Texte intégral
Déjà douze jours de bombardements sur l'Afghanistan
J'espère que l'on atteindra vite toutes les cibles militaires des taliban. Car, avec la famine et l'approche de l'hiver, les populations civiles ont besoin d'aide. Les femmes, en particulier, sont les premières victimes des taliban et de leur terreur. Il faut les aider. Il est urgent d'ouvrir sur le terrain des couloirs protégés pour que les organisations humanitaires puissent ravitailler la population.
La France peut-elle faire face à une attaque bactériologique ?
Le gouvernement nous dit : " Tout est prêt ", mais personne ne dit ce qui est prêt ! Il n'y a eu aucune information sur les précautions à prendre, sur la manière de se conduire et de se protéger en cas d'attaque. Depuis des années, on a oublié la défense civile, la réaction du pays à des dangers non militaires. Avons-nous formé assez de secouristes ? Avons-nous des réserves pour surveiller les lieux sensibles ? Il nous faudra des réponses concrètes. Je propose qu'on réfléchisse à un service qui formerait les jeunes à faire face. La société française a besoin d'un réarmement moral.
Les électeurs sont-ils dans cet état d'esprit ?
Il faut avouer qu'on ne les y aide pas Eux vivent avec un sentiment de profonde inquiétude cette périodes de grands risques. Mais, pendant ce temps, leurs dirigeants se livrent à des jeux dérisoires. Chez nous, on s'envoie à la figure le livre de Schrameck, ou bien on organise le boycott d'un discours. Et on a l'impression que ces crêpages de chignon occupent les esprits plus que la guerre et le risque !
La faute à la cohabitation ?
Le mal vient de loin. En acceptant la cohabitation, on est revenu au triomphe de l'esprit partisan, droite contre gauche, clan contre clan. On ne débat pas sur des idées, on s'injurie sur des prétextes, avec pour seul objet la prise du pouvoir. Je trouve cette guérilla dérisoire, elle nous empêche de régler les régler les problèmes de la France.
Par exemple ?
Les retraites. Ou encore l'insécurité. Deux jeunes hommes sont morts mardi encore au Plessis-Trévise, tirés comme des lapins, en faisant leur métier de policiers, après avoir été appelés sur un simple cambriolage. Avant-hier à Amiens, quatre de leurs collègues ont ramassé des coups de fusil à pompe dans un guet-apens. On verse des larmes, on emploie de grands mots, mais rien ne change. Au lieu de se mettre d'accord au-delà des partis pour soutenir une politique de fermeté, on continue de faire de ces sujets un enjeu politicien, comme si l'ordre public était d'un côté ou de l'autre !
Et que proposeriez-vous ?
Les grands truands ont d'abord été de petits délinquants. Or l'impunité de la petite délinquance est effrayante, 95% des délits restent impunis. Un pays qui accepte cela ne peut pas s'étonner de ce qui lui arrive. Il faut qu'une politique de fermeté devienne un objectif pour toute la nation ! Par exemple, ayons le courage de changer la loi sur la présomption d'innocence qui met les policiers ou les juges en situation d'infériorité. Songez que maintenant la première démarche quand on arrête quelqu'un, c'est de lui dire qu'il n'est pas obligé de répondre aux questions
Le Parlement a voté cette loi
Moi, j'ai voté contre et l'UDF aussi. Le résultat est, en tout cas, d'avoir désorganisé le travail des policiers et des juges et renforcé la protection des truands. De la même manière, il faudra réécrire l'ordonnance de 1945, qui empêche de faire sentir la rigueur de la loi aux délinquants mineurs. Les centres d'éducation renforcée qui permettraient d'extraire les mineurs délinquants de leur milieu, tout le monde en parle, mais rien ! Songez que pour un département comme les Hauts-de-Seine, en tout et pour tout, il y a cinq places pour ces mineurs alors qu'il en faudrait des centaines ! Et tout cela ne se réglera, je le dis, que si l'on a le courage et la force d'en faire un enjeu de rassemblement au-delà des querelles partisanes. Car la sécurité n'est ni de droite, ni de gauche !
Vous êtes, vous aussi, un candidat de rassemblement ?
Je veux aborder dans cet esprit les problèmes qui empoisonnent la vie de notre pays. Aujourd'hui, il ne faut plus faire de ces problèmes insolubles une affaire de camps ni de clans. Et c'est cela que l'élection présidentielle peut changer.
Jean-Pierre Chevènement le dit aussi
C'est vrai. Nous sommes souvent d'accord sur les questions. Mais pour les réponses, c'est une autre histoire
Que reprochez-vous au tandem Chirac-Jospin ?
D'incarner le système tel qu'il dure depuis des années. Mais je n'en dirai pas plus. Je me suis fixé comme règle, dans cette période, d'éviter toute polémique.
Il y a encore quelques semaines, vous ne cachiez pas vos griefs. Vous avez changé ?
Je suis un Pyrénéen. J'ai souvent un tempérament un peu " rugby ". Mais après les événements du 11 septembre, nous devrions tous être plus graves, plus civiques et plus respectueux les uns des autres. En tout cas, c'est mon choix.
