elle doit également, c'est ma conviction, demeurer collective et c'est pour cela que les organisations de producteurs en constituent la pierre angulaire,
- l'avenir de la flotte : La richesse de la pêche française est fondamentalement liée à la diversité de sa flottille. La réglementation qui l'encadre, tant au niveau national qu'au plan communautaire, doit permettre à chacune de ses composantes, flotte artisanale et flotte industrielle, de coexister et d'exprimer son dynamisme.
- l'organisation du marché et la valorisation des produits : l'amélioration de la rémunération des producteurs ne passe pas seulement par le volume de production ; il nécessite surtout une bonne organisation du marché et une recherche de valorisation accrue des produits français par une amélioration de leur positionnement sur des marchés porteurs, mais concurrentiels.
De part leur place stratégique au sein de la filière, les organisations de producteurs ont un rôle fondamental à jouer dans cette politique des pêches. Ce rôle a profondément évolué ces dernières années : votre mission, fondamentale, de régulation et d'organisation du marché ainsi que de gestion de la ressource s'est considérablement renforcée et s'inscrit dans une démarche profonde d'organisation et de structuration de la filière. Sous l'impulsion de votre président et de votre secrétaire général, vous avez pleinement participé à cette évolution.
Animer, coordonner, stimuler la relation entre le bateau et les opérateurs du marché, sont des fonctions qui reviennent à l'organisation de producteurs, bien placée dans la filière par ses contacts avec ses adhérents et le premier marché : criées et mareyeurs. Dans ce cadre, au-delà de la nécessaire intervention sur ce marché, vous avez su vous investir dans des opérations plus structurelles concourant à une plus grande connaissance et organisation du marché : raccourcissement des marées, prévision et régulation des apports par des échanges d'information entre la mer et la terre, mise en place de votre nouveau serveur Internet, développement de partenariats avec l'aval de la filière, qu'il s'agisse du mareyage, d'entreprises de transformation ou de réflexions menées avec la grande distribution.
L'amélioration de la valorisation des produits de la pêche passe également par une plus grande qualité des produits à tous les stades de la filière, y compris à bord des navires, ainsi que par une meilleure identification. Les nombreux projets auxquels participent vos organisations de producteurs montrent que vous en avez conscience : normalisation du tri sous criée, formation à la qualité, cahier des charges qualité applicables à tous les stades de la filière, développement de marques collectives et signes officiels de qualité en Bretagne, Normandie, Méditerranée, Vendée, etc Je signale à cet égard que la loi d'orientation agricole, dont le projet prévoit un assouplissement pour les produits de la pêche des règles applicables aux signes officiels de qualité, ouvrira à ce titre de nouvelles perspectives.
Je souhaite que les organisations de producteurs développent de plus en plus ces opérations de connaissance et d'organisation structurelle du marché d'une part, de valorisation des produits d'autre part, et qu'elles y soient encouragées.
De nombreuses démarches concourant à une meilleure valorisation des produits de la pêche n'atteignent toutefois pleinement leurs objectifs que lorsque tous les maillons de la filière y adhérent. Elles doivent donc être conduites au sein de structures interprofessionnelles. Vous avez déjà participé à des projets qui vont dans ce sens : Normapêche, Bretagne Qualité Mer, Normandie Fraîcheur Mer, CODIMAR Toutefois, il faut aujourd'hui aller encore plus loin, notamment pour mieux structurer certaines démarches, comme la traçabilité - encore insuffisamment maîtrisée - la promotion des produits ou, plus généralement, la communication sur le secteur des produits de la mer. Il convient également que l'amont de la filière soit soudé afin d'être en position de force face à un aval de plus en plus structuré. Pour cela, la création d'une interprofession associant l'ensemble des organisations de producteurs et du mareyage me paraît plus qu'opportune. C'est d'ailleurs dans ce but que le projet de loi d'orientation agricole prévoit l'extension de la loi de 1975 sur l'interprofession au secteur des produits de la mer.
