Texte intégral
Madame la ministre,
Messieurs les ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux de vous retrouver pour conclure ces Assises nationales du tourisme. Je ne dois pas être trop étranger au secteur du tourisme, car j'aperçois nombre de visages connus. Tout au long de cette journée, vous avez débattu des changements importants que connaît le tourisme depuis une dizaine d'années. Des perspectives nouvelles s'ouvrent pour ce secteur grâce à l'allongement continu de la durée de la vie et à la réduction du temps de travail. Autres facteurs favorables, la mondialisation estompe les frontières et les progrès des transports amenuisent les distances. La société française d'aujourd'hui s'organise autour de pratiques plus individuelles que naguère et les demandes de loisirs se font plus diversifiées.
Conscients de ces enjeux, le Gouvernement dans son ensemble et, en particulier, la secrétaire d'Etat au Tourisme, Michelle DEMESSINE, se sont attachés, depuis 1997, à promouvoir les activités liées au tourisme grâce à une démarche fondée sur la concertation entre l'ensemble des acteurs, publics et privés, de ce secteur. Votre assemblée a permis de dresser le bilan de ces quatre années particulièrement riches pour vos professions. Je rends ici hommage au travail accompli par Michelle DEMESSINE. Tandis qu'elle s'apprête à rejoindre le Sénat, je la remercie pour le dynamisme, le travail sérieux, l'esprit de modestie, le sens de l'écoute et la vraie conviction avec lesquels elle a contribué au développement de la politique du Gouvernement en faveur du tourisme. Elle parlait tout à l'heure de " famille ". Alors disons que vous l'avez adoptée. Au point qu'elle verse quelques larmes
Mesdames, Messieurs,
Avant d'évoquer cette politique, je veux assurer votre profession du soutien du Gouvernement dans le contexte nouveau et difficile que vous connaissez.
Vous avez connu quatre très bonnes années. Et soudain, le ciel s'est assombri.
Le Gouvernement est très attentif aux conséquences des attentats du 11 septembre dernier sur le secteur touristique. Je salue l'initiative prise par Michelle DEMESSINE de réunir un groupe d'observation de la conjoncture rassemblant l'ensemble des professionnels concernés. Ce groupe a permis de fournir les premiers éléments de diagnostic sur les difficultés que vous rencontrez. Les agences de voyages font face à une baisse importante de leur volume d'affaire. Les réservations hôtelières sont en recul. La situation de certains opérateurs spécialisés est effectivement préoccupante.
Le Gouvernement se tient à vos côtés pour franchir ce cap difficile. Il y a d'abord les mesures d'urgence. Les entreprises les plus touchées pourront obtenir le report de certaines échéances fiscales et sociales afin de résoudre leurs problèmes de trésorerie. Les instructions nécessaires seront adressées très prochainement aux services financiers et sociaux pour qu'ils puissent traiter rapidement les demandes qui leur seront adressées. Les directions départementales du travail et de l'emploi seront invitées à examiner au cas par cas la situation dans vos entreprises pour ce qui concerne le chômage partiel et aussi la réduction du temps de travail. Afin de mieux cerner les besoins, une mission a été confiée à l'Inspection générale du Tourisme. Le cas échéant, nous prendrons des mesures complémentaires.
Le tourisme repose sur la confiance : confiance dans la sûreté des lieux publics et des moyens de transports, en particulier aérien. Votre secteur bénéficiera donc du dispositif de sécurité mis en place par le Gouvernement autour du plan VIGIPIRATE renforcé. Tout est fait pour assurer la sécurité de nos concitoyens et des touristes étrangers en visite dans notre pays. Avant de vous rejoindre, je présidais, comme chaque semaine, une réunion de ministres sur ces problèmes.
Enfin, pour faire face à une concurrence internationale plus vive, nous lancerons au début de l'année prochaine, sous l'égide de Maison de France, une campagne mondiale de promotion de la " destination France ". Le Gouvernement s'engage à financer cette action exceptionnelle à hauteur de 30 millions de francs.
