Texte intégral
GUILLAUME TABARD
Bienvenus sur les antennes de LCI et de Radio Classique, nous recevons ce matin André VALLINI, secrétaire d'Etat chargé de la Réforme territoriale. André VALLINI, bonjour.
ANDRE VALLINI
Bonjour Guillaume TABARD.
GUILLAUME TABARD
Alors, on va bien sûr parler de cette réforme, votre réforme, dont la discussion s'achève en ce moment au Sénat, mais commençons d'abord par parler du climat général. Depuis deux, trois jours, on dit que ça y est, l'union nationale c'est terminé. C'est votre sentiment ?
ANDRE VALLINI
Il y a, depuis deux ou trois jours, c'est vrai, quelques tentatives d'abaisser le niveau du débat important que nous devons avoir, sur ce qui s'est passé, de faire revenir dans le débat quelques considérations de politique politicienne.
GUILLAUME TABARD
De la part de qui ?
ANDRE VALLINI
De qui vous savez.
GUILLAUME TABARD
Vous voulez dire Nicolas SARKOZY.
ANDRE VALLINI
Par exemple. Le gouvernement ne se laissera pas entrainer sur le terrain de la politique politicienne, le temps maintenant est au débat, c'est vrai, l'opposition doit s'inscrire dans ce débat, il y a des leaders de l'opposition qui participent, de façon constructive à ce débat, et puis ce débat doit déboucher sur des mesures, c'est ce qui a été fait dès cette semaine, dans le domaine de la sécurité, avec les annonces du Premier ministre, et du ministre de l'Intérieur, dans le domaine de l'Education nationale avec les annonces hier du Premier ministre toujours et de Najat VALLAUD-BELKACEM, donc le débat, l'action, est toujours dans le pays, parce que moi je suis en Isère chaque fin de semaine, toujours dans notre pays cette gravité que je ressens chez nos concitoyens, cette gravité devant l'importance de ces évènements tragiques et sur les suites qu'il faut leur donner. Et je pense que l'unité nationale, elle peut continuer, justement, si le gouvernement, et c'est ce qu'il fait, se montre à la hauteur de ce qu'attendent les Français, à savoir bien sûr agir, réagir, décider, des choses concrètes, utiles, pour que plus jamais même si le risque zéro n'existe pas, plus jamais on ne puisse assister à des évènements aussi tragiques.
GUILLAUME TABARD
Mais, est-ce que ça veut dire que l'unité nationale, ça veut dire ne pas avoir le droit de poser des questions, voire de critiquer les mesures présentées par le gouvernement, sur les effectifs, sur l'arsenal judiciaire, etc. ?
ANDRE VALLINI
Mais je vous ai dit, monsieur TABARD, que le débat a lieu, qu'il doit avoir lieu et que l'opposition doit participer à ce débat, et c'est ce qu'elle fait. Il y des députés, des sénateurs, des dirigeants de l'opposition, qui proposent des choses qui sont positives sur certaines propositions du gouvernement, qui en critiquent d'autres, tout ça c'est tout à fait légitime, tout à fait normal. Ce qui s'est passé ne doit pas empêcher le débat démocratique, au contraire, la démocratie n'est jamais aussi forte quand elle existe vraiment, quand les forces politiques peuvent débattre, mais de là à tomber dans les travers de la politique politicienne, non, jamais, les Français ne le comprendraient pas, et d'ailleurs les Français, à mon avis, n'ont pas apprécié ce qui s'est passé depuis deux jours, avec ces déclarations, ces propositions, en plus, qui n'en étaient pas vraiment, sur les heures supplémentaires dans la police. Tout ça n'est pas très important.
GUILLAUME TABARD
Pourquoi, c'est une mauvaise idée les heures sup ?