L'OFIMER, qui a succédé au FIOM le 1er janvier dernier, devra vous accompagner rapidement dans toutes ces évolutions. L'organisation, la connaissance et la transparence du marché, la valorisation des produits, le soutien aux démarches interprofessionnelles font en effet partie des missions fondamentales de ce nouvel office. Il aura à cur, j'en suis convaincu, de les développer.
La loi d'orientation pêche a par ailleurs renforcé le rôle des organisations de producteurs dans la gestion des quotas de captures. Elles en sont aujourd'hui, par souci d'efficacité et dans le but d'une gestion collective des quotas, la pierre angulaire. La mise en place des plans de gestion prévus par la loi d'orientation devra par ailleurs y contribuer. Je considère que les quotas de pêche doivent permettre une gestion durable de la ressource : des quotas bien gérés et bien contrôlés par tous, en France comme chez nos voisins, demeurent l'instrument privilégié pour adapter le niveau des captures à celui de la ressource. Leur niveau doit toutefois assurer également aux pêcheurs un volume d'activité suffisamment rémunératrice. Aussi ai-je défendu et obtenu qu'il n'y ait pas de variations trop brutales d'une année sur l'autre du niveau des TAC et des quotas. J'ai par ailleurs veillé à ce que la répartition de ces quotas pour 1999 soit effectuée plus rapidement que les années précédentes et à l'issue d'une large concertation avec la profession, afin de vous permettre d'améliorer la gestion de vos sous-quotas. L'arrêté de répartition a été signé le 31 mars. Je compte sur vous pour que cette gestion soit saine et rigoureuse. Elle est en effet la meilleure assurance pour obtenir dans les négociations européennes des quotas correspondant à nos demandes. Elle constitue également le meilleur argument pour contrecarrer les orientations de la Commission et d'un certain nombre d'Etats membres, qui privilégient la réduction aveugle et indifférenciée de la flotte comme instrument de préservation de la ressource.
Car toutes les évolutions que je viens d'évoquer prennent place dans un contexte communautaire en pleine évolution : réforme de l'organisation commune de marché et réforme des fonds structurels en cours de négociation, réforme de la politique commune des pêches en perspective.
En ce qui concerne la flotte, que je viens d'évoquer, nous sommes aujourd'hui au niveau communautaire dans une situation où tout se passe comme si la destruction des navires était le seul moyen d'adapter l'activité de la flotte à l'état de la ressource. Sans remettre en cause le nécessaire encadrement de la flotte, il faut faire évoluer les POP dans le sens de la subsidiarité en laissant plus d'autonomie à chaque Etat membre pour atteindre ses objectifs. A cet égard, je suis extrêmement vigilant sur la discussion en cours à Bruxelles concernant la réforme des fonds structurels. A cette occasion, la Commission propose non seulement d'acter par anticipation les bases voire le contenu des futurs POP mais aussi d'en durcir considérablement les règles du jeu ; je pense en particulier à la mécanique dite "des 130 %". Or, pour moi, s'il est clair que les ressources sont limitées et qu'un certain ajustement de l'activité est nécessaire, il n'est pas question pour autant de préjuger des instruments de gestion de la flotte qui seront mis en place à l'avenir. Ma position est très ferme là-dessus. Elle est d'ailleurs partagée par nombre de mes collègues européens.
En ce qui concerne la réforme de l'OCM, la proposition de la Commission, présentée aux Etats membres au dernier Conseil Pêche, était attendue depuis longtemps. Je considère qu'elle constitue une base de travail intéressante car elle rénove en profondeur une OCM qui en avait bien besoin, mais qu'elle est actuellement trop déséquilibrée : la production communautaire, donc française, se voit offrir des moyens insuffisants pour renforcer sa compétitivité et lutter contre les situations de crise, alors qu'une ouverture non maîtrisée de notre marché aux importations est préconisée.
Concernant le volet production communautaire de la réforme, la démarche de la Commission sur l'étiquetage minimal des produits jusqu'à la vente au détail, de même que sur la reconnaissance d'organisations interprofessionnelles répondent à nos préoccupations.
Je considère également intéressantes les propositions visant à renforcer et à responsabiliser les organisations de producteurs par le mécanisme des programmes opérationnels de campagne de pêche, ainsi qu'à rénover le régime des interventions par un encouragement à l'utilisation du régime du report aux dépens du retrait-destruction.
