Texte intégral
CHRISTOPHE BARBIER
Alain VIDALIES, bonjour !
ALAIN VIDALIES
Bonjour.
CHRISTOPHE BARBIER
Le gouvernement a récusé hier la proposition de loi d'amnistie sociale qui est passée en Commission à l'Assemblée nationale. Est-ce que c'est une déclaration de guerre au Front de gauche ?
ALAIN VIDALIES
Non, ce n'est pas une déclaration de guerre au Front de gauche. Le gouvernement s'en était remis à la sagesse du Sénat lorsque ce texte avait été examiné, quelle est la situation, il faut être clair, on est aujourd'hui dans une société qui n'est pas apaisée, une mesure d'amnistie, c'est une mesure d'apaisement qui doit intervenir, mais ça ne peut intervenir que dans une société apaisée. La question prioritaire pour le gouvernement aujourd'hui, c'est d'avoir un message clair sur le respect de la loi républicaine ; qui ne comprend que nous sommes dans une situation différente, parce qu'il y a des événements, il y a aussi des mouvements d'extrême droite, et je ne fais pas l'assimilation, simplement, la loi ne distingue pas, nous, nous soutenons au quotidien l'action des syndicalistes, mais la loi, c'est la loi pour tous.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce que le gouvernement est prêt à étudier un nouveau texte qui protégerait un peu plus les syndicalistes quand ils sont dans l'exercice de leur mandat et que parfois, eh bien, ça dégénère ?
ALAIN VIDALIES
Vous savez, je crois que, aujourd'hui, la protection, et nous y tenons, elle est déjà très forte, quel est l'espace, il y en a un, parce qu'il y a un des délits qui est reproché à une personne, parce que cette loi, quand même, elle vise des gens presque en particulier, c'est la question de la soumission au prélèvement pour l'inscription sur les fichiers génétiques, pour une action de ce type-là. Mais là, ce n'est pas l'application de la loi. C'est la loi elle-même qui peut être remise en cause, et dans un futur texte sur le droit pénal, le gouvernement n'est pas opposé à regarder cette modification, qui est issue de modifications elles-mêmes faites par la précédente majorité.
CHRISTOPHE BARBIER
Sur la période concernée, c'était 2007 jusqu'à début 2013, puisque ce sont en effet des individus qui sont concernés, est-ce que vous souhaitez que le président exerce son droit de grâce ?
ALAIN VIDALIES
Vous savez, je ne peux pas faire de commentaire sur cette possibilité
CHRISTOPHE BARBIER
Mais c'est une possibilité ?
ALAIN VIDALIES
C'est une possibilité, mais le principe même, c'est que sauf la personne qui le demande, mais un ministre ne peut pas faire un commentaire sur cet exercice-là, mais ça reste une possibilité, naturellement.
CHRISTOPHE BARBIER
La gauche du Parti socialiste, le Front de gauche sont assez irrités de ce rejet, est-ce que vous ne craignez pas qu'ils se vengent sur d'autres textes, en faisant tomber notamment au Sénat, où votre majorité est fragile ?
ALAIN VIDALIES
Vous savez, j'ai observé que par exemple quelqu'un comme Jérôme GUEDJ, qui intervient régulièrement dans ce cadre-là, a fait une déclaration plutôt responsable en disant que, effectivement, il comprenait que le gouvernement soit aujourd'hui face à des événements qui sont d'une autre nature. Vous savez, personne ne l'ignore, il y a 48h, un policier, un commissaire a reçu un pavé, il y a des gens qui manifestent, et quand, ce que j'ai entendu pendant le débat sur le mariage, sur, au fond, chacun essaie de légitimer sa propre violence, et c'est ce que faisait malheureusement, parfois, les députés, et des députés de l'UMP. Eh bien, je crois que la réponse du gouvernement, c'est la République. Notre contrat commun, c'est la loi de la République. Et ça n'est vraiment pas le moment de faire des exceptions, même si on peut avoir plus de considération pour les uns que pour les autres.
