Texte intégral
R. Arzt
Avant-hier, le Président Chirac s'en est pris à l'action gouvernementale dans tous les domaines : sécurité, justice, économie, social. Les ministres concernés ont répliqué. Mais vous, en tant que membre de ce Gouvernement, comment vous ressentez cet ensemble de critiques du Président ?
- "J'ai été un peu étonné par les exagérations, sans doute dues à la passion politique, qui ont marqué ce discours. J'ai une certaine conception de ce que doit être le rôle du chef de l'Etat : pour moi, le Président de la République n'est pas là pour diviser, n'est pas là pour inquiéter ; Son rôle est de rassembler et de rassurer. Je crois que les Français pouvaient attendre, plutôt que cette attaque en règle contre le Gouvernement de la France, des propositions, une attitude qui soit un peu au-dessus de la mêlée. Au contraire, ils ont eu droit à une tonalité alarmiste sur l'économie et sur la sécurité. Cela m'a un peu fait penser à cette émission de R. Gicquel, dans les années 1975 : "la France a peur." Moi, je crois à la parole présidentielle, je crois qu'il est utile..."
...C'était à la suite d'un assassinat.
- "C'est vrai. Mais raison de plus. La comparaison, du coup, nous ramène à la raison. Je crois en la parole présidentielle ; je crois que le parole politique est importante. Je crois que nos citoyens se fixent beaucoup dessus, en France mais aussi à l'étranger. Imaginez ce qu'un investisseur étranger aurait pensé de cette émission ? Quel pays !"
Pourquoi, parce que le Président le décrit comme ça ?
- "Tel qu'il le décrivait, c'était franchement l'apocalypse. Rien ne va dans ce pays : la sécurité, les Français ont peur, tout va mal dans l'économie... Il y avait aussi un ensemble d'approximations et quelques contrevérités qui, tout de même, ne peuvent pas être laissées passer sous silence. Je pense à l'économie : comment peut-on dire que la croissance française est aujourd'hui en panne alors qu'elle est plus forte que celle de la zone euro ? Comment peut-on dire que ce pays a diminué le chômage moins vite que dans la zone euro alors que c'est exactement le contraire ? Comment peut-on faire référence aux déficits, alors qu'ils ont baissé, et aux prélèvements obligatoires qui ont connu une hausse historique quand J. Chirac gouvernait avec ses amis ? Tout cela est surprenant."
L'observateur étranger dont vous parlez peut aussi comprendre que c'est peut-être le début de la campagne présidentielle. Est-ce que vous pensez que c'est ça ?
- "Je crois que c'est ce qu'il aura compris mais je pense que c'est tout de même dommage parce que, encore une fois, le pays a des problème, non pas des problèmes catastrophiques mais des problèmes logiques qu'il faut résoudre. Nous devons revenir vers le plein emploi, nous devons combattre l'insécurité. Ce n'est pas en faisant peur qu'on résout les problèmes. En faisant peur, on agite la passion politique dans ce qu'elle n'a pas de plus beau."
Quand J. Chirac, notamment, vous montre que la gauche casse l'Etat. Il parle même d'une "école de pensée" qui va dans ce sens - ce qui a l'air d'être une allusion au trotskisme -, qu'est-ce que vous en pensez ?
- "Je pense que le Président de la République est théoriquement le dépositaire premier de cette autorité de l'Etat et que c'est aussi à lui de donner l'exemple."
Si J. Chirac est en campagne avec dans l'idée qu'il aura à affronter L. Jospin c'est normal et logique qu'il s'en prenne à la politique de ce Gouvernement.
- "Encore une fois, les élections présidentielles sont dans un certain temps - un peu moins d'un an. Les Français sont encore loin de cette élection ; ils attendent de leurs responsables un message qui donne un peu plus de hauteur, qui éclaire l'avenir et non pas qu'on rentre dans une sorte de pugilat. Ce n'est pas ce que les Français attendent, ni du Président ni du Gouvernement. Je veux vous dire que le Gouvernement, pour sa part, n'y a pas cédé et n'y cédera."
Vous pensez que dans la cohabitation - après tout vous êtes ministre des Affaires européennes qui est un domaine où la cohabitation, ou en tout cas la France, a à parler d'une seule voix - l'exercice va devenir de plus en plus difficile ?