Toutefois, j'ai indiqué lors du dernier Conseil Pêche qu'au-delà des principes, les dispositions concrètes proposées par la Commission n'étaient pas acceptables en l'état.
Tout d'abord, le contenu des programmes opérationnels de campagne de pêche est trop contraignant, alors que les encouragements aux démarches volontaires des organisations de producteurs sont insuffisants. Ces programmes devraient comprendre un socle réduit d'obligations minimales et être accompagnés d'actions facultatives plus nombreuses - la Commission ne prévoit qu'une incitation aux contrats de prévente - actions pour lesquelles les OP bénéficieraient d'incitations financières spécifiques. Celles-ci sont nécessaires, en complément des soutiens aux actions mises en uvre par les professionnels, prévu dans le règlement d'application relatif aux actions structurelles dans le secteur de la pêche. En second lieu, j'ai signalé que la France ne pourrait pas accepter la réduction proposée du régime de retrait-destruction, d'autant qu'elle ne s'accompagne pas d'un mécanisme d'intervention exceptionnel en cas de crise. Or, l'existence d'un tel dispositif de crise à l'intérieur du règlement portant OCM est tout à fait impérative. Enfin, j'ai fait part de mon opposition à la proposition de révision du régime de l'indemnité compensatoire thon.
Concernant le volet "relations commerciales avec les pays tiers" j'ai fait part de l'opposition totale de la France à l'instauration de suspensions tarifaires. Le souci de la Commission d'offrir aux entreprises de transformation communautaires un approvisionnement stable et à prix compétitifs est louable, mais la solution qu'elle propose est dangereuse et non pertinente. Le principe de préférence communautaire, inscrit dans le traité de Rome, est déjà très fortement battu en brèche dans le secteur de la pêche et les prochaines négociations à l'OMC risquent d'entraîner de nouveaux démantèlements tarifaires, qui pourraient accroître les possibilités d'importations à prix compétitifs de produits concurrents des nôtres. A cet égard, le mécanisme des suspensions tarifaires est pour le moins inapproprié.
J'ai donc défendu le principe des contingents tarifaires autonomes, qui constituent l'outil pertinent pour adapter les importations aux stricts besoins du secteur de la transformation. La quantification des importations de l'Union européenne nécessite d'ailleurs que la Commission présente des bilans d'approvisionnement qui fassent apparaître clairement l'état des besoins et des disponibilités.
Soyez assurés que je me battrai pour faire évoluer la proposition de la Commission, qui fera l'objet d'un nouveau débat au Conseil Pêche de Juin Aucune réforme de l'OCM ne peut en effet être envisagée qui ne soit conforme. aux intérêts de la pêche française.
La diversité de la pêche française est un atout qu'il faut conforter. Il est indispensable au dynamisme de ce secteur et donc à l'aménagement de notre territoire. J'ai pleinement conscience du rôle des Pouvoirs Publics d'accompagnement des projets professionnels destinés à valoriser la production et structurer la filière. Aussi, le dialogue et la concertation avec les fédérations d'organisations de producteurs doit-il se poursuivre en permanence. Je sais pouvoir compter l'attitude constructive de la FEDOPA dans la poursuite du renforcement du rôle des organisations de producteurs et de la structuration de la filière et bien sûr à l'occasion des échéances qui nous attendent, en particulier la réforme de l'OCM, car je connais votre dynamisme et votre profonde volonté de progrès.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 19 avril 1999)
Les organisations de producteurs ont un rôle stratégique essentiel dans la filière des produits de la mer car leur activité se situe au centre de la relation entre le navire et le marché. Vous constituez en outre des partenaires sur lesquels les Pouvoirs publics peuvent compter et vous savez prodiguer à mes services tous les conseils utiles nés de votre expérience. Je me devais donc de marquer mon soutien à votre fédération, qui fête aujourd'hui sondixième anniversaire, ainsi qu'à ceux qui la conduisent , son Président Luc Blin et son Secrétaire général Loïk Jagot. Le nombre d'organisations de producteurs adhérentes à la FEDOPA, leur importance et leur répartition sur tout le littoral français traduit bien la réussite de leur travail.