Mesdames, Messieurs,
Je suis convaincu que les professionnels du tourisme, avec le soutien du Gouvernement, parviendront à surmonter cette conjoncture difficile. J'ai confiance car la France dispose d'atouts considérables dans le domaine du tourisme.
Notre premier atout, c'est la beauté de notre pays, la richesse et la diversité de notre patrimoine. La France, c'est à la fois de magnifiques montagnes et un merveilleux littoral ouvert sur la Méditerranée ou l'Atlantique. C'est aussi la diversité de l'Outre-mer, de la Caraïbe au Pacifique Sud en passant par l'Océan indien. C'est une extraordinaire diversité de paysages de campagne et l'éclat architectural et culturel de villes qui portent l'empreinte de la longue histoire de notre Nation. C'est à la fois Paris, capitale si française et pourtant universelle, et des centaines de terroirs riches de leurs accents, de leurs traditions, de leurs spécialités. Ce patrimoine inestimable n'est pas figé : il vit au rythme de multiples festivals, des plus modestes rencontres aux manifestations les plus ambitieuses.
Mais le tourisme en France s'appuie sur un autre atout : le savoir-faire des professionnels du secteur. Hôtellerie, restauration, transports, animation, création d'événements, le tourisme français est riche de milliers de talents, fort d'un million de femmes et d'hommes qui aiment leur environnement et travaillent à le valoriser, à le faire connaître, à le faire apprécier par les visiteurs qu'ils accueillent. Voilà ce qui fait que la France est la première destination touristique au monde, visitée en 2000 par 75 millions de touristes étrangers. C'est un magnifique signe de reconnaissance pour nous les Français.
Ce succès fait du tourisme un secteur majeur de l'économie nationale. C'est le premier poste d'excédent de notre balance commerciale. Avec 215.000 entreprises, dont beaucoup comptent moins de 10 salariés, le tourisme joue un rôle essentiel pour l'emploi. Avec un million de salariés et autant d'emplois indirects, l'activité touristique est fortement créatrice d'emplois : près de 100.000 depuis trois ans. Mais je sais combien peuvent être difficiles les conditions de travail dans certaines de vos professions, qui connaissent, en partie pour cette raison, des problèmes de recrutement.
C'est pourquoi nous voulons revaloriser les métiers du tourisme. Nous poursuivons l'effort de qualification des emplois du tourisme. Nous avons décidé ensemble de rendre plus attractives ces filières professionnelles. C'est le sens de la refonte du BTS Tourisme, qui a pris effet à la rentrée 2001. Ces actions de revalorisation portent également sur la reconnaissance des acquis professionnels au travers de la labellisation nationale " Restaurateur de France " et la certification de certains établissements.
Ces métiers emploient de nombreux travailleurs saisonniers. Il fallait améliorer leurs conditions de vie et de travail, encore très précaires. Les maisons de saisonniers offrent désormais à ces derniers un lieu de rencontre et d'information sur l'ensemble de leurs droits en matière de travail, de logement ou de santé. Le Gouvernement doublera leur nombre dès 2002. Grâce à la mobilisation conjointe des secrétariats d'Etat au Logement et au Tourisme, les saisonniers peuvent désormais bénéficier des aides personnelles au logement. Un plan d'action en faveur du logement des saisonniers sera mis en place, dans les dix départements les plus concernés, par les préfets avec l'ensemble des partenaires. Ces plans seront présentés à la fin du mois et permettront de disposer de logements supplémentaires dès la prochaine saison.
Ces mesures s'inscrivent, Mesdames, Messieurs, dans une ambitieuse politique du tourisme conduite par le Gouvernement.
