Texte intégral
« Cher Jean-Michel Baylet, Mesdames et Messieurs les ministres, chers amis, je vous remercie pour cette invitation et pour cet accueil chaleureux. Invitation chaleureuse, accueil chaleureux et pourtant, j'ai vu qu'un de vos ateliers posait hier cette question provocatrice : faut-il supprimer le Premier ministre ? J'en déduis peut-être trop rapidement, par ma présence, et par votre accueil, que la réponse a plutôt été, à ce stade en tout cas, 'non'. Je veux vous rassurer : je ne le prends pas comme une attaque personnelle. Pas encore...
Je sais en effet que nous nous retrouvons pour un moment de débat et un moment convivial. Cette même convivialité que j'avais ressentie il y a un peu plus d'un an lors de votre université d'été où vous m'aviez invité. J'étais alors ministre de l'Intérieur et j'avais pu rappeler l'apport, la contribution des radicaux de gauche dans l'action que nous menons au service de notre pays. Il y a un an, je vous avais dit la gauche a besoin de tous, la gauche a besoin du Parti Radical de Gauche, de ses militants, de ses élus, de ses parlementaires. De ses ministres aussi. Je disais que la gauche avait besoin de Jean-Michel Baylet. Ces mots étaient vrais hier. Ils le sont tout autant aujourd'hui, et peut-être encore davantage.
Je sais qu'au sein de la gauche, le questionnement est permanent. Le débat fait partie de notre ADN. Nous sommes capables de le pousser tous jusqu'aux extrémités les plus incroyables. Quelle est notre identité ? Quel doit être notre rapport au pouvoir et aux institutions ? Comment faire vivre notre différence ? Comment construire et faire fonctionner nos alliances ?
Certains n'y voient que divisions, clivages, manuvres. Mais je crois que c'est une force, quand ces questionnements nous permettent de tirer des enseignements qui nous renforcent. À gauche, nous avons toujours considéré la diversité comme une richesse. Nous la faisons vivre chaque jour. Parfois, un peu trop. Il faut avoir les nerfs solides. Là-dessus, comptez sur moi pour avoir les nerfs solides.
C'était le sens des engagements pris au lendemain des primaires citoyennes, cher Jean-Michel. C'est encore vrai aujourd'hui. Cette diversité, celle de 2011, a été une force qui a permis la victoire de François Hollande en mai 2012.
Notre victoire commune. Cette diversité, ne l'oublions pas, est une richesse. Elle est au cur de ce qu'est la gauche française depuis des décennies. Mais elle doit être mise au service d'un projet collectif, d'un projet pour les Français. Nous sommes aux responsabilités. Nous gouvernons. C'est un honneur dans un moment de grandes difficultés pour notre pays. Ce que les Français attendent de nous, c'est que nous agissions avec cohérence, unité et persévérance. Je me pose chaque jour des questions, comme tant d'autres de responsables politiques qui considèrent que gouverner est un honneur. Ces questions sont simples : Comment être utiles aux Français ? Comment faire avancer notre pays ? Comment l'adapter à ce monde qui change si vite sous nos yeux ?
L'unité et l'alliance que je viens d'évoquer doivent toujours se fonder sur des bases claires. Sur la franchise, sur la loyauté. En cela, un protocole d'accord, comme vous l'avez proposé, est toujours une démarche utile. J'y reviendrai mais l'unité doit se construire avant tout sur la vérité. La vérité, c'était et c'est le message principal de ma première déclaration de politique générale en avril. Je m'étais alors placé dans un héritage qui reste profondément d'actualité. J'avais fait mienne une exigence : l'héritage et l'exigence de Pierre Mendès France. Oui, je vous dirai la vérité. Ce style direct qui est le mien, vous le connaissez. Je l'assume. C'est je crois une marque de respect, et la meilleure manière de se comprendre, de se mettre d'accord. J'ai apprécié ces derniers jours votre style direct, et le style direct du Président. C'est dans la franchise, la loyauté, l'unité et le rassemblement que la gauche avance au service du pays. Et cela plus encore lorsque surviennent des crispations, des malentendus, des débats. C'était le cas entre nous. Pas entre moi et Jean-Michel Baylet. Pas entre vous et moi. Mais entre vous et les socialistes. Ces crispations et ces débats, je ne les minimise pas. Ils sont légitimes, surtout quand un partenaire - vous - a le sentiment de ne pas être respecté. Et vous n'avez pas été respectés à l'occasion des élections sénatoriales. Il faut donc en tirer les conséquences. C'est ce que nous avons fait.
Je crois que pour être sincère, pour être efficace, un accord de gouvernement doit d'abord reposer sur le constat de valeurs partagées, de convergences politiques. Et ces convergences sont nombreuses. Si depuis plus de 2 ans, nous gouvernons ensemble, ce n'est pas simplement en vertu d'un accord de gouvernement. Ce n'est pas seulement parce qu'il y a une vieille alliance entre les radicaux de gauche et les socialistes. Ce n'est pas seulement parce que vous avez fait à un moment le choix du rassemblement et de l'union de la gauche dans les années 70. Ce n'est pas seulement parce que vous avez participé à la première grande victoire de 1981. Je me souviens jeune militant avoir participé alors à un immense meeting Porte de Versailles et l'un de vos orateurs, il est toujours jeune et il est toujours là, c'était Roger-Gérard Schwartzenberg citant, je me rappelle de ce moment dans cette immense foule, 'La liberté' et le poème de Paul Éluard. Ce n'est pas seulement à travers cette histoire mais c'est parce que nous portons des valeurs communes. Parce que ce qui nous rassemble est bien plus fort que ce qui a pu nous diviser. Oui, nous avons des débats mais je sais qu'ils ne remettent pas en cause cette longue histoire que nos deux formations ont en commun.
Oui, cher Jean-Michel, le premier des protocoles d'accord, ce sont les valeurs, les combats que nous partageons depuis longtemps et qui sont au cur de l'identité de votre famille politique, de notre grande famille politique. Je vous le dis du fond du cur. C'est sincère. Je me sens très bien avec et parmi les radicaux de gauche.
Le radicalisme, c'est bien sûr la défense acharnée de la République, de cette magnifique avancée qui a fait que des femmes et des hommes, tout un peuple, se sont unis autour d'un drapeau, d'un hymne, d'une devise. La liberté, l'égalité, la fraternité. Trois mots si forts, qui sont à eux seuls le plus beau des programmes. Deux d'entre vous m'ont accueilli avec un bonnet phrygien. L'un d'entre eux m'a dit : c'est un bonnet rouge. Non. Ca n'a rien à voir. La République, elle est une et indivisible et le bonnet phrygien, c'est cette volonté du peuple de décider pour son destin. La Révolution de 1789 a porté un message. Il n'était pas tourné seulement vers la France, il était tourné vers le monde et encore aujourd'hui, des hommes et des femmes se battent pour la liberté et la démocratie, pour la liberté de la presse au nom même de cet idéal qui fut celui de 1789. Cette République que nous avons en commun, que nous chérissons, elle demeure un combat car elle est bousculée quand les inégalités, les communautarismes, les violences viennent en contester les fondements. Comme ils avaient trouvé sur leur chemin nos glorieux aînés, Gambetta ou Clemenceau, les adversaires de la République doivent aujourd'hui comme hier, constater bien davantage notre détermination, notre engagement, notre intransigeance commune. Quand les discours sur le déclin de la France prospèrent, il nous faut mener une bataille d'idées dont nous n'avons pas encore pris vraiment la mesure. Face non seulement au Front National, mais à un discours qui rabaisse notre pays, qui voudrait nous ramener à une France qui aurait été heureuse dans les années 50 ou 60, qui nie ce qu'est la réalité du monde, qui porte un projet soit à travers des journalistes soi-disant intellectuels, soit à travers des responsables de la droite ou de l'extrême droite, une vision triste, enfermée sur elle-même, rance, qui n'est pas celle de la France. La France que nous portons, celle des valeurs de la République, c'est une France ouverte sur le monde. C'est une France généreuse. C'est une France qui fait de l'égalité, de la fraternité et de la liberté un message qui doit se traduire dans les politiques publiques. Et c'est ce message que nous devons porter avec davantage de conviction, de force, et de persuasion.
La République, ce n'est pas une chose dépassée, désuète, un combat d'arrière-garde. La République, c'est plus que jamais la modernité. Plus que jamais la réponse aux problèmes et aux défis de la France. Elle n'est pas qu'un mode d'organisation de nos institutions. C'est d'abord une ambition, une aspiration, un idéal de vie en collectivité qui a parfois été mis en cause. Et qu'aujourd'hui, dans le débat public, on puisse considérer comme normal, comme un élément du débat de dire que Vichy, son régime, ont sauvé des juifs sans que cela ne suscite une indignation du fond de ce peuple montre bien que nous avons un combat majeur à mener. Cet idéal que nous devons en permanence porter. Cet idéal doit avoir des traductions concrètes car évidemment nous ne pouvons pas nous en tenir au discours. La première de ces traductions, c'est l'école. L'école de la République qui a été si souvent malmenée par la majorité précédente. Ensemble, et je le dis à ceux qui commencent déjà, deux ans et demi à peine le quinquennat entamé, à faire le bilan, qu'ils regardent ce que nous avons entrepris. Bien sûr, les résultats sont longs à se mettre en uvre, tant on a voulu détruire l'école de la République.
Nous avons refondé cette école avec un souci permanent d'apaisement. Avec comme seule préoccupation, l'intérêt de tous les élèves de France. Nous lui avons redonné les moyens pour qu'elle retrouve son ambition de toujours : être le moteur de la méritocratie républicaine, celle qui fait que quel que soit son milieu social, on a les moyens de s'élever. C'est quoi la définition de la gauche ? Cette définition qui nous réunit, c'est de lutter en permanence contre les déterminismes. Or, depuis trop longtemps, cette promesse d'élévation se brise sur le mur des réalités, c'est-à-dire la reproduction des inégalités. Quand on est de gauche, quand on est dans le camp du progrès, on ne peut pas l'accepter. Je suis fier de présenter une loi de finance 2015 qui fait de l'éducation et de l'école le premier budget de la Nation. Enfin, c'est arrivé et c'est grâce à cette majorité !
