Interview de M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du gouvernement, à "RMC/BFM" le 17 mars 2016, sur sa position sur l'utilisation des insecticides néonicotinoïdes, sur la négocation européenne sur la crise migratoire.

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Média : BFM - Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Stéphane LE FOLL, porte-parole du gouvernement et ministre de l'Agriculture est notre invité. Bonjour.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le point d'indice des fonctionnaires, « geste significatif » nous a dit Manuel VALLS avant-hier. Ça veut dire quoi, « significatif » ? 1,2 d'après mes informations. Vous confirmez ?
STEPHANE LE FOLL
Je ne confirme pas vos informations.
JEAN-JACQUES BOURDIN
En deux fois : 0,6-0,6.
STEPHANE LE FOLL
Je ne peux pas vous dire. Franchement, je ne peux pas vous dire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous le savez.
STEPHANE LE FOLL
Je sais que ce sera significatif, ce qui veut dire que c'est un geste qui est fait vis-à-vis des fonctionnaires qui n'ont pas vu le point d'indice augmenter depuis 2010. Il est légitime aussi, quand on sait l'engagement qui est celui des fonctionnaires – je pense en particulier aux fonctionnaires de police, quand on sait aussi celui de ceux qui travaillent dans l'hôpital, dans l'éducation nationale -, il est normal qu'au bout de six ans ce geste soit fait. Nous avons des grandes priorités ; l'Etat, le gouvernement, les a fixées : sécurité, éducation. Il est donc normal aussi que les fonctionnaires puissent à un moment… Ç'avait été le choix du président de la République. Dans ce quinquennat, il y a une phase où on a demandé des efforts, et il y a une phase où on peut redistribuer les fruits des efforts qui ont été faits.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura redistribution. Est-ce que mon chiffre est faux ?
STEPHANE LE FOLL
Je ne peux pas vous dire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne savez pas ? Franchement, vous ne savez pas ?
STEPHANE LE FOLL
En général, vous êtes quand même pas mal informé donc je vous laisse les annonces, puisque c'est vous qui les faites maintenant pour le gouvernement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, non ! Ce sont mes informations. Y aura-t-il un geste particulier pour les policiers, les militaires et les enseignants ?
STEPHANE LE FOLL
Je vous ai dit que toute l'action de l'Etat s'est engagée avec des grandes priorités dans l'éducation, dans la santé et dans la sécurité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On a compris. On a compris. Dépenses publiques : on en est à 57,4 %. Nous sommes les champions d'Europe.
STEPHANE LE FOLL
Oui, on est les champions d'Europe.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Champions d'Europe, oui. C'est-à-dire qu'on a encore les moyens d'augmenter les fonctionnaires ? On a le devoir de les augmenter ?
STEPHANE LE FOLL
On a un devoir. C'est d'avoir avec les fonctionnaires une action de l'Etat qui réponde aux grands enjeux et aux grands défis. Si je prends la sécurité et la lutte contre le terrorisme, vous croyez qu'on n'a pas un devoir d'avoir des militaires, d'avoir revu la loi de programmation militaire ? Si on lutte encore contre le terrorisme avec policiers et gendarmes, on n'a pas un devoir ? Si, on a un devoir. Sur la grande question liée à l'éducation et à l'avenir d'un grand pays comme le nôtre avec la formation, on a un devoir. Sur la santé, parce que j'y pense souvent à la santé en particulier dans les hôpitaux, c'est aussi un devoir. Tout ça, ça fait partie, je l'ai dit, de priorités. Ce n'est pas des clientèles qu'on sert, c'est des enjeux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A un an d'une élection présidentielle.
