Texte intégral
Monsieur le Président, mesdames et messieurs les intervenants, mesdames et messieurs les auditeurs et auditrices,
Je suis très honorée douvrir la séance inaugurale du cycle 2013 de lIhedate.
Comme chaque année, les intervenants et les auditeurs sont divers. Leurs parcours sont très différents.
La variété des organismes qui soutiennent lInstitut est une garantie dindépendance et de qualité.
Le thème choisi pour cette année est très intéressant, jy reviendrai.
Je puis vous le dire : dans les organismes divers que je rencontre, nombreux sont les animateurs à avoir suivi cette formation et qui sen déclarent enchantés.
Soyez donc remerciés davoir demandé à y venir et félicités dy avoir été admis.
La France, vieux pays en Europe, accorde depuis longtemps, en tout cas depuis la grande Révolution, une importance particulière à la cohésion et à léquilibre de ses territoires.
On a pu faire de nombreuses lectures de cette attention :
* Daucuns lont analysée sous langle dun partage de lespace entre les classes dirigeantes du pays et lont rapportée à la place particulière de la rente foncière dans notre histoire.
* Daucuns lont interprétée sur le registre voisin de lalliance des bourgeoisies des villes et des propriétaires des campagnes.
* Dautres encore comme la modalité particulière dune originalité républicaine marquée par un haut niveau de centralisation du pouvoir et une attention particulière à légalité de ses citoyens.
* Dautres enfin, et plus simplement, comme un élément de fierté nationale, de passion française et didentité partagée : nous aimons tout à la fois luniversalité et la diversité de nos paysages et de nos terroirs.
Le fait est que les républiques successives ont apporté, un grand soin à cette question, à travers des outils finalement assez constants dans la durée :
* Les grands réseaux de communication et dinfrastructures.
* La fiscalité et les transferts sociaux.
* A certains moments, une forme de volontarisme pour relocaliser des activités productives ou des services.
Ajustées aux transformations successives des comportements, ces politiques ont jusqu'à une période assez récente atteint leurs objectifs.
Elles nont pas réduit le magistère de la capitale sur le reste du territoire, mais elles ont globalement maintenu les équilibres entre les régions.
Elles ont dans les trente dernières années produit ou accompagné des mutations géographiques majeures de loccupation de lespace...
* Paris a accru sa place de mégalopole à vocation mondiale.
* Un réseau dynamique de métropoles régionales a émergé, dont quelques unes à vocation européenne.
* Le tissu de villes moyennes a été réactivé autour dun certain modèle de qualité de vie.
* La France, qui redoutait la désertification dune partie de ses espaces, a même inversé la tendance. A coté de lagriculture intensive, jallais dire productiviste, les espaces ruraux ont transformé leur économie, varié leurs activités. Une partie des campagnes sest repeuplée
* Enfin, lévolution de la pyramide des âges et des qualifications, a renforcé lattractivité des zones ensoleillées et contribué fortement à la prospérité retrouvée de la totalité des façades littorales de lespace français.
Alors doù vient quon se soit mis à reparler très récemment dégalité des territoires ?
Le fait est quen contrepoint de ces réussites, des contre-tendances préoccupantes sont apparues, qui résistent depuis un certain nombre dannées aux anciennes politiques daménagement.
Si on change déchelle dobservation, si on substitue le microscope à la longue vue, linégalité qui sest développée à bas bruit est redevenue une tendance forte.
Il nest quà regarder lécart de niveau de revenus ou demplois entre certains quartiers de nos villes.
Nous avons tous en tête aussi ces bassins qui cumulent les fermetures de pme/pmi, le transfert dun ou plusieurs services publics, un niveau élevé de chômage, létiolement du bâti, la déprise commerciale...
Conséquence de la pénurie et du coût du logement, conséquence aussi de laccession mal régulée de nos concitoyens à la propriété, des phénomènes nouveaux de pauvreté sont apparus, cumulés à un sentiment de fort abandon, dans certaines formes dhabitat périurbain.