Oui, soyons fiers également de ce que nous sommes capables d'accomplir. Premier budget de la Nation ! 60 000 postes d'enseignants qui vont être créés au cours de ce quinquennat, parce que nous avons une démographie positive évidemment mais parce que nous voulons mettre l'accent sur la lutte contre les inégalités avec l'école prioritaire et pour la formation des maîtres. Parce que nous avons engagé la réforme du primaire et que nous allons engager la réforme du collège. Ce ne sont pas uniquement des postes et des moyens supplémentaires. Nous devons accomplir un travail sur la pédagogie. Et là, il y a de vrais débats. Pas des débats seulement entre nous ou au sein de la gauche, mais des vrais débats avec la droite, avec l'opposition. Je regarde de près ce que disent tous les responsables de l'opposition car ils disent tous la même chose. Ils veulent remettre en cause cette priorité à l'école. Et quand l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy dit que s'il revenait au pouvoir, il reprendrait ce qu'il avait fait pendant 5 ans, c'est-à- dire supprimer de nouveau des postes d'enseignants dans nos écoles des quartiers difficiles, de nos territoires ruraux, cela veut dire qu'il n'a rien compris de ce que le pays demande c'est-à-dire de faire de la priorité de la jeunesse cette grande cause qui est celle du quinquennat de François Hollande ; Il n'a pas compris qu'on prépare l'avenir et l'avenir il se prépare dans l'école de la République. Soyons donc fiers de ce que nous sommes en train de faire et débattons des vrais sujets avec l'opposition.
Chers amis, l'école de la République est laïque. Comme vous, je suis fier que dans toutes nos écoles aient été affichées des Chartes de la laïcité. Elles ont pour but de dire et d'expliquer avec des mots simples ce principe fondamental. Celui de la séparation catégorique entre ce qui tient de la sphère privée, de la croyance personnelle, et ce qui relève de la vie en collectivité. Ce combat pour la laïcité je sais combien il vous rassemble, combien il vous mobilise. Et je veux le dire ici devant vous : Merci aux radicaux de gauche. Merci à Françoise Laborde tout particulièrement d'avoir elle aussi mené avec bien d'autres le combat autour de la crèche Baby-loup. Parce qu'il y a de nouvelles frontières à la laïcité et qu'il ne fallait pas laisser passer. Ce combat n'est pas fini. Cette crèche Baby-loup est toujours en danger. Elle est l'un des symboles, à travers ces femmes courageuses et sa directrice, de ce combat pour la laïcité dans un monde qui a changé. Nous ne pouvons pas abandonner ce combat. Merci à vous tous d'avoir été là quand une partie de la gauche avait abandonné ce combat, laissant alors l'extrême droite s'en emparer pour en faire un moyen de montrer du doigt, de stigmatiser, d'exclure. La gauche ne doit jamais oublier que la laïcité est un des piliers, un des fondements de la République.
La laïcité, c'est notre richesse. Elle a toujours été le combat des républicains, le combat de la gauche. C'est un message à la fois de fermeté et de tolérance. Il suffit d'ailleurs de relire les débats parlementaires au moment de la loi de 1905 et l'intelligence d'Aristide Briand. C'est elle qui garantit cette laïcité notre vie en société, qui permet l'émancipation des individus, qui permet aussi de faire vivre l'égalité entre les femmes et les hommes. C'est le refus des carcans et des intégrismes de toute nature. C'est pour cela qu'elle doit être un combat de tous les jours. L'égalité des chances, c'est l'école bien sûr mais pas uniquement. L'égalité requiert une action beaucoup plus vaste dans tous les domaines, notamment l'apprentissage, l'orientation, mais aussi la formation tout au long de la vie. Et dans tous ces domaines, ensemble, avec vous, nous avons progressé. Nous avons créé les emplois d'avenir. Nous avons mis en place la garantie jeune qui permet d'accompagner les jeunes décrocheurs, ceux qui sont les plus éloignés de l'emploi. 50 000 sont prévues en 2015 et 100 000 en 2017 parce que nous ne pouvons pas accepter qu'il y ait 150 000 jeunes qui, tous les ans, décrochent de notre système scolaire et de notre système de formation. Oui, il y a en effet encore beaucoup à faire mais nous avons un message à adresser à la jeunesse. Je me rappelle des belles affiches des radicaux de gauche, je l'avais évoqué à votre Université d'été, dans une société comme la nôtre qui traverse depuis des années une crise économique et sociale et qui est traversée par des fractures territoriales, sociales, identitaires, ce message de rassemblement à travers la République, la laïcité, l'école, notre système de formation, il est essentiel. Je souhaite qu'un jeune, quelle que soit son origine, quel que soit son quartier, quel que soit son nom ou sa couleur de peau, retrouve de nouveau confiance dans notre pays. Nous avons un atout : la jeunesse. La jeunesse ne doit pas être regardée comme un problème mais comme une solution. La France a la chance d'avoir une démographie positive, ce qui n'est pas le cas d'autres grands pays comme l'Allemagne par exemple, et elle doit en faire un atout. Je souhaite que les jeunes et notamment les jeunes de nos quartiers populaires retrouvent confiance dans la République, dans les institutions. Cela doit rester la priorité des priorités de ce quinquennat.
L'égalité, c'est aussi l'accès aux services publics.
À la sécurité, bien sûr car sans ordre républicain, il n'y a pas de démocratie et de progrès. À la santé : et le texte de loi qui sera porté par Mme Touraine va permettre de grandes avancées. Au logement : avec Sylvia Pinel, nous agissons. Ce grand plan de relance de la construction était attendu. Non seulement par les professionnels du secteur, car c'est important pour la croissance et pour l'emploi, mais surtout par nos concitoyens qui éprouvent tant de difficultés à se loger correctement, et qui peinent à envisager l'avenir sereinement. Devant vous, de tout cur, je remercie Sylvia Pinel pour son engagement, pour sa place dans le gouvernement, et pour la contribution qu'elle apporte sur des dossiers essentiels. Les ministres radicaux de gauche sont non seulement au cur du gouvernement, mais ils sont utiles à la France.
Il y a 6 mois, à la tribune de l'Assemblée nationale, j'ai donc fait référence à Pierre Mendès France parce qu'il a porté avec force et assumé la nécessité de réformer. Réformer, hier comme aujourd'hui, c'est nommer les problèmes. Il s'y attaquait avec le courage, la détermination nécessaires. C'est examiner avec lucidité tout ce qui freine notre pays, tout ce qui le bloque, tout ce qui l'empêche d'aller de l'avant. Trop d'obstacles, trop de démarches, un environnement trop incertain, un coût du travail trop élevé : voilà ce qui bloque nos entreprises, pèse sur leur compétitivité et ce depuis des années. La France a commencé à perdre à la fin des années 90 sa compétitivité, celle de ses entreprises. Il fallait donc mettre fin à ce décrochage de la France dans la compétition internationale. Nous n'avons pas dit assez nettement en 2012 dans quelle situation nous avions trouvé le pays. Déficits de croissance, déficits publics, déficits du commerce extérieur. Et avec le Pacte de responsabilité et de solidarité que vous avez soutenu au Parlement, nous avons fait un pas important. Mais nous n'allons pas nous arrêter au milieu du gué. Je vois qu'on critique le Pacte de responsabilité et de solidarité. Mais au-delà du CICE adopté fin 2012, après la publication du rapport Gallois qui soulignait cette baisse de la compétitivité de nos entreprises, ce décrochage de la France par rapport à d'autres pays, le président de la République a fait le choix d'aller encore plus loin. Mais le Pacte de responsabilité et de solidarité va vraiment entrer en vigueur à partir du 1er janvier 2015. Il a été voté en grande partie grâce aux députés radicaux de gauche qui siègent à l'Assemblée nationale, cet été. On ne peut pas zigzaguer. On ne peut pas changer tous les jours de position. Les entreprises, comme les partenaires sociaux, ont besoin de visibilité, de savoir sur les trois ans comment nous engageons le redressement du pays. Je suis fier que ce gouvernement, cette majorité soit aux côtés des entreprises, de toutes les entreprises. Cela ne devrait même pas faire débat. Les grands groupes comme les PME, les TPE, les artisans, les commerçants, les indépendants, les jeunes pousses, les start-up, ce sont les entreprises qui créent la richesse et les emplois dont notre pays a tant besoin. Et les entreprises, ce sont les entrepreneurs, les cadres, les ingénieurs, les ouvriers, les salariés. Ce pacte doit se mettre en uvre dans le respect des partenaires sociaux, dans un dialogue social qui est toujours un élément positif, nécessaire pour le progrès économique. J'en appelle à chaque fois au patronat à prendre pleinement ses responsabilités parce que quand la nation consent un tel effort, 40 milliards de soutien aux entreprises, pour baisser le coût du travail et des charges, il faut que le patronat et les entreprises répondent. Mais nous avons besoin de ces entreprises. Et vous avez toujours été conscients de ce problème. Chacun d'entre vous ici, parce que vous êtes des élus ou des militants, des entrepreneurs, sait qu'on a besoin de soutenir les entreprises. Et d'ailleurs, les mesures pour le pacte, notamment en 2015, favoriseront d'abord les PME parce que ce sont elles qui tirent la croissance. C'est là où travaille une immense majorité de nos concitoyens. Il n'y a qu'en France où quelques-uns, minoritaires, peuvent être amenés à siffler le Premier ministre quand il dit que les entreprises créent de la richesse et de l'emploi. Un responsable syndical a eu raison de dire que ceux qui avaient sifflé le Premier ministre quand il disait qu'il aimait l'entreprise ne sifflaient pas les actionnaires, ne sifflaient pas les patrons mais les salariés. Alors moi, j'ai besoin de vous, de votre discours, de votre vision moderne de l'économie, de l'entreprise, du dialogue social. Parce que c'est comme ça qu'on fait avancer la gauche. On ne fait pas avancer la gauche avec les idées d'hier. On ne fait pas avancer la gauche avec une vision du monde dépassée. On ne fait pas avancer la gauche et la France en niant la réalité de l'économie du marché, de la mondialisation. Quel est notre rôle ? C'est de réguler. De faire en sorte qu'au niveau mondial, européen et national, nous ayons les instruments pour réguler l'économie de marché, le capitalisme que nous devons évidemment toujours analyser et critiquer, mais pas être dans un monde qui n'existe pas, fictif et qui nous fait passer à côté de l'essentiel. Je regarde comme un élément fondamental le fait qu'aujourd'hui nos compatriotes mettent les PME et les PMI en tête des institutions qu'ils soutiennent. Réformer, c'est aussi s'engager avec détermination pour la restauration de nos comptes publics. Depuis 40 ans, la dette de la France n'a cessé de se creuser à mesure qu'ont été votés des budgets en déséquilibre. Cet effort pour nos finances publiques, et je sais que vous êtes vigilants sur ce point, doit se faire avec sérieux et pragmatisme. Nous ne remettons pas en cause nos priorités : la jeunesse, l'éducation, la sécurité, l'emploi, la justice, la protection des plus fragiles notamment avec notre plan pauvreté, les petites retraites. Oui, nous faisons des économies : 50 milliards en 3 ans dont 21 milliards en 2015. C'est un effort sans précédent. Mais je refuse l'idée que nous faisons de l'austérité. Je sais que pour beaucoup de nos compatriotes qui souffrent du chômage de longue durée, pour des jeunes qui n'arrivent pas à trouver un emploi, pour ceux qui sont plongés depuis longtemps dans la précarité, qui vivent avec le RSA, pour ces retraités qui vivent avec moins de 600 euros par mois, leur dire qu'il n'y a pas d'austérité, c'est quelque chose qui leur passe au-dessus de la tête. Mais quand il y a des priorités, quand on préserve les fondamentaux du pacte républicain et social, il y a une différence entre ce que nous faisons et ce que ferait la droite quand elle propose de rajouter 100 ou 150 milliards de coupes budgétaires.
