Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le pays est sous le choc, des policiers sont bouleversés et en colère. Deux de leurs collègues de la BAC sont donc morts hier à l'aube à Paris et un troisième est entre la vie et la mort. D'abord est-ce que vous savez comment il va ce matin ?
MANUEL VALLS
Son pronostic vital est toujours engagé et les médecins font évidemment tout pour le sauver.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et il pourra être sauvé ?
MANUEL VALLS
Je n'en sais rien, et je crois qu'il faut laisser les médecins tout faire pour précisément le sauver, et je pense évidemment à sa famille qui l'entoure comme je pense évidemment aux compagnes et aux enfants très jeunes de Cyril GENEST et Boris VOELCKEL qui ont trouvé hier la mort à cause de ces chauffards, de ces assassins.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors justement le chauffard qui conduisait un 4X4 à 150 km à l'heure, en état d'ébriété, sans permis, a déjà été condamné huit fois pour délit de violence routière. Un récidiviste, un multirécidiviste. Comment est-ce possible ?
MANUEL VALLS
Ca pose bien le problème du profil de ce type de délinquants et de la nécessité d'une réflexion solide et sérieuse et qui n'obéisse pas évidemment à l'émotion, même si aujourd'hui elle est grande et qu'elle nous envahi et que la colère aussi évidemment nous envahi. Mais sur
JEAN-PIERRE ELKABBACH
De la réflexion ou de l'action ?
MANUEL VALLS
De la réflexion et de l'action sur ces parcours de délinquants. Parce qu'on voit bien que toutes les mesures qui ont été prises au cours de ces dernières années, et c'est difficile et je ne jette la pierre à personne, toutes ces décisions qui ont été prises n'empêchent pas des jeunes souvent, des individus très jeunes, avec un parcours déjà délinquant, réitérant, récidiviste, qui ne respectent aucune règle, qui ne respectent pas la loi de la République, qui ne savent pas ce qu'est la mort, la vie, qui se comportent comme de véritables voyous
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et qui se permettent d'attaquer directement les policiers, et de les provoquer
MANUEL VALLS
Et qui les provoquent en permanence. C'est-à-dire c'est ce même public auquel les policiers sont confrontés toute la journée. Il faut bien comprendre ce qu'est le métier de policiers aujourd'hui. La mission extrêmement difficile. Ils sont nargués par des individus qui trafiquent la drogue, qui ne sont pas scolarisés, qui ne respectent pas les règles, qui les insultent, qui les caillassent c'est trop !!
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors pour le ministre de l'Intérieur, c'est le constat. Maintenant comment vous remédiez à ce climat ?
MANUEL VALLS
Mais en un mot je ne peux pas apporter une réponse tant le mal est profond. Quand vous avez des quartiers entiers qui sont sous la coupe réglée de trafic de drogue ; quand l'autorité parentale n'existe plus ; quand la cellule familiale a implosé ; quand des jeunes ne respectent plus les règles ; quand l'argent facile règne partout, cela veut bien dire qu'il y a un problème plus lourd auquel il faut s'attaquer. C'est tout l'engagement qui est le mien, c'est tout l'engagement évidemment du gouvernement et du président de la République.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est vous qui dénoncez une crise de l'autorité, mais l'autorité c'est le gouvernement c'est-à-dire que c'est vous. Est-ce que c'est un mea-culpa, est-ce que c'est une autocritique qui remonte à loin
MANUEL VALLS
Je dénonce une crise de l'autorité qui remonte évidemment à très loin, il ne faut pas confondre d'ailleurs l'autoritarisme avec l'autorité. Ça veut dire que la règle, la loi Vous savez quand on s'attaque à des policiers, à des gendarmes, à des enseignants, à des sapeurs-pompiers, à des agents des services publics, qu'on ne respecte ni la fonction, ni l'uniforme, cela veut bien dire qu'il y a quelque chose qui ne va pas bien dans la société.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça vous le définissez très bien. Mais comment vous rétablirez l'autorité ?