STEPHANE LE FOLL
Bien sûr, oui. Mais je le répète : tous ces enjeux sont parfaitement inscrits. Je rappellerai d'ailleurs aussi que dans le même temps où on parle du point d'indice des fonctionnaires, se met en place et de manière extrêmement rapide la prime d'activité qui, elle, en fusionnant le RSA et la prime pour l'emploi vient aider des salariés. Ceux qui travaillent et qui sont autour du SMIC. Moi, je connais dans ma famille des gens qui travaillent dans des restaurants, qui aujourd'hui verront leur feuille de paye augmenter de quatre-vingt-treize euros parce qu'ils travaillent et qu'on les aide. Ça, c'est en cours aujourd'hui. Donc je l'ai dit, je vais le répéter : il y a eu un moment où on a demandé des efforts ; ces efforts portent aujourd'hui avec des résultats. Je prends par exemple la Sécurité sociale, le déficit a été réduit, divisé par trois. C'est énorme. Et on a aussi à redistribuer les fruits de ces efforts aux Français. Ça fait partie : prime d'activité, indice sur les fonctionnaires et puis l'ensemble…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Déficit de l'Etat, 3,8 en 2015. Ce sera moins ?
STEPHANE LE FOLL
Ce sera moins.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Moins ?
STEPHANE LE FOLL
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien ?
STEPHANE LE FOLL
Je ne peux pas vous le dire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le saurez...
STEPHANE LE FOLL
Dans quelques temps. Michel SAPIN viendra vous le dire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, dans quelques jours. Le 25 mars.
STEPHANE LE FOLL
Oui, je crois. Ce sera moins.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui. Moi je vous le dis : 3,6.
STEPHANE LE FOLL
On fera mieux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
3,6 ?
STEPHANE LE FOLL
On fera mieux que 3,8.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Et en 2016, on fera mieux que l'objectif prévu qui était de ?
STEPHANE LE FOLL
Qui était de 3,3 et avec un objectif en 2017 de moins de trois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Moins de trois.
STEPHANE LE FOLL
Voilà. Mais on tient notre objectif.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous verrons.
STEPHANE LE FOLL
On tient la ligne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tiens, vous parliez de devoir tout à l'heure.
STEPHANE LE FOLL
Vous êtes d'accord, Jean-Jacques BOURDIN, si on fait moins que ce qu'on avait prévu en termes de déficit, ça veut dire que non seulement on tient nos objectifs et qu'on gère ce pays avec sérieux. Ce sera à acter.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Sommet européen avec la Turquie aujourd'hui.
STEPHANE LE FOLL
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sujet majeur, sujet des réfugiés, des migrants et des réfugiés. Est-ce que la France est prête à accélérer les négociations conduisant à l'adhésion de la Turquie dans l'Union européenne ?
STEPHANE LE FOLL
A accélérer les chapitres qui sont ouverts dans la négociation. La France n'est pas prête à accélérer. La France a toujours été, d'ailleurs que ce soit sous la droite qui prend le sujet de la Turquie avec beaucoup aujourd'hui d'enjeux politiciens ; les chapitres qui avaient été ouverts sous Nicolas SARKOZY sont bien plus importants qui ont été ouverts sous François HOLLANDE, donc on répond clairement. On n'accélère en rien. Il y a des négociations qui durent depuis très longtemps avec la Turquie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est ce que demande la Turquie.
STEPHANE LE FOLL
Oui, mais c'est ce que demande la Turquie. On respectera les rythmes et les règles européennes qui ont été fixés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on n'accélère pas.
STEPHANE LE FOLL
On est, avec la Turquie, dans une coopération absolument indispensable dans la lutte contre le terrorisme, dans la solution à trouver en Syrie. Indispensable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que vous demandez à la Turquie de reprendre les migrants et les réfugiés qui sont passés en Grèce ou qui sont dans les Balkans d'examiner toutes les demandes d'asile en Turquie. Contre quoi ? La Turquie demande six milliards d'euros. Elle demande une accélération des conditions d'adhésion à l'Union européenne et elle demande une facilitation de la délivrance des visas pour les Turcs.
