Déclaration de M. Pierre Moscovici, ministre délégué aux affaires européennes, sur la coopération transfrontalière franco-allemande, la dimension européenne de la région francomtoise, les programme de la France pour la présidence semestrielle de l'Union européenne, notamment la conférence intergouvernementale, à Besançon le 15 avril 2000.

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Circonstance : Déplacement de M. Moscovici à Besançon (Doubs) les 14 et 15 avril 2000-dîner offert en l'honneur de M. Hartmann, ambassadeur d'Allemagne en France à Besançon le 15

Texte intégral

Monsieur l'Ambassadeur,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et messieurs.
Chers amis.
Je souhaiterais simplement vous dire quel est mon plaisir d'avoir eu l'occasion, ce soir, à Besançon, de participer à ce dîner particulièrement sympathique en l'honneur de mon ami Peter Hartmann, Ambassadeur d'Allemagne en France.
Je remercie tout d'abord Monsieur le Préfet Guéant et son épouse d'avoir pris l'initiative de cette rencontre amicale et d'avoir eu l'amabilité de m'y convier.
Je souhaite également exprimer à Monsieur l'Ambassadeur Hartmann et à son épouse la fierté des Franc-comtois que nous sommes ici de les recevoir dans notre belle région. J'espère vivement que cette visite leur permettra de connaître encore mieux un pays riche de son histoire, de ses traditions humaines mais également pleinement tourné vers l'avenir et, ce qui revient finalement au même, tourné vers l'Europe.
Je suis sûr également que le dialogue et les contacts que vous avez noué ce soir avec les principaux acteurs économiques de la région, vous auront permis de prendre pleinement la mesure des efforts que la région de Besançon, le département du Doubs et la région toute entière ont entrepris pour faire face aux défis de la reconversion industrielle et des exigences économiques actuelles.
Pour gagner ce défi, il est clair que la dimension européenne est essentielle. Elle l'est pour la France dans son ensemble bien sûr, engagée depuis cinquante ans - nous fêterons dans quelques jours l'anniversaire de la déclaration Schuman du 9 mai 1950 - dans cette oeuvre historique de réconciliation et de construction d'un avenir commun. Elle l'est tout particulièrement dans une région frontalière, ouverte sur l'Europe - vous savez parfaitement que Montbéliard, dont je suis l'élu, fût également, dans le passé, Mumpelgardt -, longtemps liée au Wurtemberg. J'avais eu le plaisir d'y célébrer, le 22 janvier 1998, le 35ème anniversaire du Traité de l'Elysée avec mon homologue allemand.
C'est donc bien ensemble que nous pouvons répondre aux défis du XXIème siècle, et en particulier poursuivre notre ambition de concilier la participation pleine et entière de l'Europe à l'économie ouverte et prospère de la mondialisation avec la préservation de notre modèle social, qui fonde, en quelque sorte, notre identité européenne commune. Je souhaite bien que Français et Allemands, en Franche-Comté comme ailleurs, continuent de coopérer pour le développement économique.
En effet, en matière économique comme dans la marche des affaires européennes en général, le moteur franco-allemand demeure le facteur déterminant des progrès européens. Je sais que certains commentateurs se sont fait une spécialité de détecter les signes de la prétendue usure de ce moteur - vous me permettrez de poursuivre cette métaphore dans un pays de tradition automobile -. Je souhaite les rassurer : les autorités françaises ont foi, plus que jamais, dans la force et la nécessité de la relation entre nos deux pays, d'une relation qui doit être, il est vrai, entretenue et renforcée en permanence par la conviction et l'énergie de chacun. L'Allemagne est et demeure notre partenaire stratégique, et le sera notamment pendant notre prochaine présidence de l'Union.
Nul ne l'ignore plus désormais, la France s'apprête à exercer, dans deux mois et demi, la présidence semestrielle de l'Union européenne. Comme l'Allemagne y est brillamment parvenue, l'année dernière, avec un ordre du jour qui était également particulièrement chargé et décisif pour l'avenir de l'Europe, puisqu'il s'agissait, avec l'Agenda 2000, de fixer les finances de l'Europe jusqu'en 2006, la France espère bien faire avancer l'Europe, avec le concours de tous, pendant ces quelques mois.
Notre tâche sera lourde, car il nous revient notamment d'organiser, cette fois sur le plan institutionnel, avec la Conférence intergouvernementale, les réformes nécessaires afin d'être en mesure d'accueillir, au cours des prochaines années, nos voisins d'Europe centrale et orientale et, tout simplement, pour que l'Union européenne puisse fonctionner de manière plus efficace et transparente.
Les travaux sont en cours, et ils avancent de façon satisfaisante. J'ai bon espoir que nous pourrons aboutir à un accord d'ici la fin de l'année, grâce, en particulier, à notre concertation avec les autorités allemandes, avec qui nous partageons la même vision de ce que doivent être des institutions européennes adaptées à une Europe comptant près de trente membres. De même, je tiens à souligner la proximité des approches de nos deux pays sur le processus d'élargissement proprement dit, faites de volontarisme et de pragmatisme, de même que sur un autre dossier important qui nous attend, celui de la mise en oeuvre des orientations arrêtées lors du Conseil européen d'Helsinki en matière de défense européenne.
Même si cela est encore trop peu connu de nos concitoyens, l'Europe a accompli d'énormes pas en avant dans ce domaine au cours des derniers mois, vers la mise en place d'une réelle capacité autonome de défense des Européens. Rien de cela n'aurait été possible sans le travail en commun de la France et de l'Allemagne, rejoints par nos amis britanniques.
Par ailleurs, et je sais que les entrepreneurs qui sont parmi nous ce soir y seront sensibles, une autre priorité de notre présidence sera de poursuivre l'action européenne en faveur de la croissance, de l'innovation et de l'emploi, dans la droite ligne des orientations fixées il y a quelques semaines lors du Conseil européen de Lisbonne, qui a marqué l'entrée résolue de l'Europe dans l'ère de la nouvelle économie.
Plus généralement, nous souhaitons que l'Europe soit mieux en mesure de répondre aux préoccupations quotidiennes de ses citoyens, qu'il s'agisse de la sécurité, de la santé, de la protection de l'environnement ou encore de l'éducation et de la culture. Cette Europe du concret, qui va de pair avec une réaffirmation des valeurs qui sont au cur de la construction européenne, est au cur de cette ambition citoyenne que nous mettrons en avant au cours du second semestre.
Vous le voyez, le travail ne manquera pas, à un moment particulièrement crucial pour l'avenir de notre continent. Mon vu le plus cher est que la France et l'Allemagne, une fois de plus, joignent leurs énergies et leurs volontés pour faire avancer l'Europe.
Je vous remercie.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 avril 2000)