Propos recueillis par Bruno Seznec
(Source http://www.udf.org, le 23 octobre 2001)
J'espère que l'on atteindra vite toutes les cibles militaires des taliban. Car, avec la famine et l'approche de l'hiver, les populations civiles ont besoin d'aide. Les femmes, en particulier, sont les premières victimes des taliban et de leur terreur. Il faut les aider. Il est urgent d'ouvrir sur le terrain des couloirs protégés pour que les organisations humanitaires puissent ravitailler la population.
La France peut-elle faire face à une attaque bactériologique ?
Le gouvernement nous dit : " Tout est prêt ", mais personne ne dit ce qui est prêt ! Il n'y a eu aucune information sur les précautions à prendre, sur la manière de se conduire et de se protéger en cas d'attaque. Depuis des années, on a oublié la défense civile, la réaction du pays à des dangers non militaires. Avons-nous formé assez de secouristes ? Avons-nous des réserves pour surveiller les lieux sensibles ? Il nous faudra des réponses concrètes. Je propose qu'on réfléchisse à un service qui formerait les jeunes à faire face. La société française a besoin d'un réarmement moral.
Les électeurs sont-ils dans cet état d'esprit ?
Il faut avouer qu'on ne les y aide pas Eux vivent avec un sentiment de profonde inquiétude cette périodes de grands risques. Mais, pendant ce temps, leurs dirigeants se livrent à des jeux dérisoires. Chez nous, on s'envoie à la figure le livre de Schrameck, ou bien on organise le boycott d'un discours. Et on a l'impression que ces crêpages de chignon occupent les esprits plus que la guerre et le risque !
La faute à la cohabitation ?
Le mal vient de loin. En acceptant la cohabitation, on est revenu au triomphe de l'esprit partisan, droite contre gauche, clan contre clan. On ne débat pas sur des idées, on s'injurie sur des prétextes, avec pour seul objet la prise du pouvoir. Je trouve cette guérilla dérisoire, elle nous empêche de régler les régler les problèmes de la France.
Par exemple ?
Les retraites. Ou encore l'insécurité. Deux jeunes hommes sont morts mardi encore au Plessis-Trévise, tirés comme des lapins, en faisant leur métier de policiers, après avoir été appelés sur un simple cambriolage. Avant-hier à Amiens, quatre de leurs collègues ont ramassé des coups de fusil à pompe dans un guet-apens. On verse des larmes, on emploie de grands mots, mais rien ne change. Au lieu de se mettre d'accord au-delà des partis pour soutenir une politique de fermeté, on continue de faire de ces sujets un enjeu politicien, comme si l'ordre public était d'un côté ou de l'autre !
Et que proposeriez-vous ?
Les grands truands ont d'abord été de petits délinquants. Or l'impunité de la petite délinquance est effrayante, 95% des délits restent impunis. Un pays qui accepte cela ne peut pas s'étonner de ce qui lui arrive. Il faut qu'une politique de fermeté devienne un objectif pour toute la nation ! Par exemple, ayons le courage de changer la loi sur la présomption d'innocence qui met les policiers ou les juges en situation d'infériorité. Songez que maintenant la première démarche quand on arrête quelqu'un, c'est de lui dire qu'il n'est pas obligé de répondre aux questions
Le Parlement a voté cette loi
Moi, j'ai voté contre et l'UDF aussi. Le résultat est, en tout cas, d'avoir désorganisé le travail des policiers et des juges et renforcé la protection des truands. De la même manière, il faudra réécrire l'ordonnance de 1945, qui empêche de faire sentir la rigueur de la loi aux délinquants mineurs. Les centres d'éducation renforcée qui permettraient d'extraire les mineurs délinquants de leur milieu, tout le monde en parle, mais rien ! Songez que pour un département comme les Hauts-de-Seine, en tout et pour tout, il y a cinq places pour ces mineurs alors qu'il en faudrait des centaines ! Et tout cela ne se réglera, je le dis, que si l'on a le courage et la force d'en faire un enjeu de rassemblement au-delà des querelles partisanes. Car la sécurité n'est ni de droite, ni de gauche !
Vous êtes, vous aussi, un candidat de rassemblement ?
Je veux aborder dans cet esprit les problèmes qui empoisonnent la vie de notre pays. Aujourd'hui, il ne faut plus faire de ces problèmes insolubles une affaire de camps ni de clans. Et c'est cela que l'élection présidentielle peut changer.
Jean-Pierre Chevènement le dit aussi
C'est vrai. Nous sommes souvent d'accord sur les questions. Mais pour les réponses, c'est une autre histoire
Que reprochez-vous au tandem Chirac-Jospin ?
D'incarner le système tel qu'il dure depuis des années. Mais je n'en dirai pas plus. Je me suis fixé comme règle, dans cette période, d'éviter toute polémique.
Il y a encore quelques semaines, vous ne cachiez pas vos griefs. Vous avez changé ?
Je suis un Pyrénéen. J'ai souvent un tempérament un peu " rugby ". Mais après les événements du 11 septembre, nous devrions tous être plus graves, plus civiques et plus respectueux les uns des autres. En tout cas, c'est mon choix.
Propos recueillis par Bruno Seznec
(Source http://www.udf.org, le 23 octobre 2001)