Votre assemblée générale intervient alors qu'une proposition de règlement réformant en profondeur l'organisation commune du marché vient d'être présentée aux Etats membres. Il est important que nous en discutions. Mais avant cela, je souhaite vous faire part de ma vision de la politique des pêches et du rôle et la place des organisations de producteurs dans cette politique, au sein de la filière.
La politique des pêches recouvre trois aspects :
- la ressource : les quotas de captures sont nécessaires à la gestion durable de la ressource mais leur niveau doivent permettre une activité suffisante et rémunératrice. Leur gestion doit être responsable, équitable et rigoureuse ; elle doit également, c'est ma conviction, demeurer collective et c'est pour cela que les organisations de producteurs en constituent la pierre angulaire,
- l'avenir de la flotte : La richesse de la pêche française est fondamentalement liée à la diversité de sa flottille. La réglementation qui l'encadre, tant au niveau national qu'au plan communautaire, doit permettre à chacune de ses composantes, flotte artisanale et flotte industrielle, de coexister et d'exprimer son dynamisme.
- l'organisation du marché et la valorisation des produits : l'amélioration de la rémunération des producteurs ne passe pas seulement par le volume de production ; il nécessite surtout une bonne organisation du marché et une recherche de valorisation accrue des produits français par une amélioration de leur positionnement sur des marchés porteurs, mais concurrentiels.
De part leur place stratégique au sein de la filière, les organisations de producteurs ont un rôle fondamental à jouer dans cette politique des pêches. Ce rôle a profondément évolué ces dernières années : votre mission, fondamentale, de régulation et d'organisation du marché ainsi que de gestion de la ressource s'est considérablement renforcée et s'inscrit dans une démarche profonde d'organisation et de structuration de la filière. Sous l'impulsion de votre président et de votre secrétaire général, vous avez pleinement participé à cette évolution.
Animer, coordonner, stimuler la relation entre le bateau et les opérateurs du marché, sont des fonctions qui reviennent à l'organisation de producteurs, bien placée dans la filière par ses contacts avec ses adhérents et le premier marché : criées et mareyeurs. Dans ce cadre, au-delà de la nécessaire intervention sur ce marché, vous avez su vous investir dans des opérations plus structurelles concourant à une plus grande connaissance et organisation du marché : raccourcissement des marées, prévision et régulation des apports par des échanges d'information entre la mer et la terre, mise en place de votre nouveau serveur Internet, développement de partenariats avec l'aval de la filière, qu'il s'agisse du mareyage, d'entreprises de transformation ou de réflexions menées avec la grande distribution.
L'amélioration de la valorisation des produits de la pêche passe également par une plus grande qualité des produits à tous les stades de la filière, y compris à bord des navires, ainsi que par une meilleure identification. Les nombreux projets auxquels participent vos organisations de producteurs montrent que vous en avez conscience : normalisation du tri sous criée, formation à la qualité, cahier des charges qualité applicables à tous les stades de la filière, développement de marques collectives et signes officiels de qualité en Bretagne, Normandie, Méditerranée, Vendée, etc Je signale à cet égard que la loi d'orientation agricole, dont le projet prévoit un assouplissement pour les produits de la pêche des règles applicables aux signes officiels de qualité, ouvrira à ce titre de nouvelles perspectives.
Je souhaite que les organisations de producteurs développent de plus en plus ces opérations de connaissance et d'organisation structurelle du marché d'une part, de valorisation des produits d'autre part, et qu'elles y soient encouragées.
De nombreuses démarches concourant à une meilleure valorisation des produits de la pêche n'atteignent toutefois pleinement leurs objectifs que lorsque tous les maillons de la filière y adhérent. Elles doivent donc être conduites au sein de structures interprofessionnelles. Vous avez déjà participé à des projets qui vont dans ce sens : Normapêche, Bretagne Qualité Mer, Normandie Fraîcheur Mer, CODIMAR Toutefois, il faut aujourd'hui aller encore plus loin, notamment pour mieux structurer certaines démarches, comme la traçabilité - encore insuffisamment maîtrisée - la promotion des produits ou, plus généralement, la communication sur le secteur des produits de la mer. Il convient également que l'amont de la filière soit soudé afin d'être en position de force face à un aval de plus en plus structuré. Pour cela, la création d'une interprofession associant l'ensemble des organisations de producteurs et du mareyage me paraît plus qu'opportune. C'est d'ailleurs dans ce but que le projet de loi d'orientation agricole prévoit l'extension de la loi de 1975 sur l'interprofession au secteur des produits de la mer.