Je voudrais dire à l'ensemble de la gauche de regarder de près. Ne vous laissez pas aveugler par nos débats internes. Regardez quelles sont les réalités, le fait que nous adaptons le rythme de la réduction des déficits à la situation économique exceptionnelle que traverse l'économie européenne dans son ensemble et notamment l'Allemagne. Nous le faisons en baissant la pression fiscale sur les ménages car elle était devenue insupportable. Un premier pas a été accompli en 2014. Cet effort se poursuivra en 2015 et concernera 6 millions de ménages. Et nous en avons parlé avec Jean-Michel, vous le savez, je suis ouvert sur tous les débats et sur vos propositions, sur la réforme attendue de la fiscalité de l'impôt sur le revenu. Ce sont des questions qui doivent être traitées avec attention car il y a un ras-le- bol fiscal dans notre pays. Il y a un rejet même de l'idée d'impôt qui pourtant est indispensable pour financer nos services publics. Avançons sur ces questions. N'en faisons pas un tabou.
Je veux parler des mesures familles et de ce que nous sommes en train de faire pour les allocations familiales. Je le dis à travers vous à tous nos concitoyens : c'est une grande réforme que nous sommes en train d'accomplir ensemble. Nous conjuguons l'universalité et la modulation. Nous conjuguons l'universalité et la justice. J'ai pris toute ma part dans ce choix et je l'assume totalement devant mes compatriotes. Parce que c'est une vraie réforme qui va dans le sens de la justice sociale et que c'est aussi un bon exemple du rapport que je veux faire vivre avec les groupes de la majorité.
Quand la majorité et le gouvernement se mettent d'accord sur une réforme qui était attendue depuis longtemps, et qui préserve l'universalité de notre modèle de politique familiale, qui permet la justice sociale, qui est attendue par nos concitoyens, je m'en félicite. Je me dis qu'il y a une bonne relation entre le Parlement qui est dans son rôle et le gouvernement qui est à l'écoute. Merci de votre soutien à cette grande réforme. Ce n'est jamais simple de faire des économies. Il nous faut être responsables pour tous ceux qui ne l'ont pas été suffisamment avant nous. Soyons fiers d'être du côté de la responsabilité et du courage. Soyons fiers de mener les réformes dont notre pays a besoin. Les Français attendent ces réformes car ils savent bien que dans un monde ouvert, notre pays doit savoir s'adapter pour ne pas être distancé. Bien sûr réformer est une tâche de longue haleine mais nous avons accéléré le rythme des réformes et ensemble nous allons encore le faire. Il n'y a plus de temps à perdre. Nous devons avancer et continuer de mettre notre pays en mouvement. Il faut donner du sens, une finalité à ces réformes. Parce que je le sens bien il y a beaucoup de désarroi, beaucoup d'incompréhension. Il y a de la colère. Nous l'avons senti à l'occasion des élections municipales et européennes. Ceux qui étaient candidats aux sénatoriales l'ont vécu encore plus directement.
Les Français doivent comprendre que ce mouvement de réformes et de changements a trois grandes finalités : libérer la création d'emplois par tous les moyens : pacte de responsabilité, choc de simplification, négociation sur les seuils, réforme de la formation professionnelle, relance de la construction... La 2e finalité est la lutte contre les inégalités avec notamment la refondation de l'école, mais aussi la réforme territoriale. Et puis il y a la préparation de l'avenir avec la transition énergétique qui est sans doute une des grandes lois de ce quinquennat. Mais les investissements dans le numérique, les 34 plans industriels, la réforme de l'Etat et de ses missions, au fond ce que nous devons réussir à accomplir dans les mois qui viennent, c'est de retrouver la confiance. Confiance en nous, et confiance en la France. Il y a dix jours, cher Jean-Michel, vous avez exprimé au président de la République et à moi-même vos préoccupations sur un certain nombre de sujets. Vous avez également échangé avec les responsables du Parti socialiste sur l'évolution des méthodes de travail au sein de la majorité.
Ma venue aujourd'hui est l'occasion, à la suite du courrier que j'ai adressé en réponse à votre Président, d'apporter certains éclairages. Le premier porte sur cette grande ambition qu'est la réforme territoriale. J'ai entendu vos remarques et vos critiques, virulentes parfois. J'ai lu vos propositions et je veux tenir compte de vos analyses.
Vous le savez, je m'exprimerai devant le Sénat le 28 octobre. Je préciserai alors les orientations, la méthode et l'agenda de la réforme territoriale car elle a perdu en cohérence et en sens. Mais je veux d'ores et déjà que nous partagions, si c'est possible, cher Jacques Mézard, la philosophie de cette réforme.
La France d'aujourd'hui a besoin d'une architecture des pouvoirs locaux adaptée. Il faut davantage d'efficacité des politiques publiques, davantage de lisibilité pour nos concitoyens, mais aussi une meilleure gestion de la dépense publique.
Il faut également répondre aux attentes de proximité, de prise en compte de la diversité des territoires, de solidarité. Je crois que l'on peut accomplir la réforme territoriale sans casser, sans détruire. Pour cela, il faut écouter, dialoguer, et toujours tenir compte de l'intérêt général. Je suis allé à la rencontre des élus, ceux de l'Association des Régions de France, ceux de l'Association des Intercommunalités. Je suis allé au Congrès des maires des petites villes. J'étais avant-hier à celui des élus de la montagne à Chambéry. J'irai au Congrès de l'Association des Départements de France. Je pourrais vous parler également de ma rencontre avec les élus du Puy-de-Dôme ou avec ceux du Grand Paris. Je ne vous parlerai pas de tous les rendez-vous que j'ai tenus à Matignon ou sur le terrain. J'essaye de tenir ces rendez-vous à chacun de mes déplacements parce que je respecte les élus et j'ai confiance dans ces représentants de nos territoires. Ma méthode, c'est le dialogue, le travail avec les élus. Ma conviction, c'est qu'il nous faut avancer. Vous avez exprimé vos préoccupations sur l'avenir des conseils départementaux. Leur évolution peut suivre un schéma que j'ai déjà présenté selon trois cas de figure que j'évoque depuis plusieurs semaines. Des départements où avec de très grandes métropoles. Il y aura des évolutions, comme celle que nous avons connue dans le Rhône. Des départements où peut être demain, ce sera plutôt une fédération des intercommunalités parce qu'elles sont suffisamment puissantes pour porter un certain nombre de compétences aujourd'hui exercées par les départements. Et puis la moitié des départements qui sont à dominante rurale, qui n'ont pas forcément des intercommunalités puissantes et où le Conseil général devra poursuivre sa tache de solidarité et de cohésion de nos territoires. Je l'ai confirmé dans le courrier que je vous ai transmis jeudi. Mais mon message va au-delà. Comme le texte sur les compétences, la loi NOTRe, viendra d'abord au Sénat, après le débat et l'adoption au Sénat et à l'Assemblée de la nouvelle carte des régions,- mais c'est le débat sur les compétences qui est important je souhaite que nous trouvions les voies d'un accord. Pas seulement entre nous, pas seulement au sein de la gauche, mais entre la Haute assemblée, l'Assemblée nationale, et le gouvernement parce que nous avons besoin d'apaisement. Comme nous engageons une réforme sur plusieurs années, nous avons besoin qu'il y ait la plus grande convergence et que chacun, dans la majorité comme dans l'opposition, prenne ses responsabilités.
Depuis plusieurs semaines également, avec Sylvia Pinel, nous mettons en avant un grand rendez-vous : celui des Assises des ruralité. Et je tiens à ces pluriels car les territoires ruraux ne sont pas un ensemble homogène. Nous voulons tenir compte de leur diversité et trouver des solutions adaptées et pérennes. Il faut lutter efficacement contre les déséquilibres, les fractures, les difficultés économiques et sociales mais aussi contre ce sentiment d'abandon que ressentent dans ces territoires depuis déjà plusieurs années trop de nos concitoyens. Parce qu'ils ont vu leurs écoles fermer et les services publics partir. La Poste n'est plus présente. Parce que ces territoires ont perdu en nombre d'habitants. Parce que le tissu industriel présent dans ces territoires ruraux s'est défait. Je parcours notre pays. J'étais il y a deux jours en Savoie. Je sais combien le monde rural est une richesse, un atout, combien l'agriculture reste un formidable atout pour notre économie. Le monde rural a façonné l'identité de la France, son histoire, ses traditions. Il construit aussi notre avenir.
