Interview de M. Manuel Valls, ministre de l'intérieur, à RTL le 14 mars 2013, sur la gestion par le Gouvernement de l'épisode neigeux, les règlements de compte à Marseille et la politique d'une "gauche moderne".

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

JEAN-MICHEL APHATIE
Qu'elle est la réaction du gouvernement à l'élection du Pape François ?
MANUEL VALLS
Comme l'a fait le président de la République, il faut féliciter ce nouveau Pape et lui adresser nos meilleurs voeux pour l'accomplissement de son ministère.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ca intéresse la République l'élection d'un nouveau Pape ?
MANUEL VALLS
Oui bien sûr et nous maintenons évidemment une relation de dialogue régulière, intense avec l'église catholique comme avec l'ensemble des cultes. Et puis c'est le chef spirituel des catholiques, il faut évidemment le souligner. Et puis vous savez nous sommes dans ce monde global et le fait que l'église ait fait ce choix montre aussi sans doute son évolution. Un Pape pour la première fois américain et de cette Argentine avec qui nous avons-nous aussi tellement de liens.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et puis les personnalités, la question de la personnalité est toujours importante, il prend le métro, il est modeste, un Pape normal.
MANUEL VALLS
Que voulez-vous dire par là Jean-Michel APHATIE ?
JEAN-MICHEL APHATIE
Rien, un Pape normal.
MANUEL VALLS
Faites-vous des références avec un autre personnage important ? Non, mais je me contenterais évidemment des commentaires que je viens de faire.
JEAN-MICHEL APHATIE
Une autre actualité Manuel VALLS, nous sortons de l'épisode neigeux qui a profondément perturbé le Nord de la France depuis mardi, et on constate ce matin encore toujours beaucoup de problèmes sur l'autoroute A1 jusqu'à Caen.
MANUEL VALLS
Restons d'abord extrêmement prudents sur la fin de cet événement exceptionnel qui a été particulièrement intense, il y a en plus des risques encore de neige, de verglas pour les jours qui viennent, 19 départements sont toujours en vigilance orange et il y a toujours une situation compliquée, je veux le rappeler dans la Manche et dans le Calvados où il y a encore plusieurs milliers de foyers qui sont privés d'électricité. D'ailleurs je n'oublie pas non plus nos compatriotes du Sud Ouest qui ont également connu un épisode neigeux particulièrement difficile dans les Pyrénées Atlantiques et puis il y a en effet cette situation…
JEAN-MICHEL APHATIE
Autoroute A1, ça ne va pas du tout.
MANUEL VALLS
… compliquée, difficile sur…
JEAN-MICHEL APHATIE
Et qui dure, on se demande pourquoi ça dure autant de temps.
MANUEL VALLS
Parce qu'il y a tout simplement de 1 000 à 2 000 poids lourds qui étaient bloqués, stockés volontairement pour éviter le blocage de Paris et de la région Ile de France. Je veux d'ailleurs rendre hommage évidemment aux gendarmes, aux policiers, aux sapeurs-pompiers, aux agents de la sécurité civile qui travaillent durement et dans ces conditions météorologiques sur l'A1. Je veux rendre aussi hommage à l'immense majorité des chauffeurs de poids lourds qui font oeuvre de beaucoup de patience, je pense que la situation va se débloquer dans la journée, mais je reste prudent parce qu'il y a évidemment beaucoup de véhicules lourds et puis il y a aussi, je crois, une centaine de voitures sans chauffeur qui ont été abandonnées sur l'autoroute, donc il faut prendre un peu de temps pour dégager. J'en appelle encore à la prudence et à la vigilance et si possible éviter d'emprunter notamment sur ce secteur la voiture.
JEAN-MICHEL APHATIE
L'épisode neigeux était exceptionnel, il permet de vérifier que les pouvoirs publics, les services publics marchent, ne marchent pas bien, quelles leçons tirez-vous de cet épisode ?
MANUEL VALLS
Je ne veux pas me hâter dans ces leçons, mais il faudra le faire, face à des intempéries très difficiles, je pense notamment à l'Ouest et au Nord de la France, moi je considère que les services publics sous l'autorité des préfets ont très bien réagi, qu'il y a un engagement tout à fait exceptionnel. Je pense aussi aux agents des collectivités territoriales, à la solidarité de nos compatriotes. Et puis tirons un enseignement notamment pour la région Ile de France, c'est l'extrême fragilité de notre système ferroviaire qui mérite d'être modernisé. Vous savez que je suis un élu de l'Essonne.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il faut beaucoup d'argent pour ça.
MANUEL VALLS
Beaucoup d'argent, mais je suis un élu de l'Essonne, je connais notamment la galère des usagers sur les lignes du RER et notamment la ligne D, et quand il y a des problèmes météorologiques, eh bien cette galère évidemment s'accentue et là il y a un vrai problème, il y a une nécessité. Le Premier ministre l'a annoncé la semaine dernière dans le cadre du Grand Paris, d'une modernisation profonde et ça nécessite en effet beaucoup d'argent.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous allez augmenter les PV pour financer la rénovation du réseau ferroviaire en Ile de France ?
MANUEL VALLS
Oui, il y a beaucoup de pistes qui sont…
JEAN-MICHEL APHATIE
Celle-là évoquée par le Premier ministre.
MANUEL VALLS
Il y a beaucoup de pistes qui sont à l'étude…
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc elle est sérieuse.
MANUEL VALLS
Moi j'invite uniquement à la prudence vis-à-vis notamment de ceux qui aujourd'hui sont encore obligés d'emprunter la voiture. On n'empruntera plus la voiture en Ile de France quand nous aurons sur l'ensemble de la région et notamment la grande couronne, un système ferroviaire particulièrement performant.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et je reviens à ma question sur l'augmentation des PV ?
