Texte intégral
S. Paoli Pour ou contre l'amnistie ? Pour ou contre l'autonomie ? Et l'autonomie jusqu'où ? La question corse qui vient de déchirer les Verts occupe une position centrale dans le débat politique qui ouvre cette année très politique. Les candidats présidentiels et les grands partis politiques devront clairement prendre position, le président de l'Assemblée de Corse José Rossi, ne vient-il pas de demander à J. Chirac de s'exprimer sur la Corse ?
- " La réponse est claire : pour l'autonomie et contre l'amnistie. Il n'y a pas à interpréter interminablement une position des Verts qui est très claire."
Vous exagérez un petit peu, parce que ce n'était pas aussi visible et lisible que cela. Là, il n'y aurait pas eu une telle "chicaillage" chez les Verts si cela avait été aussi clair.
- ""Les journées d'été" des Verts, c'est un mouvement extrêmement riche. Il y a eu je crois 120 réunions dans des ateliers, des commissions, des séances plénières, avec des intervenants de haut vol et on a retenu cette semaine de travail très assidu, très sérieux, trois réunions qui ont été perturbées c'est vrai par un problème qui n'est pas seulement un problème politique, mais aussi un problème humain et de conscience personnelle, la question de la Corse et du traitement ultérieur de ceux qui se sont rendus coupables de violences et notamment de crime de sang. C'est une question qui a été débattue de façon très sérieuse, très respectueuse, des opinions des uns et des autres par les militants Verts. Je regrette qu'une personne qui n'a pas assisté à cette réunion, qui n'a pas pu dire son trouble et inviter à trouver la formule qui aurait apaisé ses inquiétudes, jette aujourd'hui de l'huile sur le feu et donne à penser que la position des Verts n'est pas claire. Elle est claire. Nous avons constamment rejeté la violence. Les Verts, c'est le parti dans le champ politique français qui comporte le plus de militants non violents, la plupart des militants des Verts ont été objecteurs de conscience, ils ne sont pas allés porter les armes. C'est un parti qui rejette la violence et un parti qui condamne les assassinats politiques, qui a apporté son soutien au gouvernement pour que les assassins du préfet Erignac soient arrêtés et soient jugés, et il n'entend pas cautionner l'amnistie. Mais ce parti a refusé, c'est vrai, ce parti qui est peut-être un peu trop scrupuleux, de prendre des engagements pour l'avenir parce que personne ne peut prendre en otage les décisions de l'avenir."
C'est votre explication ce matin, mais il est vrai que la formule s'agissant de l'amnistie, qui consiste à dire que dans les années à venir on finira par se poser cette question, elle était mal venue.
- "Non. On exclue d'avoir cette discussion dans les années à venir, c'est-à-dire que l'on prend acte du fait que ce n'est ni aux Verts ni à quelques partis politiques que ce soit d'ailleurs, d'ouvrir aujourd'hui ce débat qui historiquement n'est pas à l'ordre du jour. Un jour peut-être le sera-t-il, mais il le sera quand le temps du deuil sera écoulé, quand la réconciliation sera opérée, quand peut-être les victimes directes de ces crimes auront pu pardonner, dans un tout autre contexte, politique et humain. A ce moment se reposera cette question. Aujourd'hui, elle est indécente et nous ne l'avons pas traitée. Nous avons dit qu'il n'était pas question de traiter de façon trop rapide et forcément caricaturale un problème dont tout le monde a compris qu'il était extrêmement lourd et qu'il touchait non seulement à l'engagement politique mais aussi à ce que l'on est au plus profond de soi-même."
Mais comment expliquez-vous qu'Alain Lipietz ait reconnu - c'était sur l'antenne de RTL dimanche soir - qu'il s'était un peu trompé, qu'il avait même, je cite mot à mot, "dépassé le bon sens et la raison".