CHRISTOPHE BARBIER
Mais il y a aussi vos électeurs, Pierre LAURENT, du Parti communiste, considère que le fossé se creuse encore plus entre le pouvoir et sa base sociale. Que répondez-vous ?
ALAIN VIDALIES
Eh bien écoutez, lui, chaque jour, il combat cette politique. Il a décidé de ne pas appartenir au gouvernement, je ne lui demande pas d'ailleurs d'assumer des responsabilités qu'il n'a pas engagées. Le président de la République s'est présenté sur un programme, sur une ligne politique, sur une analyse économique, sur la nécessité de redresser la France. Et aujourd'hui, nous appliquons cette politique. Elle ne donne pas tous les résultats que nous espérions, mais qui peut ignorer aujourd'hui qu'on a une crise de croissance en Europe, et en même temps, ce front de la bataille pour la croissance, c'est pour nous, aujourd'hui, le front de chaque jour, le front principal.
CHRISTOPHE BARBIER
Les ouvriers de Florange ont érigé hier une stèle aux promesses non tenues par François HOLLANDE, le maire socialiste de Hayange a fait enlever cette stèle, est-ce qu'il a eu tort ?
ALAIN VIDALIES
Ecoutez, je ne pense pas qu'il ait eu tort, mais dans tous les cas, même si cette stèle était restée, elle rappelait la nature du combat, mais ce combat n'est pas fini. C'est un combat qui continue.
CHRISTOPHE BARBIER
Florange, c'est mort, les hauts fourneaux sont éteints, vous avez perdu !
ALAIN VIDALIES
Ecoutez, d'abord, ce qu'on n'a pas perdu, c'est la situation sur le plan du chômage, il y avait un plan social qui était prévu par ARCELOR, ce plan, il a été annulé grâce à la négociation qui a été menée par le gouvernement, il y a quand même eu des engagements, il y a un préfet qui est sur place, qui suit l'engagement, il y a un plan de revitalisation qui a été annoncé par le gouvernement, et enfin, à la place du projet ULCOS, il y a un autre projet qui va être mis, qui a été présenté à la Commission européenne, donc il n'y a pas tous les résultats qu'on pouvait espérer au départ, dans tous les cas, il y a une vraie bataille qui a été menée pour sauver l'emploi.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce que le gouvernement, de même, doit mener une bataille pour empêcher PSA de fermer Aulnay, l'usine d'Aulnay, dès 2013 ?
ALAIN VIDALIES
Vous savez, sur Aulnay, bon, la date, aujourd'hui, c'est plutôt 2014, le gouvernement a mené la bataille, vous savez qu'il y a une négociation à Aulnay, le gouvernement respecte les accords majoritaires, aujourd'hui, il y a des négociations qui sont en cours, il y a eu quand même cinq syndicats sur six très majoritaires qui ont signé cette perspective-là, et le gouvernement s'inscrit dans cette perspective. Personne ne peut aujourd'hui ignorer la difficulté économique de départ. Donc c'est vraisemblable que ça sera fermé en 2014, mais que l'absence de licenciement, c'est la mesure qui est demandée par les organisations syndicales majoritaires.
CHRISTOPHE BARBIER
Le chômage va encore augmenter, on aura bientôt les chiffres, est-ce que vous écoutez les parlementaires, de plus en plus nombreux, qui disent : il faut faire de la relance, il faut arrêter avec la rigueur ?
ALAIN VIDALIES
Est-ce que c'est un choix
CHRISTOPHE BARBIER
On peut, on peut remettre
ALAIN VIDALIES
Est-ce que c'est un choix français de faire aujourd'hui de la relance
CHRISTOPHE BARBIER
On est prisonnier des Allemands ?