Les solutions pour nos territoires ruraux ne viendront pas d'en haut. C'est sur le terrain avec les élus, au contact des réalités, au contact du tissu économique et social que nous devons agir. C'est pour cela que les Assises se dérouleront sous la forme d'ateliers décentralisés et je ne doute pas qu'elles seront un succès. Et elles seront conclues dans le département des Hautes-Pyrénées.
Après la réforme territoriale, la ruralité, le 3ème point que je veux aborder avec vous c'est la question de nos institutions. Je sais que ce thème a alimenté beaucoup de vos débats et qu'il a été au cur des travaux de ce Forum. Cher Jean-Michel, je veux la aussi le dire très directement, vos propositions sont intéressantes, stimulantes. Je ne les partage pas toutes. J'assume que nous ayons un point de désaccord. On peut se retrouver peut être. Le désaccord, je le formule par une question. Peut-on retirer aux Français le droit d'élire au suffrage universel direct le président de la République ? Je ne le crois pas. Comme vous sentez vous aussi combien il est difficile d'aller dans cette voie, vous proposez, vous n'êtes pas les seuls, un régime plutôt présidentiel. Ca peut être d'ailleurs un paradoxe.
Comme beaucoup de nos concitoyens, je suis plutôt attaché aux institutions de la Ve République. Je crois qu'elles offrent de la souplesse, de l'efficacité, et en même temps, de la stabilité. Je crois que le poste de Premier ministre, mais n'y voyez aucun corporatisme de ma part, y a toute sa place. Le débat aura lieu je n'en doute pas. Voyez les exemples de certains régimes présidentiels. Voyez les États-Unis. Est-ce qu'il permet toujours d'avancer, d'éviter les blocages ? De conduire une politique de réformes ? Je n'en suis pas sûr. Mais par ailleurs les régimes parlementaires évitent-ils la montée des populismes et la crise de confiance entre les peuples et leurs représentants ? Regardons l'histoire. Observons autour de nous. Je ne tranche pas ces questions ce matin. Cela ne me revient pas. La réponse appartient aussi et peut être d'abord au président de la République. Il faut se méfier de certaines fausses bonnes idées. Se méfier, réfléchir, dialoguer mais je sais que les débats continueront entre nos formations politiques et je vois une vertu à ce débat : Se poser la question de la crise de confiance, de la crise politique, de la rupture profonde entre les citoyens et leurs représentants. En cela, le débat sera utile et indispensable.
Chers amis, j'évoquais au début de mon propos ce qui fait l'identité de votre formation. Et il faut le souligner, les radicaux ont souvent eu, dans l'histoire, un temps d'avance sur l'évolution de la société, sur les grandes questions qui la traversent. Il y a chez vous, - et c'est pour ça que l'on porte parfois sur vous un regard injuste,- une forme de modernité que je vous appelle amicalement à conserver, à entretenir, peut être parfois à retrouver. Parmi les grandes questions que nous avons devant nous, il y a bien sûr celle essentielle de la fin de vie. Vous êtes les héritiers d'Henri Caillavet et vous pouvez en être fiers. Et je le veux le dire très clairement, à la suite des travaux de la mission que nous avons confiée à deux parlementaires, il y aura une loi avant la fin de cette législature. Mais sur ce sujet, peut être plus que pour tout autre, il conviendra d'avancer dans une démarche consensuelle, qui permette d'atteindre peut être pas l'unanimité mais a minima la majorité la plus large possible. En somme, de répondre là aussi à l'intérêt général. Je ne doute pas de votre contribution à ce débat passionnant et délicat à la fois. Chers amis, ce qui fait la puissance du radicalisme, ce qui a donné tant de force à la voix des grands hommes qui ont bâti votre parti, c'est la volonté de faire passer l'intérêt de notre pays au-dessus des aspirations personnelles. Et c'est sans doute cela que Pierre Mendès France voulait dire quand il écrivait « La démocratie est d'abord un état d'esprit ». Mon état d'esprit je viens de vous le livrer. Réformer. Avancer. Construire mais toujours le faire en dialoguant avec vous. Avec tous ceux et toutes celles qui veulent la réussite de la gauche. Qui veulent lui donner les moyens d'agir dans la durée, au service de notre pays. La gauche, je le dis souvent, n'est jamais aussi grande que quand elle vise l'intérêt de tous, quand elle s'adresse à tous les Français. Je mets en garde la gauche quand elle s'abandonne au sectarisme. Quand elle met en cause un ministre brillant, non pas pour ce qu'il fait, mais pour ses origines ou pour son métier. Quand la gauche se fragmente. Quand elle est dans la posture. Quand elle ne se parle qu'à elle-même, alors, à ce moment là, elle rate son rendez-vous avec l'Histoire.
La gauche, c'est son destin, c'est toujours être capable de se dépasser et de s'adresser à la France. Et continuer à porter ce message universel : d'assumer toujours ses responsabilités.
Je crois à la force du débat, j'y ai toujours participé, à la grandeur des échanges, à la confrontation des points de vue. Mais plus encore, je crois au rassemblement, à l'unité. Je veux le dire de la manière la plus claire devant vous.
Cher Jean-Michel Baylet, nous avons besoin de toi, de ton engagement, de ta loyauté, de ta faconde, de ton sérieux. Nous avons besoin de toi dans cette majorité. Je serai toujours à tes côtés en amitié, mais parce que tu es utile à la gauche et à la France.
Chers amis, j'ai besoin de vous car nous avons besoin d'une force pour la réforme. Je suis convaincu qu'il faudra un dépassement des structures politiques actuelles. Vous l'aviez proposé il y a quelques années. Il faudra un nouveau compromis. Une alliance entre les forces progressistes. Vous avez dès lors une place essentielle et un rôle primordial à jouer. Vous le faites déjà. Au sein de votre groupe sénatorial siègent des hommes ou siégeaient il y a encore peu de temps, des hommes comme Jean-Pierre Chevènement ou Robert Hue, qui ont beaucoup apporté et apportent toujours beaucoup à nos débats et qu'il ne faut pas écarter.
La gauche pour être forte doit être capable de se rassembler et de s'écouter. Vous avez donc un rôle primordial à jouer. Sachez alors être pleinement un parti de la réforme. Nous avons besoin des radicaux engagés au service de la République, mobilisés pour la réussite de la gauche au sein du gouvernement, à l'Assemblée et au Sénat, dans tous les territoires. Engagés, mobilisés, je sais que vous l'êtes, que nous le sommes ensemble pour la réussite de la gauche, pour la réussite de notre pays.
Ce pays qui est un grand pays. Ce pays que nous devons chérir plus que tout. Nous sommes républicains. Nous sommes patriotes. Nous sommes fiers d'être français. Nous sommes fiers de ce que nous accomplissons, pas seulement parce que nous sommes une grande puissance économique mais parce que notre parole, celle de notre diplomatie, l'action de nos armées, de nos soldats engagés en Centrafrique, au Sahel, en Irak aujourd'hui, font que la France est la France. Parce que c'est l'histoire qui lui a donnée cette place. Au Conseil de Sécurité, nous avons une place permanente. Mais au-delà, parce que nous intervenons. Parce que nous intervenons pour nous, au nom même de nos valeurs, mais parce que nous intervenons au nom de l'Europe, cette Europe qui n'est pas toujours au rendez-vous de l'Histoire. Parce que nous sommes présents aujourd'hui en Afrique, ce grand continent d'avenir, touché dans trois de ses pays, par cette épidémie, par Ebola.
Et je veux saluer le courage et l'engagement de l'une de vos ministres, Annick Girardin, qui s'est rendue en Guinée, qui se bat, qui porte cette belle idée qui est aussi celle de la francophonie. Parce que la culture, la langue, le rayonnement du français font aussi partie de la grandeur du pays.
J'ai un problème. J'ai cité Sylvia, j'ai parlé d'Annick. Mais je n'ai pas encore suffisamment parlé de Thierry Braillard. Alors je l'entendais ce matin parler de l'arbitrage, du foot, pas au sein des Radicaux de Gauche ou au sein de la gauche mais je veux bien sûr aussi sous vos applaudissements le remercier pour son engagement au sein du gouvernement.
Je termine, j'ai été beaucoup trop long mais je voulais vous parler du fond du cur. Nous gouvernons, et c'est une très grande responsabilité. Vous avez fait le choix qui s'imposait. Continuez. Poursuivons le travail. Quand les défis sont aussi immenses, quand nous faisons face à la menace terroriste, quand le monde traverse une crise économique et financière sans précédent, quand nous vivons cette crise de la démocratie, cette crise de confiance, il n'y a qu'une seule attitude possible, dans la confiance bien sûr et après le débat indispensable, c'est de gouverner.
Les Français ont élu François Hollande, à qui à travers vous j'adresse un message d'amitié, d'engagement et de loyauté, ils l'ont élu parce que c'était difficile. Sinon, la gauche n'aurait pas été appelée de nouveau aux responsabilités. Parce que le moment est difficile, il ne faut jamais abandonner. Il ne faut pas se complaire dans la critique facile. Il faut assumer pleinement ses responsabilités.
C'est un grand honneur que de servir le pays. Quand on veut le servir, on le fait avec exigence parce qu'il faut être exigeant quand on est de gauche et français. Mais il faut le faire avec cette volonté, cette foi, au cur et dans les tripes.
Gouverner la France pour changer, pour réformer, pour répondre à l'attente des Français. C'est ce choix que nous avons fait ensemble. D'autres ne le font pas. L'histoire les jugera. Nous, nous assumons les responsabilités. Et ensemble, vous et moi, vous et nous, nous sommes la gauche de la réforme. Ni vous ni nous, ni moi ne croyons à la rupture.