L'OFIMER, qui a succédé au FIOM le 1er janvier dernier, devra vous accompagner rapidement dans toutes ces évolutions. L'organisation, la connaissance et la transparence du marché, la valorisation des produits, le soutien aux démarches interprofessionnelles font en effet partie des missions fondamentales de ce nouvel office. Il aura à cur, j'en suis convaincu, de les développer.
La loi d'orientation pêche a par ailleurs renforcé le rôle des organisations de producteurs dans la gestion des quotas de captures. Elles en sont aujourd'hui, par souci d'efficacité et dans le but d'une gestion collective des quotas, la pierre angulaire. La mise en place des plans de gestion prévus par la loi d'orientation devra par ailleurs y contribuer. Je considère que les quotas de pêche doivent permettre une gestion durable de la ressource : des quotas bien gérés et bien contrôlés par tous, en France comme chez nos voisins, demeurent l'instrument privilégié pour adapter le niveau des captures à celui de la ressource. Leur niveau doit toutefois assurer également aux pêcheurs un volume d'activité suffisamment rémunératrice. Aussi ai-je défendu et obtenu qu'il n'y ait pas de variations trop brutales d'une année sur l'autre du niveau des TAC et des quotas. J'ai par ailleurs veillé à ce que la répartition de ces quotas pour 1999 soit effectuée plus rapidement que les années précédentes et à l'issue d'une large concertation avec la profession, afin de vous permettre d'améliorer la gestion de vos sous-quotas. L'arrêté de répartition a été signé le 31 mars. Je compte sur vous pour que cette gestion soit saine et rigoureuse. Elle est en effet la meilleure assurance pour obtenir dans les négociations européennes des quotas correspondant à nos demandes. Elle constitue également le meilleur argument pour contrecarrer les orientations de la Commission et d'un certain nombre d'Etats membres, qui privilégient la réduction aveugle et indifférenciée de la flotte comme instrument de préservation de la ressource.
Car toutes les évolutions que je viens d'évoquer prennent place dans un contexte communautaire en pleine évolution : réforme de l'organisation commune de marché et réforme des fonds structurels en cours de négociation, réforme de la politique commune des pêches en perspective.
En ce qui concerne la flotte, que je viens d'évoquer, nous sommes aujourd'hui au niveau communautaire dans une situation où tout se passe comme si la destruction des navires était le seul moyen d'adapter l'activité de la flotte à l'état de la ressource. Sans remettre en cause le nécessaire encadrement de la flotte, il faut faire évoluer les POP dans le sens de la subsidiarité en laissant plus d'autonomie à chaque Etat membre pour atteindre ses objectifs. A cet égard, je suis extrêmement vigilant sur la discussion en cours à Bruxelles concernant la réforme des fonds structurels. A cette occasion, la Commission propose non seulement d'acter par anticipation les bases voire le contenu des futurs POP mais aussi d'en durcir considérablement les règles du jeu ; je pense en particulier à la mécanique dite "des 130 %". Or, pour moi, s'il est clair que les ressources sont limitées et qu'un certain ajustement de l'activité est nécessaire, il n'est pas question pour autant de préjuger des instruments de gestion de la flotte qui seront mis en place à l'avenir. Ma position est très ferme là-dessus. Elle est d'ailleurs partagée par nombre de mes collègues européens.
En ce qui concerne la réforme de l'OCM, la proposition de la Commission, présentée aux Etats membres au dernier Conseil Pêche, était attendue depuis longtemps. Je considère qu'elle constitue une base de travail intéressante car elle rénove en profondeur une OCM qui en avait bien besoin, mais qu'elle est actuellement trop déséquilibrée : la production communautaire, donc française, se voit offrir des moyens insuffisants pour renforcer sa compétitivité et lutter contre les situations de crise, alors qu'une ouverture non maîtrisée de notre marché aux importations est préconisée.