ALAIN VIDALIES
Premièrement, on fait de relance comment ? D'abord, il faut de l'argent pour faire de la relance, donc est-ce qu'on va s'endetter ? Si on s'endette pour faire de la relance, on va se trouver confronté à un problème, c'est la remontée des taux d'intérêt et la question de l'indépendance de la France. C'est le redressement dans l'indépendance, c'est la première question. Deuxièmement, si on fait de la relance pour faire de la consommation, que chacun mesure quel est l'état de notre appareil industriel, si c'est faire de la relance au bénéfice des industries allemandes ou chinoises, ça n'a strictement aucun intérêt, voilà pourquoi nous, notre politique, c'est la relance par la ré-industrialisation. Donc mettre en place des programmes, alors, évidemment, ça va moins vite quand vous développez des filières industrielles, évidemment, ça va moins vite, mais c'est la seule ligne, c'est la seule solution, parce que c'est de la vraie relance pour du vrai emploi en France.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce que vous gardez l'espoir de convaincre les parlementaires de rendre public leur patrimoine, comme l'ont fait les ministres ?
ALAIN VIDALIES
Je garde cet espoir-là
CHRISTOPHE BARBIER
C'est dur et ils résistent !
ALAIN VIDALIES
C'est dur et ils résistent, mais vous savez, quand le Premier ministre a dit aux membres du gouvernement qu'on allait le faire, personne n'a sauté de joie. Il faut comprendre le message, il y a une énorme suspicion qui est mal fondée, qui est anormale, je le sais, je connais les parlementaires, je connais les ministres, mais ça existe, personne ne peut ignorer que les Français, ils pensent que leur classe politique est corrompue, à 75 ou 80%. Et donc à partir du moment où ils ont cette image de nous, ils ne nous écoutent même plus, c'est-à-dire, ils pensent qu'on est des corrompus, mais que chacun prenne ça en considération, c'est une question démocratique. Et donc retrouver simplement la capacité d'écoute de nos concitoyens passe par cette mesure-là. Il faut le faire, on n'a pas franchement le choix.
CHRISTOPHE BARBIER
« Le Mur des cons », érigé par le syndicat de la magistrature, n'est-il pas une faute grave qui appelle des sanctions ?
ALAIN VIDALIES
Je ne sais pas si c'est une faute grave, dans tous les cas, c'est une maladresse, sur la question des sanctions, c'est la justice qui décidera, des plaintes ont été déposées, vous le savez. A partir de là, c'est quand même un peu difficile pour un membre du gouvernement ou quiconque de donner des instructions
CHRISTOPHE BARBIER
Mais ça vous choque, vous êtes avocat de profession
ALAIN VIDALIES
Oui, ce n'est pas je trouve ça très maladroit, même si, je vais vous dire une chose, il y a eu une forme de banalisation du mot « con » par des gens très importants qui ont fait que, à partir de là
CHRISTOPHE BARBIER
Ah, c'est le « casse-toi pauvre con ! » qui justifie que le syndicat de la magistrature
ALAIN VIDALIES
Ecoutez, ça ne justifie pas, mais franchement, ça a banalisé un peu dans la discussion commune. Mais la question, le vrai débat, parce que je ne voudrais pas que cette affaire soit instrumentalisée, on a un vrai rendez-vous avec des vrais débats sur les questions de la justice. Dans les prochaines semaines, la réforme du Conseil supérieur de la magistrature
CHRISTOPHE BARBIER
Vous allez la maintenir pour donner plus de poids aux magistrats, malgré cette polémique ?
ALAIN VIDALIES
Nous allons la maintenir. Nous sommes pour une justice indépendante. Il y a deux textes importants qui viennent dans les prochaines semaines : chancellerie, Parquet, ça veut dire l'indépendance des magistrats par rapport à la chancellerie. Ce qui d'ailleurs est un cas d'école, y compris quand on nous dit : mais condamnez ou donnez des instructions, eh bien, non, dans aucun cas, aujourd'hui, le pouvoir politique donne des instructions aux magistrats. Et donc la question qu'il faut dire à la droite, après avoir enregistré ces protestations, c'est de dire : est-ce que vous serez au rendez-vous pour voter ces deux textes.
CHRISTOPHE BARBIER
Alain VIDALIES, merci. Bonne journée.