STEPHANE LE FOLL
Sur la facilitation de la demande des visas, il y a des règles. Il n'y aura pas plus ni moins que ce qui peut et doit être appliqué sur les soixante-douze critères pour faire en sorte que les Turcs puissent obtenir…
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'Allemagne ne dit pas non.
STEPHANE LE FOLL
Oui, mais dans cette négociation, on a négocié à vingt-huit, donc il y a un accord à trouver. Il y a des positions des uns et des autres, on peut comprendre. L'Allemagne avec un million de migrants a une impérieuse nécessité de trouver des solutions pour essayer, là aussi, à la fois d'accueillir - et c'est ce que fera la France avec l'engagement qu'elle a pris de trente mille migrants…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On en est à quelques centaines.
STEPHANE LE FOLL
Oui, mais on a pris un engagement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On a pris un engagement. Trente mille avant quand ? Avant la fin 2016 me semble-t-il. On en est à quelques centaines. Ça veut dire qu'on va accueillir quoi ? Vingt-cinq mille, vingt-huit mille migrants avant la fin 2016 ?
STEPHANE LE FOLL
On a pris un engagement, monsieur BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on va les accueillir ?
STEPHANE LE FOLL
Bien sûr. On doit. La solidarité à l'échelle européenne, si elle n'existe pas chacun se débrouille. Vous êtes d'accord ? Il ne faudra pas venir demander après aux autres de venir nous aider si jamais il y a un autre problème dans d'autres endroits. Si par exemple la Libye, et on ne trouve pas une solution rapide, des flux migratoires pouvaient venir d'ailleurs, traverser la Méditerranée. Donc il faut qu'on soit tous conscients des enjeux à l'échelle européenne et de la nécessité d'avoir face à ce défi une solidarité européenne. Alors cette solidarité, elle doit s'organiser. Elle s'organise vis-à-vis de la Turquie, elle doit s'organiser entre les pays européens et on respectera nos engagements.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors la France dit non aux demandes turques concernant les négociations…
STEPHANE LE FOLL
Elle ne dit pas non. La France participe à une négociation entre l'Europe et la Turquie avec madame MERKEL qui a commencé des négociations. Mais ça se finira…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Six milliards d'euros demande la Turquie.
STEPHANE LE FOLL
Combien il y a de migrants qui sont en Turquie aujourd'hui ? Plus de deux millions. Et la frontière entre la Turquie et la Syrie, elle est directe. Donc on le sait, à chaque fois qu'il y a – par exemple, quand il y a eu le siège d'Alep, qu'il y a des milliers de migrants, tout de suite ils vont vers la frontière turque. C'est vrai ou ce n'est pas vrai ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui. Donc il faut aider la Turquie.
STEPHANE LE FOLL
Bien sûr ! Il faut arrêter ! Qu'est-ce que c'est que ces histoires de tous ceux qui viennent dire : « Il faudrait rien faire, il faudrait rejeter la Turquie ». Mais est-ce qu'ils se rendent compte, ceux-là, tous ceux qui disent ça, qu'une fois qu'ils ont fait qu'est-ce qui se passe ? La Turquie ne fait plus rien ? Tous ceux qui viennent en Turquie vont où ? Donc il faut maintenant que les choses soient bien claires. Dans cette histoire, on a tous intérêt à raisonner avec la raison et pas de fausses passions et de faux jeux politiques et des postures. On doit trouver un accord avec la Turquie parce qu'on a besoin que la Turquie joue le jeu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut donner plus que les six milliards. C'est ce que demande la Turquie. Nous verrons si nous trouverons, si l'Europe trouvera un accord. Sur ce point, vous concédez que la France et l'Allemagne n'ont pas la même position.
STEPHANE LE FOLL
Il y a une discussion qui a eu lieu mais il y aura une position européenne et franco-allemande. Voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Projet de loi sur la biodiversité débattu à l'Assemblée nationale en ce moment. Les insecticides néonicotinoïdes tuent des abeilles et pas que des abeilles : ils tuent les pollinisateurs. Vous dites : « Il ne faut pas les interdire ».