Nous croyons au changement, à la réforme. C'est cela, la gauche qui gouverne, c'est cela la gauche qui dit la vérité. C'est cela la gauche qui combat les illusions. C'est cela la gauche qui assume ses responsabilités pour réformer et toujours faire avancer le pays au service des Français. Oui, chers amis, plus que jamais, ensemble, vive la République et vive la France ! »source http://www.planeteradicale.org, le 23 octobre 2014
Je sais en effet que nous nous retrouvons pour un moment de débat et un moment convivial. Cette même convivialité que j'avais ressentie il y a un peu plus d'un an lors de votre université d'été où vous m'aviez invité. J'étais alors ministre de l'Intérieur et j'avais pu rappeler l'apport, la contribution des radicaux de gauche dans l'action que nous menons au service de notre pays. Il y a un an, je vous avais dit la gauche a besoin de tous, la gauche a besoin du Parti Radical de Gauche, de ses militants, de ses élus, de ses parlementaires. De ses ministres aussi. Je disais que la gauche avait besoin de Jean-Michel Baylet. Ces mots étaient vrais hier. Ils le sont tout autant aujourd'hui, et peut-être encore davantage.
Je sais qu'au sein de la gauche, le questionnement est permanent. Le débat fait partie de notre ADN. Nous sommes capables de le pousser tous jusqu'aux extrémités les plus incroyables. Quelle est notre identité ? Quel doit être notre rapport au pouvoir et aux institutions ? Comment faire vivre notre différence ? Comment construire et faire fonctionner nos alliances ?
Certains n'y voient que divisions, clivages, manuvres. Mais je crois que c'est une force, quand ces questionnements nous permettent de tirer des enseignements qui nous renforcent. À gauche, nous avons toujours considéré la diversité comme une richesse. Nous la faisons vivre chaque jour. Parfois, un peu trop. Il faut avoir les nerfs solides. Là-dessus, comptez sur moi pour avoir les nerfs solides.
C'était le sens des engagements pris au lendemain des primaires citoyennes, cher Jean-Michel. C'est encore vrai aujourd'hui. Cette diversité, celle de 2011, a été une force qui a permis la victoire de François Hollande en mai 2012.
Notre victoire commune. Cette diversité, ne l'oublions pas, est une richesse. Elle est au cur de ce qu'est la gauche française depuis des décennies. Mais elle doit être mise au service d'un projet collectif, d'un projet pour les Français. Nous sommes aux responsabilités. Nous gouvernons. C'est un honneur dans un moment de grandes difficultés pour notre pays. Ce que les Français attendent de nous, c'est que nous agissions avec cohérence, unité et persévérance. Je me pose chaque jour des questions, comme tant d'autres de responsables politiques qui considèrent que gouverner est un honneur. Ces questions sont simples : Comment être utiles aux Français ? Comment faire avancer notre pays ? Comment l'adapter à ce monde qui change si vite sous nos yeux ?
L'unité et l'alliance que je viens d'évoquer doivent toujours se fonder sur des bases claires. Sur la franchise, sur la loyauté. En cela, un protocole d'accord, comme vous l'avez proposé, est toujours une démarche utile. J'y reviendrai mais l'unité doit se construire avant tout sur la vérité. La vérité, c'était et c'est le message principal de ma première déclaration de politique générale en avril. Je m'étais alors placé dans un héritage qui reste profondément d'actualité. J'avais fait mienne une exigence : l'héritage et l'exigence de Pierre Mendès France. Oui, je vous dirai la vérité. Ce style direct qui est le mien, vous le connaissez. Je l'assume. C'est je crois une marque de respect, et la meilleure manière de se comprendre, de se mettre d'accord. J'ai apprécié ces derniers jours votre style direct, et le style direct du Président. C'est dans la franchise, la loyauté, l'unité et le rassemblement que la gauche avance au service du pays. Et cela plus encore lorsque surviennent des crispations, des malentendus, des débats. C'était le cas entre nous. Pas entre moi et Jean-Michel Baylet. Pas entre vous et moi. Mais entre vous et les socialistes. Ces crispations et ces débats, je ne les minimise pas. Ils sont légitimes, surtout quand un partenaire - vous - a le sentiment de ne pas être respecté. Et vous n'avez pas été respectés à l'occasion des élections sénatoriales. Il faut donc en tirer les conséquences. C'est ce que nous avons fait.
Je crois que pour être sincère, pour être efficace, un accord de gouvernement doit d'abord reposer sur le constat de valeurs partagées, de convergences politiques. Et ces convergences sont nombreuses. Si depuis plus de 2 ans, nous gouvernons ensemble, ce n'est pas simplement en vertu d'un accord de gouvernement. Ce n'est pas seulement parce qu'il y a une vieille alliance entre les radicaux de gauche et les socialistes. Ce n'est pas seulement parce que vous avez fait à un moment le choix du rassemblement et de l'union de la gauche dans les années 70. Ce n'est pas seulement parce que vous avez participé à la première grande victoire de 1981. Je me souviens jeune militant avoir participé alors à un immense meeting Porte de Versailles et l'un de vos orateurs, il est toujours jeune et il est toujours là, c'était Roger-Gérard Schwartzenberg citant, je me rappelle de ce moment dans cette immense foule, 'La liberté' et le poème de Paul Éluard. Ce n'est pas seulement à travers cette histoire mais c'est parce que nous portons des valeurs communes. Parce que ce qui nous rassemble est bien plus fort que ce qui a pu nous diviser. Oui, nous avons des débats mais je sais qu'ils ne remettent pas en cause cette longue histoire que nos deux formations ont en commun.
Oui, cher Jean-Michel, le premier des protocoles d'accord, ce sont les valeurs, les combats que nous partageons depuis longtemps et qui sont au cur de l'identité de votre famille politique, de notre grande famille politique. Je vous le dis du fond du cur. C'est sincère. Je me sens très bien avec et parmi les radicaux de gauche.
Le radicalisme, c'est bien sûr la défense acharnée de la République, de cette magnifique avancée qui a fait que des femmes et des hommes, tout un peuple, se sont unis autour d'un drapeau, d'un hymne, d'une devise. La liberté, l'égalité, la fraternité. Trois mots si forts, qui sont à eux seuls le plus beau des programmes. Deux d'entre vous m'ont accueilli avec un bonnet phrygien. L'un d'entre eux m'a dit : c'est un bonnet rouge. Non. Ca n'a rien à voir. La République, elle est une et indivisible et le bonnet phrygien, c'est cette volonté du peuple de décider pour son destin. La Révolution de 1789 a porté un message. Il n'était pas tourné seulement vers la France, il était tourné vers le monde et encore aujourd'hui, des hommes et des femmes se battent pour la liberté et la démocratie, pour la liberté de la presse au nom même de cet idéal qui fut celui de 1789. Cette République que nous avons en commun, que nous chérissons, elle demeure un combat car elle est bousculée quand les inégalités, les communautarismes, les violences viennent en contester les fondements. Comme ils avaient trouvé sur leur chemin nos glorieux aînés, Gambetta ou Clemenceau, les adversaires de la République doivent aujourd'hui comme hier, constater bien davantage notre détermination, notre engagement, notre intransigeance commune. Quand les discours sur le déclin de la France prospèrent, il nous faut mener une bataille d'idées dont nous n'avons pas encore pris vraiment la mesure. Face non seulement au Front National, mais à un discours qui rabaisse notre pays, qui voudrait nous ramener à une France qui aurait été heureuse dans les années 50 ou 60, qui nie ce qu'est la réalité du monde, qui porte un projet soit à travers des journalistes soi-disant intellectuels, soit à travers des responsables de la droite ou de l'extrême droite, une vision triste, enfermée sur elle-même, rance, qui n'est pas celle de la France. La France que nous portons, celle des valeurs de la République, c'est une France ouverte sur le monde. C'est une France généreuse. C'est une France qui fait de l'égalité, de la fraternité et de la liberté un message qui doit se traduire dans les politiques publiques. Et c'est ce message que nous devons porter avec davantage de conviction, de force, et de persuasion.
La République, ce n'est pas une chose dépassée, désuète, un combat d'arrière-garde. La République, c'est plus que jamais la modernité. Plus que jamais la réponse aux problèmes et aux défis de la France. Elle n'est pas qu'un mode d'organisation de nos institutions. C'est d'abord une ambition, une aspiration, un idéal de vie en collectivité qui a parfois été mis en cause. Et qu'aujourd'hui, dans le débat public, on puisse considérer comme normal, comme un élément du débat de dire que Vichy, son régime, ont sauvé des juifs sans que cela ne suscite une indignation du fond de ce peuple montre bien que nous avons un combat majeur à mener. Cet idéal que nous devons en permanence porter. Cet idéal doit avoir des traductions concrètes car évidemment nous ne pouvons pas nous en tenir au discours. La première de ces traductions, c'est l'école. L'école de la République qui a été si souvent malmenée par la majorité précédente. Ensemble, et je le dis à ceux qui commencent déjà, deux ans et demi à peine le quinquennat entamé, à faire le bilan, qu'ils regardent ce que nous avons entrepris. Bien sûr, les résultats sont longs à se mettre en uvre, tant on a voulu détruire l'école de la République.
Nous avons refondé cette école avec un souci permanent d'apaisement. Avec comme seule préoccupation, l'intérêt de tous les élèves de France. Nous lui avons redonné les moyens pour qu'elle retrouve son ambition de toujours : être le moteur de la méritocratie républicaine, celle qui fait que quel que soit son milieu social, on a les moyens de s'élever. C'est quoi la définition de la gauche ? Cette définition qui nous réunit, c'est de lutter en permanence contre les déterminismes. Or, depuis trop longtemps, cette promesse d'élévation se brise sur le mur des réalités, c'est-à-dire la reproduction des inégalités. Quand on est de gauche, quand on est dans le camp du progrès, on ne peut pas l'accepter. Je suis fier de présenter une loi de finance 2015 qui fait de l'éducation et de l'école le premier budget de la Nation. Enfin, c'est arrivé et c'est grâce à cette majorité !