ALAIN VIDALIES
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 mai 2013
Alain VIDALIES, bonjour !
ALAIN VIDALIES
Bonjour.
CHRISTOPHE BARBIER
Le gouvernement a récusé hier la proposition de loi d'amnistie sociale qui est passée en Commission à l'Assemblée nationale. Est-ce que c'est une déclaration de guerre au Front de gauche ?
ALAIN VIDALIES
Non, ce n'est pas une déclaration de guerre au Front de gauche. Le gouvernement s'en était remis à la sagesse du Sénat lorsque ce texte avait été examiné, quelle est la situation, il faut être clair, on est aujourd'hui dans une société qui n'est pas apaisée, une mesure d'amnistie, c'est une mesure d'apaisement qui doit intervenir, mais ça ne peut intervenir que dans une société apaisée. La question prioritaire pour le gouvernement aujourd'hui, c'est d'avoir un message clair sur le respect de la loi républicaine ; qui ne comprend que nous sommes dans une situation différente, parce qu'il y a des événements, il y a aussi des mouvements d'extrême droite, et je ne fais pas l'assimilation, simplement, la loi ne distingue pas, nous, nous soutenons au quotidien l'action des syndicalistes, mais la loi, c'est la loi pour tous.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce que le gouvernement est prêt à étudier un nouveau texte qui protégerait un peu plus les syndicalistes quand ils sont dans l'exercice de leur mandat et que parfois, eh bien, ça dégénère ?
ALAIN VIDALIES
Vous savez, je crois que, aujourd'hui, la protection, et nous y tenons, elle est déjà très forte, quel est l'espace, il y en a un, parce qu'il y a un des délits qui est reproché à une personne, parce que cette loi, quand même, elle vise des gens presque en particulier, c'est la question de la soumission au prélèvement pour l'inscription sur les fichiers génétiques, pour une action de ce type-là. Mais là, ce n'est pas l'application de la loi. C'est la loi elle-même qui peut être remise en cause, et dans un futur texte sur le droit pénal, le gouvernement n'est pas opposé à regarder cette modification, qui est issue de modifications elles-mêmes faites par la précédente majorité.
CHRISTOPHE BARBIER
Sur la période concernée, c'était 2007 jusqu'à début 2013, puisque ce sont en effet des individus qui sont concernés, est-ce que vous souhaitez que le président exerce son droit de grâce ?
ALAIN VIDALIES
Vous savez, je ne peux pas faire de commentaire sur cette possibilité
CHRISTOPHE BARBIER
Mais c'est une possibilité ?
ALAIN VIDALIES
C'est une possibilité, mais le principe même, c'est que sauf la personne qui le demande, mais un ministre ne peut pas faire un commentaire sur cet exercice-là, mais ça reste une possibilité, naturellement.
CHRISTOPHE BARBIER
La gauche du Parti socialiste, le Front de gauche sont assez irrités de ce rejet, est-ce que vous ne craignez pas qu'ils se vengent sur d'autres textes, en faisant tomber notamment au Sénat, où votre majorité est fragile ?
ALAIN VIDALIES
Vous savez, j'ai observé que par exemple quelqu'un comme Jérôme GUEDJ, qui intervient régulièrement dans ce cadre-là, a fait une déclaration plutôt responsable en disant que, effectivement, il comprenait que le gouvernement soit aujourd'hui face à des événements qui sont d'une autre nature. Vous savez, personne ne l'ignore, il y a 48h, un policier, un commissaire a reçu un pavé, il y a des gens qui manifestent, et quand, ce que j'ai entendu pendant le débat sur le mariage, sur, au fond, chacun essaie de légitimer sa propre violence, et c'est ce que faisait malheureusement, parfois, les députés, et des députés de l'UMP. Eh bien, je crois que la réponse du gouvernement, c'est la République. Notre contrat commun, c'est la loi de la République. Et ça n'est vraiment pas le moment de faire des exceptions, même si on peut avoir plus de considération pour les uns que pour les autres.