Pour répondre à ces inégalités infrarégionales et à leur dispersion dans les interstices, les dispositifs de réparation allant du centre vers les périphéries sont désormais inadaptés.
Les politiques spécifiques même massives et les outils ciblés de réparation, (par exemple la politique de la ville) ont eu leurs mérites : ils ne parviennent plus cependant à stabiliser les écarts au sein des zones denses.
Les bassins traditionnels avaient surmonté plusieurs mutations successives, par redéploiement dactivités : ils paraissent cette fois ne plus pouvoir face aux chocs qui se cumulent.
Et cela dautant plus que devant tous équilibrer nos comptes, nous aurons moins de marge de transferts pour compenser les pertes demplois locaux par un surcroît de service public.
Ces nouvelles inégalités ont donc été analysées comme porteuses dun risque global pour la cohésion sociale et démocratique.
Le Président de la République, alerté avant son élection par de nombreux élus, à ainsi décidé de la création du Ministère de lEgalité des territoires, dont la responsabilité ma été confiée...
De quels constats lémergence de cette notion dégalité des territoires, est elle au fond le symptôme ?
* Dabord que le développement économique, est un aspect certes important de la mesure de la richesse dun territoire. mais ce nest pas le seul : nous avons besoin de plus dégalité en termes de développement humain, daccès à léducation, à la santé à la culture, à la nature...
* Ensuite que notre prospérité économique elle-même, dans le contexte des crises, est en retour dépendante de tous les autres facteurs de qualité de vie et en premier lieu de létat de la ressource écologique.
* Troisième constat enfin : les territoires, en plus des autres causes, accentuent parfois lempêchement des populations à entreprendre et creusent davantage les écarts entre nos concitoyens.
De quoi alors légalité des territoires, inscrite au demeurant dans notre constitution, sous la forme de légalité entre les collectivités, (article 72.2 alinéa 3) est elle au fond le nom ?
A mes yeux, elle est le nom de leffort pour rétablir « la justice territoriale » cest à dire pour que tous nos concitoyens puissent atteindre le socle de droits défini par le contrat républicain.
Elle est le nom des dispositions prises pour, quayant atteint ce socle, ils développent leur capacité et contribuent avec la même dignité à la construction de lavenir commun.
Elle est enfin le nom dune des entrées à la nouvelle économie soutenable et à la transition écologique.
Donner et recevoir. Prélever et restaurer la ressource.
LEtat réaffirme quil ny a pas de hiérarchie dans larmature des territoires.
Ces constats et ces partis pris ne sont évidemment pas sans conséquence sur ladaptation et le renouvellement des politiques publiques.
Prenons lévolution des modes de vie :
Nous avions il y a un quart de siècle des populations majoritairement sédentaires et tournées essentiellement vers le travail.
Celles daujourdhui sont caractérisées à la fois par une grande mobilité et par une place importante accordée aux activités en dehors du travail.
On change comme jamais auparavant de lieu dhabitation, de cadre familial, de lieu de loisirs, dactivités.
De même la nouvelle répartition des temps de la vie et leurs nouveaux usages qui sont au coeur de votre session -, transforment ils profondément la relation aux territoires et les attentes de nos concitoyens.
Nous devons tout à la fois acter ces évolutions et les réguler démocratiquement.
En terme dégalité des territoires, cest lobjet de laménagement numérique dune part, de la mutualisation et du développement des transports collectifs dautre part que den démocratiser laccès, den réduire fortement la dimension contrainte et les couts écologiques.
Prenons ensuite justement la transition écologique :
Elle implique des circuits plus courts chaque fois que possible, lévolution vers léconomie circulaire et de la fonctionnalité, une ingénierie nouvelle de la localisation des activités, une organisation de leur relation, une attention particulière aux espaces frontaliers.
Lopposition antérieure entre hyperspécialisation et polyvalence est ainsi largement caduque.
Chaque territoire doit disposer de deux points dappui.
Un socle de robustesse et de résilience à partir duquel il ne se délitera pas face aux chocs et à des crises de plus en plus régulières.
La spécialisation nécessaire à partir de laquelle il va transformer en forte valeur ajoutée la ressource qui lui est propre.