C'est d'abord une politique qui libère du temps. Il n'y a pas de tourisme sans temps libre : la création des congés payés par le Front Populaire, en 1936, a ainsi marqué l'essor du tourisme populaire en France. Nous nous inscrivons dans cette tradition de progrès. Certes, l'objectif des 35 heures était d'abord de lutter contre le chômage et cette politique volontariste a déjà permis de créer 360.000 emplois. Mais cette grande loi sociale a aussi pour effet de donner à plusieurs millions de Français un surcroît de temps libre. Ce temps libéré est un temps pour soi, pour se cultiver et se détendre, pour voyager et découvrir. Désormais, les Français partent plus fréquemment en vacances et explorent de nouveaux lieux de villégiature à travers notre pays pour profiter de leurs " jours de RTT ". Ainsi, le secteur du tourisme bénéficie pleinement de cette loi. Sa mise en uvre est un élément important de revalorisation de plusieurs de vos filières professionnelles. Mais je sais aussi que son application pour certains de vos métiers n'est pas sans poser de vraies difficultés. C'est un peu le paradoxe des 35 heures. Elles vous servent car elles donnent du temps libre. Elles vous posent des problèmes qu'il faut traiter. Je souhaite que les discussions en cours permettent de trouver une solution satisfaisante pour tous.
Au-delà, l'ensemble des réformes engagées par le Gouvernement pour rendre aux femmes et aux hommes la maîtrise de leur temps contribue à l'émergence d'une " économie du temps libre ". Pour en mesurer toutes les conséquences et chercher à en amplifier les effets bénéfiques, je demanderai au Commissariat au Plan un nouveau rapport, dans le prolongement de l'étude réalisée en 1998, qui s'intitulait " Réinventer les vacances ".
Le Gouvernement conduit une politique du tourisme pour tous. Nous menons un effort particulier en direction des Français qui partent peu ou pas du tout en vacances. La loi du 12 juillet 1999 permet aux PME de moins de 50 salariés de profiter des chèques-vacances. Dans le cadre de la prochaine loi de finances, le Gouvernement proposera d'augmenter le nombre des bénéficiaires de cette mesure. Nous multiplierons par deux les crédits consacrés en 2002 à la " bourse solidarité vacances " : 30.000 personnes défavorisées pourront ainsi partir en vacances l'année prochaine. Lors du Comité interministériel de développement et d'aménagement du territoire qui s'est tenu à Limoges, le 9 juillet dernier, nous avons décidé de prolonger jusqu'en 2006 le plan de réhabilitation des équipements du tourisme social et associatif en milieu rural et en moyenne montagne. Pour améliorer leur qualité, les associations gestionnaires de ces équipements feront l'objet d'une nouvelle procédure d'agrément national.
Notre politique du tourisme est indissociable d'une politique globale d'aménagement du territoire. 80 % de la fréquentation touristique de notre pays est encore concentrée sur 20 % du territoire. Le Gouvernement poursuivra donc le rééquilibrage engagé depuis 1997 pour développer de façon durable le tourisme dans les territoires où il est encore peu dynamique. Dans cet esprit, il nous faut diversifier la nature et le contenu de l'offre touristique. Le Gouvernement a décidé de proroger jusqu'en 2004 l'aide fiscale destinée aux résidences de tourisme en milieu rural. Le décret élargissant son champ d'application sera publié très prochainement. Il nous faut également prendre en compte la situation particulière des départements d'outre-mer. A cet effet, Michelle DEMESSINE et Christian PAUL viennent de proposer aux élus de la Guadeloupe et de la Martinique de mener un travail conjoint pour répondre aux difficultés que rencontrent aujourd'hui ces deux régions.
Cette volonté d'un tourisme plus équilibré s'est concrétisée lors de la préparation, avec tous les acteurs concernés, des contrats de plan 2000-2006 et des conventions interrégionales. Les crédits consacrés au tourisme ont été quadruplés par rapport aux contrats de la génération précédente.
Outre un dialogue constant -auquel contribuent ces Assises- entre les professionnels privés et les pouvoirs publics, la mise en uvre de cette politique doit s'appuyer sur une clarification des compétences entre l'Etat et les collectivités locales. Pour mieux identifier les niveaux d'intervention, simplifier les procédures et améliorer la lisibilité des politiques publiques, le Gouvernement a confié au Conseil national du tourisme une mission sur l'organisation territoriale du tourisme ; ce rapport sera rendu avant la fin de l'année. Il fallait par ailleurs rassembler toutes les dispositions législatives et réglementaires s'appliquant au tourisme. C'est l'objet du nouveau Code du Tourisme qui devrait être soumis au Parlement avant la fin de la mandature.