ANDRE VALLINI
Non, ce n'est pas une mauvaise idée, ça existe déjà. Il y a des heures supplémentaires dans la police, donc ça ne servait à rien de proposer de remettre les heures supplémentaires dans la police. J'ajoute que celui qui a proposé ça, Nicolas SARKOZY, a supprimé des milliers de postes, 9 000 postes, je, crois, sur cinq ans.
GUILLAUME TABARD
Alors lui, il parle de l'ensemble de la période 2002/2003, mais enfin bon.
ANDRE VALLINI
Enfin bref, j'ai dit que je ne voulais pas entrer dans cette polémique, n'entrons pas dans la polémique, laissons la polémique à ceux qui veulent la susciter, le gouvernement agit, il est concentré sur l'action, l'action que nous devons mener, avec tous ceux qui le souhaiteront, y compris l'opposition, pour renforcer l'école de la République et pour renforcer la police, la gendarmerie et la justice.
GUILLAUME TABARD
Alors, Nicolas SARKOZY a lui quand même pointé ce qu'il a appelé un désarmement pénal de la part du gouvernement. Prenons très concrètement : est-ce que le gouvernement de Jean-Marc AYRAULT, puis Manuel VALLS, a eu raison de mettre un terme au plan prisons, de construction de nouvelles prisons, est-ce qu'il a eu raison de mettre un terme aux peines plancher, aux peines de sûreté pour un certain nombre de délinquants ?
ANDRE VALLINI
Sur les prisons, on continue à construire des prisons, toute construction de prison n'a pas été arrêtée et il faut construire des prisons, ne serait-ce que pour remplacer les anciennes qui sont vétustes, qui ne sont plus conformes à ce que l'on doit exiger aujourd'hui en matière pénitentiaire, dans un état moderne comme la France.
GUILLAUME TABARD
Mais il faut aussi des places nouvelles, des places en plus.
ANDRE VALLINI
Et il faut sans doute aussi, bien sûr, construire des places nouvelles de prison, en fonction de l'augmentation de la population de notre pays, en fonction de l'augmentation de la délinquance, quand elle augmente. Nous n'avons pas de dogmes en la matière, nous ne sommes pas contre la construction de prisons nouvelles, nous sommes contre un plan qui avait été sans doute décidé trop rapidement, qui n'était pas financé, et qui était aussi destiné à satisfaire l'opinion publique. Nous menons une politique pénale sérieuse, cohérente et sur le long terme.
GUILLAUME TABARD
Mais quand même, avec des places de prison en plus
ANDRE VALLINI
Avec des places de prison
GUILLAUME TABARD
Le plus simple aurait été de poursuivre un plan qui avait été lancé.
ANDRE VALLINI
Qui n'était pas financé. Je vous je continue à vous dire que nous construisons actuellement des prisons nouvelles, nous modernisons des prisons existantes, comme la prison de la Santé, parce qu'il faut bien sûr adapter le parc pénitentiaire, au pays, à sa démographie et à sa délinquance.
GUILLAUME TABARD
Pour rester sur ce terrain de la polémique, depuis deux jours, Manuel VALLS a parlé d'apartheid, à propos de la situation dans les banlieues, un terme critiqué à droite, on sent qu'il gêne un peu à gauche. Vous, vous parleriez d'apartheid dans les quartiers ?
ANDRE VALLINI
Manuel VALLS, il a un grand mérite, il en a beaucoup, il a un grand mérite, c'est celui de dire les choses, clairement, de ne pas pratiquer la langue de bois, de ne pas tourner autour du pot. Il a voulu dire par là qu'il fallait en finir avec la ghettoïsation. Vous préférez ghettoïsation ? Ce n'est pas un mot
GUILLAUME TABARD
Moi je ne préfère pas, je demande juste s'il a choisi le bon mot, selon vous.