Ces deux points dappui, les territoires ne pourront les développer que dans leur rapport avec les autres...
Cest linterdépendance, lalliance, le contrat, la coopération qui sont les valeurs montantes de légalité des territoires en vue de la réussite de tous.
Dans dix ans, la montagne sera le château deau, la pile solaire et lilot de fraicheur des villes...
Le rural et la forêt seront, entre autres, une source formidable de lénergie et dune alimentation de qualité pour les citadins.
Les villes seront le carrefour où se donneront à voir, séchangeront et se redéployeront les richesses vers toutes les autres catégories de territoires.
Non seulement les instruments traditionnels de nos politiques en seront transformés mais également le jeu des acteurs sur les territoires.
Les métiers du développement territorial consisteront de moins en moins dans la mise en mouvement de leviers daction plus ou moins mécaniques et semblables dun point à lautre.
Mais de plus en plus dans la négociation, la prévision des impacts croisés et des trajectoires de lavenir, lévaluation des politiques par un pilotage au plus près et en temps réel, par linstallation des modèles économiques en réseaux.
Dans lajustement de trois catégories daction publique :
Celle qui portera sur les espaces.
Celle qui jouera sur le temps.
Et celle qui interviendra sur les groupes sociaux et générationnels.
Alors, à partir de là, quelle est le rôle de la ministre pour engager ces mutations ?
Dabord je dois faire en sorte que chaque acteur trouve sa place dans le compromis que va représenter la nouvelle étape de la décentralisation :
* LEtat doit transférer des compétences sans perte de patrimoine, éviter les doublons et a fortiori les concurrences, faire en sorte que lingénierie publique nait pas à souffrir du retrait de lingénierie détat.
* A tous, il appartient de veiller à la qualité des assemblages, à la définition de priorités partagées à partir de diagnostics communs.
Cest lobjet de la nouvelle phase de la contractualisation entre létat et les territoires, pour la période 2014/2020.
Cest lobjet aussi des dispositions législatives nouvelles que je proposerai en matière dorganisation des services au public sur les territoires.
Ensuite dans la cohérence de lintitulé de mon ministère, je dois agir sur le foncier et lhabitat :
La maitrise publique du foncier est faible en France.
Avec le cout de lénergie importée, la rente foncière est un obstacle majeur à notre compétitivité au moins autant que le cout du travail.
Laction sur les prix, et contre les mésusages, en faveur dune utilisation rationnelle et dune préservation des espaces rares, les politiques de parcours résidentiels justes et cohérents, sont une composante majeure de légalité entre les territoires.
Cest lobjet de la loi que je porterai au printemps à propos de lurbanisme et du logement.
Enfin, je dois agir pour que létat renforce ses propres dispositifs dintervention.
Je veux agir pour améliorer lobservation et la prospective aux regards des grands enjeux de lavenir.
Je pense indispensable de mettre en cohérence les outils des politiques de la ville et des territoires ruraux.
Je dois veiller à la pertinence et aux impacts des effets des politiques de droit commun sur les territoires.
Cest le sens du futur Commissariat général à légalité des territoires dont le premier ministre a acté la création et dont la commission présidée par Thierry Wahl nous présentera prochainement les scenarios de création.
Mesdames et messieurs,
Vous laurez compris, jai du pain sur la planche.
Je considère la tache dont je vous ai décrit les valeurs et les priorités, comme lune des plus passionnantes du gouvernement de la république.
Et je voudrais terminer par un proverbe berlinois.
Ce proverbe dit : « il ny a pas plus heureux que Dieu en France ».
Ne voyez dans cette citation aucune référence à lactualité de mes relations avec lEglise apostolique et romaine.
Voyez-y seulement ma volonté que lavenir ne démente pas cette ancienne attirance de toute lEurope pour la France.
Je suis bien certaine quau bout de votre session de lIhedate, vous aurez comme moi, envie de faire vivre davantage, chacun à lendroit ou vous vous trouvez, ce programme et cette belle espérance.
Je vous remercie.