MANUEL VALLS
Ça veut dire que la sanction elle doit venir dès le premier délit. C'est-à-dire qu'il faut mieux punir. Et le plus vite possible. Comment cela se fait-il que des jeunes de 22 ou 23 ans volent des voitures ou les louent à des sociétés sans doute peu scrupuleuses, conduisent à 160 km sur le périphérique, après avoir consommé de l'alcool et de la drogue. Donc ça veut bien dire qu'il faut une sanction dès le premier délit et vite, parce que quand il y a un rappel à la loi, six mois, neuf mois après à des jeunes, vis-à-vis de jeunes qui ont commis des actes qui dans un premier temps on peut les considérer comme peu graves, mais qui sont en fait déjà très graves parce qu'ils transgressent la loi, ça veut dire que la sanction elle doit arriver vite et elle doit être exemplaire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A qui vous vous adressez là ? Aux magistrats, à la justice qui doit je sais très bien que vous allez dire que vous voulez très bien vous entendre avec Christiane TAUBIRA, vous vous entendez très bien
MANUEL VALLS
C'est le cas en plus
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avec les magistrats, etc », vous demandez des sanctions plus vite, exemplaires, et qui soient exemplaires.
MANUEL VALLS
Non je réponds à votre remarque d'abord Jean-Pierre ELKABBACH, je crois très important que policiers, gendarmes, d'une part, et magistrats d'autre part, travaillent ensemble. C'est très important et moi je ne veux pas critiquer la justice, tout simplement parce que la justice et la police font partie de ces talents. Il est hors de question de mettre en cause cet Etat de droit. Mais il est vrai en même temps qu'il doit y avoir une sanction et qu'on ne peut pas dépénaliser par exemple les délits routiers, évidemment.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On ne les dépénalisera pas.
MANUEL VALLS
Il y a un débat qui s'ouvre notamment sur la population carcérale
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais votre position, c'est non.
MANUEL VALLS
Il y a un débat qui s'ouvre sur la surpopulation carcérale, et puis surtout sur le fait que les juges sont concernés pour moitié par ces délits routiers. Mais il ne peut y avoir aucune faiblesse. Ca n'est pas uniquement du fait du gouvernement, ou de l'Etat, ou des magistrats, il ne peut y avoir aucune faiblesse et c'est toute la société française qui doit retrouver le sens de l'autorité. L'autorité c'est une valeur de gauche, c'est surtout et avant tout Jean-Pierre ELKABBACH, une valeur profondément républicaine que nous devons incarner tous là où nous sommes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le chauffard n'avait pas de permis. La justice doit-elle sanctionner les sociétés qui louent ainsi des voitures de luxe à des jeunes sans permis.
MANUEL VALLS
Mais bien évidemment.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous veillerez à cela.
MANUEL VALLS
La question ne se pose même pas. Cette société était suivie par le GIR, c'est-à-dire par ce groupement qui suit des sociétés qui ont sans doute des choses à se reprocher, mais moi je ne vais pas faire la justice à la place des magistrats. Il y a une enquête qui vient d'être ouverte, mais ça veut bien dire qu'il faut des sanctions à l'égard de tous ceux qui encouragent ces pratiques.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
L'alcool qui depuis sept ans est la première cause de mortalité au volant, souhaitez-vous une interdiction totale de l'alcool pour les 18-24 ans qui conduisent.
MANUEL VALLS
Le Conseil national de la sécurité routière y réfléchit, et moi je suis favorable à toutes mesures concrètes, utiles, crédibles et celle-ci peut en faire partie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Manuel VALLS, les délinquants foncent donc, comme on l'a vu tous, dans des bolides de luxe, les policiers qui sont chargés de les pourchasser roulent avec de vieilles voitures - c'est eux qui le disent - certaines voitures vont être transformées, renouvelées, mais il parait qu'on leur achète des modèles qui sont encore plus petits, moins rapides. Est-ce que vous allez doter la police de tous les moyens dont elle a besoin, malgré la phase de rigueur dans laquelle on est engagé ?