ANDRE VALLINI
Apartheid, ghettoïsation, relégation, exclusion, par l'habitat, par l'endroit où l'on habite, exclusion de la société, il faut en finir avec ça, c'est le terreau de toutes les idéologies fondamentalistes, c'est le terreau de la violence, de la délinquance, et aussi parfois du terrorisme. Voilà ce que voulait dire Manuel VALLS. Ne nous polarisons pas sur ce mot d'apartheid, essayons de savoir ce qu'il a voulu dire, et ce qu'il a voulu dire justement, c'est que depuis 30 ou 40 ans, sous toutes les majorités, nous n'avons pas fait assez pour casser cette relégation, pour casser ces ghettos dans lesquels on « enferme » des populations qui sont au chômage de longue durée, qui sont touchées par la précarité, par la misère et donc par la toxicomanie, les trafics de drogue, dans des familles souvent monoparentales, qui n'ont plus les moyens d'élever leurs enfants. On demande tout à l'école. L'école dans ces quartiers, c'est quelque chose de considérablement difficile pour les enseignants, ils ont un mérite extraordinaire, d'essayer d'enseigner aux enfants, ce qu'on doit leur enseigner, quand ces enfants habitent ces quartiers, c'est très compliqué. Voilà ce qu'a voulu dire Manuel VALLS.
GUILLAUME TABARD
Donc, ne pas se polariser sur un mot, c'est avouer que le mot lui même n'était peut -être pas le mieux choisi.
ANDRE VALLINI
Eh bien justement, finalement, puisque ce mot provoque ce débat, c'est pas plus mal, ça permet de parler de choses. Parfois ça secoue un peu, l'utilisation de certains mots, et moi je dis que depuis deux jours, le mot utilisé par Manuel VALLS a permis d'ouvrir ce débat sur la relégation, l'exclusion, la ghettoïsation de certains quartiers de notre pays, tout ça n'est plus acceptable et Manuel VALLS et le gouvernement sont décidés à agir encore plus fort, nous n'avons pas attendu ces attentats pour agir, mais on va agir encore plus fort sur ces quartiers.
GUILLAUME TABARD
Alors la politique commence aussi à reprendre ses droits, on entend beaucoup de gens, notamment au sein du Parti socialiste, dire : grâce au regain de popularité de François HOLLANDE et de Manuel VALLS, eh bien peut-être que les départementales, qui sont maintenant dans moins de deux mois, dans deux mois tout juste, ne seront pas aussi catastrophiques qu'annoncé. Vous pensez qu'il y aura un effet électoral de cette popularité ?
ANDRE VALLINI
Moi je n'en sais rien. Les sondages, je suis venu plusieurs fois à ce micro, vous savez, les sondages je les prends avec beaucoup de précautions, pour ne pas dire avec des pincettes. Quand ils étaient très mauvais, très défavorables à François HOLLANDE, je disais que les sondages ne sont pas là pour orienter la politique du pays, que François HOLLANDE n'avait pas été élu pour être populaire mais pour redresser le pays et le réformer. Je continue à dire que les sondages ce n'est pas très important, ce qui compte c'est l'action et on jugera l'action du président de la République et du gouvernement à la fin du quinquennat. Les départementales c'est autre chose, ce sont des élections locales, nous avons beaucoup de départements, c'est vrai, qui sont dirigés par la gauche, où l'on fait du bon travail, le contexte national va sans doute jouer
GUILLAUME TABARD
Dont le vôtre, l'Isère.
ANDRE VALLINI
Dont l'Isère.
GUILLAUME TABARD
Qui pourrait basculer ?
ANDRE VALLINI
Qui peut basculer, comme tous les départements, c'est vrai qu'elle s'annonce difficile, on verra bien, les enjeux locaux sont importants, le contexte national compte aussi, on verra bien. Pour le moment on est encore loin des cantonales, les Français ne sont pas du tout dans les cantonales, même si nous dans les partis politiques, nous nous préparons, nous sommes dans l'action après ce qui s'est passé et je le répète, le gouvernement a pris des mesures importantes, annoncées cette semaine, je crois que les Français apprécient cette capacité de réagir vite à ce qui s'est passé.