Oui, soyons fiers également de ce que nous sommes capables d'accomplir. Premier budget de la Nation ! 60 000 postes d'enseignants qui vont être créés au cours de ce quinquennat, parce que nous avons une démographie positive évidemment mais parce que nous voulons mettre l'accent sur la lutte contre les inégalités avec l'école prioritaire et pour la formation des maîtres. Parce que nous avons engagé la réforme du primaire et que nous allons engager la réforme du collège. Ce ne sont pas uniquement des postes et des moyens supplémentaires. Nous devons accomplir un travail sur la pédagogie. Et là, il y a de vrais débats. Pas des débats seulement entre nous ou au sein de la gauche, mais des vrais débats avec la droite, avec l'opposition. Je regarde de près ce que disent tous les responsables de l'opposition car ils disent tous la même chose. Ils veulent remettre en cause cette priorité à l'école. Et quand l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy dit que s'il revenait au pouvoir, il reprendrait ce qu'il avait fait pendant 5 ans, c'est-à- dire supprimer de nouveau des postes d'enseignants dans nos écoles des quartiers difficiles, de nos territoires ruraux, cela veut dire qu'il n'a rien compris de ce que le pays demande c'est-à-dire de faire de la priorité de la jeunesse cette grande cause qui est celle du quinquennat de François Hollande ; Il n'a pas compris qu'on prépare l'avenir et l'avenir il se prépare dans l'école de la République. Soyons donc fiers de ce que nous sommes en train de faire et débattons des vrais sujets avec l'opposition.
Chers amis, l'école de la République est laïque. Comme vous, je suis fier que dans toutes nos écoles aient été affichées des Chartes de la laïcité. Elles ont pour but de dire et d'expliquer avec des mots simples ce principe fondamental. Celui de la séparation catégorique entre ce qui tient de la sphère privée, de la croyance personnelle, et ce qui relève de la vie en collectivité. Ce combat pour la laïcité je sais combien il vous rassemble, combien il vous mobilise. Et je veux le dire ici devant vous : Merci aux radicaux de gauche. Merci à Françoise Laborde tout particulièrement d'avoir elle aussi mené avec bien d'autres le combat autour de la crèche Baby-loup. Parce qu'il y a de nouvelles frontières à la laïcité et qu'il ne fallait pas laisser passer. Ce combat n'est pas fini. Cette crèche Baby-loup est toujours en danger. Elle est l'un des symboles, à travers ces femmes courageuses et sa directrice, de ce combat pour la laïcité dans un monde qui a changé. Nous ne pouvons pas abandonner ce combat. Merci à vous tous d'avoir été là quand une partie de la gauche avait abandonné ce combat, laissant alors l'extrême droite s'en emparer pour en faire un moyen de montrer du doigt, de stigmatiser, d'exclure. La gauche ne doit jamais oublier que la laïcité est un des piliers, un des fondements de la République.
La laïcité, c'est notre richesse. Elle a toujours été le combat des républicains, le combat de la gauche. C'est un message à la fois de fermeté et de tolérance. Il suffit d'ailleurs de relire les débats parlementaires au moment de la loi de 1905 et l'intelligence d'Aristide Briand. C'est elle qui garantit cette laïcité notre vie en société, qui permet l'émancipation des individus, qui permet aussi de faire vivre l'égalité entre les femmes et les hommes. C'est le refus des carcans et des intégrismes de toute nature. C'est pour cela qu'elle doit être un combat de tous les jours. L'égalité des chances, c'est l'école bien sûr mais pas uniquement. L'égalité requiert une action beaucoup plus vaste dans tous les domaines, notamment l'apprentissage, l'orientation, mais aussi la formation tout au long de la vie. Et dans tous ces domaines, ensemble, avec vous, nous avons progressé. Nous avons créé les emplois d'avenir. Nous avons mis en place la garantie jeune qui permet d'accompagner les jeunes décrocheurs, ceux qui sont les plus éloignés de l'emploi. 50 000 sont prévues en 2015 et 100 000 en 2017 parce que nous ne pouvons pas accepter qu'il y ait 150 000 jeunes qui, tous les ans, décrochent de notre système scolaire et de notre système de formation. Oui, il y a en effet encore beaucoup à faire mais nous avons un message à adresser à la jeunesse. Je me rappelle des belles affiches des radicaux de gauche, je l'avais évoqué à votre Université d'été, dans une société comme la nôtre qui traverse depuis des années une crise économique et sociale et qui est traversée par des fractures territoriales, sociales, identitaires, ce message de rassemblement à travers la République, la laïcité, l'école, notre système de formation, il est essentiel. Je souhaite qu'un jeune, quelle que soit son origine, quel que soit son quartier, quel que soit son nom ou sa couleur de peau, retrouve de nouveau confiance dans notre pays. Nous avons un atout : la jeunesse. La jeunesse ne doit pas être regardée comme un problème mais comme une solution. La France a la chance d'avoir une démographie positive, ce qui n'est pas le cas d'autres grands pays comme l'Allemagne par exemple, et elle doit en faire un atout. Je souhaite que les jeunes et notamment les jeunes de nos quartiers populaires retrouvent confiance dans la République, dans les institutions. Cela doit rester la priorité des priorités de ce quinquennat.
L'égalité, c'est aussi l'accès aux services publics.
À la sécurité, bien sûr car sans ordre républicain, il n'y a pas de démocratie et de progrès. À la santé : et le texte de loi qui sera porté par Mme Touraine va permettre de grandes avancées. Au logement : avec Sylvia Pinel, nous agissons. Ce grand plan de relance de la construction était attendu. Non seulement par les professionnels du secteur, car c'est important pour la croissance et pour l'emploi, mais surtout par nos concitoyens qui éprouvent tant de difficultés à se loger correctement, et qui peinent à envisager l'avenir sereinement. Devant vous, de tout cur, je remercie Sylvia Pinel pour son engagement, pour sa place dans le gouvernement, et pour la contribution qu'elle apporte sur des dossiers essentiels. Les ministres radicaux de gauche sont non seulement au cur du gouvernement, mais ils sont utiles à la France.
Il y a 6 mois, à la tribune de l'Assemblée nationale, j'ai donc fait référence à Pierre Mendès France parce qu'il a porté avec force et assumé la nécessité de réformer. Réformer, hier comme aujourd'hui, c'est nommer les problèmes. Il s'y attaquait avec le courage, la détermination nécessaires. C'est examiner avec lucidité tout ce qui freine notre pays, tout ce qui le bloque, tout ce qui l'empêche d'aller de l'avant. Trop d'obstacles, trop de démarches, un environnement trop incertain, un coût du travail trop élevé : voilà ce qui bloque nos entreprises, pèse sur leur compétitivité et ce depuis des années. La France a commencé à perdre à la fin des années 90 sa compétitivité, celle de ses entreprises. Il fallait donc mettre fin à ce décrochage de la France dans la compétition internationale. Nous n'avons pas dit assez nettement en 2012 dans quelle situation nous avions trouvé le pays. Déficits de croissance, déficits publics, déficits du commerce extérieur. Et avec le Pacte de responsabilité et de solidarité que vous avez soutenu au Parlement, nous avons fait un pas important. Mais nous n'allons pas nous arrêter au milieu du gué. Je vois qu'on critique le Pacte de responsabilité et de solidarité. Mais au-delà du CICE adopté fin 2012, après la publication du rapport Gallois qui soulignait cette baisse de la compétitivité de nos entreprises, ce décrochage de la France par rapport à d'autres pays, le président de la République a fait le choix d'aller encore plus loin. Mais le Pacte de responsabilité et de solidarité va vraiment entrer en vigueur à partir du 1er janvier 2015. Il a été voté en grande partie grâce aux députés radicaux de gauche qui siègent à l'Assemblée nationale, cet été. On ne peut pas zigzaguer. On ne peut pas changer tous les jours de position. Les entreprises, comme les partenaires sociaux, ont besoin de visibilité, de savoir sur les trois ans comment nous engageons le redressement du pays. Je suis fier que ce gouvernement, cette majorité soit aux côtés des entreprises, de toutes les entreprises. Cela ne devrait même pas faire débat. Les grands groupes comme les PME, les TPE, les artisans, les commerçants, les indépendants, les jeunes pousses, les start-up, ce sont les entreprises qui créent la richesse et les emplois dont notre pays a tant besoin. Et les entreprises, ce sont les entrepreneurs, les cadres, les ingénieurs, les ouvriers, les salariés. Ce pacte doit se mettre en uvre dans le respect des partenaires sociaux, dans un dialogue social qui est toujours un élément positif, nécessaire pour le progrès économique. J'en appelle à chaque fois au patronat à prendre pleinement ses responsabilités parce que quand la nation consent un tel effort, 40 milliards de soutien aux entreprises, pour baisser le coût du travail et des charges, il faut que le patronat et les entreprises répondent. Mais nous avons besoin de ces entreprises. Et vous avez toujours été conscients de ce problème. Chacun d'entre vous ici, parce que vous êtes des élus ou des militants, des entrepreneurs, sait qu'on a besoin de soutenir les entreprises. Et d'ailleurs, les mesures pour le pacte, notamment en 2015, favoriseront d'abord les PME parce que ce sont elles qui tirent la croissance. C'est là où travaille une immense majorité de nos concitoyens. Il n'y a qu'en France où quelques-uns, minoritaires, peuvent être amenés à siffler le Premier ministre quand il dit que les entreprises créent de la richesse et de l'emploi. Un responsable syndical a eu raison de dire que ceux qui avaient sifflé le Premier ministre quand il disait qu'il aimait l'entreprise ne sifflaient pas les actionnaires, ne sifflaient pas les patrons mais les salariés. Alors moi, j'ai besoin de vous, de votre discours, de votre vision moderne de l'économie, de l'entreprise, du dialogue social. Parce que c'est comme ça qu'on fait avancer la gauche. On ne fait pas avancer la gauche avec les idées d'hier. On ne fait pas avancer la gauche avec une vision du monde dépassée. On ne fait pas avancer la gauche et la France en niant la réalité de l'économie du marché, de la mondialisation. Quel est notre rôle ? C'est de réguler. De faire en sorte qu'au niveau mondial, européen et national, nous ayons les instruments pour réguler l'économie de marché, le capitalisme que nous devons évidemment toujours analyser et critiquer, mais pas être dans un monde qui n'existe pas, fictif et qui nous fait passer à côté de l'essentiel. Je regarde comme un élément fondamental le fait qu'aujourd'hui nos compatriotes mettent les PME et les PMI en tête des institutions qu'ils soutiennent. Réformer, c'est aussi s'engager avec détermination pour la restauration de nos comptes publics. Depuis 40 ans, la dette de la France n'a cessé de se creuser à mesure qu'ont été votés des budgets en déséquilibre. Cet effort pour nos finances publiques, et je sais que vous êtes vigilants sur ce point, doit se faire avec sérieux et pragmatisme. Nous ne remettons pas en cause nos priorités : la jeunesse, l'éducation, la sécurité, l'emploi, la justice, la protection des plus fragiles notamment avec notre plan pauvreté, les petites retraites. Oui, nous faisons des économies : 50 milliards en 3 ans dont 21 milliards en 2015. C'est un effort sans précédent. Mais je refuse l'idée que nous faisons de l'austérité. Je sais que pour beaucoup de nos compatriotes qui souffrent du chômage de longue durée, pour des jeunes qui n'arrivent pas à trouver un emploi, pour ceux qui sont plongés depuis longtemps dans la précarité, qui vivent avec le RSA, pour ces retraités qui vivent avec moins de 600 euros par mois, leur dire qu'il n'y a pas d'austérité, c'est quelque chose qui leur passe au-dessus de la tête. Mais quand il y a des priorités, quand on préserve les fondamentaux du pacte républicain et social, il y a une différence entre ce que nous faisons et ce que ferait la droite quand elle propose de rajouter 100 ou 150 milliards de coupes budgétaires.