MANUEL VALLS
J'ai trouvé une situation de la police très dégradée, c'est la raison pour laquelle d'abord nous avons stoppé cette hémorragie qui consistait à supprimer les postes. Je me permets de vous rappeler que 3200 postes de policiers et de gendarmes auraient dû être supprimés en 2013. On ne peut pas agir contre la délinquance en supprimant des postes de policiers et de gendarmes. Nous allons remplacer tous ces policiers et tous ces gendarmes qui partent à la retraite
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et leur matériel ?
MANUEL VALLS
Par ailleurs nous allons créer en plus tous les ans au cours du quinquennat 500 postes de policiers, de gendarmes. La sécurité, la lutte contre la violence, contre les violences aux personnes et contre les policiers ou les gendarmes, est une priorité. Et par ailleurs nous engageons 30 millions d'euros, c'était prévu dans le budget, c'est confirmé, pour le renouvellement du parc automobile de la police.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais avec des voitures efficaces.
MANUEL VALLS
Avec des voitures efficaces, avec suffisamment de patrouilles, avec un lien évidemment radio entre ces policiers, mais en même temps nous faisons face, et les policiers d'abord font face, ils sont courageux, ils accomplissent un métier difficile, à des voyous très déterminés, qui n'ont pas peur. Qui n'ont pas peur du policier ou du gendarme.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ils ont la certitude d'avoir le ministre de l'Intérieur à leur côté. Il y a une semaine vous disiez dans le PARISIEN « il y aurait en France plusieurs dizaines de Merah potentiels ». Plusieurs dizaines. C'est-à-dire que vous savez où ils sont et vous savez qui ils sont ?
MANUEL VALLS
Nous connaissons beaucoup de ces individus qui sont allés combattre en Afghanistan, en Syrie, qui souhaiteraient aller au Sahel et nos services de police ou de renseignement non seulement sont là pour les surveiller mais démantèlent et arrêtent ces individus.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais justement si vous savez qu'ils sont plusieurs dizaines pourquoi vous ne les arrêtez pas, pourquoi vous ne les neutralisez pas avant qu'ils passent à l'acte ?
MANUEL VALLS
Beaucoup d'entre eux sont surveillés, neutralisés, et sur ces questions-là il faut être discret, mais moi je peux vous dire que nous agissons et nous agissons avec beaucoup de volontarisme, parce qu'il y a là un ennemi intérieur, des cellules, des réseaux, des individus qui veulent passer à l'acte et donc il faut les neutraliser.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Cet ennemi intérieur est-il infiltré, vous êtes bien renseigné sur ce qui se passe chez l'ennemi intérieur ?
MANUEL VALLS
Bien évidemment. Nous savons ce qui se passe, et nous avons que c'est ce mélange de délinquance, de trafic de drogue, d'antisémitisme, de haine de nos valeurs de l'occident, de la France, de la République, et donc là aussi il faut une action très déterminée. Je soutiens les policiers, je combats le terrorisme, pas parce que je suis seulement ministre de l'Intérieur, c'est évidemment ma première mission de protéger les Français, mais parce qu'il en va même des valeurs de la République.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le 6 mars FRANCE 3 va diffuser un documentaire sur Mohamed MERAH avec des interviews de sa mère et de sa soeur, les avocats de la famille SANDER sont choqués, demandent à FRANCE 3 de renoncer à diffuser, ce que FRANCE 3 ne veut pas faire. Que pense le ministre de l'Intérieur ?
MANUEL VALLS
Quelques jours avant l'anniversaire des tueries de Toulouse et de Montauban, je comprends la colère, la tristesse, l'angoisse des familles, en même temps le ministre que je suis ne va pas dicter aux télévisons ce qu'elles doivent faire, sinon que la décence, le discernement, le respect des familles doivent aussi faire partie je crois d'une forme de déontologie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avez des nouvelles de sept otages ce matin ?
MANUEL VALLS
Je n'ai aucune nouvelle, et sur ce point-là il faut être discret. Nous faisons tout pour sauver nos otages et en lien évidemment avec les autorités du Cameroun et du Nigeria.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous confirmez qu'ils sont séparés en deux groupes.