GUILLAUME TABARD
Alors, si on n'est pas encore dans les élections locales, on est déjà dans le débat local, puisqu'en ce moment même le Sénat achève la discussion sur le second texte concernant la réforme territoriale, dont vous avez la charge. Le premier texte c'était le redécoupage des régions, les 13 nouvelles régions, le second texte porte sur les compétences des départements, des régions, des communes, etc. Est-ce que vous n'avez pas le sentiment qu'une fois encore le Sénat est parvenu à détricoter votre texte ? En clair, toutes les compétences qui devaient être transférées aux régions, notamment les collèges, les routes, etc. vont rester aux départements, dont le rôle sera finalement conforté ?
ANDRE VALLINI
Le Sénat n'est pas un train de voter le texte du gouvernement, c'est une réalité et nous faisons avec, mais le Sénat joue son rôle, le Sénat est une assemblée qui connait bien les territoires, les sénateurs sont élus par les grands électeurs, les maires, les conseillers généraux, dont le débat a lieu depuis 15 jours, jour et nuit, c'est très intéressant, mais c'est vrai que le Sénat n'est pas d'accord sur tout, avec le gouvernement, concernant ce texte. Le gouvernement a fait des pas en direction des sénateurs, nous avons notamment accepté, finalement, de laisser la compétence des collèges aux départements, aux conseils généraux.
GUILLAUME TABARD
Ça c'est accepté par le gouvernement.
ANDRE VALLINI
C'est accepté par le gouvernement, on verra ce que décident les députés, mais voilà un geste que nous avons fait, parce que c'est vrai que les collèges ne participent pas à la compétitivité d'un territoire, à l'attractivité d'une région, parce que l'idée de ces textes de cette réforme territoriale, c'est de renforcer les régions d'abord par taille, elles seront pour la plupart agrandies, mais aussi par les compétences, elles vont avoir toutes les compétences qui font l'attractivité, la compétitivité d'un territoire, donc c'est l'économie, l'économie aux régions. Et puis les départements, les conseils généraux, départementaux demain, vont garder tout ce qui concerne la solidarité, sociale, personnes âgées, personnes handicapées, enfance maltraitée, familles en difficultés, et solidarité territoriale avec notamment les territoires ruraux, c'est très important et c'est très apprécié par le Sénat, ça.
GUILLAUME TABARD
C'est sans doute très important, mais les annonces initiales de François HOLLANDE et de Manuel VALLS, il y a plusieurs mois maintenant, c'était de dire : à terme, en 2020, on va carrément supprimer les départements, il est clair qu'il n'en est plus du tout question.
ANDRE VALLINI
On verra bien dans les années 2020 et au-delà ce que deviennent les conseils départementaux. Dans la loi que nous présentons au Parlement, les conseils départementaux, conseils généraux, qui vont donc changer de nom, il faut s'habituer à ce changement de nom, vont garder leurs compétences majeures qui concernent la solidarité, et ça rassure beaucoup les populations, les plus fragiles, les personnes âgées, les handicapés, les familles en difficultés, tout ça, ça reste au niveau départemental. Et puis la solidarité territoriale, et c'est nouveau, parce que jusque là les départements aidaient les communes rurales, les territoires de montagne, les territoires en difficultés, sans que ce soit obligatoire. Les conseils généraux le faisaient parce qu'ils voulaient bien le faire. Dans la loi, cette fois-ci, on va écrire que les conseils généraux, départementaux, devront aider les territoires ruraux. C'est très important et c'est très attendu en milieu rural.
GUILLAUME TABARD
Et donc, vote mardi au Sénat.
ANDRE VALLINI
Au Sénat.
GUILLAUME TABARD
André VALLINI, merci et bonne journée sur LCI et Radio Classique.