Mesdames, Messieurs,
La France, qui est la première destination de la planète et dont les savoir-faire sont reconnus et enviés, occupe une place à part dans le tourisme mondial. Cela lui confère une responsabilité particulière. La France doit promouvoir une approche exigeante du tourisme à travers le monde.
Le tourisme sera une industrie majeure du XXIème siècle. Mais une approche purement marchande du tourisme se retournerait contre lui. Or le tourisme porte de grandes promesses : le développement de régions entières, la rencontre pacifique de millions d'hommes, la prise de conscience que l'Humanité, à travers sa diversité, est une. Ma conviction est que le développement du tourisme dans le monde n'est pas séparable d'une politique de coopération respectueuse des hommes, de la diversité culturelle et de l'environnement.
Le développement du tourisme doit servir le progrès économique et social dans les pays émergents. Luttons contre les dérives ignobles qui prospèrent sur la misère et le dénuement. Je pense en particulier à ce que l'on appelle, de façon choquante, le " tourisme sexuel ". La loi française réprime désormais durement ceux qui se rendent coupables de ce crime.
Le tourisme doit préserver la diversité culturelle. Ce patrimoine précieux de l'humanité est la première ressource du tourisme. C'est la curiosité de la différence qui anime les grands voyageurs. Favorisons la démocratisation d'un tourisme maîtrisé, en gardant à l'esprit qu'un développement incontrôlé porte en lui le danger de l'uniformisation. Nous devons ainsi veiller à préserver l'intégrité, la qualité et la beauté de tous les " ailleurs ", qui peuvent être lointains ou proches : cela vaut aussi pour les régions françaises de métropole et d'outre-mer.
La protection de l'environnement doit être une exigence fondamentale pour le tourisme. Elle doit l'emporter sur la recherche du profit à court terme. Dans cet esprit, la France promeut depuis plusieurs années une politique de tourisme durable qui porte notamment sur l'organisation du territoire et l'engagement des entreprises en matière d'environnement. Cette action sera intégrée à la position de la France lors de la Conférence sur le développement durable qui se tiendra, en septembre 2002, à Johannesburg.
La France se doit d'être à la pointe du combat pour que le tourisme soit " une force vive au service de la paix et un facteur d'amitié et de compréhension entre les peuples ". Tel est l'objectif fixé par le Code mondial d'éthique adopté au Chili en 1999 par l'Organisation mondiale du tourisme et dont la France a été l'une des initiatrices. Je souhaite que ce code puisse à l'avenir jouer pleinement son rôle de régulation dans le développement du tourisme à travers la planète.
Je salue le fait que la plupart des professionnels français du tourisme aient signé la Charte nationale d'éthique, élaborée sous l'égide de la secrétaire d'Etat, et s'engagent ainsi publiquement à respecter un code de bonne conduite. Cette conception exigeante du tourisme occupe, dans notre politique de coopération internationale, une place importante que nous devons mieux cerner et sans doute accentuer.
Mesdames, Messieurs,
Ces Assises et vos travaux soulignent combien le tourisme est aujourd'hui un secteur d'activité à part entière et structuré. Ses enjeux économiques et sociaux sont très importants pour notre pays et je me réjouis de constater que tous les acteurs concernés -professionnels, pouvoirs publics, collectivités locales- s'attachent, dans la concertation, à les gérer efficacement.