MANUEL VALLS
Je crois qu'il y a plusieurs sujets à l'étude, celui-ci sans doute parmi d'autres, mais je reste prudent sur ce sujet-là.
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est ça, on sent bien qu'il ne vous motive pas beaucoup celui-là.
MANUEL VALLS
Vous avez bien compris.
JEAN-MICHEL APHATIE
Actualité dramatique hier à Marseille, nouveau règlement de compte, deux hommes tués en plein jour dans une cité de la ville, un blessé grave, troisième règlement de compte en 15 jours. On se souvient de vous Manuel VALLS à l'automne, il y aura des renforts, la situation changerait à Marseille disiez-vous, elle ne change pas.
MANUEL VALLS
Non, j'ai toujours dit que cela mettrait du temps, Marseille est malade de cette violence avec des quartiers, les quartiers Nord ou les quartiers Sud de la ville qui ont été abandonnés pendant des années. Il y a un plan global avec beaucoup de moyens qui ont été engagés de policiers et de gendarmes, plus de 200 policiers et gendarmes qui sont engagés, nouvelle stratégie d'occupation du terrain, avec des résultats, Jean-Michel APHATIE, notamment des filières qui tombent, des trafics d'armes et de drogue qui sont démantelés.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et des règlements de compte qui continuent…
MANUEL VALLS
Une présence sur la voie publique, mais nous attaquons ce trafic de drogue qui gangrène ces quartiers et pas seulement à Marseille, tenus par des très jeunes voyous qui se disputent à coups de kalachnikov ces territoires, donc ça veut bien dire que nous faisons face à un problème, le gouvernement depuis le début a pris la mesure de ce dossier. Je comprends l'inquiétude des Marseillais, je suis heureux qu'enfin la ville de Marseille se soit engagée dans un véritable partenariat avec l'Etat en déployant de véritables polices municipales, en déployant enfin aussi la vidéo-protection, pas uniquement pour le centre-ville qui en a besoin, mais aussi pour les quartiers Nord et Sud de Marseille, mais ça mettra du temps.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous avez le sentiment d'avoir des résultats ?
MANUEL VALLS
Nous avons déjà beaucoup de résultats mais il faut aussi des enquêtes approfondies pour démanteler ce trafic de drogue…
JEAN-MICHEL APHATIE
Il y a assez d'effectifs ?
MANUEL VALLS
… qui gangrène la société. Il y a assez d'effectifs puisqu'il y a ces 220, 230 policiers et gendarmes supplémentaires, mais aussi dans le domaine du renseignement, mais aussi dans le domaine de la police judiciaire. Mais j'ai décidé pour les prochaines semaines et dès les prochaines heures d'envoyer sur Marseille pour occuper le terrain, pour mener les opérations antidrogue dans les cités, d'envoyer sur Marseille deux compagnies républicaines de sécurité et deux escadrons de gendarmerie, c'est tout à fait exceptionnel, nous avons besoin à la fois de rassurer les Marseillais, de montrer la présence de l'Etat et d'obtenir des résultats, ces deux CRS et ces deux escadrons de gendarmerie arriveront dans les prochaines heures qui viennent sur Marseille.
JEAN-MICHEL APHATIE
François HOLLANDE intervient la semaine prochaine ou la suivante à la télévision, ça ne va pas, la confiance est perdue ?
MANUEL VALLS
C'est difficile, il y a la crise économique, le social, un chômage qui augmente, de l'inquiétude, évidemment par rapport à l'avenir de la part de nos compatriotes…
JEAN-MICHEL APHATIE
Il faut expliquer parce que ce n'est pas assez clair, on ne sait pas ce que vous voulez faire.
MANUEL VALLS
Il faut expliquer et assumer surtout les choix que le président de la République a décidé depuis son élection, la réduction des déficits publics bien évidemment c'est nécessaire pour notre souveraineté, mais ça ne suffit pas, assumer le pacte de compétitivité…
JEAN-MICHEL APHATIE
Assumer la ligne sociale-démocrate, on peut le dire comme ça ?
MANUEL VALLS
Assumer cette ligne de gauche moderne…
JEAN-MICHEL APHATIE
Sociale-démocrate…
MANUEL VALLS
Réaliste qui vise…
JEAN-MICHEL APHATIE
Sociale-démocrate…
MANUEL VALLS
Sociale-démocrate, de gauche, peu importe le mot…
JEAN-MICHEL APHATIE
Les mots comptent.
MANUEL VALLS
Les mots comptent mais celle qui redresse le pays, assumer, l'expliquer et dire que le pacte de compétitivité qui soutient les entreprises comme le dialogue social qui enfin s'impose dans ce pays au service évidemment de la lutte contre le chômage et pour la jeunesse sont des priorités, la gauche doit totalement assumer ses choix qui sont courageux, durables. Il ne s'agit pas d'une parenthèse, il s'agit d'un changement profond que nous devons assumer. Je ne doute pas que le président de la République poursuivre cette explication.
JEAN-MICHEL APHATIE
Manuel VALLS, ministre normal était l''invité de RTL ce matin, bonne journée.
LAURENT BAZIN
Je ne sais pas s'il se définirait comme un ministre normal.
JEAN-MICHEL APHATIE
Non, c'est moi qui l'ai fait.
MANUEL VALLS
Non c'est un mot, je ne suis pas sûr que dans ces fonctions, en tout cas la situation, elle est toujours exceptionnelle, mais elle est passionnante et servir les Français, c'est exceptionnel.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 mars 2013