- "Tout à fait, en posant aujourd'hui une question qui ne pouvait être que mal ressentie et semer le trouble et la confusion. Alors il l'a reconnu, une fois, deux fois, c'est bien. Insister davantage donnerait à penser qu'on ne poursuit pas seulement un objet de clarification sur la Corse, mais que l'on veut appuyer sur la tête d'Alain Lipietz."
Qu'en est-il de votre mouvement aujourd'hui ? Est-ce l'éclatement ou pas ? Noël Mamère dit à la Une de Libération ce matin : " Rupture confirmée, je ne reviens pas ".
- "Je n'ai pas envie de commenter les propos de Noël Mamère, parce que je pense qu'il dépasse une fois de plus sa pensée. Je n'ai pas envie de passer les jours suivants à les commenter alors que des décisions importantes doivent être prises pour l'avenir des Verts, qu'on doit commencer à préparer le projet politique sur lequel la Gauche ne gagnera pas en 2002 et auquel les Verts doivent contribuer. Et il y a des choses qui se dessinent, quand même, sans que les Verts réagissent comme ils devraient le faire : je pense par exemple à la décision qui a été prise d'engager EDF et COGEMA sur un projet commun de retraitement nucléaire jusqu'en 2007. C'était une décision tout à fait inadéquate, qui a été prise en catimini et probablement parce que les Verts n'étaient pas complètement concentrés sur leur objectif qui devrait être le leur en cette rentrée : à savoir peser de tout leur poids pour qu'on prenne en compte les vraies attentes des Français et pas une fuite en avant dans un modèle productif qui est complètement dépassé."
Est-ce que vous considérez - j'y reviens parce que c'est important - que la Corse va être, pas simplement pour vous, pour tous les partis politiques engagés dans une échéance importante, présidentielle et législative, une question centrale, au-delà de la Corse ? Celle peut-être de la modernisation du pays, de la décentralisation, de la question de l'autonomie ?
- "Ce sont des questions très importantes qui ne devraient pas être traitées uniquement à travers le prisme de la Corse. La question de la poursuite de la décentralisation, du renforcement des pouvoirs régionaux, de la montée en puissance de l'intercommunalité, de l'organisation des Pays, la question aussi de la démocratisation des institutions... Je pense au Sénat : on va voter pour les sénatoriales le 23 septembre, c'est un débat qui n'apparaît pas du tout aux Français, puisque les citoyens ne peuvent même pas assister aux réunions électorales où seuls sont conviés les grands électeurs et donc les élus. Mais ce sont des questions importantes qui ne devraient pas être créées de façon caricaturale et réduites à la question de savoir si on est pour ou contre l'usage de la cagoule et des armes à feu en Corse."
Mais il faut peut-être que chacun - encore une fois tous les partis - soit clair dans son positionnement. Est-ce que vous êtes aujourd'hui pour ou contre le processus de Matignon ?
- "Nous sommes résolument favorables au processus de Matignon, nous l'avons accompagné, nous avons continué à l'accompagner en refusant la montée aux extrêmes que chacun aimeraient pour le voir capoter."
Et dans vos rapports aujourd'hui avec le Parti socialiste ? Vous avez entendu les propos de M. Jospin : " la nouvelle France ", est-ce un projet dans lequel vous vous inscrivez volontiers ?
- "Le slogan me paraît discutable, mais c'est celui du Parti socialiste, pas celui des Verts ni de la majorité plurielle toute entière."
Il paraît même que c'est celui d'A. Madelin, qui dit à L. Jospin : "attention ! vous me piquez mon idée".