Mais n'oublions jamais que le tourisme est avant tout une détente, un plaisir, une découverte, une rencontre de l'autre. Il est fait d'hospitalité, de sens du service, de sourire. Il se développe parce qu'il y a ici un soleil généreux, là un important musée d'art moderne, ailleurs encore un domaine viticole aux crus réputés. Il est affaire de couleurs, de saveurs, d'accents : ceux de nos régions, ancrés dans des traditions, mais renouvelés aussi par les créateurs d'aujourd'hui. Avec, à chaque fois, le même souci de l'authenticité. C'est cette authenticité, au cur de notre identité, de l'identité de la France, qui fait votre succès et que nous devons préserver ensemble.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 19 octobre 2001)
Messieurs les ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux de vous retrouver pour conclure ces Assises nationales du tourisme. Je ne dois pas être trop étranger au secteur du tourisme, car j'aperçois nombre de visages connus. Tout au long de cette journée, vous avez débattu des changements importants que connaît le tourisme depuis une dizaine d'années. Des perspectives nouvelles s'ouvrent pour ce secteur grâce à l'allongement continu de la durée de la vie et à la réduction du temps de travail. Autres facteurs favorables, la mondialisation estompe les frontières et les progrès des transports amenuisent les distances. La société française d'aujourd'hui s'organise autour de pratiques plus individuelles que naguère et les demandes de loisirs se font plus diversifiées.
Conscients de ces enjeux, le Gouvernement dans son ensemble et, en particulier, la secrétaire d'Etat au Tourisme, Michelle DEMESSINE, se sont attachés, depuis 1997, à promouvoir les activités liées au tourisme grâce à une démarche fondée sur la concertation entre l'ensemble des acteurs, publics et privés, de ce secteur. Votre assemblée a permis de dresser le bilan de ces quatre années particulièrement riches pour vos professions. Je rends ici hommage au travail accompli par Michelle DEMESSINE. Tandis qu'elle s'apprête à rejoindre le Sénat, je la remercie pour le dynamisme, le travail sérieux, l'esprit de modestie, le sens de l'écoute et la vraie conviction avec lesquels elle a contribué au développement de la politique du Gouvernement en faveur du tourisme. Elle parlait tout à l'heure de " famille ". Alors disons que vous l'avez adoptée. Au point qu'elle verse quelques larmes
Mesdames, Messieurs,
Avant d'évoquer cette politique, je veux assurer votre profession du soutien du Gouvernement dans le contexte nouveau et difficile que vous connaissez.
Vous avez connu quatre très bonnes années. Et soudain, le ciel s'est assombri.
Le Gouvernement est très attentif aux conséquences des attentats du 11 septembre dernier sur le secteur touristique. Je salue l'initiative prise par Michelle DEMESSINE de réunir un groupe d'observation de la conjoncture rassemblant l'ensemble des professionnels concernés. Ce groupe a permis de fournir les premiers éléments de diagnostic sur les difficultés que vous rencontrez. Les agences de voyages font face à une baisse importante de leur volume d'affaire. Les réservations hôtelières sont en recul. La situation de certains opérateurs spécialisés est effectivement préoccupante.
Le Gouvernement se tient à vos côtés pour franchir ce cap difficile. Il y a d'abord les mesures d'urgence. Les entreprises les plus touchées pourront obtenir le report de certaines échéances fiscales et sociales afin de résoudre leurs problèmes de trésorerie. Les instructions nécessaires seront adressées très prochainement aux services financiers et sociaux pour qu'ils puissent traiter rapidement les demandes qui leur seront adressées. Les directions départementales du travail et de l'emploi seront invitées à examiner au cas par cas la situation dans vos entreprises pour ce qui concerne le chômage partiel et aussi la réduction du temps de travail. Afin de mieux cerner les besoins, une mission a été confiée à l'Inspection générale du Tourisme. Le cas échéant, nous prendrons des mesures complémentaires.
Le tourisme repose sur la confiance : confiance dans la sûreté des lieux publics et des moyens de transports, en particulier aérien. Votre secteur bénéficiera donc du dispositif de sécurité mis en place par le Gouvernement autour du plan VIGIPIRATE renforcé. Tout est fait pour assurer la sécurité de nos concitoyens et des touristes étrangers en visite dans notre pays. Avant de vous rejoindre, je présidais, comme chaque semaine, une réunion de ministres sur ces problèmes.
Enfin, pour faire face à une concurrence internationale plus vive, nous lancerons au début de l'année prochaine, sous l'égide de Maison de France, une campagne mondiale de promotion de la " destination France ". Le Gouvernement s'engage à financer cette action exceptionnelle à hauteur de 30 millions de francs.