CHRISTOPHE BARBIER
Mais il y a aussi vos électeurs, Pierre LAURENT, du Parti communiste, considère que le fossé se creuse encore plus entre le pouvoir et sa base sociale. Que répondez-vous ?
ALAIN VIDALIES
Eh bien écoutez, lui, chaque jour, il combat cette politique. Il a décidé de ne pas appartenir au gouvernement, je ne lui demande pas d'ailleurs d'assumer des responsabilités qu'il n'a pas engagées. Le président de la République s'est présenté sur un programme, sur une ligne politique, sur une analyse économique, sur la nécessité de redresser la France. Et aujourd'hui, nous appliquons cette politique. Elle ne donne pas tous les résultats que nous espérions, mais qui peut ignorer aujourd'hui qu'on a une crise de croissance en Europe, et en même temps, ce front de la bataille pour la croissance, c'est pour nous, aujourd'hui, le front de chaque jour, le front principal.
CHRISTOPHE BARBIER
Les ouvriers de Florange ont érigé hier une stèle aux promesses non tenues par François HOLLANDE, le maire socialiste de Hayange a fait enlever cette stèle, est-ce qu'il a eu tort ?
ALAIN VIDALIES
Ecoutez, je ne pense pas qu'il ait eu tort, mais dans tous les cas, même si cette stèle était restée, elle rappelait la nature du combat, mais ce combat n'est pas fini. C'est un combat qui continue.
CHRISTOPHE BARBIER
Florange, c'est mort, les hauts fourneaux sont éteints, vous avez perdu !
ALAIN VIDALIES
Ecoutez, d'abord, ce qu'on n'a pas perdu, c'est la situation sur le plan du chômage, il y avait un plan social qui était prévu par ARCELOR, ce plan, il a été annulé grâce à la négociation qui a été menée par le gouvernement, il y a quand même eu des engagements, il y a un préfet qui est sur place, qui suit l'engagement, il y a un plan de revitalisation qui a été annoncé par le gouvernement, et enfin, à la place du projet ULCOS, il y a un autre projet qui va être mis, qui a été présenté à la Commission européenne, donc il n'y a pas tous les résultats qu'on pouvait espérer au départ, dans tous les cas, il y a une vraie bataille qui a été menée pour sauver l'emploi.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce que le gouvernement, de même, doit mener une bataille pour empêcher PSA de fermer Aulnay, l'usine d'Aulnay, dès 2013 ?
ALAIN VIDALIES
Vous savez, sur Aulnay, bon, la date, aujourd'hui, c'est plutôt 2014, le gouvernement a mené la bataille, vous savez qu'il y a une négociation à Aulnay, le gouvernement respecte les accords majoritaires, aujourd'hui, il y a des négociations qui sont en cours, il y a eu quand même cinq syndicats sur six très majoritaires qui ont signé cette perspective-là, et le gouvernement s'inscrit dans cette perspective. Personne ne peut aujourd'hui ignorer la difficulté économique de départ. Donc c'est vraisemblable que ça sera fermé en 2014, mais que l'absence de licenciement, c'est la mesure qui est demandée par les organisations syndicales majoritaires.
CHRISTOPHE BARBIER
Le chômage va encore augmenter, on aura bientôt les chiffres, est-ce que vous écoutez les parlementaires, de plus en plus nombreux, qui disent : il faut faire de la relance, il faut arrêter avec la rigueur ?
ALAIN VIDALIES
Est-ce que c'est un choix
CHRISTOPHE BARBIER
On peut, on peut remettre
ALAIN VIDALIES
Est-ce que c'est un choix français de faire aujourd'hui de la relance
CHRISTOPHE BARBIER
On est prisonnier des Allemands ?