- "Personne ne pourrait dire qu'il n'y a pas un parti dans le champ politique qui ait le monopole de la France. Donc, on en discutera sans doute, mais ce que j'ai noté surtout c'est que L. Jospin et F. Hollande avaient été très combatifs, très résolus. Il nous reste à donner du contenu à cette combativité et à cette détermination. C'est à cela que j'ai invité F. Hollande, lors de sa venue aux journées d'été des Verts. Je ne crois pas que l'on gagnera uniquement sur le bilan, on ne gagnera pas uniquement non plus en exploitant les faiblesses et les incohérences des adversaires : c'est sur un projet partagé, porté devant les Français, débattu de façon approfondie avec ceux qui agissent sur le terrain, qu'on va pouvoir gagner et entraîner l'adhésion des Français. Notre premier ennemi est l'abstention, on le sait bien, le découragement face aux politiques. Je ne partage évidemment pas cette sensation, j'ai envie de convaincre qu'on peut faire de la politique noblement, courageusement, en affrontant les problèmes qui se posent. Et les problèmes qui se posent, c'est aussi bien aujourd'hui le chômage persistant dans les cités, qui explique en partie le drame de Béziers, en raison notamment des liens qui sont entretenus entre le grand banditisme international et le crime organisé et la détresse des jeunes des quartiers. Mais je voudrais qu'on soit capable de lister ces problèmes, de les affronter, d'élaborer des solutions ensemble, c'est un chantier considérable qui va nous occuper en cette rentrée."
A gauche, avec ce qui vous rassemble et vous sépare, on a l'impression en cette rentrée que chacun a pris ses positions : le Parti communiste de son côté, vous du vôtre, le Parti socialiste aussi. On a l'impression que c'est un petit peu une sorte de positionnement qui pose la question de l'Union de la gauche, finalement. Où en êtes-vous, tous ensemble ?
- "Pour pouvoir dialoguer de façon féconde avec ses partenaires, il faut savoir aussi ce que l'on apporte au pot commun. C'est à cela que les Verts ont travaillé pendant leurs journées d'été : se connaître soi-même, connaître de façon approfondie les propositions essentielles qui sont à défendre en cette période. C'était la première étape : mettre en commun, travailler ensemble, dessiner un projet pour une nouvelle France, peut-être, pour des élections présidentielles et législatives, c'est la deuxième étape et ça commence demain."
Quand vous voyez un B. Lalonde proposer à N. Mamère de construire avec lui un vrai parti écologiste, qu'est-ce que cela entraîne ?
- "Ils ont été complices dans le passé. B. Lalonde a choisi de rallier la droite, vous savez qu'il est vice-président du RPR avec J. de Rohan au Conseil régional de Bretagne. Quel que soit l'avis que je porte sur la position actuelle de N. Mamère sur la Corse, je ne pense pas qu'il soit en quelque façon tenté de rallier B. Lalonde en cet instant."
Vous ne craignez pas l'ombre des Bleus sur les Verts ?
- "Pas du tout."
Une question pratique, pardon d'être un petit peu parisien ce matin, mais après tout, elle peut concerner d'autres villes de France bientôt : qu'est-ce que vous pensez des couloirs de bus et de l'effet du "syndrome couloir de bus" ?
- "Ce matin, je suis partie un peu plus tôt parce qu'on m'avait annoncé que la ville était paralysée"
Ça roule ou pas ?
- "Ca roule magnifiquement. Je crois que B. Delanoë et D. Baupin sont en train de faire uvre utile, ils le font dans l'intérêt des Parisiens mais aussi dans l'intérêt de tous ceux qui sont amenés à venir à Paris pour leur travail au cours de la journée - c'est beaucoup de Franciliens au sens large, et beaucoup de provinciaux aussi, finalement, qui sont à Paris de temps en temps, j'en fait partie. C'est donc un travail de long terme qui va leur demander de tenir tête à des intérêts, à des lobbies, à des habitudes."
Mais c'est le début de la ville, sinon sans voiture, en tout cas de la ville avec moins de voitures ?