ANDRE VALLINI
Merci.Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 janvier 2015
Bienvenus sur les antennes de LCI et de Radio Classique, nous recevons ce matin André VALLINI, secrétaire d'Etat chargé de la Réforme territoriale. André VALLINI, bonjour.
ANDRE VALLINI
Bonjour Guillaume TABARD.
GUILLAUME TABARD
Alors, on va bien sûr parler de cette réforme, votre réforme, dont la discussion s'achève en ce moment au Sénat, mais commençons d'abord par parler du climat général. Depuis deux, trois jours, on dit que ça y est, l'union nationale c'est terminé. C'est votre sentiment ?
ANDRE VALLINI
Il y a, depuis deux ou trois jours, c'est vrai, quelques tentatives d'abaisser le niveau du débat important que nous devons avoir, sur ce qui s'est passé, de faire revenir dans le débat quelques considérations de politique politicienne.
GUILLAUME TABARD
De la part de qui ?
ANDRE VALLINI
De qui vous savez.
GUILLAUME TABARD
Vous voulez dire Nicolas SARKOZY.
ANDRE VALLINI
Par exemple. Le gouvernement ne se laissera pas entrainer sur le terrain de la politique politicienne, le temps maintenant est au débat, c'est vrai, l'opposition doit s'inscrire dans ce débat, il y a des leaders de l'opposition qui participent, de façon constructive à ce débat, et puis ce débat doit déboucher sur des mesures, c'est ce qui a été fait dès cette semaine, dans le domaine de la sécurité, avec les annonces du Premier ministre, et du ministre de l'Intérieur, dans le domaine de l'Education nationale avec les annonces hier du Premier ministre toujours et de Najat VALLAUD-BELKACEM, donc le débat, l'action, est toujours dans le pays, parce que moi je suis en Isère chaque fin de semaine, toujours dans notre pays cette gravité que je ressens chez nos concitoyens, cette gravité devant l'importance de ces évènements tragiques et sur les suites qu'il faut leur donner. Et je pense que l'unité nationale, elle peut continuer, justement, si le gouvernement, et c'est ce qu'il fait, se montre à la hauteur de ce qu'attendent les Français, à savoir bien sûr agir, réagir, décider, des choses concrètes, utiles, pour que plus jamais même si le risque zéro n'existe pas, plus jamais on ne puisse assister à des évènements aussi tragiques.
GUILLAUME TABARD
Mais, est-ce que ça veut dire que l'unité nationale, ça veut dire ne pas avoir le droit de poser des questions, voire de critiquer les mesures présentées par le gouvernement, sur les effectifs, sur l'arsenal judiciaire, etc. ?
ANDRE VALLINI
Mais je vous ai dit, monsieur TABARD, que le débat a lieu, qu'il doit avoir lieu et que l'opposition doit participer à ce débat, et c'est ce qu'elle fait. Il y des députés, des sénateurs, des dirigeants de l'opposition, qui proposent des choses qui sont positives sur certaines propositions du gouvernement, qui en critiquent d'autres, tout ça c'est tout à fait légitime, tout à fait normal. Ce qui s'est passé ne doit pas empêcher le débat démocratique, au contraire, la démocratie n'est jamais aussi forte quand elle existe vraiment, quand les forces politiques peuvent débattre, mais de là à tomber dans les travers de la politique politicienne, non, jamais, les Français ne le comprendraient pas, et d'ailleurs les Français, à mon avis, n'ont pas apprécié ce qui s'est passé depuis deux jours, avec ces déclarations, ces propositions, en plus, qui n'en étaient pas vraiment, sur les heures supplémentaires dans la police. Tout ça n'est pas très important.
GUILLAUME TABARD
Pourquoi, c'est une mauvaise idée les heures sup ?