Concernant le volet production communautaire de la réforme, la démarche de la Commission sur l'étiquetage minimal des produits jusqu'à la vente au détail, de même que sur la reconnaissance d'organisations interprofessionnelles répondent à nos préoccupations.
Je considère également intéressantes les propositions visant à renforcer et à responsabiliser les organisations de producteurs par le mécanisme des programmes opérationnels de campagne de pêche, ainsi qu'à rénover le régime des interventions par un encouragement à l'utilisation du régime du report aux dépens du retrait-destruction.
Toutefois, j'ai indiqué lors du dernier Conseil Pêche qu'au-delà des principes, les dispositions concrètes proposées par la Commission n'étaient pas acceptables en l'état.
Tout d'abord, le contenu des programmes opérationnels de campagne de pêche est trop contraignant, alors que les encouragements aux démarches volontaires des organisations de producteurs sont insuffisants. Ces programmes devraient comprendre un socle réduit d'obligations minimales et être accompagnés d'actions facultatives plus nombreuses - la Commission ne prévoit qu'une incitation aux contrats de prévente - actions pour lesquelles les OP bénéficieraient d'incitations financières spécifiques. Celles-ci sont nécessaires, en complément des soutiens aux actions mises en uvre par les professionnels, prévu dans le règlement d'application relatif aux actions structurelles dans le secteur de la pêche. En second lieu, j'ai signalé que la France ne pourrait pas accepter la réduction proposée du régime de retrait-destruction, d'autant qu'elle ne s'accompagne pas d'un mécanisme d'intervention exceptionnel en cas de crise. Or, l'existence d'un tel dispositif de crise à l'intérieur du règlement portant OCM est tout à fait impérative. Enfin, j'ai fait part de mon opposition à la proposition de révision du régime de l'indemnité compensatoire thon.
Concernant le volet "relations commerciales avec les pays tiers" j'ai fait part de l'opposition totale de la France à l'instauration de suspensions tarifaires. Le souci de la Commission d'offrir aux entreprises de transformation communautaires un approvisionnement stable et à prix compétitifs est louable, mais la solution qu'elle propose est dangereuse et non pertinente. Le principe de préférence communautaire, inscrit dans le traité de Rome, est déjà très fortement battu en brèche dans le secteur de la pêche et les prochaines négociations à l'OMC risquent d'entraîner de nouveaux démantèlements tarifaires, qui pourraient accroître les possibilités d'importations à prix compétitifs de produits concurrents des nôtres. A cet égard, le mécanisme des suspensions tarifaires est pour le moins inapproprié.
J'ai donc défendu le principe des contingents tarifaires autonomes, qui constituent l'outil pertinent pour adapter les importations aux stricts besoins du secteur de la transformation. La quantification des importations de l'Union européenne nécessite d'ailleurs que la Commission présente des bilans d'approvisionnement qui fassent apparaître clairement l'état des besoins et des disponibilités.
Soyez assurés que je me battrai pour faire évoluer la proposition de la Commission, qui fera l'objet d'un nouveau débat au Conseil Pêche de Juin Aucune réforme de l'OCM ne peut en effet être envisagée qui ne soit conforme. aux intérêts de la pêche française.
La diversité de la pêche française est un atout qu'il faut conforter. Il est indispensable au dynamisme de ce secteur et donc à l'aménagement de notre territoire. J'ai pleinement conscience du rôle des Pouvoirs Publics d'accompagnement des projets professionnels destinés à valoriser la production et structurer la filière. Aussi, le dialogue et la concertation avec les fédérations d'organisations de producteurs doit-il se poursuivre en permanence. Je sais pouvoir compter l'attitude constructive de la FEDOPA dans la poursuite du renforcement du rôle des organisations de producteurs et de la structuration de la filière et bien sûr à l'occasion des échéances qui nous attendent, en particulier la réforme de l'OCM, car je connais votre dynamisme et votre profonde volonté de progrès.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 19 avril 1999)