- "Le partage de la voirie est une évidence, aujourd'hui : il y a 94 % de l'espace urbain qui est réservé aux voitures. Je veux qu'il y ait un peu plus de place, pour les gens qui circulent autrement, mais aussi pour ceux qui ne circulent pas, qui ont besoin simplement d'occuper la ville, pour se rencontrer, pour jouer - je pense aux gamins : à Paris, ils n'ont pas beaucoup d'endroits pour vivre."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 4 septembre 2001)
- " La réponse est claire : pour l'autonomie et contre l'amnistie. Il n'y a pas à interpréter interminablement une position des Verts qui est très claire."
Vous exagérez un petit peu, parce que ce n'était pas aussi visible et lisible que cela. Là, il n'y aurait pas eu une telle "chicaillage" chez les Verts si cela avait été aussi clair.
- ""Les journées d'été" des Verts, c'est un mouvement extrêmement riche. Il y a eu je crois 120 réunions dans des ateliers, des commissions, des séances plénières, avec des intervenants de haut vol et on a retenu cette semaine de travail très assidu, très sérieux, trois réunions qui ont été perturbées c'est vrai par un problème qui n'est pas seulement un problème politique, mais aussi un problème humain et de conscience personnelle, la question de la Corse et du traitement ultérieur de ceux qui se sont rendus coupables de violences et notamment de crime de sang. C'est une question qui a été débattue de façon très sérieuse, très respectueuse, des opinions des uns et des autres par les militants Verts. Je regrette qu'une personne qui n'a pas assisté à cette réunion, qui n'a pas pu dire son trouble et inviter à trouver la formule qui aurait apaisé ses inquiétudes, jette aujourd'hui de l'huile sur le feu et donne à penser que la position des Verts n'est pas claire. Elle est claire. Nous avons constamment rejeté la violence. Les Verts, c'est le parti dans le champ politique français qui comporte le plus de militants non violents, la plupart des militants des Verts ont été objecteurs de conscience, ils ne sont pas allés porter les armes. C'est un parti qui rejette la violence et un parti qui condamne les assassinats politiques, qui a apporté son soutien au gouvernement pour que les assassins du préfet Erignac soient arrêtés et soient jugés, et il n'entend pas cautionner l'amnistie. Mais ce parti a refusé, c'est vrai, ce parti qui est peut-être un peu trop scrupuleux, de prendre des engagements pour l'avenir parce que personne ne peut prendre en otage les décisions de l'avenir."
C'est votre explication ce matin, mais il est vrai que la formule s'agissant de l'amnistie, qui consiste à dire que dans les années à venir on finira par se poser cette question, elle était mal venue.
- "Non. On exclue d'avoir cette discussion dans les années à venir, c'est-à-dire que l'on prend acte du fait que ce n'est ni aux Verts ni à quelques partis politiques que ce soit d'ailleurs, d'ouvrir aujourd'hui ce débat qui historiquement n'est pas à l'ordre du jour. Un jour peut-être le sera-t-il, mais il le sera quand le temps du deuil sera écoulé, quand la réconciliation sera opérée, quand peut-être les victimes directes de ces crimes auront pu pardonner, dans un tout autre contexte, politique et humain. A ce moment se reposera cette question. Aujourd'hui, elle est indécente et nous ne l'avons pas traitée. Nous avons dit qu'il n'était pas question de traiter de façon trop rapide et forcément caricaturale un problème dont tout le monde a compris qu'il était extrêmement lourd et qu'il touchait non seulement à l'engagement politique mais aussi à ce que l'on est au plus profond de soi-même."
Mais comment expliquez-vous qu'Alain Lipietz ait reconnu - c'était sur l'antenne de RTL dimanche soir - qu'il s'était un peu trompé, qu'il avait même, je cite mot à mot, "dépassé le bon sens et la raison".
- "Tout à fait, en posant aujourd'hui une question qui ne pouvait être que mal ressentie et semer le trouble et la confusion. Alors il l'a reconnu, une fois, deux fois, c'est bien. Insister davantage donnerait à penser qu'on ne poursuit pas seulement un objet de clarification sur la Corse, mais que l'on veut appuyer sur la tête d'Alain Lipietz."