MANUEL VALLS
Je ne confirme rien, le président de la République l'a dit hier.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 février 2013
Le pays est sous le choc, des policiers sont bouleversés et en colère. Deux de leurs collègues de la BAC sont donc morts hier à l'aube à Paris et un troisième est entre la vie et la mort. D'abord est-ce que vous savez comment il va ce matin ?
MANUEL VALLS
Son pronostic vital est toujours engagé et les médecins font évidemment tout pour le sauver.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et il pourra être sauvé ?
MANUEL VALLS
Je n'en sais rien, et je crois qu'il faut laisser les médecins tout faire pour précisément le sauver, et je pense évidemment à sa famille qui l'entoure comme je pense évidemment aux compagnes et aux enfants très jeunes de Cyril GENEST et Boris VOELCKEL qui ont trouvé hier la mort à cause de ces chauffards, de ces assassins.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors justement le chauffard qui conduisait un 4X4 à 150 km à l'heure, en état d'ébriété, sans permis, a déjà été condamné huit fois pour délit de violence routière. Un récidiviste, un multirécidiviste. Comment est-ce possible ?
MANUEL VALLS
Ca pose bien le problème du profil de ce type de délinquants et de la nécessité d'une réflexion solide et sérieuse et qui n'obéisse pas évidemment à l'émotion, même si aujourd'hui elle est grande et qu'elle nous envahi et que la colère aussi évidemment nous envahi. Mais sur
JEAN-PIERRE ELKABBACH
De la réflexion ou de l'action ?
MANUEL VALLS
De la réflexion et de l'action sur ces parcours de délinquants. Parce qu'on voit bien que toutes les mesures qui ont été prises au cours de ces dernières années, et c'est difficile et je ne jette la pierre à personne, toutes ces décisions qui ont été prises n'empêchent pas des jeunes souvent, des individus très jeunes, avec un parcours déjà délinquant, réitérant, récidiviste, qui ne respectent aucune règle, qui ne respectent pas la loi de la République, qui ne savent pas ce qu'est la mort, la vie, qui se comportent comme de véritables voyous
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et qui se permettent d'attaquer directement les policiers, et de les provoquer
MANUEL VALLS
Et qui les provoquent en permanence. C'est-à-dire c'est ce même public auquel les policiers sont confrontés toute la journée. Il faut bien comprendre ce qu'est le métier de policiers aujourd'hui. La mission extrêmement difficile. Ils sont nargués par des individus qui trafiquent la drogue, qui ne sont pas scolarisés, qui ne respectent pas les règles, qui les insultent, qui les caillassent c'est trop !!
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors pour le ministre de l'Intérieur, c'est le constat. Maintenant comment vous remédiez à ce climat ?
MANUEL VALLS
Mais en un mot je ne peux pas apporter une réponse tant le mal est profond. Quand vous avez des quartiers entiers qui sont sous la coupe réglée de trafic de drogue ; quand l'autorité parentale n'existe plus ; quand la cellule familiale a implosé ; quand des jeunes ne respectent plus les règles ; quand l'argent facile règne partout, cela veut bien dire qu'il y a un problème plus lourd auquel il faut s'attaquer. C'est tout l'engagement qui est le mien, c'est tout l'engagement évidemment du gouvernement et du président de la République.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est vous qui dénoncez une crise de l'autorité, mais l'autorité c'est le gouvernement c'est-à-dire que c'est vous. Est-ce que c'est un mea-culpa, est-ce que c'est une autocritique qui remonte à loin
MANUEL VALLS
Je dénonce une crise de l'autorité qui remonte évidemment à très loin, il ne faut pas confondre d'ailleurs l'autoritarisme avec l'autorité. Ça veut dire que la règle, la loi Vous savez quand on s'attaque à des policiers, à des gendarmes, à des enseignants, à des sapeurs-pompiers, à des agents des services publics, qu'on ne respecte ni la fonction, ni l'uniforme, cela veut bien dire qu'il y a quelque chose qui ne va pas bien dans la société.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça vous le définissez très bien. Mais comment vous rétablirez l'autorité ?