Source http://www.territoires.gouv.fr, le 21 décembre 2012
Je suis très honorée douvrir la séance inaugurale du cycle 2013 de lIhedate.
Comme chaque année, les intervenants et les auditeurs sont divers. Leurs parcours sont très différents.
La variété des organismes qui soutiennent lInstitut est une garantie dindépendance et de qualité.
Le thème choisi pour cette année est très intéressant, jy reviendrai.
Je puis vous le dire : dans les organismes divers que je rencontre, nombreux sont les animateurs à avoir suivi cette formation et qui sen déclarent enchantés.
Soyez donc remerciés davoir demandé à y venir et félicités dy avoir été admis.
La France, vieux pays en Europe, accorde depuis longtemps, en tout cas depuis la grande Révolution, une importance particulière à la cohésion et à léquilibre de ses territoires.
On a pu faire de nombreuses lectures de cette attention :
* Daucuns lont analysée sous langle dun partage de lespace entre les classes dirigeantes du pays et lont rapportée à la place particulière de la rente foncière dans notre histoire.
* Daucuns lont interprétée sur le registre voisin de lalliance des bourgeoisies des villes et des propriétaires des campagnes.
* Dautres encore comme la modalité particulière dune originalité républicaine marquée par un haut niveau de centralisation du pouvoir et une attention particulière à légalité de ses citoyens.
* Dautres enfin, et plus simplement, comme un élément de fierté nationale, de passion française et didentité partagée : nous aimons tout à la fois luniversalité et la diversité de nos paysages et de nos terroirs.
Le fait est que les républiques successives ont apporté, un grand soin à cette question, à travers des outils finalement assez constants dans la durée :
* Les grands réseaux de communication et dinfrastructures.
* La fiscalité et les transferts sociaux.
* A certains moments, une forme de volontarisme pour relocaliser des activités productives ou des services.
Ajustées aux transformations successives des comportements, ces politiques ont jusqu'à une période assez récente atteint leurs objectifs.
Elles nont pas réduit le magistère de la capitale sur le reste du territoire, mais elles ont globalement maintenu les équilibres entre les régions.
Elles ont dans les trente dernières années produit ou accompagné des mutations géographiques majeures de loccupation de lespace...
* Paris a accru sa place de mégalopole à vocation mondiale.
* Un réseau dynamique de métropoles régionales a émergé, dont quelques unes à vocation européenne.
* Le tissu de villes moyennes a été réactivé autour dun certain modèle de qualité de vie.
* La France, qui redoutait la désertification dune partie de ses espaces, a même inversé la tendance. A coté de lagriculture intensive, jallais dire productiviste, les espaces ruraux ont transformé leur économie, varié leurs activités. Une partie des campagnes sest repeuplée
* Enfin, lévolution de la pyramide des âges et des qualifications, a renforcé lattractivité des zones ensoleillées et contribué fortement à la prospérité retrouvée de la totalité des façades littorales de lespace français.
Alors doù vient quon se soit mis à reparler très récemment dégalité des territoires ?
Le fait est quen contrepoint de ces réussites, des contre-tendances préoccupantes sont apparues, qui résistent depuis un certain nombre dannées aux anciennes politiques daménagement.
Si on change déchelle dobservation, si on substitue le microscope à la longue vue, linégalité qui sest développée à bas bruit est redevenue une tendance forte.
Il nest quà regarder lécart de niveau de revenus ou demplois entre certains quartiers de nos villes.
Nous avons tous en tête aussi ces bassins qui cumulent les fermetures de pme/pmi, le transfert dun ou plusieurs services publics, un niveau élevé de chômage, létiolement du bâti, la déprise commerciale...
Conséquence de la pénurie et du coût du logement, conséquence aussi de laccession mal régulée de nos concitoyens à la propriété, des phénomènes nouveaux de pauvreté sont apparus, cumulés à un sentiment de fort abandon, dans certaines formes dhabitat périurbain.
Pour répondre à ces inégalités infrarégionales et à leur dispersion dans les interstices, les dispositifs de réparation allant du centre vers les périphéries sont désormais inadaptés.