- "Nous allons respecter à la fois la fonction et la personne du Président du République. En même temps, le Gouvernement continuera à faire ce qu'il a faire. Comme l'a dit L. Jospin l'autre jour, c'est à lui qu'il revient de tenir la maison France, c'est lui qui a l'essentiel des responsabilités, c'est lui qui conduit la politique de la Nation. Il le fera en disant ce qu'il croit être l'intérêt général et il le fera en apportant des solutions. Nous allons, par exemple, avoir les arbitrages budgétaires qui mettront justement en avant la sécurité et le social ainsi que la justice. Tous domaines sur lesquels, contrairement à ce qu'a dit le Président de la République, nous agissons et nous avons agi. S'il le faut, nous saurons aussi nous faire respecter. Car distiller des approximations ou des insinuations n'est pas une bonne méthode."
A propos du financement de ses voyages dans le début des années 1990, est-ce que vous avez trouvé J. Chirac convaincant ?
- "Ce n'est franchement pas mon problème. Je crois que ce n'est pas moi qu'il a chargé à convaincre."
Qui alors ?
- "D'autres."
Les magistrats ?
- "Je n'en suis pas sûr non plus."
Vous même qui était trésorier du PS entre 1991 et 1994, vous avez été convoqué la semaine dernière comme témoin par les juges dans l'affaire dite des marchés publics d'Ile-de-France. Comment cela s'est passé ?
- "Les juges avaient demandé à m'auditionner parce qu'effectivement, j'avais été trésorier entre 1992 et 1994. Ils avaient demandé au Conseil des ministres de m'autoriser à être entendu comme témoin. J'ai demandé à ce que cela soit fait vite. Cela a été fait le 6 juin, ensuite je me suis rendu tout à fait normalement à leur convocation, parce que j'estime que le rôle d'un citoyen est de concourir à la manifestation de la vérité. Je l'ai fait. J'ai prêté serment. J'ai dit ce qu'était la vérité."
Vous raconterez à J. Chirac comment cela s'est passé, à l'occasion ?
- "Je ne suis pas sûr qu'il me le demandera. Mais je crois en un pays dans lequel il y a le secret de l'instruction ; je crois que c'est une assez bonne règle. La seule chose que je peux dire, c'est que j'ai expliqué que j'avais appliqué la loi de l'époque et que je n'ai jamais eu connaissance des ententes dont on parle sur les marchés publics de la région Ile-de-France."
Parce que c'est ça le problème : est-ce qu'il y a eu des ententes au profit du PS, du RPR ?
- "Je n'en ai jamais eu connaissance."
Il n'y en a pas eu sur le PS, en tout cas ?
- "Je n'en n'ai jamais eu connaissance."
Ni sur le RPR ?
- "Encore moins."
Est-ce qu'il y a des moments où vous vous dites qu'une intervention du parquet serait bien utile pour modérer l'ardeur de certains juges ?
- "Je ne veux pas entrer dans ce genre de débat. Je suis magistrat de formation, magistrat de la Cour des comptes et j'ai un certain respect pour la justice de mon pays. Je pense, par ailleurs, qu'il ne faut pas revenir en arrière. Peut-être que ce que le Président de la République a pu dire sur la justice, sur le rapport entre le Gouvernement et la justice, procède d'une conception qui est celle d'hier et qui est dépassée. Je crois que nos concitoyens n'acceptent plus ce type de manifestations et qu'ils ne souhaitent pas que la justice ne soit pas indépendante. C'est dans ce sens-là que nous devons continuer à aller même si, en même temps, il faut aussi qu'il y ait une politique pénale."
Juste un mot sur les fonds spéciaux : J. Chirac a précisé que ce qu'il demandait à être gelé, c'était précisément les fonds gérés par Matignon et pas l'ensemble des fonds spéciaux.
- "Je crois que le Premier ministre - et j'en suis même sûr - a demandé au premier président de la Cour des Comptes un rapport."
Encore la Cour des comptes !
- "Oui, parce que c'est une institution utile. Il a demandé un rapport sur ce sujet. Je crois qu'il l'attendra et puis des décisions seront prises, je n'en doute pas. Je crois qu'elles doivent l'être. Les fonds secrets, c'est aussi quelque chose qui doit évoluer."
Vous ne pouvez pas dire que l'Europe parvienne à occuper le devant de l'actualité. J. Chirac avant-hier n'en a pas parlé et d'ailleurs, L. Jospin sur France 3, il y a huit jours, non plus.