MANUEL VALLS
Ça veut dire que la sanction elle doit venir dès le premier délit. C'est-à-dire qu'il faut mieux punir. Et le plus vite possible. Comment cela se fait-il que des jeunes de 22 ou 23 ans volent des voitures ou les louent à des sociétés sans doute peu scrupuleuses, conduisent à 160 km sur le périphérique, après avoir consommé de l'alcool et de la drogue. Donc ça veut bien dire qu'il faut une sanction dès le premier délit et vite, parce que quand il y a un rappel à la loi, six mois, neuf mois après à des jeunes, vis-à-vis de jeunes qui ont commis des actes qui dans un premier temps on peut les considérer comme peu graves, mais qui sont en fait déjà très graves parce qu'ils transgressent la loi, ça veut dire que la sanction elle doit arriver vite et elle doit être exemplaire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A qui vous vous adressez là ? Aux magistrats, à la justice qui doit je sais très bien que vous allez dire que vous voulez très bien vous entendre avec Christiane TAUBIRA, vous vous entendez très bien
MANUEL VALLS
C'est le cas en plus
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avec les magistrats, etc », vous demandez des sanctions plus vite, exemplaires, et qui soient exemplaires.
MANUEL VALLS
Non je réponds à votre remarque d'abord Jean-Pierre ELKABBACH, je crois très important que policiers, gendarmes, d'une part, et magistrats d'autre part, travaillent ensemble. C'est très important et moi je ne veux pas critiquer la justice, tout simplement parce que la justice et la police font partie de ces talents. Il est hors de question de mettre en cause cet Etat de droit. Mais il est vrai en même temps qu'il doit y avoir une sanction et qu'on ne peut pas dépénaliser par exemple les délits routiers, évidemment.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On ne les dépénalisera pas.
MANUEL VALLS
Il y a un débat qui s'ouvre notamment sur la population carcérale
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais votre position, c'est non.
MANUEL VALLS
Il y a un débat qui s'ouvre sur la surpopulation carcérale, et puis surtout sur le fait que les juges sont concernés pour moitié par ces délits routiers. Mais il ne peut y avoir aucune faiblesse. Ca n'est pas uniquement du fait du gouvernement, ou de l'Etat, ou des magistrats, il ne peut y avoir aucune faiblesse et c'est toute la société française qui doit retrouver le sens de l'autorité. L'autorité c'est une valeur de gauche, c'est surtout et avant tout Jean-Pierre ELKABBACH, une valeur profondément républicaine que nous devons incarner tous là où nous sommes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le chauffard n'avait pas de permis. La justice doit-elle sanctionner les sociétés qui louent ainsi des voitures de luxe à des jeunes sans permis.
MANUEL VALLS
Mais bien évidemment.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous veillerez à cela.
MANUEL VALLS
La question ne se pose même pas. Cette société était suivie par le GIR, c'est-à-dire par ce groupement qui suit des sociétés qui ont sans doute des choses à se reprocher, mais moi je ne vais pas faire la justice à la place des magistrats. Il y a une enquête qui vient d'être ouverte, mais ça veut bien dire qu'il faut des sanctions à l'égard de tous ceux qui encouragent ces pratiques.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
L'alcool qui depuis sept ans est la première cause de mortalité au volant, souhaitez-vous une interdiction totale de l'alcool pour les 18-24 ans qui conduisent.
MANUEL VALLS
Le Conseil national de la sécurité routière y réfléchit, et moi je suis favorable à toutes mesures concrètes, utiles, crédibles et celle-ci peut en faire partie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Manuel VALLS, les délinquants foncent donc, comme on l'a vu tous, dans des bolides de luxe, les policiers qui sont chargés de les pourchasser roulent avec de vieilles voitures - c'est eux qui le disent - certaines voitures vont être transformées, renouvelées, mais il parait qu'on leur achète des modèles qui sont encore plus petits, moins rapides. Est-ce que vous allez doter la police de tous les moyens dont elle a besoin, malgré la phase de rigueur dans laquelle on est engagé ?
