Déclaration de M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur, sur la prévention et la lutte contre la violence dans le sport, Paris le 22 février 2001.

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Circonstance : Installation de la Commission nationale de prévention et de lutte contre la violence dans le sport, Paris le 22 février 2001

Texte intégral

Madame la ministre,
Messieurs les présidents,
Mesdames et messieurs,
Il y a quelques mois, le 4 octobre 2000 très exactement, à Ivry-sur-Seine, nous avions présenté, avec vous madame la ministre, à l'occasion d'une conférence de presse, le dispositif de prévention et de lutte contre la violence dans le sport que nécessitait la multiplication des incidents sur de nombreux terrains de sport, notamment en région parisienne.
En installant aujourd'hui, dans ce ministère, la commission nationale de prévention et de lutte contre la violence dans le sport - puisque tel est son nom - nous posons, en quelque sorte, la "dernière pierre" d'un édifice destiné à permettre, à notre jeunesse, de s'exprimer et de s'épanouir dans la pratique sportive en toute sécurité et sérénité.
Avant d'en venir à la description du dispositif mis en uvre pour prévenir et lutter contre la violence dans le sport, il me paraît nécessaire de bien resituer celui-ci.
Tout d'abord, le dispositif de prévention et de lutte contre la violence dans le sport a vocation première à s'intéresser aux formes de violence qui menacent les sports amateurs, ces sports qui s'épanouissent sur des milliers de stades ou de terrains chaque jour et chaque fin de semaine.
Son objet premier n'est donc pas de lutter contre le hooliganisme qui nuit tant à l'image de certaines compétitions professionnelles. Non pas que le hooliganisme ne mérite pas toute notre attention en raison des agressions qu'il génère, de l'image déplorable qu'il donne du sport et du mauvais exemple qu'il distille, mais parce que le hooliganisme est un problème que nous traitons déjà ensemble depuis de nombreuses années avec globalement ces dernières années des résultats très probants dans le cadre d'un partenariat permanent entre l'Etat, les fédérations sportives et les collectivités locales. A cet égard, je veux saluer l'action des fédérations sportives, tout spécialement celle de la fédération française de football et de son président, Monsieur SIMONET, et celle de la ligue professionnelle de football et du président de sa commission spécialisée, Monsieur ROUSSELOT, ici présent.
Même si la vigilance commune est de mise à chaque rencontre, il faut souligner que la première partie des championnats de France de 1 ère et de 2 ème divisions et les rencontres internationales de la présente saison ont globalement été marquées par une baisse sensible de la gravité des incidents enregistrés par rapport à la saison précédente (une centaine d'incidents ayant entraîné 83 blessés contre 110 l'an passé).
C'est évidemment toujours trop, mais ce résultat est un encouragement à poursuivre et à amplifier l'action engagée ensemble pour faire reculer toutes les expressions barbares du hooliganisme.
L'objet premier de nos travaux aujourd'hui est de lutter contre une forme plus nouvelle de violence, celle qui vient perturber des activités de jeux et de sports concernant de jeunes amateurs de sport, dont les seuls maîtres mots devraient être le respect de l'autre, la fraternité et la joie de jouer ensemble.
Cette violence là, comme toute violence, est insupportable, mais elle l'est encore plus parce qu'elle touche les plus jeunes qui en sont les premières victimes. Elle n'est souvent, sous une autre forme, que l'expression des violences urbaines.
Parce que le Gouvernement lutte contre toutes les formes d'insécurité dans la vie quotidienne, parce que le gouvernement veut que le sport soit une école de vie collective et non une école de la violence, parce que le gouvernement veut favoriser en ce domaine comme dans d'autres la coproduction de sécurité qui seule permettra de faire reculer la délinquance du quotidien, nous avons voulu, Madame BUFFET et moi-même, engager une démarche partenariale novatrice, fondée sur des expériences réussies, pour faire aussi reculer ensemble cette violence-là.
Dans ce domaine comme dans d'autres, la sécurité ne peut être que l'affaire de tous : services publics de l'Etat ( services de la Jeunesse et des Sports et services de Police notamment) ; fédérations sportives dans toutes leurs composantes (du dirigeant de club au responsable de chaque équipe en passant par les arbitres et les milliers d'éducateurs et de bénévoles qui se dévouent pour l'éducation de nos jeunes) ; sportifs bien sûr et tout spécialement ceux qui ont porté haut l'image et les vertus du sport et qui doivent être des exemples pour les jeunes. Je salue chacun des partenaires que vous représentez.
Pour créer les meilleures conditions d'un partenariat efficace en vue de lutter contre cette violence insidieuse du quotidien, un dispositif complet a progressivement été mis en place ces derniers mois.
Je rappellerai, en quelques mots, comment celui-ci est bâti.