- "Pourtant, je crois que l'Europe est notre avenir, qu'elle est l'espace dans lequel dans nous pouvons déployer justement ces politiques publiques pour le bien du pays. Le Président de la République et le Premier ministre - car on travaille quand même dans ce pays et on travaille ensemble, et je crois que c'est mieux ainsi - ont lancé ensemble un grand débat sur l'avenir de l'Europe en 2004 : quelle Europe élargie ? Quelle politique commune pour l'Europe ? Quelle politique concrète ?"
Cela donne lieu à des forums régionaux.
- "Cela donne lieu à des forums dans les régions et moi je ne suis pas si pessimiste..."
...Comment se passent ces forums ?
- "Je trouve que c'est assez vivant : une pluralité d'acteurs viennent donner leurs points de vue qui sont différents..."
...Quelle est la question qui intéresse le plus les gens qui viennent ?
- "C'est : que va-t-on faire ensemble ? Ce n'est pas ""quelles institutions ou est-ce qu'il faut une fédération ou une fédération d'Etats-nations, etc. C'est une question utile, importante mais un peu abstraite. C'est : quelle démocratie, quelle politique économique, quelle politique agricole, quelle politique régionale ? Bref, comment est-ce que l'Europe peut se rapprocher du citoyen ? Le grand défi pour elle, c'est justement celui-là : c'est de faire en sorte qu'elle réponde à des problèmes concrets, qu'elle ne soit pas une construction théorique, abstraite, éventuellement lointaine."
La présidence belge de l'Europe a commencé. Qu'est-ce que vous en attendez ? Est-ce que, par exemple, cette idée d'un impôt européen pour financer l'Union vous semble bien parti ?
- "Je crois que le moment venu, il faudra effectivement un impôt pour l'Europe. Mais pas un impôt qui s'ajoute aux autres mais un impôt qui se substitue à d'autres impôts, pour permettre, justement, de financer des politiques européennes efficaces. Cette présidence belge est une présidence qui sera, j'en suis sûr, tout à fait professionnelle. La Belgique a une tradition communautaire ; c'est un pays fondateur. Ils ont de grandes ambitions et nous allons les aider à les réaliser."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 23 juillet 2001)
Avant-hier, le Président Chirac s'en est pris à l'action gouvernementale dans tous les domaines : sécurité, justice, économie, social. Les ministres concernés ont répliqué. Mais vous, en tant que membre de ce Gouvernement, comment vous ressentez cet ensemble de critiques du Président ?
- "J'ai été un peu étonné par les exagérations, sans doute dues à la passion politique, qui ont marqué ce discours. J'ai une certaine conception de ce que doit être le rôle du chef de l'Etat : pour moi, le Président de la République n'est pas là pour diviser, n'est pas là pour inquiéter ; Son rôle est de rassembler et de rassurer. Je crois que les Français pouvaient attendre, plutôt que cette attaque en règle contre le Gouvernement de la France, des propositions, une attitude qui soit un peu au-dessus de la mêlée. Au contraire, ils ont eu droit à une tonalité alarmiste sur l'économie et sur la sécurité. Cela m'a un peu fait penser à cette émission de R. Gicquel, dans les années 1975 : "la France a peur." Moi, je crois à la parole présidentielle, je crois qu'il est utile..."
...C'était à la suite d'un assassinat.
- "C'est vrai. Mais raison de plus. La comparaison, du coup, nous ramène à la raison. Je crois en la parole présidentielle ; je crois que le parole politique est importante. Je crois que nos citoyens se fixent beaucoup dessus, en France mais aussi à l'étranger. Imaginez ce qu'un investisseur étranger aurait pensé de cette émission ? Quel pays !"
Pourquoi, parce que le Président le décrit comme ça ?
- "Tel qu'il le décrivait, c'était franchement l'apocalypse. Rien ne va dans ce pays : la sécurité, les Français ont peur, tout va mal dans l'économie... Il y avait aussi un ensemble d'approximations et quelques contrevérités qui, tout de même, ne peuvent pas être laissées passer sous silence. Je pense à l'économie : comment peut-on dire que la croissance française est aujourd'hui en panne alors qu'elle est plus forte que celle de la zone euro ? Comment peut-on dire que ce pays a diminué le chômage moins vite que dans la zone euro alors que c'est exactement le contraire ? Comment peut-on faire référence aux déficits, alors qu'ils ont baissé, et aux prélèvements obligatoires qui ont connu une hausse historique quand J. Chirac gouvernait avec ses amis ? Tout cela est surprenant."