STEPHANE LE FOLL
Monsieur BOURDIN, d'abord je voudrais rappeler l'histoire. Qui a interdit l'utilisation des néonicotinoïdes en 2012, quand il est arrivé ? Monsieur Stéphane LE FOLL, ici présent ce matin devant vous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, vous avez interdit le Cruiser.
STEPHANE LE FOLL
Non, non, ce n'est pas les fiches qui vous ont été faites. Je vais vous dire les choses. Le Cruiser a été interdit. Quel était l'enjeu du Cruiser ? C'était un certain nombre de néonicotinoïdes qui étaient utilisés dans l'enrobage des semences pour des productions qui avaient des fleurs et qui étaient donc directement concernées par les pollinisateurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il y a d'autres productions.
STEPHANE LE FOLL
Non, non, non, non. Sur la base de l'ANSES et d'un rapport très clair qui disait que des néonicotinoïdes sur les fleurs, en particulier sur le colza, avaient un impact direct sur les pollinisateurs et en particulier les abeilles en leur faisant perdre le sens et, à ce moment-là, ajoutaient un facteur aggravant à la mortalité des abeilles, très clairement. Donc je l'ai interdit tout de suite quand je suis arrivé sur la base de ce que me disait l'ANSES. Ensuite, qu'est-ce que j'ai fait monsieur BOURDIN ? Je suis allé tout de suite au niveau européen et à l'époque, il n'y avait pas un ministre de l'Environnement qui m'a aidé, ni une ministre de l'Environnement. Il n'y avait pas non plus quelques associations que ce soit. Le moratoire a été obtenu à l'échelle européenne. Qui l'a fait ? La France et Stéphane LE FOLL.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais est-ce que la France aujourd'hui, est-ce que les agriculteurs français utilisent – pas que les agriculteurs d'ailleurs – ces insecticides ? Oui ou non ?
STEPHANE LE FOLL
Ils ne l'utilisent plus de la manière dont ils l'ont utilisé puisque ç'a été interdit avec un moratoire aujourd'hui sur toutes les utilisations.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ils utilisent d'autres produits, Stéphane LE FOLL !
STEPHANE LE FOLL
Mais ils utilisent ça pour le blé aujourd'hui, est-ce que les abeilles…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas que pour le blé, pas que pour le blé. Les arbres fruitiers.
STEPHANE LE FOLL
Non, non, non, non ! Allez-y, faites la liste.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La vigne.
STEPHANE LE FOLL
La vigne, non. La vigne, bien sûr qu'il y a des néonicotinoïdes, mais où ils sont.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les plantes d'intérieur parfois.
STEPHANE LE FOLL
Les plantes d'intérieur ! Attendez, vous parlez du ministre de l'Agriculture.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les céréales d'hiver.
STEPHANE LE FOLL
Les céréales, oui. Le blé bien sûr. Le blé, oui. La betterave, oui, bien sûr. La noisette par exemple. On n'a pas trouvé autre chose pour lutter contre un des parasites de la noisette.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pourquoi ne pas les interdire ? Ils sont mortels pour les abeilles, ils le sont même pour nous.
STEPHANE LE FOLL
Non, non, non, non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comment non ?
STEPHANE LE FOLL
Vous dites des choses comme ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je ne dis pas des choses.
STEPHANE LE FOLL
Si, si, si, si. Vous dites des choses, monsieur BOURDIN. Vous avez l'habitude de créer un débat. Oui, je vous le dis : vous dites des choses qui ne sont pas. Vous dites c'est mortel pour les abeilles.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça les désoriente. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire les abeilles ne savent plus où elles vont et elles meurent. Vous le savez bien !
STEPHANE LE FOLL
Mais ce que vous dites, je l'ai non seulement pris en compte puisque j'ai interdit des néonicotinoïdes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais maintenant, aujourd'hui, pourquoi est-ce que vous n'interdisez pas ?