Je voudrais dire à l'ensemble de la gauche de regarder de près. Ne vous laissez pas aveugler par nos débats internes. Regardez quelles sont les réalités, le fait que nous adaptons le rythme de la réduction des déficits à la situation économique exceptionnelle que traverse l'économie européenne dans son ensemble et notamment l'Allemagne. Nous le faisons en baissant la pression fiscale sur les ménages car elle était devenue insupportable. Un premier pas a été accompli en 2014. Cet effort se poursuivra en 2015 et concernera 6 millions de ménages. Et nous en avons parlé avec Jean-Michel, vous le savez, je suis ouvert sur tous les débats et sur vos propositions, sur la réforme attendue de la fiscalité de l'impôt sur le revenu. Ce sont des questions qui doivent être traitées avec attention car il y a un ras-le- bol fiscal dans notre pays. Il y a un rejet même de l'idée d'impôt qui pourtant est indispensable pour financer nos services publics. Avançons sur ces questions. N'en faisons pas un tabou.
Je veux parler des mesures familles et de ce que nous sommes en train de faire pour les allocations familiales. Je le dis à travers vous à tous nos concitoyens : c'est une grande réforme que nous sommes en train d'accomplir ensemble. Nous conjuguons l'universalité et la modulation. Nous conjuguons l'universalité et la justice. J'ai pris toute ma part dans ce choix et je l'assume totalement devant mes compatriotes. Parce que c'est une vraie réforme qui va dans le sens de la justice sociale et que c'est aussi un bon exemple du rapport que je veux faire vivre avec les groupes de la majorité.
Quand la majorité et le gouvernement se mettent d'accord sur une réforme qui était attendue depuis longtemps, et qui préserve l'universalité de notre modèle de politique familiale, qui permet la justice sociale, qui est attendue par nos concitoyens, je m'en félicite. Je me dis qu'il y a une bonne relation entre le Parlement qui est dans son rôle et le gouvernement qui est à l'écoute. Merci de votre soutien à cette grande réforme. Ce n'est jamais simple de faire des économies. Il nous faut être responsables pour tous ceux qui ne l'ont pas été suffisamment avant nous. Soyons fiers d'être du côté de la responsabilité et du courage. Soyons fiers de mener les réformes dont notre pays a besoin. Les Français attendent ces réformes car ils savent bien que dans un monde ouvert, notre pays doit savoir s'adapter pour ne pas être distancé. Bien sûr réformer est une tâche de longue haleine mais nous avons accéléré le rythme des réformes et ensemble nous allons encore le faire. Il n'y a plus de temps à perdre. Nous devons avancer et continuer de mettre notre pays en mouvement. Il faut donner du sens, une finalité à ces réformes. Parce que je le sens bien il y a beaucoup de désarroi, beaucoup d'incompréhension. Il y a de la colère. Nous l'avons senti à l'occasion des élections municipales et européennes. Ceux qui étaient candidats aux sénatoriales l'ont vécu encore plus directement.
Les Français doivent comprendre que ce mouvement de réformes et de changements a trois grandes finalités : libérer la création d'emplois par tous les moyens : pacte de responsabilité, choc de simplification, négociation sur les seuils, réforme de la formation professionnelle, relance de la construction... La 2e finalité est la lutte contre les inégalités avec notamment la refondation de l'école, mais aussi la réforme territoriale. Et puis il y a la préparation de l'avenir avec la transition énergétique qui est sans doute une des grandes lois de ce quinquennat. Mais les investissements dans le numérique, les 34 plans industriels, la réforme de l'Etat et de ses missions, au fond ce que nous devons réussir à accomplir dans les mois qui viennent, c'est de retrouver la confiance. Confiance en nous, et confiance en la France. Il y a dix jours, cher Jean-Michel, vous avez exprimé au président de la République et à moi-même vos préoccupations sur un certain nombre de sujets. Vous avez également échangé avec les responsables du Parti socialiste sur l'évolution des méthodes de travail au sein de la majorité.
Ma venue aujourd'hui est l'occasion, à la suite du courrier que j'ai adressé en réponse à votre Président, d'apporter certains éclairages. Le premier porte sur cette grande ambition qu'est la réforme territoriale. J'ai entendu vos remarques et vos critiques, virulentes parfois. J'ai lu vos propositions et je veux tenir compte de vos analyses.
Vous le savez, je m'exprimerai devant le Sénat le 28 octobre. Je préciserai alors les orientations, la méthode et l'agenda de la réforme territoriale car elle a perdu en cohérence et en sens. Mais je veux d'ores et déjà que nous partagions, si c'est possible, cher Jacques Mézard, la philosophie de cette réforme.
La France d'aujourd'hui a besoin d'une architecture des pouvoirs locaux adaptée. Il faut davantage d'efficacité des politiques publiques, davantage de lisibilité pour nos concitoyens, mais aussi une meilleure gestion de la dépense publique.
Il faut également répondre aux attentes de proximité, de prise en compte de la diversité des territoires, de solidarité. Je crois que l'on peut accomplir la réforme territoriale sans casser, sans détruire. Pour cela, il faut écouter, dialoguer, et toujours tenir compte de l'intérêt général. Je suis allé à la rencontre des élus, ceux de l'Association des Régions de France, ceux de l'Association des Intercommunalités. Je suis allé au Congrès des maires des petites villes. J'étais avant-hier à celui des élus de la montagne à Chambéry. J'irai au Congrès de l'Association des Départements de France. Je pourrais vous parler également de ma rencontre avec les élus du Puy-de-Dôme ou avec ceux du Grand Paris. Je ne vous parlerai pas de tous les rendez-vous que j'ai tenus à Matignon ou sur le terrain. J'essaye de tenir ces rendez-vous à chacun de mes déplacements parce que je respecte les élus et j'ai confiance dans ces représentants de nos territoires. Ma méthode, c'est le dialogue, le travail avec les élus. Ma conviction, c'est qu'il nous faut avancer. Vous avez exprimé vos préoccupations sur l'avenir des conseils départementaux. Leur évolution peut suivre un schéma que j'ai déjà présenté selon trois cas de figure que j'évoque depuis plusieurs semaines. Des départements où avec de très grandes métropoles. Il y aura des évolutions, comme celle que nous avons connue dans le Rhône. Des départements où peut être demain, ce sera plutôt une fédération des intercommunalités parce qu'elles sont suffisamment puissantes pour porter un certain nombre de compétences aujourd'hui exercées par les départements. Et puis la moitié des départements qui sont à dominante rurale, qui n'ont pas forcément des intercommunalités puissantes et où le Conseil général devra poursuivre sa tache de solidarité et de cohésion de nos territoires. Je l'ai confirmé dans le courrier que je vous ai transmis jeudi. Mais mon message va au-delà. Comme le texte sur les compétences, la loi NOTRe, viendra d'abord au Sénat, après le débat et l'adoption au Sénat et à l'Assemblée de la nouvelle carte des régions,- mais c'est le débat sur les compétences qui est important je souhaite que nous trouvions les voies d'un accord. Pas seulement entre nous, pas seulement au sein de la gauche, mais entre la Haute assemblée, l'Assemblée nationale, et le gouvernement parce que nous avons besoin d'apaisement. Comme nous engageons une réforme sur plusieurs années, nous avons besoin qu'il y ait la plus grande convergence et que chacun, dans la majorité comme dans l'opposition, prenne ses responsabilités.
Depuis plusieurs semaines également, avec Sylvia Pinel, nous mettons en avant un grand rendez-vous : celui des Assises des ruralité. Et je tiens à ces pluriels car les territoires ruraux ne sont pas un ensemble homogène. Nous voulons tenir compte de leur diversité et trouver des solutions adaptées et pérennes. Il faut lutter efficacement contre les déséquilibres, les fractures, les difficultés économiques et sociales mais aussi contre ce sentiment d'abandon que ressentent dans ces territoires depuis déjà plusieurs années trop de nos concitoyens. Parce qu'ils ont vu leurs écoles fermer et les services publics partir. La Poste n'est plus présente. Parce que ces territoires ont perdu en nombre d'habitants. Parce que le tissu industriel présent dans ces territoires ruraux s'est défait. Je parcours notre pays. J'étais il y a deux jours en Savoie. Je sais combien le monde rural est une richesse, un atout, combien l'agriculture reste un formidable atout pour notre économie. Le monde rural a façonné l'identité de la France, son histoire, ses traditions. Il construit aussi notre avenir.