L'observateur étranger dont vous parlez peut aussi comprendre que c'est peut-être le début de la campagne présidentielle. Est-ce que vous pensez que c'est ça ?
- "Je crois que c'est ce qu'il aura compris mais je pense que c'est tout de même dommage parce que, encore une fois, le pays a des problème, non pas des problèmes catastrophiques mais des problèmes logiques qu'il faut résoudre. Nous devons revenir vers le plein emploi, nous devons combattre l'insécurité. Ce n'est pas en faisant peur qu'on résout les problèmes. En faisant peur, on agite la passion politique dans ce qu'elle n'a pas de plus beau."
Quand J. Chirac, notamment, vous montre que la gauche casse l'Etat. Il parle même d'une "école de pensée" qui va dans ce sens - ce qui a l'air d'être une allusion au trotskisme -, qu'est-ce que vous en pensez ?
- "Je pense que le Président de la République est théoriquement le dépositaire premier de cette autorité de l'Etat et que c'est aussi à lui de donner l'exemple."
Si J. Chirac est en campagne avec dans l'idée qu'il aura à affronter L. Jospin c'est normal et logique qu'il s'en prenne à la politique de ce Gouvernement.
- "Encore une fois, les élections présidentielles sont dans un certain temps - un peu moins d'un an. Les Français sont encore loin de cette élection ; ils attendent de leurs responsables un message qui donne un peu plus de hauteur, qui éclaire l'avenir et non pas qu'on rentre dans une sorte de pugilat. Ce n'est pas ce que les Français attendent, ni du Président ni du Gouvernement. Je veux vous dire que le Gouvernement, pour sa part, n'y a pas cédé et n'y cédera."
Vous pensez que dans la cohabitation - après tout vous êtes ministre des Affaires européennes qui est un domaine où la cohabitation, ou en tout cas la France, a à parler d'une seule voix - l'exercice va devenir de plus en plus difficile ?
- "Nous allons respecter à la fois la fonction et la personne du Président du République. En même temps, le Gouvernement continuera à faire ce qu'il a faire. Comme l'a dit L. Jospin l'autre jour, c'est à lui qu'il revient de tenir la maison France, c'est lui qui a l'essentiel des responsabilités, c'est lui qui conduit la politique de la Nation. Il le fera en disant ce qu'il croit être l'intérêt général et il le fera en apportant des solutions. Nous allons, par exemple, avoir les arbitrages budgétaires qui mettront justement en avant la sécurité et le social ainsi que la justice. Tous domaines sur lesquels, contrairement à ce qu'a dit le Président de la République, nous agissons et nous avons agi. S'il le faut, nous saurons aussi nous faire respecter. Car distiller des approximations ou des insinuations n'est pas une bonne méthode."
A propos du financement de ses voyages dans le début des années 1990, est-ce que vous avez trouvé J. Chirac convaincant ?
- "Ce n'est franchement pas mon problème. Je crois que ce n'est pas moi qu'il a chargé à convaincre."
Qui alors ?
- "D'autres."
Les magistrats ?
- "Je n'en suis pas sûr non plus."
Vous même qui était trésorier du PS entre 1991 et 1994, vous avez été convoqué la semaine dernière comme témoin par les juges dans l'affaire dite des marchés publics d'Ile-de-France. Comment cela s'est passé ?
- "Les juges avaient demandé à m'auditionner parce qu'effectivement, j'avais été trésorier entre 1992 et 1994. Ils avaient demandé au Conseil des ministres de m'autoriser à être entendu comme témoin. J'ai demandé à ce que cela soit fait vite. Cela a été fait le 6 juin, ensuite je me suis rendu tout à fait normalement à leur convocation, parce que j'estime que le rôle d'un citoyen est de concourir à la manifestation de la vérité. Je l'ai fait. J'ai prêté serment. J'ai dit ce qu'était la vérité."
Vous raconterez à J. Chirac comment cela s'est passé, à l'occasion ?
- "Je ne suis pas sûr qu'il me le demandera. Mais je crois en un pays dans lequel il y a le secret de l'instruction ; je crois que c'est une assez bonne règle. La seule chose que je peux dire, c'est que j'ai expliqué que j'avais appliqué la loi de l'époque et que je n'ai jamais eu connaissance des ententes dont on parle sur les marchés publics de la région Ile-de-France."