STEPHANE LE FOLL
Pourquoi ? Parce qu'on me dit : il faut interdire en totalité tous les usages des néonicotinoïdes, sans avoir – parce que là où j'ai interdit, j'avais des alternatives. Quelles sont les alternatives aujourd'hui ? Est-ce que ceux qui vous disent qu'on a interdit auront des alternatives correctes pour les abeilles ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les associations le disent : il y a des alternatives.
STEPHANE LE FOLL
Lesquelles ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je ne sais pas.
STEPHANE LE FOLL
Vous ne savez pas ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez voir la Fondation Nicolas Hulot, allez voir d'autres…
STEPHANE LE FOLL
Nicolas HULOT, quand j'ai été le voir au moment de la COP21…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez lu son éditorial dans Le Monde ?
STEPHANE LE FOLL
Oui. Quand j'ai été voir Nicolas HULOT pour la COP21, on a organisé avec la FNSEA et le syndicat agricole pour la COP21 sur la base du projet que j'ai présenté sur le stockage de carbone, je n'ai pas entendu Nicolas HULOT parler des néonicotinoïdes. Bon. Donc moi, j'assume le fait que depuis cette crise, je ne veux pas sur-transposer en France des règles qui ne s'appliquent pas dans les autres pays européens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Usage plus restreint en Allemagne, plus restreint en Italie, plus restreint en Autriche.
STEPHANE LE FOLL
L'usage en Italie est lié au moratoire qui a été obtenu par la France.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais plus restreint.
STEPHANE LE FOLL
Non, non, non, non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comment non ?
STEPHANE LE FOLL
Et en Allemagne, on utilise des néonicotinoïdes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais plus restreint.
STEPHANE LE FOLL
Non, non. Pas sur des céréales d'hiver, sachant – je vous le dis quand même au passage – que plus vous allez vers le Nord et l'Est, plus il fait froid et moins vous avez besoin d'utiliser de néonicotinoïdes. Donc il faut aussi que chacun… Si vous voulez techniquement, monsieur BOURDIN, je peux débattre avec France Nature Environnement, avec monsieur Nicolas HULOT. Moi j'ai défendu les abeilles. J'ai été le seul à faire un plan de quarante millions d'euros pour les abeilles. La preuve en est, c'est que l'an dernier la production de miel pour la première fois depuis quatre ans a augmenté de près de huit mille à neuf mille tonnes. Donc on ne peut pas me reprocher de ne pas défendre les abeilles. Je défends les abeilles mais en même temps, j'ai…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le miel essentiellement de montagne ou de moyenne montagne. C'est ce que disent les apiculteurs.
STEPHANE LE FOLL
Ce que disent les apiculteurs n'est pas la vérité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc c'est faux.
STEPHANE LE FOLL
Dix mille tonnes de plus. Ce n'est pas pour autant qu'il n'y a pas de mortalité des abeilles.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Stéphane LE FOLL, il y a un amendement à l'Assemblée nationale. Vous dites toujours non à cet amendement ?
STEPHANE LE FOLL
Moi je veux que dans ce débat, on assume une responsabilité qui est de faire tout pour ne pas utiliser ou utiliser le moins possible et des pesticides et des néonicotinoïdes, avec en même temps une stratégie de changement des modèles de production. Parce que vous pouvez toujours dire : « J'interdis » mais si cette interdiction – j'ai vu dans l'amendement de madame BATHO : on interdit puis après, on va mettre des dérogations. C'est très facile de dire : « J'ai interdit et puis vous avez vu, on a été extrêmement loin » et puis après, parce qu'il n'y a pas d'alternative, on va mettre des dérogations. Donc moi, je préfère travailler sérieusement sur ces sujets. C'est si j'interdis, j'ai une alternative. Si je n'en ai pas, je travaille sur l'alternative.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous parliez des pesticides. Quel tonnage de pesticides en France utiliser ?