Les solutions pour nos territoires ruraux ne viendront pas d'en haut. C'est sur le terrain avec les élus, au contact des réalités, au contact du tissu économique et social que nous devons agir. C'est pour cela que les Assises se dérouleront sous la forme d'ateliers décentralisés et je ne doute pas qu'elles seront un succès. Et elles seront conclues dans le département des Hautes-Pyrénées.
Après la réforme territoriale, la ruralité, le 3ème point que je veux aborder avec vous c'est la question de nos institutions. Je sais que ce thème a alimenté beaucoup de vos débats et qu'il a été au cur des travaux de ce Forum. Cher Jean-Michel, je veux la aussi le dire très directement, vos propositions sont intéressantes, stimulantes. Je ne les partage pas toutes. J'assume que nous ayons un point de désaccord. On peut se retrouver peut être. Le désaccord, je le formule par une question. Peut-on retirer aux Français le droit d'élire au suffrage universel direct le président de la République ? Je ne le crois pas. Comme vous sentez vous aussi combien il est difficile d'aller dans cette voie, vous proposez, vous n'êtes pas les seuls, un régime plutôt présidentiel. Ca peut être d'ailleurs un paradoxe.
Comme beaucoup de nos concitoyens, je suis plutôt attaché aux institutions de la Ve République. Je crois qu'elles offrent de la souplesse, de l'efficacité, et en même temps, de la stabilité. Je crois que le poste de Premier ministre, mais n'y voyez aucun corporatisme de ma part, y a toute sa place. Le débat aura lieu je n'en doute pas. Voyez les exemples de certains régimes présidentiels. Voyez les États-Unis. Est-ce qu'il permet toujours d'avancer, d'éviter les blocages ? De conduire une politique de réformes ? Je n'en suis pas sûr. Mais par ailleurs les régimes parlementaires évitent-ils la montée des populismes et la crise de confiance entre les peuples et leurs représentants ? Regardons l'histoire. Observons autour de nous. Je ne tranche pas ces questions ce matin. Cela ne me revient pas. La réponse appartient aussi et peut être d'abord au président de la République. Il faut se méfier de certaines fausses bonnes idées. Se méfier, réfléchir, dialoguer mais je sais que les débats continueront entre nos formations politiques et je vois une vertu à ce débat : Se poser la question de la crise de confiance, de la crise politique, de la rupture profonde entre les citoyens et leurs représentants. En cela, le débat sera utile et indispensable.
Chers amis, j'évoquais au début de mon propos ce qui fait l'identité de votre formation. Et il faut le souligner, les radicaux ont souvent eu, dans l'histoire, un temps d'avance sur l'évolution de la société, sur les grandes questions qui la traversent. Il y a chez vous, - et c'est pour ça que l'on porte parfois sur vous un regard injuste,- une forme de modernité que je vous appelle amicalement à conserver, à entretenir, peut être parfois à retrouver. Parmi les grandes questions que nous avons devant nous, il y a bien sûr celle essentielle de la fin de vie. Vous êtes les héritiers d'Henri Caillavet et vous pouvez en être fiers. Et je le veux le dire très clairement, à la suite des travaux de la mission que nous avons confiée à deux parlementaires, il y aura une loi avant la fin de cette législature. Mais sur ce sujet, peut être plus que pour tout autre, il conviendra d'avancer dans une démarche consensuelle, qui permette d'atteindre peut être pas l'unanimité mais a minima la majorité la plus large possible. En somme, de répondre là aussi à l'intérêt général. Je ne doute pas de votre contribution à ce débat passionnant et délicat à la fois. Chers amis, ce qui fait la puissance du radicalisme, ce qui a donné tant de force à la voix des grands hommes qui ont bâti votre parti, c'est la volonté de faire passer l'intérêt de notre pays au-dessus des aspirations personnelles. Et c'est sans doute cela que Pierre Mendès France voulait dire quand il écrivait « La démocratie est d'abord un état d'esprit ». Mon état d'esprit je viens de vous le livrer. Réformer. Avancer. Construire mais toujours le faire en dialoguant avec vous. Avec tous ceux et toutes celles qui veulent la réussite de la gauche. Qui veulent lui donner les moyens d'agir dans la durée, au service de notre pays. La gauche, je le dis souvent, n'est jamais aussi grande que quand elle vise l'intérêt de tous, quand elle s'adresse à tous les Français. Je mets en garde la gauche quand elle s'abandonne au sectarisme. Quand elle met en cause un ministre brillant, non pas pour ce qu'il fait, mais pour ses origines ou pour son métier. Quand la gauche se fragmente. Quand elle est dans la posture. Quand elle ne se parle qu'à elle-même, alors, à ce moment là, elle rate son rendez-vous avec l'Histoire.
La gauche, c'est son destin, c'est toujours être capable de se dépasser et de s'adresser à la France. Et continuer à porter ce message universel : d'assumer toujours ses responsabilités.
Je crois à la force du débat, j'y ai toujours participé, à la grandeur des échanges, à la confrontation des points de vue. Mais plus encore, je crois au rassemblement, à l'unité. Je veux le dire de la manière la plus claire devant vous.
Cher Jean-Michel Baylet, nous avons besoin de toi, de ton engagement, de ta loyauté, de ta faconde, de ton sérieux. Nous avons besoin de toi dans cette majorité. Je serai toujours à tes côtés en amitié, mais parce que tu es utile à la gauche et à la France.
Chers amis, j'ai besoin de vous car nous avons besoin d'une force pour la réforme. Je suis convaincu qu'il faudra un dépassement des structures politiques actuelles. Vous l'aviez proposé il y a quelques années. Il faudra un nouveau compromis. Une alliance entre les forces progressistes. Vous avez dès lors une place essentielle et un rôle primordial à jouer. Vous le faites déjà. Au sein de votre groupe sénatorial siègent des hommes ou siégeaient il y a encore peu de temps, des hommes comme Jean-Pierre Chevènement ou Robert Hue, qui ont beaucoup apporté et apportent toujours beaucoup à nos débats et qu'il ne faut pas écarter.
La gauche pour être forte doit être capable de se rassembler et de s'écouter. Vous avez donc un rôle primordial à jouer. Sachez alors être pleinement un parti de la réforme. Nous avons besoin des radicaux engagés au service de la République, mobilisés pour la réussite de la gauche au sein du gouvernement, à l'Assemblée et au Sénat, dans tous les territoires. Engagés, mobilisés, je sais que vous l'êtes, que nous le sommes ensemble pour la réussite de la gauche, pour la réussite de notre pays.
Ce pays qui est un grand pays. Ce pays que nous devons chérir plus que tout. Nous sommes républicains. Nous sommes patriotes. Nous sommes fiers d'être français. Nous sommes fiers de ce que nous accomplissons, pas seulement parce que nous sommes une grande puissance économique mais parce que notre parole, celle de notre diplomatie, l'action de nos armées, de nos soldats engagés en Centrafrique, au Sahel, en Irak aujourd'hui, font que la France est la France. Parce que c'est l'histoire qui lui a donnée cette place. Au Conseil de Sécurité, nous avons une place permanente. Mais au-delà, parce que nous intervenons. Parce que nous intervenons pour nous, au nom même de nos valeurs, mais parce que nous intervenons au nom de l'Europe, cette Europe qui n'est pas toujours au rendez-vous de l'Histoire. Parce que nous sommes présents aujourd'hui en Afrique, ce grand continent d'avenir, touché dans trois de ses pays, par cette épidémie, par Ebola.
Et je veux saluer le courage et l'engagement de l'une de vos ministres, Annick Girardin, qui s'est rendue en Guinée, qui se bat, qui porte cette belle idée qui est aussi celle de la francophonie. Parce que la culture, la langue, le rayonnement du français font aussi partie de la grandeur du pays.
J'ai un problème. J'ai cité Sylvia, j'ai parlé d'Annick. Mais je n'ai pas encore suffisamment parlé de Thierry Braillard. Alors je l'entendais ce matin parler de l'arbitrage, du foot, pas au sein des Radicaux de Gauche ou au sein de la gauche mais je veux bien sûr aussi sous vos applaudissements le remercier pour son engagement au sein du gouvernement.
Je termine, j'ai été beaucoup trop long mais je voulais vous parler du fond du cur. Nous gouvernons, et c'est une très grande responsabilité. Vous avez fait le choix qui s'imposait. Continuez. Poursuivons le travail. Quand les défis sont aussi immenses, quand nous faisons face à la menace terroriste, quand le monde traverse une crise économique et financière sans précédent, quand nous vivons cette crise de la démocratie, cette crise de confiance, il n'y a qu'une seule attitude possible, dans la confiance bien sûr et après le débat indispensable, c'est de gouverner.
Les Français ont élu François Hollande, à qui à travers vous j'adresse un message d'amitié, d'engagement et de loyauté, ils l'ont élu parce que c'était difficile. Sinon, la gauche n'aurait pas été appelée de nouveau aux responsabilités. Parce que le moment est difficile, il ne faut jamais abandonner. Il ne faut pas se complaire dans la critique facile. Il faut assumer pleinement ses responsabilités.
C'est un grand honneur que de servir le pays. Quand on veut le servir, on le fait avec exigence parce qu'il faut être exigeant quand on est de gauche et français. Mais il faut le faire avec cette volonté, cette foi, au cur et dans les tripes.
Gouverner la France pour changer, pour réformer, pour répondre à l'attente des Français. C'est ce choix que nous avons fait ensemble. D'autres ne le font pas. L'histoire les jugera. Nous, nous assumons les responsabilités. Et ensemble, vous et moi, vous et nous, nous sommes la gauche de la réforme. Ni vous ni nous, ni moi ne croyons à la rupture.
Nous croyons au changement, à la réforme. C'est cela, la gauche qui gouverne, c'est cela la gauche qui dit la vérité. C'est cela la gauche qui combat les illusions. C'est cela la gauche qui assume ses responsabilités pour réformer et toujours faire avancer le pays au service des Français. Oui, chers amis, plus que jamais, ensemble, vive la République et vive la France ! »source http://www.planeteradicale.org, le 23 octobre 2014