Qu'en est-il de votre mouvement aujourd'hui ? Est-ce l'éclatement ou pas ? Noël Mamère dit à la Une de Libération ce matin : " Rupture confirmée, je ne reviens pas ".
- "Je n'ai pas envie de commenter les propos de Noël Mamère, parce que je pense qu'il dépasse une fois de plus sa pensée. Je n'ai pas envie de passer les jours suivants à les commenter alors que des décisions importantes doivent être prises pour l'avenir des Verts, qu'on doit commencer à préparer le projet politique sur lequel la Gauche ne gagnera pas en 2002 et auquel les Verts doivent contribuer. Et il y a des choses qui se dessinent, quand même, sans que les Verts réagissent comme ils devraient le faire : je pense par exemple à la décision qui a été prise d'engager EDF et COGEMA sur un projet commun de retraitement nucléaire jusqu'en 2007. C'était une décision tout à fait inadéquate, qui a été prise en catimini et probablement parce que les Verts n'étaient pas complètement concentrés sur leur objectif qui devrait être le leur en cette rentrée : à savoir peser de tout leur poids pour qu'on prenne en compte les vraies attentes des Français et pas une fuite en avant dans un modèle productif qui est complètement dépassé."
Est-ce que vous considérez - j'y reviens parce que c'est important - que la Corse va être, pas simplement pour vous, pour tous les partis politiques engagés dans une échéance importante, présidentielle et législative, une question centrale, au-delà de la Corse ? Celle peut-être de la modernisation du pays, de la décentralisation, de la question de l'autonomie ?
- "Ce sont des questions très importantes qui ne devraient pas être traitées uniquement à travers le prisme de la Corse. La question de la poursuite de la décentralisation, du renforcement des pouvoirs régionaux, de la montée en puissance de l'intercommunalité, de l'organisation des Pays, la question aussi de la démocratisation des institutions... Je pense au Sénat : on va voter pour les sénatoriales le 23 septembre, c'est un débat qui n'apparaît pas du tout aux Français, puisque les citoyens ne peuvent même pas assister aux réunions électorales où seuls sont conviés les grands électeurs et donc les élus. Mais ce sont des questions importantes qui ne devraient pas être créées de façon caricaturale et réduites à la question de savoir si on est pour ou contre l'usage de la cagoule et des armes à feu en Corse."
Mais il faut peut-être que chacun - encore une fois tous les partis - soit clair dans son positionnement. Est-ce que vous êtes aujourd'hui pour ou contre le processus de Matignon ?
- "Nous sommes résolument favorables au processus de Matignon, nous l'avons accompagné, nous avons continué à l'accompagner en refusant la montée aux extrêmes que chacun aimeraient pour le voir capoter."
Et dans vos rapports aujourd'hui avec le Parti socialiste ? Vous avez entendu les propos de M. Jospin : " la nouvelle France ", est-ce un projet dans lequel vous vous inscrivez volontiers ?
- "Le slogan me paraît discutable, mais c'est celui du Parti socialiste, pas celui des Verts ni de la majorité plurielle toute entière."
Il paraît même que c'est celui d'A. Madelin, qui dit à L. Jospin : "attention ! vous me piquez mon idée".