MANUEL VALLS
J'ai trouvé une situation de la police très dégradée, c'est la raison pour laquelle d'abord nous avons stoppé cette hémorragie qui consistait à supprimer les postes. Je me permets de vous rappeler que 3200 postes de policiers et de gendarmes auraient dû être supprimés en 2013. On ne peut pas agir contre la délinquance en supprimant des postes de policiers et de gendarmes. Nous allons remplacer tous ces policiers et tous ces gendarmes qui partent à la retraite
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et leur matériel ?
MANUEL VALLS
Par ailleurs nous allons créer en plus tous les ans au cours du quinquennat 500 postes de policiers, de gendarmes. La sécurité, la lutte contre la violence, contre les violences aux personnes et contre les policiers ou les gendarmes, est une priorité. Et par ailleurs nous engageons 30 millions d'euros, c'était prévu dans le budget, c'est confirmé, pour le renouvellement du parc automobile de la police.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais avec des voitures efficaces.
MANUEL VALLS
Avec des voitures efficaces, avec suffisamment de patrouilles, avec un lien évidemment radio entre ces policiers, mais en même temps nous faisons face, et les policiers d'abord font face, ils sont courageux, ils accomplissent un métier difficile, à des voyous très déterminés, qui n'ont pas peur. Qui n'ont pas peur du policier ou du gendarme.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ils ont la certitude d'avoir le ministre de l'Intérieur à leur côté. Il y a une semaine vous disiez dans le PARISIEN « il y aurait en France plusieurs dizaines de Merah potentiels ». Plusieurs dizaines. C'est-à-dire que vous savez où ils sont et vous savez qui ils sont ?
MANUEL VALLS
Nous connaissons beaucoup de ces individus qui sont allés combattre en Afghanistan, en Syrie, qui souhaiteraient aller au Sahel et nos services de police ou de renseignement non seulement sont là pour les surveiller mais démantèlent et arrêtent ces individus.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais justement si vous savez qu'ils sont plusieurs dizaines pourquoi vous ne les arrêtez pas, pourquoi vous ne les neutralisez pas avant qu'ils passent à l'acte ?
MANUEL VALLS
Beaucoup d'entre eux sont surveillés, neutralisés, et sur ces questions-là il faut être discret, mais moi je peux vous dire que nous agissons et nous agissons avec beaucoup de volontarisme, parce qu'il y a là un ennemi intérieur, des cellules, des réseaux, des individus qui veulent passer à l'acte et donc il faut les neutraliser.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Cet ennemi intérieur est-il infiltré, vous êtes bien renseigné sur ce qui se passe chez l'ennemi intérieur ?
MANUEL VALLS
Bien évidemment. Nous savons ce qui se passe, et nous avons que c'est ce mélange de délinquance, de trafic de drogue, d'antisémitisme, de haine de nos valeurs de l'occident, de la France, de la République, et donc là aussi il faut une action très déterminée. Je soutiens les policiers, je combats le terrorisme, pas parce que je suis seulement ministre de l'Intérieur, c'est évidemment ma première mission de protéger les Français, mais parce qu'il en va même des valeurs de la République.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le 6 mars FRANCE 3 va diffuser un documentaire sur Mohamed MERAH avec des interviews de sa mère et de sa soeur, les avocats de la famille SANDER sont choqués, demandent à FRANCE 3 de renoncer à diffuser, ce que FRANCE 3 ne veut pas faire. Que pense le ministre de l'Intérieur ?
MANUEL VALLS
Quelques jours avant l'anniversaire des tueries de Toulouse et de Montauban, je comprends la colère, la tristesse, l'angoisse des familles, en même temps le ministre que je suis ne va pas dicter aux télévisons ce qu'elles doivent faire, sinon que la décence, le discernement, le respect des familles doivent aussi faire partie je crois d'une forme de déontologie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avez des nouvelles de sept otages ce matin ?
MANUEL VALLS
Je n'ai aucune nouvelle, et sur ce point-là il faut être discret. Nous faisons tout pour sauver nos otages et en lien évidemment avec les autorités du Cameroun et du Nigeria.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous confirmez qu'ils sont séparés en deux groupes.
MANUEL VALLS
Je ne confirme rien, le président de la République l'a dit hier.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 février 2013