Sa base est, bien sûr, au plus près du terrain, des clubs, de leurs adhérents et éducateurs, des ligues auxquels ils sont rattachés, des mairies et de leurs services des sports et des services territoriaux de l'Etat : commissariats de Police, directions départementales de la sécurité Publique et directions départementales de la Jeunesse et des Sports. Autour d'un officier de police référent sport - et je salue ici le commandant TARDIEUX qui fut, il y a deux ans, le précurseur en Seine-Saint-Denis - tous les partenaires que je viens de citer, échangent et mettent en commun leurs informations pour détecter les rencontres ou événements sensibles, les sites à risque, de façon à mettre en uvre des dispositifs d'alerte ou de surveillance. Vingt--six départements sont, à l'heure actuelle, impliqués dans de tels dispositifs.
Il fallait, à ce niveau départemental, ajouter un échelon supplémentaire: la violence ne connaît pas les limites administratives et les activités sportives n'y sont pas cantonnées non plus. Ainsi, pour la région Ile-de-France notamment, qui présente des particularités liées aux déplacements fréquents de certaines équipes, une structure spécifique de coordination et d'analyse s'imposait. Cette coordination est assurée par le préfet de police - M. Philippe MASSONI ici présent - qui est chargé de recueillir les informations sur les rencontres interdépartementales à risque et d'en informer les préfets des départements concernés.
La commission nationale que nous installons aujourd'hui est l'instance d'analyse, de synthèse et de réflexion qui définit les orientations et les objectifs en matière de prévention et de lutte contre la violence dans le sport et établit un bilan des actions menées sur l'ensemble du territoire. Ces orientations, ces bilans, ces objectifs, vous les aborderez tout à l'heure au cours de la réunion proprement dite.
Vous voyez bien, au travers de cette présentation, que ce qui est recherché dans cette organisation, va bien au delà des grands événements sportifs pour lesquels des mesures particulières sont prises - très bien d'ailleurs et depuis fort longtemps. Il s'agit ici du sport au quotidien, pratiqué dans nos villes et nos banlieues, souvent par des jeunes, qu'il faut protéger et préserver de la violence.
Je disais à Ivry-sur-Seine que dans aucun domaine il ne pouvait y avoir de banalisation de la violence, de fatalité à la violence. Elle est plus intolérable encore dans nos stades ou nos gymnases ou sur nos terrains de sport, autant de lieux où s'expriment les vertus fondamentales du sport : le respect de la règle, le respect de l'adversaire au sens sportif du terme.
Cette violence ne peut être, comme dans beaucoup d'autres domaines que le sport, de la seule responsabilité de la police ou de la justice. Il ne s'agit pas de mettre en place, pour unique réponse et de façon systématique, des dispositifs policiers dans les stades ou aux abords de ceux-ci.
Chacun doit prendre sa part dans cette lutte.
J'indiquais à l'instant que, dans les 26 départements désignés, de nombreux partenaires participaient à la réalisation d'une politique locale de sécurité pour le sport. Cette coproduction de sécurité, elle se structure d'abord dans les contrats locaux de sécurité dont le nombre - aujourd'hui plus de 520 ont été signés - témoigne de la pertinence de la démarche.
Cette démarche - et c'est une piste de travail - doit intégrer la problématique de la violence dans le sport et, pour aider les signataires des contrats à l'intégrer, un mémento a été élaboré conjointement par la cellule interministérielle d'animation et de suivi des contrats locaux de sécurité - présidée par le préfet LEFEVRE qui est parmi nous - et la direction des Sports du ministère de la Jeunesse et des Sports.
Ce guide méthodologique, dont je remercie tout particulièrement ceux qui l'ont conçu, sera un outil précieux pour aider les partenaires de terrain dans leurs travaux.
Avant de céder la parole à madame la ministre de le Jeunesse et des Sports, je voudrais vous exprimer encore ma détermination, celle des préfets, celle des services du ministère de l'Intérieur, celle de la Police Nationale, à lutter contre toutes les formes de violences qui touchent nos concitoyens. Des mesures importantes en termes de renforcement des moyens humains, des moyens matériels ou juridiques, ont été décidées par le conseil de sécurité intérieure le 30 janvier dernier. Elles contribueront, dans le cadre de la police de proximité, à répondre aux objectifs et aux besoins qui nous réunissent aujourd'hui.
Je voudrais, enfin, vous remercier, membres titulaires de cette commission ou personnalités qualifiées invitées à y participer, pour votre engagement dans ce combat mené, au nom de l'éthique sportive, en faveur de notre jeunesse.
La prévention et la lutte contre la violence dans le sport est et doit être une composante à part entière de la lutte contre toutes les formes d'insécurité au quotidien. Parce qu'elle concerne notre jeunesse et parce qu'elle concerne le sport, elle nous crée à tous une obligation supplémentaire de mobilisation et de réussite. C'est tout l'enjeu des travaux de notre commission.
Je vous remercie.
(source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 3 septembre 2001)