Les politiques spécifiques même massives et les outils ciblés de réparation, (par exemple la politique de la ville) ont eu leurs mérites : ils ne parviennent plus cependant à stabiliser les écarts au sein des zones denses.
Les bassins traditionnels avaient surmonté plusieurs mutations successives, par redéploiement dactivités : ils paraissent cette fois ne plus pouvoir face aux chocs qui se cumulent.
Et cela dautant plus que devant tous équilibrer nos comptes, nous aurons moins de marge de transferts pour compenser les pertes demplois locaux par un surcroît de service public.
Ces nouvelles inégalités ont donc été analysées comme porteuses dun risque global pour la cohésion sociale et démocratique.
Le Président de la République, alerté avant son élection par de nombreux élus, à ainsi décidé de la création du Ministère de lEgalité des territoires, dont la responsabilité ma été confiée...
De quels constats lémergence de cette notion dégalité des territoires, est elle au fond le symptôme ?
* Dabord que le développement économique, est un aspect certes important de la mesure de la richesse dun territoire. mais ce nest pas le seul : nous avons besoin de plus dégalité en termes de développement humain, daccès à léducation, à la santé à la culture, à la nature...
* Ensuite que notre prospérité économique elle-même, dans le contexte des crises, est en retour dépendante de tous les autres facteurs de qualité de vie et en premier lieu de létat de la ressource écologique.
* Troisième constat enfin : les territoires, en plus des autres causes, accentuent parfois lempêchement des populations à entreprendre et creusent davantage les écarts entre nos concitoyens.
De quoi alors légalité des territoires, inscrite au demeurant dans notre constitution, sous la forme de légalité entre les collectivités, (article 72.2 alinéa 3) est elle au fond le nom ?
A mes yeux, elle est le nom de leffort pour rétablir « la justice territoriale » cest à dire pour que tous nos concitoyens puissent atteindre le socle de droits défini par le contrat républicain.
Elle est le nom des dispositions prises pour, quayant atteint ce socle, ils développent leur capacité et contribuent avec la même dignité à la construction de lavenir commun.
Elle est enfin le nom dune des entrées à la nouvelle économie soutenable et à la transition écologique.
Donner et recevoir. Prélever et restaurer la ressource.
LEtat réaffirme quil ny a pas de hiérarchie dans larmature des territoires.
Ces constats et ces partis pris ne sont évidemment pas sans conséquence sur ladaptation et le renouvellement des politiques publiques.
Prenons lévolution des modes de vie :
Nous avions il y a un quart de siècle des populations majoritairement sédentaires et tournées essentiellement vers le travail.
Celles daujourdhui sont caractérisées à la fois par une grande mobilité et par une place importante accordée aux activités en dehors du travail.
On change comme jamais auparavant de lieu dhabitation, de cadre familial, de lieu de loisirs, dactivités.
De même la nouvelle répartition des temps de la vie et leurs nouveaux usages qui sont au coeur de votre session -, transforment ils profondément la relation aux territoires et les attentes de nos concitoyens.
Nous devons tout à la fois acter ces évolutions et les réguler démocratiquement.
En terme dégalité des territoires, cest lobjet de laménagement numérique dune part, de la mutualisation et du développement des transports collectifs dautre part que den démocratiser laccès, den réduire fortement la dimension contrainte et les couts écologiques.
Prenons ensuite justement la transition écologique :
Elle implique des circuits plus courts chaque fois que possible, lévolution vers léconomie circulaire et de la fonctionnalité, une ingénierie nouvelle de la localisation des activités, une organisation de leur relation, une attention particulière aux espaces frontaliers.
Lopposition antérieure entre hyperspécialisation et polyvalence est ainsi largement caduque.
Chaque territoire doit disposer de deux points dappui.
Un socle de robustesse et de résilience à partir duquel il ne se délitera pas face aux chocs et à des crises de plus en plus régulières.
La spécialisation nécessaire à partir de laquelle il va transformer en forte valeur ajoutée la ressource qui lui est propre.