ANDRE VALLINI
Non, ce n'est pas une mauvaise idée, ça existe déjà. Il y a des heures supplémentaires dans la police, donc ça ne servait à rien de proposer de remettre les heures supplémentaires dans la police. J'ajoute que celui qui a proposé ça, Nicolas SARKOZY, a supprimé des milliers de postes, 9 000 postes, je, crois, sur cinq ans.
GUILLAUME TABARD
Alors lui, il parle de l'ensemble de la période 2002/2003, mais enfin bon.
ANDRE VALLINI
Enfin bref, j'ai dit que je ne voulais pas entrer dans cette polémique, n'entrons pas dans la polémique, laissons la polémique à ceux qui veulent la susciter, le gouvernement agit, il est concentré sur l'action, l'action que nous devons mener, avec tous ceux qui le souhaiteront, y compris l'opposition, pour renforcer l'école de la République et pour renforcer la police, la gendarmerie et la justice.
GUILLAUME TABARD
Alors, Nicolas SARKOZY a lui quand même pointé ce qu'il a appelé un désarmement pénal de la part du gouvernement. Prenons très concrètement : est-ce que le gouvernement de Jean-Marc AYRAULT, puis Manuel VALLS, a eu raison de mettre un terme au plan prisons, de construction de nouvelles prisons, est-ce qu'il a eu raison de mettre un terme aux peines plancher, aux peines de sûreté pour un certain nombre de délinquants ?
ANDRE VALLINI
Sur les prisons, on continue à construire des prisons, toute construction de prison n'a pas été arrêtée et il faut construire des prisons, ne serait-ce que pour remplacer les anciennes qui sont vétustes, qui ne sont plus conformes à ce que l'on doit exiger aujourd'hui en matière pénitentiaire, dans un état moderne comme la France.
GUILLAUME TABARD
Mais il faut aussi des places nouvelles, des places en plus.
ANDRE VALLINI
Et il faut sans doute aussi, bien sûr, construire des places nouvelles de prison, en fonction de l'augmentation de la population de notre pays, en fonction de l'augmentation de la délinquance, quand elle augmente. Nous n'avons pas de dogmes en la matière, nous ne sommes pas contre la construction de prisons nouvelles, nous sommes contre un plan qui avait été sans doute décidé trop rapidement, qui n'était pas financé, et qui était aussi destiné à satisfaire l'opinion publique. Nous menons une politique pénale sérieuse, cohérente et sur le long terme.
GUILLAUME TABARD
Mais quand même, avec des places de prison en plus
ANDRE VALLINI
Avec des places de prison
GUILLAUME TABARD
Le plus simple aurait été de poursuivre un plan qui avait été lancé.
ANDRE VALLINI
Qui n'était pas financé. Je vous je continue à vous dire que nous construisons actuellement des prisons nouvelles, nous modernisons des prisons existantes, comme la prison de la Santé, parce qu'il faut bien sûr adapter le parc pénitentiaire, au pays, à sa démographie et à sa délinquance.
GUILLAUME TABARD
Pour rester sur ce terrain de la polémique, depuis deux jours, Manuel VALLS a parlé d'apartheid, à propos de la situation dans les banlieues, un terme critiqué à droite, on sent qu'il gêne un peu à gauche. Vous, vous parleriez d'apartheid dans les quartiers ?
ANDRE VALLINI
Manuel VALLS, il a un grand mérite, il en a beaucoup, il a un grand mérite, c'est celui de dire les choses, clairement, de ne pas pratiquer la langue de bois, de ne pas tourner autour du pot. Il a voulu dire par là qu'il fallait en finir avec la ghettoïsation. Vous préférez ghettoïsation ? Ce n'est pas un mot
GUILLAUME TABARD
Moi je ne préfère pas, je demande juste s'il a choisi le bon mot, selon vous.
