Interview de M. Guillaume Garot, ministre de l'agroalimentaire, à "RMC" le 11 février 2013, sur la défense du consommateur et la recherche des responsables dans l'affaire dite de la fraude à la viande.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Savoir et comprendre le matin, nous sommes avec Guillaume GAROT, alors il ne s’agit pas d’un scandale sanitaire, on est bien d’accord. Il s’agit simplement…
GUILLAUME GAROT
Il faut le dire.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui il faut le dire, il s’agit simplement, enfin simplement, d’une tromperie sur la marchandise, parce que le consommateur a été trompé. Le consommateur qui a acheté des lasagnes, des cannellonis, qui a acheté, je ne sais pas du hachis Parmentier, de la moussaka chez FINDUS, mais pas que chez FINDUS, chez PICARD ou dans les marques de la grande distribution. Trompé, parce qu’on lui a vendu de la viande de cheval au lieu de lui vendre de la viande de boeuf. Guillaume GAROT, où sont les coupables ? Parce que j’ai l’impression depuis le début de cette affaire qu’il n’y a aucun coupable.
GUILLAUME GAROT
D’abord il faut redire que c’est scandaleux ! Ce qui s’est passé est inadmissible et nous ne l’admettons pas.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui vous ne l’admettez pas mais vous faites quoi ?
GUILLAUME GAROT
Eh bien précisément, nous avons immédiatement réagi depuis la fin de semaine dernière, nous avons déclenché une enquête pour établir la vérité, pour désigner les responsabilités.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais moi je l’ai la vérité.
GUILLAUME GAROT
Et pour, vous savez si c’est une faute ou une faute de négligence…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais attendez, attendez…je vais vous dire la viande…
GUILLAUME GAROT
Ou c’est une fraude ?

JEAN-JACQUES BOURDIN
Guillaume GAROT…
GUILLAUME GAROT
C’est la première chose à voir. Monsieur BOURDIN, négligence, fraude, quoi qu’il en soit il y aura des sanctions. Il y aura des sanctions extrêmement fermes.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a donc des coupables ?
GUILLAUME GAROT
Ne serait-ce que…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a donc des coupables ?
GUILLAUME GAROT
Passer l’envie à ceux qui voudraient recommencer de le faire. Donc des sanctions extrêmement dures.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a donc des coupables.
GUILLAUME GAROT
Nous serons intransigeants.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a donc des coupables.
GUILLAUME GAROT
Vous m’avez entendu monsieur BOURDIN, intransigeants.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui vous serez intransigeants. Il y a donc des coupables Guillaume GAROT.
GUILLAUME GAROT
Ça signifie que nous aurons les conclusions de l’enquête au milieu de la semaine.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je ne vous demande pas de les désigner mais il y a des coupables.
GUILLAUME GAROT
Il y a des gens qui sont aujourd’hui en responsabilité d’une faute, d’une négligence ou d’une fraude.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors je vais reprendre la filière…
GUILLAUME GAROT
D’une tromperie et donc ça mérite sanction, je le répète.

JEAN-JACQUES BOURDIN
La viande a été découpée en Roumanie, c’était donc de la viande de cheval au lieu d’être de la viande de boeuf.
GUILLAUME GAROT
Elle a été abattue en effet en Roumanie.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Abattue et découpée en Roumanie. Vous savez pourquoi ? Parce que le cheval est beaucoup moins cher en Roumanie actuellement que la viande de boeuf, donc première chose. Cette viande a été impactée, congelée, elle a été vendue par un trader des Pays-Bas qui l’a revendue à un trader chypriote, qui lui-même l’a vendue à SPANGHERO. SPANGHERO reçoit la viande congelée et ne vérifie pas. Et tout à l’heure le PDG de SPANGHERO me dit : ah attendez, moi j’ai un papier qui me dit que tout va bien ! C’est de la viande de boeuf.
GUILLAUME GAROT
C’est la raison pour laquelle un, il faut remonter toute la chaîne des responsabilités, toute la chaîne de la traçabilité. Deux, il faut prendre des sanctions. Mais trois, il faut renforcer les contrôles, et c’est ce que nous allons faire avec Benoit HAMON, avec Stéphane LE FOLL pour voir exactement non seulement ce qui s’est passé, mais évidemment pour empocher que ça puisse se reproduire.