Mesdames, Messieurs,
Je suis convaincu que les professionnels du tourisme, avec le soutien du Gouvernement, parviendront à surmonter cette conjoncture difficile. J'ai confiance car la France dispose d'atouts considérables dans le domaine du tourisme.
Notre premier atout, c'est la beauté de notre pays, la richesse et la diversité de notre patrimoine. La France, c'est à la fois de magnifiques montagnes et un merveilleux littoral ouvert sur la Méditerranée ou l'Atlantique. C'est aussi la diversité de l'Outre-mer, de la Caraïbe au Pacifique Sud en passant par l'Océan indien. C'est une extraordinaire diversité de paysages de campagne et l'éclat architectural et culturel de villes qui portent l'empreinte de la longue histoire de notre Nation. C'est à la fois Paris, capitale si française et pourtant universelle, et des centaines de terroirs riches de leurs accents, de leurs traditions, de leurs spécialités. Ce patrimoine inestimable n'est pas figé : il vit au rythme de multiples festivals, des plus modestes rencontres aux manifestations les plus ambitieuses.
Mais le tourisme en France s'appuie sur un autre atout : le savoir-faire des professionnels du secteur. Hôtellerie, restauration, transports, animation, création d'événements, le tourisme français est riche de milliers de talents, fort d'un million de femmes et d'hommes qui aiment leur environnement et travaillent à le valoriser, à le faire connaître, à le faire apprécier par les visiteurs qu'ils accueillent. Voilà ce qui fait que la France est la première destination touristique au monde, visitée en 2000 par 75 millions de touristes étrangers. C'est un magnifique signe de reconnaissance pour nous les Français.
Ce succès fait du tourisme un secteur majeur de l'économie nationale. C'est le premier poste d'excédent de notre balance commerciale. Avec 215.000 entreprises, dont beaucoup comptent moins de 10 salariés, le tourisme joue un rôle essentiel pour l'emploi. Avec un million de salariés et autant d'emplois indirects, l'activité touristique est fortement créatrice d'emplois : près de 100.000 depuis trois ans. Mais je sais combien peuvent être difficiles les conditions de travail dans certaines de vos professions, qui connaissent, en partie pour cette raison, des problèmes de recrutement.
C'est pourquoi nous voulons revaloriser les métiers du tourisme. Nous poursuivons l'effort de qualification des emplois du tourisme. Nous avons décidé ensemble de rendre plus attractives ces filières professionnelles. C'est le sens de la refonte du BTS Tourisme, qui a pris effet à la rentrée 2001. Ces actions de revalorisation portent également sur la reconnaissance des acquis professionnels au travers de la labellisation nationale " Restaurateur de France " et la certification de certains établissements.
Ces métiers emploient de nombreux travailleurs saisonniers. Il fallait améliorer leurs conditions de vie et de travail, encore très précaires. Les maisons de saisonniers offrent désormais à ces derniers un lieu de rencontre et d'information sur l'ensemble de leurs droits en matière de travail, de logement ou de santé. Le Gouvernement doublera leur nombre dès 2002. Grâce à la mobilisation conjointe des secrétariats d'Etat au Logement et au Tourisme, les saisonniers peuvent désormais bénéficier des aides personnelles au logement. Un plan d'action en faveur du logement des saisonniers sera mis en place, dans les dix départements les plus concernés, par les préfets avec l'ensemble des partenaires. Ces plans seront présentés à la fin du mois et permettront de disposer de logements supplémentaires dès la prochaine saison.
Ces mesures s'inscrivent, Mesdames, Messieurs, dans une ambitieuse politique du tourisme conduite par le Gouvernement.