Parce que c'est ça le problème : est-ce qu'il y a eu des ententes au profit du PS, du RPR ?
- "Je n'en ai jamais eu connaissance."
Il n'y en a pas eu sur le PS, en tout cas ?
- "Je n'en n'ai jamais eu connaissance."
Ni sur le RPR ?
- "Encore moins."
Est-ce qu'il y a des moments où vous vous dites qu'une intervention du parquet serait bien utile pour modérer l'ardeur de certains juges ?
- "Je ne veux pas entrer dans ce genre de débat. Je suis magistrat de formation, magistrat de la Cour des comptes et j'ai un certain respect pour la justice de mon pays. Je pense, par ailleurs, qu'il ne faut pas revenir en arrière. Peut-être que ce que le Président de la République a pu dire sur la justice, sur le rapport entre le Gouvernement et la justice, procède d'une conception qui est celle d'hier et qui est dépassée. Je crois que nos concitoyens n'acceptent plus ce type de manifestations et qu'ils ne souhaitent pas que la justice ne soit pas indépendante. C'est dans ce sens-là que nous devons continuer à aller même si, en même temps, il faut aussi qu'il y ait une politique pénale."
Juste un mot sur les fonds spéciaux : J. Chirac a précisé que ce qu'il demandait à être gelé, c'était précisément les fonds gérés par Matignon et pas l'ensemble des fonds spéciaux.
- "Je crois que le Premier ministre - et j'en suis même sûr - a demandé au premier président de la Cour des Comptes un rapport."
Encore la Cour des comptes !
- "Oui, parce que c'est une institution utile. Il a demandé un rapport sur ce sujet. Je crois qu'il l'attendra et puis des décisions seront prises, je n'en doute pas. Je crois qu'elles doivent l'être. Les fonds secrets, c'est aussi quelque chose qui doit évoluer."
Vous ne pouvez pas dire que l'Europe parvienne à occuper le devant de l'actualité. J. Chirac avant-hier n'en a pas parlé et d'ailleurs, L. Jospin sur France 3, il y a huit jours, non plus.
- "Pourtant, je crois que l'Europe est notre avenir, qu'elle est l'espace dans lequel dans nous pouvons déployer justement ces politiques publiques pour le bien du pays. Le Président de la République et le Premier ministre - car on travaille quand même dans ce pays et on travaille ensemble, et je crois que c'est mieux ainsi - ont lancé ensemble un grand débat sur l'avenir de l'Europe en 2004 : quelle Europe élargie ? Quelle politique commune pour l'Europe ? Quelle politique concrète ?"
Cela donne lieu à des forums régionaux.
- "Cela donne lieu à des forums dans les régions et moi je ne suis pas si pessimiste..."
...Comment se passent ces forums ?
- "Je trouve que c'est assez vivant : une pluralité d'acteurs viennent donner leurs points de vue qui sont différents..."
...Quelle est la question qui intéresse le plus les gens qui viennent ?
- "C'est : que va-t-on faire ensemble ? Ce n'est pas ""quelles institutions ou est-ce qu'il faut une fédération ou une fédération d'Etats-nations, etc. C'est une question utile, importante mais un peu abstraite. C'est : quelle démocratie, quelle politique économique, quelle politique agricole, quelle politique régionale ? Bref, comment est-ce que l'Europe peut se rapprocher du citoyen ? Le grand défi pour elle, c'est justement celui-là : c'est de faire en sorte qu'elle réponde à des problèmes concrets, qu'elle ne soit pas une construction théorique, abstraite, éventuellement lointaine."
La présidence belge de l'Europe a commencé. Qu'est-ce que vous en attendez ? Est-ce que, par exemple, cette idée d'un impôt européen pour financer l'Union vous semble bien parti ?
- "Je crois que le moment venu, il faudra effectivement un impôt pour l'Europe. Mais pas un impôt qui s'ajoute aux autres mais un impôt qui se substitue à d'autres impôts, pour permettre, justement, de financer des politiques européennes efficaces. Cette présidence belge est une présidence qui sera, j'en suis sûr, tout à fait professionnelle. La Belgique a une tradition communautaire ; c'est un pays fondateur. Ils ont de grandes ambitions et nous allons les aider à les réaliser."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 23 juillet 2001)