JEAN-JACQUES BOURDIN
La traçabilité ça veut dire qu’on peut être trompé partout. Mais attendez moi je suis effaré quand même.
GUILLAUME GAROT
Malheureusement sur terre, aucun système n’est faillible, infaillible.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui n’est fiable quoi.
GUILLAUME GAROT
Aucun système n’est infaillible. Cela dit ça veut dire qu’il faut toujours se battre pour que le système soit meilleur, qu’il faut améliorer…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ça on est d’accord, oui ça on est tous d’accord.
GUILLAUME GAROT
Le dispositif de traçabilité.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca on est tous d’accord.
GUILLAUME GAROT
Ce qu’il faut dire, monsieur BOURDIN qu’il faut non seulement agir au plan national, nous l’avons fait immédiatement. Mais aussi au plan européen, et c’est ce que nous faisons aujourd’hui parce que ce soir nous réunissons l’ensemble des acteurs de la filière viande avec Benoit HAMON et Stéphane LE FOLL. Nous démontons le mécanisme de la traçabilité, et s’il faut prendre des mesures au plan européen nous les prendrons ça va de soi.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous savez ce que dit le président des syndicats de l’industrie alimentaire en Roumanie : il dit : moi si SPANGHERO n’a pas contesté lors de la réception constatant que c’était du cheval et pas du boeuf c’est que soit il était complice avec le producteur roumain soit il a changé l’étiquette après.
GUILLAUME GAROT
Eh bien c’est cela que l’enquête devra déterminer, précisément, la fraude.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais est-ce que vous pensez que vous connaîtrez la vérité franchement ?
GUILLAUME GAROT
Est-ce que c’est une fraude, est-ce que c’est une négligence ? Nous voulons, je veux connaître toute la vérité parce que les citoyens, les consommateurs ont le droit à la vérité. C’est la base, c’est la base de la confiance entre l’industrie de l’alimentation et les consommateurs.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais est-ce que vous savez ce qu’il y a dans cette viande ?
GUILLAUME GAROT
Moi je veux qu’on puisse retrouver complètement cette confiance.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous savez, j’écoutais un nutritionniste et il sera avec nous à 8h10 nous dire mais dans cette viande il y a peut-être des morceaux destinés à …on ne sait pas ce qu’il y a.
GUILLAUME GAROT
C’est la raison pour laquelle un il faut…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n’allez pas envoyer vos contrôleurs dans l’abattoir Roumain monsieur GAROT ?
GUILLAUME GAROT
Deux, ça n’est pas aux services vétérinaires français de contrôler ce qui se passe en Roumanie, c’est le fonctionnement de l’Europe qui est basée sur la confiance entre les pays des conventions sanitaires qui font qu’on s’assure que les exigences sanitaires soient bien respectées dans chaque pays.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Monsieur GAROT tant d’intermédiaires pour des morceaux de viande, attendez
GUILLAUME GAROT
Monsieur BOURDIN que ça n’est pas une question sanitaire.

JEAN-JACQUES BOURDIN
On n’est d’accord ?
GUILLAUME GAROT
Ça n’est pas toxique, ça n’est pas impropre à la consommation ?

JEAN-JACQUES BOURDIN
On est d’accord, mais tant d’intermédiaires pour en arriver à vendre la barquette combien 1,60 euros les 400 grammes, tant d’intermédiaires, n’est-ce pas là scandaleux ?
GUILLAUME GAROT
Eh bien là il y a un problème, effectivement sur le nombre d’intermédiaires, sur la cascade de sous-traitants bien évidemment, mais le vrai problème il est sur la traçabilité et surtout sur la tromperie qu’il y a eu.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah oui ça on est d’accord.
GUILLAUME GAROT
Il faut veiller, il faut garantir cette traçabilité et si certains ont voulu passer outre, eh bien ils seront durement sanctionnés, ils seront punis.

Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 février 2013