ANDRE VALLINI
Apartheid, ghettoïsation, relégation, exclusion, par l'habitat, par l'endroit où l'on habite, exclusion de la société, il faut en finir avec ça, c'est le terreau de toutes les idéologies fondamentalistes, c'est le terreau de la violence, de la délinquance, et aussi parfois du terrorisme. Voilà ce que voulait dire Manuel VALLS. Ne nous polarisons pas sur ce mot d'apartheid, essayons de savoir ce qu'il a voulu dire, et ce qu'il a voulu dire justement, c'est que depuis 30 ou 40 ans, sous toutes les majorités, nous n'avons pas fait assez pour casser cette relégation, pour casser ces ghettos dans lesquels on « enferme » des populations qui sont au chômage de longue durée, qui sont touchées par la précarité, par la misère et donc par la toxicomanie, les trafics de drogue, dans des familles souvent monoparentales, qui n'ont plus les moyens d'élever leurs enfants. On demande tout à l'école. L'école dans ces quartiers, c'est quelque chose de considérablement difficile pour les enseignants, ils ont un mérite extraordinaire, d'essayer d'enseigner aux enfants, ce qu'on doit leur enseigner, quand ces enfants habitent ces quartiers, c'est très compliqué. Voilà ce qu'a voulu dire Manuel VALLS.
GUILLAUME TABARD
Donc, ne pas se polariser sur un mot, c'est avouer que le mot lui même n'était peut -être pas le mieux choisi.
ANDRE VALLINI
Eh bien justement, finalement, puisque ce mot provoque ce débat, c'est pas plus mal, ça permet de parler de choses. Parfois ça secoue un peu, l'utilisation de certains mots, et moi je dis que depuis deux jours, le mot utilisé par Manuel VALLS a permis d'ouvrir ce débat sur la relégation, l'exclusion, la ghettoïsation de certains quartiers de notre pays, tout ça n'est plus acceptable et Manuel VALLS et le gouvernement sont décidés à agir encore plus fort, nous n'avons pas attendu ces attentats pour agir, mais on va agir encore plus fort sur ces quartiers.
GUILLAUME TABARD
Alors la politique commence aussi à reprendre ses droits, on entend beaucoup de gens, notamment au sein du Parti socialiste, dire : grâce au regain de popularité de François HOLLANDE et de Manuel VALLS, eh bien peut-être que les départementales, qui sont maintenant dans moins de deux mois, dans deux mois tout juste, ne seront pas aussi catastrophiques qu'annoncé. Vous pensez qu'il y aura un effet électoral de cette popularité ?
ANDRE VALLINI
Moi je n'en sais rien. Les sondages, je suis venu plusieurs fois à ce micro, vous savez, les sondages je les prends avec beaucoup de précautions, pour ne pas dire avec des pincettes. Quand ils étaient très mauvais, très défavorables à François HOLLANDE, je disais que les sondages ne sont pas là pour orienter la politique du pays, que François HOLLANDE n'avait pas été élu pour être populaire mais pour redresser le pays et le réformer. Je continue à dire que les sondages ce n'est pas très important, ce qui compte c'est l'action et on jugera l'action du président de la République et du gouvernement à la fin du quinquennat. Les départementales c'est autre chose, ce sont des élections locales, nous avons beaucoup de départements, c'est vrai, qui sont dirigés par la gauche, où l'on fait du bon travail, le contexte national va sans doute jouer
GUILLAUME TABARD
Dont le vôtre, l'Isère.
ANDRE VALLINI
Dont l'Isère.
GUILLAUME TABARD
Qui pourrait basculer ?
ANDRE VALLINI
Qui peut basculer, comme tous les départements, c'est vrai qu'elle s'annonce difficile, on verra bien, les enjeux locaux sont importants, le contexte national compte aussi, on verra bien. Pour le moment on est encore loin des cantonales, les Français ne sont pas du tout dans les cantonales, même si nous dans les partis politiques, nous nous préparons, nous sommes dans l'action après ce qui s'est passé et je le répète, le gouvernement a pris des mesures importantes, annoncées cette semaine, je crois que les Français apprécient cette capacité de réagir vite à ce qui s'est passé.