Ces deux points dappui, les territoires ne pourront les développer que dans leur rapport avec les autres...
Cest linterdépendance, lalliance, le contrat, la coopération qui sont les valeurs montantes de légalité des territoires en vue de la réussite de tous.
Dans dix ans, la montagne sera le château deau, la pile solaire et lilot de fraicheur des villes...
Le rural et la forêt seront, entre autres, une source formidable de lénergie et dune alimentation de qualité pour les citadins.
Les villes seront le carrefour où se donneront à voir, séchangeront et se redéployeront les richesses vers toutes les autres catégories de territoires.
Non seulement les instruments traditionnels de nos politiques en seront transformés mais également le jeu des acteurs sur les territoires.
Les métiers du développement territorial consisteront de moins en moins dans la mise en mouvement de leviers daction plus ou moins mécaniques et semblables dun point à lautre.
Mais de plus en plus dans la négociation, la prévision des impacts croisés et des trajectoires de lavenir, lévaluation des politiques par un pilotage au plus près et en temps réel, par linstallation des modèles économiques en réseaux.
Dans lajustement de trois catégories daction publique :
Celle qui portera sur les espaces.
Celle qui jouera sur le temps.
Et celle qui interviendra sur les groupes sociaux et générationnels.
Alors, à partir de là, quelle est le rôle de la ministre pour engager ces mutations ?
Dabord je dois faire en sorte que chaque acteur trouve sa place dans le compromis que va représenter la nouvelle étape de la décentralisation :
* LEtat doit transférer des compétences sans perte de patrimoine, éviter les doublons et a fortiori les concurrences, faire en sorte que lingénierie publique nait pas à souffrir du retrait de lingénierie détat.
* A tous, il appartient de veiller à la qualité des assemblages, à la définition de priorités partagées à partir de diagnostics communs.
Cest lobjet de la nouvelle phase de la contractualisation entre létat et les territoires, pour la période 2014/2020.
Cest lobjet aussi des dispositions législatives nouvelles que je proposerai en matière dorganisation des services au public sur les territoires.
Ensuite dans la cohérence de lintitulé de mon ministère, je dois agir sur le foncier et lhabitat :
La maitrise publique du foncier est faible en France.
Avec le cout de lénergie importée, la rente foncière est un obstacle majeur à notre compétitivité au moins autant que le cout du travail.
Laction sur les prix, et contre les mésusages, en faveur dune utilisation rationnelle et dune préservation des espaces rares, les politiques de parcours résidentiels justes et cohérents, sont une composante majeure de légalité entre les territoires.
Cest lobjet de la loi que je porterai au printemps à propos de lurbanisme et du logement.
Enfin, je dois agir pour que létat renforce ses propres dispositifs dintervention.
Je veux agir pour améliorer lobservation et la prospective aux regards des grands enjeux de lavenir.
Je pense indispensable de mettre en cohérence les outils des politiques de la ville et des territoires ruraux.
Je dois veiller à la pertinence et aux impacts des effets des politiques de droit commun sur les territoires.
Cest le sens du futur Commissariat général à légalité des territoires dont le premier ministre a acté la création et dont la commission présidée par Thierry Wahl nous présentera prochainement les scenarios de création.
Mesdames et messieurs,
Vous laurez compris, jai du pain sur la planche.
Je considère la tache dont je vous ai décrit les valeurs et les priorités, comme lune des plus passionnantes du gouvernement de la république.
Et je voudrais terminer par un proverbe berlinois.
Ce proverbe dit : « il ny a pas plus heureux que Dieu en France ».
Ne voyez dans cette citation aucune référence à lactualité de mes relations avec lEglise apostolique et romaine.
Voyez-y seulement ma volonté que lavenir ne démente pas cette ancienne attirance de toute lEurope pour la France.
Je suis bien certaine quau bout de votre session de lIhedate, vous aurez comme moi, envie de faire vivre davantage, chacun à lendroit ou vous vous trouvez, ce programme et cette belle espérance.
Je vous remercie.
Source http://www.territoires.gouv.fr, le 21 décembre 2012