C'est d'abord une politique qui libère du temps. Il n'y a pas de tourisme sans temps libre : la création des congés payés par le Front Populaire, en 1936, a ainsi marqué l'essor du tourisme populaire en France. Nous nous inscrivons dans cette tradition de progrès. Certes, l'objectif des 35 heures était d'abord de lutter contre le chômage et cette politique volontariste a déjà permis de créer 360.000 emplois. Mais cette grande loi sociale a aussi pour effet de donner à plusieurs millions de Français un surcroît de temps libre. Ce temps libéré est un temps pour soi, pour se cultiver et se détendre, pour voyager et découvrir. Désormais, les Français partent plus fréquemment en vacances et explorent de nouveaux lieux de villégiature à travers notre pays pour profiter de leurs " jours de RTT ". Ainsi, le secteur du tourisme bénéficie pleinement de cette loi. Sa mise en uvre est un élément important de revalorisation de plusieurs de vos filières professionnelles. Mais je sais aussi que son application pour certains de vos métiers n'est pas sans poser de vraies difficultés. C'est un peu le paradoxe des 35 heures. Elles vous servent car elles donnent du temps libre. Elles vous posent des problèmes qu'il faut traiter. Je souhaite que les discussions en cours permettent de trouver une solution satisfaisante pour tous.
Au-delà, l'ensemble des réformes engagées par le Gouvernement pour rendre aux femmes et aux hommes la maîtrise de leur temps contribue à l'émergence d'une " économie du temps libre ". Pour en mesurer toutes les conséquences et chercher à en amplifier les effets bénéfiques, je demanderai au Commissariat au Plan un nouveau rapport, dans le prolongement de l'étude réalisée en 1998, qui s'intitulait " Réinventer les vacances ".
Le Gouvernement conduit une politique du tourisme pour tous. Nous menons un effort particulier en direction des Français qui partent peu ou pas du tout en vacances. La loi du 12 juillet 1999 permet aux PME de moins de 50 salariés de profiter des chèques-vacances. Dans le cadre de la prochaine loi de finances, le Gouvernement proposera d'augmenter le nombre des bénéficiaires de cette mesure. Nous multiplierons par deux les crédits consacrés en 2002 à la " bourse solidarité vacances " : 30.000 personnes défavorisées pourront ainsi partir en vacances l'année prochaine. Lors du Comité interministériel de développement et d'aménagement du territoire qui s'est tenu à Limoges, le 9 juillet dernier, nous avons décidé de prolonger jusqu'en 2006 le plan de réhabilitation des équipements du tourisme social et associatif en milieu rural et en moyenne montagne. Pour améliorer leur qualité, les associations gestionnaires de ces équipements feront l'objet d'une nouvelle procédure d'agrément national.
Notre politique du tourisme est indissociable d'une politique globale d'aménagement du territoire. 80 % de la fréquentation touristique de notre pays est encore concentrée sur 20 % du territoire. Le Gouvernement poursuivra donc le rééquilibrage engagé depuis 1997 pour développer de façon durable le tourisme dans les territoires où il est encore peu dynamique. Dans cet esprit, il nous faut diversifier la nature et le contenu de l'offre touristique. Le Gouvernement a décidé de proroger jusqu'en 2004 l'aide fiscale destinée aux résidences de tourisme en milieu rural. Le décret élargissant son champ d'application sera publié très prochainement. Il nous faut également prendre en compte la situation particulière des départements d'outre-mer. A cet effet, Michelle DEMESSINE et Christian PAUL viennent de proposer aux élus de la Guadeloupe et de la Martinique de mener un travail conjoint pour répondre aux difficultés que rencontrent aujourd'hui ces deux régions.
Cette volonté d'un tourisme plus équilibré s'est concrétisée lors de la préparation, avec tous les acteurs concernés, des contrats de plan 2000-2006 et des conventions interrégionales. Les crédits consacrés au tourisme ont été quadruplés par rapport aux contrats de la génération précédente.
Outre un dialogue constant -auquel contribuent ces Assises- entre les professionnels privés et les pouvoirs publics, la mise en uvre de cette politique doit s'appuyer sur une clarification des compétences entre l'Etat et les collectivités locales. Pour mieux identifier les niveaux d'intervention, simplifier les procédures et améliorer la lisibilité des politiques publiques, le Gouvernement a confié au Conseil national du tourisme une mission sur l'organisation territoriale du tourisme ; ce rapport sera rendu avant la fin de l'année. Il fallait par ailleurs rassembler toutes les dispositions législatives et réglementaires s'appliquant au tourisme. C'est l'objet du nouveau Code du Tourisme qui devrait être soumis au Parlement avant la fin de la mandature.