GUILLAUME TABARD
Alors, si on n'est pas encore dans les élections locales, on est déjà dans le débat local, puisqu'en ce moment même le Sénat achève la discussion sur le second texte concernant la réforme territoriale, dont vous avez la charge. Le premier texte c'était le redécoupage des régions, les 13 nouvelles régions, le second texte porte sur les compétences des départements, des régions, des communes, etc. Est-ce que vous n'avez pas le sentiment qu'une fois encore le Sénat est parvenu à détricoter votre texte ? En clair, toutes les compétences qui devaient être transférées aux régions, notamment les collèges, les routes, etc. vont rester aux départements, dont le rôle sera finalement conforté ?
ANDRE VALLINI
Le Sénat n'est pas un train de voter le texte du gouvernement, c'est une réalité et nous faisons avec, mais le Sénat joue son rôle, le Sénat est une assemblée qui connait bien les territoires, les sénateurs sont élus par les grands électeurs, les maires, les conseillers généraux, dont le débat a lieu depuis 15 jours, jour et nuit, c'est très intéressant, mais c'est vrai que le Sénat n'est pas d'accord sur tout, avec le gouvernement, concernant ce texte. Le gouvernement a fait des pas en direction des sénateurs, nous avons notamment accepté, finalement, de laisser la compétence des collèges aux départements, aux conseils généraux.
GUILLAUME TABARD
Ça c'est accepté par le gouvernement.
ANDRE VALLINI
C'est accepté par le gouvernement, on verra ce que décident les députés, mais voilà un geste que nous avons fait, parce que c'est vrai que les collèges ne participent pas à la compétitivité d'un territoire, à l'attractivité d'une région, parce que l'idée de ces textes de cette réforme territoriale, c'est de renforcer les régions d'abord par taille, elles seront pour la plupart agrandies, mais aussi par les compétences, elles vont avoir toutes les compétences qui font l'attractivité, la compétitivité d'un territoire, donc c'est l'économie, l'économie aux régions. Et puis les départements, les conseils généraux, départementaux demain, vont garder tout ce qui concerne la solidarité, sociale, personnes âgées, personnes handicapées, enfance maltraitée, familles en difficultés, et solidarité territoriale avec notamment les territoires ruraux, c'est très important et c'est très apprécié par le Sénat, ça.
GUILLAUME TABARD
C'est sans doute très important, mais les annonces initiales de François HOLLANDE et de Manuel VALLS, il y a plusieurs mois maintenant, c'était de dire : à terme, en 2020, on va carrément supprimer les départements, il est clair qu'il n'en est plus du tout question.
ANDRE VALLINI
On verra bien dans les années 2020 et au-delà ce que deviennent les conseils départementaux. Dans la loi que nous présentons au Parlement, les conseils départementaux, conseils généraux, qui vont donc changer de nom, il faut s'habituer à ce changement de nom, vont garder leurs compétences majeures qui concernent la solidarité, et ça rassure beaucoup les populations, les plus fragiles, les personnes âgées, les handicapés, les familles en difficultés, tout ça, ça reste au niveau départemental. Et puis la solidarité territoriale, et c'est nouveau, parce que jusque là les départements aidaient les communes rurales, les territoires de montagne, les territoires en difficultés, sans que ce soit obligatoire. Les conseils généraux le faisaient parce qu'ils voulaient bien le faire. Dans la loi, cette fois-ci, on va écrire que les conseils généraux, départementaux, devront aider les territoires ruraux. C'est très important et c'est très attendu en milieu rural.
GUILLAUME TABARD
Et donc, vote mardi au Sénat.
ANDRE VALLINI
Au Sénat.
GUILLAUME TABARD
André VALLINI, merci et bonne journée sur LCI et Radio Classique.
ANDRE VALLINI
Merci.Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 janvier 2015