STEPHANE LE FOLL
On a eu une augmentation du tonnage. On est à quarante-neuf mille tonnes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quarante-neuf mille tonnes de pesticides.
STEPHANE LE FOLL
Oui, on est passé même de quarante mille tonnes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous pose la question.
STEPHANE LE FOLL
Vous posez la question. A combien on était avant ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien d'augmentation ? De 16 % ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, de quarante à quarante-neuf mille tonnes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
22 % sur les produits les plus dangereux.
STEPHANE LE FOLL
Non, non, non. 20 %, quarante à quarante-neuf mille tonnes de consommation. Alors pas que de pesticides, monsieur BOURDIN. Il y a aussi des herbicides dans le lot et c'est sur les herbicides et pas d'ailleurs sur les néonicotinoïdes où on a été stable qu'on a augmenté. Je l'ai parfaitement mesuré tout ça et je sais que ce que je mets en place aujourd'hui avec l'agro-écologie, c'est pour faire en sorte qu'on structure l'agriculture française pour qu'elle se passe de tous ces produits. Mais ça ne se fait pas malheureusement en claquant d'un doigt.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous aviez lancé un plan Ecophyto 2…
STEPHANE LE FOLL
Oui, Ecophyto.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, quel échec ?
STEPHANE LE FOLL
Non, non, non, Monsieur BOURDIN, là aussi, c'est trop facile de renvoyer sur le politique comme l'échec. Le plan Ecophyto 1, mis en place par monsieur BARNIER, après le Grenelle de l'Environnement, avait comme objectif de baisser de 50 % les phytosanitaires d'ici… ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, exact…
STEPHANE LE FOLL
2018. Quand je suis arrivé…
JEAN-JACQUES BOURDIN
2025…
STEPHANE LE FOLL
Quand je suis arrivé…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez repoussé à 2025.
STEPHANE LE FOLL
Mais oui, et pourquoi j'ai repoussé ? Parce que quand je suis arrivé en 2012, quand ça avait été décidé en 2008, au lieu de baisser la consommation des phytosanitaires, elle a continué d'augmenter, il n'y a pas un problème ? Si, il y a un problème…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et elle continue d'augmenter.
STEPHANE LE FOLL
Et elle a continué d'augmenter, et j'espère qu'elle va baisser…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et elle continue d'augmenter…
STEPHANE LE FOLL
Non, non, non, elle a continué à augmenter, et j'espère qu'elle va baisser, et je ferai tout pour qu'elle baisse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'agriculture à Bruxelles, vous avez obtenu, et ça, c'est intéressant, vous avez obtenu…
STEPHANE LE FOLL
Non, il n'y a rien d'intéressant…
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'étiquetage… si, ça, c'est intéressant…
STEPHANE LE FOLL
Ah bon ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout est intéressant, mais là, c'est intéressant parce que c'est vrai que c'est un succès, l'étiquetage de l'origine des viandes et du lait dans les produits en vente dans les supermarchés, les produits fabriqués…
STEPHANE LE FOLL
Oui, j'ai obtenu un étiquetage…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand, cet étiquetage ?
STEPHANE LE FOLL
Voilà, donc maintenant, une fois que j'ai obtenu, c'est quand ? D'ici l'été, je l'espère, le plus vite possible…
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'ici l'été ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, d'ici l'été…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les produits transformés seront étiquetés complètement ?
STEPHANE LE FOLL
Non, parce qu'il y aura encore une phase, mais oui, Monsieur BOURDIN, mais c'est toujours pareil…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais non, mais je vous pose la question !
STEPHANE LE FOLL
Donc une fois qu'on a mis en place ce décret, ensuite, il y a des produits industriels qui continuent à être produits…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le décret va sortir quand, avant l'été ?