- "Personne ne pourrait dire qu'il n'y a pas un parti dans le champ politique qui ait le monopole de la France. Donc, on en discutera sans doute, mais ce que j'ai noté surtout c'est que L. Jospin et F. Hollande avaient été très combatifs, très résolus. Il nous reste à donner du contenu à cette combativité et à cette détermination. C'est à cela que j'ai invité F. Hollande, lors de sa venue aux journées d'été des Verts. Je ne crois pas que l'on gagnera uniquement sur le bilan, on ne gagnera pas uniquement non plus en exploitant les faiblesses et les incohérences des adversaires : c'est sur un projet partagé, porté devant les Français, débattu de façon approfondie avec ceux qui agissent sur le terrain, qu'on va pouvoir gagner et entraîner l'adhésion des Français. Notre premier ennemi est l'abstention, on le sait bien, le découragement face aux politiques. Je ne partage évidemment pas cette sensation, j'ai envie de convaincre qu'on peut faire de la politique noblement, courageusement, en affrontant les problèmes qui se posent. Et les problèmes qui se posent, c'est aussi bien aujourd'hui le chômage persistant dans les cités, qui explique en partie le drame de Béziers, en raison notamment des liens qui sont entretenus entre le grand banditisme international et le crime organisé et la détresse des jeunes des quartiers. Mais je voudrais qu'on soit capable de lister ces problèmes, de les affronter, d'élaborer des solutions ensemble, c'est un chantier considérable qui va nous occuper en cette rentrée."
A gauche, avec ce qui vous rassemble et vous sépare, on a l'impression en cette rentrée que chacun a pris ses positions : le Parti communiste de son côté, vous du vôtre, le Parti socialiste aussi. On a l'impression que c'est un petit peu une sorte de positionnement qui pose la question de l'Union de la gauche, finalement. Où en êtes-vous, tous ensemble ?
- "Pour pouvoir dialoguer de façon féconde avec ses partenaires, il faut savoir aussi ce que l'on apporte au pot commun. C'est à cela que les Verts ont travaillé pendant leurs journées d'été : se connaître soi-même, connaître de façon approfondie les propositions essentielles qui sont à défendre en cette période. C'était la première étape : mettre en commun, travailler ensemble, dessiner un projet pour une nouvelle France, peut-être, pour des élections présidentielles et législatives, c'est la deuxième étape et ça commence demain."
Quand vous voyez un B. Lalonde proposer à N. Mamère de construire avec lui un vrai parti écologiste, qu'est-ce que cela entraîne ?
- "Ils ont été complices dans le passé. B. Lalonde a choisi de rallier la droite, vous savez qu'il est vice-président du RPR avec J. de Rohan au Conseil régional de Bretagne. Quel que soit l'avis que je porte sur la position actuelle de N. Mamère sur la Corse, je ne pense pas qu'il soit en quelque façon tenté de rallier B. Lalonde en cet instant."
Vous ne craignez pas l'ombre des Bleus sur les Verts ?
- "Pas du tout."
Une question pratique, pardon d'être un petit peu parisien ce matin, mais après tout, elle peut concerner d'autres villes de France bientôt : qu'est-ce que vous pensez des couloirs de bus et de l'effet du "syndrome couloir de bus" ?
- "Ce matin, je suis partie un peu plus tôt parce qu'on m'avait annoncé que la ville était paralysée"
Ça roule ou pas ?
- "Ca roule magnifiquement. Je crois que B. Delanoë et D. Baupin sont en train de faire uvre utile, ils le font dans l'intérêt des Parisiens mais aussi dans l'intérêt de tous ceux qui sont amenés à venir à Paris pour leur travail au cours de la journée - c'est beaucoup de Franciliens au sens large, et beaucoup de provinciaux aussi, finalement, qui sont à Paris de temps en temps, j'en fait partie. C'est donc un travail de long terme qui va leur demander de tenir tête à des intérêts, à des lobbies, à des habitudes."
Mais c'est le début de la ville, sinon sans voiture, en tout cas de la ville avec moins de voitures ?
- "Le partage de la voirie est une évidence, aujourd'hui : il y a 94 % de l'espace urbain qui est réservé aux voitures. Je veux qu'il y ait un peu plus de place, pour les gens qui circulent autrement, mais aussi pour ceux qui ne circulent pas, qui ont besoin simplement d'occuper la ville, pour se rencontrer, pour jouer - je pense aux gamins : à Paris, ils n'ont pas beaucoup d'endroits pour vivre."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 4 septembre 2001)