Mesdames, Messieurs,
La France, qui est la première destination de la planète et dont les savoir-faire sont reconnus et enviés, occupe une place à part dans le tourisme mondial. Cela lui confère une responsabilité particulière. La France doit promouvoir une approche exigeante du tourisme à travers le monde.
Le tourisme sera une industrie majeure du XXIème siècle. Mais une approche purement marchande du tourisme se retournerait contre lui. Or le tourisme porte de grandes promesses : le développement de régions entières, la rencontre pacifique de millions d'hommes, la prise de conscience que l'Humanité, à travers sa diversité, est une. Ma conviction est que le développement du tourisme dans le monde n'est pas séparable d'une politique de coopération respectueuse des hommes, de la diversité culturelle et de l'environnement.
Le développement du tourisme doit servir le progrès économique et social dans les pays émergents. Luttons contre les dérives ignobles qui prospèrent sur la misère et le dénuement. Je pense en particulier à ce que l'on appelle, de façon choquante, le " tourisme sexuel ". La loi française réprime désormais durement ceux qui se rendent coupables de ce crime.
Le tourisme doit préserver la diversité culturelle. Ce patrimoine précieux de l'humanité est la première ressource du tourisme. C'est la curiosité de la différence qui anime les grands voyageurs. Favorisons la démocratisation d'un tourisme maîtrisé, en gardant à l'esprit qu'un développement incontrôlé porte en lui le danger de l'uniformisation. Nous devons ainsi veiller à préserver l'intégrité, la qualité et la beauté de tous les " ailleurs ", qui peuvent être lointains ou proches : cela vaut aussi pour les régions françaises de métropole et d'outre-mer.
La protection de l'environnement doit être une exigence fondamentale pour le tourisme. Elle doit l'emporter sur la recherche du profit à court terme. Dans cet esprit, la France promeut depuis plusieurs années une politique de tourisme durable qui porte notamment sur l'organisation du territoire et l'engagement des entreprises en matière d'environnement. Cette action sera intégrée à la position de la France lors de la Conférence sur le développement durable qui se tiendra, en septembre 2002, à Johannesburg.
La France se doit d'être à la pointe du combat pour que le tourisme soit " une force vive au service de la paix et un facteur d'amitié et de compréhension entre les peuples ". Tel est l'objectif fixé par le Code mondial d'éthique adopté au Chili en 1999 par l'Organisation mondiale du tourisme et dont la France a été l'une des initiatrices. Je souhaite que ce code puisse à l'avenir jouer pleinement son rôle de régulation dans le développement du tourisme à travers la planète.
Je salue le fait que la plupart des professionnels français du tourisme aient signé la Charte nationale d'éthique, élaborée sous l'égide de la secrétaire d'Etat, et s'engagent ainsi publiquement à respecter un code de bonne conduite. Cette conception exigeante du tourisme occupe, dans notre politique de coopération internationale, une place importante que nous devons mieux cerner et sans doute accentuer.
Mesdames, Messieurs,
Ces Assises et vos travaux soulignent combien le tourisme est aujourd'hui un secteur d'activité à part entière et structuré. Ses enjeux économiques et sociaux sont très importants pour notre pays et je me réjouis de constater que tous les acteurs concernés -professionnels, pouvoirs publics, collectivités locales- s'attachent, dans la concertation, à les gérer efficacement.
Mais n'oublions jamais que le tourisme est avant tout une détente, un plaisir, une découverte, une rencontre de l'autre. Il est fait d'hospitalité, de sens du service, de sourire. Il se développe parce qu'il y a ici un soleil généreux, là un important musée d'art moderne, ailleurs encore un domaine viticole aux crus réputés. Il est affaire de couleurs, de saveurs, d'accents : ceux de nos régions, ancrés dans des traditions, mais renouvelés aussi par les créateurs d'aujourd'hui. Avec, à chaque fois, le même souci de l'authenticité. C'est cette authenticité, au cur de notre identité, de l'identité de la France, qui fait votre succès et que nous devons préserver ensemble.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 19 octobre 2001)