STEPHANE LE FOLL
C'est ce que je vous dis, on travaille pour que ce décret soit sorti avant l'été. Une fois qu'il est sorti, sur l'étiquetage des produits, on change complètement les règles d'étiquetage, donc tous les produits qui sont aujourd'hui en train d'être produits, il va falloir en changer une partie, il va falloir, pas en changer une partie, il va falloir changer l'étiquetage, ça ne va pas se faire, là non plus, en quelques semaines, ça prendra un peu de temps. Et donc l'objectif, c'est d'aller le plus possible pour avoir le décret de sortie, l'autorisation européenne sur une expérimentation, qu'on va conduire, la France conduira une expérimentation pour les autres, parce que, ce que j'ai entendu au Conseil des ministres de l'Agriculture, c'est aussi qu'il y a d'autres pays qui souhaitent pouvoir utiliser cette traçabilité, donc on va faire en sorte d'être le pays qui va expérimenter cette traçabilité. Mais entre le moment où on obtient la décision de l'Europe, le moment où on va pouvoir mettre en place ce décret, et le moment où on va changer tous les étiquetages, je ne peux pas vous dire autre chose qu'entre l'été et la fin de l'année, les choses se seront mises en place, mais je rappelle que, aujourd'hui, il y a déjà un étiquetage qui existe…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, exact…
STEPHANE LE FOLL
Je le rappelle, parce que, à chaque fois que je viens sur BFM, je le rappelle…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais, mais vous avez raison. Stéphane LE FOLL, j'ai une dernière question concernant Notre-Dame-Des-Landes, ce référendum en juin, nous a dit le Premier ministre, voteront, s'ils le souhaitent, les habitants du département de la Loire-Atlantique, j'ai même vu un ministre, Jean-Vincent PLACE, ministre du gouvernement VALLS, faire campagne déjà pour le non.
STEPHANE LE FOLL
Alors Jean-Vincent PLACE a une position qui est très, à mon avis, claire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je pensais que les ministres devaient être solidaires, moi.
STEPHANE LE FOLL
Oui, eh bien, là, il y a un référendum, donc chacun a une opinion sur cette question. C'est un débat qui dure depuis vingt ans, je suis bien placé, je suis de la Sarthe, des Pays de la Loire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est pour ça que je vous pose la question, oui.
STEPHANE LE FOLL
Vingt ans sur ce sujet, moi, j'espère vraiment que ce référendum, donc au mois de juin, ait lieu, qu'il y ait une position qui soit prise par les habitants de la Loire-Atlantique, qui sont les premiers concernés…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous votez oui ?
STEPHANE LE FOLL
Moi, je ne voterai pas, puisque je ne suis pas dans le truc…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais si vous votiez ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, bien sûr, je suis pour cet aéroport, depuis le temps que je vous le dis, j'en entends parler, je sais aussi ce que disent les habitants de Nantes, j'ai parfaitement conscience des enjeux écologiques, je les ai pris en compte d'ailleurs, parce qu'il y a eu une commission qui a été faite, et le ministère de l'Agriculture a revu complètement, sur les zones humides en particulier, ce qui a été fait, donc j'ai parfaitement conscience de tout ça. Mais je sais aussi, d'un autre côté, que, un certain nombre d'habitants de Nantes, qui voient les avions passer au-dessus de leur tête en ont aussi marre. Donc c'est à eux de décider, parce que c'est eux les premiers concernés. Voilà. Et je le dis par rapport à la COP21, j'entends dire : ah, Notre-Dame-Des-Landes, c'est contraire à la COP21, les avions qui viennent, qu'ils aillent à Nantes ou qu'ils aillent à Notre-Dame-Des-Landes aujourd'hui, ça sera toujours des avions qui sont utilisés, et le trafic aérien ne va pas se modifier aujourd'hui, donc ce n'est pas la question de Notre-Dame-Des-Landes qui est l'enjeu par rapport aux grands enjeux de la COP21.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Merci.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 21 mars 2016