ALAIN VIDALIES
Premièrement, on fait de relance comment ? D'abord, il faut de l'argent pour faire de la relance, donc est-ce qu'on va s'endetter ? Si on s'endette pour faire de la relance, on va se trouver confronté à un problème, c'est la remontée des taux d'intérêt et la question de l'indépendance de la France. C'est le redressement dans l'indépendance, c'est la première question. Deuxièmement, si on fait de la relance pour faire de la consommation, que chacun mesure quel est l'état de notre appareil industriel, si c'est faire de la relance au bénéfice des industries allemandes ou chinoises, ça n'a strictement aucun intérêt, voilà pourquoi nous, notre politique, c'est la relance par la ré-industrialisation. Donc mettre en place des programmes, alors, évidemment, ça va moins vite quand vous développez des filières industrielles, évidemment, ça va moins vite, mais c'est la seule ligne, c'est la seule solution, parce que c'est de la vraie relance pour du vrai emploi en France.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce que vous gardez l'espoir de convaincre les parlementaires de rendre public leur patrimoine, comme l'ont fait les ministres ?
ALAIN VIDALIES
Je garde cet espoir-là
CHRISTOPHE BARBIER
C'est dur et ils résistent !
ALAIN VIDALIES
C'est dur et ils résistent, mais vous savez, quand le Premier ministre a dit aux membres du gouvernement qu'on allait le faire, personne n'a sauté de joie. Il faut comprendre le message, il y a une énorme suspicion qui est mal fondée, qui est anormale, je le sais, je connais les parlementaires, je connais les ministres, mais ça existe, personne ne peut ignorer que les Français, ils pensent que leur classe politique est corrompue, à 75 ou 80%. Et donc à partir du moment où ils ont cette image de nous, ils ne nous écoutent même plus, c'est-à-dire, ils pensent qu'on est des corrompus, mais que chacun prenne ça en considération, c'est une question démocratique. Et donc retrouver simplement la capacité d'écoute de nos concitoyens passe par cette mesure-là. Il faut le faire, on n'a pas franchement le choix.
CHRISTOPHE BARBIER
« Le Mur des cons », érigé par le syndicat de la magistrature, n'est-il pas une faute grave qui appelle des sanctions ?
ALAIN VIDALIES
Je ne sais pas si c'est une faute grave, dans tous les cas, c'est une maladresse, sur la question des sanctions, c'est la justice qui décidera, des plaintes ont été déposées, vous le savez. A partir de là, c'est quand même un peu difficile pour un membre du gouvernement ou quiconque de donner des instructions
CHRISTOPHE BARBIER
Mais ça vous choque, vous êtes avocat de profession
ALAIN VIDALIES
Oui, ce n'est pas je trouve ça très maladroit, même si, je vais vous dire une chose, il y a eu une forme de banalisation du mot « con » par des gens très importants qui ont fait que, à partir de là
CHRISTOPHE BARBIER
Ah, c'est le « casse-toi pauvre con ! » qui justifie que le syndicat de la magistrature
ALAIN VIDALIES
Ecoutez, ça ne justifie pas, mais franchement, ça a banalisé un peu dans la discussion commune. Mais la question, le vrai débat, parce que je ne voudrais pas que cette affaire soit instrumentalisée, on a un vrai rendez-vous avec des vrais débats sur les questions de la justice. Dans les prochaines semaines, la réforme du Conseil supérieur de la magistrature
CHRISTOPHE BARBIER
Vous allez la maintenir pour donner plus de poids aux magistrats, malgré cette polémique ?
ALAIN VIDALIES
Nous allons la maintenir. Nous sommes pour une justice indépendante. Il y a deux textes importants qui viennent dans les prochaines semaines : chancellerie, Parquet, ça veut dire l'indépendance des magistrats par rapport à la chancellerie. Ce qui d'ailleurs est un cas d'école, y compris quand on nous dit : mais condamnez ou donnez des instructions, eh bien, non, dans aucun cas, aujourd'hui, le pouvoir politique donne des instructions aux magistrats. Et donc la question qu'il faut dire à la droite, après avoir enregistré ces protestations, c'est de dire : est-ce que vous serez au rendez-vous pour voter ces deux textes.
CHRISTOPHE BARBIER
Alain VIDALIES, merci. Bonne journée.
ALAIN VIDALIES
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 mai 2013