Déclaration de M. Robert Hue, secrétaire national du PCF, sur les associations, le projet de statut du militant-responsable associatif et l'action des communistes en faveur des associations, Paris le 2 juillet 2001.

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Circonstance : 100ème anniversaire de la loi de 1901

Texte intégral

La loi du 1er juillet a 100 ans. Je veux à l'occasion de cet anniversaire dire combien elle est un acquis fort de la démocratie. 40 % des françaises et des français sont membres d'une association au moins. Elles génèrent du lien social, de la fraternité; elles sont un vivier incomparable d'énergies, de créativité, de générosité et de compétences.
Sport, action humanitaire, accès aux droits, environnement, solidarité les associations sont un pilier de la République, un lieu de rencontre des idées d'égalité, de fraternité, de liberté.
Liberté : c'est en fait, le mot clé de la loi de 1901. Liberté de penser et d'agir, démocratiquement, en groupe, sans qu'aucun pouvoir ne puisse s'y opposer. En ce sens la loi complète la reconnaissance des libertés individuelles et la loi sur les syndicats de 1884, en ouvrant un espace à l'action collective librement organisée.
Aujourd'hui, les associations sont de surcroît devenues un véritable secteur de la vie économique. Elles contribuent ainsi, notamment pour des dizaines de milliers de jeunes, à l'insertion par l'emploi, tout en leur permettant de satisfaire leur besoin d'engagement individuel.
Par cette dimension et celle, encore bien plus importante du bénévolat, qui est la forme d'engagement la plus naturelle et la plus répandue dans la vie associative, le travail des associations et leur poids dans la réalité sociale sont considérables.
Il est donc normal, et souhaitable, que le contexte d'application de cette très belle loi, plus jeune que jamais, fasse l'objet, en cet anniversaire, d'un examen attentif.
Nous soutenons la demande des militantes et des militants associatifs d'un véritable statut du militant-responsable associatif. Il est nécessaire, par exemple, d'élargir les possibilités de congés pour représentation et pour formation à l'ensemble des associations, avec une prise en charge par l'état du dédommagement lié aux absences professionnelles. C'est le sens de l'amendement au projet de loi relatif à la démocratie de proximité déposé par mon ami Bernard Birsinger, député communiste.
L'annonce faite par le Premier ministre de l'augmentation sensible des crédits accordés au Fonds national de développement de la vie associative (FNDVA) est un premier pas, mais il reste beaucoup à faire.
Je veux par ailleurs affirmer la volonté des communistes, partout où ils ont des responsabilités, de favoriser le développement de la vie associative et en particulier l'accès à celle-ci pour les jeunes, voire les mineurs.
En cet anniversaire, je crois utile de rappeler combien nous avons changé notre rapport aux associations.
Dans leur histoire, les communistes ont toujours été très impliqués dans le mouvement associatif. Ils ont même contribué à la création d'organisations nationales importantes. Mais celles-ci ont le plus souvent été instrumentalisées durant de longues années. Fort heureusement, beaucoup d'entre elles ont su, au fil du temps, et grâce à l'apport de militant-e-s de tous horizons, prospérer, et se dégager de cette tutelle. Ces organisations vivent aujourd'hui leur vie en toute indépendance, et souvent avec de beaux succès.
Longtemps aussi nous avons considéré le mouvement associatif, comme secondaire par rapport au primat du politique. Cette situation n'était d'ailleurs pas le seul fait de notre parti. Cette suffisance et cette difficulté à prendre en compte l'apport considérable du mouvement associatif ont, en partie, contribué à la crise de la politique qui s'est installée dans notre pays.
Pour sa part, le parti communiste en a tiré les enseignements. Nous avons profondément changé notre regard sur la société et donc notre conception du mouvement associatif, nos rapports avec lui. Nous ne pensons plus notre rôle comme exclusif, en matière d'analyse aussi bien que de réflexion, de propositions.
Nous sommes donc, aujourd'hui, dans un rapport d'égalité avec les associations. Nous avons beaucoup à apprendre des autres, beaucoup à écouter, pour dégager à chaque fois que possible, les possibilités d'agir ensemble sur des urgences communes.
Depuis notre précédent congrès, à Martigues, un secteur particulier de notre activité est consacré à créer et développer dans cet esprit, des liens avec des associations très diverses. J'ai moi-même eu l'occasion de rencontrer de nombreux responsables et ces échanges m'ont toujours été des moments privilégiés, passionnants. Des partenariats fructueux paraissent s'amorcer, dont nous nous félicitons et que nous voulons développer davantage.
Face à un capitalisme mondialisé, nous avons tous à affronter les inégalités qui se multiplient et les souffrances qu'elles entraînent. Nul n'a le monopole des idées, des propositions pour les faire reculer. Notre rôle de formation politique, engagée dans la lutte pour une véritable égalité des droits, pour un développement des libertés individuelles et collectives, pour une société plus humaine, est de contribuer à faire converger les solidarités, dans le respect de la diversité de chacun.
Toujours plus de démocratie, toujours plus de citoyenneté, comme moyens de permettre aux femmes, aux hommes d'intervenir sur tout ce qui intéresse leur vie quotidienne comme leur avenir, est le fil conducteur du projet d'un nouveau communisme pour la France du 21ème siècle. Ce projet que notre parti cherche à élaborer, nous rend très attentifs à la vie du monde associatif et à toutes réflexions partagées avec celles et ceux qui le font vivre.
(source http://www.pcf.fr, le 4 juillet 2001)